Réflexions sur le libéralisme
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Réflexions sur le libéralisme
Il y a quelques semaines, le leadership du parti socialiste a été le théatre d'une bataille sémantique autour du terme "libéralisme". L'objet en était globalement : Le socialisme est-il pro-libéral ou est-il anti-libéral ? A mon sens, ce n'est pas qu'une question de positionnement politique contemporain ayant trait, par exemple, à la recherche d'une 3e voie du type Giddens-Blair, ou au déportement vers la social-démocratie du type scandinave (d'ailleurs mal en point) mais c'est une véritable question d'histoire des idées, et d'ailleurs l'une des plus importantes qui soient aujourd'hui dans ce domaine. J'aimerais donc poser humblement les choses telles que je les vois ou crois les voir, et j'espère avoir vos impressions en retour -enfin, pour ceux que le sujet pourrait intéresser.
Ma conviction, disons-la d'emblée, est qu'il existe plusieurs libéralismes, j'entends que par le terme "libéralisme", on fait référence à des traditions de pensée très différentes, et que là est bien tout le problème. Il y a au moins deux traditions de pensée qu'on qualifie de "libérales" et qui sont à mon sens totalement différentes : Une tradition qu'on pourrait qualifier de germanique, et une tradition anglo-saxonne. Commençons par là -et je remonte loin, comme vous allez le voir.
L'une des analyses les plus marquantes que je retiens de Fernand Braudel est celle-ci : Si l'on superpose la carte de l'empire romain à l'époque de sa plus grande expansion (disons : Trajan) et la carte de l'Europe au XVIIe siècle (disons : Guerre de Trente Ans) on s'aperçoit que les frontières coïncident assez remarquablement : Au-delà des limes de l'Empire, les pays protestants, en-deça, les puissances catholiques. C'était l'un des arguments de Braudel en faveur de la très longue durée. D'emblée, nous dit-il, il y a des ensembles culturels hétérogènes, dont les traits différenciés traversent toutes les époques, survivent même à la formidable entreprise unificatrice du christianisme, et réapparaissent sous forme de schismes. Fascinant, n'est-ce pas ? Mais mon propos du jour est ailleurs.
Car c'est également un acquis de l'histoire du droit que de considérer qu'il existe effectivement -au moins- deux grands ensembles culturels en Europe, qui déterminent en bonne part la manière dont la théorie juridique va s'y développer par la suite : Les pays qui ont connu le droit romain, et les autres. A ce niveau également, une unification culturelle va se produire, d'une part avec les invasions barbares, d'autre part avec le christianisme et la théorie du pouvoir qu'il véhicule. Mais il n'en reste pas moins que des particularismes vont traverser les époques.
Ainsi, le XVIe s. est, autant que j'en sache (j'attends les commentaires de nos amis juristes -il y en a ) une période de renaissance du droit romain, avec Budé, Cujas, etc. qui perce jusque sur les terres des Habsbourgs avec plus de facilité que dans les principautés allemandes. Lorsque l'Allemagne deviendra un centre important d'études du droit romain au XVIIIe, la Réforme sera passée par là, et l'effort de codification (typique de l'héritage romain) s'appuira sur le droit naturel de Puffendorf, Wolff, etc.
Evidemment, la différence est encore plus évidente avec l'Angleterre, dont les historiens du droit opposent la tradition juridique à la culture continentale. La présence romaine ne s'est pas manifestée suffisamment longtemps en Angleterre pour que celle-ci connaisse le droit romain et elle développe une culture juridique spécifique. Par exemple, les invasions germaniques donnent naissance à la création de royaumes barbares dans toute l'Europe, et le VIe siècle voit partout l'adoption de ce qu'on a appelée des "lois barbares" (ex : La loi salique). Mais tandis qu'elle sont rédigées en latin sur le continent, elles sont rédigées en langue germanique sur le sol anglais.
Mais surtout, l'Angleterre connait une évolution historique spécifique. En particulier, la conquête normande y donne naissance à un véritable pouvoir royal qui, d'emblée, s'étend sur un territoire conquis et unifié par les armes. Or, l'existence d'un réel pouvoir royal fut sans doute l'une des causes de la formation du système de la common law. En effet, non seulement les rois anglais légifèrent, mais ils ont un pouvoir juridique bien plus important que les rois français. En fait, la justice est bientôt centralisée à Westminster, càd que les cours rendent leur verdict au nom du roi. Or, on a beaucoup dit que la common law était un droit coutumier, ce n'est pas tout à fait exact. Le principe de la common law (règle du précédent) est qu'un juge est lié par des principes énoncés par une cour d'un degré hiérarchique supérieur, ou parfois égal, dans une cause semblable. Par conséquent le roi étant "Fontaine de Justice", c'est irréductiblement l'autorité royale qui fonde, à l'origine, la valeur de la jurisprudence.
Mais si l'histoire politique anglaise va dans le sens d'un renforcement des pouvoirs juridiques du roi, elle va aussi dans le sens d'un affaiblissement de son pouvoir législatif. En Angleterre, le Parlement n'est pas une juridiction, comme en France, mais une instance représentative, en particulier de l'aristocratie. Dès le XIVe s., son rôle est d'adresser des requêtes (bills) au roi qui peut ou non les transformer en lois (statutes). Le fait est que le rôle du Parlement ne cessera de croître -malgré un retour de la prééminence de la fonction royale avec Henri VIII- jusqu'à l'opposition ouverte et la Guerre Civile.
Ma conviction, disons-la d'emblée, est qu'il existe plusieurs libéralismes, j'entends que par le terme "libéralisme", on fait référence à des traditions de pensée très différentes, et que là est bien tout le problème. Il y a au moins deux traditions de pensée qu'on qualifie de "libérales" et qui sont à mon sens totalement différentes : Une tradition qu'on pourrait qualifier de germanique, et une tradition anglo-saxonne. Commençons par là -et je remonte loin, comme vous allez le voir.
L'une des analyses les plus marquantes que je retiens de Fernand Braudel est celle-ci : Si l'on superpose la carte de l'empire romain à l'époque de sa plus grande expansion (disons : Trajan) et la carte de l'Europe au XVIIe siècle (disons : Guerre de Trente Ans) on s'aperçoit que les frontières coïncident assez remarquablement : Au-delà des limes de l'Empire, les pays protestants, en-deça, les puissances catholiques. C'était l'un des arguments de Braudel en faveur de la très longue durée. D'emblée, nous dit-il, il y a des ensembles culturels hétérogènes, dont les traits différenciés traversent toutes les époques, survivent même à la formidable entreprise unificatrice du christianisme, et réapparaissent sous forme de schismes. Fascinant, n'est-ce pas ? Mais mon propos du jour est ailleurs.
Car c'est également un acquis de l'histoire du droit que de considérer qu'il existe effectivement -au moins- deux grands ensembles culturels en Europe, qui déterminent en bonne part la manière dont la théorie juridique va s'y développer par la suite : Les pays qui ont connu le droit romain, et les autres. A ce niveau également, une unification culturelle va se produire, d'une part avec les invasions barbares, d'autre part avec le christianisme et la théorie du pouvoir qu'il véhicule. Mais il n'en reste pas moins que des particularismes vont traverser les époques.
Ainsi, le XVIe s. est, autant que j'en sache (j'attends les commentaires de nos amis juristes -il y en a ) une période de renaissance du droit romain, avec Budé, Cujas, etc. qui perce jusque sur les terres des Habsbourgs avec plus de facilité que dans les principautés allemandes. Lorsque l'Allemagne deviendra un centre important d'études du droit romain au XVIIIe, la Réforme sera passée par là, et l'effort de codification (typique de l'héritage romain) s'appuira sur le droit naturel de Puffendorf, Wolff, etc.
Evidemment, la différence est encore plus évidente avec l'Angleterre, dont les historiens du droit opposent la tradition juridique à la culture continentale. La présence romaine ne s'est pas manifestée suffisamment longtemps en Angleterre pour que celle-ci connaisse le droit romain et elle développe une culture juridique spécifique. Par exemple, les invasions germaniques donnent naissance à la création de royaumes barbares dans toute l'Europe, et le VIe siècle voit partout l'adoption de ce qu'on a appelée des "lois barbares" (ex : La loi salique). Mais tandis qu'elle sont rédigées en latin sur le continent, elles sont rédigées en langue germanique sur le sol anglais.
Mais surtout, l'Angleterre connait une évolution historique spécifique. En particulier, la conquête normande y donne naissance à un véritable pouvoir royal qui, d'emblée, s'étend sur un territoire conquis et unifié par les armes. Or, l'existence d'un réel pouvoir royal fut sans doute l'une des causes de la formation du système de la common law. En effet, non seulement les rois anglais légifèrent, mais ils ont un pouvoir juridique bien plus important que les rois français. En fait, la justice est bientôt centralisée à Westminster, càd que les cours rendent leur verdict au nom du roi. Or, on a beaucoup dit que la common law était un droit coutumier, ce n'est pas tout à fait exact. Le principe de la common law (règle du précédent) est qu'un juge est lié par des principes énoncés par une cour d'un degré hiérarchique supérieur, ou parfois égal, dans une cause semblable. Par conséquent le roi étant "Fontaine de Justice", c'est irréductiblement l'autorité royale qui fonde, à l'origine, la valeur de la jurisprudence.
