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Nietzsche, le nihilisme

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Message par Bergame Jeu 20 Sep 2007 - 21:54

Exhumé de Philautarchie


Nietzsche est nihiliste ; il le reconnaît lui-même, puisqu'il dit : "je suis nihiliste". Mais il ne semble l'avoir reconnu que progressivement ; quoiqu'il en soit, il y a bien des textes de lui qui vont en sens de la manière la plus explicite. D'après ces textes, il me semble inexact de dire simplement que Nietzsche a voulu dépasser le nihilisme en général, nihilisme dont lui-même serait intact (ou qu'il aurait dépassé).

Le point qui me paraît essentiel, pour aborder ce problème, est que le terme de nihilisme a plusieurs sens, et je voudrais tenter d'expliquer ces sens tels que je les ai compris :

Le nihilisme de la faiblesse est celui qui emploie des substituts pour ne pas faire face à des problèmes soulevés par la vie ; c'est le cas en particulier avec la notion de Dieu, c'est-à-dire du néant divinisé. Je suppose qu'en psychologie, certains comportements qui visent à reporter un problème que l'on ne veut pas surmonter sur un fantasme consolateur (ou une conduite qui vise à soulager) peuvent être appelés nihilistes au sens de Nietzsche, dans la mesure où la plus haute valeur est projetée dans ce qui est "désirable", et qui est le résultat d'un déni du réel (en particulier, une fuite de la souffrance) : dans ce cas, le nihilisme est la conséquence de la décadence, c'est un système de valeurs qui découle d'un état affectif similaire à la peur, ou à la lassitude.

C'est le cas au plus haut point de l'idéal ascétique (plusieurs psychologues français identifiaient d'ailleurs à l'époque la croyance religieuse à une névrose, et je crois que Nietzsche était assez au courant des recherches dans ce domaine) ; mais alors le nihilisme n'est pas manifeste, car il est recouvert par un idéal trompeur (Dieu, l'au-delà, etc.) qui peut donner le change. Le nihilisme n'est vraiment achevé, il n'éclate vraiment que lorsque les valeurs qu'il a d'abord créé deviennent elles-mêmes vaines (à quoi bon ? on n'y croit plus), et que la faiblesse touche à la léthargie spirituelle (dernier homme, c'est-à-dire nous devant notre télé pour prendre un exemple assez trivial ; le bouddhisme serait peut-être un meilleur exemple). Mais il entre en contradiction avec la réalité, qui n'est pas nihiliste... En effet, le nihilisme en ce sens est une négation de la réalité, du monde, de ce qui est là quoiqu'on fasse. Or, en fuyant cette réalité (exemple de Jésus qui semble être une sorte d'autiste pour Nietzsche : la réalité, le contact ne sont plus supportés), on se met en contradiction avec elle : on ne peut nier en fin de compte que nous sommes un corps et que la souffrance fait partie de l'existence...

La logique de cette opposition conduit à penser que ce nihilisme doit s'auto-détruire : nous devons supprimer nos valeurs (c'est-à-dire qu'il nous faut reconnaître la vanité radicale des anciennes valeurs, les détruire une bonne fois), ou nous supprimer nous-mêmes (être conséquent, rejoindre un monde meilleur)... les deux solutions sont également nihilistes.

Le nihilisme de la force est à peu près le même, sauf qu'il engendre des valeurs qui demeurent dans le champ de la puissance immanente ; mais la force a elle-aussi ses faiblesses (il n'y a pas de force en soi, ni de forts par nature) ; aussi les valeurs de la force peuvent-elles également subir une dévaluation qui mène au désespoir. Cependant, quand les valeurs du fort s'effondrent, c'est une transformation, c'est parce qu'il y a une force positive qui croît et qui a besoin de la destruction des anciennes valeurs pour paraître, alors que dans le nihilisme de la faiblesse, la destruction des valeurs est ressentiment, elle mène invariablement au néant, à l'autre monde... En sens contraire, il semble que le nihilisme de la force soit avant tout une profusion de formes, une capacité de renouvellement qui s'oppose au monolithisme de la métaphysique (pourquoi n'y a-t-il plus de dieu nouveau depuis Jésus ?).

