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Retour sur le nazisme d'Heidegger

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HEIDEGGER - Retour sur le nazisme d'Heidegger Empty Retour sur le nazisme d'Heidegger

Message par philodingue Mar 1 Mar 2011 - 17:07

La polémique sur le nazisme d'Heidegger s'est légèrement assoupie .Il faut saisir cette occasion pour tenter d'élever le débat au-dessus et au-delà des invectives et de la recension lassantes des positions paroles et attitudes déplaisantes de l'homme Heidegger dans une histoire et un contexte que nous n'avons pas vécu .

Est-ce que Heidegger, quoiqu'il en soit de la vérité historique ,de ses positions officielles et compromissions incontestables , reste par ailleurs l'auteur de l'oeuvre de pensée la plus profonde , la plus innovante et la plus dérengeante de ce dernier siècle, ? Quiconque l'a quelque peu lu et compris , accompagné tout au long de ses cours dans son évolution ne peut que rejeter la thèse simpliste d'E Faye comme quoi Heidegger aurait introduit le nazisme dans la philosophie , comme s'il était possible de transformer en or pur de la pensée, le plomb de la phraséologie et des invectives nazies .
Il n'était pas plus possible à Heidegger de contraindre son"Dasein" à enfiler une chemise brune qu'à un Rhom d'annoner deux phrases intelligentes suivies .On ne va pas reprendre un à un les contresens d'interprétation que la complexité des concepts mis en oeuvre a pu apporter comme eau au moulin de ceux qui soit par incompréhension , légèreté journalistique ou mauvaise foi alimente constamment un dossier à charge dont le véritable crime ,non dit bien sûr ,est de ringardiser toute la doxa philosophique

Pour autant, Heidegger ne pouvait spontanément échapper à son milieu catholique et conservateur de l'allemagne du sud , l'allemagne humiliée des années 1920, surmonter la thématique nationaliste , révisionniste et parfois revancharde . Le romantisme wagnérien avec son antisémitisme mondain et puis Nietzsche étaient en outre passés par là Tout cela a pesé sur le vocabulaire , le style et parfois les préoccupations du jeune professeur et il ne pouvait en être autrement . Le nazisme est une perversion de cette atmosphère délétère si profondément répandue au tournant du siècle et si profondément allemande .

Heidegger a dit une fois comme il lui avait été difficile de couper ses racines catholiques et on peut bien supposer qu'il lui avait été tout aussi difficile de surmonter progressivement l'atmosphère "volkish" (intraduisible en français)de son milieu .Toute son histoire personnelle ,toute la suite de ses cours et conférences à travers le "Dasein" , sur l'histoire de la métaphysique et son concept phare et ultime de "l'Ereignis" peuvent être vus non comme une description du destin prométhéen , du surhomme , ivre de maîtrise ,auquel l'aurait conduit une ferme adhésion nazie mais comme une insistante invitation ,de plus en plus sûre d'elle même à ce que l'être humain,modeste et responsable demeure attentif à l'écoute de l'Etre pour fonder , en toute liberté, une demeure habitable.

Comme Heidegger nous avons tous à nous libérer de nos conditionnements originaires mais nous libérer ne veut pas dire rejeter ces conditionnements mais les surmonter car il n'y a d'humanité possible comme l'atteste les travaux du penseur , que dans l'être en situation .

Ni pathos, ni morale, ni déterminisme , une pensée de la liberté et de la responsabilité, qu'a t-elle à voir avec les élucubrations nazies .?

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Message par boutros Jeu 10 Mar 2011 - 0:52

Tout à fait d'accord avec toi philodingue !

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Message par neopilina Jeu 5 Nov 2015 - 17:16

philodingue a écrit: : « 1 - Il n'était pas plus possible à Heidegger de contraindre son « Dasein » à enfiler une chemise brune qu'à un Rhom d'ânnoner deux phrases intelligentes suivies … 2 - Est-ce que Heidegger, quoiqu'il en soit de la vérité historique, de ses positions officielles et compromissions incontestables, reste par ailleurs l'auteur de l'oeuvre de pensée la plus profonde, la plus innovante et la plus dérengeante de ce dernier siècle ? »

Ce genre d’assertions des pro-Heidegger sont des lieux communs. Et j’ai trouvé ces deux là particuliérement représentatives. C'est sur le premier point, l’exigence de leur part de la prise en compte d’une distance entre les deux Heidegger, si j’ose dire, que porte principalement ma réaction. Faute de l’envie, j’ai bien peur que la grandeur de la pensée évoquée dans le second point soit à jamais hors de ma portée. Je récuse donc le premier point, et je le motive ainsi. Selon moi, justement, très justement, « Être et Temps » permet intrinsèquement d'enfiler, entre autres, une chemise brune au Dasein.