Mais si l'histoire politique anglaise va dans le sens d'un renforcement des pouvoirs juridiques du roi, elle va aussi dans le sens d'un affaiblissement de son pouvoir législatif. En Angleterre, le Parlement n'est pas une juridiction, comme en France, mais une instance représentative, en particulier de l'aristocratie. Dès le XIVe s., son rôle est d'adresser des requêtes (bills) au roi qui peut ou non les transformer en lois (statutes). Le fait est que le rôle du Parlement ne cessera de croître -malgré un retour de la prééminence de la fonction royale avec Henri VIII- jusqu'à l'opposition ouverte et la Guerre Civile.
Bergame- Persona
- Nombre de messages : 5358
Date d'inscription : 03/09/2007
Re: Réflexions sur le libéralisme
Tu as tout à fait raison d’estimer que la notion de
libéralisme renvoie à des significations variées. En France il reste naïvement assimilé à de l’ultra-libéralisme, alors qu’au contraire le
libéralisme demande un pouvoir fort afin d’appliquer les lois rigoureusement. L’état
doit assurer les fonctions régaliennes, laisser une liberté économique, liberté
d’entreprendre, la méritocratie en découle. Le libéralisme croit dans l’auto-organisation.
Ce que JF Revel avance dans de nombreux livres c’est le caractère non-idéologique
du libéralisme, au contraire du socialisme qui propose de contrôler tout, qui pense
détenir le sens de la marche à suivre et se propose de tout planifier.
Ce qui ne veut pas dire que le libéralisme délaisse
complètement la question sociale, c’est d’ailleurs lui qui engendrera les
premières avancées sociales grâce aux progrès économiques qu’il aura permit.
Pour en revenir au cas de la France sur le sujet, je
propose un extrait de Famille je vous aime de Luc Ferry qui donne une
idée assez pertinente de la situation :
“Bref, les divers visages du libéralisme sortent
archi-gagnants de toutes les confrontations avec les autres régimes et
doctrines politiques. Or il n’en reste pas moins, ou peu s’en faut, le terme le
plus honni de France. [...] Face à la question du libéralisme, les partis de
gouvernement n’ont manifestement pas trouvé l’attitude qui convient. La plupart
du temps, il se contentent d’osciller entre l’aveuglement et la mauvaise fois :
aveuglement de la droite sur les effets pervers d’un système qui reste pourtant
le sien, et mauvaise foi à gauche sur les bienfaits d’une structure
démocratique et d’une économie de marché qu’on peut sans doute critiquer dans
l’opposition, mais auxquelles il faut bien faire droit dès qu’on arrive au pouvoir.”
J’ai récemment remarqué un titre assez novateur sur la
question du libéralisme : Le libéralisme contre le capitalisme de Valérie Charolles.
Sur la question du socialisme et du libéralisme j’ai trouvé
particulièrement éclairant La grande parade de JF Revel. Il aborde aussi
beaucoup la question du Communisme, et notamment l’imprégnation de son idéologie
malgré son effondrement, l’échec de sa doctrine. La récente publication du Livre
noir du Libéralisme qui se veut une réponse au célèbre et gênant Livre
noir du Communisme, m’a quelque peu énervé, j’ai trouvé la comparaison osée
voire irrespectueuse pour tous les morts du Communisme qui n’ont pas bénéficié
de notre « devoir de mémoire ». Malgré la lucide analyse de Francois
Furet dans Le passé d’une illusion il reste une nostalgie plus
qualifiable d’aveuglement, comme l’a montré la réception indignée du Livre
noir du Communisme.
Pour les curieux, ce site propose « le libéralisme pour
les débutants » : http://www.dantou.fr/liberalisme.htm
libéralisme renvoie à des significations variées. En France il reste naïvement assimilé à de l’ultra-libéralisme, alors qu’au contraire le
libéralisme demande un pouvoir fort afin d’appliquer les lois rigoureusement. L’état
doit assurer les fonctions régaliennes, laisser une liberté économique, liberté
d’entreprendre, la méritocratie en découle. Le libéralisme croit dans l’auto-organisation.
Ce que JF Revel avance dans de nombreux livres c’est le caractère non-idéologique
du libéralisme, au contraire du socialisme qui propose de contrôler tout, qui pense
détenir le sens de la marche à suivre et se propose de tout planifier.
Ce qui ne veut pas dire que le libéralisme délaisse
complètement la question sociale, c’est d’ailleurs lui qui engendrera les
premières avancées sociales grâce aux progrès économiques qu’il aura permit.
Pour en revenir au cas de la France sur le sujet, je
propose un extrait de Famille je vous aime de Luc Ferry qui donne une
idée assez pertinente de la situation :
“Bref, les divers visages du libéralisme sortent
archi-gagnants de toutes les confrontations avec les autres régimes et
doctrines politiques. Or il n’en reste pas moins, ou peu s’en faut, le terme le
plus honni de France. [...] Face à la question du libéralisme, les partis de
gouvernement n’ont manifestement pas trouvé l’attitude qui convient. La plupart
du temps, il se contentent d’osciller entre l’aveuglement et la mauvaise fois :
aveuglement de la droite sur les effets pervers d’un système qui reste pourtant
le sien, et mauvaise foi à gauche sur les bienfaits d’une structure
démocratique et d’une économie de marché qu’on peut sans doute critiquer dans
l’opposition, mais auxquelles il faut bien faire droit dès qu’on arrive au pouvoir.”
J’ai récemment remarqué un titre assez novateur sur la
question du libéralisme : Le libéralisme contre le capitalisme de Valérie Charolles.
Sur la question du socialisme et du libéralisme j’ai trouvé
particulièrement éclairant La grande parade de JF Revel. Il aborde aussi
beaucoup la question du Communisme, et notamment l’imprégnation de son idéologie
malgré son effondrement, l’échec de sa doctrine. La récente publication du Livre
noir du Libéralisme qui se veut une réponse au célèbre et gênant Livre
noir du Communisme, m’a quelque peu énervé, j’ai trouvé la comparaison osée
voire irrespectueuse pour tous les morts du Communisme qui n’ont pas bénéficié
de notre « devoir de mémoire ». Malgré la lucide analyse de Francois
Furet dans Le passé d’une illusion il reste une nostalgie plus
qualifiable d’aveuglement, comme l’a montré la réception indignée du Livre
noir du Communisme.
Pour les curieux, ce site propose « le libéralisme pour
les débutants » : http://www.dantou.fr/liberalisme.htm
nakor- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 9
Date d'inscription : 04/08/2008
Re: Réflexions sur le libéralisme
Monsieur Bergame, je crains que vous soyez parti de trop loin car j'ai eu l'impression que vous n'êtes jamais revenu au libéralisme. C'était une bien intéressante tournée historique, mais il me semble que j'ai perdu de vue où se situait la bataille sémantique au sujet du libéralisme après que Henry VIII nous ait enseigné le secret d'un mariage réussi.
Malgré cela, quelques idées fort intéressantes ont attirées mon attention. Notamment, qu' "il y a des ensembles culturels hétérogènes, dont les traits différenciés traversent toutes les époques, survivent même à la formidable entreprise unificatrice du christianisme, et réapparaissent sous forme de schismes." Je me permet d'ajouter aux exemples que vous avez mentionné les différences entre l'humanisme du nord et celui du sud. J'avoue que cette idée d'ensembles culturels hétérogènes dotés d'une plus grande permanence est nouvelle pour moi, et j'apprécierais bien savoir de quoi il en retourne pour ce monsieur Braudel, Fernand Braudel.
Quant à l'histoire du droit, je me pose la question à savoir quelle a pu être l'influence des conquêtes napoléoniennes sur une certaine unification juridique de l'Europe? Advenant une certaine unification du droit sous le code juridique napoléonien (qui a repris celui romain, de Justinien) cela accentuerait la spécificité juridique de l'Angleterre n'ayant pas subi la domination de ce petit "esprit du monde concentré en un même point". Ne connaissant absolument rien à l'histoire du droit, je n'ose m'aventurer en conjectures quant à la réponse à cette question. Par ailleurs, j'ai souvenir que les conquêtes napoléoniennes ont eu une grande influence dans l'esprit de Mazzini pour ce qui est de son entreprise d'unité républicaine de l'Italie. Ainsi, je me dis que même dans la défaite, Napoléon a dû laisser quelques traces dans les institutions juridiques, principalement d'Allemagne (dont l'unité politique n'avait pas encore été atteinte) mais peut-être aussi en Espagne, en Italie et en Pologne.
Ne serait-ce qu'en considérant le facteur de la transformation économique de l'Europe à partir d'une économie agraire vers une économie industrielle. Le modèle de la centralisation étatique a dû prendre racine durant la domination franco-révolutionnaire dans certains pays. Ainsi, ce type d'administration de la justice (selon un état centralisé et un code de lois uniforme) a dû se trouver mieux adapté aux circonstances de l'économie marchande. Mais en considérant que l'industrialisation n'était peut-être pas aussi avancé à l'est de la France qu'en celle-ci en principalement qu'en Angleterre, peut-être que l'administration seigneuriale de la justice a repris le dessus après la défaite de Napoléon.
Toutefois, la bourgeoisie n'était peut-être pas autant une bourgeoisie industrielle (ce qui viendra plutôt durant le 19e siècle) qu'une bourgeoisie de ville. Dernièrement, je lisais L'ancien régime et la révolution de Tocqueville et il faisait mention que la perte des pouvoirs de l'aristocratie terrienne n'était pas tant liée à la perte de leur privilège qu'à leur participation de mieux en mieux grande dans les affaires publics. Dans ce contexte, la ville devenait le lieu où d'anciens serfs ayant acquis la propriété de leur terres venait échapper aux impôts seigneuriaux et gagnait une certaine indépendance dans les villes. D'ailleurs la ventes des terres aux serfs par les seigneurs était de plus en plus commune au 17e siècle dû à l'appauvrissement de l'aristocratie car les échanges commerciaux faisaient concurrence au mode de production alors dominant, l'agriculture - mais il n'y a certainement pas une cause unique, il y aussi le renforcement du pouvoir royal, centralisateur. Dans les villes, l'objectif de cette nouvelle bourgeoisie devenait l'acquisition d'un office, c'est-à-dire d'un titre bureaucratique doublée d'une fonction, le tout étant joliment rémunéré par l'état. De plus, les bourgeois des villes bénéficiaient très souvent d'exemptions d'impôts pour des raisons extrêmement diverses, notamment la possession d'un office pouvait avoir comme privilège une exemption d'impôts.
