Le Bolide marxiste.
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Le Bolide marxiste.
Sartre tente de réintégrer dans le giron cartésien, hégélien, d'arraisonner, comme on arraisonne un bateau monstrueux à la dérive, le matérialisme historique. C'est un échec manifeste d'abord pour Sartre. Parce que très précisément le matérialisme historique, inauguralement avec Marx, qui est un philosophe brillant avec une formation académique, universitaire, claque la porte de la philosophie classique, pour d'excellentes raisons : le marxisme, dans la mesure où il se déploie, de sa préoccupation majeure, la Situation économique du Sujet, est impossible à formaliser, impensable, au sein de l'hégélianisme qui est le référentiel du moment, un pur produit du cogito. Marx sait que le paradigme cartésien et notoirement l'hégélianisme sont des réductions inadmissibles, inutilisables, eut égard à ses préoccupations. Il l'argumente sérieusement mais sans remonter jusqu'à la source du problème : le cogito. Marx a, sur ce point, raison. Mais il ne le prouve pas philosophiquement. Il ne pourra que claquer la porte en critiquant comme il se doit la philosophie classique, très pertinemment, mais insuffisamment.
Quand Marx rédige ce qu'on appelle les " Manuscrits de 1844 ", il a 26 ans et ces textes ne seront jamais publiés de son vivant et il les a laissé en l'état, c'est très heureux, on a là les modalités de cette sécession. C'est la trace la plus tangible du divorce, de l'émancipation, de Marx avec la philosophie classique, de l'envol du marxisme. Marx appartient à l'élite de la philosophie, cette question de l'émancipation d'avec la philosophie, aussi nécessaire qu'inévitable, eut égard aux préoccupations de Marx ET à l'état de la philosophie, est très importante. Salem ( " Manuscrits de 1844 ", traduction inédite de Jacques-Pierre Gougeon. Introduction, notes, bibliographie et chronologie de Jean Salem, G-F Flammarion. ) termine son introduction, et c'est lui qui souligne ce que je mets entre guillemets, par ces mots : " ... aussi les " Manuscrits " ne débouchent-ils sur aucun " programme d'action ". Ils ne proposent pas de " stratégie " de la lutte de classes : ils prêchent l'inéluctable - la suppression de l'aliénation - et rien d'autre. Ils indiquent par là même ( La belle et bonne traduction que nous propose Jacques-Pierre Gougeon le fait ressortir avec évidence. ) que la rupture de Marx avec la philosophie s'effectue en 1844, " dans le cadre de la philosophie ". Ils tendent ainsi à confirmer cette vérité que leur auteur se plut à répéter plus tard : " La première critique de toute science est forcément prisonnier de certaines présuppositions de la science qu'elle combat ". C'est un peu court Monsieur Marx, en philosophie on ne rompt pas, par contre on peut démolir, etc, pourvu que cela soit philosophiquement explicite, et cela vous le saviez bien mieux que moi. Plus loin Salem écrit : " Car l'inspiration fondamentale des Manuscrits de 1844 est celle d'une oeuvre profondément hégélienne, et ce jusque dans la fréquente reprise de thèmes empruntés à ce qu'Althusser appelait le " pseudo-matérialisme de Feuerbach". On prend bonne note du " pseudo ", outre le radicalisme orthodoxe bien connu d'Althusser, ce genre de formule est très intéressant, Salem souligne qu'Althusser qui a une intelligence des plus aiguës du marxisme, a pu écrire, simultanément, j'insiste, que " le jeune Marx n'a jamais été hégélien " " et que la problématique hégélienne ... inspire " un " texte, certes unique : les Manuscrits de 1844 " ! Marx dans sa très courte préface écrit : " En outre, la critique de l'économie politique, comme la critique positive en général, doit son irrésistible fondement aux découvertes de Feueurbach que date la critique humaniste et naturaliste positive. Ses écrits, les seuls depuis la Phénoménologie et la Logique de Hegel à contenir une véritable révolution théorique, ont une influence d'autant plus sûre, profonde, étendue et durable qu'elle s'exercera sans tapage ". Diantre, quel éloge, mais Marx n'est pas dupe, faute d'avoir dument fait, il se cherche des précurseurs. Dans la même veine dans une lettre du 11/08/1844, il lui dira : " Vous avez ... donné dans ces écrits ( Marx évoque les " Principes de la philosophie de l'avenir ", " La nature