J'aime/j'aime pas

[Courtial]

Jeu de création litttéraire : j'aime, j'aime pas.
Les règles : faire une liste de ce que l'on aime ou n'aime pas, la rédiger après selon un ordre choisi (mais inconnu), et s'interdire les explications. Ou, pour la perfection de l'exerice, en donner une ou deux, mais de préférence absurde et à accommoder au rythme de la phrase.

Je donne un modèle, le mien :

J'AIME :
Les Belges et les Québéquois, Lino Ventura et Isabelle Huppert, les parties de tarot le soir après la plage, la Gaspésie, le Chorey-les-Beaune, toute la cuisine orientale, New York et Berlin, le magret de canard, ceux qui se lèvent tard et à qui l'avenir n'appartient pas, les femmes qui fument, celles qui jurent.

JE N'AIME PAS :
Les tapis, Bernard Tapie, la viande de veau, les publicités pour l'automobile, les animateurs de la télé, les disques de musique de films, les grains ou les miettes dans le lit, ceux qui se lèvent plus tôt pour que l'avenir leur appartienne, la corrida, les radins.

[victor.digiorgi]

.

J'AIME :

La philosophie.


JE N'AIME PAS :

La philosophie.

.

[Aldo]

J'aime :
La parité. Les réponses. La tolérance. L'écoute.

J'aime pas :
Les rapports de force, de pouvoir. La frime.

[poussbois]

J’aime
L’odeur des marrons cuits au feu de bois, les plats familiaux d’hiver, lire, la nostalgie des amis perdus, mon fusil de chasse sous-marine, nager, partir à l’aventure loin de chez moi, les chaudes soirées d’été en Normandie, la couleur de l’herbe au soleil couchant, courir devant une averse en sachant qu’elle est la plus rapide, la ratatouille réchauffée, me perdre.

J’aime pas

Noël, perdre mon temps, écouter des discussions débiles, être obligé de participer à des discussions débiles, la betterave (à tel point que je me suis pris à détester ceux qui cuisinaient avec bonheur cette horreur), perdre des amis de vue, être loin de chez moi, renverser mon bol le matin au petit déjeuner (au même rang que la betterave), les disputes, ne plus rien avoir à lire, pire, ne plus avoir envie de lire, faire toujours le même chemin.

[Bergame]

J'aime

Partir, être étranger, découvrir, être séduit, les gens qui savent en garder sous la pédale, la chaleur humide sur le tarmac, apprendre, observer, la confiance, l'élégance, faire rire, trouver le mot juste, faire plusieurs choses en même temps, la proximité intellectuelle, Prague, mon père, le cinéma, les enfants que je n'ai pas, l'avenir, la stratégie, certains souvenirs, le chemin parcouru, l'orage, la langue de bœuf, marcher, jouer.


Je n'aime pas

Le cynisme, mon autarcie, ma dépendance, mon incapacité à construire, ne pas être compris, le chantage, les endives, mon manque de mémoire, la condescendance, la pusillanimité, la Promenade des Anglais, la ville où j'ai grandi, le manque de contrôle, la superficialité, la fin, perdre, grossir, ma mère, rester.

[poussbois]

Je crois que c'est Desproges qui parle très bien des endives.

[neopilina]

C'est vrai que ça fait exercice littéraire : ça ne vient pas tout seul !    .

Bon, en attendant ma mouture, juste pour ... rigoler, mais totalement, rigoureusement vrai : j'aime bien la viande de veau ( Le mec qu'aime pas le veau n'a pas gouté le navarin de ma femme ! ), les betteraves ( On en plante même ! ) et les endives !

P.S. Bande de barbares !

[poussbois]

C'est trop bien ce petit jeu, ça donne même envie d'y retourner.

J'aime
l'odeur métallique du béton chaud après les premières pluies, se comprendre à demi-mot, le cynisme, la vigilance, les gens durs, être fort à plusieurs, me gratter quand ça me gratte, les surprises, les petits accident pas grave, le babillage, les bavards qui ne s'écoutent pas parler, les frustes,
d'une manière générale tout ceux qui jouent leur vie sans état d'âme.

j'aime pas
les gens sérieux, les cravates, me raser le matin,  qu'on me souhaite ma fête, me couper en me rasant le matin, qu'on me souhaite mon anniversaire, les anniversaires et toutes les fêtes à date fixe, le bruit, le verbiage, les prétentieux qui s'écoutent parler, les cyniques,
d'une manière générale tout ceux qui croient en leur jeu sans savoir que c'est leur vie.

[euthyphron]

J'aime Sonic Youth, le bruit d'une bouteille qu'on débouche, l'odeur du café, apprendre à mourir par la lecture du Vicomte de Bragelonne, les subtils, trouver des champignons, la fierté des humbles, jouer aux cartes, la pudeur de taire l'essentiel.
Je n'aime pas l'UMP, le machisme, les scientistes, la famille Drucker, le mois de janvier, le bortsch, Miss France, la malhonnêteté intellectuelle.