Ainsi, le système mis en place en qui continuait de favoriser d'un côté le pouvoir centralisé autour du roi et celui de la bourgeoisie naissante dans les villes au détriment de l'ancienne aristocratie, a fini par bénéficier uniquement la bourgeoisie lors de l'abolition du pouvoir royal durant la révolution française. En effet, la bourgeoisie des villes a pris le contrôle de l'immense appareil étatique de gestion centralisée (la masse de documents bureaucratique sur la gestion de l'économie (comment cultiver les terres, quoi cultiver, etc.) était immense, selon Tocqueville) mis en place par le pouvoir royal, et ce dû à sa (à la bourgeoisie) position privilégié d'élite cultivée des villes. Elle savait, du moins, comment faire fonctionner cet appareil, contrairement aux paysans des campagnes. D'ailleurs il serait intéressant d'étudier la fonction qu'occupait les Robespierres de cette époques avant la révolution. C'était, si je ne m'abuse, principalement des notables: avocats, notaires, publicistes (journalistes quoi!) et ajoutons à cela une bonne dose de petits criminels. Robespierre et Camille desMoulins avaient une formation d'avocat, je crois.
Maintenant, je me dis que Wikipédia est utile:
- "Camille (desMoulins) entre comme boursier au lycée Louis-le-Grand, où il fait de bonnes études : il est primé au concours général, la même année que son condisciple Maximilien de Robespierre. Il devient ensuite avocat à Paris."
- "Malgré son extrême dénuement, Maximilen de Robespierre fit de brillantes études au collège Louis-le-Grand (1769-1781), où il eut pour condisciples Camille Desmoulins et Louis-Marie Stanislas Fréron. D'après l'abbé Proyart, c'était un élève studieux, se consacrant uniquement au travail, solitaire et rêveur, peu expansif. Très bien vu par ses maîtres, en 1775, il fut choisi pour prononcer le compliment en vers du nouveau roi Louis XVI[7]. Il fut un temps clerc chez le procureur Nolleau fils, qui employait également le jeune Brissot[8]. Reçu bachelier en droit de la Faculté de Paris le 31 juillet 1780, il obtint son diplôme de licence le 15 mai 1781 et s'inscrivit sur le registre des avocats du Parlement de Paris deux semaines après."
- "En 1780, Danton arrive à Paris et comme le veut la tradition familiale (grand-père huissier de justice), Georges Jacques s'oriente vers des études de droit en se faisant engager dans un cabinet d'avocat. Il suit ensuite six mois d'études de droit à la faculté de Reims puis achète sa licence."
- "La famille Marat (celle du père du révolutionnaire Jean-Paul Marat) a mené une vie simple, sans sophistication, ce qui lui a attiré la sympathie d’hommes de bien, qui lui ont apporté parfois des soutiens désintéressés. Pour les petits Marat, les compétences et les connaissances de leurs parents sont une aubaine, ce que Jean-Paul se plaît à rappeler : « Par un bonheur peu commun, j’ai eu l’avantage de recevoir une éducation très soignée dans la maison paternelle. »
Jean-Paul Marat quitte Neuchâtel et sa famille en 1759, après ses études au collège. Des raisons de bon sens peuvent être invoquées pour expliquer cette décision : la nécessité d’aider cette grande famille, son désir de poursuivre des études, l’opportunité d’un travail, mais aucun document probant ne permet encore de le suivre avec précision. Les historiens l’imaginent à Bordeaux comme précepteur de la famille Nairac, à Paris ou à Montpellier, étudiant la médecine. Seul Alfred Bougeart énonce fort à propos qu’on perd sa trace entre ses 16 et 31 ans. Et Marat, qu’écrit-il ? « J’ai vécu deux années à Bordeaux, dix à Londres, une à Dublin et à Édimbourg, une à La Haye, à Utrecht et à Amsterdam, dix-neuf à Paris. » Ce qui est avéré par la publication de nombreux ouvrages dans ses différents domaines d’intérêt.
Depuis les années 1780, Jean-Paul Marat est médecin des Suisses du comte d’Artois, une charge financée par lui, et dont les revenus lui permettent dorénavant d’avoir un train de vie bourgeois et de se faire des relations importantes."
- Etcetera.
Tout ça pour dire que le mouvement de migration des campagnes vers les villes fut, selon moi, l'étape préliminaire à la naissance de la bourgeoisie comme classe dominante qui a vu le jour avec l'industrialisation du 19e siècle ainsi que la centralisation des pouvoirs législatifs, judiciaires et exécutifs autour de l'état, "le plus froid des monstres froids".
Dès lors, c'est dans ce contexte qu'ont été propagé les idéaux libéraux de vie, de liberté et de propriété comme le disait si bien, mais en anglais, le perfide Jean Serrure avec un "e".
Le socialisme, tout comme le libéralisme, sont des postures politiques qui viennent accentuer l'un ou l'autre des privilèges que la bourgeoisie a obtenue dans son indépendance du système féodal: le droits de gestion (juridique, administratif, législatif, et politique en général) et l'économie. S'étant libérée de l'emprise économique, juridique et politique de l'aristocratie terrienne, la bourgeoisie ne fait que défendre ses privilège, qu'ils soient bureaucratique ou économique (commerciaux), par des politiques socialistes ou libérales.
Dès lors, le débat politique entre libéralisme et socialisme est complètement ennuyeux dans la mesure où ils sont le sempiternelle reflet de la défense de privilèges qui s'appuient mutuellement. Le commerce fait la richesse de la nation par l'apport de richesses extérieures (essentiellement liée à l'exploitation des travailleurs et des ressources étrangers(ères), et l'état assure le bon fonctionnement de la nation à partir de laquelle le commerce se déploie. Les commerçants sans État sont structurellement démunis et les bureaucrates sans commerçants sont financièrement démunis.
L'érection des droits de vie, de liberté et de propriété ne sont que la contrepartie de l'abandon des anciennes structures de pouvoir où le roi avait le droit sur la vie de ses sujets, n'était libre que dans la mesure du pouvoir royal ou, encore parfois, seigneurial et n'avait de propriété que nouvellement acquise par l'achat de la terre et le commerce. Les valeurs libérales (bien souvent partagées par les socialistes-démocrates) ne sont que la défense des privilèges acquis par le transfert de pouvoir des campagnes aux villes. Le droit de la bourgeoisie à la vie, à la liberté et à la propriété. Dites-donc aux aristocrates qu'on pendait sur les lampadaires qu'ils avaient ces droits et nous verrons bien qui rira!
Sur un autre propos le débat socialiste-libéral, étant cantonné dans la gestion du partage des pouvoirs entre bourgeois, ne traite jamais des rapports politiques nées de l'organisation sociale bourgeoise, ce que, du moins, le marxisme avait l'avantage. Le rapport à la marchandise, le rapport perdu avec la terre (i.e. avec le fruit direct de son travail), le rapport à l'organisation de la ville comme lieu de vie, à la concentration de groupes humains dans des lieux plus restreints et mornes (la ville), sur l'uniformisation de l'éducation par la gestion étatique (par rapport à la gestion des écoles par des citoyens pour des citoyens comme dans la Grèce du temps des débats entre Socratistes (Académie, Lycée, etc.) et Sophistes); aux effets psychologiques de tout cela, etc.
Bref, je ne saisis aucunement le sens de cette phrase au sujet du caractère non-idéologique du libéralisme. Bien sûr, le libéralisme n'a aucune Idée au sens fort, mais il fait passer ses petites idées logiques un peu partout quand même.
En conclusion, l'opposition entre socialisme et libéralisme perd toute sa valeur effective lorsqu'elle est subsumée sous le concept de bourgeoisie (i.e. comme classe d'intérêt sociale et historique) qui inclut comme sa tension constitutive le socialisme et le libéralisme.
ÉDIT: Je viens de prendre 30 secondes de recul par rapport à mon texte et je me suis rendu compte que je ne te répondais pas vraiment Bergame, je suis plutôt partie sur mon propre élan. Désolé d'être aussi monologique...
Malgré cela, quelques idées fort intéressantes ont attirées mon attention. Notamment, qu' "il y a des ensembles culturels hétérogènes, dont les traits différenciés traversent toutes les époques, survivent même à la formidable entreprise unificatrice du christianisme, et réapparaissent sous forme de schismes." Je me permet d'ajouter aux exemples que vous avez mentionné les différences entre l'humanisme du nord et celui du sud. J'avoue que cette idée d'ensembles culturels hétérogènes dotés d'une plus grande permanence est nouvelle pour moi, et j'apprécierais bien savoir de quoi il en retourne pour ce monsieur Braudel, Fernand Braudel.
