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La politique

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Message par Tenzin Dorje Ven 21 Sep 2007 - 9:35

De tous les sujets possibles, « la politique » me semble le plus difficile à cerner. Immense qu'il est, je ne me sens pas capable de longer même ses frontières. Comment alors pourrais-je vous restituer la forme du « continent politique » ?

La politique relève-t-elle de « l'énonciation des normes d'une psychologie des masses », de « l'organisation du pouvoir dans l'État », de « la réglementation des relations et l'articulation des personnes morales et physiques », de « la constitution d'un corps social », de « l'alimentation d'un appareil qui véhicule les votes et les décisions de différents acteurs sociaux » ?[...] Quels sont ses objets, quel est son terrain ? Son terrain – son cadre, sa place – ne dépasse-t-il pas celui de la rencontre ? Sachant qu'il existe de nombreuses modalités relationnelles : rencontre, rupture, absence, distance. Auxquelles prétend-elle commander ?
Qui ne sait pas dessiner même les contours du continent politique me désole si il est engagé. Ça signifiera seulement qu'il est au beau milieu d'un continent dont il ne connait ni la forme, ni la superficie, ni les autres caractéristiques tant démographiques que géographiques et géologiques. Que l'engagé, l'homme qui sait dire Oui et Non et qui a un avis sur tout, s'il n'est pas mauvais en dessin, m'en fasse un croquis !



{Edit}

Tiens, ce que je préfère encore, c'est « la politique comme théâtre public ». Il ne me reste qu'à étudier à fond ce qu'est le théâtre.


Dernière édition par le Mer 26 Sep 2007 - 9:04, édité 1 fois

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Message par Bergame Ven 21 Sep 2007 - 20:54

Balandier -entre bien d'autres- a écrit des choses intéressantes sur le politique comme mise en scène. C'est typiquement une approche d'anthropologie politique, d'ailleurs. Il y a Clifford Geertz aussi, par exemple.

Mais d'abord rebondir sur la question de l'engagement : Il me semble qu'une des conditions de l'engagement est justement l'absence de topographie, du moins de connaissance. Car il me semble que ce n'est que là où il y a ignorance qu'il y a engagement, non ? N'est-ce pas le rôle cognitif de la croyance que de se substituer à la connaissance ? Comment croire lorsqu'on sait ? Or, au fondement de tout engagement, il y a une croyance.

Quoique. Peut-être que j'introduis déjà ici une définition implicite du politique.
Car il me semble que le politique porte irréductiblement, non sur ce qui est, mais sur ce qui doit être.
Mais on pourra objecter que le politique (qu'on appellera alors peut-être la politique) peut être compris comme axiologiquement neutre : Une technique d'administration des hommes. C'est typiquement le sujet de la discussion entre "philosophes" et promoteurs de la "science politique".
En ce qui me concerne, je pense que la neutralité axiologique n'existe pas -du moins, pas en ce sens. Et qu'il n'existe pas de pratique politique qui n'ait une finalité, fut-il induit, et fut-il a minima l'ordre et la paix civile.

Cela me ramène gentiment à ta question : qu'est-ce que la politique ? Arendt répondait quelque chose comme : les formes de l'action collective humaine. Or, pas d'action, selon la définition classique, sans finalité.
Mais il est vrai aussi qu'Arendt faisait partie de ces "philosophes" du politique qui fustigeaient les "positivistes". Alors...
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Message par Pierre Rivière Lun 24 Sep 2007 - 18:41

Selon ma perspective,
La politique est le complexe des lignes de forces constitutives d'un ensemble social.
Une ligne de force se définit par son unité de mouvement.
Les lignes de forces sont les états brutes du déploiement de soi; sous-jacent aux ensembles signifiants (qui accordent sens et valeurs aux actes politique).
Ainsi, le social est entièrement politique; il est le lieu où se déploie le mouvement politique; il est l'abstraction là où le politique est le réel.

Par ailleurs, je ne suis pas vraiment engagé...
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Message par Tenzin Dorje Mer 26 Sep 2007 - 1:10

Bergame a écrit:Balandier -entre bien d'autres- a écrit des choses intéressantes sur le politique comme mise en scène. C'est typiquement une approche d'anthropologie politique, d'ailleurs. Il y a Clifford Geertz aussi, par exemple.
En tous les cas, c'est une conception assez facile à adopter quand on voit les avocasseries dans les discours des politiciens, et aussi leur costume. Bref, leur façon d'habiller, de manière générale. Comme disait mon ancien prof. de communication : "je vais vous apprendre à mettre la sauce sur les patates afin que vous puissiez les faire avaler".

