Demolition Man
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Demolition Man
Hier je me suis rematé un "vieux" film, Demolition Man, avec Stalone et westley snipes. Et je l'ai trouvé génial !
Je m'explique. J'ai l'impression que ça fait partie de ces films qu'on pourrait classer rapidement dans la catégorie action hollywoodienne, alors qu'en fait ils recèlent une profondeur sans prétention. Donc brièvement au début on est dans les années 90 et los angeles est à feu et à sang, c'est le chaos intégral dans les rues, un flic, stalone, coince un grand méchant snipes, mais manque de pot et malgré lui, il tue une trentaine d'innocents. Résultat, le méchant prend une peine de prison...et le flic aussi. Au passage, petite réflexion sur la notion de culpabilité. Bref, et la peine de prison dans ce film, c'est d'être cryogénisé et réveillé, ou pas, une fois la peine passée. Hop, saut dans le temps, on se retrouve en 2035, et entre temps la société a été totalement pacifiée, quasi, et la violence a disparu des comportements. Snipes et Stalone sont révéillés, et la violence va revenir au sein d'un monde duquel elle avait disparu.
Une des questions que traite le film est cette question du rapport à la violence - qu'on retrouve dans un autre registre avec Orange mécanique - et il finit sur une éthique du juste milieu que je trouve très juste. Il met à dos utopie et contre-utopie. C'est une dénonciation de la pacification extrême des comportements et une réflexion sur le caractère sain de la "violence", entendue comme réaction naturelle, immédiate, et sans conséquence véritable.
Du coup, en trouvant ce film très intéressant et bien fait, je me suis demandé si au contraire de considérer le cinéma comme un vecteur de propagande socio-culturel, il ne fallait pas au contraire aussi le voir comme ce qui peut échapper à la propagande socio-culturelle, comme ce qui échappe aux contraintes et aux nécessités de la réalité socio-culturelle, bref, comme une sorte d'idylle passagère qui incarne la liberté d'expression, d'autant plus que cette expression est impersonnelle et jouée.
En fin de compte, le bon cinéma s'apparente sans doute plus à une expérience de pensée qu'à ce qu'on qualifie de divertissement. Un bon film matérialise ce qu'on qualifie en philosophie d'expérience de pensée, c'est à dire une situation hypothétique et tout ce qu'on peut en pré-supposer et en déduire. En ce sens, le cinéma est pleinement une science humaine, si ce n'est que la trame réflexive est "cachée", une science pluridisciplinaire aux carrefours de la psychologie et de la sociologie.
Toujours dans cette idée, au final, il peut apparaître assez logique et normal que l'on soit fasciné par les acteurs de cinéma, car ils incarnent la liberté. Car ils incarnent une liberté d'expression qui peut se payer le luxe d'échapper aux nécessité et aux contraintes de la réalité socio-culturelle, du travail, du mensonge banal et nécessaire....Car ils peuvent se permettre une authenticité qui au sein de la réalité socio-culturelle est nécessairement interdite, c'est à dire sous peine de mise au ban de la société. L'artiste est le seul être qui peut se permettre, c'est à dire sans dommage pour sa vie, d'être totalement honnête. L'acteur incarne la liberté. Et c'est pour ça qu'un des fantasmes les plus partagés est sans doute d'être acteur, ou en tout cas de vivre d'un art. Et c'est peut-être bon signe, au niveau des mentalités, si ce n'est que....évidemment, la réalité ne s'accorde pas à cette volonté des mentalités.
On peut également arriver à ce paradoxe étrange : c'est le jeu qui permet la liberté. Celui qui est interdit de jouer comme il l'entend ne peut être libre. Mais peut-être le jeu dans ce qu'il permet de mesurer ce qui sépare ce que l'on est de ce que l'on est pas, le jeu comme ce qui fait advenir la conscience de soi.
Il me semble vraiment que le cinéma est une soupage de sécurité implicite et inconsciente du social. Car temporairement, par identification, il permet à tout individu de s'émanciper passagèrement du principe de réalité qui gouverne, et qui n'a pas lieu de ne plus gouverner. Et on peut même dire que cette conscience est bien moins naïve que toute idéologie politique, qui pense durablement faire advenir un ordre nouveau et meilleur. Le cinéma n'a que la prétention, durant un court moment, de permettre une liberté "orientée".
