Architecture sacrée et symbolique

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Message par lekhan Mer 3 Sep 2008 - 13:09

Cette note, cette synthèse nait d’une volonté d’étude de l’espace comme problématique multiple et transdisciplinaire. Etude amorcée par le sujet d’Ineluki sur la sémiotique de la place et celui de Vargas, je crois plus général, sur Chaos et Cosmos.

Le texte d’Eliade, Architecture sacrée et symbolisme est précurseur d’une analyse proprement sémiotique des espaces et fait écho à de nombreuses problématiques. Discontinuité symbolique des espaces affectés, insertion de l’espace affecté, des « situations permanentes » dans une cosmogonie, un cosmos, un mode d’être propre. Territoire habité, ville, temple, maison, corps.

I Présentation :

Définir l’espace sacré :

« [...] un espace sacré, c'est-à-dire un territoire qualitativement différent du milieu cosmique environnant, une zone qui se singularise et se détache à l’intérieur de l’espace profane. »

L’espace sacré s’oppose à l’espace profane de part l’agencement, l’organisation de son espace. L’espace sacré est un espace structuré, concentré autour de limites, c’est un espace consacré (hiérophanie, signes naturels, rituels), un espace de rupture. L’espace profane est lui chaotique, non organisé ou partiellement non organisé.

On peut décomposer l’espace cosmogonique en trois zones distinctes. Le ciel, lieu du divin, la terre, lieu du profane, et une zone souterraine, également lieu d’un divin.

L’espace sacré est l’espace de rupture, de liaison entre ces trois zones. Il faut rendre possible la communication, littéralement, avec le cosmos, le divin par une « crête », une architecture, un lieu, un symbole. Créer un lieu de communication autre, de communication au-dessus.
C’est le lieu d’incarnation d’une rupture physique d’ordre symbolique mais aussi ontologique, métaphysique du type vie/mort, profane/sacré.

L’espace sacré est un espace de transitions vers l’au-dessus, le supérieur sacré, divin cosmique.
Un espace-liaison. Colonne, ogive, architecture incarnent ces liaisons. Il y a matérialisation du lien. Une matérialisation comme union, agencement des espaces. Architecture creuset cosmogonique. Centre-creuset, matérialisation du centre, de l’origine.

L’espace sacré c’est l’espace qui rend homogène « l’univers » dans son sens archaïque. Lien entre espace profane, connu, quotidien et espace cosmique, divin supérieur, en somme inconnu, fantasmé, lieu d’hypothèse, de projection.
C’est un entre-deux, un entre-deux cheminement. Entre-deux, seuil, comme possible accession, ascension, communication avec l’espace supérieur.
On pense au rôle des autels, des colonnes, plus généralement de l’architecture, de la structure matérielle de l’espace sacré.

· On pourra songer plus tard à une possible iconologie architecturale.

L’espace sacré est l’espace central autour duquel gravite le monde ou la structure qui le représente.

Centre-creuset. Exemple l’ouverture des yourtes mongoles, l’autel d’une église.
Il y a une problématique du lieu saint comme lieu d’appropriation de la hiérophanie, des rituels.
Le lieu du signe.

L’espace sacré comme outil d’une métaphore monde-corps humain. Sur ce point on peut en soulever un autre, la relation entre le corps du prêtre, du sorcier, du pasteur, de l’iman, du rabbin, du shaman, du sage et l’incarnation de l’espace sacré. Corps ritualisé, affecté, par des normes, des symboles, des habits.

Un corps représentant l’espace dans lequel il est affecté, dans lequel il exerce son rôle, le corps est cet espace, la parole de cet espace, son incarnation physique accessible.
C’est également le problème de la représentation des divinités.

En attendant la suite.

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Message par Pierre Rivière Jeu 11 Sep 2008 - 6:01

J'ai quelques questions pour monsieur le professeur Lekhan.

L'incarnation du sacré dans une forme sensible (matérielle), un lieu, un temple, un signe, etc. rend le sacré plus accessible aux sens. Dès lors, le regroupement autour de l'espace sacré comme lieu de communion devient tout autant le moyen pour une multitude d'êtres humains de se reconnaître comme membres d'une même communauté. Mais lorsque, en s'incarnant dans une matière spécifique, il joue ce rôle de moyen de reconnaissance pour une communauté, il risque en même temps de perdre son contenu essentiellement spirituel. Ainsi, l'incarnation du spirituel dans un objet ou un lieu quelconque produit une tension entre son contenu essentiellement spirituel (qui, soit dit en passant, ne pourrait pas être partageable sans cette incarnation) et sa fonction sociale dans la communauté pour qui le sacré est un moyen de reconnaissance.