de la foi selon Luther ", et peut-être d'autres comme " Thèses provisoires pour la réforme de la philosophie ", des titres qui en disent long sur la crise que la philosophie vit. ) un fondement philosophique au socialisme ". Rien que ça, mais ça va vite changer. En dessous du passage de la préface de Marx que j'ai cité au-dessus, celui-ci qualifie déjà ses ex-amis de la gauche hégeliennne de " théologies critiques ", ce qui est très vrai. Et Feuerbach aura vite droit au même traitement dés 1845 dans " L'idéologie allemande " ! De Marx lui-même à aujourd'hui, il y a beaucoup d'embarras à propos des modalités précises de cette rupture, émancipation. Ils ont tous bien compris, Marx le premier, que l'hégélianisme, prolongement du cartésianisme, ne peut pas intrinsèquement ni intégrer ni accoucher d'une critique philosophique de l'économie qui correctement inscrite et conduite ramènera, en dernier lieu au Sujet, à certains de ses penchants constitutifs et induits ( Vite fait : la cupidité des exploiteurs, la colère des exploités. ). La rupture aussi virulente soit-elle, et ça sera pour ainsi dire chaque jour de plus en plus virulent, n'en demeure pas moins philosophiquement, non-explicite, empirique. La suite et fin de cette toute petite préface de Marx à ces textes entérine bien une rupture inachevée, inachevable, uniquement contradictoire, polémique. J'en extraie ceci : " A y regarder de près, la théologie critique - tout en ayant été au début du mouvement un véritable moment de progrès - n'est en dernière analyse rien d'autre que l'extrémité et la conséquence logique poussées jusqu'à la caricature théologique de la vieille transcendance de la philosophie, plus exactement de la philosophie hégelienne ". Et c'est donc très vrai, mais insuffisant. La philosophie classique, inaugurée par le cogito, est privée de son Etant constitutif, le Sujet, par celui-ci, était par là-même " inhumaine ", ce dont se plaint Marx, et effectivement en l'état, l'idée même d'une critique économique dont l'existence et la nécessité vont de soi, est impossible. Le capitalisme est lui aussi inhumain par nature, mais ce " positivement " comme le dit Marx et comme ne peut pas le constater la philosophie. La problématique de Marx implique complétement, sans garde-fou, l'Être humain, le Sujet, pour le pire, l'histoire le montrera. Ce que ne peut pas faire la philosophie sans reprise du cogito. Et si la préoccupation est légitime, la capacité même du marxisme à impliquer le Sujet en entier, via le Prolétaire, les Masses, le Salarié, etc, aura, ce n'est pas des accidents, les conséquences qu'on sait. Le marxisme, échappant au paradigme cartésien, ne pouvait que se rapprocher du Sujet : c'est sa préoccupation fondamentale, première, mais elle demeurera donc initialement empirique. En réussissant un tel embrigadement transculturel, comme l'est le commerce, la cupidité, etc, du Sujet, le marxisme a rejoint inadvertancièrement ce que le cogito, et à la suite la philosophie classique, a escamoté et interdit. Il plonge la tête la première dans l'En-Soi.
Marx inaugure une dialectique du Sujet oppressé économiquement, " riche " d'une frustration et d'une violence considérables, qu'il va arraisonner, en roue-libre, lourde de ces " riches " recels aussi non-explicites que causants, " positifs ", qui aura beaucoup d'émules, forcément enthousiastes, qui n'avaient pas le talent de Marx, qui ne s'appelaient pas Marx. Il meurt en 1883 et donc ne verra pas les premiers marxistes à l'oeuvre, c'est mieux. Dans le registre Apprentis-sorciers, le premier parallèle qui vient à l'esprit, c'est celui des Prophètes de toute obédience. On ne philosophe pas impunément, on ne mobilise pas a priori le Sujet inpunément. En tout état de cause, rupture, émancipation, etc, relativement à un paradigme ne signifie donc pas une reprise, un renouvellement, de ce paradigme tel qu'il puisse accueillir la très nécessaire critique économique dont nous avons tant besoin.
La philosophie classique, avec le cogito, excluait l'Etant le plus constitutif de la philosophie ! Il fallait le réintégrer et le circonscrire philosophiquement, cela devait en tout état de cause se faire, et il s'est donc trouvé historiquement que pour se faire, il fallait en plus, partir du cogito et ce de facto en le reprenant.