Je ne cite plus Heidegger depuis plusieurs années. Pourquoi, très précisément ? Parce que ça fait des années que je ne le lis plus, sauf via certains intérmédiaires, comme Faye et consorts. Certains parlent à ce propos d’une sorte de fond de commerce. C’est très désobligeant à l’égard de travaux parfaitement rigoureux, et plus que nécessaires. Et surtout ce qu'ils citent d'Heidegger, et bien Heidegger l'a bien pensé et écrit. Parce qu'à tous les ans son lot d'insanités (Dégueulis sur Descartes, tête de turc notoire, mais pourquoi donc ?, le caractère métaphysico-lyrique des assauts blindés lors de la campagne de France, la nécessité de la sélection, pureté, raciale, etc.). Tous les ans, à force, ça commence à faire une montagne nauséabonde. Plus sérieusement, ça documente de mieux en mieux la continuité entre le Dasein soi-disant tout nu et le nazi. Malgré un lobby « Heidegger » qui freine des deux pieds, falsifie, édulcore, retarde, trafique, etc., qui s'est complétement discrédité, la GA avec, et un dernier carré qui se réduit comme peau de chagrin. Ce psycho-drame, il faut le dire, n'étant plus d'actualité que dans ce pays, le notre, la France.

J'ai donné, répété, à l'envi, et de façon à ce qu'on sache de quoi je parle, du moins moi, quand j'évoque Martin Heidegger, les références des 5 ouvrages de celui-ci que j'ai lu, relu, annoté, médité : 4 séries de cours et donc son traité inachevé « Être et Temps ». Rien que le titre est un mauvais présage, l'Être n'a vraiment, vraiment, pas grand chose à voir avec le temps, pour le moins, c’est un des chevaux de bataille majeurs de l’éléatisme. Ma première lecture s'est achevée sur ce sentiment : de la métaphysique, complétement, façon limace dans un saladier de purée donc, complétement aussi, comme annoncé par le titre. Et il n'a pas changé par la suite, mais n'a fait que se conforter. Heidegger triche de façon scandaleuse, dangereuse, avec le cogito, et ce texte là de Sartre, qui épingle Heidegger sur ce point, j'en use et abuse, oui, mais il se trouve qu'il dit vrai (C'est du grand art, Sartre se sert d'un pinceau fait d'un seul poil de moustache de renard.) et cela permet au « Dasein » de se déployer comme on sait. Vu ainsi, finalement, façon moindre mal, que « L'être et le néant » n'induise, ne justifie, ne fonde, aucune praxis, rien, c'est déjà pas si mal. Cette philosophie a le mérite d'être rigoureuse, méthodique, probe, etc., mais stérile. Et on peut donc faire plus fécond, prometteur, etc., en un mot, autre, mais alors, l'injonction est philosophique, historique, catégotique, soi on se coltine complétement le cogito, soi on claque la porte et on le dit (Nietzsche, Marx, Deleuze, etc.) soi on triche, élude, frelate, et c'est ce qu'a fait Heidegger. De telle sorte, lien de cause à effet, qu'il est parfaitement possible de refiler un costume völkisch, nazi, du plus « beau brun », Heidegger montrant lui-même l'exemple, à son Dasein. Et je dis donc que certains mouvements actuels refont la même chose : rhabiller le Dasein comme ça leur plait bien a priori. Et que ceux qui se livrent à ce petit exercice partagent de troublants points communs, dans le registre du conservatisme, pour ne rien dire d'autre. Je récapitule : « Être et Temps » permet intrinsèquement de soi-disant donc « dérapages ». Je ne rejette pas le traité parce qu'Heidegger fut nazi, je rejette le traité parce qu'il permet, lien de cause à effet, de l'être. Il n'est pas du tout question d'ignorer l'ordure parce qu'il fut métaphysicien, d'oublier des « dérapages " qui n'ont donc rien de « dérapages » pour se pencher sérieusement sur le métaphysicien, pas du tout, du tout. Nous tenons un métaphysicien, qui formule une métaphysique, une perspective, « ouvertes » (En trichant, en éludant.), d'où une indéniable séduction, prestige, aura (C'est si rare depuis Descartes une métaphysique « ouverte ».) mais dont sa métaphysique lui permet d'être une ordure. C'est quelqu'un de très conséquent Heidegger, je n'ai jamais dit le contraire, je n'ai jamais dit que c'était un demeuré, d'où sa dangerosité, son caractère vénéneux. Il n'est absolument pas question d'éluder, d'écarter d'un revers de la main, un tel danger, une telle menace : la preuve, les postérités évoquées aux fortes accointances genre « Gardiens de la Révolution » en Iran et autres qu'on peut constater. Son traité permet ces accointances, déclinaisons, rhabillages. Ce sur quoi, cette possibilité qu'offre son traité, il faudra vraiment faire la lumière, parce que là, oui, chassé par la porte, il reviendra par la fenêtre, dans les universités iraniennes et analogues ! Un métaphysicien qui offre une métaphysique aux ordures, on ne peut pas traiter cela à la légère. Heidegger élude, triche avec, anathématise, vomit, le cogito, d'où une métaphysique « ouverte », mais il ne le pense pas. Mes ambitions sont strictement assujetties à un minimum d'honnêteté intellectuelle, de déontologie, de probité, etc., toutes choses avec lesquelles il se torche. Je préfère être un cul-terreux bien droit qu'un gourou bien tordu prêt à tout. Je préfère Lévinas et Arendt qui ont tant désespéré de la métaphysique, notoirement à cause de ce qu'en fait l'Arriviste métaphysique brun, j'ai nommé Martin Heidegger. Mon petit doigt me dit que la solution de continuité entre les « deux » Heidegger sera de mieux en mieux documentée, explicitée, comprise. Que ceux qui nous demandent de ne pas regarder la montagne nauséabonde avaient tort. En dernier lieu, ce type, comme tout le monde, est un. Et quand on s'écarte trop de cet axiome, qu'on lui fait faire des grands écarts un peu trop soutenus, on se rapproche de façon proportionnelle de l'asile. Ce qui n'est absolument pas le cas d'Heidegger : il est cohérent, conséquent, homogène, montagne nauséabonde incluse. Rappelant pour la énième fois, ad nauseam, que j'ai toujours pensé et dit que les deux plus grands philosophes du XX° siècle étaient Heidegger et Sartre. Et qu'une telle présence, indiscutable, sur cette liste, va complétement de paire avec ce siècle.
En dernier lieu, je ne suis pas Heidegger, Heidegger n'est pas papou, et vice versa, etc., etc., qu'est-ce à dire ? Qu'il y a autant d'élucidations dialectiques du Sujet qu'il y a de Sujets. « Être et Temps » n'est que celle d'Heidegger, la Sienne. Le Dasein d'Heidegger n'est que le Sien. Voilà à propos du « cas Heidegger », de la soi-disant fracture, distance, entre le métaphysicien et le nazi, de la solution de continuité de mieux en mieux documentée, comprise, entre le Docteur et le Mister. La défense incombe à la défense. Mais il faut bien constater que l’accusation n’en finit pas d’enfoncer le clou.

