Séduction
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Séduction
Monologue sur la séduction (1)
« J’aime, et j’ignore, comment et pourquoi ? J’ignore qui est-elle ? Je n’en sais rien ! L’amour et de n’en savoir rien ! »
Je sors, les choses et les gens passent devant moi, et moi aussi je passe devant les choses et les gens. Cela passe depuis que j’existe au monde, mais je ne suis pas indifférent ! Des événements me choquent et touchent négativement mon goût à la vie, d’autres au contraire me donnent l’appétit ou plutôt la joie pour continuer mon parcours dans la vie. Une antinomie qui oppose le désenchantement à l’enchantement. Le réel est-il beau ou est-il laid ? Il est les deux à la fois même ! Il y a un fil très mince qui me retient dans cette antinomie, c’est la séduction ! C’est au moment même où je réalise le coté laid du réel que d’autres choses séduisantes viennent me soutenir et me fassent voir l’enchantement dans ce réel ! La séduction est l’élément qui me retient à la vie.
Qu’est ce donc la séduction ? Il est vain de la définir ! Parce qu’elle est indéfinissable ! Et pourtant elle est là, je la sens et elle active ma vie. Écoutant un très beau morceau de la musique, je sens la joie où le chagrin, et cela me fait vivre un beau moment où toute mon âme et tout mon corps chantent l’hymne discrète de la vie : Mon cœur bat en voyant une femme ! Pourquoi ? Je n’en sais jamais rien ! Pourquoi celle là et pas une autre ou beaucoup d’autres ? Je n’en sais rien ? Inutile même de vouloir le savoir ! C’est irrationnel ! J’adore, mon cœur bat fort et même un instant de panique générale et je n’en sais toujours pas pourquoi ! Pourquoi exactement cette femme me fait cet effet ? Où pourquoi exactement ce morceau de musique ? Pourquoi exactement un tel morceau d’art et pas d’autre ? C’est irrationnel !
Il y a une danse diabolique, un ballet fantastique entre l’irrationnel et la séduction ! Un mariage sournois et agressif mais terriblement beau ! Sournois dis-tu et agressif ? Oui, mortel même ! Toute séduction comporte vie et mort. La séduction est un risque ! Être séduit c’est être déjà fragile et au seuil de la mort ! La séduction porte un danger de mort, mais elle est essentiel pour la vie, et c’est là son caractère antinomique : Fondamentale pour la vie tout en comportant risque de mort ! Si bien qu’une séduction qui ne comporte pas un danger de mort ne peut jamais être une séduction ! N’est-il pas trop risqué d’être amoureux ? Les liaisons fatales et dangereuses de Laclos en est une démonstration. Je suis amoureux, je suis donc presque mort.
La séduction est déstabilisation, un décentrement de la force comme de la raison, être amoureux c’est être déstabilisé et décentré de soi-même. C’est pourquoi seules les fortes âmes sont capables d’aimer et d’être amoureux. Les fragiles n’aiment jamais, ils fuient l’amour, car ils n’en sont pas dignes. Ainsi, un amoureux (se) est déjà un héros ! Un(e) héros n’abandonne jamais, il est trop fort pour accepter d’abandonner.
Achille a été averti par sa mère, que sa participation dans la guerre de Troie sera pour lui un trophée majeur qui le fera régner dans l’histoire, mais il y a un sérieux danger de mort, et pourtant il n a pas hésité à y participer, parce qu’il est un héros qui ne recule devant rien. Ainsi, la séduction est notre DESTIN !
