gorilles dans la brume
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gorilles dans la brume
On est bêtes, incultes et méchants. On est des nazes et des pas finis, des lourds, des aveugles, des paralysés du bulbe. Infiniment et définitivement. Comme englués.
Ne percevez-vous pas parfois, rarement, comme à travers une brume épaisse, quand il vous arrive par hasard ou inadvertance d'être presque un peu bon en faisant un truc, de petits éclairs qui donnent un début d'idée de ce qu'on pourrait être si on n'était pas ce qu'on est ?
On est une sale espèce, avec trois paillettes.
Un astéroïde va nous bouziller un jour ou l'autre et ça sera pas une grande perte, du négligeable. Quelque part ailleurs sur une autre planète se développe sûrement des êtres bien plus valables.
Ne percevez-vous pas parfois, rarement, comme à travers une brume épaisse, quand il vous arrive par hasard ou inadvertance d'être presque un peu bon en faisant un truc, de petits éclairs qui donnent un début d'idée de ce qu'on pourrait être si on n'était pas ce qu'on est ?
On est une sale espèce, avec trois paillettes.
Un astéroïde va nous bouziller un jour ou l'autre et ça sera pas une grande perte, du négligeable. Quelque part ailleurs sur une autre planète se développe sûrement des êtres bien plus valables.
Chut- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 296
Date d'inscription : 13/07/2012
Re: gorilles dans la brume
La grandeur de l'homme est de savoir misérable, comme disait l'autre.
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amicus plato sed magis amica veritas
euthyphron- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 1505
Date d'inscription : 01/06/2011
Re: gorilles dans la brume
Salut,
Le tourment ne vient-il pas du fait qu'on attende plus de l'Homme que ce qu'il peut donner ?
La Vie est contrainte, nous pouvons facilement éprouver les chaînes et la douleur, au milieu de nos frères puants, plein de cette odeur d'homme, à regarder les étoiles mourir. Il me semble qu'on puisse envier les échassiers, leurs pattes sont plus adaptées pour marcher dans la merde sans s'en foutre partout.
Perso, je préfèrerais bousiller les autres avant qu'un astéroïde me tombe sur la gueule.
Pourquoi consentir à la destruction collective ? Que ta volonté s'impose plutôt aux nazes, aux lourds, aux paralysés du bulbe, etc
Passe en force ! La compassion peut être sélective, une main tendue s’accommode d'un poing fermé, "que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite"
Le tourment ne vient-il pas du fait qu'on attende plus de l'Homme que ce qu'il peut donner ?
La Vie est contrainte, nous pouvons facilement éprouver les chaînes et la douleur, au milieu de nos frères puants, plein de cette odeur d'homme, à regarder les étoiles mourir. Il me semble qu'on puisse envier les échassiers, leurs pattes sont plus adaptées pour marcher dans la merde sans s'en foutre partout.
Perso, je préfèrerais bousiller les autres avant qu'un astéroïde me tombe sur la gueule.
Pourquoi consentir à la destruction collective ? Que ta volonté s'impose plutôt aux nazes, aux lourds, aux paralysés du bulbe, etc
Passe en force ! La compassion peut être sélective, une main tendue s’accommode d'un poing fermé, "que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite"
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"Je cherche l'Homme"
LYCAON- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 89
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: gorilles dans la brume
Difficile d'échapper à une posture quelconque, mais pas de tourment ni de misérabilisme dans mon propos, simplement un constat, teinté par contrecoup d'une certaine tristesse je le reconnais, qui surgit paradoxalement au contraire lors d'un instant de "bonheur".
Un bien fait, un geste, une parole, un timing justes ou perçus comme tels en tout cas sont-ils producteurs d'une certaine conscience ?
Un bien fait, un geste, une parole, un timing justes ou perçus comme tels en tout cas sont-ils producteurs d'une certaine conscience ?