Ma mésentente avec, de, Heidegger est très ancienne et ne commence même pas avec des lectures directes de ses œuvres mais avec des influences de ce penseur chez d’autres. Et cette mésentente est sans doute à l’origine de mon impossibilité à accéder, à gouter, à la grandeur que certains ont trouvé chez lui (Quant un Sartre, pour s’en tenir à un exemple, répond  «  Et alors ? » quand on lui dit qu’Heidegger est nazi, ça force à réfléchir.). Dans l'introduction de sa traduction de la « Métaphysique » d'Aristote, Bernard Sichère, qui proclame son appartenance au fan club Heidegger, dit  en substance (1) qu'il est radicalement impossible de lire la « Métaphysique » d’Aristote sans le secours, inestimable, forcément, d'Heidegger. C'est vachement sympathique pour tous ceux qui ont lu, édité, médité, commenté, ce « texte » (Compilation posthume, etc.), pour la grande reconquête exégétique post-scolastique du Stagirite initiée au début du XIX° siècle, avant la naissance messianique d'Heidegger donc,  et qui a couru jusqu’au milieu du XX° siècle, etc. Parce que moi, même moi ( Mais on m'a dit de ne pas trop abuser de la fausses modestie !), quand je lis Heidegger qui cause de la « Métaphysique », je vois très bien, par exemple, qu'il a lu avec la plus grande attention Jaeger et compagnie qui nous causent de la « Métaphysique », qu'il profite pleinement de cette reconquête, mais ce n'est pas en notes en bas de page (Heidegger est très mauvais, réticent, créditeur.). En fait Bernard Sichère, emporté par son enthousiasme heideggerien, séduit, étourdi, escroqué, ne prend pas la mesure de ce qu'il dit. Somme toute, in fine, il attribue cette reconquête à Heidegger, ce à quoi s'ajoute bien sur selon lui l'inestimable discours, éclairage, messianique et définitif d'Heidegger. Et un tel propos m'a rappelé des mauvais souvenirs de mes débuts en philosophie, grecs comme on sait, quand j'ai lu l' « Anaximandre » et l'«Héraclite » de Marcel Conche, que je respecte complétement, mais qui choucroutise rétrospectivement tellement ces deux présocratiques que je n'ai pas son Parménide, que j'ai dit non à 400 pages sur Parménide !! Alors que pour Parménide, je ne suis vraiment pas du genre à me passer d'une source, d'une telle masse de données. J'ai énormément appris de gens avec lesquels je ne suis pas d'accord, mais là il y a eu un phénomène type overdose, tilt, game over, n'en jetez plus, je n'en pouvais plus, alors que je ne connaissais absolument pas Heidegger. En plein noviciat philosophique purement grec (Ou presque, en tous cas, purement antique.), je me suis dis « Mais c'est quoi ça !? » Des Grecs qui sentent la naphtaline !? J'appelle cela un oxymore métaphysique ! Et ça, cette expérience, c'est tout simplement mon premier contact avec Heidegger, son éclairage interprétatif rétrospectif via adeptes, de nombreuses années avant de le lire. Enfin bref. Tout ceci me dit d'abord une chose : l'ampleur, la profondeur, la radicalité, etc., de l'influence, de la séduction, d'Heidegger qui a confisqué malhonnêtement la pensée d'un siècle, abusé des gens qui valaient mille fois mieux, qui se sont gaspillés, immolés, sur cet autel. J'arrête. Je repense à Celan qui « signe » le Livre d'Or (!) de la Hutte (!), qui attend un mot qui ne viendra jamais. Et pour causes : cohérence, conséquence, complètes du personnage, il savait parfaitement que tout finirait par sortir et « accessoirement » les regrets, les remords, mais ce n'est pas le genre de la maison. Heidegger avait tout prévu, pensé, planifié. Mais il y a eu un « petit imprévu » : le Reich n'a pas tout à fait duré mille ans. Et c'est bien de cela qu'Heidegger voulait être le penseur suprême. En tous cas, tous ce qu'il écrit après 1933 va dans se sens, il y a une compétition avec ses « collègues » völkischs, qu'ils méprisent, ils méprisent tout le monde d'ailleurs : le seul, l'unique, le grand, le meilleur, c'est lui.

