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Logos, dynamos

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Message par Invité Jeu 16 Juin 2016 - 15:06

* Le logos provient de l'indo-européen pour choisir ses mots, et signifie grecquement parole, raison, discours, connaissance, de façon relativement intraduisible. Heidegger le rapproche du fait de recueillir, et recueillir l'être & l'étant, afin qu'il séjourne dans l'à-propos.
* Le dynamos provient de l'indo-européen pour bon (duenos > buenos/bonus), et signifie grecquemment puissant, tout en ayant donné le latin duellum pour fait d'arme, prouesse.

Actuellement, n'est plus logos que ce qui est logique, au plan formaliste-superficialiste d'une pensée systématisant quelque chose, afin de la rendre intelligible, intellectuelle, cognitive. Et n'est plus dynamos que ce qui se meut, comme identifié à la kinesis grecque.

Dès lors, suffixer toutes nos sciences d'une *logie, non content de résonner paronomastiquement comme logis (où le savoir se logerait dans les sciences), induit à penser qu'il n'est de vrai (étym. digne de foi) que le plan formaliste-superficialiste d'une pensée systématisant quelque chose, afin de la rendre intelligible, intellectuelle, cognitive. Toutefois, réalisant à quel point cela pouvait virer au totalitarisme moral/clanisme épistémique, les sciences intégrèrent du dynamisme-kinétisme à tout cela, à travers la réfutation hypothétique par l'expérimentation paramétrique contrôlée, soit donc méthodo*logique, ce qui est dire que les *logies réfutent-vérifient les *logies, tauto*logiquement, et on n'a jamais fait que mettre en abyme le problème du plan formaliste-superficialiste d'une pensée systématisant quelque chose, afin de la rendre intelligible, intellectuelle, cognitive. En fait, on n'en sort plus, et l'on sanctuarise (étym. fanum, qui donne fanatisme) cette rationalité (système interne de cohérences intellectuelles, typiquement oxydantal).

Pour ma part, j'estime cela mortifère, quand même il est des efficacités émergeant de cette systémie au carré : car les efficacités dégagées s'entraînent d'elles-mêmes à ne plus jamais se quitter, dans un efficacitarisme épistémo*logique, qui ne vaut pas mieux - en termes de dynamisme-archisme - que l'efficacitarisme magicien (du perse magus, celui-qui-est-capable).
Naturellement, il vaut mieux s'encapaciter dans l'existence, se pourvoir, que de s'éperdre , se dépourvoir ... mais il arrive un point où ce cratocratisme en vient fatalement à faire des déséconomies d'échelle, comme on voit avec la déréliction de nos mondes - étant entendu que l'économisme en question est étendu-appliqué à tous les domaines de l'existence, non seulement capitaliste, ainsi que le fait l'excellent ouvrage à succès Freakonomics.

A la fin, donc, je suis partisan de la transition suivante, de biologie en biodynamie, d'écologie en écodynamie, de physiologie en physiodynamie, de psychologie en psychodynamie, d'éthologie en éthodynamie, etc. ad libendum, pour cette simple et tranquille raison, qu'il m'appert plus intéressant d'apercevoir/d'apprésenter les choses sous l'angle enjoué des enjeux en puissances & en actes, avec polemos idoine, dans toutes ces affaires.

Alors, laissez-moi maintenant vous dire que je suis persuadé que mes méconnaissances scientifiques me font ignorer que c'est déjà relativement, très-doucement, le cas, qu'il est des scientifiques penchant insensiblement vers cette vision cosmodynamique, et je le vois ne serait-ce qu'à travers le diffusion du vocable écodynamisme.
Tant mieux, mais il me semble toutefois que nous baignions encore, que nous le voulions ou non, dans des dogmatismes purs & durs, quand bien même on en renversa et renverse toujours encore déjà : il est là toute une hérédité réflexodynamique en faveur des systémies, à déshabituer, et les habitudes ont la vie dure & la dent longue, inertiellement, par sécurisation-antistress face aux risques illogiques-dynamiques des désaccoutumances.

L'accoutumance, David Hume le savait bien, est la raison pour laquelle nous tenons tant pour vrais nos causalismes hérités, F.W. Nietzsche à la rescousse.

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Message par Bergame Mer 13 Juil 2016 - 15:00

Depuis sa publication, je réfléchis à embrayer sur cette belle proposition. D'autant que si j'ai souvent réagi sur la question de la rationalité, si j'ai souvent interrogé voire critiqué mes interlocuteurs sur leur propre usage du terme, je ne crois pas avoir vraiment mis à plat, encore, mes vues sur le sujet.
Essayons donc.

