Diogène de Sinope
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Diogène de Sinope
Bonjour
Je suis très heureux de vous saluer tous sur le forum.
Je refait surface après quelques années bien occupées, pas plus sage pour un sou.
Comme quoi, le temps ne fait pas tout.
Je m’intéresse à titre personnel depuis quelques mois aux thérapies cognitives et comportementales, un corpus assez cohérent d’outils psychothérapeutiques auxquels peuvent avoir recours les psychiatres, psychologues et psychothérapeutes dans leur pratique professionnelle (phobies, addictions, dépression, troubles obsessionnels compulsifs, stress post-traumatique, trouble d’anxiété généralisé …), lorsque leurs patients sont « accessibles » à ce type de thérapie.
Je me suis replongé, de fait, dans certains textes et commentaires relatifs au bouddhisme et à la philosophie grecque (cyniques et stoïciens en particulier).
Et de fil en aiguille, me voilà de nouveau confronté à Diogène de Sinope dont je constate qu’il est encore complaisamment présenté par certains vulgarisateurs de la philosophie uniquement comme un anarcho-punk à chien déroutant et provocateur qui envoie gentiment balader un roi et se tripote en place publique. Se rappeler du syndrome dit « de Diogène », un comble !
En amusant la galerie avec un clochard à moitié à poil croupissant dans son tonneau (pas un tonneau ! ) et invectivant pêle-mêle riches-jeunes-beaux-philosophes-tyrans, la forme brutale et hirsute prend le pas sur le fond, la chrie manque son objectif. Et l’on retient plus facilement, moi en tout cas, quidam moyen, ces anecdotes qui dépeignent une sorte de « super-vanneur » grec trop trop fort.
Mais quel est le fond ?
Diogène était-il un philosophe, un anarchiste ou une série comique ?
Y a-t-il trop peu à dire ou de manière trop incertaine puisque tout est rapporté ?
Comment se confronter à la qualité et à l’objectivité des sources de l’Antiquité ?
Diogène était-il un continuateur de Socrate ?
A-t-il vraiment écrit quelque chose ?
Pourquoi n’apprend-on rien ou pas pas grand chose de sa propre période de formation auprès d’Antisthène (a priori) ?
Pourquoi disparaît-il à ce point des radars lorsqu’il passe au service de Xéniade pour réapparaître à l'issue d'un décès dans les circonstances sont spectaculaires ?
Quelle filiation avec les autres cyniques ?
Cratès et Hipparchia vont-ils finalement adopter un deuxième bichon frisé d'Alaska ?
Je serais ravi si d'aventure vous consentiez à partager d'éventuelles réflexions sur ces questions avec moi, à me prêter votre lanterne ou à me conseiller des lectures béton.
Moi, Diogène, je l’aime bien tel que je l'imagine.
« Il prétendait imiter les maîtres de musique qui chantent un ton plus haut pour que les choristes parviennent à donner le ton juste », Diogène Laërce.
Je suis très heureux de vous saluer tous sur le forum.
Je refait surface après quelques années bien occupées, pas plus sage pour un sou.
Comme quoi, le temps ne fait pas tout.
Je m’intéresse à titre personnel depuis quelques mois aux thérapies cognitives et comportementales, un corpus assez cohérent d’outils psychothérapeutiques auxquels peuvent avoir recours les psychiatres, psychologues et psychothérapeutes dans leur pratique professionnelle (phobies, addictions, dépression, troubles obsessionnels compulsifs, stress post-traumatique, trouble d’anxiété généralisé …), lorsque leurs patients sont « accessibles » à ce type de thérapie.
Je me suis replongé, de fait, dans certains textes et commentaires relatifs au bouddhisme et à la philosophie grecque (cyniques et stoïciens en particulier).
Et de fil en aiguille, me voilà de nouveau confronté à Diogène de Sinope dont je constate qu’il est encore complaisamment présenté par certains vulgarisateurs de la philosophie uniquement comme un anarcho-punk à chien déroutant et provocateur qui envoie gentiment balader un roi et se tripote en place publique. Se rappeler du syndrome dit « de Diogène », un comble !
En amusant la galerie avec un clochard à moitié à poil croupissant dans son tonneau (pas un tonneau ! ) et invectivant pêle-mêle riches-jeunes-beaux-philosophes-tyrans, la forme brutale et hirsute prend le pas sur le fond, la chrie manque son objectif. Et l’on retient plus facilement, moi en tout cas, quidam moyen, ces anecdotes qui dépeignent une sorte de « super-vanneur » grec trop trop fort.