Quant à l'histoire du droit, je me pose la question à savoir quelle a pu être l'influence des conquêtes napoléoniennes sur une certaine unification juridique de l'Europe? Advenant une certaine unification du droit sous le code juridique napoléonien (qui a repris celui romain, de Justinien) cela accentuerait la spécificité juridique de l'Angleterre n'ayant pas subi la domination de ce petit "esprit du monde concentré en un même point". Ne connaissant absolument rien à l'histoire du droit, je n'ose m'aventurer en conjectures quant à la réponse à cette question. Par ailleurs, j'ai souvenir que les conquêtes napoléoniennes ont eu une grande influence dans l'esprit de Mazzini pour ce qui est de son entreprise d'unité républicaine de l'Italie. Ainsi, je me dis que même dans la défaite, Napoléon a dû laisser quelques traces dans les institutions juridiques, principalement d'Allemagne (dont l'unité politique n'avait pas encore été atteinte) mais peut-être aussi en Espagne, en Italie et en Pologne.
Ne serait-ce qu'en considérant le facteur de la transformation économique de l'Europe à partir d'une économie agraire vers une économie industrielle. Le modèle de la centralisation étatique a dû prendre racine durant la domination franco-révolutionnaire dans certains pays. Ainsi, ce type d'administration de la justice (selon un état centralisé et un code de lois uniforme) a dû se trouver mieux adapté aux circonstances de l'économie marchande. Mais en considérant que l'industrialisation n'était peut-être pas aussi avancé à l'est de la France qu'en celle-ci en principalement qu'en Angleterre, peut-être que l'administration seigneuriale de la justice a repris le dessus après la défaite de Napoléon.
Toutefois, la bourgeoisie n'était peut-être pas autant une bourgeoisie industrielle (ce qui viendra plutôt durant le 19e siècle) qu'une bourgeoisie de ville. Dernièrement, je lisais L'ancien régime et la révolution de Tocqueville et il faisait mention que la perte des pouvoirs de l'aristocratie terrienne n'était pas tant liée à la perte de leur privilège qu'à leur participation de mieux en mieux grande dans les affaires publics. Dans ce contexte, la ville devenait le lieu où d'anciens serfs ayant acquis la propriété de leur terres venait échapper aux impôts seigneuriaux et gagnait une certaine indépendance dans les villes. D'ailleurs la ventes des terres aux serfs par les seigneurs était de plus en plus commune au 17e siècle dû à l'appauvrissement de l'aristocratie car les échanges commerciaux faisaient concurrence au mode de production alors dominant, l'agriculture - mais il n'y a certainement pas une cause unique, il y aussi le renforcement du pouvoir royal, centralisateur. Dans les villes, l'objectif de cette nouvelle bourgeoisie devenait l'acquisition d'un office, c'est-à-dire d'un titre bureaucratique doublée d'une fonction, le tout étant joliment rémunéré par l'état. De plus, les bourgeois des villes bénéficiaient très souvent d'exemptions d'impôts pour des raisons extrêmement diverses, notamment la possession d'un office pouvait avoir comme privilège une exemption d'impôts.
Ainsi, le système mis en place en qui continuait de favoriser d'un côté le pouvoir centralisé autour du roi et celui de la bourgeoisie naissante dans les villes au détriment de l'ancienne aristocratie, a fini par bénéficier uniquement la bourgeoisie lors de l'abolition du pouvoir royal durant la révolution française. En effet, la bourgeoisie des villes a pris le contrôle de l'immense appareil étatique de gestion centralisée (la masse de documents bureaucratique sur la gestion de l'économie (comment cultiver les terres, quoi cultiver, etc.) était immense, selon Tocqueville) mis en place par le pouvoir royal, et ce dû à sa (à la bourgeoisie) position privilégié d'élite cultivée des villes. Elle savait, du moins, comment faire fonctionner cet appareil, contrairement aux paysans des campagnes. D'ailleurs il serait intéressant d'étudier la fonction qu'occupait les Robespierres de cette époques avant la révolution. C'était, si je ne m'abuse, principalement des notables: avocats, notaires, publicistes (journalistes quoi!) et ajoutons à cela une bonne dose de petits criminels. Robespierre et Camille desMoulins avaient une formation d'avocat, je crois.
Maintenant, je me dis que Wikipédia est utile:
- "Camille (desMoulins) entre comme boursier au lycée Louis-le-Grand, où il fait de bonnes études : il est primé au concours général, la même année que son condisciple Maximilien de Robespierre. Il devient ensuite avocat à Paris."
- "Malgré son extrême dénuement, Maximilen de Robespierre fit de brillantes études au collège Louis-le-Grand (1769-1781), où il eut pour condisciples Camille Desmoulins et Louis-Marie Stanislas Fréron. D'après l'abbé Proyart, c'était un élève studieux, se consacrant uniquement au travail, solitaire et rêveur, peu expansif. Très bien vu par ses maîtres, en 1775, il fut choisi pour prononcer le compliment en vers du nouveau roi Louis XVI[7]. Il fut un temps clerc chez le procureur Nolleau fils, qui employait également le jeune Brissot[8]. Reçu bachelier en droit de la Faculté de Paris le 31 juillet 1780, il obtint son diplôme de licence le 15 mai 1781 et s'inscrivit sur le registre des avocats du Parlement de Paris deux semaines après."
- "En 1780, Danton arrive à Paris et comme le veut la tradition familiale (grand-père huissier de justice), Georges Jacques s'oriente vers des études de droit en se faisant engager dans un cabinet d'avocat. Il suit ensuite six mois d'études de droit à la faculté de Reims puis achète sa licence."
- "La famille Marat (celle du père du révolutionnaire Jean-Paul Marat) a mené une vie simple, sans sophistication, ce qui lui a attiré la sympathie d’hommes de bien, qui lui ont apporté parfois des soutiens désintéressés. Pour les petits Marat, les compétences et les connaissances de leurs parents sont une aubaine, ce que Jean-Paul se plaît à rappeler : « Par un bonheur peu commun, j’ai eu l’avantage de recevoir une éducation très soignée dans la maison paternelle. »
Jean-Paul Marat quitte Neuchâtel et sa famille en 1759, après ses études au collège. Des raisons de bon sens peuvent être invoquées pour expliquer cette décision : la nécessité d’aider cette grande famille, son désir de poursuivre des études, l’opportunité d’un travail, mais aucun document probant ne permet encore de le suivre avec précision. Les historiens l’imaginent à Bordeaux comme précepteur de la famille Nairac, à Paris ou à Montpellier, étudiant la médecine. Seul Alfred Bougeart énonce fort à propos qu’on perd sa trace entre ses 16 et 31 ans. Et Marat, qu’écrit-il ? « J’ai vécu deux années à Bordeaux, dix à Londres, une à Dublin et à Édimbourg, une à La Haye, à Utrecht et à Amsterdam, dix-neuf à Paris. » Ce qui est avéré par la publication de nombreux ouvrages dans ses différents domaines d’intérêt.
Depuis les années 1780, Jean-Paul Marat est médecin des Suisses du comte d’Artois, une charge financée par lui, et dont les revenus lui permettent dorénavant d’avoir un train de vie bourgeois et de se faire des relations importantes."
- Etcetera.
Tout ça pour dire que le mouvement de migration des campagnes vers les villes fut, selon moi, l'étape préliminaire à la naissance de la bourgeoisie comme classe dominante qui a vu le jour avec l'industrialisation du 19e siècle ainsi que la centralisation des pouvoirs législatifs, judiciaires et exécutifs autour de l'état, "le plus froid des monstres froids".
Dès lors, c'est dans ce contexte qu'ont été propagé les idéaux libéraux de vie, de liberté et de propriété comme le disait si bien, mais en anglais, le perfide Jean Serrure avec un "e".
Le socialisme, tout comme le libéralisme, sont des postures politiques qui viennent accentuer l'un ou l'autre des privilèges que la bourgeoisie a obtenue dans son indépendance du système féodal: le droits de gestion (juridique, administratif, législatif, et politique en général) et l'économie. S'étant libérée de l'emprise économique, juridique et politique de l'aristocratie terrienne, la bourgeoisie ne fait que défendre ses privilège, qu'ils soient bureaucratique ou économique (commerciaux), par des politiques socialistes ou libérales.
Dès lors, le débat politique entre libéralisme et socialisme est complètement ennuyeux dans la mesure où ils sont le sempiternelle reflet de la défense de privilèges qui s'appuient mutuellement. Le commerce fait la richesse de la nation par l'apport de richesses extérieures (essentiellement liée à l'exploitation des travailleurs et des ressources étrangers(ères), et l'état assure le bon fonctionnement de la nation à partir de laquelle le commerce se déploie. Les commerçants sans État sont structurellement démunis et les bureaucrates sans commerçants sont financièrement démunis.
L'érection des droits de vie, de liberté et de propriété ne sont que la contrepartie de l'abandon des anciennes structures de pouvoir où le roi avait le droit sur la vie de ses sujets, n'était libre que dans la mesure du pouvoir royal ou, encore parfois, seigneurial et n'avait de propriété que nouvellement acquise par l'achat de la terre et le commerce. Les valeurs libérales (bien souvent partagées par les socialistes-démocrates) ne sont que la défense des privilèges acquis par le transfert de pouvoir des campagnes aux villes. Le droit de la bourgeoisie à la vie, à la liberté et à la propriété. Dites-donc aux aristocrates qu'on pendait sur les lampadaires qu'ils avaient ces droits et nous verrons bien qui rira!
