Mondialisation et Institutions supra-nationales
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Mondialisation et Institutions supra-nationales
Sujet issu de Réflexions sur le libéralisme
Voici le post de Pierre Rivière qui précède :
Arf, comme tu as raison -Joseph.
J'aimerais bien demander aux admins de scinder le sujet, alors, et de créer un sujet "Mondialisation et Institutions supra-nationales" afin de te laisser répondre au sujet "libéralisme". Moi je ne peux plus le faire...
Mais il est vrai que ces institutions font émerger des problèmes tout à fait nouveaux et intéressants.
J'ai assisté il y a 3-4 ans à la petite conférence d'une chercheuse italienne, qui travaillait avec son équipe sur la stratégie de légitimation de l'Union Européenne.
Il faut savoir que l'UE dépense en effet un budget assez considérable en études réalisées dans l'ensemble des pays membres sur l'évolution de sa représentation et de son image auprès des populations. La question de la légitimité est en effet pour elle un problème majeur. L'UE, sur le plan politique, est une expérience absolument unique dans l'histoire, qui ne peut éventuellement avoir d'antécédents que du côté de la constitution de la polis telle qu'Aristote la rapporte, càd la réunion de plusieurs entités politiques pour constituer un ensemble de degré supérieur, sur la base du volontariat. Sauf que les entités en question étaient des tribus, dirigées par un patriarche, ce qui n'est pas le cas des Etats-nations rassemblées au sein de l'UE : Le principe de légitimité en jeu est totalement différent.
Bref. L'UE connait un véritable problème de légitimité, dont elle est parfaitement consciente -et sans doute que les développements ces dernières années ne font que rendre le problème plus crucial. Alors cette équipe de chercheurs italiens s'était donc intéressée à la stratégie que certaines équipes dédiées de la bureaucratie bruxelloise avait élaborée afin de se légitimer auprès des populations européennes. Et en quoi a consistée cette stratégie ? Et bien à commencer par faire l'étude des principes de légitimité revendiqués par les Etats occidentaux. Qu'est-ce qui rend un Etat légitime auprès de ses populations, en Europe ? L'enquête montre qu'ils ont retenus 3 critères :
- La séparation des pouvoirs
- Le principe de représentation
- Le rule of law, l'état de droit
C'est manifestement ce travail d'identification qui a inspiré l'élaboration du projet de constitution ainsi que le "positionnement" de l'UE.
L'étude mettait aussi en lumière ce qu'on pourrait appeler le plan de communication. Par exemple, notre chercheuse montrait une stratégie très élaborée qui consiste pour l'UE à investir là où les Etats nationaux n'investissent pas. Concrètement, cela consiste en une étude en amont de secteurs stratégiques en déshérence de subventions -je parle de secteurs économiques mais aussi et surtout sociaux, associations, plate-formes diverses, etc.- et de "prendre le relais" en quelque sorte des états nationaux.
Je pense aussi à une autre conférence -la légitimité est mon sujet de recherche- d'un chercheur suisse, cette fois, sur la légitimité des organisations internationales. En fait, on connait les grandes organisations, au moins de nom, ONU, FMI, Banque Mondiale, mais on ignore toutes ces "petites" structures, dédiées à l'une ou l'autre activité, qui s'installent sous le parapluie d'une grande. En fait, j'ai moi-même travaillé quelques années en Afrique pour l'une de ces structures, c'est tout-à-fait étonnant comme ces organisatiosn consistent en une constellation de petits projets au montage juridique parfois étonnant. Bref.
Alors ce que sur quoi travaillait ce chercheur suisse des sciences politiques, c'était effectivement le statut de ces structures, en particulier celles qui sont dédiées à la normalisation. L'un des antécédents, c'est sans doute les instances de normalisation qualité (comme ISO) ou comptabilité (IAS/IFRS par exemple). Quel est le statut de ces institutions ? A priori, elles sont simplement des organismes qui proposent une norme acceptée peu à peu par les différents acteurs d'un secteur sur le principe de l'acceptation volontaire. En effet, c'est plus pratique pour les échanges internationaux que tout le monde travaille avec les mêmes normes. A partir d'un certain niveau d'acceptation, il y a éventuellement une stratégie pour se faire recommander par l'une ou l'autre des grandes organisations supra-nationales.