Mais quel est le fond ?
Diogène était-il un philosophe, un anarchiste ou une série comique ?
Y a-t-il trop peu à dire ou de manière trop incertaine puisque tout est rapporté ?
Comment se confronter à la qualité et à l’objectivité des sources de l’Antiquité ?
Diogène était-il un continuateur de Socrate ?
A-t-il vraiment écrit quelque chose ?
Pourquoi n’apprend-on rien ou pas pas grand chose de sa propre période de formation auprès d’Antisthène (a priori) ?
Pourquoi disparaît-il à ce point des radars lorsqu’il passe au service de Xéniade pour réapparaître à l'issue d'un décès dans les circonstances sont spectaculaires ?
Quelle filiation avec les autres cyniques ?
Cratès et Hipparchia vont-ils finalement adopter un deuxième bichon frisé d'Alaska ?
Je serais ravi si d'aventure vous consentiez à partager d'éventuelles réflexions sur ces questions avec moi, à me prêter votre lanterne ou à me conseiller des lectures béton.
Moi, Diogène, je l’aime bien tel que je l'imagine.
« Il prétendait imiter les maîtres de musique qui chantent un ton plus haut pour que les choristes parviennent à donner le ton juste », Diogène Laërce.
LYCAON- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 89
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: Diogène de Sinope
A toutes fins utiles, je vous signale un petit livre de Paul Hervieu : Diogène le chien (1882), qu’on peut lire en :
http://www.bmlisieux.com/litterature/hervieu/diogene.htm
J’en redonne un extrait déjà cité sur le forum.
http://www.bmlisieux.com/litterature/hervieu/diogene.htm
J’en redonne un extrait déjà cité sur le forum.
Diogène a écrit: O hommes athéniens, je vais vous enseigner la sagesse.
Contre votre bonheur, deux ennemis conspirent : d'abord vous-mêmes, ensuite tout le reste. Avec vous-mêmes, le mieux est d'agir comme vous l'entendez. Quant au reste, dans les rapports auxquels vous êtes soumis avec les individus, les lois et les forces naturelles, il faut vous comporter ainsi qu'il vous est possible.
Maintenant je vous quitte pour aller chercher au bois les champignons nécessaires à mon repas du soir, ô hommes athéniens.
Vanleers- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 4215
Date d'inscription : 15/01/2017
Re: Diogène de Sinope
Bonjour.LYCAON a écrit:Bonjour
Et de fil en aiguille, me voilà de nouveau confronté à Diogène de Sinope dont je constate qu’il est encore complaisamment présenté par certains vulgarisateurs de la philosophie uniquement comme un anarcho-punk à chien déroutant et provocateur qui envoie gentiment balader un roi et se tripote en place publique. Se rappeler du syndrome dit « de Diogène », un comble !
En amusant la galerie avec un clochard à moitié à poil croupissant dans son tonneau (pas un tonneau ! ............
Mais quel est le fond ?
Diogène était-il un philosophe, un anarchiste ou une série comique ?
Y a-t-il trop peu à dire ou de manière trop incertaine puisque tout est rapporté ?
Comment se confronter à la qualité et à l’objectivité des sources de l’Antiquité ?
He oui, les gaulois n'avaient pas encore inventé le tonneau.
Pour le reste sur le comportemental (rien de plus con qu'un portemanteaux), ...il me semble qu'il est plus pertinent de se pencher sur les sociologies que sur les branches psycho, même si elles peuvent avoir des intérets .."palliatifs".
J'ai vécu à une époque ou tout le monde balançait ses clopes et ses poches papier par terre. Je proposais, il n' y a guère, une expérience simple : se placer dans une rue piétonne fréquentée et jeter ostenssiblement un papier à terre.
C'est en fait tres dur même si l'on se convainc que c'est un exercice de socio appliqué.
Cet exercice montre l' implication du culturel ancien et récent sur nos comportements....Se masturber en public pourrait être l'exercice suivant...Il me semble que c'est impossible pour un individu ordinaire. Seuls les "fous", les sages ou les professionnels peuvent accéder à ce détachement des contraintes comportementales. C'est me semble t il ce qu'aurait voulu signifier Diogène à ses contemporains: Les gens qui ont sans cesse le mot "liberté" à la bouche sont inconscients du peu de liberté que leur laissent les chaines d' un déterminisme puissant.
