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Si un monde sans argent est possible...

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Message par Rêveur Sam 29 Mar 2014 - 13:10

Comme je l'ai écrit, je suis un idéaliste. Mais jusqu'ici, si j'ai ouvert des sujets qui ne sont pas inintéressants, j'ai surtout tourné autour du sujet majeur sans jamais l'aborder. Au fond, je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'attendre plus longtemps... L'aspect le plus significatif de mon utopie est son indépendance du système économique.
Le système économique général (l'argent, son utilisation, ses implications...) est d'abord avant tout une convention contractée chez les peuples policés pour servir une organisation propre au développement de la civilisation, pour servir l'ordre, mais aussi une certaine justice... L'argent, concept formulé pour permettre une certaine forme d'échanges, pour inciter les Hommes à travailler, à ne pas s'approprier trop de ressources à eux seuls, à profiter à mesure qu'ils sont utiles (consommer en fonction de leur production). Notons que le souci d'organisation, de prévoyance, est présenté dans l'Ancien Testament, quand Jacob, en Égypte, décrit le rêve du Pharaon et y prévoit sept années de famine après sept années d'abondance. Il demande alors au Pharaon de réserver une partie de la généreuse récolte des sept années suivantes pour les sept années à venir. Enfin, sur une planète surpeuplée, le besoin d'organisation se fait sentir. Si, pour une raison quelconque (l'exemple est étrange mais bon...), la population mondiale doublait subitement, à moins que nous ne cédions brutalement au machiavélisme et décidions de supprimer la moitié de l'Humanité que l'on ne peut nourrir (Isaac Asimov a écrit une nouvelle à ce sujet : "le triage", présente dans le recueil de nouvelles L'Homme bicentenaire), je suppose que nous devrions accepter d'organiser un rationnement mondial, comme en tant de guerre, et c'est bien l'argent qui le permet. Tous ces arguments peuvent justifier la nécessité d'un système économique...
Si l'argent ne fut pas réellement un formidable moteur historique, la lutte des classes, pour reprendre une analyse marxiste, en fut bien un, et l'argent la permit d'une certaine manière, et la supposait. Je cite Rousseau :
Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, deuxième partie a écrit: Tant que les hommes se contentèrent de leur cabane rustique, tant qu'ils se bornèrent à coudre leurs habits de peaux avec des épines ou des arêtes, à se parer de plumes et de coquillages, à se peindre le corps de diverses couleurs, à perfectionner leurs arcs et leurs flèches, à tailler avec des pierres tranchantes quelques canots de pêcheurs ou quelques grossiers instruments de musique, en un mot tant qu'ils ne s'appliquèrent qu'à des ouvrages qu'un seul pouvait faire, et qu'à des arts qui n'avaient pas besoin du concours de plusieurs mains, ils vécurent libres, sains, bons et heureux autant qu'ils pouvaient l'être par leur nature, et continuèrent à jouir entre eux d'un commerce indépendant : mais dès l'instant qu'un homme eut besoin du secours d'un autre; dès qu'on s'aperçut qu'il était utile à un seul d'avoir des provisions pour deux, l'égalité disparut, la propriété s'introduisit, le travail devint nécessaire et les vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu'il fallut arroser de la sueur des hommes, et dans lesquelles on vit bientôt l'esclavage et la misère germer et croître avec les moissons.
La métallurgie et l'agriculture furent les deux arts dont l'invention produisit cette grande révolution. Pour le poète, c'est l'or et l'argent, mais pour le philosophe ce sont le fer et le blé qui ont civilisé les hommes et perdu le genre humain. [...]