Chut- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 296
Date d'inscription : 13/07/2012
Re: gorilles dans la brume
Personnellement je vénère comme une révélation mystique ces rares moments où mon corps et mon esprit parviennent à passer au delà du sens et ne font que baigner dans une sorte de temporalité indéfinie et se concentrent sur la chaleur du corps, une sorte de béatitude qui se suffit à elle-même et qui rachète tout le reste. Passer au delà de la pensée, de sa folie.
cedric- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 436
Date d'inscription : 02/06/2008
Re: gorilles dans la brume
Je consentirais aisément à être ce que dit Chut si l'on m'assure que Sigourney Weaver viendra me voir.
Courtial- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 2030
Date d'inscription : 03/07/2008
Re: gorilles dans la brume
Hélas, elle serait tuée à la machette à la fin de l'histoire ...
Excuse moi Chut, pour ma séquence mystico-psycho-truc à deux balles, je n'ai même pas essayé de répondre à ta question
Je suis d'accord. Sans vouloir paraphraser cedric, on pourrait parler de moments de grâce ou plus justement d'harmonie, pendant lesquels quelque chose est sublimé, où l'esprit ou le cœur est marqué directement sans passer par le reste.
Peut-être est-ce le fruit d'un concours de circonstances ouvrant effectivement une des portes dérobées vers la conscience ? Certains mystiques, sages ou religieux travaillent sur la clé.
Excuse moi Chut, pour ma séquence mystico-psycho-truc à deux balles, je n'ai même pas essayé de répondre à ta question
Je suis d'accord. Sans vouloir paraphraser cedric, on pourrait parler de moments de grâce ou plus justement d'harmonie, pendant lesquels quelque chose est sublimé, où l'esprit ou le cœur est marqué directement sans passer par le reste.
Peut-être est-ce le fruit d'un concours de circonstances ouvrant effectivement une des portes dérobées vers la conscience ? Certains mystiques, sages ou religieux travaillent sur la clé.
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"Je cherche l'Homme"
LYCAON- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 89
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: gorilles dans la brume
Je suis intéressé mais étonné par vos lectures. Je vais essayer de préciser un tout petit peu.
Imaginez, je dis et fais un truc dans une interaction avec quelqu’un, pardon de ne pas être plus précis, allez, disons pour fixer les idées par exemple un truc dans un contexte éducatif, un truc si simple mais fragile, car pas préparé, pas pré-pensé même si pas quand même surgi de nulle part, intuité, au détour, opportunité, dans la foulée du mouvant, mais où surgit en simultané le sentiment clair, immédiatement lumineux mais fugace de faire et dire juste, juste et bien, que cette personne concernée en est aussi éclairée, par ce faire et ce dire et non par son auteur :) , que probablement, allez, soyons grandiloquent, ça influera sur sa vie dans un sens positif, peut-être, même très peu mais un tout petit peu quand même, que ça a aussi embelli la mienne l’espace d’un instant, c’est sûr, et d’un coup, d’un coup je me dis aussi, je contemple soudain un drôle de réel, je sais, je sais que j’aurais pu très facilement passer à côté de cet instant, si facilement, si facilement qu’évidemment ça m’arrive cent fois par jour sans même m’en apercevoir, ça nous arrive, c’est même pas la perception d’avoir été mauvais, à la limite ça c’est moins grave, on peut espérer des fois rattraper, faire mieux ensuite, où se faire une raison, les causes, les aléas, effectivement, la vie misérable, la lassitude, on fait avec, on fait ce qu’on peut, ses moyens et qualités dérisoires, ses défauts pesants, non, là, cet abîme des occasions manquées d’être meilleur, tous ces moments où je ne suis pas bon sans même m’en rendre compte, passer à côté d’être bon, mauvais par omission aveugle, je contemple ça l’espace d’un instant et j’appelle ça une conscience, la conscience de tous ces instants possibles et morts avant d’être nés, les miens et ceux des autres, un abîme, ou plutôt une montagne vue d'une sorte de néant, ce que pourrait être la vie si on ne végétait pas sans fin au fin fond d’une préhistoire, dans la brume épaisse d’un esprit obscur.