Quand Marx rédige ce qu'on appelle les " Manuscrits de 1844 ", il a 26 ans et ces textes ne seront jamais publiés de son vivant et il les a laissé en l'état, c'est très heureux, on a là les modalités de cette sécession. C'est la trace la plus tangible du divorce, de l'émancipation, de Marx avec la philosophie classique, de l'envol du marxisme. Marx appartient à l'élite de la philosophie, cette question de l'émancipation d'avec la philosophie, aussi nécessaire qu'inévitable, eut égard aux préoccupations de Marx ET à l'état de la philosophie, est très importante. Salem ( " Manuscrits de 1844 ", traduction inédite de Jacques-Pierre Gougeon. Introduction, notes, bibliographie et chronologie de Jean Salem, G-F Flammarion. ) termine son introduction, et c'est lui qui souligne ce que je mets entre guillemets, par ces mots : " ... aussi les " Manuscrits " ne débouchent-ils sur aucun " programme d'action ". Ils ne proposent pas de " stratégie " de la lutte de classes : ils prêchent l'inéluctable - la suppression de l'aliénation - et rien d'autre. Ils indiquent par là même ( La belle et bonne traduction que nous propose Jacques-Pierre Gougeon le fait ressortir avec évidence. ) que la rupture de Marx avec la philosophie s'effectue en 1844, " dans le cadre de la philosophie ". Ils tendent ainsi à confirmer cette vérité que leur auteur se plut à répéter plus tard : " La première critique de toute science est forcément prisonnier de certaines présuppositions de la science qu'elle combat ". C'est un peu court Monsieur Marx, en philosophie on ne rompt pas, par contre on peut démolir, etc, pourvu que cela soit philosophiquement explicite, et cela vous le saviez bien mieux que moi. Plus loin Salem écrit : " Car l'inspiration fondamentale des Manuscrits de 1844 est celle d'une oeuvre profondément hégélienne, et ce jusque dans la fréquente reprise de thèmes empruntés à ce qu'Althusser appelait le " pseudo-matérialisme de Feuerbach". On prend bonne note du " pseudo ", outre le radicalisme orthodoxe bien connu d'Althusser, ce genre de formule est très intéressant, Salem souligne qu'Althusser qui a une intelligence des plus aiguës du marxisme, a pu écrire, simultanément, j'insiste, que " le jeune Marx n'a jamais été hégélien " " et que la problématique hégélienne ... inspire " un " texte, certes unique : les Manuscrits de 1844 " ! Marx dans sa très courte préface écrit : " En outre, la critique de l'économie politique, comme la critique positive en général, doit son irrésistible fondement aux découvertes de Feueurbach que date la critique humaniste et naturaliste positive. Ses écrits, les seuls depuis la Phénoménologie et la Logique de Hegel à contenir une véritable révolution théorique, ont une influence d'autant plus sûre, profonde, étendue et durable qu'elle s'exercera sans tapage ". Diantre, quel éloge, mais Marx n'est pas dupe, faute d'avoir dument fait, il se cherche des précurseurs. Dans la même veine dans une lettre du 11/08/1844, il lui dira : " Vous avez ... donné dans ces écrits ( Marx évoque les " Principes de la philosophie de l'avenir ", " La nature de la foi selon Luther ", et peut-être d'autres comme " Thèses provisoires pour la réforme de la philosophie ", des titres qui en disent long sur la crise que la philosophie vit. ) un fondement philosophique au socialisme ". Rien que ça, mais ça va vite changer. En dessous du passage de la préface de Marx que j'ai cité au-dessus, celui-ci qualifie déjà ses ex-amis de la gauche hégeliennne de " théologies critiques ", ce qui est très vrai. Et Feuerbach aura vite droit au même traitement dés 1845 dans " L'idéologie allemande " ! De Marx lui-même à aujourd'hui, il y a beaucoup d'embarras à propos des modalités précises de cette rupture, émancipation. Ils ont tous bien compris, Marx le premier, que l'hégélianisme, prolongement du cartésianisme, ne peut pas intrinsèquement ni intégrer ni accoucher d'une critique philosophique de l'économie qui correctement inscrite et conduite ramènera, en dernier lieu au Sujet, à certains de ses penchants constitutifs et induits ( Vite fait : la cupidité des exploiteurs, la colère des exploités. ). La rupture aussi virulente soit-elle, et ça sera pour ainsi dire chaque jour de plus en plus virulent, n'en demeure pas moins philosophiquement, non-explicite, empirique. La suite et fin de cette toute petite préface de Marx à ces textes entérine bien une rupture inachevée, inachevable, uniquement contradictoire, polémique. J'en extraie ceci : " A y regarder de près, la théologie critique - tout en ayant