extrait de mon roman à paraître en 2021 : avis bienvenus.

[denis_h]

Un soir de fermeture à la bibliothèque, Joseph était seul à son poste d’accueil dans la salle de lecture des étudiants en première année. La lumière du jour commençait à baisser et il n'allait pas tarder à fermer. Dans ces moments de désœuvrement, il laissait son imagination vagabonder et diverses spéculations plus ou moins cohérentes se formaient dans son esprit comme un précipité mêlant considérations philosophiques et observations sociologiques. A vrai dire Joseph distinguait trois stades dans l'évolution du discours des idées dans leur forme la plus popularisée. On pouvait raconter cette histoire de la façon suivante : Mai 1968, première vague d'intellectuels. Ils sont tous plus ou moins issus de Sartre. Majoritairement matérialistes et marxistes. Leur principale préoccupation était d'émanciper les gens de la société de consommation aliénante et d'autres anciennes formes de domination, comme le patriarcat, la religion … Séparés en deux courants principaux, les hédonistes et les révolutionnaires, qui ne s'entendaient pas sur les méthodes à employer, tous recherchaient des formes de vie alternatives, utopiques et loin des malheurs de l'époque. Arrivèrent les années 80. Les «nouveaux philosophes» apparurent dans les médias français : jeunes, élégants, parlant bien et clair. L'échec des sociétés marxisantes était leur idée et argument principal. Parallèlement, les notions d'efficacité, de réussite et de résultats concrets furent exaltées au rythme accéléré de la mondialisation marchande. Les fameux yuppies ou golden boys sont arrivés. Bret Eston Ellis a écrit American Psycho. L'économie néolibérale a triomphé, et les inégalités sociales explosé. Au début des années 2000. Le changement majeur est l'apparition de nouvelles technologies numériques. Beaucoup de gens ont été déçus par le néolibéralisme cynique et creux, mais n'ont pas voulu revenir aux vieilles idées utopiques des années 70. On distinguait alors trois types de personnes : 1. Les damnés de la terre, s'efforçant seulement de survivre. 2. Les salariés ordinaires, qui ont un confort matériel relatif, mais peinent à trouver un sens à leur vie. 3. Les maîtres : ils vivent dans des zones séparées, apparaissent uniquement sur les médias de masse et prescrivent à la population ce qui est bon ou mauvais. Cette partition des sociétés a produit deux effets secondaires majeurs: 1. Le succès grandissant des organisations sectaires comme dernier espoir pour trouver un sens à la vie : Scientologie, Trans-humanisme, syncrétismes divers ... 2. L'augmentation exponentielle de toutes sortes de pathologies mentales, à tous les niveaux de la société. Dans ce contexte, apparut un nouveau et dernier type d'intellectuels médiatiques français connus sous le nom de «déclinistes». On ne savait pas clairement s’ils voulaient retourner dans un âge d'or mythique ou s'ils prétendaient juste observer la désintégration du monde occidental à partir de leur tour d'ivoire et sombrer dans la mélancolie, arguant qu'il n'y avait rien d'autre à faire. Leur seul message était que c'était mieux avant, et que tout irait plus mal avant d’aller mieux, pour autant que nous survivions. Fin de l'histoire. Il est temps d'éteindre les lumières, pensa Joseph, de fermer la bibliothèque et de vaquer aux occupations habituelles de la vie quotidienne.

[jean tardieu]

S'il s'agit d'un simple extrait, dans une trame romanesque avec personnages fouillés, suspense et dénouement, c'est un roman. Et si c'est un roman, il faut un style personnel, qui ne soit qu'à toi : une façon de parler, d'être. Le style est l'essentiel d'un roman.
Sinon, c'est un essai.

[denis_h]

à vrai dire c'est un passage non représentatif du roman, une sorte de digression.

( un exemple du genre , toute proportion gardée bien sûr, dans les illusions perdues de balzac, il y a une longue digression sur la fabrication du papier à l'époque de l'auteur. )

[Jans]

Un soir de fermeture ... il n'allait pas tarder à fermer. A éviter, non ? Et puis, soyons franc, presque méchant : si Joseph a ce niveau de réflexion, c'est normal qu'il ne soit qu'à l'accueil, il est même possible qu'il n'ait jamais obtenu le bac !

[denis_h]

joseph est magasinier : fonctionnaire catégorie C, comme les femmes de ménage, ce n'est pas un intellectuel.

ceci dit, vous pourriez dire en quoi sa vision des choses est si médiocre et fausse ?