Sur un autre propos le débat socialiste-libéral, étant cantonné dans la gestion du partage des pouvoirs entre bourgeois, ne traite jamais des rapports politiques nées de l'organisation sociale bourgeoise, ce que, du moins, le marxisme avait l'avantage. Le rapport à la marchandise, le rapport perdu avec la terre (i.e. avec le fruit direct de son travail), le rapport à l'organisation de la ville comme lieu de vie, à la concentration de groupes humains dans des lieux plus restreints et mornes (la ville), sur l'uniformisation de l'éducation par la gestion étatique (par rapport à la gestion des écoles par des citoyens pour des citoyens comme dans la Grèce du temps des débats entre Socratistes (Académie, Lycée, etc.) et Sophistes); aux effets psychologiques de tout cela, etc.
Bref, je ne saisis aucunement le sens de cette phrase au sujet du caractère non-idéologique du libéralisme. Bien sûr, le libéralisme n'a aucune Idée au sens fort, mais il fait passer ses petites idées logiques un peu partout quand même.
En conclusion, l'opposition entre socialisme et libéralisme perd toute sa valeur effective lorsqu'elle est subsumée sous le concept de bourgeoisie (i.e. comme classe d'intérêt sociale et historique) qui inclut comme sa tension constitutive le socialisme et le libéralisme.
ÉDIT: Je viens de prendre 30 secondes de recul par rapport à mon texte et je me suis rendu compte que je ne te répondais pas vraiment Bergame, je suis plutôt partie sur mon propre élan. Désolé d'être aussi monologique...
Pierre Rivière- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 24/09/2007
Re: Réflexions sur le libéralisme
Mais ta contribution est très intéressante en soi, Pierre -tu permets que je t'appelle Pierre ? :gsdgr: - je n'avais que l'ambition, justement, de lancer une discussion. Je trouve que c'est un tel écheveau doctrinaire, ce libéralisme, et en même temps, il me semble tellement pregnant aujourd'hui, ça m'intéresse bien, personnellement, d'en discuter. Je compte continuer dès que j'aurai retrouvé l'inspiration et trouvé le fil qui déroule la bobine.
Bon, il va de soi que le libéralisme est une idéologie pour moi également, càd au moins dans le sens le plus neutre possible, un système de croyances et d'explications du monde (social, économique, politique). Je trouve d'ailleurs, nakor, que le site que tu proposes en lien est véritablement un petit bijou.
Si je comprends bien ta démonstration, Pierre -hein, je peux ?- qui me semble effectivement référer à Marx (ou me trompai-je ?), socialisme et libéralisme sont les deux idéologies de la bourgeoisie visant à légitimer la répartition inégales des positions, au sein de l'appareil politique dans le premier cas, au sein des rapports de production dans le second.
C'est une thèse intéressante, mais dans ce cas, comment expliques-tu le conflit idéologique fort entre socialisme et libéralisme ? Par exemple, comment expliques-tu que le libéralisme fasse du socialisme l'adversaire idéologique, comme le dit très bien nakor ? Je veux dire : Cette répartition relativement harmonieuse des rôles au sein de l'élite bourgeoise que tu sembles décrire ne se reflète en tout cas pas dans les discours. Tu envisages cela comme une poudre aux yeux, un simulacre démocratique, ou comme un écho de conflits d'intérêts plus ou moins particuliers dans les hautes sphères, ou... ?
Personnellement, je pense qu'il y a un "vrai" conflit, de plus en plus pregnant, entre les représentants d'un pouvoir dit "politique" et les représentants d'un pouvoir dit "économique". Il y sans doute quelque chose de vrai dans la thèse neo-marxiste qui assigne à l'Etat le rôle d'administrer la population de manière à la mettre au service de l'entreprise, mais ce qu'elle a de vrai, elle le doit au fait d'être le versant critique de la même thèse libérale, qui prétend limiter l'Etat à ses fonctions régaliennes. Or, ces discours, parce qu'ils sont effectivement des idéologies, s'originent bien de pouvoirs qui cherchent à se limiter les uns les autres. Non ?
Bon, il va de soi que le libéralisme est une idéologie pour moi également, càd au moins dans le sens le plus neutre possible, un système de croyances et d'explications du monde (social, économique, politique). Je trouve d'ailleurs, nakor, que le site que tu proposes en lien est véritablement un petit bijou.
Si je comprends bien ta démonstration, Pierre -hein, je peux ?- qui me semble effectivement référer à Marx (ou me trompai-je ?), socialisme et libéralisme sont les deux idéologies de la bourgeoisie visant à légitimer la répartition inégales des positions, au sein de l'appareil politique dans le premier cas, au sein des rapports de production dans le second.
C'est une thèse intéressante, mais dans ce cas, comment expliques-tu le conflit idéologique fort entre socialisme et libéralisme ? Par exemple, comment expliques-tu que le libéralisme fasse du socialisme l'adversaire idéologique, comme le dit très bien nakor ? Je veux dire : Cette répartition relativement harmonieuse des rôles au sein de l'élite bourgeoise que tu sembles décrire ne se reflète en tout cas pas dans les discours. Tu envisages cela comme une poudre aux yeux, un simulacre démocratique, ou comme un écho de conflits d'intérêts plus ou moins particuliers dans les hautes sphères, ou... ?
Personnellement, je pense qu'il y a un "vrai" conflit, de plus en plus pregnant, entre les représentants d'un pouvoir dit "politique" et les représentants d'un pouvoir dit "économique". Il y sans doute quelque chose de vrai dans la thèse neo-marxiste qui assigne à l'Etat le rôle d'administrer la population de manière à la mettre au service de l'entreprise, mais ce qu'elle a de vrai, elle le doit au fait d'être le versant critique de la même thèse libérale, qui prétend limiter l'Etat à ses fonctions régaliennes. Or, ces discours, parce qu'ils sont effectivement des idéologies, s'originent bien de pouvoirs qui cherchent à se limiter les uns les autres. Non ?
Bergame- Persona
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Date d'inscription : 03/09/2007
Re: Réflexions sur le libéralisme
Ah ! voila peut-être un bout de fil.
Ce sur quoi j'essaie de mettre des mots, entre autres choses, c'est sur la représentation de l'Entreprise. Quelque chose m'étonne extrordinairement, c'est l'inpensé de l'Entreprise. Ce qu'on ne dit pas suffisamment à mon goût, lorsqu'on oppose globalement le marxisme (ou cette espèce de sauce socialo-marxiste qu'on assimile à la pensée "de gauche") au libéralisme, c'est que Marx et les "libéraux" se nourrissent aux mêmes sources : Ricardo, Adam Smith, éventuellement un poil de Stuart Mill, bref, l'économie politique.
Or, l'économie politique, développée à partir du modèle du marché, véhicule une représentation de l'entreprise tout à fait singulière, lorsqu'on y pense : Elle l'assimile à un individu. Lorsqu'on dit par exemple que le libéralisme prône un principe d'auto-organisation sur le modèle du marché qui met en présence des producteurs et des consommateurs, et dans lequel la formation des prix, par exemple, dépend du rapport entre l'offre et la demande, on fait implicitement comme si le producteur et le consommateur étaient des éléments de même nature, des acteurs économiques.
Au XVIIIe s., ça ne posait pas énormément de problème. Adam Smith se réfère souvent, dans ses démonstrations, au marchand ou au commerçant. Les théoriciens du XIXe lui emboitent le pas. Marx introduit la notion de classe, bourgeoisie et prolétariat, mais dans ses raisonnements économiques, il parle de patrons, de capitalistes, et de travailleurs. Lorsque les socialistes démontreront que la théorie pareto-walrassienne de l'équilibre général conduit logiquement à la planification, Schumpeter inventera le personnage qui sauve la doctrine capitalistique : l'entrepreneur, ce créateur. Et puis vinrent les marginalistes autrichiens, Hayek leur successeur, et la formalisation de l'individualisme méthodologique. Est-ce que je m'avance dangereusement lorsque je dis que toute cette tradition à laquelle on réduit (faussement ! mais n'anticipons pas) le libéralisme véhicule une représentation de l'entreprise comme individu ? Entendez-la sussurer, entre deux raisonnements sur la décroissance de l'utilité marginale ou sur la formation du choix : "L'entreprise est un homme comme les autres."
Or, dans le même temps, quelle représentation de l'Etat nous propose-t-elle ? Un monstre. Une hydre bureaucratique. L'Etat asservit, bonnes gens, il est le centre du pouvoir et le pouvoir est coercition ; il est législateur, et la loi est prescription ; il a le monopole de la force, et la force ne demande qu'à servir ! Il prétend redistribuer les richesses, pensez-vous : il bride l'esprit d'initiative des uns et maintient les autres sous sa dépendance !
Défendre les libertés individuelles contre l'ingérence de l'Etat, contre les incursions du pouvoir, je ne pense pas m'aventurer trop non plus en proposant que c'est là l'une des dimensions essentielles de cette doctrine "libérale". Mais lorsque les théoriciens modernes adeptes de cette doctrine parlent de la nécessité de cantonner l'Etat dans ses fonctions régaliennes et de limiter sa sphère d'influence, pourquoi précisent-ils si rarement au profit de quoi ils font cette proposition ? Cela ne va pas tant de soi que cela. Car les classiques discutaient, eux, du concept de civil society.
Pour les théoriciens anglo-saxons du XVIIIe et du XIXe s., le concept de société civile s'apparentait concrètement à la société bourgeoise, càd la communauté des individus bénéficiant à la fois du statut de citoyen et d'une position sociale appuyée sur l'autonomie financière -ainsi qu'élévés dans la foi anglicane, accessoirement. La civil society, c'est donc un espace public (j'ose le rapprochement, à ce degré de généralité) mettant aux prises des élements atomistiques de la société, considérés comme égaux entre eux, à la fois acteurs économiques et acteurs politiques, caractérisés par leur capacité rationnelle de choix, et dont la coordination est assurée par un phénomène d'auto-organisation... providentiel.