été au début du mouvement un véritable moment de progrès - n'est en dernière analyse rien d'autre que l'extrémité et la conséquence logique poussées jusqu'à la caricature théologique de la vieille transcendance de la philosophie, plus exactement de la philosophie hégelienne ". Et c'est donc très vrai, mais insuffisant. La philosophie classique, inaugurée par le cogito, est privée de son Etant constitutif, le Sujet, par celui-ci, était par là-même " inhumaine ", ce dont se plaint Marx, et effectivement en l'état, l'idée même d'une critique économique dont l'existence et la nécessité vont de soi, est impossible. Le capitalisme est lui aussi inhumain par nature, mais ce " positivement " comme le dit Marx et comme ne peut pas le constater la philosophie. La problématique de Marx implique complétement, sans garde-fou, l'Être humain, le Sujet, pour le pire, l'histoire le montrera. Ce que ne peut pas faire la philosophie sans reprise du cogito. Et si la préoccupation est légitime, la capacité même du marxisme à impliquer le Sujet en entier, via le Prolétaire, les Masses, le Salarié, etc, aura, ce n'est pas des accidents, les conséquences qu'on sait. Le marxisme, échappant au paradigme cartésien, ne pouvait que se rapprocher du Sujet : c'est sa préoccupation fondamentale, première, mais elle demeurera donc initialement empirique. En réussissant un tel embrigadement transculturel, comme l'est le commerce, la cupidité, etc, du Sujet, le marxisme a rejoint inadvertancièrement ce que le cogito, et à la suite la philosophie classique, a escamoté et interdit. Il plonge la tête la première dans l'En-Soi.
Marx inaugure une dialectique du Sujet oppressé économiquement, " riche " d'une frustration et d'une violence considérables, qu'il va arraisonner, en roue-libre, lourde de ces " riches " recels aussi non-explicites que causants, " positifs ", qui aura beaucoup d'émules, forcément enthousiastes, qui n'avaient pas le talent de Marx, qui ne s'appelaient pas Marx. Il meurt en 1883 et donc ne verra pas les premiers marxistes à l'oeuvre, c'est mieux. Dans le registre Apprentis-sorciers, le premier parallèle qui vient à l'esprit, c'est celui des Prophètes de toute obédience. On ne philosophe pas impunément, on ne mobilise pas a priori le Sujet inpunément. En tout état de cause, rupture, émancipation, etc, relativement à un paradigme ne signifie donc pas une reprise, un renouvellement, de ce paradigme tel qu'il puisse accueillir la très nécessaire critique économique dont nous avons tant besoin.
La philosophie classique, avec le cogito, excluait l'Etant le plus constitutif de la philosophie ! Il fallait le réintégrer et le circonscrire philosophiquement, cela devait en tout état de cause se faire, et il s'est donc trouvé historiquement que pour se faire, il fallait en plus, partir du cogito et ce de facto en le reprenant.
Dernière édition par neopilina le Dim 11 Aoû 2013 - 14:16, édité 1 fois
neopilina- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 8364
Date d'inscription : 31/10/2009
Re: Le Bolide marxiste.
Nous nous sommes déjà entretenus (et nous continuerons sans doute indéfiniment à le faire) sur nos divergences philosophiques très grandes.
Révérence gardée, je ne peux jamais me déprendre de l'impression que tu construis ton millénarisme, avec une Origine de la Catastrophe, un Armaggedon à toi qui serait le Cogito et on pourrait me renvoyer en boomerang que moi, j'y vois l'Assomption et la Voie du Salut, etc., et l'on pourrait se renvoyer indéfiniment, comme dans un jeu de grimaces, nos respectives caricatures.
Il sera toujours plus fructueux, comme tu le proposes, de prendre des analyses plus particulières ou des objets (apparemment) plus éloignés.
J'essayerais de revenir plus en détail sur ton analyse (qui comporte beaucoup d'éléments très compliqués), je vais me contenter d'une ou deux observations, avec l'idée qu'elles feront peut-être entrer d'autres dans la conversation. Je ne me fais pas d'illusion sur leur insuffisance mais, encore une fois, tes remarques comme celles des autres leur donneront peut-être intérêt et valeur.
S'agissant de Marx/Sartre en passant par Descartes : le projet de la Critique de la raison dialectique a été unaniment considéré comme un échec.
Mais un échec de quoi ? D'une volonté d'intégrer le marxisme dans la phénoménologie, à ce que l'on dit (pour faire plus court : récupérer le marxisme dans une philosophie du Cogito).
Est-ce que c'était le projet effectif ? (A ce propos, je renvois quand même au livre de Tran-Duc-Tao, il faudrait le reprendre).