Mais ce qui est tout à fait étonnant, c'est que ces instances reposent donc sur le principe du marché. Elles proposent un format, qui est bien souvent en concurrence dans un premier temps avec d'autres formats, qui parvient peu à peu à s'imposer comme le format dominant dans un secteur donné, en tant qu'adopté par la majorité des acteurs de ce secteur. On est donc dans un mode de fonctionnement très différent de celui qui consiste pour un Etat souverain sur un territoire donné, à légiférer à propos de ce qui est considéré comme acceptable ou non sur ce territoire.
Cela ne veut pas dire que les deux process sont incompatibles : Un Etat est encore en capacité de décider si telle "bonne pratique" est effectivement acceptable sur son territoire ou non. Et l'on peut même penser que, à condition que la législation de l'Etat en question s'exerce sur un marché considéré comme suffisamment intéressant économiquement parlant, sa décision puisse être d'un certain impact quant au choix d'un modèle normatif ou d'un autre par les acteurs économiques. Dans les faits, c'est exactement ce qui se passe, et ce n'est pas un hasard si les normes internationales sont le plus souvent des normes US. D'ailleurs, il y a là aussi un enjeu, pour l'UE, et un terrain de négociation avec l'administration américaine.
Mais analytiquement, il me semble qu'on peut aujourd'hui comprendre que les choses se passent à peu près ainsi : Les (grands) acteurs d'un secteur économique donné se mettent d'accord sur un certain nombre de procédures et de normes au sein de ce secteur. Et ils tentent ensuite de le faire accepter par les Etats, ou plutôt, par les institutions supra-nationales, afin que celles-ci en fassent la recommandation aux Etats -recommandation plus ou moins contraignante selon les cas.
Le problème, si je puis dire, est donc que les organisations supranationales ont un rôle à jouer dans ce process. Face aux lobbys qui représentent les intérêts d'un secteur économique donné, un Etat seul, fut-ce celui d'un pays comme la France, ne serait plus en mesure d'imposer grand-chose. Le marché français n'est pas de dimension suffisante à lui seul pour que l'Etat français ait quelque chose à mettre dans la balance. Il y a donc aussi une logique, dans la constitution d'institutions supranationales, qui est d'essayer de fonder une instance de type "politique" qui soit de taille (au sens propre) à négocier avec les pouvoirs économiques.
C'est le raisonnement qui conduit un certain nombre d'intellectuels tel Jürgen Habermas à considérer que l'évolution logique consiste en la constitution d'un gouvernement mondial. Les entreprises multinationales étant engagées dans une course à la taille qui tend vers le monopole -quoiqu'en dise la doctrine libérale, et on en revient donc à son obsolescence- le pouvoir politique, à moins de disparaitre en tant que tel, ne peut que suivre le mouvement. La question étant toutefois de se demander jusqu'à quel point, comme j'ai essayé de le montrer rapidement plus haut, les institutions supra-nationales en question peuvent être qualifiées de "politiques". Cela dépend sans doute du sens qu'on donne à ce terme.
Toujours est-il qu'anarcho-capitalisme ou gouvernement mondial, telle pourrait donc être l'alternative de l'avenir.
Voici le post de Pierre Rivière qui précède :
Tout d'abord, j'aimerais spécifier que je ne me réfère pas explicitement à Marx. Je n'ai jamais lu un de ses livres, et je suis trop jeune pour être un marxiste nostalgique. Toutefois, je me permet d'utiliser ses concepts, pour ce que j'en connais, dans un sens qui m'est très libre.
Je me base essentiellement sur l'histoire universelle, dans ce cas-ci principalement à partir du 17e siècle jusqu'à nos jours puisque c'est la période qui a définit notre monde actuel. Les concepts ne servent qu'à s'orienter et coordonner pour rendre logiquement cohérente une masse informe de données historiques partielles. Therefore (j'adore ce terme :content: ), tout ce que j'ai dit est en évolution, cela est donc révisable, modifiable et complexifiable.
Mis à part ces précisions, je crois que tu m'as bien compris dans les grandes lignes et je répondrai à tes critiques et interrogations, tout en rectifiant peut-être certaines mécompréhensions.