Enfin, Nietzsche parle d'un nihilisme divin, qui est effectivement symbolisé par l'Eternel Retour : il n'y a pas d'être, c'est pour lui la forme de pensée la plus haute, celle qui correspond à la réévaluation des valeurs :
*pas d'être, rien ne peut métaphysiquement nier le devenir ;
*pas de cause première, pas de création du monde ;
*pas de vérité, pas de pensée vraie (toute pensée est "fausse");
*donc nihilisme = innocence de la pensée.

Ce nihilisme est sans doute la conséquence de la première partie de l'alternative exposée plus haut : nos valeurs ne valent rien : détruisons-les, donc détruisons la croyance en l'être ; et il est également l'expression la plus haute du nihilisme de la force.

La pensée est pour Nietzsche un processus toujours inachevé de créations de formes ; la conviction (le mensonge) s'y oppose, et fige tout dans des croyances définitives qui ne peuvent reposer que sur l'ultime vérité d'une réalité immuable.

Je crois qu'il faut comprendre, à partir de là, que ce dernier nihilisme n'est pas de l'ordre de la décomposition, bien au contraire, le nihilisme est créateur ; en son sein se trouverait pour Nietzsche la conscience affective de notre ignorance absolue : comme pour Socrate, il n'y a pour Nietzsche pas de savoir définitif, tout n'est qu'hypothèse ; on peut estimer que Nietzsche tente de tirer toutes les conséquences de cette incertitude insurmontable (le mystère de notre existence qu'il ne faut pas se laisser arracher) pour notre vie.

***

On peut aussi proposer une autre typologie :

Nihilisme négatif : Mettre la gravité hors de la vie, la mettre dans l’au delà ( croire en un monde meilleurs après la mort.) C’est à dire déprécier la vie.

Nihilisme réactif : Ne plus croire à de fausses valeurs, ne plus croire à l’au-delà, avoir les pieds sur terre, mais continuer à déprécier la vie, continuer à rester immobile sans créer de nouvelles valeurs.

Nihilisme passif : Fatigué de mourir… Dans un genre ascétique. Nietzsche voit Jésus comme un nihiliste passif, dans un style bouddhique. Il était contre un principe de péché, contre la violence (contrairement à Paul, nihiliste réactif, qui se sert du péché.)
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Message par Bergame Mar 5 Fév 2008 - 21:43

Le post précédent reprenait un échange exhumé de Philautarchie.
J'ai eu l'occasion ailleurs d'évoquer une part de ma propre interprétation du nihilisme, je la reprends ici.

A mon humble avis, un excellent fil rouge pour comprendre Nietzsche, l'une des métaphores qu'il file avec le plus de constance -car Nietzsche manque de constance dans ses conceptualisations, c'est un dilettante- c'est celle qui tourne autour du soleil, de l'ombre, de la lumière, etc. On pourra trouver une explication assez claire de cette métaphore dans Le Voyageur et son Ombre, le bien-nommé. Faisons court, quelle est l'origine de cette métaphore, elle est bien entendu grecque, et en particulier platonicienne (par exemple Le Mythe de la Caverne, bien entendu).

Ceci posé, disons d'abord que "Dieu est mort" est loin d'être une invention nietzschéenne, Hegel au moins l'a dit avant lui. Mais prenons par exemple le fameux §125 du Gai Savoir. Lorsque l'insensé annonce la mort de Dieu, il compare cette perte à une catastrophe naturelle : "Qu'avons-nous fait à déchainer cette terre de son soleil ?" La rupture du lien qui (pense Nietzsche) unissait le monde sensible et le monde intelligible dans une Grèce conçue comme présocratique, fait désormais de la terre une planète, c'est-à-dire, pour les Grecs, un "astre errant" par opposition aux étoiles, fixes. Dès lors, la terre, monde sensible, erre seule et livrée à elle-même, sans but et sans origine, dans le vide noir et glacé de l'univers infini. Voila ce qu'est à mon sens, j'ai envie de dire, la figure typique du nihilisme, le "nihilisme complet".

En-deça, il y a effectivement maintes autres figures nietzschéennes du nihilisme, à commencer par le semi-nihilisme platonicien qui, le premier, pose donc une distinction entre le monde sensible et le monde intelligible ; le nihilisme kantien ("L'ancien soleil au fond, mais obscurci par le brouillard et le doute ; l'idée devenue sublime, pâle, nordique, königsbergienne") ; effectivement, le nihilisme réactif, passif, etc.

