Antonin Artaud et la civilisation
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Antonin Artaud et la civilisation
Le 4 mars 1948 mourrait Antonin Artaud, puissant auteur français - puissant, au sens d'inspirant et d'incarnant. Pour cause : il traduisit artistement, une expérience expérimentant les affres du corps et de son psychisme. Lui-même d'ailleurs, estimait le matériau biologique comme fondamental, jusqu'à la transe chamanique (à ce propos, voir cette appréciable vidéo TedX sur la Transe chamanique, capacité du cerveau ? ainsi que ce documentaire de Jan Kounen, libre de droit : D'autres mondes, fasciné par le chamanisme). Dans le Théâtre et son double, 1938, Antonin Artaud parlait de totémisme.
Mais ce propos n'a pas vocation à revenir sur la vie d'Antonin Artaud. Pour cela, il y a Wikipédia. Par contre, il s'agit de regretter qu'un tel auteur soit confiné dans les limbes de l'oubli. Observez cette recherche, sur Google Actualité, elle se passe de commentaires :
Mais c'est peut-être qu'un tel auteur qu'Antonin Artaud a été délayé dans les oubliettes de l'insanité, du fait qu'il séjourna en hopitaux psychiatriques pour schizophrénie ? ... Il y a du moins comme cela, des étiquettes méconnues et incomprises qui vous portent la poisse (la schizophrénie n'est pas un trouble dissociatif d'identé, syndrome qui est controversé), surtout quand vous vous en êtes pris à la civilisation ou la culture (Artaud ne distingue pas les notions) dans laquelle vous apparûtes sur Terre.
Ainsi, dans le Théâtre et son double, préface le Théâtre et la culture (entame directe) :
La vie donc, nous explique Artaud, "s'en va", au profit de quoi ? ... Au profit d'une moindre vie ou d'une non-vie, voire d'une morbidité qui se prend pour la vie. Comment ne pas voir dans le succès du film de zombis, World War Z (film de Marc Foster, 2013, avec Brad Pitt) ou The Walking Dead (série de Frank Diamond, depuis 2010) en tête, comme l'avènement expressif d'un tel diagnostic (après les films de série Z, dans les années 80-90, tels que la Nuit des morts-vivants). Symptomatiques.
Finalement, il y a "effondrement généralisé de la vie", "à la base de la démoralisation actuelle". Mais l'actualité, pour Antonin Artaud, ce sont en l'occurrence les années 30, or il ne faut pas les ramener à l'hitlérisme alors. Ou bien, soyons honorables, et remarquons que ce ne fut que la tête d'épingle des possibilités de notre civilisation/culture (voir Extraits de l'article "l'Inavouable essence du nazisme" et Principes d'une société de stigmatisation, et aussi sur le "totalitarisme contemprain" : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9).
Dans le Théâtre et son double, la Mise en scène et la métaphysique, Artaud précise :
Depuis longtemps, on a perdu la culture au profit d'artificialités. Revenons-en à la préface :
Alors,
Antonin Artaud, sur Wikisource.
Mais ce propos n'a pas vocation à revenir sur la vie d'Antonin Artaud. Pour cela, il y a Wikipédia. Par contre, il s'agit de regretter qu'un tel auteur soit confiné dans les limbes de l'oubli. Observez cette recherche, sur Google Actualité, elle se passe de commentaires :
Mais c'est peut-être qu'un tel auteur qu'Antonin Artaud a été délayé dans les oubliettes de l'insanité, du fait qu'il séjourna en hopitaux psychiatriques pour schizophrénie ? ... Il y a du moins comme cela, des étiquettes méconnues et incomprises qui vous portent la poisse (la schizophrénie n'est pas un trouble dissociatif d'identé, syndrome qui est controversé), surtout quand vous vous en êtes pris à la civilisation ou la culture (Artaud ne distingue pas les notions) dans laquelle vous apparûtes sur Terre.