D'abord, le problème n'est pas petit. "Qu'est-ce que la rationalité ?" est une manière, un angle, de se demander "Qu'est-ce que la pensée ?". Et "qu'est-ce que la pensée ?" il me semble que c'est le dernier et le plus fondamental problème "philosophique". Peut-être même, en réalité, est-ce le seul. Car les autres problèmes ne sont "philosophiques" qu'aussi longtemps qu'ils ne deviennent pas "scientifiques". Celui-ci n'est pas et ne peut pas être un problème scientifique : Penser la pensée. Voir la vue.
Il me semble que c'est le problème auquel on parvient immanquablement, dès lors qu'on maintient le cap de l'analyse, dès lors qu'on creuse une question, quelle qu'elle soit, en s'efforçant d'écarter tout ce que la pensée, notre propre pensée, nous présente comme biais. Lorsqu'elle suit, en somme, le chemin de la rationalité, il y a un moment où la pensée se retrouve face à elle-même, et où elle tente de se saisir elle-même. Comme le disait déjà Aristote en creux, cette pensée de la pensée n'est pas et ne peut être accessible à l'homme. Et néanmoins, c'est bien là le seul problème véritablement important.

Il y a quelque chose en l'homme -appelons-le donc "la pensée"- qui lui offre la connaissance d'objets situés à 13 milliards d'années lumières. C'est-à-dire que nous prenons aujourd'hui connaissance d'évènements qui se sont déroulés au bas mot une petite dizaine de milliards d'années avant la formation du frêle esquif sur lequel nous voguons. Comment et pourquoi cette particule de poussière de chiure de mouche à l'échelle de l'univers, l'homo sapiens, vieux de 200.000 ans à tout casser, comment et pourquoi est-il doté de cette... "pensée" ? Et, surtout, qu'est-ce que c'est ?

Se demander ce qu'est la rationalité est donc, éventuellement, peut-être, une manière d'aborder cette question.

Prenons ce qui peut représenter l'archétype du raisonnement logique, le syllogisme. Il me semble que le syllogisme se caractérise par deux éléments :
- D'une part, une articulation "logique" entre les propositions
- D'autre part, un résultat -la conséquence- qui ne peut pas avoir d'autre contenu sémantique que le sien.
Ces deux éléments peuvent apparaître liés, et même subsumables sous une même catégorie -et ils le sont, dans le syllogisme. Mais je crois qu'il n'est pas inutile de faire apparaître d'emblée les deux éléments distincts qui caractérisent ce qu'on appelle "la rationalité" : Il y a quelque chose qui tient à la forme, et ce quelque chose de formel a une incidence remarquable sur le contenu.

A partir de ce point, on peut identifier plusieurs conceptions différentes de la "rationalité".

Il y a d'abord ce que d'aucuns appellent donc la rationalité formelle. C'est celle qui est à l'œuvre effectivement dans les opérations d'inférence, en mathématiques ou hors mathématiques, et qui consistent, par un mouvement de la pensée (une sorte de dynamique en effet) à aller des principes, des prémisses, aux conclusions.

Par une translation qui mériterait d'être questionnée (qui implique que la rationalité est, en effet, une dynamique et que l'action est rationnelle), cette forme a été appliquée au comportement humain, sous le nom d'"action". L'idée selon laquelle la "praxis" grecque correspond à ce que la modernité appelle "action" est critiquable -et a été, de fait, critiqué- aussi disons ceci : L'action est une conduite rationnelle. Et "rationnelle", ici, cela signifie d'abord que : Soit un certain nombre de conditions initiales, si l'on vise telle conséquence X en tant que résultat de l'action, alors il faut prendre telle décision Y et utiliser tel moyen Z. C'est ce qu'on appelle la rationalité instrumentale. Ce qu'il y a alors de "rationnel", c'est l'idée que l'articulation entre décision et utilisation des moyens a une incidence particulière et (plus ou moins) déterminable sur le résultat de l'action.

