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L'existentialisme heideggérien.

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Message par jghislain Sam 31 Jan - 8:32

Heidegger est un philosophe allemand contemporain qui a d'abord eu une formation de théologien puis s'est tourné vers la philosophie, et en particulier la métaphysique. Il faut noter qu'il a eu une grande renommée de son vivant, ce qui est rare pour les philosophes. Son œuvre maîtresse est être et temps. La thèse qu'il développe est la suivante.

L'homme est dans la non-vérité, il passe son existence à se préoccuper de son quotidien, en utilisant au mieux le monde ambiant dans lequel il est plongé, sans pouvoir se projeter librement. Heidegger emploie alors le terme de dévalement, « être-jeté », ce qui veut dire qu'il occupe une position existentielle incorrecte par rapport à ce qu'il pourrait se résoudre de faire de sa vie. Il est donc en faute, et par moment, quand il prend conscience de cet état, vient l'angoisse. Mais surgit aussi à travers l'angoisse l'appel à vivre enfin de façon authentique.

Sartre interprète alors ce dévalement comme une mauvaise foi qui nous maintient dans le contentement d'une existence qui nous échappe. La soumission au destin ou essentialisme doit être dépassé par l'existentialisme, qui consiste à agir librement pour diriger notre vie. Il faut noter que Heidegger se défend d'être existentialiste, qui n'est qu'une simplification de sa philosophie.

En effet, si Heidegger part bien de l'Homme et de son existence, l'essentiel de sa philosophie repose en revanche sur une question métaphysique : la question de l'être. Pour lui, être, ce n'est pas simplement être-là-devant (exister), ou être-avec (vivre en société). Car l'Homme a cet avantage d'avoir un monde, d'être-au-monde (d'agir), alors que les animaux sont pauvres-en-monde, et que la simple matière est dépourvu de ce lien-au-monde.

Or l'Homme peut très bien ne pas être-au-monde tel qu'il pourrait l'être. Car il est dans la léthé, c'est-à-dire dans le retrait, la non-vérité. C'est que l'être se retire, ce qui pourrait être passe dans l'oubli. Mais ce qui est oublié ou en retrait peut très bien resurgir. Cette résurgence passe alors par l'angoisse devant la finitude de la vie, de la prise de conscience que la mort peut prendre à tout moment. Devant cet effroi, l'Homme peut alors réagir par la résolution de vivre à temps, comme dit Nietzsche, de ne pas être trop vieux pour ses victoires...

À travers son œuvre, Heidegger nous invite à prendre part entière à notre vie, et pour cela à questionner le fond de notre existence. Le but étant tout simplement de vivre sa vie, ce qui, semble-t-il n'est finalement pas si simple qu'il y paraît.

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Message par neopilina Dim 1 Fév - 1:20

Effectivement, philosophiquement, Heidegger n'est pas existentialiste.
Ce qu'il est philosophiquement, il le donne à voir après 1933.

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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
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Message par Morologue Mar 23 Oct - 10:34

jghislain a écrit:Heidegger est un philosophe allemand contemporain qui a d'abord eu une formation de théologien puis s'est tourné vers la philosophie, et en particulier la métaphysique. Il faut noter qu'il a eu une grande renommée de son vivant, ce qui est rare pour les philosophes. Son œuvre maîtresse est être et temps. La thèse qu'il développe est la suivante.

L'homme est dans la non-vérité, il passe son existence à se préoccuper de son quotidien, en utilisant au mieux le monde ambiant dans lequel il est plongé, sans pouvoir se projeter librement. Heidegger emploie alors le terme de dévalement, « être-jeté », ce qui veut dire qu'il occupe une position existentielle incorrecte par rapport à ce qu'il pourrait se résoudre de faire de sa vie. Il est donc en faute, et par moment, quand il prend conscience de cet état, vient l'angoisse. Mais surgit aussi à travers l'angoisse l'appel à vivre enfin de façon authentique.