[Courtial]

Noël, perdre mon temps, écouter des discussions débiles, être obligé de participer à des discussions débiles, la betterave (à tel point que je me suis pris à détester ceux qui cuisinaient avec bonheur cette horreur), perdre des amis de vue, être loin de chez moi, renverser mon bol le matin au petit déjeuner (au même rang que la betterave),

J'avais oublié la betterave. Mais c'est peut-être parce que cela relève d'autre chose : ça devrait carrément être interdit. Il n'est plus tolérable, de nos jours, d'accepter que l'on torture ainsi le genre humain.
On interdit bien les OGM, pourquoi pas la betterave, autrement plus dangereuse ?
Elle a déjà terrorisé ma mère : suite à ses séjours prolongés dans les Instituts et les cantines scolaires, elle a contracté une dégoûtation de la betterave (elle n'en a pas touché une depuis 60 ans).
Ce même système terroriste (pour la nourriture des générations qui me concernent) s'est abattu sur moi par la suite, avec la même force de nuisance gustative.

Je crois que c'est la betterave qui m'a définitivement préservé des maladies de vieux, comme le "c'était mieux avant", la nostalgie et l'antiquaillerie.
Certes, il y avait les gâteaux marbrés et je ne sais plus quelle préparation chocolatée dont ma mère ne se souvient plus de la recette, quand on revenait de promenade ou de la plage le dimanche, et que l'on faisait, en lieu de dîner, un grand déjeuner.
Certes, mais il y avait aussi, à la cantoche, les betteraves.

La betterave m'a aussi sauvé des risques de tomber dans le sectarisme politique. Mes lectures, comme Rousseau, Marx, auraient pu me pousser à l'utopisme. Mais j'ai vite compris que "l'état de nature" de Rousseau ou la "société sans classes" de Marx, si j'essayais de me les représenter, je n'étais plus sûr s'il faudrait de la propriété, pas de propriété, un Etat, pas d'Etat, des catégories sociales marquées ou non, etc. Et je m'y perdais.
Mais il est certain qu'il s'agissait de mondes dans lesquels il n'y a point de betteraves.

[neopilina]

... Dans un premier temps, je suis resté coi. Ce qui, le plus souvent, ne dure pas très longtemps, s'pas,     . Ca me rappelle un bouquin, la traduction à la virgule près d'une histoire du Parti Bolchévique par lui-même, comme il se doit, des années trente. " Langue de bois " ? Non, pire, on s'en doute bien, aussi assommant qu'un coup de marteau, en se levant après une telle lecture, on en titubait carrément.
Exclure radicalement l'Autre, ou comment le forcer à la guerre. Mais celle-là ne sera que picrocholine !      .

[Bergame]

J'aime Sonic Youth

Nooon ?? Ben ça !

d'une manière générale tout ceux qui croient en leur jeu sans savoir que c'est leur vie.

J'aime   

[neopilina]

d'une manière générale tout ceux qui croient en leur jeu sans savoir que c'est leur vie.
J'aime   

C'est à ce moment précis que Galilée aurait dit : " Et pourtant elle tourne " !     .

[hks]

J'avais oublié la betterave

. On est deux. Je déteste les betteraves.
C' est aussi Perec ce jeu là .

Un à la manière de Perec, hilarant car excellemment joué par Dominique Pinon dans un court métrage de jeunet  qui est ICI
https://www.dailymotion.com/video/x4u2n_foutaises-jean-pierre-jeunet_shortfilms

[hks]

Sinon Perec c' est là

http://www.desordre.net/textes/bibliotheque/auteurs/perec/aime.htm

[neopilina]

Merci hks, le court-métrage est une petite pépite !
Ceci dit le coté littéraire de l'exercice ne fait plus aucun doute : je n'y arrive pas !    . A moins d'y travailler, laborieusement, ce qui confirme la chose.

[Courtial]

J'aime Sonic Youth, le bruit d'une bouteille qu'on débouche, l'odeur du café, apprendre à mourir par la lecture du Vicomte de Bragelonne, les subtils, trouver des champignons, la fierté des humbles, jouer aux cartes, la pudeur de taire l'essentiel.
Je n'aime pas l'UMP, le machisme, les scientistes, la famille Drucker, le mois de janvier, le bortsch, Miss France, la malhonnêteté intellectuelle.

J'ai regardé en partie la cérémonie des Miss,où il semble qu'il y a un net tournant intellectualiste.
Ma fille (16 ans) avec qui je regardais (en zapant) le spectacle me l'a dit : elle se délectait déjà de l'idée de regarder cela pour se foutre de la gueule de ces connasses, et elle m'a dit que ce n'était même pas drôle, parce qu'elles ne disaient pas de conneries.
(C'est ma fille, les chiens ne font pas des chats, etc. , elle voulait surtout voir le spectacle pour pouvoir se foutre de leur gueule).
Nous avons eu plus de réticence sur la joliesse. Jolies filles, mais sans plus.
Disparition quasi totale des moments qui font valoir la beauté, et insistance sur les qualités morales et intellectuelles.
Je rassure les inquiets : la force intellectuelle et morale n'ira pas au-delà du fait d'affirmer qu'on aime les animaux, les enfants, et sa grand'mère. On n'affole pas la ménagère de plus de 50 ans : OK, j'ai un plus beau cul que toi, mais, comme toi, j'aime ma mère et la Patrie.
Et par ailleurs il est tout à fait vrai qu'il faut aimer les enfants et prendre de soin des phoques et de sa grand'mère.