Ainsi, dans le Théâtre et son double, préface le Théâtre et la culture (entame directe) :
Concrètement, vous avez peut-être remarqué que la France, comme la Russie, dispose d'un Ministère de la Culture ? Cela questionne, que l'Etat s'en mêle. D'ailleurs, l'époque (1938) commence aussi d'être à André Malraux, grand régenteur de la culture, qui finira donc par l'administrer. Antonin Artaud se pose encontre. Mais il n'y a pas que les Etats, pour régenter la culture, quand on sait qu'Hollywood ou Netflix sont des bureaucraties transnationales marchandes. Des ONG à but lucratif, l'entertainment ...Jamais, quand c'est la vie elle-même qui s'en va, on n'a autant parlé de civilisation et de culture. Et il y a un étrange parallélisme entre cet effondrement généralisé de la vie qui est à la base de la démoralisation actuelle et le souci d'une culture qui n'a jamais coïncidé avec la vie, et qui est faite pour régenter la vie.
La vie donc, nous explique Artaud, "s'en va", au profit de quoi ? ... Au profit d'une moindre vie ou d'une non-vie, voire d'une morbidité qui se prend pour la vie. Comment ne pas voir dans le succès du film de zombis, World War Z (film de Marc Foster, 2013, avec Brad Pitt) ou The Walking Dead (série de Frank Diamond, depuis 2010) en tête, comme l'avènement expressif d'un tel diagnostic (après les films de série Z, dans les années 80-90, tels que la Nuit des morts-vivants). Symptomatiques.
Finalement, il y a "effondrement généralisé de la vie", "à la base de la démoralisation actuelle". Mais l'actualité, pour Antonin Artaud, ce sont en l'occurrence les années 30, or il ne faut pas les ramener à l'hitlérisme alors. Ou bien, soyons honorables, et remarquons que ce ne fut que la tête d'épingle des possibilités de notre civilisation/culture (voir Extraits de l'article "l'Inavouable essence du nazisme" et Principes d'une société de stigmatisation, et aussi sur le "totalitarisme contemprain" : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9).
Dans le Théâtre et son double, la Mise en scène et la métaphysique, Artaud précise :
"Le texte" ici, signale un phénomène abstrait (les signifiés, les notions, les concepts, les idées) venant s'imposer sur un phénomène concret (les gestes, les espaces, les sons, les temps). C'est-à-dire que "le texte" est linéaire, protocolaire, systématique, trop mental pour être vrai, quand il s'agit de réalités techniques et charnelles à l'oeuvre. C'est "idiot", parce que ça prend l'incarnation pour insignifiante, bénigne, sans impact ergonomique ; c'est "fou", parce que ça croit pouvoir altérer les choses par l'esprit, tout en les faisant dysfonctionner alors ; c'est "inverti", précisément parce que ça ne voit plus que du virtuel ; c'est "grammairien", justement parce que c'est linéaire et protocolaire ; c'est "épicier", parce que ça décompte et légifère l'indéfini du monde ; c'est donc "anti-poète" puisque non-créatif (non-vivant, mort-vivant, morbide) ; enfin "postiviste", parce que ça ne croit qu'en la démonstration logique, exprimée, langagière, au dépend de l'ineffable et de l'indicible. "C'est-à-dire occidental" ...... je m'empresse de le dire tout de suite, un théâtre qui soumet la mise en scène et la réalisation, c'est-à-dire tout ce qu'il y a en lui de spécifiquement théâtral, au texte, est un théâtre d'idiot, de fou, d'inverti, de grammairien, d'épicier, d'anti-poète et de positiviste, c'est-à-dire d'Occidental.
Depuis longtemps, on a perdu la culture au profit d'artificialités. Revenons-en à la préface :
En "texte" ...Le plus urgent ne me paraît pas tant de défendre une culture dont l'existence n'a jamais sauvé un homme du souci de mieux vivre et d'avoir faim, que d'extraire de ce que l'on appelle la culture, des idées dont la force vivante est identique à celle de la faim.
Nous avons surtout besoin de vivre et de croire à ce qui nous fait vivre et que quelque chose nous fait vivre - et ce qui sort du dedans mystérieux de nous-mêmes, ne doit pas perpétuellement revenir sur nous-mêmes dans un souci grossièrement digestif.