Est-ce qu'il a tellement échoué que cela ?
N'y avait-il pas aussi l'aspect de traiter le matérialisme historique comme un repoussoir ?
Je n'ai pas lu ce livre de près, seulement feuilleté, mais cela ne m'a pas laissé l'impression d'une manoeuvre aussi grossière.
Mais même si nous restons à ce niveau un peu doxographique (au moins pour moi), s'il s'avère que le marxisme ne s'absorbe pas si facilement dans la phénoménologie, je ne serais pas disposé à y voir une preuve de l'influence délétère, indépassable, infracassable, du Cogito cartésien !
Cela a plutôt l'air de faire sens du côté de l'idée que le Cogito ne peut pas tout et qu'il n'a pas la toute puissance que tu lui attribues pour résumer, contracter et contenir en lui tout la philosophie moderne et contemporaine.
S'agissant de Marx lui-même, ses références à Descartes sont, à ce que j'ai vu, très rares (je crois qu'il le connaîssait très mal, à l'aune de nos critères actuels, de types comme nous qui ont lu 20 bouquins sur Descartes ou en parlant principalement). . Je n'ai lu de Marx qu'une toute petite partie, cela dit. J'ai déjà dit ailleurs ce que je pensais des gens qui prétendent qu'ils ont tout lu et qui disent des imbécillités, il faut essayer de lire bien quelques trucs, c'est déjà très difficile, et si l'on parvient à en comprendre quelques petites choses, ce sera très bien : c'est comme Fort Boyard, on ne piquera pas tout le trésor, on n'aura pas le temps, faut gratter ce qu'on peut.
Après faut être sérieux, si l'on n'a qu'une pièce, il faut le dire.
Je ne connais qu'un assez long passage dans l'Idéologie allemande, qui ne se rapporte pas du tout au passage connu où il critique Feuerbach, la notion de conscience, etc. et où Marx le classe dans les philosophes matérialistes, comme une philosophie proche de celle de Spinoza.
Il ne parle pas du Cogito, ça ne l'intéresse pas, et il ne fait pas de lien avec sa critique de Feuerbach.
Tu as signalé toi-même qu'il était un Universitaire, un académique, un type élevé dans la Science allemande de la plus belle eau, un hégélien, etc.
Ce qu'il dit de Feuerbach (je reviendrais plus tard sur Althusser, ce qui est encore autre chose) peut beaucoup ressembler à des critiques de Descartes, du Cogito, etc.
Mais ce sont des critiques de Feuerbach, pas du Cogito, et si ce sont des critiques du Cogito, il en résulte que Marx n'est pas si prisonnier que cela de cette notion, etc.
Je vais jouer au tennis, maintenant. Suite plus tard.
Révérence gardée, je ne peux jamais me déprendre de l'impression que tu construis ton millénarisme, avec une Origine de la Catastrophe, un Armaggedon à toi qui serait le Cogito et on pourrait me renvoyer en boomerang que moi, j'y vois l'Assomption et la Voie du Salut, etc., et l'on pourrait se renvoyer indéfiniment, comme dans un jeu de grimaces, nos respectives caricatures.
Il sera toujours plus fructueux, comme tu le proposes, de prendre des analyses plus particulières ou des objets (apparemment) plus éloignés.
J'essayerais de revenir plus en détail sur ton analyse (qui comporte beaucoup d'éléments très compliqués), je vais me contenter d'une ou deux observations, avec l'idée qu'elles feront peut-être entrer d'autres dans la conversation. Je ne me fais pas d'illusion sur leur insuffisance mais, encore une fois, tes remarques comme celles des autres leur donneront peut-être intérêt et valeur.
S'agissant de Marx/Sartre en passant par Descartes : le projet de la Critique de la raison dialectique a été unaniment considéré comme un échec.
Mais un échec de quoi ? D'une volonté d'intégrer le marxisme dans la phénoménologie, à ce que l'on dit (pour faire plus court : récupérer le marxisme dans une philosophie du Cogito).
Est-ce que c'était le projet effectif ? (A ce propos, je renvois quand même au livre de Tran-Duc-Tao, il faudrait le reprendre).
Est-ce qu'il a tellement échoué que cela ?
N'y avait-il pas aussi l'aspect de traiter le matérialisme historique comme un repoussoir ?
Je n'ai pas lu ce livre de près, seulement feuilleté, mais cela ne m'a pas laissé l'impression d'une manoeuvre aussi grossière.