La seconde chose qu'il est, toujours à mon humble avis, essentiel de savoir et comprendre, chez Nietzsche, est que c'est un homme malade. Physiquement malade, et souffrant atrocement. Chez Nietzsche, l'état de décadence civilisationnelle dont tous ses contemporains font le constat au XIXe s., ce sentiment de délabrement généralisé, est également ressenti très concrètement, physiologiquement pour ainsi dire. C'est cela, la raison profonde qui fait de lui un expert du jugement des mouvements ascendants et descendants. Nietzsche est au plus simple un malade qui dépasse la maladie à force de volonté et de pensée. Et cela aussi, c'est très concret, chez lui : Penser fixe l'attention. Par conséquent, une pensée est forte et valide, pour Nietzsche, non seulement parce qu'elle est vraie ou intéressante, mais aussi parce qu'elle est assez vitale pour écarter la souffrance.

Bien évidemment, c'est toujours de nihilisme dont je parle. Et c'est toujours d'une union à retrouver entre le "corps" et l'"esprit". S'il y a un auteur dont on ne peut séparer pensée et homme, c'est bien Nietzsche -et Nietzsche a d'ailleurs demandé qu'on le comprenne psychologiquement.
Et l'union, chez Nietzsche, qui est donc dépassement (je ne suis pas le seul à dire qu'il existe un Aufhebung chez Nietzsche, bien entendu), la "Grande Santé", elle sera à trouver dans un grand "oui" -qui est bien le contraire du "non" nihiliste. "Oui" à la souffrance, "oui" au destin. Et même, "oui" éternellement.
Je ne résiste pas à insérer ce que disait Lou Andréas-Salomé de la doctrine de l'éternel retour, car je trouve qu'elle montre on ne peut mieux combien les thèses de Nietzsche ne sont pas que des idées qu'il élabore, construit, avec lesquelles il joue, mais qu'il ressent, concrètement, physiquement.

Lou-Adréas-Salomé a écrit:
Je n'oublierai jamais les heures où pour la première fois il me la confia comme un secret, dont la vérification l'épouvantait ; il en parlait à voix basse et en émettant tous les signes d'une profonde épouvante. Et c'est vrai qu'il souffrait si profondément de la vie que la certitude de son éternel retour devait avoir pour lui quelque chose d'épouvantable. La quintessence de la doctrine du retour, la rayonnante apothéose de la vie que Nietzsche érigea après coup, s'oppose si profondément à sa propre perception de la vie, si douleureuse, qu'on la reçoit comme un masque torturé.

Nietzsche disait avoir un destin. Ce fut effectivement d'être une sorte de "caisse de résonance" du pessimisme du XIXe, qu'il a développé jusqu'à un nihilisme radical avant d'en proposer un dépassement -en sus de ses qualités propres, mais secondaires, de littérateur.
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Message par Plus Oultre Lun 11 Fév 2008 - 19:40

Salut Bergame

Ce que tu dis sur le rôle de la souffrance physique chez Nietzsche me semble très juste. On se demande parfois si c'est tant l'avenir de l'humain que son propre devenir d'être souffrant qui le préoccupe tellement, qui agit comme moteur de sa pensée.
Ca fait un peu psychologisant, mais la pensée semble bien avoir chez Nietzsche quelque chose d'une catharsis (voir les exultations et certains traits ironiques qui confinent à l'"enthousiasme" old school - l'image du dément qui pense avoir assené une vérité irréfutable).
Si bien que la vieille approche qui veut qu'on étudie inséparablement "l'homme et l'oeuvre" me semble rarement aussi valable que dans ce cas; c'est même une clé pour la compréhension de l'oeuvre.

Sinon, "Dieu est mort" (et en bon hégéliano-admirateur ça m'irrite souvent qu'on l'attribue à Nietzsche, même si ce n'est pas faux :)), on le trouve effectivement chez Hegel, dans la Phénoménologie de l'Esprit, page 875 dans mon édition (Folio, traduction Jarczyk et Labarrière) : "l'autoconscience (Selbstbewusstsein) malheureuse (...) est la douleur qui s'énonce comme la dure parole que Dieu est mort."
Je cite la note des traducteurs qui va avec, et qui donne une généalogie complète de la formule :
"Cette formule, que Nietzsche reprendra à son compte pour mettre l'accent sur la responsabilité de l'homme, est ici employée dans sa rigueur théologique, telle que, chez Martin Luther, elle voulait exprimer le fondement du salut (...). Ce mot était largement connu à travers un cantique populaire du XVIIème siècle que Hegel cite dans ses leçons de Berlin."
Bref, encore une fois, c'est la faute à Luther.