L'invention des autres arts fut donc nécessaire pour forcer le genre humain de s'appliquer à celui de l'agriculture. Dès qu'il fallut des hommes pour fondre et forger le fer, il fallut d'autres hommes pour nourrir ceux-là. Plus le nombre des ouvriers vint à se multiplier, moins il y eut de mains employées à fournir la subsistance commune, sans qu'il y eût moins de bouches pour la consommer [...]
De la culture des terres s'ensuivit nécessairement leur partage, et de la propriété une fois reconnue les premières règles de justice : car pour rendre à chacun le sien, il faut que chacun puisse avoir quelque chose ; de plus les hommes commençant à porter leurs vues dans l'avenir et se voyant tous quelques biens à perdre, il n'y en avait aucun qui n'eût à craindre pour soi la représaille des torts qu'il pouvait causer à autrui. Cette origine est d'autant plus naturelle qu'il est impossible de concevoir l'idée de la propriété naissante d'ailleurs que de la main d'oeuvre ; car on ne voit pas que, pour s'approprier les choses qu'il n'a point faites, l'homme y peut mettre de plus que son travail. C'est le seul travail qui donnant droit au cultivateur sur le produit de la terre qu'il a labourée lui en donne par conséquent sur le fond, au moins jusqu'à la récolte, et ainsi d'année en année, ce qui faisant une possession continue, se transforme aisément en propriété.
(il était inutile d'en écrire autant, mais comme je citais Rousseau, je me suis permis de déborder un peu....)
Néanmoins, tandis que les années passèrent, que la civilisation, la société se développèrent ainsi, une superstructure économique, pour diverses raisons, tendit à s'imposer. Et c'est l'argent qui, donc, assura la stabilité de l'édifice, surtout en liant les éléments entre eux, en assurant une certaine cohérence. Mais on ne voit jamais que pour régler les différents problèmes, pour renforcer la construction, on pût parfois retirer du superflu, simplifier, se débarrasser de certaines fonctions. Non ! Formuler une fonction "edit", ou plutôt "delet" en ce sens demande, si l'on reste réaliste, énormément de travail, de réflexion, alors qu'il est aisé de rajouter toujours et encore des éléments, des liaisons nouvelles, de sorte que la machine, une fois en inertie, est en mouvement. On voit aujourd'hui comment, les sciences économiques (politico-économiques) évoluant sans cesse, on constate maintenant combien grande est l'influence du système sur l'individu, selon des lois que l'on ne sait plus révoquer, parce que la machine est lancée et ne s'arrête plus...
D'où un nouvel idéalisme : Construire un monde sans argent. Remarquons que cela est déjà observé dans certaines sociétés. Outre les peuples primitifs, il existe de petites "utopies" fondées sur le troc ou le don gratuit. Pourquoi donc ne pourrait-on le proposer à une plus grande échelle ? Cela devrait, je pense, commencer par la construction d'un tel système sur un territoire vierge (ou au sortir d'une tyrannie ou anarchie chaotique, mais il faudrait alors leur laisser le choix, et de toute façon, il sera difficile de faire adopter ce système nouveau sans l'exemple préalable de sa réussite.), puis par la preuve de sa réussite, enfin par son développement à l'échelle mondiale. Contrairement à ce qui se passa dans le monde communiste, il devra permettre le mieux possible l'indépendance des Etats ainsi transformés et ne devra jamais oublier que s'il est le cœur de la "révolution", il est éphémère et devra disparaître finalement, parce qu'un enjeu du programme est de sauvegarder les cultures, et lui n'est qu'un oisillon, plus jeune encore que l'Allemagne ou même les Etats-Unis...