Je veux dire que s'il nous importe à tous de manger tout de suite, il nous importe encore plus de ne pas gaspiller dans l'unique souci de manger tout de suite notre simple force d'avoir faim.
Si le signe de l'époque est la confusion, je vois à la base de cette confusion une rupture entre les choses, et les paroles, les idées, les signes qui en sont la représentation.
Ce ne sont certes pas les systèmes à penser qui manquent ; leur nombre et leurs contradictions caractérisent notre vieille culture européenne et française : mais où voit-on que la vie, notre vie, ait jamais été affectée par ces systèmes ?
[...]
Il faut insister sur cette idée de culture en action et qui devient en nous comme un nouvel organe, une sorte de souffle second : et la civilisation c'est de la culture qu'on applique et qui régit jusqu'à nos actions les plus subtiles, l'esprit présent dans les choses ; et c'est artificiellement qu'on sépare la civilisation de la cullture et qu'il y a deux mots pour signifier une seule et identique action.
On juge un civilisé à la façon dont il se comporte et il pense comme il se comporte ; mais déjà sur le mot de civilisé il y a confusion ; pour tout le monde un civilisé cultivé est un homme renseigné sur des systèmes, et qui pense systèmes, en formes, en signes, en représentations.
C'est un homme de culture et de lettres, Antonin Artaud, qui nous le dit. Comme quoi, ça n'est pas l'instruction le problème, mais la façon d'appréhender l'expérience.C'est un monstre chez qui s'est développée jusqu'à l'absurde cette faculté que nous avons de tirer des pensées de nos actes, au lieu d'identifier nos actes à nos pensées.
Si notre vie manque de soufre, c'est-à-dire de constante magie, c'est qu'il nous plaît de regarder nos actes et nous perdes en considérations sur les formes rêvées de nos actes, au lieu d'être poussés par eux.
Songeons à José Ortega y Gasset, le Mythe de l'homme derrière la technique ...Et cette faculté est humaine exclusivement.
Ainsi des belles gens, des gens de culture, des institutionnels de la culture, on peut dire qu'ils sont sinueux (le Théâtre et son double, la Mise en scène et la métaphysique) :Je dirais même que c'est une infection de l'humain qui nous gâte des idées qui auraient dû demeurer divines ; car loin de croire le surnaturel, le divin inventé par l'homme je pense que c'est l'intervention millénaire de l'homme qui a fini par nous corrompre le divin.
Toutes nos idées sont à reprendre à une époque ou rien n'adhère plus à la vie. Et cette pénible scission est cause que les choses se vengent, et la poésie qui n'est plus en nous et que nous ne parvenons plus à retrouver dans les choses ressort, tout à coup, par le mauvais côté des choses ; et jamais on n'aura vu tant de crimes, dont la bizarrerie gratuite ne s'explique que par notre impuissance à posséder la vie.
[...] on peut commencer à tirer une idée de la culture, une idée qui est d'abord une protestation.
Protestation contre le rétrecissment insensé que l'on impose à l'idée de la culture en la réduisant à une sorte d'inconcevable Panthéon ; ce qui donne une idolâtrie de la culture, comme les religions idolâtres mettent des dieux dans leur Panthéon.
Protestation contre l'idée séparée que l'on se fait de la culture, comme s'il y avait la culture d'un côté et la vie de l'autre ; et comme si la vraie culture n'était pas un moyen raffiné de comprendre et d'exercer la vie.
D'aucuns reconnaîtront aisément l'actuel festival d'Avignon, qui dans sa dernière version théorisait sur le genre. Où l'on voit que l'insinuation pense aller au-delà encore, que le destin du théâtre : le destin du monde, pour un "homme nouveau" - exactement comme dans les systèmes de pensées, à l'époque d'Artaud, version gentiment bâtarde. Mais ...... j'assistais à une discussion sur le théâtre. J'ai vu des sortes d'hommes-serpents autrement appelés auteurs dramatiques, venir m'expliquer la façon d'insinuer une pièce à un directeur, comme ces hommes de l'histoire qui insinuait des poisons dans l'oreille de leurs rivaux. Il s'agissait, je crois, de déterminer l'orientation future du théâtre, et, en d'autre terme, son destin.