Le problème me semble donc assez évident. Si ce modèle théorique pouvait avoir du sens au XIXe s. et référer à quelque chose du réel, comment cela pourrait-il être encore le cas aujourd'hui ? Aujourd'hui où la sphère qui coexiste avec le domaine étatique peut difficilement être assimilable à la société civile des libéraux classiques. Comment peut-on encore travailler au développement d'une théorie qui s'appuie sur le postulat qu'une entreprise multinationale d'un million de salariés répartis sur 5 continents et pesant des dizaines de milliards de $ est considérée comme équivalente à un individu comme vous et moi ? Comment peut-on encore accorder du crédit à une doctrine qui repose sur une dichotomie tel que Etat=mal / Entreprise=bien, à l'heure où les premières multinationales engrangent des chiffres d'affaires comparables au budget d'un état comme la Grèce ? Et le plus fort : Personne ne sait qui les dirige. C'est tout de même extraordinaire : Voila une doctrine qui met l'accent sur la responsabilité individuelle, sur la personnalisation des relations sociales (le modèle contractualiste), sur le choix rationnel et la décision, mais qui peut me dire aujourd'hui qui décide de la stratégie d'un géant comme Coca-Cola ? Quel individu pensant et raisonnable se cache sous le costume de Ronald MacDonalds ? La vérité, c'est que ces entreprises sont des monstres bureaucratiques qui n'ont plus grand-chose à envier, de ce point de vue, aux administrations centrales, qu'elles cumulent l'inconvénient en termes organisationnels d'être multinationales et multiculturelles, et qu'elles sont soumises à des pressions de la part de leurs actionnaires et des marchés sans commune mesure avec ce que les gouvernements subissent de la part de leurs opinions publiques : On déplore l'incapacité de nos gouvernants, l'étroitesse de leur marge de manoeuvre, voyez celle des managers !
Faut-il ajouter que les dits-managers, de même que leurs actionnaires, ne sont bien évidemment pas élus, ni par leurs salariés ni par leurs clients ? Sans doute que non. Qui donc aurait l'idée saugrenue de faire de l'Entreprise un modèle de démocratie ?
Est-ce que maintenant j'enfonce une porte ouverte ? J'ai le sentiment que nous sommes partie prenante, en Occident, d'une idéologie féroce qui se fonde sur une longue tradition de méfiance vis-à-vis de l'Etat, mais de relative confiance vis-à-vis de l'Entreprise. Pour moi, c'est une erreur, une grave erreur. Disons-le d'un mot : Si les libertés individuelles, aujourd'hui, sont menacées, la menace me semble venir au moins autant de l'Entreprise que de l'Etat.
Ce sur quoi j'essaie de mettre des mots, entre autres choses, c'est sur la représentation de l'Entreprise. Quelque chose m'étonne extrordinairement, c'est l'inpensé de l'Entreprise. Ce qu'on ne dit pas suffisamment à mon goût, lorsqu'on oppose globalement le marxisme (ou cette espèce de sauce socialo-marxiste qu'on assimile à la pensée "de gauche") au libéralisme, c'est que Marx et les "libéraux" se nourrissent aux mêmes sources : Ricardo, Adam Smith, éventuellement un poil de Stuart Mill, bref, l'économie politique.
Or, l'économie politique, développée à partir du modèle du marché, véhicule une représentation de l'entreprise tout à fait singulière, lorsqu'on y pense : Elle l'assimile à un individu. Lorsqu'on dit par exemple que le libéralisme prône un principe d'auto-organisation sur le modèle du marché qui met en présence des producteurs et des consommateurs, et dans lequel la formation des prix, par exemple, dépend du rapport entre l'offre et la demande, on fait implicitement comme si le producteur et le consommateur étaient des éléments de même nature, des acteurs économiques.
Au XVIIIe s., ça ne posait pas énormément de problème. Adam Smith se réfère souvent, dans ses démonstrations, au marchand ou au commerçant. Les théoriciens du XIXe lui emboitent le pas. Marx introduit la notion de classe, bourgeoisie et prolétariat, mais dans ses raisonnements économiques, il parle de patrons, de capitalistes, et de travailleurs. Lorsque les socialistes démontreront que la théorie pareto-walrassienne de l'équilibre général conduit logiquement à la planification, Schumpeter inventera le personnage qui sauve la doctrine capitalistique : l'entrepreneur, ce créateur. Et puis vinrent les marginalistes autrichiens, Hayek leur successeur, et la formalisation de l'individualisme méthodologique. Est-ce que je m'avance dangereusement lorsque je dis que toute cette tradition à laquelle on réduit (faussement ! mais n'anticipons pas) le libéralisme véhicule une représentation de l'entreprise comme individu ? Entendez-la sussurer, entre deux raisonnements sur la décroissance de l'utilité marginale ou sur la formation du choix : "L'entreprise est un homme comme les autres."
Or, dans le même temps, quelle représentation de l'Etat nous propose-t-elle ? Un monstre. Une hydre bureaucratique. L'Etat asservit, bonnes gens, il est le centre du pouvoir et le pouvoir est coercition ; il est législateur, et la loi est prescription ; il a le monopole de la force, et la force ne demande qu'à servir ! Il prétend redistribuer les richesses, pensez-vous : il bride l'esprit d'initiative des uns et maintient les autres sous sa dépendance !
Défendre les libertés individuelles contre l'ingérence de l'Etat, contre les incursions du pouvoir, je ne pense pas m'aventurer trop non plus en proposant que c'est là l'une des dimensions essentielles de cette doctrine "libérale". Mais lorsque les théoriciens modernes adeptes de cette doctrine parlent de la nécessité de cantonner l'Etat dans ses fonctions régaliennes et de limiter sa sphère d'influence, pourquoi précisent-ils si rarement au profit de quoi ils font cette proposition ? Cela ne va pas tant de soi que cela. Car les classiques discutaient, eux, du concept de civil society.
Pour les théoriciens anglo-saxons du XVIIIe et du XIXe s., le concept de société civile s'apparentait concrètement à la société bourgeoise, càd la communauté des individus bénéficiant à la fois du statut de citoyen et d'une position sociale appuyée sur l'autonomie financière -ainsi qu'élévés dans la foi anglicane, accessoirement. La civil society, c'est donc un espace public (j'ose le rapprochement, à ce degré de généralité) mettant aux prises des élements atomistiques de la société, considérés comme égaux entre eux, à la fois acteurs économiques et acteurs politiques, caractérisés par leur capacité rationnelle de choix, et dont la coordination est assurée par un phénomène d'auto-organisation... providentiel.
Le problème me semble donc assez évident. Si ce modèle théorique pouvait avoir du sens au XIXe s. et référer à quelque chose du réel, comment cela pourrait-il être encore le cas aujourd'hui ? Aujourd'hui où la sphère qui coexiste avec le domaine étatique peut difficilement être assimilable à la société civile des libéraux classiques. Comment peut-on encore travailler au développement d'une théorie qui s'appuie sur le postulat qu'une entreprise multinationale d'un million de salariés répartis sur 5 continents et pesant des dizaines de milliards de $ est considérée comme équivalente à un individu comme vous et moi ? Comment peut-on encore accorder du crédit à une doctrine qui repose sur une dichotomie tel que Etat=mal / Entreprise=bien, à l'heure où les premières multinationales engrangent des chiffres d'affaires comparables au budget d'un état comme la Grèce ? Et le plus fort : Personne ne sait qui les dirige. C'est tout de même extraordinaire : Voila une doctrine qui met l'accent sur la responsabilité individuelle, sur la personnalisation des relations sociales (le modèle contractualiste), sur le choix rationnel et la décision, mais qui peut me dire aujourd'hui qui décide de la stratégie d'un géant comme Coca-Cola ? Quel individu pensant et raisonnable se cache sous le costume de Ronald MacDonalds ? La vérité, c'est que ces entreprises sont des monstres bureaucratiques qui n'ont plus grand-chose à envier, de ce point de vue, aux administrations centrales, qu'elles cumulent l'inconvénient en termes organisationnels d'être multinationales et multiculturelles, et qu'elles sont soumises à des pressions de la part de leurs actionnaires et des marchés sans commune mesure avec ce que les gouvernements subissent de la part de leurs opinions publiques : On déplore l'incapacité de nos gouvernants, l'étroitesse de leur marge de manoeuvre, voyez celle des managers !
Faut-il ajouter que les dits-managers, de même que leurs actionnaires, ne sont bien évidemment pas élus, ni par leurs salariés ni par leurs clients ? Sans doute que non. Qui donc aurait l'idée saugrenue de faire de l'Entreprise un modèle de démocratie ?
Est-ce que maintenant j'enfonce une porte ouverte ? J'ai le sentiment que nous sommes partie prenante, en Occident, d'une idéologie féroce qui se fonde sur une longue tradition de méfiance vis-à-vis de l'Etat, mais de relative confiance vis-à-vis de l'Entreprise. Pour moi, c'est une erreur, une grave erreur. Disons-le d'un mot : Si les libertés individuelles, aujourd'hui, sont menacées, la menace me semble venir au moins autant de l'Entreprise que de l'Etat.
Bergame- Persona
- Nombre de messages : 5358
Date d'inscription : 03/09/2007
Re: Réflexions sur le libéralisme
Tout d'abord, j'aimerais spécifier que je ne me réfère pas explicitement à Marx. Je n'ai jamais lu un de ses livres, et je suis trop jeune pour être un marxiste nostalgique. Toutefois, je me permet d'utiliser ses concepts, pour ce que j'en connais, dans un sens qui m'est très libre.