Le socialisme et le libéralisme ne sont pas simplement des idéologies servant à légitimer la répartition inégale des positions. Ils sont le reflet de véritables conflits d'intérêts découlant de la structure sociale. Faire augmenter la bureaucratie, c'est dévier des ressources vers l'administration publique et les services publiques. Ressources qui ne sont pas investies dans d'autres secteurs, notamment comme réduction d'impôts ou crédits aux entreprises. Inversement, réduire les impôts c'est réduire les ressources de l'appareil d'état. Ce qui est très simple, mais démontre qu'il ne s'agit d'une simple façade et d'un véritable changement d'orientation sociale. Les ressources étant en nombre fixe, socialisme et libéralisme sont les repères idéologiques par lesquels on distribue le capital social.
Une deuxième dimension de la chose est qu'indépendement de la structure sociale, des êtres humains et leur ambition l'habite. Dès lors, les conflits d'intérêts politiques sont aussi des conflits pour l'ambition des hommes qui désirent occuper des postes privilégiés dans l'appareil social. Ce qui est une deuxième motivation de discorde entre les diverses factions politiques (socialistes ou libérales).
Ce dernier point mène aux orientations possibles du conflit entre État et intérêts corporatifs. Dans la mesure où l'argent et l'influence sociale (médiatique principalement) accorde une chance d'accéder aux postes de prestige social, le monde corporatif trouvera toujours un cheval sur qui miser lorsque des élections décideront des candidats mandatés par la population pour la diriger. Selon cette option, cela fait réellement de l'appareil étatique un appareil de gestion des populations selon les avantages corporatifs.
Par contre, l'autre option est l'indépendance nationale (ou principe de souveraineté) qui trouve en ses représentants la volonté d'avoir des dirigeants responsables envers la population et non envers l'élite financière qui se paie des dirigeants.
Ainsi, puisque cette double option est toujours ouverte lorsque vient le temps d'élire un représentant (ouverte selon une mesure parfois bien restreinte), l'intérêt financier commande de retirer les pouvoirs essentiels des ces institutions pour les remettre entre les mains du bureaucratie internationale liée par des accords financiers internationaux. En Amérique du nord, nous avons l'ALÉNA, Accords de Libre-Échange Nord-Américains, qui a réussi au nom de la liberté de commerce à renverser des décisions prise par le gouvernement en vu d'interdire des produits jugés nocifs pour la population (cas réel). En Europe, vous avez l'Union Européenne, une forme plus bureaucratique et moins législative de retirer le pouvoir des gouvernements responsables devant leur citoyen et de le remettre à une bureaucratie déliée de ce devoir. À ce sujet, voir http://www.bonde.com/ principalement au sujet du Traité de Lisbonne.
À ce niveau, libéralisme et socialisme tendent à perdre toute signification car elles sont le résidu d'orientations sociales qui n'ont plus aucun pouvoirs effectifs pour se mouvoir d'elles-mêmes; ceci dit dans l'hypothèse d'une accentuation des pouvoirs supra-nationaux, car pour l'instant rien n'est achevé. C'est pour cette raison que le concept de bourgeoisie, qu'on pourrait nommer Oligarchie financière pour être plus exact et ne pas mélanger la bourgeoisie propriétaire du commerce international et la petite-bourgeoisie aux intérêts nationaux et locaux, subsume les conflits entre socialisme et libéralisme. L'État perdant son autonomie au profit de structures supra-nationale, que les socialistes ou les libéraux soient au pouvoir ne change rien car leur marge de manoeuvre est grandement restreinte. Prenez un exemple ici, au Canada, que ce soit le parti libéral ou le parti conservateur qui soit au pouvoir cela reflète ce que je viens de dire. Les libéraux étaient, en apparence, moins militariste et plus en défense de la spécificité canadienne par rapport aux États-Unis et les conservateurs plus militariste et plus près des États-Unis. Durant les trois derniers mandats, ils se sont partagé le pouvoir (un gouvernement majoritaire libéral et deux minoritaires conservateurs -ces derniers sont au pouvoir en ce moment). Malgré tout, cela n'a rien changé à la progression des accords trilatéraux (U.S.A - Canada - Mexique) et bilatéraux (U.S.A. - Canada). Ceux-ci ont continué à être une lente assimilation du Canada à l'appareil hiérarchique militaire américain et des accords favorisant le libre-échange, ce qui est essentiellement un renoncement au droit des nations de se défendre contre l'invasion économique d'intérêts étrangers. Lire ceci http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=6736 au sujet de la perte de souveraineté militaire du Canada.