Bergame a écrit:Mais d'abord rebondir sur la question de l'engagement : Il me semble qu'une des conditions de l'engagement est justement l'absence de topographie, du moins de connaissance. Car il me semble que ce n'est que là où il y a ignorance qu'il y a engagement, non ? N'est-ce pas le rôle cognitif de la croyance que de se substituer à la connaissance ? Comment croire lorsqu'on sait ? Or, au fondement de tout engagement, il y a une croyance.
Je ne suis pas sûr que les choses soient aussi simples. Brel disait "je préfère me tromper que me taire", quand il croyait sans savoir mais ce n'est pas le cas de tout le monde. D'autres préféreront se taire que se tromper : et quand ils ne sauront pas, alors il feront silence et ne s'engageront pas.

Bergame a écrit:Quoique. Peut-être que j'introduis déjà ici une définition implicite du politique.
Car il me semble que le politique porte irréductiblement, non sur ce qui est, mais sur ce qui doit être.
Mais on pourra objecter que le politique (qu'on appellera alors peut-être la politique) peut être compris comme axiologiquement neutre : Une technique d'administration des hommes. C'est typiquement le sujet de la discussion entre "philosophes" et promoteurs de la "science politique".
En ce qui me concerne, je pense que la neutralité axiologique n'existe pas -du moins, pas en ce sens. Et qu'il n'existe pas de pratique politique qui n'ait une finalité, fut-il induit, et fut-il a minima l'ordre et la paix civile.

Cela me ramène gentiment à ta question : qu'est-ce que la politique ? Arendt répondait quelque chose comme : les formes de l'action collective humaine. Or, pas d'action, selon la définition classique, sans finalité.
Mais il est vrai aussi qu'Arendt faisait partie de ces "philosophes" du politique qui fustigeaient les "positivistes". Alors...
Foucault disait n'être pas capable de proposer un model de société idéal parce qu'il ne voulait pas reproduire les schémas de notre société actuelle. Peut-être qu'effectivement, on ne peut pas non plus introduire de définition de la politique sans du même coup risquer de la charger de sens orienté ("sens" au sens de "signification" et à la fois de "direction"). Les mots qui constituent sa définition, déjà, sont un ensemble de significations qui sont loins d'être neutres.

Si les choses sont ainsi ... notre conception de la politique dépend de l'épistémé. Et je suis prêt à parier que la politique est pour beaucoup dans la constitution d'un épistémé. Donc la politique déterminerait l'épistémé, qui lui-même déterminerait notre définition de la politique. C'est le serpent qui se mord la queue, ça me fait penser à du Hegel.


Si on veut éviter ce genre de choses, il n'y a qu'une "politique" : c'est celle qui fait tabula rasa de tout et point barre (critique pour mise en lumière, lynchage de l'élément politique une fois que sa tête est bien visible).

Peter Rivière a écrit:Selon ma perspective,
La politique est le complexe des lignes de forces constitutives d'un ensemble social.
Une ligne de force se définit par son unité de mouvement.
Les lignes de forces sont les états brutes du déploiement de soi; sous-jacent aux ensembles signifiants (qui accordent sens et valeurs aux actes politique).
Ainsi, le social est entièrement politique; il est le lieu où se déploie le mouvement politique; il est l'abstraction là où le politique est le réel.

Par ailleurs, je ne suis pas vraiment engagé...
J'ai du mal à comprendre (ce vocabulaire, déjà). Surtout cette partie : "il est l'abstraction là où le politique est le réel". Dis-moi tout.



Post-Scriptum : politique vient de polis (société) et tique (l'animal).

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Message par Pierre Rivière Mer 26 Sep 2007 - 4:03

C'est juste un concept qui je me suis créé pour rendre compte de certains phénomènes. Si je l'ai appelé politique, c'est parce qu'il est proche d'une définition très simple (même simpliste) de la politique, c'est-à-dire celle des relations de pouvoirs entre des groupes humains.

Ça n'a pas spécifiquement à voir avec la politique comme phénomène de cirque électoral (vous voyez ce que je veux dire).
C'est plus près du concept de micro-pouvoirs de Foucault (quoiqu'il n'y a aucune inspiration, puisque j'ai découvert ce dernier concept par la suite).