(1)
Bernard Sichère dans son introduction à sa traduction de la « Métaphysique » d'Aristote, éditions Pocket a écrit a écrit:: « J'en profite en tous cas pour dire ou redire qu'il me parait inconcevable de proposer aujourd'hui une traduction d'Aristote qui prétende purement et simplement contourner sans même l'affronter la lecture radicalement novatrice d'Heidegger, même si cette dernière déplait par bien des cotés au confort d'une certaine tradition académique. A cet égard, j'espère modestement que le lecteur me saura gré de lui avoir fourni un premier indice de la manière dont il est possible de retraverser toute la sédimentation de la version latine et scolastique (Disons « thomiste » pour être clair.) du texte aristotélicien afin de lui redonner, dans son grec premier et souvent âpre, sinon toute sa facilité (plût au ciel !), du moins sa verdeur et sa bouleversante inventivité phénoménologique ».

Le « thomiste » entre parenthèse est un petit tacle au demeurant assumé à la traduction de Jules Tricot, qu'il juge, je cite « néanmoins parfaitement cohérente ». Nous avons donc le choix, en langue française, entre la traduction de Jules Tricot qui serait encore empreinte, imprégnée, de la stratification scolastique (Appelons un chat, un chat, parce que Jules Tricot avait la foi, s'inscrit en premier lieu dans cette tradition.), même si ses efforts pour entériner les progrès de l'exégèse post-scolastique sont manifestes, avoués du bout des lèvres (On le voit bien entre sa Minor et sa Major, entériner du Jaeger, du Ross, du Aubenque, etc., des acquis, des conquêtes de l'exégèse post-scolastique, de ce renouveau.), riche d'un appareil critique, sérieux, conséquent, on sent l'oeuvre majeure, privilégiée, d'une vie (Sur lequel il ne faudrait pas trop vite cracher : cet effort là n'a toujours pas de parallèle en langue française. ), et, non pas une traduction, mais bien une interprétation heideggerienne d'Aristote par Bernard Sichère, et sans aucun appareil critique. Ce à quoi on peut ajouter la traduction de Marie-Paul Duminil et Annick Jaulin, qui elles aussi proposent un retour, lui aussi post-scolastique, au texte brut. Et brut à ce point : ici aussi sans appareil critique. Un chouia de vraie modestie : je ne suis pas de ceux qui oseraient prétendre aborder sans aide ce « texte », on sait grâce au dit renouveau exégétique que c’est une méchante, quant à la forme, compilation posthume. Et donc avec cette introduction de Bernard Sichère, qui a le mérite d’être on ne peut plus claire, d’annoncer la couleur, j'ai redouté la même expérience qu’avec les ouvrages de Marcel Conche sus-cités : je n’ai pas lu sa « traduction ». Bernard Sichère proclame haut et fort que sa lecture d'Aristote est complétement fondée, inspirée, par, je cite, le mot est de lui, « l'éblouissement » provoqué par un cours d'Heidegger, « Aristote, Métaphysique, Thêta 1-3 », De l'essence et de la réalité de la force, Martin Heidegger, 1931.