Séduction et mille nuits (2)
Raconte-moi un très beau récit ou je te tue ! Voilà ce que le roi Chahrayar a imposé comme loi pour se venger des femmes, lui qui fut choqué de voir sa femme le « trahir » ; c’est le principe qu’il annonce pour venger sa virilité trahie et humiliée. Chahrayar le roi, n’a jamais pensé qu’il peut être « trahi ». Il croyait qu’être un roi rend impénétrable sa virilité ! Mais quoi ? Comment oserait-on toucher le vagin qui appartient exclusivement à un roi ? Mais il ne savait pas que les questions du cœur, de l’âme et du corps ne sont jamais exclusives ! Il créa alors ce terrible principe : « Je t’épouse mais pendant la nuit tu me racontes un très beau récit, sinon à l’aube je te tue ! » Ainsi des dizaines de femmes meurent chaque nuit puisqu’elles acceptent cette condition mortelle, sous l’effet d’une envie séductrice, celle d’être la femme d’un roi, croyant chacune que sa beauté la sauvera de la mort ! Chahrazad, la fille du ministre, décida de mettre fin à ce massacre, elle se présenta devant le roi Chahrayar pour tenter sa chance, il l'épousa.
Une confrontation tragique : D’une part un roi blessé terriblement n’ayant que l’envie de se venger des femmes, il est devenu un tueur selon ce principe fatal : Raconte-moi un très beau récit ou je te tue ! D’autre part une femme n’ayant qu’un récit à raconter pour se sauver et sauver les autres femmes, elle est tuée d'avance !
Chahrazad commença son récit le soir jusqu’à l’aube, mais son récit ne se termine jamais et tellement enchainé d’histoires séduisantes, si bien qu’en s’arrêtant à l’aube, le roi Chahrayar se trouve obligé de la laisser en vie pour apprendre le reste du récit si séduisant qu’il la laisse en vie. Ainsi les milles et nuit passèrent sans que le roi ne s’aperçoive que son principe mortel est tourné contre lui, la magie tourne contre le magicien ! Il est maintenant le tué et elle la tueur : Tout se passe dans l’élément de la séduction ! Qui séduit qui ? C’est là où se jouent la vie et la mort.
Après les milles et une nuit Chahrayar s’aperçoit qu’il a déjà trois enfants avec Chahrazad, il ne peut donc pas la tuer, étant la maman de ses trois fils ! Là encore un autre élément de la séduction : Une mère et ses trois fils peuvent-ils être condamnés ? Ainsi Chahrazad se sauva et sauve avec elle une autre dizaine de femmes qui n’auraient pas su séduire le roi Chahrayar. La séduction s’avère ici une arme aussi redoutable qu’une armée d'un roi !
Séduction: présence et absence (3)
La séduction a bien son effet à la fois terrible et beau, et pourtant, il nous est difficile de définir où se concrétise-elle ? Comment agit-elle ? Est-elle d'ordre spirituel ou matériel ? En fait, elle ne se définit nulle part, elle ne se concrétise sous aucune forme, elle n'est ni d'ordre matériel ni d'ordre spirituel. Et malgré cela elle est ! Mais on ne la connait que par son effet sur le corps et sur l'âme !
Il est vain d'aller chercher d'où elle vient et comment elle vient. Ce n'est que par ses traces tant tôt fatales, tant tôt enchantées qu'on connaisse et qu'on touche sa présence, ou plutôt son passage discret: C'est dans les yeux d'un amoureux, ses souffrances, sa défaillance ou plutôt son bonheur que l'on la voit. Dans le chagrin criant l'envie de mourir ou dans la joie criant le trophée que l'on la sent.
Ce n'est pas par hasard que des romanciers et poètes ont écrit pour décrire ce qui est faste ou néfaste dans les effets terribles de la séduction. Dans toutes les cultures, de longs et beaux écrits ont été réalisés pour parler d'elle avec ce qu'elle a de particulier, c'est à dire, son aspect silencieux, insidieux, occulte ou manifeste jusque dans les limites de la folie. La séduction n'est pas matérielle, mais en même temps elle a des effets matériels; elle n'est pas spirituelle, mais elle a bien des retombées spirituelles. Elle peut subvenir à n'importe quel moment, lorsqu'on la croit absente elle peut être présente, et lorsqu'on la croit présente elle peut disparaitre brusquement.
Seulement, peut-on vivre sans elle ? La vie serait une galère de roche sans elle ! On ne peut pas vivre sans elle, elle est notre destin ineffaçable comme disait Baudrillard.