En fait, lorsqu'on regarde un phénomène tel que l'arrestation par des policiers d'un individu ayant enfrein la "loi". Il faut voir les policiers, non pas comme un ensemble d'individus agissants séparément en vu d'un même but (bien qu'ils le soient aussi selon un autre rapport dans le langage), mais bien comme déployant une ligne de force commune et déployée par des possibilités d'actions multiples du fait qu'ils sont une multiplicité d'individus, qui ont chacun d'eux plusieurs possibilités d'actions. De son côté, l'individu qui est arrêté est aussi une ligne de force à lui seul du fait qu'il se déploie en opposition à la précédente (ligne de force), il déploit sa puissance d'action dans une direction opposée à celle des policiers. Il résiste à son arrestation.
Les policiers sont un complexe de forces (ou une ligne de force), de même que l'individu est un complexe de forces (ou une ligne de forces). Ce qui les différencies étant la direction de mouvement (dans le déploiement de leurs forces respectives).
Par exemple, si l'individu arrêté était en fait un policier sous couverture (mmh... mmh... mmh... exemple du sommet de Montebello) qui coopère à son arrestation, et bien ils participeraient tous de la même ligne de force. Toutefois, puisqu'ils dissimulent qu'ils participent effectivement à la même ligne de force, ils font semblant d'être deux.

C'est un peu comme l'esprit chez Hegel, nous sommes plusieurs individus, mais de par notre actions collective, nous participons d'un même esprit (en quelque sorte).

De plus, la condition de possibilité pour pouvoir déployer une multitude selon une même ligne de force est de faire s'exprimer en elle un même horizon de sens. Ainsi, dans l'exemple, les policiers peuvent se croire participants du sens de la justice ("au nom de la loi je vous arrête!"), du devoir, du travail, etc..., alors que le hors-la-loi (selon la situation) peut déployer le sens de l'opprimé par exemple ("c'est un abus de pouvoir", "je n'ai rien fait", etc.). C'est ce sens qui fournit la valeur de leur action commune, c'est-à-dire la raison pour laquelle nous sommes justifier d'agir ainsi. Ce sens est la cohérence qui justifient le déploiement de leur force.

La société est composé d'une multiplicité de ces lignes de forces qui interagissent entre elles (se fusionnent, se divisent, s'opposent, s'ignorent, elles peuvent infecter une autre ligne de force en lui imposant un sens qui "va dans le sens" de leur propre déploiement, etc.) et c'est ce qui constitue les dynamiques de la vie sociale.

Par ailleurs, les lignes de forces sont une relation concrète entre des individus, tandis que le concept de société est plutôt un objet épistémologique, étudié principalement par la sociologie. Toutefois, la société est un concept qui donne une forme général à un ensemble de relation concrète entre individus qui participent, pour le dire ainsi, "d'une même société". Il est le signe de signes, comme disait Nietszche (en parlant de l'âme). Mais j'accorde que les termes utilisés (concret, abstrait) sont malheureux. Les Lignes de forces et la Société sont pareillement deux concepts, mais sur des plans différents.

Donc, si j'ai utilisé le terme de Politique pour introduire le concept de Lignes de force, c'est seulement pour infecter un concept pré-existant ( :) ) qui lui était intimement lié en tant qu'ils traitent tous deux de rapports de pouvoirs. De plus, celui-ci permet de rendre compte de ce qu'on appel communément "politique" au sens de "partis politiques" et qui n'ont d'autre sens pour moi que d'être analogique à un cirque de l'absurde...
Mais si vous voulez faire autre chose du concept de politique, je n'ai rien contre.
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Message par Tenzin Dorje Mer 26 Sep 2007 - 9:10

Je vois mieux, même si j'ai de la peine à concevoir que je suis une ligne de force.

Je me rends compte que tu définis très peu la tâche de la politique ou son objet : sur quoi elle porte, sur quoi elle [s']exerce. Tu te contentes plutôt de définir la société ou une dynamique sociale : tu dis "la dynamique sociale est déterminée par un ensemble de rencontres et de jeux entre les acteurs sociaux". Mais dans ta conception de la politique, si je veux m'engager, je fais quoi ? C'est quoi, mon rôle ? Faire mon bonhomme de chemin et me fritter de temps en temps avec l'Autre lors d'un impacte entre lui et moi et puis point barre ? M'unir à l'autre pour qu'on agisse d'une même voix selon l'Esprit ?