Mais même si nous restons à ce niveau un peu doxographique (au moins pour moi), s'il s'avère que le marxisme ne s'absorbe pas si facilement dans la phénoménologie, je ne serais pas disposé à y voir une preuve de l'influence délétère, indépassable, infracassable, du Cogito cartésien !
Cela a plutôt l'air de faire sens du côté de l'idée que le Cogito ne peut pas tout et qu'il n'a pas la toute puissance que tu lui attribues pour résumer, contracter et contenir en lui tout la philosophie moderne et contemporaine.
S'agissant de Marx lui-même, ses références à Descartes sont, à ce que j'ai vu, très rares (je crois qu'il le connaîssait très mal, à l'aune de nos critères actuels, de types comme nous qui ont lu 20 bouquins sur Descartes ou en parlant principalement). . Je n'ai lu de Marx qu'une toute petite partie, cela dit. J'ai déjà dit ailleurs ce que je pensais des gens qui prétendent qu'ils ont tout lu et qui disent des imbécillités, il faut essayer de lire bien quelques trucs, c'est déjà très difficile, et si l'on parvient à en comprendre quelques petites choses, ce sera très bien : c'est comme Fort Boyard, on ne piquera pas tout le trésor, on n'aura pas le temps, faut gratter ce qu'on peut.
Après faut être sérieux, si l'on n'a qu'une pièce, il faut le dire.
Je ne connais qu'un assez long passage dans l'Idéologie allemande, qui ne se rapporte pas du tout au passage connu où il critique Feuerbach, la notion de conscience, etc. et où Marx le classe dans les philosophes matérialistes, comme une philosophie proche de celle de Spinoza.
Il ne parle pas du Cogito, ça ne l'intéresse pas, et il ne fait pas de lien avec sa critique de Feuerbach.
Tu as signalé toi-même qu'il était un Universitaire, un académique, un type élevé dans la Science allemande de la plus belle eau, un hégélien, etc.
Ce qu'il dit de Feuerbach (je reviendrais plus tard sur Althusser, ce qui est encore autre chose) peut beaucoup ressembler à des critiques de Descartes, du Cogito, etc.
Mais ce sont des critiques de Feuerbach, pas du Cogito, et si ce sont des critiques du Cogito, il en résulte que Marx n'est pas si prisonnier que cela de cette notion, etc.
Je vais jouer au tennis, maintenant. Suite plus tard.
Courtial- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 2030
Date d'inscription : 03/07/2008
Re: Le Bolide marxiste.
Courtial a écrit : " Nous nous sommes déjà entretenus (et nous continuerons sans doute indéfiniment à le faire) sur nos divergences philosophiques très grandes.
Révérence gardée, je ne peux jamais me déprendre de l'impression que tu construis ton millénarisme, avec une Origine de la Catastrophe, un Armaggedon à toi qui serait le Cogito et on pourrait me renvoyer en boomerang que moi, j'y vois l'Assomption et la Voie du Salut, etc., et l'on pourrait se renvoyer indéfiniment, comme dans un jeu de grimaces, nos respectives caricatures ".
Comme le reste c'est bien dit. Mais si je n'en finis pas de " dénigrer ", de relativiser plutôt, ce qui a suivi le cogito, ce n'est toujours que pour souligner une dépendance, et somme toute, c'est ceux qui ont suivi, qui faute d'avoir à y redire, de modifier les modalités de son emprise ( Je ne le rejettes pas : je le critique, le reprends, et finalement, je m'en étonnes le premier a posteriori, étends ses capacités, son aire d'influence concrète explicitement à chaque Etant. ), en ont fait un Horizon, un Paradigme, une injonction philosophique et historique : si on veut un tant soit peu être pris au sérieux, il faut partir du cogito. C'est la philosophie classique, académique, qui le dit, pas moi, jusqu'à son dernier grand jalon historique, ce qu'il a voulu être, Sartre. Mais donc je me soumets à l'injonction historique, et finalement je ne m'en sors pas si mal puisque je pense avoir renouvelé la perspective ce faisant.
Effectivement, Marx ne parle pas de Descartes. Tu l'as dit, je viens de le redire, on le sait assez, je subsume au cogito la philosophie classique, ce qu'elle avait fait elle-même avant moi. J'en fais tout un tas avec le cogito, hé, c'est la philosophie qui a commencé ! Hegel à propos du cogito : " Terre ! ", quand même, et Homère fut bien plus lucide et modeste, en n'écrivant " que " l'Odyssée, qu'il ne peut pas terminer : prophétie de Tirésias, et c'est le Dieu qui clôt ( " Arrête ! Mets un terme à la lutte ... " ), met fin à l'hybris ( " Chante la colère, déesse, du fils de Pelée, Achille, ... ). C'était un prodigieux comptable.