Parallèlement, la réflexion éthique a conduit à envisager l'idée qu'il existait des fins bonnes, ou en tout cas meilleures que d'autres. En quoi cette réflexion peut-elle être dite "rationnelle", à mon sens, c'est un vrai problème, qui me semble rarement élucidé. Il semble en effet que le dernier mot de la réflexion, ce soit le "bonheur". On peut se demander en quoi cette fin puisse être prise comme une fin bonne, si ce n'est à la suite de ce simple constat : Manifestement, les hommes préfèrent être heureux. Cela a peut-être l'apparence d'un truisme, c'est surtout, irréductiblement, un constat empirique. Et dès lors qu'il est bien reconnu comme tel, il apparaît que ce que des individus différents appellent "bonheur" peut recouvrir des états émotionnels très divers, qualitativement, "quantitativement", temporellement, causés très diversement, selon des causes qui ne sont pas nécessairement compatibles entre elles, etc.
Une histoire analytique de la philosophie éthique (je ne sais s'il y a eu des tentatives, je serais preneur de références) nous montrerait sans doute à quel point ces questions ont été considérablement simplifiées et réduites. Toujours est-il que ce "bonheur" a été érigé, au bénéfice de son absolue indétermination sémantique, au rang de fin absolument bonne.
Ce qui peut être considéré comme "rationnel" à partir de ce point, c'est que si on ne sait pas ce qu'est le "bonheur", on peut connaître -empiriquement, toujours- ce qui ne rend pas les hommes heureux : Être victime de méchanceté, d'agression, de blessure, d'injustice, de maladie, de faim, de contrainte, etc. Notons pourtant qu'être cause de tous ces "malheurs" pour autrui, en revanche, ne provoque pas nécessairement le même état émotionnel. La rationalité, ici, a donc consisté à penser la conduite humaine comme visant une seule fin absolument bonne X, tout en évitant d'être cause de non-X pour autrui. Il s'agit d'une rationalité qui s'attache donc au contenu du résultat de l'action, ce qu'on a appelé la rationalité sémantique.

Evidemment, rationalité instrumentale et rationalité sémantique peuvent se combiner : Soit un certain nombre de conditions initiales, puisque l'individu vise la conséquence X en tant fin absolument bonne, et doit éviter d'être cause de non-X, alors il lui faut prendre telle décision Y et ne pas prendre telle décision non-Y, et il lui faut utiliser tel moyen Z et s'abstenir d'employer tel moyen non-Z. Le "si" hypothétique de la rationalité instrumentale devient un "puisque" apodictique. Il s'agit alors d'une rationalité technique.

En fait, si la rationalité technique est concevable, l'homme n'en est sans doute pas capable -autrement les questions éthiques seraient closes. Deux hiatus (au moins) demeurent irréductiblement :
- La translation de la rationalité formelle à la conduite humaine ne peut se réaliser qu'en ignorant ou en écartant cet autre constat empirique que tous les comportements humains n'obéissent pas à la rationalité -au moins en ce sens précis qu'ils ne visent pas tous une fin consciemment présente à l'esprit.
- L'idée selon laquelle les hommes poursuivent la ou les même(s) fin(s) souffre d'une irrémédiable indétermination : Il est difficile d'identifier ce qui rend chaque individu heureux, il est au moins tout aussi difficile d'être heureux sans que personne d'autre n'en soit malheureux.

En revanche, les machines, elles, sont capables de rationalité technique. En fait, c'est précisément ce qu'elles font : Compte tenu de conditions initiales, et une fin étant déterminée, elles calculent le chemin optimal et maximisent l'utilisation des moyens disponibles. C'est notre irrationalité qui nous distingue encore des machines inanimées -et, singulièrement, notre immoralité...

Si, quelque soit la question, on suit le chemin de la rationalité, disais-je, en écartant tout ce que notre propre pensée nous présente comme biais, vient un moment où la pensée se retrouve face à elle-même. Essayer de penser la pensée par opposition à l'intelligence artificielle, à la rationalité technique, est peut-être une voie. Manifestement, la pensée en tant que pensée de la pensée, se situe en-deca, ou au-delà qu'en sais-je, en tout cas à l'horizon, à la limite de la rationalité. Si je devais dire les choses d'un mot -et je ne vois pas comment les dire autrement- il m'apparaît qu'elle a à voir avec la vie.

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Message par Invité Mar 16 Aoû 2016 - 9:19

Logos est la pensée. Dynamos est l’action.

La pensée est un choix entre propositions contraires qui précède l’action.
La pensée est le présent, situé entre les expériences du passé et lesLe lLe logosogos espoirs du futur.
Le choix implique un état indécis, des possibilités indéterminées de l‘avenir.
La décision dépend d’expériences, déterminismes du passé, et de circonstances de l’environnement.

La pensée dépend de noûs,
Pour Platon, noûs désigne la partie la plus divine de l'âme, l'intelligence. Il désigne les Premiers principes de toute chose. Ce sont les conditions de toute existence et ne peuvent être décrits que par les symboles ou des termes abstraits. Platon les a symbolisés par les éléments terre (le solide) le feu (l’action) et l’air (la forme subtile, diverse). Aristote les a définis par les causes matérielle, efficiente et formelle.
Ces principes conditionnent l’auto-organisation des choses du monde physique, de la vie et de la pensée.