P.S. : la première contribution sur le nihilisme était de OoS non ?

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Message par Bergame Lun 11 Fév 2008 - 21:39

Hé, bonjour Plus Oultre, ça fait très plaisir de te lire ici. Bienvenue ! :)

A vrai dire, je ne suis pas bien sûr de qui était la précédente contribution, mais il y avait sans doute du Oos, oui.

Etonnant : Lorsque Luther dit "Dieu est mort", il fait référence au salut ?
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Message par Plus Oultre Lun 11 Fév 2008 - 22:14

Ca m'intrigue aussi, mais ce n'est peut-être pas le lieu pour en disserter.
Les traducteurs renvoient aux oeuvres complètes de Luther, avec une référence précise, à la page : donc il a dû employer la formule une fois, ponctuellement, pour le besoin d'une image forte ou d'une démonstration.
Il faut dire aussi que leur commentaire n'est pas très clair (le "fondement du salut", merci...).
Ah, si Adam était là !

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Message par Bergame Lun 11 Fév 2008 - 22:59

Et bien je pense que tu devrais lancer le sujet, ça pourrait le faire venir ! Il me semble très occupé, mais si on tient un bon appât luthérien, ça se tente ? Wink
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Message par Plus Oultre Ven 15 Fév 2008 - 10:12

Je lis en ce moment Souvenirs sur Nietzsche de Franz Overbeck.
C'est un témoignage assez inégal mais qui a le mérite de proposer une alternative à la légende forgée par la soeur du monsieur, dont on sait tout ce qu'elle a fait de bel et bon en tant qu'héritière de son oeuvre.
Bref, quant à la "folie" de Nietzsche, thème si romantique qui a connu bien des versions, Overbeck récuse la cause de l'hérédité et met en valeur la puissance auto-critique de Nietzsche et son talent particulier pour l'analyse psychologique. Pour son ami donc, c'est le fait d'avoir impitoyablement dirigé ces armes contre lui-même qui aurait mené le philosophe au point où on sait.
Je trouve que ce n'est pas sans lien avec ce qui est dit plus haut sur le rôle de la souffrance physique. Cet épuisement dans le combat contre soi, dans les dédales du soi, en tout cas, m'a fait penser à ce § du Gai Savoir qui m'avait profondément marqué :

"Les professeurs de morale qui prescrivent avant tout et par-dessus tout à l'homme de parvenir à se maîtriser l'exposent à une maladie étrange : à savoir une excitabilité permanente à toutes les émotions et inclinations naturelles et pour ainsi dire une démangeaison. Quelle que soit la chose qui puisse désormais l'ébranler, le tirer, l'attirer, le stimuler, de l'intérieur ou de l'extérieur - il semble toujours à l'excitable que sa maîtrise de soi soit à l'instant mise en péril : il n'a plus le droit de se confier à aucun instinct, à aucun libre coup d'aile, mais se fige en permanence en une attitude défensive, armé contre lui-même, l'oeil acéré et méfiant, éternel gardien de son château en lequel il s'est lui-même transformé. Oui, il peut être grand en cela ! Mais qu'il est devenu insupportable désormais aux autres, qu'il est devenu lourd pour lui-même, appauvri et coupé de toutes les belles contingences de l'âme ! Voire même de toute instruction ultérieure ! Car on doit pouvoir se perdre soi-même pour quelques temps si l'on veut apprendre quelque chose de ce que l'on n'est pas soi-même."
Le Gai Savoir, §305, "Maîtrise de soi"

Et je cite Overbeck : "Nietzche estimait que sa 'plus forte qualité' était 'la maîtrise de soi' [cf. Fragments posthumes]. (...) La noblesse est un trait que l'on se plaît fréquemment à célébrer chez Nietzsche, et loin de moi l'idée de lui contester cette qualité. Pourtant, moi qui suis son ami, je reconnais sans hésiter à partir des impressions que m'a laissées notre amitié que, parallèlement, l'affectation de noblesse était était l'une de ses faiblesses les plus préoccupantes".