Antonin Artaud a cette hauteur de vue.On a rien déterminé du tout, ...
C'est moi qui souligne. Où l'on voit que les gens de goût ne sont pas les belles gens, gens de culture, institutionnels de la culture évoqués précédemment. Mais où l'on voit, aussi, que les remarques d'Antinon Artaud peuvent désormais valoir pour à peu près "tout", par nos médias, affairismes d'économie politique, et autres virtualités. Antonin Artaud l'aurait pris par le bout qui était le sien, artistique. A la même époque, les non-conformistes des années 30 tels qu'Emmanuel Mounier, le prennent par tous les bouts possibles.... et à aucun moment il n'a été question du vrai destin du théâtre, c'est-à-dire de ce que, par définition et par essence, le théâtre est destiné à représenter, ni des moyens dont il dispose pour cela. Mais en revance le théâtre m'est apparu comme une sorte de monde gelé, avec des artistes engoncés dans des gestes qui ne leur serviront désormais plus à rien, avec en l'air des intonations solides et qui retombent déjà en morceaux, avec des musiques réduites à une espèce d'énumération chiffrée dont les signes commencent à s'effacer, avec des sortes d'éclats lumineux, eux-mêmes solidifiés et qui répondent à des traces de mouvements, - et avec autour de cela un papillotement extraordinaire d'hommes en habits noirs qui se disputent des timbres de quittance, au piedd'un contrôle chauffé à blanc. Comme si la machine théâtrale était désormais réduite à tout ce qui l'entoure ; et c'est parce qu'elle est réduite à tout ce qui l'entoure et que le théâtre est réduit à tout ce qui n'est plus le théâtre, que son atmosphère pue aux narines des gens de goût.
Alors,
... devant le progressisme occidental, quasi-futuriste ...Que l'on dise d'ailleurs qu'une des raisons de l'efficacité physique sur l'esprit, de la force d'action directe et imagée de certaines réalisations du théâtre oriental [...] est que ce théâtre s'appuie sur des traditions millénaires, qu'il a conservé intacts les secrets des gestes, des intonations, de l'harmonie, par rapport aux sens et sur tous les plans possibles, - cela ne condamne pas le théâtre oriental, ...
Mais bon, que les gens bien, bonnes et justes se rassurent : Antonin Artaud était après tout schizophrène, et il mérite certes qu'on l'ostracise ^^... mais cela nous condamne, et avec nous cet état de choses dans lequel nous vivons, et qui est à détruire, à détruire avec application et méchanceté, sur tous les plans et à tous degrés où il gêne le libre exercice de la pensée.
Antonin Artaud, sur Wikisource.
Re: Antonin Artaud et la civilisation
La Philosophie ?
Antonin Artaud a écrit: Mais toi, Platon, tu nous fais chier, et toi Socrate, et vous, Épictète, Épicure, et toi, Kant, et Descartes aussi.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Antonin Artaud et la civilisation
humm!
Morologue n'a pas posté dans la section "philosophie"...mais dans "plumes mémorables".
mémorable !!!!
effectivement quant on est passé par, ou en, ou à travers, voire même de travers ... quand on l'a traversé ...une fois, à un moment...ça laisse des traces.
Et il n'y en a pas tant et tant.
La poésie quoi !!!
Morologue n'a pas posté dans la section "philosophie"...mais dans "plumes mémorables".
mémorable !!!!
effectivement quant on est passé par, ou en, ou à travers, voire même de travers ... quand on l'a traversé ...une fois, à un moment...ça laisse des traces.
Et il n'y en a pas tant et tant.
La poésie quoi !!!
hks- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 04/10/2007
Re: Antonin Artaud et la civilisation
Pour le reste, voir :
https://www.artpress.com/wp-content/uploads/2014/12/2845.pdf
Artaud le maudit : celui qui dit le mal (maledicere).
Roboratif !
https://www.artpress.com/wp-content/uploads/2014/12/2845.pdf
Artaud le maudit : celui qui dit le mal (maledicere).
Roboratif !