[Jans]

Ce qu'il dit est à mon avis très sensé — et très banal. Où est alors l'intérêt ? je trouve qu'un début doit être accrocheur et que le style doit se démarquer des figures habituelles et des images 1000 fois lues ; un style est personnel ou ce n'est pas un style, c'est du passe-partout, surtout quand cela ressemble à de la langue parlée. Je dis cela franchement, n'appréciant que les stylistes : Maupassant, Barrès, Anne Huré, Vasari, Kibran, Gracq... j'ai écrit un roman policier qui était de ce point de vue minable : je n'ai pour ma part aucun talent. Mais peut-être faut-il seulement cultiver le vôtre ?

[denis_h]

moi aussi j'aime beaucoup gracq et maupassant. les autres j'ai pas lu.

très banal, dites-vous ? peut-être. à voir.

[jean tardieu]

n'appréciant que les stylistes : Maupassant, Barrès, Anne Huré, Vasari, Kibran, Gracq..

Aaaaah! enfin un amateur de style !
En effet, des histoires, il y en a plein. En revanche, des styles, on en découvre quelques uns par siècle !

[Jans]

J'oubliais le style flamboyant d'Elie Faure dans son "Histoire de l'art" ; j'en ai traduit deux extraits pour des étudiants d'agrégation d'allemand.

[hks]

Arrivèrent les années 80. Les «nouveaux philosophes» apparurent dans les médias français

humm ... plutôt au milieu des années 70

et puis 68 plus ou moins issu(e) de Sartre ?
un peu expédié comme diagnostic.
Mais après tout il n'est qu'en première année.

[Vanleers]

En tant qu'échantillon d'un roman à paraître en 2021, c'était pas mauvais, c'était très mauvais.
Désolé.

[neopilina]

(

Denis,

- Je le sais bien que je n'ai pas de Plume, je m'efforce donc, en tâcheron consciencieux, parce que j'aime et respecte la langue française, de pratiquer un français aussi correct que possible.
- A part les formes les plus anciennes, pré-philosophiques (pur constat premier : ce à quoi je suis d'entrée sensible), la littérature ne m'intéresse pas, alors, désolé :  
Un jour, pour ne pas rentrer les mains vides de la librairie, j'ai pris " Les Mots " de Sartre. Je l'ai lu d'une traite, quand j'ai fermé le livre, j'ai eu une stupeur de quelques secondes, je me suis levé et j'ai mis le livre à la poubelle. A contrario, " L'être et le néant " et la " Critique de la Raison dialectique ", je les aurais chez moi jusqu'à ma mort. Voilà, je crois qu'on comprend. Je viens de me faire plein de nouveaux amis,  

Une exception donc : le XVIII° siècle, à cause des Lumières dont notoirement Sade, qui utilisent notoirement la littérature en tant que véhicule.

)

[jean tardieu]

la littérature ne m'intéresse pas

SCANDALE !

[hks]

dont notoirement Sade,

quand même (et  plus qu'un peu)
tu  consacres une grande partie de ta vie à un ROMANCIER

de plus (petit aparté)  tu "écris" de la philosophie (ou TA philosophie) comme un personnage de roman le ferait ( Ceux de Dostoïevski par exemple)... c'est in vivo.
(c'est vivant, c'est parlé comme dans un roman
et ce n'est pas une critique)

En fait ce sont tous les participants  de " forum" qui sont comme des personnages de roman.
Le forum est un roman et
on les imagine à partir à la lecture de ce long  texte écrit.

[hks]

bon ... je crois qu'on a fait le tour des critiques.

[Jans]

On peut imaginer semblable mais différent; petit essai :

Un soir de fermeture à la bibliothèque, Joseph était seul à son poste d’accueil dans la salle de lecture des étudiants en première année. La lumière du jour commençait à baisser et il n'allait pas tarder à fermer.

Le jour déclinait comme à l'ordinaire, le soir venait, semblable à l'éternité des autres. Joseph allait s'abstraire de la solitude où le tenait l'accueil de la bibliothèque, lieu où des étudiants de première année venaient recueillir la nourriture du savoir, comme d'autres guettent les fruits mûrs.

l. Dans ces moments de désœuvrement, il laissait son imagination vagabonder et diverses spéculations plus ou moins cohérentes se formaient dans son esprit comme un précipité mêlant considérations philosophiques et observations sociologiques.

Ces moments le laissaient désœuvré. L'esprit prenait alors le relais, et l'imagination, tenue jusque-là en laisse, secondée par des considérations philosophiques, partait vagabonder sur les chemins où la société qui était la sienne, subissant à la fois le scalpel de l'analyse rigoureuse et la caresse d'un humanisme éclairé, condensait les reflets de mille couleurs chatoyantes et fluctuantes.

[denis_h]

.puis 68 plus ou moins issu(e) de Sartre ? un peu expédié comme diagnostic.
Mais après tout il n'est qu'en première année.

euh, je n'ai pas écrit ça :

"Mai 1968, première vague d'intellectuels. Ils sont tous plus ou moins issus de Sartre."