Je ne veux pas dire par là que sa folie en découle ou marquer des étapes dans cette progression, ce qui à mon avis ne présente aucun intérêt.
En revanche, ce qui en a, c'est de comprendre cette "maîtrise de soi" si importante selon son double enjeu : physique (fixer la souffrance) mais aussi psychologique.

Le nihilisme ne renverrait-il pas alors à une attitude strictement individuelle, subjective cette fois, à savoir la négation de soi, de ce qui fait problème, c'est à dire de ce qui est consistant en soi, le refus ou l'abandon du perfectionnement de soi ("oh, le monde et les gens étant ce qu'ils sont, et la mort arrivant bien un jour, à quoi bon ?" - le à quoi bon qui est aussi celui du croyant face à l'ici bas, du désenchanté face aux valeurs déchues, bref qui est à la base de tout nihilisme).
Le combat avec la vie, avec ses souffrances, est aussi un combat incessant avec soi-même.
C'est peut-être même le summum de la noblesse pour Nietzsche (même s'il le nie, la négation me semblant ici tout à fait performative), même au détriment de la vie et de son acceptation.

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Message par mowgli Mer 23 Sep 2009 - 17:39

https://digression.forum-actif.net/nietzsche-f21/nietzsche-le-nihilisme-t79.htm

Bjr,

Je suis nihiliste du moins je me considère comme tel, donc je peux accessoirement vous décrire ce que je suis et non ce que j'entends par..
j'ai lu avec intérêt cette page, j'y ai retenu toujours la trace spirituelle qui effectivement entre dans le cas! Cependant, le nihilisme vient après, en fait le nihilisme (pour ce qui est du mien) est une prédisposition intellectuelle à rationaliser dans un concept de pensée d'infaisabilité voir si c'est appréhender l'inutilité dans un néant, celui-ci en tout ca(s) est si grand pour soi qu'on s'y laisse envahir, [on laisserait donc tomber d'avance.. p-e] ...il y a une assimilation avec l'abandon, mais ça va plus loin, il y a beaucoup beaucoup d'étapes à passer, déjà dire que, ça n'est pas une expérience dans la pensée d'y en avoir un but, mais que c'est un vécu réalisé au réel vécu, émanant donc évidemment d'une structure passéiste flegmatique de moi ce dont je vous parle; dans passéisme il y a passé, actif, puis poussif; et puis qui fini dans un "infini bain florilège". Le passif est toujours actif dans "le bain"!, je disais tout à l'heure: prédisposition à.., j'y reviens car je pense qu'un enfant est déjà nihiliste ou bien ne l'est pas. Je place l'enfant, et le temps dans l'enfance, car je crois, bien volontier, que, c'est ce temps-ci qui importe le plus et qu'il transforme l'être, l'enfance... la belle enfance?! Le nihilisme n'en démord pas; qu'est-ce que cet enfant ou cet enfance a de si important dans le nihilisme? Voilà une question qu'est bonne ,-

Les étapes maintenant.. oui, il y a dieu ou plus précisément dieu n'existe pas, ;- paradoxe d'un(e) athé, (ici je n'ecrit pas 'qui n'existe pas') ou alors d'un(e) agnostique, je suis plus une incroyante refoulée, je n'assume pas mon athéisme! Même que j'ai vu dieu! et oui! ou aussi bien, le christ interposé, par de signes, des 'dialogues' si je peux dire, des recherches aussi pour consoler mon âme, ma peur! ! Cela je l'ai passé, mais quoi d'autre que ce nihilisme veut-il en plus!? Car il n'est à chaque fois pas rassasié, l'intellect à faim, la structure de l'intellect chez un nihiliste est différente et non normé, ce qui est évident puisque propre au nihilisme, NE JAMAIS 'ETRE' COMME TOUT LE MONDE, une forme d'excentricité, mais c plus un excentrage en exergue une non volonté de se mouler dans... le monde, comme tout le monde, et surtout dans la pensée globalisante de tout à chacun inintéressant à oppressant pour le nihiliste, fragile d'ailleurs, ça le déprécie, triste, il n'a rien a communiquer ni a faire dans le formalisme, dans le pauvresque et la médiocrité.
C'est aussi qq qui idéalise trop, mais qui ne vit que comme ça, il croit donc et n'est pas qq de pessimiste, il ne croit pas dans la solution par contre, la solution du dieu par exemple ou de faisabilité (qui soulignerait qu'on est) le nihiliste reste comme qq qui n'est 'personne' je ne sais pas si 'c'est la peur de se réaliser, ou plus une conviction d'un préjugé qu'il se convainc avant la lettre et dans son intellect.. seul. 'Je pense donc je suis' c'est tout.. c'est assez simpliste mais un bon résumé du nihiliste; voilà.. il pense, il est, a-t-il besoin d'être?
Oui bien sur, mais pas avec le monde médiocre, et comme il ne trouve pas de monde qui lui convienne il 'part' tout seul (dans un premier temps se cherchant à lui, dans un deuxième rencontrant dieu, dans un troisième et j'en suis là, vivant, non-vivant.. merci le net qui me permet de discuter.; sinon vous n'auriez rien su, et pour évoluer il faut bien discuter..