*


J'identifiais peut-être d'emblée "politique" à "tâche politique" : en vérité, je ne conçoit pas de définition de la politique qui ne dise pas en même temps quelle est sa tâche, sur quoi elle exerce. J'avais probablement en tête que politique signifiait etymologiquement "art de gouverner la société", et alors je demandais de manière détournée "gouverner la société, c'est quoi ?". En conséquence, dans mon premier message, je ne proposais que des définitions qui tournaient autour de la tâche de la politique :


    - énonciation des normes d'une psychologie des masses
    - organisation du pouvoir dans l'État
    - réglementation des relations et articulation des personnes morales et physiques
    - constitution d'un corps social
    - alimentation d'un appareil qui véhicule les votes et les décisions de différents acteurs sociaux
    - mise en scène

C'est bien la tâche de l'homme engagé qui m'intéresse. C'est elle qui défini la politique. Quand je vote, par exemple (ce que je ne fais pas puisque je déchire mes bulletins de vote dès réception) j'alimente, de mes décisions, l'appareil qui véhicule les votes et les décisions des différents acteurs sociaux (quid de la neutralité du médium ? telle n'est pas la question). Un Hitler saura passer outre. Si je vote pour une forme d'immigration contrôlée, c'est en vue de réglementer les relations entre des personnes physiques et morales et de les articuler.

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Message par Pierre Rivière Mer 26 Sep 2007 - 18:16

Le bulletin de vote est meilleur à manger avec de la confiture.

Maintenant, on peut appliquer le concept puisque nous connaissons son principe (j'avais oublier qu'il ne faut pas trop se référer à Hegel avec toi :D ).
Essentiellement, pour l'instant, le point de départ est d'identifier l'ennemi produisant la négativité dans nos sociétés. Négativité par laquelle nos vies sont mutilés (pour citer Adorno), ce qui revient à dire que la vie est aliénée dans sa représentation.
Exemple de négativité: division du schème temporel en période dans lesquelles il devient juste d'accomplir certains actes comme noël ou la saint-valentin. De cette façon, toute spontanéité de l'émotion vitale est réduite (aliénée) dans une fonction sociale. Autre exemple: passer par une succession d'étapes scolaires dans le but de simplement atteindre l'étape suivante en réussissant ses examens sans aucun désir d'accomplissement personnel. Par là, les possibilités du logos sont réduites à sa plus misérable expression.
Les négativités (au sens culturel) sont ce par quoi l'homme est dépossédé de sa propre existence et se représente celle-ci dans l'image qu'un autre lui pro-pose. Ce qui revient à dire, pour le concept de ligne de force, que je suis dépossédé de ma propre force par le fait qu'un autre déploit en moi un sens qui "va dans le sens" de sa propre force. Les gros méchants capitalistes ont totalisés les modes de l'existence par leur savoir sur cette existence pour assurer leur propre maintien comme pouvoir dominant.

Autre exemple de négativité, au sens économique cette fois, pour Marx, l'aliénation était le fait qu'un ouvrier soit dépossédé des richesses produites par son travail. Ce qui posait cette contradiction logique: plus l'ouvrier produit, plus il s'appauvrit (car le bourgeois utilise cette richesse pour l'exploiter). C'est le même principe qui a été exposé précédemment, à l'exception que, de nos jours, le Capital s'est imposé à la quasi-totalité des sphères de l'existence. Debord disait, dans La société du spectacle, "Le spectacle est le capital à un tel degré d'accumulation qu'il en devient image". Ce qu'il voulait dire par le concept de Spectacle est que: après que l'économie ait totalement soumis les hommes, la vie s'est réduite à être aliénée dans sa représentation marchande, dans un spectacle. La spectacle, c'est le capital totalisant d'autres sphères d'existences en étendant son idéologie.