Je me base essentiellement sur l'histoire universelle, dans ce cas-ci principalement à partir du 17e siècle jusqu'à nos jours puisque c'est la période qui a définit notre monde actuel. Les concepts ne servent qu'à s'orienter et coordonner pour rendre logiquement cohérente une masse informe de données historiques partielles. Therefore (j'adore ce terme :content: ), tout ce que j'ai dit est en évolution, cela est donc révisable, modifiable et complexifiable.
Mis à part ces précisions, je crois que tu m'as bien compris dans les grandes lignes et je répondrai à tes critiques et interrogations, tout en rectifiant peut-être certaines mécompréhensions.
Le socialisme et le libéralisme ne sont pas simplement des idéologies servant à légitimer la répartition inégale des positions. Ils sont le reflet de véritables conflits d'intérêts découlant de la structure sociale. Faire augmenter la bureaucratie, c'est dévier des ressources vers l'administration publique et les services publiques. Ressources qui ne sont pas investies dans d'autres secteurs, notamment comme réduction d'impôts ou crédits aux entreprises. Inversement, réduire les impôts c'est réduire les ressources de l'appareil d'état. Ce qui est très simple, mais démontre qu'il ne s'agit d'une simple façade et d'un véritable changement d'orientation sociale. Les ressources étant en nombre fixe, socialisme et libéralisme sont les repères idéologiques par lesquels on distribue le capital social.
Une deuxième dimension de la chose est qu'indépendement de la structure sociale, des êtres humains et leur ambition l'habite. Dès lors, les conflits d'intérêts politiques sont aussi des conflits pour l'ambition des hommes qui désirent occuper des postes privilégiés dans l'appareil social. Ce qui est une deuxième motivation de discorde entre les diverses factions politiques (socialistes ou libérales).
Ce dernier point mène aux orientations possibles du conflit entre État et intérêts corporatifs. Dans la mesure où l'argent et l'influence sociale (médiatique principalement) accorde une chance d'accéder aux postes de prestige social, le monde corporatif trouvera toujours un cheval sur qui miser lorsque des élections décideront des candidats mandatés par la population pour la diriger. Selon cette option, cela fait réellement de l'appareil étatique un appareil de gestion des populations selon les avantages corporatifs.
Par contre, l'autre option est l'indépendance nationale (ou principe de souveraineté) qui trouve en ses représentants la volonté d'avoir des dirigeants responsables envers la population et non envers l'élite financière qui se paie des dirigeants.
Ainsi, puisque cette double option est toujours ouverte lorsque vient le temps d'élire un représentant (ouverte selon une mesure parfois bien restreinte), l'intérêt financier commande de retirer les pouvoirs essentiels des ces institutions pour les remettre entre les mains du bureaucratie internationale liée par des accords financiers internationaux. En Amérique du nord, nous avons l'ALÉNA, Accords de Libre-Échange Nord-Américains, qui a réussi au nom de la liberté de commerce à renverser des décisions prise par le gouvernement en vu d'interdire des produits jugés nocifs pour la population (cas réel). En Europe, vous avez l'Union Européenne, une forme plus bureaucratique et moins législative de retirer le pouvoir des gouvernements responsables devant leur citoyen et de le remettre à une bureaucratie déliée de ce devoir. À ce sujet, voir http://www.bonde.com/ principalement au sujet du Traité de Lisbonne.
À ce niveau, libéralisme et socialisme tendent à perdre toute signification car elles sont le résidu d'orientations sociales qui n'ont plus aucun pouvoirs effectifs pour se mouvoir d'elles-mêmes; ceci dit dans l'hypothèse d'une accentuation des pouvoirs supra-nationaux, car pour l'instant rien n'est achevé. C'est pour cette raison que le concept de bourgeoisie, qu'on pourrait nommer Oligarchie financière pour être plus exact et ne pas mélanger la bourgeoisie propriétaire du commerce international et la petite-bourgeoisie aux intérêts nationaux et locaux, subsume les conflits entre socialisme et libéralisme. L'État perdant son autonomie au profit de structures supra-nationale, que les socialistes ou les libéraux soient au pouvoir ne change rien car leur marge de manoeuvre est grandement restreinte. Prenez un exemple ici, au Canada, que ce soit le parti libéral ou le parti conservateur qui soit au pouvoir cela reflète ce que je viens de dire. Les libéraux étaient, en apparence, moins militariste et plus en défense de la spécificité canadienne par rapport aux États-Unis et les conservateurs plus militariste et plus près des États-Unis. Durant les trois derniers mandats, ils se sont partagé le pouvoir (un gouvernement majoritaire libéral et deux minoritaires conservateurs -ces derniers sont au pouvoir en ce moment). Malgré tout, cela n'a rien changé à la progression des accords trilatéraux (U.S.A - Canada - Mexique) et bilatéraux (U.S.A. - Canada). Ceux-ci ont continué à être une lente assimilation du Canada à l'appareil hiérarchique militaire américain et des accords favorisant le libre-échange, ce qui est essentiellement un renoncement au droit des nations de se défendre contre l'invasion économique d'intérêts étrangers. Lire ceci http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=6736 au sujet de la perte de souveraineté militaire du Canada.
Dès lors, l'opposition politique réelle n'est pas entre socialisme et libéralisme, mais entre l'oligarchie financière ainsi que ceux qui travaillent à sa mise en place comme dictature internationale et ceux qui défendent le principe de souveraineté, c'est-à-dire l'auto-gestion des peuples.
Ceci n'est qu'une réponse à ton premier message Bergame, j'analyserai le second et y répondrai en temps et lieu.
P.S.: Ah oui! Aussi, tu peux m'appeler Joseph. :gsdgr:
Je me base essentiellement sur l'histoire universelle, dans ce cas-ci principalement à partir du 17e siècle jusqu'à nos jours puisque c'est la période qui a définit notre monde actuel. Les concepts ne servent qu'à s'orienter et coordonner pour rendre logiquement cohérente une masse informe de données historiques partielles. Therefore (j'adore ce terme :content: ), tout ce que j'ai dit est en évolution, cela est donc révisable, modifiable et complexifiable.
Mis à part ces précisions, je crois que tu m'as bien compris dans les grandes lignes et je répondrai à tes critiques et interrogations, tout en rectifiant peut-être certaines mécompréhensions.
Le socialisme et le libéralisme ne sont pas simplement des idéologies servant à légitimer la répartition inégale des positions. Ils sont le reflet de véritables conflits d'intérêts découlant de la structure sociale. Faire augmenter la bureaucratie, c'est dévier des ressources vers l'administration publique et les services publiques. Ressources qui ne sont pas investies dans d'autres secteurs, notamment comme réduction d'impôts ou crédits aux entreprises. Inversement, réduire les impôts c'est réduire les ressources de l'appareil d'état. Ce qui est très simple, mais démontre qu'il ne s'agit d'une simple façade et d'un véritable changement d'orientation sociale. Les ressources étant en nombre fixe, socialisme et libéralisme sont les repères idéologiques par lesquels on distribue le capital social.
Une deuxième dimension de la chose est qu'indépendement de la structure sociale, des êtres humains et leur ambition l'habite. Dès lors, les conflits d'intérêts politiques sont aussi des conflits pour l'ambition des hommes qui désirent occuper des postes privilégiés dans l'appareil social. Ce qui est une deuxième motivation de discorde entre les diverses factions politiques (socialistes ou libérales).
Ce dernier point mène aux orientations possibles du conflit entre État et intérêts corporatifs. Dans la mesure où l'argent et l'influence sociale (médiatique principalement) accorde une chance d'accéder aux postes de prestige social, le monde corporatif trouvera toujours un cheval sur qui miser lorsque des élections décideront des candidats mandatés par la population pour la diriger. Selon cette option, cela fait réellement de l'appareil étatique un appareil de gestion des populations selon les avantages corporatifs.
Par contre, l'autre option est l'indépendance nationale (ou principe de souveraineté) qui trouve en ses représentants la volonté d'avoir des dirigeants responsables envers la population et non envers l'élite financière qui se paie des dirigeants.
Ainsi, puisque cette double option est toujours ouverte lorsque vient le temps d'élire un représentant (ouverte selon une mesure parfois bien restreinte), l'intérêt financier commande de retirer les pouvoirs essentiels des ces institutions pour les remettre entre les mains du bureaucratie internationale liée par des accords financiers internationaux. En Amérique du nord, nous avons l'ALÉNA, Accords de Libre-Échange Nord-Américains, qui a réussi au nom de la liberté de commerce à renverser des décisions prise par le gouvernement en vu d'interdire des produits jugés nocifs pour la population (cas réel). En Europe, vous avez l'Union Européenne, une forme plus bureaucratique et moins législative de retirer le pouvoir des gouvernements responsables devant leur citoyen et de le remettre à une bureaucratie déliée de ce devoir. À ce sujet, voir http://www.bonde.com/ principalement au sujet du Traité de Lisbonne.