Indéniablement, Heidegger a remis l’ontologie en selle pour certains. Mais cela ne vaut absolument pas pour moi. Moi, éléate, je m’intéressais donc en tant que tel déjà beaucoup à l’ontologie longtemps avant de lire ma première ligne d’Heidegger. Quand je lis pour la première fois Heidegger dans la lettre, c’est déjà Être et Étant en poche, c'est à dire parfaitement clairs, élucidés, conquis. Heidegger ne fait pas d’ontologie. Quand il dit qu’il fait de l’ontologie, il fait déjà complétement de la métaphysique et ce en roue libre.


Dernière édition par neopilina le Ven 6 Nov 2015 - 15:12, édité 1 fois

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Message par Courtial Jeu 5 Nov 2015 - 22:52

C'est peut-être ton assiduité sadienne ou autre chose, mais je vois que tu ne fais pas dans le pardon des offenses, même quand on a prouvé son repentir sincère en effaçant la cause de l'offense.
Je serais bien prêt à t'offrir une troisième joue pour me baffer, mais je n'ai pas cela en rayon.

Ethiquement et netiquement, ton procédé est douteux.

Pour le reste, les conditions que j'ai mises étant par toi confirmées dans leur nullité, nous ne parlerons donc plus de cette question.

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Message par poussbois Ven 6 Nov 2015 - 2:43

Hébé, si le lien de cause à effet entre une philosophie et sa politique contemporaine était si évident, on n'en revient pas que les philosophes que l'on aime ait eu si peu d'influence. Il n'y aurait donc que les salauds qui auront eu de l'influence ? Personnellement, j'ai un peu du mal avec ces lectures a posteriori...

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Message par neopilina Ven 6 Nov 2015 - 3:46

Ce qui est publié avec la plus grande régularité à l'encontre du lobby Heidegger, les gardiens du temple et de la rente, c'est ce que Heidegger a pensé et écrit entre 1933 et 1945. Et je n'ai pas dit qu'Heidegger avait eu une influence politique : ce n'est pas le cas et il en sera ouvertement amer, il a voulu être LE penseur du Reich et ici il a échoué, pas assez radical ! Par contre, et j'ai argumenté dans ce sens, il a eu une influence philosophique absolument considérable, à ce point, j'ai dit qu'il avait confisqué, accaparé la pensée continentale au XX° siècle. Dire cela ce n'est pas non plus une lecture a posteriori mais un constat. Autre constat de base, expérimental, la métaphysique d'Heidegger ne l'empêche pas d'être un nazi, et que l'influence de sa métaphysique a été telle qu'une foule de personnages plus éminents les uns que les autres ont fait l'impasse sur son nazisme, qui n'aurait été pardonné chez aucun autre. Je ne minore pas le " fait " Heidegger.
On rapporte cette anecdote, on aurait dit à Sartre : " Mais Heidegger était nazi ", et Sartre aurait répondu : " Et alors ? " Voilà quelle a été l'emprise, l'aura, d'Heidegger sur un échantillonnage sans aucun parallèle des meilleurs cerveaux du XX° siècle ( Dans le lot il y a des juifs, des résistants, des prisonniers de guerre, des déportés. ). Mais ils n'avaient pas lu ce que nous nous pouvons lire, pu prendre la mesure de l'ampleur, de la radicalité, de la compromission, des tonneaux d'horreurs qu'il écrit entre 33 et 45. Et encore aujourd'hui, surtout en France !, la fascination s'accroche. Je n'ai jamais demandé une mise à la poubelle manu militari : je veux que le phénomène devienne aussi intelligible que possible.
Ce qui serait intéressant dans le cadre de cette problématique " Heidegger métaphysicien et nazi " serait d'examiner à la loupe avec cette problématique en tête donc ce qu'il pense, dit, écrit, entre 1927 et 1933 pour suivre son propre cheminement, idéalement le plus intime, entre la publication du traité et l'accession au pouvoir des nazis.

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Message par Bergame Ven 6 Nov 2015 - 11:30

Carl Schmitt était nazi. Un vrai, lui, si l'on ose dire, qui a exercé de véritables responsabilités au sein du Reich. C'est pourtant une référence difficilement contournable pour la théorie politique contemporaine, du reste lu et commenté par des gens tout à fait respectables. Ceci pour dire simplement que, pour ma part, je comprends le "Et alors ?" de Sartre, venant de plus d'un homme qu'on ne peut aucunement soupçonner d'ambiguïté coupable.
Mais je trouve que ce type de discussion entraine une question plus générale : Est-il légitime de juger éthiquement une pensée théorique ? Est-ce que ca a un sens ? Il me semble qu'il est légitime de juger les conséquences, pratiques, de la théorie. Mais la théorie elle-même ?