Le déploiement politique qui aurait encore une certaine valeur de résistance doit se faire par la réappropriation de sa propre vie consciente (non aliénée) dans la production de discours qui échappent aux formations discurcives dominantes (néo-libéralisme et son corrélat d'idioties médiatiques). Opposant ainsi une ligne de force consciente (en possession de sa propre existence) contre une ligne de force idéologique qui tente de se soumettre la totalité du sens de l'existence afin de favoriser son propre déploiement comme pouvoir dominant. C'est-à-dire de mettre à jour la mascarade politique pour rendre possible une véritable politique "révolutionnaire" (les guillemets veulent dire qu'on ne va pas tout casser, mais qu'il faut évoluer (au double de "se dépasser" et d'"agir à l'intérieur de" - i.e. évoluer à l'intérieur d'une existance consciente) hors de l'aliénation sociale dominante qui réduit les possibilités de l'existence humaine). Ainsi, c'est dans le déploiement d'un même sens (conscient et résistant, espérons-le) qu'une formation humaine peut s'unir dans une ligne de force.


Bibliographie d'influences philosophiques:
- Adorno
- Debord
- Foucault
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Message par prgrokrouk Dim 14 Oct 2007 - 22:32

Bonjour,

Je passais par là, j'ai vu de la lumière...

La persévération à obéir, puis sans mains et sans mots, avec des yeux soumis au voir et sans biais possible (par prélèvement automatique et par engagement) est certes un exercice technique, étroit et encadré de bas côtés. Ils sont rares à gravir tous les échelons de la pyramide en partant de la garderie jusqu'à Mat'Sup et plus loin. On s'arrête à une "position". Mais il ne s'agit toujours que de bonne exécution par d'autres ou contre d'autres. Jamais d'Agir. Au grand jamais : agir, n'est plus agir mais un signe connoté : vider les poubelles de ceux qui réussissent à les remplir... c'est mauvais signe. On préfère "manager", parler management. C'est plus chic. On peut se faire les ongles, donner de la voix, nourrir des dossiers avec du fonctionnement.
Et alors on a mangé la jeunesse des candidates, on la dévore en notes et en orals, en stages... "- Est-ce que vous êtes vierge ?"
Avant de dire "politique" il y a non-politique. La "politique" est difficile à trouver malgré de belles définitions. On ne sait pas ce que c'est quand même. Pourquoi ? moi je dis qu'on ne veut pas le savoir.
La vie, avant que ce soit la mienne, la vie est une tromperie, la société existe surtout au rang de la mystification, et tout agrégat humain reçoit en quelques points, les déterminations d'un combat millionnaire et inorganique contre l'individualité, qui tend à renverser l'évolution biologique et la conquête du monde, vers un enfoncement mortifère où l'espèce se retourne contre les prémisses d'individualité avec une sûreté et une débauche de techniques... Les plus raffinées sont administratives. Elles rejoindraient, si le temps en est arrêté, leur équivalent chimique chez les insectes sociaux. C'est un peu la fin d'histoire d'une vie dans le pays imaginaire de Rousseau où on avait pris le droit d'expérience. Mais oui : je mange un peu ce que je veux, un peu ce dont j'ai besoin, et je me rabats sur ce qui est disponible et toute l'année.
La politique serait d'en avoir une qui n'a pas l'air de ce qu'elle est. Vivre, simplement vivre et vivre simplement (ou délirer en douceur), n'en demande pas moins d'antenne, de nos jours, que pour éviter le travail dans une "carrière". Vivre, c'est développer un discours non identifiable à une attache rationnelle acquise. Il faut parler à la tangente de l'extrème opposé, si l'on veut donner une chance au coeur de ses convictions. Il y a vraiment (heureusement), un truc qui ne passe plus : c'est le discours de gauche. Heureusement, car c'est lui qui a installé le FN, puis le contrôle social (bien plus efficace que le contrôle saignant) contre les personnes. Après l'étape des fumées d'usine, la même chose sans l'odeur âcre.
La politique paraît dépasser la fruste idée de guerre en réussissant à ce qu'on n'en sorte jamais. La politique réussit à éliminer le plus grand nombre possibles d'humains en multipliant leur nombre dès la naissance. Contrairement à la guerre, elle est une entéléchie.
Après tout, si la politique pouvait exister, ce serait un désir. Désir d'une ville qui ne serait pas Dark City. Où je pourrais ouvrir la fenêtre sans précautions et descendre herboriser par tout chemin à toute heure (et sans permis de circuler), donner un coup de main selon DES TRAVAUX REELS. Et là, c'est trop demander une bouteille d'eau gazeuse, mon chat et un coin de calme ? La pensée est devenue imposable ? J'en fait trop ? Du temps, j'en ai donné, pour rien !

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Message par lanK Dim 14 Oct 2007 - 23:02

Du temps, j'en ai donné, pour rien !

non pas pour rien,
merci et bonjour.

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