Sartre interprète alors ce dévalement comme une mauvaise foi qui nous maintient dans le contentement d'une existence qui nous échappe. La soumission au destin ou essentialisme doit être dépassé par l'existentialisme, qui consiste à agir librement pour diriger notre vie. Il faut noter que Heidegger se défend d'être existentialiste, qui n'est qu'une simplification de sa philosophie.

En effet, si Heidegger part bien de l'Homme et de son existence, l'essentiel de sa philosophie repose en revanche sur une question métaphysique : la question de l'être. Pour lui, être, ce n'est pas simplement être-là-devant (exister), ou être-avec (vivre en société). Car l'Homme a cet avantage d'avoir un monde, d'être-au-monde (d'agir), alors que les animaux sont pauvres-en-monde, et que la simple matière est dépourvu de ce lien-au-monde.

Or l'Homme peut très bien ne pas être-au-monde tel qu'il pourrait l'être. Car il est dans la léthé, c'est-à-dire dans le retrait, la non-vérité. C'est que l'être se retire, ce qui pourrait être passe dans l'oubli. Mais ce qui est oublié ou en retrait peut très bien resurgir. Cette résurgence passe alors par l'angoisse devant la finitude de la vie, de la prise de conscience que la mort peut prendre à tout moment. Devant cet effroi, l'Homme peut alors réagir par la résolution de vivre à temps, comme dit Nietzsche, de ne pas être trop vieux pour ses victoires...

À travers son œuvre, Heidegger nous invite à prendre part entière à notre vie, et pour cela à questionner le fond de notre existence. Le but étant tout simplement de vivre sa vie, ce qui, semble-t-il n'est finalement pas si simple qu'il y paraît.
C'est une excellente synthèse de base.

Je reprends :
Or l'Homme peut très bien ne pas être-au-monde tel qu'il pourrait l'être.
Tout à fait, et c'est quand il s'en tient à l'étant, aux étants, sans tenir compte du sens de (l')être, qui le ferait authentique. Dans être, d'ailleurs, il y a se-comporter, et c'est bien la question de l'attitude à prendre par ce qui est - et non seulement devant ce qui est, puisqu'on est-là, -au-monde, -avec, être dans l'être ontologiquement, parmi les étants ontiquement.

Or, ne-pas-être-au-monde-tel-que-je-peux-l'être, c'est précisément m'en tenir à un certain pragma involontaire, par lequel j'en reste à l'ontique au lieu de connaître le dévoilement véritable (aletheia) qui me ferait authentique dans la physis étymologique (pousser, croître, devenir, être). D'où un déploiement dans le temps, par un souci combatif, personnel et collectif. C'est qu'il y a l'être-avec, en cette authenticité, où renoncer au combat, c'est se livrer aux quatre vents nous faisant inauthentiques (comme avec l'islamisation ?).

Le heideggerisme est donc à juger à l'aune d'une velléité d'authenticité, où l'authenticité est définie étymologiquement comme auto-autorité. Mais, comme autorité signifie déjà la faculté d'être auteur de ses démarches, l'auto-autorité/authenticité signifie la responsabilisation de l'auteur en ses démarches. Car, explique Heidegger, même dans le dévalement, l'inauthenticité, l'On, l'être-dans-la-moyenne, la quotidienneté, nous restons auteurs - nous faisons autorité sur nos démarches. Mais c'est que nous n'en faisons pas grand'chose, sinon vivre et laisser vivre.

Un tel vivre et laisser vivre semble agréable et doux, hélas néanmoins il n'empêche pas - comme dirait Hannah Arendt - la banalité du mal (jusques et y compris chez le philosophe d'une telle philosophie heideggerienne, qui peut ainsi se retourner contre son auteur, quand cet auteur fait des complaisances - vivre et laisser vivre - avec son époque : en quoi il fut victime du dévalement, à l'université et ailleurs dans sa vie sociale, comme "privat nazi" diraient les partisans nazis eux-mêmes).

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