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Message par neopilina Ven 6 Nov 2015 - 14:44

Bergame a écrit:Est-il légitime de juger éthiquement une pensée théorique ? Est-ce que ça a un sens ? Il me semble qu'il est légitime de juger les conséquences, pratiques, de la théorie. Mais la théorie elle-même ?

Mais on ne fait que ça ! Les montagnes de cadavres générées par le marxisme ou encore l'ultra-libéralisme sont des conséquences directes de théories, lien de cause à effet. Et dés le moment où on touche au mode de vie, etc., à l'homme d'une façon ou d'une autre, la question éthique est déjà là, d'emblée engagée. La philosophie a la prétention de traiter à sa façon de l'homme en tant que tel, de là il est clair que l'interrogation éthique est coextensive, la philosophie c'est aussi de l'éthique et vice versa. En éthologie, en sciences humaines et philosophie, juger éthiquement une théorie n'est pas seulement légitime, c'est obligatoire. Je juge le marxisme, la théorie, en fonction de ses conséquences pratiques, pourquoi, comment, a t-il pu avoir de telles conséquences pratiques, etc. En examinant la théorie on découvre pourquoi elle a eu de telles conséquences ( Cf " Le Bolide marxiste ". ). Je vais godwiner direct : les théories qui n'ont aucune conséquence ne m'intéressent pas beaucoup.
Sartre, pas encore bien informé puisque c'était avant 1950 répond donc " Et alors ? " mais dans son traité à lui il ne se gêne pas du tout avec le métaphysicien Heidegger. C'est dans son traité à lui qu'il épingle validement la démarche du Dasein. Le propos de Sartre, c'est en substance : nazi ne signifie pas qu'il est donc, lien de cause à effet, un piètre métaphysicien. Et moi-même ce n'est pas ce que je dis, je n'ai jamais minorer Heidegger : je n'ai jamais dit " étant nazi ce fut donc un métaphysicien surfait. Mais je n'admets pas l'extrémité des gardiens du temple qui consiste à dire : oublions le nazi parce que se fut un métaphysicien d'ampleur. Non, non, c'est le tout en tant que tel qui est à penser. Le physicien s'en fout de la vie de minable de Newton ( Qu'il a poussé un assistant au suicide, qu'il a plagié, etc. ), et épistémologiquement il a bien raison. Mais en éthologie, en sciences humaines et philosophie, toujours épistémologiquement, on ne peut pas avoir ce comportement.
Il y a un fait " Heidegger métaphysicien et nazi " à penser, à comprendre, à élucider.
" Heidegger, métaphysicien et nazi ", cela même est à penser, à élucider, à comprendre, de fond en combles.
Je n'ai pas dit non plus que son traité avait des conséquences nazies, j'ai dit qu'il permettait de l'être et pourquoi, et que je constatais qu'Heidegger avait une certaine postérité dans certains milieux ( L'intégrisme catholique, la révolution iranienne, etc. ). Dans un premier temps, je constate qu'Heidegger a pu parfaitement être et métaphysicien et nazi, que l'auteur de ce traité a pu aussi être nazi. Ce qui m'amène à me pencher sur ce traité.

( P.S. J'ai très largement édité et complété mon premier message sur ce fil. )

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Message par Courtial Ven 6 Nov 2015 - 15:46

Bergame a écrit:Carl Schmitt était nazi. Un vrai, lui, si l'on ose dire, qui a exercé de véritables responsabilités au sein du Reich. C'est pourtant une référence difficilement contournable pour la théorie politique contemporaine, du reste lu et commenté par des gens tout à fait respectables. Ceci pour dire simplement que, pour ma part, je comprends le "Et alors ?" de Sartre, venant de plus d'un homme qu'on ne peut aucunement soupçonner d'ambiguïté coupable.
Mais je trouve que ce type de discussion entraine une question plus générale : Est-il légitime de juger éthiquement une pensée théorique ? Est-ce que ca a un sens ? Il me semble qu'il est légitime de juger les conséquences, pratiques, de la théorie. Mais la théorie elle-même ?

Je suis d'accord avec Sartre sur un point (on l'a compris, je ne parle plus de Heidegger), qu'il a expliqué dans sa conférence L'existentialisme est un humanisme, le passage où il reprend la fameuse analyse de Kierkegaard sur le sacrifice d'Isaac par Abraham (sacrifice qui n'aura pas lieu, Dieu l'empêche, finalement). Pourtant, Dieu a bien dit à Abraham d'égorger Isaac, c'est Sa Parole exprès.
Les signes textuels, même divins, même les plus explicites, l'homme en fait ce qu'il veut, c'est ce que veut montrer Sartre. On a abordé ce sujet ailleurs (l'islam) : aller raconter qu'on tue, qu'on massacre, qu'on lapide, qu'on coupe des mains, qu'on tranche des têtes parce que c'est écrit, et qu'on ne peut pas faire autrement parce que écrit, c'est ce que Sartre appelle de la mauvaise foi. Les gens qui font cela, il les appelle des "ayant droit" ou des "salauds". (Le "salaud" chez Sartre, c'est un ayant droit. Il n'a pas compris qu'il était contingent, le mec).