Dernière édition par Rêveur le Dim 30 Mar 2014 - 20:24, édité 2 fois

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Message par poussbois Sam 29 Mar 2014 - 13:36

Voracité, rapacité, avarice... même (voire surtout) dans des périodes d'abondance ces sentiments sont largement exacerbés dans notre espèce. Je ne crois pas que l'apparition de l'argent ait changé quoi que ce soit. Un psychanaliste (que je retrouverai mais pas maintenant, je suis à la bourre) pensait que c'était à l'apparition du capitale, et donc de la dote, qu'on a permis à ces sentiments de prendre le pouvoir. Ca n'a rien à voir à mon sens avec l'aspect primitif décrit par Rousseau (qui défichait un terrain nouveau, une problématique de l'homme originel dont il n'avait pas les avancées sociologique dont nous disposons).

Je distinguerai donc plutôt les sociétés du don, du cadeau, et celle de la dote et du capital.

Pour le don, il faut aller chercher bien loin, dans des sociétés où toi et moi aurions bien du mal à vivre.

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Message par Rêveur Sam 29 Mar 2014 - 15:33

poussbois a écrit:Je ne crois pas que l'apparition de l'argent ait changé quoi que ce soit.
En effet, je le pense aussi. Relisez mon propos. C'est pour exprimer cela que j'ai introduit Rousseau. Vous semblez d'ailleurs en convenir par la suite :
poussbois a écrit:Ça n'a rien à voir à mon sens avec l'aspect primitif décrit par Rousseau
Sinon :
poussbois a écrit:Voracité, rapacité, avarice... même (voire surtout) dans des périodes d'abondance ces sentiments sont largement exacerbés dans notre espèce.
Libre à vous de le penser. Si vous parlez ainsi uniquement de l'Homme policé, je reconnais que l'avarice est aujourd'hui très forte et représentée. D'ailleurs, elle est même aujourd'hui prônée par la société de consommation... Je pense pourtant qu'il y a moyen de détruire cette perversion de la nature humaine. Si vous pensez qu'en fait, l'Homme est par nature avare, je ne peux que marquer mon opposition, en bon rousseauiste.
poussbois a écrit:Pour le don, il faut aller chercher bien loin, dans des sociétés où toi et moi aurions bien du mal à vivre.
Et pourquoi non ?
Là encore, Rousseau a son mot à dire :
note de Rousseau dans la première partie de son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes a écrit:Quoi donc ? Faut-il détruire les sociétés, anéantir le tien et le mien et retourner vivre dans les forêts avec les ours ? Conséquence à la manière de mes adversaires, que j'aime autant prévenir que de leur laisser la honte de la tirer. O vous, à qui la voix céleste ne s'est point fait entendre et qui ne reconnaissez pour votre espèce d'autre destination que d'achever en paix cette courte vie, vous qui pouvez laisser au milieu des villes vos funestes acquisitions, vos esprits inquiets, vos cœurs corrompus et vos désirs effrénés, reprenez, puisqu'il dépend de vous, votre antique et première innocence ; allez dans les bois perdre la vue et la mémoire des crimes de vos contemporains et ne craignez point d'avilir votre espèce, en renonçant à ses lumières pour renoncer à ses vices. Quant aux hommes semblables à moi dont les passions ont perdu pour toujours l'originelle simplicité, qui ne peuvent plus se nourrir d'herbe et de gland, ni se passer de lois et de chefs, ceux qui furent honorés dans leur premier père de leçons surnaturelles, ceux qui verront dans l'intention de donner d'abord aux actions humaines une moralité qu'elles n'eussent de longtemps acquise, la raison d'un précepte indifférent par lui-même et inexplicable dans tout autre système ; ceux, en un mot, qui sont convaincus que la voix divine appela tout le genre humain aux lumières et au bonheur des célestes intelligences, ceux-là tâcheront, par l'exercice des vertus qu'ils s'obligent à pratiquer en apprenant à les connaître, à mériter le prix éternel qu'ils en doivent attendre ; ils respecteront les sacrés liens des sociétés dont ils sont les membres ; ils aimeront leurs semblables et les serviront de tout leur pouvoir ; ils obéiront scrupuleusement aux lois et aux hommes qui en sont les ministres, ils honoreront surtout les bons et sages princes qui sauront prévenir, guérir ou pallier cette foule d'abus et de maux toujours prêts à nous accabler, ils animeront le zèle de ces dignes chefs, en leur montrant sans crainte et sans flatterie la grandeur de leur tâche et la rigueur de leur devoir ; mais ils n'en mépriseront pas moins une constitution qui ne peut se maintenir qu'à l'aide de tant de gens respectables qu'on désire plus souvent qu'on ne les obtient et de laquelle, malgré tous leurs soins, naissent toujours plus de calamités réelles que d'avantages apparents.

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Message par neopilina Sam 29 Mar 2014 - 16:18

Nécessité et convention, sans problème, c'est très pratique. Le vrai problème, comme pour tout le reste, étant le Sujet. On parle de liberté ailleurs, " vouloir " est " naturel ", mais je bride mon " naturel ", dés le moment où c'est aux dépens de l'Autre, de l'Animal ( Sauf domestique, fait pour satisfaire mes envies, le sujet du fil n'étant pas le végétarisme. ) et de la Biosphère ( Là, c'est dur, les voitures électriques, c'est pas encore donné, mais je fais tout ce que je peux. ).  lol!  .

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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
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Message par Rêveur Sam 29 Mar 2014 - 16:33

neopilina a écrit:Nécessité et convention, sans problème, c'est très pratique.
Ah mais non ! Vous avez ici raison, mais vous auriez tout de même pu comprendre, à mes propos, que je me demandais en fait si l'argent était absolument nécessaire ou si l'on pouvait imaginer le monde autrement...
...Souhaiteriez-vous que je renomme l'intitulé de mon sujet ?

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