"Une simple flaque d'eau au contraire qui ne s'enfonce pas plus que d'un pouce entre deux pavés de nos routes parait creuser dans le sol des profondeurs égales à l'abîme qui sépare au-dessus de nous le ciel et la terre ; au point qu'on croirait voir sous ses pieds les nuages aériens et, enfoncés sous la terre comme par miracle, les corps mystérieux du ciel." (Lucrèce)
Imaginez, je dis et fais un truc dans une interaction avec quelqu’un, pardon de ne pas être plus précis, allez, disons pour fixer les idées par exemple un truc dans un contexte éducatif, un truc si simple mais fragile, car pas préparé, pas pré-pensé même si pas quand même surgi de nulle part, intuité, au détour, opportunité, dans la foulée du mouvant, mais où surgit en simultané le sentiment clair, immédiatement lumineux mais fugace de faire et dire juste, juste et bien, que cette personne concernée en est aussi éclairée, par ce faire et ce dire et non par son auteur :) , que probablement, allez, soyons grandiloquent, ça influera sur sa vie dans un sens positif, peut-être, même très peu mais un tout petit peu quand même, que ça a aussi embelli la mienne l’espace d’un instant, c’est sûr, et d’un coup, d’un coup je me dis aussi, je contemple soudain un drôle de réel, je sais, je sais que j’aurais pu très facilement passer à côté de cet instant, si facilement, si facilement qu’évidemment ça m’arrive cent fois par jour sans même m’en apercevoir, ça nous arrive, c’est même pas la perception d’avoir été mauvais, à la limite ça c’est moins grave, on peut espérer des fois rattraper, faire mieux ensuite, où se faire une raison, les causes, les aléas, effectivement, la vie misérable, la lassitude, on fait avec, on fait ce qu’on peut, ses moyens et qualités dérisoires, ses défauts pesants, non, là, cet abîme des occasions manquées d’être meilleur, tous ces moments où je ne suis pas bon sans même m’en rendre compte, passer à côté d’être bon, mauvais par omission aveugle, je contemple ça l’espace d’un instant et j’appelle ça une conscience, la conscience de tous ces instants possibles et morts avant d’être nés, les miens et ceux des autres, un abîme, ou plutôt une montagne vue d'une sorte de néant, ce que pourrait être la vie si on ne végétait pas sans fin au fin fond d’une préhistoire, dans la brume épaisse d’un esprit obscur.
"Une simple flaque d'eau au contraire qui ne s'enfonce pas plus que d'un pouce entre deux pavés de nos routes parait creuser dans le sol des profondeurs égales à l'abîme qui sépare au-dessus de nous le ciel et la terre ; au point qu'on croirait voir sous ses pieds les nuages aériens et, enfoncés sous la terre comme par miracle, les corps mystérieux du ciel." (Lucrèce)
Chut- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 296
Date d'inscription : 13/07/2012
Re: gorilles dans la brume
Chut a écrit:Je suis intéressé mais étonné par vos lectures. Je vais essayer de préciser un tout petit peu.
Imaginez, je dis et fais un truc dans une interaction avec quelqu’un, pardon de ne pas être plus précis, allez, disons pour fixer les idées par exemple un truc dans un contexte éducatif, un truc si simple mais fragile, car pas préparé, pas pré-pensé même si pas quand même surgi de nulle part, intuité, au détour, opportunité, dans la foulée du mouvant, mais où surgit en simultané le sentiment clair, immédiatement lumineux mais fugace de faire et dire juste, juste et bien, que cette personne concernée en est aussi éclairée, par ce faire et ce dire et non par son auteur :) , que probablement, allez, soyons grandiloquent, ça influera sur sa vie dans un sens positif, peut-être, même très peu mais un tout petit peu quand même, que ça a aussi embelli la mienne l’espace d’un instant, c’est sûr, et d’un coup, d’un coup je me dis aussi, je contemple soudain un drôle de réel, je sais, je sais que j’aurais pu très facilement passer à côté de cet instant, si facilement, si facilement qu’évidemment ça m’arrive cent fois par jour sans même m’en apercevoir, ça nous arrive, c’est même pas la perception d’avoir été mauvais, à la limite ça c’est moins grave, on peut espérer des fois rattraper, faire mieux ensuite, où se faire une raison, les causes, les aléas, effectivement, la vie misérable, la lassitude, on fait avec, on fait ce qu’on peut, ses moyens et qualités dérisoires, ses défauts pesants, non, là, cet abîme des occasions manquées d’être meilleur, tous ces moments où je ne suis pas bon sans même m’en rendre compte, passer à côté d’être bon, mauvais par omission aveugle, je contemple ça l’espace d’un instant et j’appelle ça une conscience, la conscience de tous ces instants possibles et morts avant d’être nés, les miens et ceux des autres, un abîme, ou plutôt une montagne vue d'une sorte de néant, ce que pourrait être la vie si on ne végétait pas sans fin au fin fond d’une préhistoire, dans la brume épaisse d’un esprit obscur.