On pourrait citer bien des cas où un texte a été interprété comme on a voulu, parce que ce ne sont pas les textes qui déterminent quoi que ce soit, ce sont les hommes.
Je suis marxiste, sur ce plan, en plus d'être sartrien : aucun texte, quel qu'il soit n'a jamais eu en lui-même aucune puissance causante, déterminante, ce sont les hommes, "les individus vivants en chair et en os", comme dit Marx, qui font d'un texte ce qu'ils veulent.

Ce que je ne suis pas, en revanche (je crois qu'on l'a perçu suffisamment), c'est onfraytien : je ne tiens pas Marx pour responsable, par ce qu'il a écrit, du Goulag. Ni Platon du fascisme - comme Onfray nous le dit après Béachèle (auquel il prétend s'opposer alors que, comme j'ai dit, c'est exactement la même chose).
On peut peut-être interpréter Marx comme un pourvoyeur de camps de concentration, surtout si on ne le lit pas et qu'on déclare qu'il ne faut surtout pas le citer, et je trouve grossier d'imputer à un philosophe les contresens qu'on fait sur lui, mais surtout, je ne peux pas voir dans un bouquin une puissance déterminante.
L'idée me plairait puisque j'ai comme autre point commun avec Sartre d'avoir passé ma vie dans les livres (comme il l'explique si magnifiquement dans Les Mots). Je voudrais bien que les philosophes (littérateurs, penseurs du Droit, de la Société, etc.) soient les rois du monde et imposent par leurs écrits le rythme auquel tourne le monde. J'aimerais bien croire avec Hegel que les Idées mènent le monde, mais la raison comme l'expérience m'ont conduit à des vues beaucoup plus modestes.

Etant assez sceptique sur les pouvoirs réels de la littérature dans la Marche du Monde et le Destin Ultime de l'Univers, même pour des textes célèbres, comme le Manifeste communiste ou le Capital, je suis carrément rigolard pour ce qui touche aux écrits d'un philosophe unaniment reconnu comme incompréhensible par un individu normal, et ceci davantage encore lorsqu'il s'agit de textes planqués dans ses tiroirs et réapparaissant 80 ans après. La littérature produisant des effets sur le mode déterministe, j'ai des doutes, mais quand on lui attribue en plus une action rétrospective, j'ai tendance à pouffer.

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Message par neopilina Ven 6 Nov 2015 - 16:02

Tout à fait : pouffons, pouffons. Il est évident que le Nouveau Testament, le Manifeste qui prône la révolution violente, le Coran, etc., n'ont jamais tué personne. Si on précise : vu par la petite lorgnette. J'ai toujours dit que Marx avait eu raison de mourir en 1883 : ça lui a évité certains retours d'expérience.
Un petit rappel ?
Sujet traité dans le fil sur l'Islam : d'un part un texte d'autre part un Sujet desquels il résulte un procès osmotique, un vécu, des actes, etc. Je renouvelle mon offre : une boite de chocolats à celui qui me trace au sol un trait de craie blanche en me disant : ça ça ressort du texte, ça ça ressort du Sujet.
Expérience de pensée : supprimons certains textes, et ensuite constatons. Les livres d'histoire vont soudain se sentir très mal.
On ne métaphysique pas impunément.

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Message par Courtial Ven 6 Nov 2015 - 16:27

neopilina a écrit:J'ai toujours dit que Marx avait eu raison de mourir en 1883 : ça lui a évité certains retours d'expérience.
Un petit rappel ?

Eh bien, tu t'es toujours trompé, voilà tout.
Marx a été parfaitement à même de voir l'application de ses théories, en 1870-71. C'est la Commune de Paris, qu'il défend (voir La Guerre civile en France, faut lire les bouquins, après on peut discuter) parce qu'elle applique son programme (qui n'est pas le sien, d'ailleurs, c'est celui de l'Internationale des travailleurs (Londres, 1864), où il a joué un rôle, preuve qu'il ne croyait pas aux bouquins en tant que tels):

- réduction immédiate de toutes les payes des politiques sur une journée d'ouvrier et rien de plus.
- abolition de toute armée permanente
- abolition de toute Police permanente
- réduction des mandats politiques à un an maximum révisable en cours de route si on déconne.(avec dégagement direct de ceux qui font ce qu'ils ne sont pas mandatés pour faire ou qui auraient des envies de se remplir les poches).
- confiscation immédiate des biens des émigrés
- suppression immédiate du Gouvernement et de quelque "gouvernement" que ce soit.
Etc.