bàv
au plaisir de vous lire
am Nietzsche, le nihilisme 34010 >j'ai mis celui-ci je le trouve drole //autodérision
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Message par Were-one Ven 8 Mar 2019 - 21:57

Je ne parviens pas à suivre mowgli, par contre j'ai suivi avec intérêt Bergame et Plus Oultre, duquel, sur le forum il y a aussi le topic Nietzsche > "Dieu est mort" : histoire d'une expression. Je n'ai rien à redire sur ce qui précède, alors j'ajouterai que Nietzsche voyait venir le nihilisme dans le cadre de "la mort de Dieu", essentiellement au plan sociatrique, s'il est permis d'utiliser une notion apparue au XXème siècle au sujet du philosophe-médecin de la civilisation. Le fait est que le XIXème siècle européen est celui de tous les exotismes historiques et culturels, après déjà trois siècles d'une colonisation terrestre qui était encore work in progress, par les Blancs.

Or, de façon ethnocentrée dénuée d'ethnocentrisme, Nietzsche constate que les évolutions géographiques, ethnologiques, techniques, politiques et scientifiques, jouaient dans le sens d'une bigarrure bizarre (weird) d'influences morales, symboliques et culturelles sur "l'européanité", doublée de sa médiocratisation par nivellement (la libéralisation, la démocratisation, l'universalisation, la mondialisation). A partir de quoi, il semblait évident à Nietzsche que l'homme européen (et la femme, notoirement sous le coup du féminisme qu'il critiquait déjà) allaient subir ce qu'on nomme plus couramment le relativisme, y compris le relativisme culturel. Il n'y a plus de valeurs qu'on ose dire supérieures, cela par pitié humanitaire (pitié qui elle-même est nihiliste selon Nietzsche), et l'on arrive à des propos courants tels que "chacun sa réalité", ou bien des magazines faisant leurs meilleures ventes sur les notions de perversion narcissique, ou encore de narcissisme induit par les réseaux sociaux, c'est-à-dire à un monde adulescent qui bulle, "sociautiste multiculturaliste".

Du moins est-ce une façon de donner rétrospectivement un contenu à l'oracle nietzschéen quant au nihilisme qui ne devait pas manquer d'advenir pour "les deux prochains siècles" à partir du sien, à l'en croire, mais la contingence sociohistorique aurait pu lui donner un autre contenu et - qui sait ? - le contredire. En tout cas, nous ne serons plus là au XXIIème siècle, si aucun désastre climatique ni militaire d'ampleur n'a lieu, pour profiter d'un monde post-nihiliste selon Nietzsche/Nostradamus. Néanmoins, nous pouvons œuvrer au surmontement du nihilisme par divers moyens. D'aucuns jugent nécessaire, actuellement, le retour de l'éducation civique : celui-là est de sens républicain.

Il y en a peut-être d'autres, pas forcément opposés à l'éducation civique, mais qui peuvent tout aussi bien entrer en conflit avec le républicanisme, etc. "Il y a tant d'aurores qui n'ont pas encore lui." Et ce sera peut-être, au désespoir nietzschéen, un malralien "le XXIème siècle sera religieux, ou ne sera pas", comme il semble sottement avec l'islamisme salafiste terroriste, mais aussi le christianisme évangéliste militariste, etc. Cela n'est que vaste abrutissement des hommes. Et pourtant, Nietzsche était voltairien sur la question de la religion : instrument d'éducation populaire dans les mains du philosophe, c'est-à-dire à condition que les responsables sachent ce qu'ils font à croire - que ce soient, en effet, des responsables.
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