"Une simple flaque d'eau au contraire qui ne s'enfonce pas plus que d'un pouce entre deux pavés de nos routes parait creuser dans le sol des profondeurs égales à l'abîme qui sépare au-dessus de nous le ciel et la terre ; au point qu'on croirait voir sous ses pieds les nuages aériens et, enfoncés sous la terre comme par miracle, les corps mystérieux du ciel." (Lucrèce)
Ton texte m'inspire deux choses.
D'une part tu prends un exemple, qui n'est peut-être pas anodin, qui renvoie à l'éducation. Ayant été professeur moi-même, je suis toujours convaincu, notamment de par mon expérience, que l'éducation est la plus importante de toutes les activités humaines ! car c'est l'éducation qui forge les individus et permet la survivance des valeurs. Dès lors il y a un vrai plaisir à enseigner, lié à cette conviction qui relève de l'évidence.
D'autre part tu parles de ces instants qui nous échappent et qui pourtant sont là. Alors ça pour moi, c'est quasiment une obsession, car je le sais bien et que je me le dis souvent, que, bordel, il faut bien ouvrir les yeux parce que tout est là ! Mais ça, c'est la philosophie du ici et maintenant, qui pour moi renvoie à la phénoménologie dans le sens où la phénoménologie nous dit : tout est là, dans le phénomène, absolument tout est là, rien n'est caché derrière, et si tu parviens à réellement voir le phénomène, et bien tu vois le réel de manière exhaustive ! Et c'est justement un travail de faire en sorte, de se maintenir dans cet état d'éveil qui permet d'avoir les yeux ouverts, c'est à dire d'être réellement disponible pour le regard, et non pas emmerdé par tout un tas de préoccupation et d'humeurs qui brouillent le regard et le font disparaître. Voilà ce que ça m'inspire.
La citation de Lucrèce me fait penser à cette dimension phénoménologique que je retiens : la surface est aussi profonde que le fond. Je veux dire, pas besoin d’ouvrir un corps humain pour savoir s'il nous cache des trucs, car on peut voir l'âme sur un visage.
cedric- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 436
Date d'inscription : 02/06/2008
Re: gorilles dans la brume
Comme déjà évoqué je ne connais pas la phénoménologie mais ce que tu écris me convient bien, oui, la problématique de l'éducation, l'éveil évidemment, vaste sujet également, à certains moment savoir ouvrir les yeux, tendre l'oreille et l'entendement, voir les à côtés et les arrière plans, tout gérer, les infos et soi-même, la compréhension et l'action possible.
L'âme sur le visage, je suis plus sceptique, mais voir et entendre parler, oui, ça renseigne pas mal, la gestuelle aussi, je ne suis pas psy, mais ne peut pas m'empêcher des fois d'être attentif à l'inconscient quand il se manifeste.
L'âme sur le visage, je suis plus sceptique, mais voir et entendre parler, oui, ça renseigne pas mal, la gestuelle aussi, je ne suis pas psy, mais ne peut pas m'empêcher des fois d'être attentif à l'inconscient quand il se manifeste.
Chut- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 296
Date d'inscription : 13/07/2012
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