Je m'explique. J'ai l'impression que ça fait partie de ces films qu'on pourrait classer rapidement dans la catégorie action hollywoodienne, alors qu'en fait ils recèlent une profondeur sans prétention. Donc brièvement au début on est dans les années 90 et los angeles est à feu et à sang, c'est le chaos intégral dans les rues, un flic, stalone, coince un grand méchant snipes, mais manque de pot et malgré lui, il tue une trentaine d'innocents. Résultat, le méchant prend une peine de prison...et le flic aussi. Au passage, petite réflexion sur la notion de culpabilité. Bref, et la peine de prison dans ce film, c'est d'être cryogénisé et réveillé, ou pas, une fois la peine passée. Hop, saut dans le temps, on se retrouve en 2035, et entre temps la société a été totalement pacifiée, quasi, et la violence a disparu des comportements. Snipes et Stalone sont révéillés, et la violence va revenir au sein d'un monde duquel elle avait disparu.
Une des questions que traite le film est cette question du rapport à la violence - qu'on retrouve dans un autre registre avec Orange mécanique - et il finit sur une éthique du juste milieu que je trouve très juste. Il met à dos utopie et contre-utopie. C'est une dénonciation de la pacification extrême des comportements et une réflexion sur le caractère sain de la "violence", entendue comme réaction naturelle, immédiate, et sans conséquence véritable.
Du coup, en trouvant ce film très intéressant et bien fait, je me suis demandé si au contraire de considérer le cinéma comme un vecteur de propagande socio-culturel, il ne fallait pas au contraire aussi le voir comme ce qui peut échapper à la propagande socio-culturelle, comme ce qui échappe aux contraintes et aux nécessités de la réalité socio-culturelle, bref, comme une sorte d'idylle passagère qui incarne la liberté d'expression, d'autant plus que cette expression est impersonnelle et jouée.
En fin de compte, le bon cinéma s'apparente sans doute plus à une expérience de pensée qu'à ce qu'on qualifie de divertissement. Un bon film matérialise ce qu'on qualifie en philosophie d'expérience de pensée, c'est à dire une situation hypothétique et tout ce qu'on peut en pré-supposer et en déduire. En ce sens, le cinéma est pleinement une science humaine, si ce n'est que la trame réflexive est "cachée", une science pluridisciplinaire aux carrefours de la psychologie et de la sociologie.
Toujours dans cette idée, au final, il peut apparaître assez logique et normal que l'on soit fasciné par les acteurs de cinéma, car ils incarnent la liberté. Car ils incarnent une liberté d'expression qui peut se payer le luxe d'échapper aux nécessité et aux contraintes de la réalité socio-culturelle, du travail, du mensonge banal et nécessaire....Car ils peuvent se permettre une authenticité qui au sein de la réalité socio-culturelle est nécessairement interdite, c'est à dire sous peine de mise au ban de la société. L'artiste est le seul être qui peut se permettre, c'est à dire sans dommage pour sa vie, d'être totalement honnête. L'acteur incarne la liberté. Et c'est pour ça qu'un des fantasmes les plus partagés est sans doute d'être acteur, ou en tout cas de vivre d'un art. Et c'est peut-être bon signe, au niveau des mentalités, si ce n'est que....évidemment, la réalité ne s'accorde pas à cette volonté des mentalités.
On peut également arriver à ce paradoxe étrange : c'est le jeu qui permet la liberté. Celui qui est interdit de jouer comme il l'entend ne peut être libre. Mais peut-être le jeu dans ce qu'il permet de mesurer ce qui sépare ce que l'on est de ce que l'on est pas, le jeu comme ce qui fait advenir la conscience de soi.
Il me semble vraiment que le cinéma est une soupage de sécurité implicite et inconsciente du social. Car temporairement, par identification, il permet à tout individu de s'émanciper passagèrement du principe de réalité qui gouverne, et qui n'a pas lieu de ne plus gouverner. Et on peut même dire que cette conscience est bien moins naïve que toute idéologie politique, qui pense durablement faire advenir un ordre nouveau et meilleur. Le cinéma n'a que la prétention, durant un court moment, de permettre une liberté "orientée".
cedric- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 02/06/2008
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