Dans ses écrits de 1844, on le voit bien, c'est tout l'intérêt qu'on leur prête, il essaye de se positionner par rapport à la philosophie classique, ayant déjà compris que ce qui n'est pas encore le marxisme, ne saurait y trouver sa place, de formaliser le claquage de porte, si j'ose dire. Et donc, dans la perspective qui est la mienne, je dis effectivement, que dés le moment où il ne remonte pas au cogito, il ne pourra rien faire d'autre que claquer la porte.
Je n'ai rien lu d'autre de Marx, sauf des textes isolés, ici ou là, et il y a très longtemps, je n'ai pas lu Althusser, mais à la lecture de l'appareil critique, j'ai compris ou cru comprendre ce qu'on a vu au-dessus ( Bon, là, je prends un peu les devants, tu vas m'écraser, moi aussi, quand je veux répondre correctement, je commence par aller faire autre chose ! ).
Pour filer ta métaphore, effectivement, j'ai très peu de pièce en poche, mais si à fort Boyard elles ont toute la même valeur, je ne crois pas que c'est le cas en philosophie. Après ma découverte des éléates, puis à la suite de ma première expérience ( Entre un et deux ans après. ) du cogito, que je trouve de facto scandaleusement réducteur, je n'en finirais pas de creuser ce sillon qu'illustre très bien l'abrégé de mon " De la Nature ", avec son plan, ses 4 textes. Alors oui, je n'ai qu'une pièce en poche, mais elle irradie tout ce que j'ai dit en plus, et maintenant tout ce que je lis, comme le très intéressant petit livre évoqué au dessus.
C'est avec la plus grande sécheresse, désinvolture, concision, une vingtaine de lignes, parce qu'il sait qu'il a raison et fait parfaitement mouche, que Sartre renvoie Heidegger et le Dasein sur le ring du cogito ( " L'être et le néant ", 1943. ). Mais, sauf erreur de ma part, Heidegger, qui meurt en 1976, ne répondra pas directement, et passera le restant de ses jours à travailler à l'édition complète de son oeuvre que personne ne lira en entier. Je serais plus franc. Même si par principe le tout sera disponible, en bien plus pratique. Je ménage mon prochain !
Sartre a été un excellent " élève ", il a bien verrouillé, philosophiquement, avec au moins la volonté d'exploration exhaustive que traduit " L'être et le néant ", la situation, avec toujours comme Paradigme le cogito. A partir de là, on ne peut pas en vouloir à ma démarche, je n'ai fait que me plier aux exigences philosophiques et historiques en vigueur. On voit bien avec Sartre que quelque chose, initié par le cogito, se termine, à la suite, c'est un peu court, ça part dans tous les sens, et, sauf erreur de ma part, je n'ai pas vu de profondeur métaphysique. Moi, je célèbre des funérailles qui ont déjà eu lieu.
J'ai terminé " III - Du cogito " de l'abrégé de mon " De la Nature ", en remaniant une série de textes de celui-ci ayant attrait donc, au cogito, le mercredi 31/10/2012 à midi, précis hein !, et depuis, je ne peux que le constater, je suis " sec ". C'est très facile à constater, avant j'écrivais compulsivement, comme un dératé, partout, la main n'allant pas assez vite. Je ne sais pas si je suis plus lucide et/ou honnête qu'Heidegger, mais je sais parfaitement où j'en suis.
Révérence gardée, je ne peux jamais me déprendre de l'impression que tu construis ton millénarisme, avec une Origine de la Catastrophe, un Armaggedon à toi qui serait le Cogito et on pourrait me renvoyer en boomerang que moi, j'y vois l'Assomption et la Voie du Salut, etc., et l'on pourrait se renvoyer indéfiniment, comme dans un jeu de grimaces, nos respectives caricatures ".
Comme le reste c'est bien dit. Mais si je n'en finis pas de " dénigrer ", de relativiser plutôt, ce qui a suivi le cogito, ce n'est toujours que pour souligner une dépendance, et somme toute, c'est ceux qui ont suivi, qui faute d'avoir à y redire, de modifier les modalités de son emprise ( Je ne le rejettes pas : je le critique, le reprends, et finalement, je m'en étonnes le premier a posteriori, étends ses capacités, son aire d'influence concrète explicitement à chaque Etant. ), en ont fait un Horizon, un Paradigme, une injonction philosophique et historique : si on veut un tant soit peu être pris au sérieux, il faut partir du cogito. C'est la philosophie classique, académique, qui le dit, pas moi, jusqu'à son dernier grand jalon historique, ce qu'il a voulu être, Sartre. Mais donc je me soumets à l'injonction historique, et finalement je ne m'en sors pas si mal puisque je pense avoir renouvelé la perspective ce faisant.