Vanleers- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 4214
Date d'inscription : 15/01/2017
Re: Antonin Artaud et la civilisation
Maudire la philosophie, comme on dit, c'est encore de la philosophie. A la pascalienne : "la vraie morale se moque de la morale" ^^
Dans Pop Philosophy, Medhi Belhaj Kacem pose que "la philosophie", c'est le double-mouvement des philosophes et anti-philosophes. Mais en plus, pour Heidegger, le lien avec la poésie est ultime, surtout en métaphysique. Et est-il besoin de rappeler la poésie présocratique, sans parler de cette contradiction : Platon condamne les arts, tout en rédigeant, finalement, des dialogues de théâtre socratique ^^
Ad libendum.
Dans Pop Philosophy, Medhi Belhaj Kacem pose que "la philosophie", c'est le double-mouvement des philosophes et anti-philosophes. Mais en plus, pour Heidegger, le lien avec la poésie est ultime, surtout en métaphysique. Et est-il besoin de rappeler la poésie présocratique, sans parler de cette contradiction : Platon condamne les arts, tout en rédigeant, finalement, des dialogues de théâtre socratique ^^
Ad libendum.
Re: Antonin Artaud et la civilisation
humm!!!morologue a écrit:Maudire la philosophie, comme on dit, c'est encore de la philosophie.
on ne dirait pourtant pas
maudire la poésie c'est encore de la poésie ...
ou bien maudire la science, c'est encore de la science
on le dirait peut- être pour "maudire la littérature", ce serait encore de la littérature,
mais à condition qu'elle soit bonne.
Dernière édition par hks le Mer 22 Aoû 2018 - 13:13, édité 1 fois
hks- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 04/10/2007
Re: Antonin Artaud et la civilisation
A lire la présentation d’Artaud par Jacques Henric (lien donné ci-dessus), on ne peut qu’être pris d’un rire spinozien, au sens où Deleuze en parle dans son cours de Vincennes sur Spinoza :
Deleuze a écrit: Quand Spinoza rit, c’est sur le mode : Oh ! regardez celui-là, de quoi il est capable ! ho ho ! ça alors, on n’a jamais vu ça ! Ça peut être une vilenie atroce, fallait le faire, aller jusque-là. Ce n’est jamais un rire de satire, ce n’est jamais : voyez comme notre Nature est misérable ! Ce n’est pas le rire de l’ironie. C’est un type de rire complètement différent. Je dirais que c’est beaucoup plus l’humour juif. C’est très spinoziste ça, c’est vas-y, encore un pas de plus, ça j’aurais jamais cru qu’on aurait pu le faire ! C’est une espèce de rire très particulier et Spinoza est un des auteurs les plus gais du monde. […]
Et c’est à ça que Spinoza oppose la conception d’un homme fort un homme puissant, dont le rire n’est pas le même. C’est une espèce de rire très bienveillant, le rire de l’homme dit libre ou fort. Il dit : " Si c’est ça que tu veux, alors vas-y ! C’est rigolo, oui c’est rigolo ! " C’est le contraire de la satire. C’est le rire éthique.
Vanleers- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 4214
Date d'inscription : 15/01/2017
Re: Antonin Artaud et la civilisation
Ce que je trouve un peu court et contestable, ce sont vos interventions sans concession ni réflexion hks : quelqu'un qui maudit la philosophie peut bien n'être ni philosophant ni philosophe, c'est vrai - il le fait pourtant, qu'il le veuille ou non, comme pour tout, depuis une philosophie ou une tendance philosophique, qu'il ne s'est peut-être jamais formulée à lui-même - et ne veut peut-être pas se formuler, l'essentiel pour lui étant de s'ébaubir par l'existence. Entre autres, "ne pas se prendre la tête". Sauf que ça n'est pas le cas de l'essayiste Artaud. Ceci dit, ça ne signifie pas qu'il serait philosophe non plus, vous comprenez ? ^^
Quant à MBK, je ne faisais que l'évoquer, pas étonnant que ce soit court, cher interlocuteur malin. Au-delà, qu'est-ce qui n'est pas "contestable" ? Mais qu'on s'entende bien : tout est nuançable, situable, diagnosticable, criticable (égrainable) ; cela ne signifie pas qu'il faille le contester en propre, pourquoi entrer dans une dynamique contestataire d'ailleurs ? en quoi être dans la contestation a-t-il de l'intérêt (sauf cas de légitime défense - mais qu'y a-t-il à défendre directement là) ? ... Camus dirait "Comprendre, et ne pas juger" ; juger, évidemment au sens de "manquer de discernement", et encore qu'il fut très juge dans sa vie (mais rien à voir avec "la faculté de juger" qui, elle, est un exercice de discernement). Où discerner, précisément, consiste à nuancer, situer, diagnostiquer, critiquer (égrainer).