Dès lors, l'opposition politique réelle n'est pas entre socialisme et libéralisme, mais entre l'oligarchie financière ainsi que ceux qui travaillent à sa mise en place comme dictature internationale et ceux qui défendent le principe de souveraineté, c'est-à-dire l'auto-gestion des peuples.
Ceci n'est qu'une réponse à ton premier message Bergame, j'analyserai le second et y répondrai en temps et lieu.
P.S.: Ah oui! Aussi, tu peux m'appeler Joseph. :gsdgr:
Arf, comme tu as raison -Joseph.
J'aimerais bien demander aux admins de scinder le sujet, alors, et de créer un sujet "Mondialisation et Institutions supra-nationales" afin de te laisser répondre au sujet "libéralisme". Moi je ne peux plus le faire...
Mais il est vrai que ces institutions font émerger des problèmes tout à fait nouveaux et intéressants.
J'ai assisté il y a 3-4 ans à la petite conférence d'une chercheuse italienne, qui travaillait avec son équipe sur la stratégie de légitimation de l'Union Européenne.
Il faut savoir que l'UE dépense en effet un budget assez considérable en études réalisées dans l'ensemble des pays membres sur l'évolution de sa représentation et de son image auprès des populations. La question de la légitimité est en effet pour elle un problème majeur. L'UE, sur le plan politique, est une expérience absolument unique dans l'histoire, qui ne peut éventuellement avoir d'antécédents que du côté de la constitution de la polis telle qu'Aristote la rapporte, càd la réunion de plusieurs entités politiques pour constituer un ensemble de degré supérieur, sur la base du volontariat. Sauf que les entités en question étaient des tribus, dirigées par un patriarche, ce qui n'est pas le cas des Etats-nations rassemblées au sein de l'UE : Le principe de légitimité en jeu est totalement différent.
Bref. L'UE connait un véritable problème de légitimité, dont elle est parfaitement consciente -et sans doute que les développements ces dernières années ne font que rendre le problème plus crucial. Alors cette équipe de chercheurs italiens s'était donc intéressée à la stratégie que certaines équipes dédiées de la bureaucratie bruxelloise avait élaborée afin de se légitimer auprès des populations européennes. Et en quoi a consistée cette stratégie ? Et bien à commencer par faire l'étude des principes de légitimité revendiqués par les Etats occidentaux. Qu'est-ce qui rend un Etat légitime auprès de ses populations, en Europe ? L'enquête montre qu'ils ont retenus 3 critères :
- La séparation des pouvoirs
- Le principe de représentation
- Le rule of law, l'état de droit
C'est manifestement ce travail d'identification qui a inspiré l'élaboration du projet de constitution ainsi que le "positionnement" de l'UE.
L'étude mettait aussi en lumière ce qu'on pourrait appeler le plan de communication. Par exemple, notre chercheuse montrait une stratégie très élaborée qui consiste pour l'UE à investir là où les Etats nationaux n'investissent pas. Concrètement, cela consiste en une étude en amont de secteurs stratégiques en déshérence de subventions -je parle de secteurs économiques mais aussi et surtout sociaux, associations, plate-formes diverses, etc.- et de "prendre le relais" en quelque sorte des états nationaux.
Je pense aussi à une autre conférence -la légitimité est mon sujet de recherche- d'un chercheur suisse, cette fois, sur la légitimité des organisations internationales. En fait, on connait les grandes organisations, au moins de nom, ONU, FMI, Banque Mondiale, mais on ignore toutes ces "petites" structures, dédiées à l'une ou l'autre activité, qui s'installent sous le parapluie d'une grande. En fait, j'ai moi-même travaillé quelques années en Afrique pour l'une de ces structures, c'est tout-à-fait étonnant comme ces organisatiosn consistent en une constellation de petits projets au montage juridique parfois étonnant. Bref.
Alors ce que sur quoi travaillait ce chercheur suisse des sciences politiques, c'était effectivement le statut de ces structures, en particulier celles qui sont dédiées à la normalisation. L'un des antécédents, c'est sans doute les instances de normalisation qualité (comme ISO) ou comptabilité (IAS/IFRS par exemple). Quel est le statut de ces institutions ? A priori, elles sont simplement des organismes qui proposent une norme acceptée peu à peu par les différents acteurs d'un secteur sur le principe de l'acceptation volontaire. En effet, c'est plus pratique pour les échanges internationaux que tout le monde travaille avec les mêmes normes. A partir d'un certain niveau d'acceptation, il y a éventuellement une stratégie pour se faire recommander par l'une ou l'autre des grandes organisations supra-nationales.