TRIBAK AHMED« J’aime, et j’ignore, comment et pourquoi ? J’ignore qui est-elle ? Je n’en sais rien ! L’amour et de n’en savoir rien ! »
Je sors, les choses et les gens passent devant moi, et moi aussi je passe devant les choses et les gens. Cela passe depuis que j’existe au monde, mais je ne suis pas indifférent ! Des événements me choquent et touchent négativement mon goût à la vie, d’autres au contraire me donnent l’appétit ou plutôt la joie pour continuer mon parcours dans la vie. Une antinomie qui oppose le désenchantement à l’enchantement. Le réel est-il beau ou est-il laid ? Il est les deux à la fois même ! Il y a un fil très mince qui me retient dans cette antinomie, c’est la séduction ! C’est au moment même où je réalise le coté laid du réel que d’autres choses séduisantes viennent me soutenir et me fassent voir l’enchantement dans ce réel ! La séduction est l’élément qui me retient à la vie.
Qu’est ce donc la séduction ? Il est vain de la définir ! Parce qu’elle est indéfinissable ! Et pourtant elle est là, je la sens et elle active ma vie. Écoutant un très beau morceau de la musique, je sens la joie où le chagrin, et cela me fait vivre un beau moment où toute mon âme et tout mon corps chantent l’hymne discrète de la vie : Mon cœur bat en voyant une femme ! Pourquoi ? Je n’en sais jamais rien ! Pourquoi celle là et pas une autre ou beaucoup d’autres ? Je n’en sais rien ? Inutile même de vouloir le savoir ! C’est irrationnel ! J’adore, mon cœur bat fort et même un instant de panique générale et je n’en sais toujours pas pourquoi ! Pourquoi exactement cette femme me fait cet effet ? Où pourquoi exactement ce morceau de musique ? Pourquoi exactement un tel morceau d’art et pas d’autre ? C’est irrationnel !
Il y a une danse diabolique, un ballet fantastique entre l’irrationnel et la séduction ! Un mariage sournois et agressif mais terriblement beau ! Sournois dis-tu et agressif ? Oui, mortel même ! Toute séduction comporte vie et mort. La séduction est un risque ! Être séduit c’est être déjà fragile et au seuil de la mort ! La séduction porte un danger de mort, mais elle est essentiel pour la vie, et c’est là son caractère antinomique : Fondamentale pour la vie tout en comportant risque de mort ! Si bien qu’une séduction qui ne comporte pas un danger de mort ne peut jamais être une séduction ! N’est-il pas trop risqué d’être amoureux ? Les liaisons fatales et dangereuses de Laclos en est une démonstration. Je suis amoureux, je suis donc presque mort.
La séduction est déstabilisation, un décentrement de la force comme de la raison, être amoureux c’est être déstabilisé et décentré de soi-même. C’est pourquoi seules les fortes âmes sont capables d’aimer et d’être amoureux. Les fragiles n’aiment jamais, ils fuient l’amour, car ils n’en sont pas dignes. Ainsi, un amoureux (se) est déjà un héros ! Un(e) héros n’abandonne jamais, il est trop fort pour accepter d’abandonner.
Achille a été averti par sa mère, que sa participation dans la guerre de Troie sera pour lui un trophée majeur qui le fera régner dans l’histoire, mais il y a un sérieux danger de mort, et pourtant il n a pas hésité à y participer, parce qu’il est un héros qui ne recule devant rien. Ainsi, la séduction est notre DESTIN !