Effectivement, Marx ne parle pas de Descartes. Tu l'as dit, je viens de le redire, on le sait assez, je subsume au cogito la philosophie classique, ce qu'elle avait fait elle-même avant moi. J'en fais tout un tas avec le cogito, hé, c'est la philosophie qui a commencé ! Hegel à propos du cogito : " Terre ! ", quand même, et Homère fut bien plus lucide et modeste, en n'écrivant " que " l'Odyssée, qu'il ne peut pas terminer : prophétie de Tirésias, et c'est le Dieu qui clôt ( " Arrête ! Mets un terme à la lutte ... " ), met fin à l'hybris ( " Chante la colère, déesse, du fils de Pelée, Achille, ... ). C'était un prodigieux comptable.
Dans ses écrits de 1844, on le voit bien, c'est tout l'intérêt qu'on leur prête, il essaye de se positionner par rapport à la philosophie classique, ayant déjà compris que ce qui n'est pas encore le marxisme, ne saurait y trouver sa place, de formaliser le claquage de porte, si j'ose dire. Et donc, dans la perspective qui est la mienne, je dis effectivement, que dés le moment où il ne remonte pas au cogito, il ne pourra rien faire d'autre que claquer la porte.
Je n'ai rien lu d'autre de Marx, sauf des textes isolés, ici ou là, et il y a très longtemps, je n'ai pas lu Althusser, mais à la lecture de l'appareil critique, j'ai compris ou cru comprendre ce qu'on a vu au-dessus ( Bon, là, je prends un peu les devants, tu vas m'écraser, moi aussi, quand je veux répondre correctement, je commence par aller faire autre chose ! ).
Pour filer ta métaphore, effectivement, j'ai très peu de pièce en poche, mais si à fort Boyard elles ont toute la même valeur, je ne crois pas que c'est le cas en philosophie. Après ma découverte des éléates, puis à la suite de ma première expérience ( Entre un et deux ans après. ) du cogito, que je trouve de facto scandaleusement réducteur, je n'en finirais pas de creuser ce sillon qu'illustre très bien l'abrégé de mon " De la Nature ", avec son plan, ses 4 textes. Alors oui, je n'ai qu'une pièce en poche, mais elle irradie tout ce que j'ai dit en plus, et maintenant tout ce que je lis, comme le très intéressant petit livre évoqué au dessus.
C'est avec la plus grande sécheresse, désinvolture, concision, une vingtaine de lignes, parce qu'il sait qu'il a raison et fait parfaitement mouche, que Sartre renvoie Heidegger et le Dasein sur le ring du cogito ( " L'être et le néant ", 1943. ). Mais, sauf erreur de ma part, Heidegger, qui meurt en 1976, ne répondra pas directement, et passera le restant de ses jours à travailler à l'édition complète de son oeuvre que personne ne lira en entier. Je serais plus franc. Même si par principe le tout sera disponible, en bien plus pratique. Je ménage mon prochain !
Sartre a été un excellent " élève ", il a bien verrouillé, philosophiquement, avec au moins la volonté d'exploration exhaustive que traduit " L'être et le néant ", la situation, avec toujours comme Paradigme le cogito. A partir de là, on ne peut pas en vouloir à ma démarche, je n'ai fait que me plier aux exigences philosophiques et historiques en vigueur. On voit bien avec Sartre que quelque chose, initié par le cogito, se termine, à la suite, c'est un peu court, ça part dans tous les sens, et, sauf erreur de ma part, je n'ai pas vu de profondeur métaphysique. Moi, je célèbre des funérailles qui ont déjà eu lieu.
J'ai terminé " III - Du cogito " de l'abrégé de mon " De la Nature ", en remaniant une série de textes de celui-ci ayant attrait donc, au cogito, le mercredi 31/10/2012 à midi, précis hein !, et depuis, je ne peux que le constater, je suis " sec ". C'est très facile à constater, avant j'écrivais compulsivement, comme un dératé, partout, la main n'allant pas assez vite. Je ne sais pas si je suis plus lucide et/ou honnête qu'Heidegger, mais je sais parfaitement où j'en suis.
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