Quand au syndrome de Diogène , carrément un contresens,n il me rappelle celui de la sérendipité, qui lui aussi est un contresens.
Kercos- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 1374
Date d'inscription : 25/04/2022
Re: Diogène de Sinope
Salut Lycaon ! Heureux que tu passes nous faire un petit coucou !
Je te parle sans détour, tu connais le " bestiau " ! Diogène de Sinope est un Clochard, un Vagabond, céleste : métaphysique. Pas un Voyageur, et c'est une décision qu'il a prise. Diogène de Sinope est effectivement de ces personnages, assez fréquents, qui finissent par disparaître derrière le folklore qu'ils ont généré. Mais le dit folklore nous parle, on n'y voit rien qui fait tâche, désordre, si on en a rajouté, c'est dans la même veine. Et donc, je suis convaincu que si on découvre des inédits à son propos, ça ne changera rien au fond. A partir de Parménide et Gorgias, il y a deux grandes traditions grecques. A la suite de Gorgias, il y en a une qui se dit que de toute façon, en dernier lieu, etc., on ne saura pas, et qui à partir de cela se fait une " raison ", une " philosophie ", une sagesse, une conduite. Diogène de Sinope est de ceux là (Sophistes, Cyniques, Stoïciens, Epicuriens, Pyrhoniens, Sceptiques, etc., etc., etc.). Si on me dit qu'untel ou untel a opté pour Antisthène, pour moi, tout est dit. Une dernière chose, j'imagine mal Diogène avoir pris la peine d'écrire autant qu'on lui prête.
Je te parle sans détour, tu connais le " bestiau " ! Diogène de Sinope est un Clochard, un Vagabond, céleste : métaphysique. Pas un Voyageur, et c'est une décision qu'il a prise. Diogène de Sinope est effectivement de ces personnages, assez fréquents, qui finissent par disparaître derrière le folklore qu'ils ont généré. Mais le dit folklore nous parle, on n'y voit rien qui fait tâche, désordre, si on en a rajouté, c'est dans la même veine. Et donc, je suis convaincu que si on découvre des inédits à son propos, ça ne changera rien au fond. A partir de Parménide et Gorgias, il y a deux grandes traditions grecques. A la suite de Gorgias, il y en a une qui se dit que de toute façon, en dernier lieu, etc., on ne saura pas, et qui à partir de cela se fait une " raison ", une " philosophie ", une sagesse, une conduite. Diogène de Sinope est de ceux là (Sophistes, Cyniques, Stoïciens, Epicuriens, Pyrhoniens, Sceptiques, etc., etc., etc.). Si on me dit qu'untel ou untel a opté pour Antisthène, pour moi, tout est dit. Une dernière chose, j'imagine mal Diogène avoir pris la peine d'écrire autant qu'on lui prête.
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 8364
Date d'inscription : 31/10/2009
Re: Diogène de Sinope
Merci pour vos réponses, je sais que le sujet est redondant et qu’on peut difficilement avancer au-delà de ce qui a été déjà dit maintes fois.
Vanleers, j’ai pu lire l’extrait en question dont je ne connaissais pas l'auteur, élu à l'Académie française en 1900. Il est suivi dans un autre ouvrage par trois courtes histoires :
- « Attentat à la pudeur »
- « Prologue de l'incendie de Sodome »
- « Celui mord sera mordu »
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k808731.pdf
Je trouve intéressante la manière dont les auteurs d’époques diverses se sont appropriés la vie et les farces du cynique.
Kercos, nom d'un chien, que ce tonneau a du succès en littérature ou en peinture ! Des tonneaux en Gaule, oui, mais pas de menhirs fraîchement taillés pas Toutatis !
Sur la psycho, les psychologues américains fondateurs des grands courants cognitifs reconnaissaient une paternité stoïcienne. Par exemple :
https://biospraktikos.hypotheses.org/2905
https://www.cairn.info/revue-psn-2014-2-page-65.htm
http://pierrehenri.castel.free.fr/Annexes/Th%E9rapies%20cognitives%20et%20philosophie%20sto%EFcienne.pdf
C'est une bonne leçon en effet que d'être mis au pied du mur sur le terrain lorsqu'on parle de liberté, et d'éprouver ses propres limites en la matière sous le regard des autres. On apprend plus rapidement l'humilité et la prudence. Il en est de même pour le courage et la compassion je pense.