On ne peut pas rentrer dans le lard ni insinuer le doute comme ça, c'est la dernière des intelligences, de l'ordre d'un art d'avoir toujours raison. Oui, mais qu'en est-il des vérités (i.e. des fiabilités épistémiques) ? ...
Vanleers, ce rire, on dirait celui d'une pin-up devant un pénis afflué.
D'ailleurs, le totémisme à la Artaud, c'est précisément le délassement du pénis afflué.
Quant à MBK, je ne faisais que l'évoquer, pas étonnant que ce soit court, cher interlocuteur malin. Au-delà, qu'est-ce qui n'est pas "contestable" ? Mais qu'on s'entende bien : tout est nuançable, situable, diagnosticable, criticable (égrainable) ; cela ne signifie pas qu'il faille le contester en propre, pourquoi entrer dans une dynamique contestataire d'ailleurs ? en quoi être dans la contestation a-t-il de l'intérêt (sauf cas de légitime défense - mais qu'y a-t-il à défendre directement là) ? ... Camus dirait "Comprendre, et ne pas juger" ; juger, évidemment au sens de "manquer de discernement", et encore qu'il fut très juge dans sa vie (mais rien à voir avec "la faculté de juger" qui, elle, est un exercice de discernement). Où discerner, précisément, consiste à nuancer, situer, diagnostiquer, critiquer (égrainer).
On ne peut pas rentrer dans le lard ni insinuer le doute comme ça, c'est la dernière des intelligences, de l'ordre d'un art d'avoir toujours raison. Oui, mais qu'en est-il des vérités (i.e. des fiabilités épistémiques) ? ...
Vanleers, ce rire, on dirait celui d'une pin-up devant un pénis afflué.
Sacré Spinoza ? Vive le règne de l'efficacité et de la performance ? ... En quoi Nietzsche n'était pas spinozien, et en quoi l'on se tromperait, d'y amalgamer la volonté de puissance ^^ enfin passons.C’est le rire éthique.
D'ailleurs, le totémisme à la Artaud, c'est précisément le délassement du pénis afflué.
Re: Antonin Artaud et la civilisation
morologue a écrit:Ce que je trouve un peu court et contestable, ce sont vos interventions sans concession ni réflexion hks :
Ce n'est pas votre propos que je trouve un peu court et contestable, c'est la formulation lapidaire de Medhi Belhaj Kacem.
1) La formule de M B Kacem est courte .
2) On peut contester que la philosophie soit : ce quelle est et aussi ce qu'elle n'est pas.
Maintenant : le mode de mes interventions est justifié en ce qu'on m'a attribué le rôle d' animateur.
Vous pouvez très bien ignorer mes interventions.
En l’occurrence ce n'est pas ce que vous avez fait.
Vous participez ici depuis trop peu de temps pour être en mesure de savoir en quoi mes interventions sont sans concession ni réflexion.
Non ?
franchement.
hks- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 12509
Localisation : Hauts de Seine
Date d'inscription : 04/10/2007
Re: Antonin Artaud et la civilisation
.
La dispute est mauvaise conseillère.
.
La dispute est mauvaise conseillère.
.
Emmanuel- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 1321
Date d'inscription : 04/08/2018
Re: Antonin Artaud et la civilisation
d'autant plus que je ne vise pas l'auteur de la phrase citée ( M B Kacem que je ne connais pas du tout) mais l'idée.