À ce niveau, libéralisme et socialisme tendent à perdre toute signification car elles sont le résidu d'orientations sociales qui n'ont plus aucun pouvoirs effectifs pour se mouvoir d'elles-mêmes; ceci dit dans l'hypothèse d'une accentuation des pouvoirs supra-nationaux, car pour l'instant rien n'est achevé. C'est pour cette raison que le concept de bourgeoisie, qu'on pourrait nommer Oligarchie financière pour être plus exact et ne pas mélanger la bourgeoisie propriétaire du commerce international et la petite-bourgeoisie aux intérêts nationaux et locaux, subsume les conflits entre socialisme et libéralisme. L'État perdant son autonomie au profit de structures supra-nationale, que les socialistes ou les libéraux soient au pouvoir ne change rien car leur marge de manoeuvre est grandement restreinte. Prenez un exemple ici, au Canada, que ce soit le parti libéral ou le parti conservateur qui soit au pouvoir cela reflète ce que je viens de dire. Les libéraux étaient, en apparence, moins militariste et plus en défense de la spécificité canadienne par rapport aux États-Unis et les conservateurs plus militariste et plus près des États-Unis. Durant les trois derniers mandats, ils se sont partagé le pouvoir (un gouvernement majoritaire libéral et deux minoritaires conservateurs -ces derniers sont au pouvoir en ce moment). Malgré tout, cela n'a rien changé à la progression des accords trilatéraux (U.S.A - Canada - Mexique) et bilatéraux (U.S.A. - Canada). Ceux-ci ont continué à être une lente assimilation du Canada à l'appareil hiérarchique militaire américain et des accords favorisant le libre-échange, ce qui est essentiellement un renoncement au droit des nations de se défendre contre l'invasion économique d'intérêts étrangers. Lire ceci http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=6736 au sujet de la perte de souveraineté militaire du Canada.
Dès lors, l'opposition politique réelle n'est pas entre socialisme et libéralisme, mais entre l'oligarchie financière ainsi que ceux qui travaillent à sa mise en place comme dictature internationale et ceux qui défendent le principe de souveraineté, c'est-à-dire l'auto-gestion des peuples.
Ceci n'est qu'une réponse à ton premier message Bergame, j'analyserai le second et y répondrai en temps et lieu.
P.S.: Ah oui! Aussi, tu peux m'appeler Joseph. :gsdgr:
Pierre Rivière- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 24/09/2007
Re: Réflexions sur le libéralisme
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L'effet dévore la cause, la fin en a absorbé le moyen.
Paul Valéry, Poésie et pensées abstraites
(cité par Herbert Marcuse, in L'homme unidimensionnel)
hks : On le sait bien, une fois que un tel est parti (faché) on se retrouve seuls comme des imbéciles.
Que le libéralisme se prend pour la justice-même
Que le libéralisme se prend pour la justice-même
Sur ce forum, nous avons quelques sujets autour du libéralisme, sans parler de diverses saillies çà et là :
* Mondialisation et Institutions supra-nationales ;
* Libéralisme et Démocratie (sujet de thèse de Bergame, distinctif) ;
* Du "libéralisme" économique. Versus démocratie ? ;
* Libéralisme économique ;
* Compatibilité souverainisme-libéralisme.
Il y a la libéralité, qui n'est pas encore le libéralisme, puisqu'elle est prodigalité, dispense, mais aussi vigueur, franchise, et vaillance. Ce n'est pas surprenant, que le latin liber donne aussi bien la liberté que le livre, puisque le livre délivre librement et sans réserve son contenu. Ces noblesses d'âme-là n'ont pas à rougir de leur honneur, et il est pervers qu'ensuite les philosophies prétendant se fonder sur le principe de la libéralité, aient autant déjanté. Mais c'est qu'elles songèrent aussitôt à monadiser la chose, entre la monade-individu et la monade-État, comme si les référents de ces mots pouvaient être juxtaposés (par réalisme linguistique) alors qu'ils désignent des réalités intriquées au moins dialectiquement, produisant au moins un troisième terme les dépassant, et qui se nomme le politique.
En outre, l’État est toujours-déjà pris - dans les libéralismes - comme entité institutionnelle administrative territorialisée, pour ainsi dire éternellement bureaucratique, d'autant plus qu'on veut y concentrer le monopole régalien et de la violence. Mais cet État apparut et se répandit lors de ce que Marcel Gauchet nomme le tournant axiologique, quelque part pendant l'Antiquité mésopotamienne. Il y avait et il y a différentes répartitions du pouvoir, à travers les sociétés historiques, mais il a fallu que le libéral(iste) renonce profondément à toute libéralité réelle (adj. libéral) puisqu'il présuma devoir s'aliéner la force à l’État, comme garant de la sécurité de sa propriété - à commencer par son propre corps.
Pourquoi ? à partir de quelle motion préfère-t-on en arriver là de perdre les moyens d'être libéral au sens originel du terme ? ... A partir de la gentillesse, puis progressivement la gentilhomie, qui en est le raffinement. Mais de base, aussi bien, l'on peut estimer que c'est de lâcheté et de couardise. En effet, s'aliéner la force à l’État est particulièrement hobbesien.
Thomas Hobbes théorisa un absolutisme libéraliste, certainement pas démocratique, mais d'abord certainement pas libéral au sens originel du terme, encore qu'au principe de cet État libéralsite il y ait comme une largesse du souverain à l'égard de chacun, puisqu'il autolimite l'usage de sa propre force à l'égard de ses sujets. Cela rassure, et c'était précisément ce dont avait besoin la lâcheté des gentils, sans qu'il soit permis de dire qui de la lâcheté ou de la gentillesse cause l'autre.
Quoiqu'il en soit, c'est bien la peur, la peur, que Thomas Hobbes met à l'origine, puisqu'à l'origine putative, c'est l'état de guerre de tous contre tous, et qu'il faut éprouver un effroi dément pour s'imaginer l'alternative fallacieuse : "État ou Chaos" ! ... C'est monstrueux de manques de nuances, de sottises et d'indigences intellectuelles, c'est-à-dire de manichéisme, encore que Hobbes ne soit pas si niais par le détail, mais qu'il aboutît pourtant dans le fait à cette dichotomie dérisoire.
Ainsi, une fois implémenté dans les esprits (par la lâche gentillesse, la gentille lâcheté, l'aliénation de l'usage de sa force au souverain), advient toujours-déjà [/url]la médiocratie, c'est-à-dire autant le règne de la médiocrité que de la médiumnité - à condition d'entendre cette médiumnité comme le principe du moyen. La porte est ouverte à l'utilitarisme, qui ne juge plus tout que sous l'angle de son employabilité, c'est-à-dire par calcul rationnel - serait-ce en vue du Bien commun. Car alors ce Bien est réduit à l'Utile, c'est-à-dire l'ustensile, qui conduit directement au matérialisme de droit commun, et au capitalisme soudain vécu et interprété "comme une évidence" (par exemple, par des Ayn Rand, etc.).
Comme les gentils|lâches craignent fondamentalement toute souveraineté réelle (G. Bataille) en dehors de celle qui leur servira de domestique - l’État défini comme gestionnaire et garant de la sécurité-propriété, pseudo-liberté ou liberté médiocre - ils ne voient plus que le sort pour les départager, sorte de grande loterie cosmique !
Cela est de sincère abnégation devant le Néant, à dénier toute légitimité qu'il y a à intervenir sur la donne, au nom d'un empirement interventionniste putatif, en vertu d'un préjugé systématiquement négatif à l'égard de la nature d'autrui qui utiliserait l’État - comme si l'Entreprise valait mieux ! car le seul utilisateur légitime pour un libéraliste, c'est soi-même ! alors qu'une véritable libéralité ne craint rien sans nécessairement sombrer dans la témérité - néanmoins, une véritable libéralité est courageuse. Nous l'avons perdu depuis longtemps à ce stade, le courage, quand même des Emmanuel Macron en appelleraient aujourd'hui "à un extrême courage devant l'extrême-droite", par exemple (sic).
En vérité, le courage est toujours extrémiste, au point de vue libéraliste, sans quoi jamais ce dernier n'aurait désiré aliéner sa force à l’État, et sans quoi il n'aurait jamais développé à ce point l'assurance en capitalisme, c'est-à-dire tout fait pour que son dernier "maître" inéluctable (le sort, le hasard) lui fasse le moins peur possible, encore qu'il y abandonne l'humanité entière avec fanatisme.
Oui, le libéraliste est un psychotique fou dangereux, puisqu'il prive tout le monde des moyens réels de se défendre en l'abandonnant ainsi au Néant. Mais, comme cela partait de bonnes intentions, le libéraliste se sent d'humeur à identifier son existence avec la justice-même.
Son projet "est" la justice comme telle, et à ce stade il n'a plus aucun scrupule à la nommer libéralité, liberté, égalité, fraternité, sûreté, responsabilité, etc. puisqu'il est totalement allumé. Or il l'est d'autant plus, qu'il fait comme si chaque individu n'intervenait nulle part en dehors de sa bulle spéculative, ne se constituait pas comme force intégratrice ("tribu") ni planificatrice ("socialiste") - cf. Oswald Spengler et Joseph Schumpeter. De telle sorte qu'au final, le libéraliste vive non pas spécifiquement dans la tyrannie de la majorité, comme disait Tocqueville ... mais dans la tyrannie du soi qui, comme soi, ne peut pourtant pas être seul. Aussi les soi sont-ils inexorablement menés à s'affronter et se concurrencer dans un jeu fallacieux, mais aussi bien s'imaginent-ils que cette fallace (fake) reste ... la justice-même. Sans moufter.
In God we trust, c'est-à-dire en rien - absolument rien - et, au fond, même pas en soi-même, quand on voit toutes les techniques de développement personnel managériales qui cartonnent (coaching, etc.). Si seulement nous devenions plus libéraux au sens originel, nous redécouvririons tout notre potentiel, un peu comme les Gilets Jaunes ne déclarèrent régulièrement rien en préfecture en restant solidaires. Mais ce n'était qu'une fragrance d'antique libéralité, un peu comme chez les Celtes, dont les Gaulois étaient.
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Les absents ont toujours tort.
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