Mais ce qui est tout à fait étonnant, c'est que ces instances reposent donc sur le principe du marché. Elles proposent un format, qui est bien souvent en concurrence dans un premier temps avec d'autres formats, qui parvient peu à peu à s'imposer comme le format dominant dans un secteur donné, en tant qu'adopté par la majorité des acteurs de ce secteur. On est donc dans un mode de fonctionnement très différent de celui qui consiste pour un Etat souverain sur un territoire donné, à légiférer à propos de ce qui est considéré comme acceptable ou non sur ce territoire.
Cela ne veut pas dire que les deux process sont incompatibles : Un Etat est encore en capacité de décider si telle "bonne pratique" est effectivement acceptable sur son territoire ou non. Et l'on peut même penser que, à condition que la législation de l'Etat en question s'exerce sur un marché considéré comme suffisamment intéressant économiquement parlant, sa décision puisse être d'un certain impact quant au choix d'un modèle normatif ou d'un autre par les acteurs économiques. Dans les faits, c'est exactement ce qui se passe, et ce n'est pas un hasard si les normes internationales sont le plus souvent des normes US. D'ailleurs, il y a là aussi un enjeu, pour l'UE, et un terrain de négociation avec l'administration américaine.
Mais analytiquement, il me semble qu'on peut aujourd'hui comprendre que les choses se passent à peu près ainsi : Les (grands) acteurs d'un secteur économique donné se mettent d'accord sur un certain nombre de procédures et de normes au sein de ce secteur. Et ils tentent ensuite de le faire accepter par les Etats, ou plutôt, par les institutions supra-nationales, afin que celles-ci en fassent la recommandation aux Etats -recommandation plus ou moins contraignante selon les cas.
Le problème, si je puis dire, est donc que les organisations supranationales ont un rôle à jouer dans ce process. Face aux lobbys qui représentent les intérêts d'un secteur économique donné, un Etat seul, fut-ce celui d'un pays comme la France, ne serait plus en mesure d'imposer grand-chose. Le marché français n'est pas de dimension suffisante à lui seul pour que l'Etat français ait quelque chose à mettre dans la balance. Il y a donc aussi une logique, dans la constitution d'institutions supranationales, qui est d'essayer de fonder une instance de type "politique" qui soit de taille (au sens propre) à négocier avec les pouvoirs économiques.
C'est le raisonnement qui conduit un certain nombre d'intellectuels tel Jürgen Habermas à considérer que l'évolution logique consiste en la constitution d'un gouvernement mondial. Les entreprises multinationales étant engagées dans une course à la taille qui tend vers le monopole -quoiqu'en dise la doctrine libérale, et on en revient donc à son obsolescence- le pouvoir politique, à moins de disparaitre en tant que tel, ne peut que suivre le mouvement. La question étant toutefois de se demander jusqu'à quel point, comme j'ai essayé de le montrer rapidement plus haut, les institutions supra-nationales en question peuvent être qualifiées de "politiques". Cela dépend sans doute du sens qu'on donne à ce terme.
Toujours est-il qu'anarcho-capitalisme ou gouvernement mondial, telle pourrait donc être l'alternative de l'avenir.
Bergame- Persona
- Nombre de messages : 5358
Date d'inscription : 03/09/2007
Re: Mondialisation et Institutions supra-nationales
Pierre Rivière a écrit:l'oligarchie financière ainsi que ceux qui travaillent à sa mise en place comme dictature internationale
Bergame a écrit:l'évolution logique consiste en la constitution d'un gouvernement mondial
J'ai l'impression qu'on arrive à la même conclusion.
De même qu'à l'obsolescence de l'idéologie libérale dans les présentes conditions économiques et politiques. Notamment, en ce qu'il n'existe de concurrence de marché qu'entre les grandes multinationales et non entre des entrepreneurs individuels, ces derniers, lorsqu'ils développent un produit intéressant, sont simplement achetés par les plus grosses entreprises. Malgré cela, je n'ai pas abandonné mon intention de faire une réponse à ton message sur l'histoire du libéralisme.
P.S.: Très intéressant ces informations sur les stratégies de légitimation de l'Union Européenne.
Pierre Rivière- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 150
Date d'inscription : 24/09/2007
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