"Maudire la philosophie ce serait encore en faire" ....
autant dire d'emblée qu'il y a un genre de philosophie qu'on n'aime pas, qu' on en préfère une autre critique de la première .
ce qui n'est pas: maudire la philosophie mais une certaine forme.
Néanmoins il y a bien une position qui la maudit et qui n'en fait plus du tout .
Ce qu'on ne dirait pas de la science (ou de toutes autres formes d'activité) on le dit de la philosophie. Elle est bonne fille
in fine si tout est de la philosophie plus rien n'en est.
"Maudire la philosophie ce serait encore en faire" ....
autant dire d'emblée qu'il y a un genre de philosophie qu'on n'aime pas, qu' on en préfère une autre critique de la première .
ce qui n'est pas: maudire la philosophie mais une certaine forme.
Néanmoins il y a bien une position qui la maudit et qui n'en fait plus du tout .
Ce qu'on ne dirait pas de la science (ou de toutes autres formes d'activité) on le dit de la philosophie. Elle est bonne fille
in fine si tout est de la philosophie plus rien n'en est.
Dernière édition par hks le Mer 22 Aoû 2018 - 13:14, édité 1 fois
hks- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 12509
Localisation : Hauts de Seine
Date d'inscription : 04/10/2007
Re: Antonin Artaud et la civilisation
Ce n'est pas ce que j'ai dit, etc.
_________________
Les absents ont toujours tort.
Re: Antonin Artaud et la civilisation
bon ... acte
j'efface ma remarque sur la citation.
j'efface ma remarque sur la citation.
hks- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 12509
Localisation : Hauts de Seine
Date d'inscription : 04/10/2007
Re: Antonin Artaud et la civilisation
C'est le Club Med, avec des G.O. ... Je n'ai pas besoin que l'on ménage la chèvre et le chou, je souhaite des vérités à propos, quitte à ce que la vérité soit mortelle ^^
Re: Antonin Artaud et la civilisation
Désolé de vous décevoir .
hks- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 12509
Localisation : Hauts de Seine
Date d'inscription : 04/10/2007
Re: Antonin Artaud et la civilisation
D'aucuns pensent que la philosophie, c'est avant tout savoir poser de bonnes questions, et que l'essentiel est dans la question. Peut-être mais, si c'était le cas, il n'y aurait pas de philosophies. Au passage, Artaud est très philosophe, s'intéresse à des éléments philosophiques (la Mise en scène et la métaphysique) ; quant à Medhi Belhaj Kacem, il pose la dialectique philosophes-antiphilosophes, en catégorisant par exemple des Montaigne, Nietzsche, Camus, Lacan, entre les antiphilosophes. Pour dire. Et même le non-philosophe radical, est radicalement non-philosophe à des titres philosophiques auxquels il ne s'intéresse pas.
Enfin, plutôt que vérité, j'aurais dû écrire véracité. Voilà voilà.
Enfin, plutôt que vérité, j'aurais dû écrire véracité. Voilà voilà.
Re: Antonin Artaud et la civilisation
je vais faire une parenthèse au sujet du gentil organisateur
et je vais laisser parler Kercoz (qui me pardonnera)
..........................................
par kercoz
le Ven 10 Aoû - 8:32
et donc répondre, ce que je fais et qui me demande un effort, est effectivement "gentil"...parfois gentiment provocateur... pas in fine sans concessions ni en deça sans réflexion.
et je vais laisser parler Kercoz (qui me pardonnera)
..........................................
par kercoz
le Ven 10 Aoû - 8:32
..........................................hks a écrit:
( face ou pas face ce n'est pas pour toi une question de faces, ce que tu écris tu y crois mordicuskercoz a écrit:....
La question de la "face" est plus importante qu' on le pense. Curieusement, les forum, malgré l' anonymat, ont revivifié une des plus anciennes sanctions sociale : la sanction d' invisibilité. non violente et discrète, l' absence de réponse est fortement ressenti par le sanctionné..
et donc répondre, ce que je fais et qui me demande un effort, est effectivement "gentil"...parfois gentiment provocateur... pas in fine sans concessions ni en deça sans réflexion.
hks- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 04/10/2007
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