La pensée comprend l’être (substance), l’action (énergie), et le possible (information).
Les trois sont exprimés en parole par des noms, des verbes et des qualitatifs.

La décision est conditionnée par les expériences du passé.
Inconsciente, l’expérience se manifeste par les émotions : l’attachement, la colère ou l’envie.

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Message par kercoz Mar 16 Aoû 2016 - 10:17

pame a écrit:Logos est la pensée. Dynamos est l’action.

La pensée est un choix entre propositions contraires qui précède l’action.
La pensée est le présent, situé entre les expériences du passé et lesLe lLe logosogos espoirs du futur.
Le choix implique un état indécis, des possibilités indéterminées de l‘avenir.
La décision dépend d’expériences, déterminismes du passé, et de circonstances de l’environnement.

...........

La décision est conditionnée par les expériences du passé.

Je suis incapable ( ou n' ai pas le courage) de m' impliquer dans ce cheminement de pensée...Pourtant La cause qui provoque l' action est un des sujets qui me passionne.
-Le cheminement de pensée que j' emprunte pour aborder ce sujet, est purement éthologique.
Pour moi L' action nécessite la certitude, la conviction, ....la croyance. Et je défend ( difficilement) la thèse que toute vraie croyance est inconsciente, du fait que qd on la ré-vèle , la verbalise, ..elle est aussitot doutée.
-Apres je pars du fait que tout etre vivant animal ou végétal, agit ou réagit....que l'ensemble de ces actions détermine un comportement et que ce comportement est caractéristique d' une espèce ou d' un groupe d' individus d' une même espece , voire d' un ensemble interespece selon Descola.
- La spécifité humaine dans ce domaine réside dans des comportements ( donc ensemble d'actions) non pas propre à l' espece , mais a une culture.
- Si les comportements des especes sont tres rigides c'est qu' ils sont dictés par des rites ( au sens de Goffman/Lorenz: rituel inconscients) donc non discutés.
- le boostage de la cognition pour notre espece a fait émerger une conscience de conscience qui met en doute les rites et donc met en danger l' action nécessaire à la survie. Il faut pour la "Raison" des raisons d'agir . raisons accessibles à une "croyance" ou une certitude.


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Message par Invité Mar 16 Aoû 2016 - 11:36

La trilogie du noûs a été perdue avec l’empirisme et le dualisme logique d’Aristote.
L’empirisme et la logique formelle ont conduit aux trois postulats de la méthode expérimentale :
matérialisme, déterminisme, et réductionnisme analytique.

Il en a résulté le positivisme scientifique et en réction un idéalisme subjectif des philosophes modernes. Les deux, incomplets mais exclusifs, forment un dualisme. A cela se résume la culture de l’époque moderne et contemporaine.

Conséquence :
La science spécialisée ne comprend pas l’unité de l’univers et de la vie.
Le philosophe moderne enfermé dans le subjectif ne comprend plus sa propre pensée.

Voici comment Paul du Breuil définit la philosophie dans « ZARATHOUSTRA et la transfiguration du monde » (p. 93)

L’étymologie première du mot philosophie entendait bien le sens philo (aimant) et de sophia (sagesse), contrairement à la déviation au seul sens intellectuel de philo (aimant) et sophein = savoir. L’amoureux de la sagesse (sophia/mazdah) n’a plus rien de commun avec la démarche purement cérébrale du philosophe péripatéticien.

Entre ces deux voie, comme le souligne un Dictionnaire de philosophie : « l’ambiguïté de la notion antique de « sagesse », qui évoque à la fois un savoir de la vérité et une pratique de la morale, devait susciter deux interprétations de la philosophie », la première rationnelle, remonte aux physiciens ioniens et, partiellement reprise par Aristote, se développe dans le positivisme. La seconde, issue en fait de Zarathoustra, mais qui se recommande traditionnellement de Socrate, Platon et Kant, considère la philosophie selon son étymologie première de recherche première et apprentissage de la vertu en fonction de notre devenir spirituel. La trahison d’Aristote en vers le Maître de l’Académie prend un relief étonnant. Consacrée par les sophistes et l’école péripatéticienne, elle opéra une tragique déspiritualisation par l’usage d’un mot originellement pieux, pour désigner finalement toute dialectique, fût-elle matérialiste ! Le divorce fut terrible de conséquences, le philosophe ne devenant plus qu’un spéculateur de gymnastique intellectuelle qui, ne s’appuyant plus ni sur la vie ni sur le cœur, rompt la triade des pensées, paroles et actions pures, au seul profit du verbe creux, qui ne ramasse plus que des miettes de sagesse.

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