Peut-on philosopher avant d’avoir été avisé de la manière dont notre pensée s’élabore au sens neuro-bio-socio-psychologique ? Chacun est bien « libre » de faire ce qui lui chante mais un tel éclairage ne serait pas une perte de temps cependant de mon point de vue. Cela s'apprend-il au lycée ou dans les cursus universitaires?
(Digression : Des démons intérieurs et des fantômes du passé peuvent assaillir à tout moment l’homme qui se considère comme le plus sage, et le briser. Il est toujours profitable d’en faire la connaissance dans les moments les plus favorables, accompagné d’un bon ami si possible.)
Neopilina, je pense que nous partageons toujours un goût commun pour les choses de la nature, pour les mythologies et les religions, à moins que tu ne sois lassé de ces deux dernières.
D'accord avec toi, Diogène n'était pas un voyageur et il se serait senti peut-être bien malheureux s'il était parti longtemps loin d'Athènes où il trouvait sa matière première. Même s'il admirait Sparte, il y avait peut-être moins à rigoler là-bas.
Je l'imagine également plus grande bouche que grand écrivain.
Vanleers, j’ai pu lire l’extrait en question dont je ne connaissais pas l'auteur, élu à l'Académie française en 1900. Il est suivi dans un autre ouvrage par trois courtes histoires :
- « Attentat à la pudeur »
- « Prologue de l'incendie de Sodome »
- « Celui mord sera mordu »
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k808731.pdf
Je trouve intéressante la manière dont les auteurs d’époques diverses se sont appropriés la vie et les farces du cynique.
Kercos, nom d'un chien, que ce tonneau a du succès en littérature ou en peinture ! Des tonneaux en Gaule, oui, mais pas de menhirs fraîchement taillés pas Toutatis !
Sur la psycho, les psychologues américains fondateurs des grands courants cognitifs reconnaissaient une paternité stoïcienne. Par exemple :
https://biospraktikos.hypotheses.org/2905
https://www.cairn.info/revue-psn-2014-2-page-65.htm
http://pierrehenri.castel.free.fr/Annexes/Th%E9rapies%20cognitives%20et%20philosophie%20sto%EFcienne.pdf
C'est une bonne leçon en effet que d'être mis au pied du mur sur le terrain lorsqu'on parle de liberté, et d'éprouver ses propres limites en la matière sous le regard des autres. On apprend plus rapidement l'humilité et la prudence. Il en est de même pour le courage et la compassion je pense.
Peut-on philosopher avant d’avoir été avisé de la manière dont notre pensée s’élabore au sens neuro-bio-socio-psychologique ? Chacun est bien « libre » de faire ce qui lui chante mais un tel éclairage ne serait pas une perte de temps cependant de mon point de vue. Cela s'apprend-il au lycée ou dans les cursus universitaires?
(Digression : Des démons intérieurs et des fantômes du passé peuvent assaillir à tout moment l’homme qui se considère comme le plus sage, et le briser. Il est toujours profitable d’en faire la connaissance dans les moments les plus favorables, accompagné d’un bon ami si possible.)
Neopilina, je pense que nous partageons toujours un goût commun pour les choses de la nature, pour les mythologies et les religions, à moins que tu ne sois lassé de ces deux dernières.
D'accord avec toi, Diogène n'était pas un voyageur et il se serait senti peut-être bien malheureux s'il était parti longtemps loin d'Athènes où il trouvait sa matière première. Même s'il admirait Sparte, il y avait peut-être moins à rigoler là-bas.
Je l'imagine également plus grande bouche que grand écrivain.
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"Je cherche l'Homme"
LYCAON- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 89
Date d'inscription : 02/09/2012
Re: Diogène de Sinope
LYCAON a écrit:
Peut-on philosopher avant d’avoir été avisé de la manière dont notre pensée s’élabore au sens neuro-bio-socio-psychologique ?
"Oui", avait répondu Pierre Dac.
Et Francis Blanche le confirmait : "Vous l'entendez, il peut philosopher"
Vanleers- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 4215
Date d'inscription : 15/01/2017
Re: Diogène de Sinope
Je souscris entièrement à cette brillante démonstration!
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