Mais bref, il y a une dérive intellectualiste sur les Miss, peut-être sous la houlette de Sylvie Tellier, qui est une jolie fille, mais peut-être plus intello qu'il faudrait, etc.

[Bergame]

Sylvie Tellier peut-être, mais en la matière, la nouvelle Directrice Générale me semble surtout la missionnaire d'Endémol. Je crois que le changement de perspective, la rupture avec la paillardise pigallesque qui régnait jusqu'alors, elle commence avec le rachat de la société Miss France par le groupe d'origine néerlandaise -et on sait combien, en ces terres conquises sur la mer, le rigorisme moral est répandu. Mme Tellier a sans doute introduit une exigence plus élevée quant à l'éducation et les bonnes manières, ce qui nous vaut aujourd'hui un spectacle des plus décents, à regarder en famille, susceptible d'exalter chez les adolescentes les aspirations les plus nobles. Mais je crois que l'inspiration en revient d'abord et avant tout à l'esprit du défunt John de Mol, un visionnaire, pionnier de la télévision de qualité, qui a réussi le tour de force, dans tout ce qu'il a entrepris, d'associer le succès public et l'intransigeance pédagogique.

[Courtial]

Sion Perec c' est là

http://www.desordre.net/textes/bibliotheque/auteurs/perec/aime.htm

C'est vrai, j'avais oublié de rendre à César.
Il y a bien longtemps, j'en avais fait un jeu de société : Calculez votre QP, quotient de péréquisme. Je distribuais la liste, il fallait mettre des croix sur les accords et les désaccords avec Pérec (en laissant de côté les indifférents) et on établissait un pourcentage qui donnait votre taux de pérecité.

Sylvie Tellier peut-être, mais en la matière, la nouvelle Directrice Générale me semble surtout la missionnaire d'Endémol. Je crois que le changement de perspective, la rupture avec la paillardise pigallesque qui régnait jusqu'alors, elle commence avec le rachat de la société Miss France par le groupe d'origine néerlandaise -et on sait combien, en ces terres conquises sur la mer, le rigorisme moral est répandu.

Ah ? Je l'ignorais. Il est vrai que s'il y a du néerlandais faux-derche là dessous, je ne dirais pas que tout s'explique, mais on comprend mieux.

[poussbois]

Sonic Youth, le meilleur groupe de rock du monde ! Et Mildred Pierce, le meilleur titre de rock de tout les temps pendant... 1'30. Les 45" restantes restent le pire des Sonics. Il est confirmé (expérience vécue par mon frère, autre affidé du groupe) qu'ils sont capables de faire 1:30 de concert en version Grand N'Importe Quoi inécoutable...

J'aime

La table de Mendeleev, Sonic Youth aussi, le steack, les crétineries à la télé (mais pas trop longtemps, c'est un question de dosage), la symphonie n°2 de Mahler dirigée par P. Boulez, Debussy et Ravel, R. Strauss, me dire que des bestioles de 3mm sont capables de voler et de se reproduire.

J'aime pas

Ceux qui n'aiment pas Camus, ceux qui aiment les auteurs à la mode, les auteurs à la mode sauf les bons, les chewing-gums surtout les trop gros, le décalage horaire, me dire que la téléportation ça ne peut pas exister, avoir du poil qui me pousse dans les oreilles, P. Boulez.

[hks]

J'aime pas
Ceux qui n'aiment pas Camus,

  moi aussi ...encore que je n'aime pas nécessairement tout ceux qui aiment Camus.

[Bergame]

Et alors vous connaissez Jesus and Mary Chain aussi ? Et My Bloody Valentine ?
Ca me rappelle une discussion épique avec le petit jeunot Irrlicht, qui prétendait m'apprendre, à moi ! qu'avant JMAC et MBV, il y avait SY ! Non mais n'importe quoi !  

[neopilina]

Ze récapitule : Sonic youth, JMAC, MBV et SY : connais pas !! J'ai été aux abonnés absents, un certain temps ? Affirmatif mon colonel,    .

[Aldo]

La betterave, il faut l'adoucir... avec de la patate par exemple, et juguler son goût un peu trop fort avec des épices ou des herbes. La coriandre par exemple fait très bon ménage avec la betterave.

[neopilina]

La betterave, il faut l'adoucir... avec de la patate par exemple, et juguler son goût un peu trop fort avec des épices ou des herbes. La coriandre par exemple fait très bon ménage avec la betterave.

Laisses tomber amigo,    . Les anti-betteraves ont développé une dialectique qui ne souffre aucune discussion, genre Barbus, Soviets : ils ne laissent pas le choix, le dialogue est impossible. On est contraint à la guerre, à la légitime défense. Je mange les betteraves seules avec une vinaigrette épicée à souhait, c'est somptueux. Hors de portée de ces Barbares.

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