Séduction et mille nuits (2)
Raconte-moi un très beau récit ou je te tue ! Voilà ce que le roi Chahrayar a imposé comme loi pour se venger des femmes, lui qui fut choqué de voir sa femme le « trahir » ; c’est le principe qu’il annonce pour venger sa virilité trahie et humiliée. Chahrayar le roi, n’a jamais pensé qu’il peut être « trahi ». Il croyait qu’être un roi rend impénétrable sa virilité ! Mais quoi ? Comment oserait-on toucher le vagin qui appartient exclusivement à un roi ? Mais il ne savait pas que les questions du cœur, de l’âme et du corps ne sont jamais exclusives ! Il créa alors ce terrible principe : « Je t’épouse mais pendant la nuit tu me racontes un très beau récit, sinon à l’aube je te tue ! » Ainsi des dizaines de femmes meurent chaque nuit puisqu’elles acceptent cette condition mortelle, sous l’effet d’une envie séductrice, celle d’être la femme d’un roi, croyant chacune que sa beauté la sauvera de la mort ! Chahrazad, la fille du ministre, décida de mettre fin à ce massacre, elle se présenta devant le roi Chahrayar pour tenter sa chance, il l'épousa.
Une confrontation tragique : D’une part un roi blessé terriblement n’ayant que l’envie de se venger des femmes, il est devenu un tueur selon ce principe fatal : Raconte-moi un très beau récit ou je te tue ! D’autre part une femme n’ayant qu’un récit à raconter pour se sauver et sauver les autres femmes, elle est tuée d'avance !
Chahrazad commença son récit le soir jusqu’à l’aube, mais son récit ne se termine jamais et tellement enchainé d’histoires séduisantes, si bien qu’en s’arrêtant à l’aube, le roi Chahrayar se trouve obligé de la laisser en vie pour apprendre le reste du récit si séduisant qu’il la laisse en vie. Ainsi les milles et nuit passèrent sans que le roi ne s’aperçoive que son principe mortel est tourné contre lui, la magie tourne contre le magicien ! Il est maintenant le tué et elle la tueur : Tout se passe dans l’élément de la séduction ! Qui séduit qui ? C’est là où se jouent la vie et la mort.
Après les milles et une nuit Chahrayar s’aperçoit qu’il a déjà trois enfants avec Chahrazad, il ne peut donc pas la tuer, étant la maman de ses trois fils ! Là encore un autre élément de la séduction : Une mère et ses trois fils peuvent-ils être condamnés ? Ainsi Chahrazad se sauva et sauve avec elle une autre dizaine de femmes qui n’auraient pas su séduire le roi Chahrayar. La séduction s’avère ici une arme aussi redoutable qu’une armée d'un roi !
Séduction: présence et absence (3)
La séduction a bien son effet à la fois terrible et beau, et pourtant, il nous est difficile de définir où se concrétise-elle ? Comment agit-elle ? Est-elle d'ordre spirituel ou matériel ? En fait, elle ne se définit nulle part, elle ne se concrétise sous aucune forme, elle n'est ni d'ordre matériel ni d'ordre spirituel. Et malgré cela elle est ! Mais on ne la connait que par son effet sur le corps et sur l'âme !
Il est vain d'aller chercher d'où elle vient et comment elle vient. Ce n'est que par ses traces tant tôt fatales, tant tôt enchantées qu'on connaisse et qu'on touche sa présence, ou plutôt son passage discret: C'est dans les yeux d'un amoureux, ses souffrances, sa défaillance ou plutôt son bonheur que l'on la voit. Dans le chagrin criant l'envie de mourir ou dans la joie criant le trophée que l'on la sent.
Ce n'est pas par hasard que des romanciers et poètes ont écrit pour décrire ce qui est faste ou néfaste dans les effets terribles de la séduction. Dans toutes les cultures, de longs et beaux écrits ont été réalisés pour parler d'elle avec ce qu'elle a de particulier, c'est à dire, son aspect silencieux, insidieux, occulte ou manifeste jusque dans les limites de la folie. La séduction n'est pas matérielle, mais en même temps elle a des effets matériels; elle n'est pas spirituelle, mais elle a bien des retombées spirituelles. Elle peut subvenir à n'importe quel moment, lorsqu'on la croit absente elle peut être présente, et lorsqu'on la croit présente elle peut disparaitre brusquement.
Seulement, peut-on vivre sans elle ? La vie serait une galère de roche sans elle ! On ne peut pas vivre sans elle, elle est notre destin ineffaçable comme disait Baudrillard.
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