Phèdre
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Phèdre
Socrate
Finissons : c'est assez nous jouer sur l'art de la parole, et toi, va retrouver Lysias et dis-lui qu'étant descendu tous deux au ruisseau et à la retraite des nymphes nous avons entendu des discours où l'on faisait savoir à Lysias et à tous ceux qui composent des discours, à Homère et à tous ceux qui ont composé des poèmes chantés ou non chantés, et enfin à Solon et à tous les orateurs politiques qui, sous le nom de lois, ont rédigé des écrits, que si, en composant ces ouvrages, ils ont connu la vérité, s'ils peuvent en venir à la discussion et défendre ce qu'ils ont écrit, et si l'orateur en eux est capable de faire pâlir l'auteur, ce n'est point leur activité d'écrivain, mais le souci de la vérité qui leur vaudra leur nom.
Phèdre
Quels sont les noms que tu leur donnes ?
Socrate
Le nom de sage, Phèdre, me semble bien sublime et ne convient qu'à Dieu ; celui d'ami de la sagesse ou tel autre semblable leur conviendrait mieux et s'accorderait mieux à leur faiblesse.
(…)
En revanche, celui qui n'a rien en lui de plus précieux que ce qu'il a composé ou écrit à force de temps, en mettant son esprit à la torture, en ajoutant et retranchant pièce à pièce, tu l’appelleras, comme il le mérite, poète, faiseur de discours, rédacteur de lois.
( p.198 )
Ici nous sommes en présence d'une considération finale de Socrate à l'égard de ceux qui manient l'art de la parole ( rhéteurs ) et qui la gravent par l'écriture en pensant de ce fait pouvoir transmettre un savoir ( commettant ainsi la double erreur rhétorique et écriture ).
Socrate convoque ainsi tous les poètes, au sens large de ceux qui inventent, et écrivent, aussi bien des poèmes comme des lois. Et la sentence tombe : si ces poètes sont capables, ayant connu la vérité, de la soutenir à l'oral et de soutenir leurs écrits, en ce sens, alors ils méritent l'immortalité. Sans quoi il ne la méritent pas. D'où le verdit : la qualité d'écrivain n'est pas louable. C'est le souci de la vérité, par l'intermédiaire du discours oral, qui est louable et mérite l'immortalité.
La poésie au sens large est donc ravalée au rang de vraisemblance. Le savoir, quant à lui, ne relève d'aucune invention mais au contraire d'une révélation, qui se fait nécessairement par la parole et le discours oral, dont tout écrit ne peut au mieux être qu'une image.
cedric- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 02/06/2008
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