Que pensez-vous de la dynamique de cette tension? Est-elle essentielle pour l'espace sacré? Doit-on la réduire à l'un seul de ses deux pôles (spirituel ou social)? Maintenir la conscience de cette tension est-elle un projet vital au développement d'une culture saine?


Merci de m'éclairer par votre savoir vénérable, ô grand professeur du sacré et du symbolique. Je vous serai grandement reconnaissant de partager vos lumières avec un pauvre esprit comme le mien, indigne de votre immense générosité.

Signé,
l'humble élève
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Message par lekhan Jeu 2 Oct 2008 - 0:26

Oh oui! Vas-y, flagelles toi encore!!! Dis encore Professeur!

Quelques « idées ».
On peut commencer par s'interroger sur la notion de Sacré. Qu'est-ce qu'on entend par sacré. Pour Eliade c'est évidemment le sens religieux du terme, un espace religieux donc.

Mais ça peut aussi être l'espace d'un interdit. L'interdit sacré, chez Batailles on a ça je crois, avec justement tout ce poids de la transgression de l'interdit (Ma Mère et la scène des photos trouvées par le fils, laissées par la mère, etc.) Les deux sens, ou plutôt nuance ne me semble pourtant pas si éloignés, il y a je crois dans l'espace sacré religieux, cette notion persistante de lieu d'interdit aussi.
On peut bêtement penser au plan d’une église, le cœur n'est accessible qu'à une partie de la communauté à un moment donné.
Pour pousser la démonstration on pense à l'accessibilité partielle du cœur dans les églises orthodoxe, c'est-à-dire, l’interdiction même de franchir l’iconostase, ou bien aux monastères ou abbayes en activité. L'espace sacré est un espace hiérarchisé et donc restreint par des interdits, par des accès limités aux initiés.
Initiés puisqu'ayant accompli un rite, des rites leurs permettant l’accès à ses zones interdites.

Ce qui nous pose un autre petit problème tout gentil qui est celui de l'espace sacré comme lieu de pouvoir (religieux et social donc). Puisqu'il y a limitation du lieu, hiérarchisation du lieu, il y a deux populations. La population initiée, exerçant le pouvoir dans ce lieu, le prêtre, le shaman, etc. Et la population fidèle, pèlerins, croyants, etc. Les deux composent l'incarnation du lieu, la communauté. Et cette tension, est bien une relation de pouvoir, de domination, mais aussi de complétude, nécessaire à la communion.
En somme l’espace sacré comme espace interactif. Complet par cette interaction. L’espace sacré colmate, cimente la communauté en quelques sortes.


On peut communier via l'initié qui lui connait, sait les choses de l'espace au dessus, comment y accéder, etc. Par exemple, le prêtre est l'incarnation presque architecturale du lien de l'espace sacré avec l'espace au dessus, au-delà, pendant le temps de la messe, ou de la parole. Il permet le rite d'accession, de communion, dont l'acmé est le lien matérialisé pour le fidèle avec l'espace sacré, dons, hosties, cierges, rites, communions, etc.

En distinguant ses deux populations, ses deux entités, on met à jour cette tension, mais aussi l'utilité de cette tension dans l'incarnation même de l'espace. On peut considérer le rite comme l'incarnation "absolue" de l'espace sacré. On pense au rite de l'Augure Romain. Rite permettant la suite, la continuation ou de la chose publique, de la guerre, etc. Une indissociabilité de la chose religieuse, sacré et "profane", sociale.
Tension-lien.

Après pour ce qui est de maintenir la conscience de cette tension, c'est à dire que si elle se rond l'espace sacré disparait, ou du moins se restreint puisqu'il devient in-incarné, lieu d'un pouvoir sans écho, sans réciprocité, un pouvoir à vide, un sacré à vide.
Mais je crois que cette tension se maintient d'elle même, les espaces sacrés se déplacent. De l'église, du temple, du lieu de la Hiérophanie au lieu d'un autre pouvoir, je ne sais pas un lieu symbolique, républicain ou autre.

Et qu’entends-tu par société saine?

Allez mon petit élève, questionnes!!!!

Ps: Il faut me le dire quand ça fait pédant, et que ça n'est pas intéressant...

Nb: je sens que je ne réponds pas etnièrement à la question cela dit. A poursuivre donc.
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