ça n'est pas la même chose. et je crois correct de dire que les deleuze, foucault et derrida etc...

découlent de sartre, même pour s'en distencier et le critiquer ?

[denis_h]

la nourriture du savoir, comme d'autres guettent les fruits mûrs.[/i].[/i]

vous aimez les styles riches en métaphores, perso j'en fais peu. hemingway n'en fait pas.

et alors ?

[denis_h]

neopolina,

vous me rappelez mon prof de terminale, qui nous expliqua que la philo est un genre intrinséquement supérieur au roman, sans même parler de la poésie.

personnellement je lis la philo comme un genre particulier de la littérature, ni plus ni moins.

[denis_h]

bon ... je crois qu'on a fait le tour des critiques.

qu'en savez vous ?

et si quelqu'un a autre chose à dire ?

je n'aime pas cette manière de circonscrire la discussion comme si vous étiez un professeur dans une classe.

[neopilina]

(

"hkset puis 68 plus ou moins issu(e) de Sartre ? un peu expédié comme diagnostic.
Mais après tout il n'est qu'en première année.

Denis,

Petit souci de balises, au début c'est
[ q u o te = " hks " ]. kercoz idem, mais lui ça fait des lustres qu'il est là, on supprime bien sûr les espaces : [ q u o t e = " x " ] bla-bla[ / q u o t e ]

vous me rappelez mon prof de terminale, qui nous expliqua que la philo est un genre intrinséquement supérieur au roman

Pas du tout, voir le message que j'ai posté aujourd'hui chez Sade : je dis que la philosophie, c'est autre chose, que la littérature en est une autre, etc.

)

[denis_h]

ah ok. désolé.

[denis_h]

En tant qu'échantillon d'un roman à paraître en 2021, c'était pas mauvais, c'était très mauvais.
Désolé.

mais non voyons, ne soyez pas désolé. on ne peux pas plaire, ou déplaire, à tout le monde.

[kercoz]

Le seul intérêt du média roman en tant que sous espèce de littérature, c'est de se servir de "leurres" pour rendre captif le lecteur afin de lui recaser certaines idées ou opinions, ou de lui soutirer qqs euros....être captivant.
On le voit aussi bien avec les thèses, essais ou même sur les forum, il est très difficile de communiquer, d' interagir sur une idée, un concept. L' interlocuteur ayant déja une opinion sur le sujet, il traitera toujours chaque phrase du cheminement d'idée aboutissant à l' idée, depuis son propre point de vue. Celui ci( le cheminement) étant un sentier fréquemment battu, et plus que connu, il est difficile et surtout fatiguant de changer de "point de vue", surtout de suivre un autre cheminement, inconnu, qu'il faudrait valider pas à pas, pour aboutir ... au sujet avec lequel on est le plus souvent d'accord.
Tu dois avoir déja constaté, que pour aller dans un lieu donné, tu préfère un cheminement plutôt qu'un autre, même si l' on te prouve que ce dernier est plus court ou plus rapide......Ton cerveau ayant mémorisé des repères visuels, voire olfactifs, tu fais bien moins d'effort en utilisant un chemin connu plutôt que l' autre ou il te faudra maintenir une attention soutenue.On conduit souvent en mode "automatique".
Le cheminement d'idées est, à mon sens de même nature et un cheminement autre pour un même but sera difficilement accepté.
J'en reviens au roman: C'est en fait le moyen le plus facile de faire cheminer un lecteur comme on le veut. Sinon il ferme le livre. Il lui faut suivre la trame et les leurres sont nombreux: suspens, humour, style, le sexe, ....etc.

POur ton roman, je suis désolé, je ne puis porter un jugement...je suis depuis quelques années imperméable à la fiction...une sorte de handicap, ...je ne rentre pas dans le jeu, ..j' y crois pas. Les dernier que je peux lire ce sont ceux de la série noire (je suis bookiniste), mais uniquement pour l'ambiance, je ne suis pas vraiment l' intrigue. C'est depuis cette époque que je peux lire Proust ou certains essais qui me sont accessible. Pour la philo, je l'aborde par la sociologie, l' anthropologie, voire l' éthologie qui me semblent bien plus à même de nous rapprocher de la réalité que l' introspection qui domine la philo.

[Vanleers]

En tant qu'échantillon d'un roman à paraître en 2021, c'était pas mauvais, c'était très mauvais.
Désolé.

mais non voyons, ne soyez pas désolé. on ne peux pas plaire, ou déplaire, à tout le monde.

Vous avez raison et, de toute façon, on peut se consoler :

https://www.youtube.com/watch?v=6SYCS0jtS3c

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