Ce qu'il a pu voir, c'est que les Communards se sont fait massacrer.


Dernière édition par Courtial le Ven 6 Nov 2015 - 16:37, édité 1 fois

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Message par neopilina Ven 6 Nov 2015 - 16:34

Courtial a écrit:Ce qu'il a pu voir, c'est que les Communards se sont fait massacrer.

C'est bien ce que je dis, comme Jésus : il a raté le " meilleur ".
L'Inquisition, oui mais non, Staline oui mais non, les frères Kouachi, oui mais non, ... Ça va 5 minutes : manifestement insuffisant.
Réducteur, petite lorgnette, renvoi au dit procès osmotique, sachant que c'est toujours, forcément, les pires qui ont le dessus.
On ne métaphysique pas impunément, si on réussit à toucher la chose métaphysique alors cela a des conséquences chez Autrui que même l'apprenti sorcier ne peut pas soupçonner.

P.S. J'accepte très volontiers, que dis-je, je suis demandeur, avide, les conseils de lecture. Mais ça dépend de qui.


Dernière édition par neopilina le Ven 6 Nov 2015 - 17:00, édité 1 fois

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Message par Bergame Ven 6 Nov 2015 - 16:56

Mais non, ne pouffons pas. Mine de rien, c'est une vraie question.
Moi aussi, j'ai souvent été étonné du pouvoir que d'aucuns attribuent aux livres. Comme si les livres menaient le monde. Je n'en crois rien non plus. Mais :
1. Nous vivons dans des civilisations du Livre, qui attribuent à l'écriture, et dès l'origine, une puissance magique, et dont les principes éthiques fondamentaux sont réputés recueillis auprès d'une source divine et recueillis dans des livres saints. Donc au sein de ces civilisations, il n'est pas incongru de penser que les livres peuvent avoir un pouvoir sur le comportement des hommes.
2. D'ailleurs, l'éducation -c'est-à-dire une bonne partie de la socialisation- se réalise au travers de livres, de manuels, etc.
3. Lorsque, comme le suggère Courtial, on a consacré une bonne partie de son existence à lire, étudier et discuter des livres, on a peut-être d'autant plus de facilité à accorder aux livres en général une place centrale dans la vie des hommes.

Pourtant, par exemple, si l'on prend l'un des livres dont on peut considérer qu'il a eu un impact important sur l'histoire : Le Nouveau Testament. En réalité, c'est une construction dans le temps. C'est une multi-construction à laquelle ont participé, chacun à leur niveau, l'ensemble de ceux qui, à un degré ou un autre, ont cru dans ce qui était écrit dans ce NT. A mon sens, ce n'est pas le livre et son contenu qui importent à l'analyse, ce sont tous ceux qui, pour une raison ou une autre -et parfois bien obscures- s'y "retrouvent", y voient un sens.

Pour me faire comprendre, prenons un exemple absurde : Pour l'instant, les Prophéties de Nostradamus ont au pire le statut d'un ramassis de billevesées, au mieux celui d'une curiosité pour la majorité des individus. Seule une toute petite minorité y accorde foi. Mais supposons qu'un évènement à venir, tout à fait contingent, puisse pourtant sembler donner raison à l'une ou l'autre des prophéties, et cette fois avec quelque vraisemblance (coïncidence entre une date et un terme utilisé par exemple) et nous assisterons alors peut-être à la "naissance" d'un nouveau livre saint autour duquel pourrait d'abord se constituer un mouvement religieux, qui, dans le temps, se structurerait en institution, en "Eglise", qui abriterait les travaux d'exégèse du texte, donnant ainsi naissance à une nouvelle "science", peut-être à des écoles, qui prendront en charge l'éducation de générations de petits écoliers, enracinant socialement la doctrine jusqu'à ce qu'elle soit reconnue officiellement par le pouvoir en place, puis qu'elle inspire la législation, etc.etc. et on aura alors quelques chose qui commencera à ressembler à une "civilisation" HEIDEGGER - Retour sur le nazisme d'Heidegger 4017359721 Ce n'est pas le livre lui-même qui fonde la civilisation, c'est la "civilisation" qui se constitue autour d'un livre. Tout le monde sait que le christianisme ne s'est pas souvent conformé aux préceptes de Jésus. Et réciproquement, pour un Jésus ou un Mahomet, combien de leaders défaits, d'illuminés enfermés ? L'histoire est pleine de prophètes ratés.

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Message par neopilina Ven 6 Nov 2015 - 17:07

Dans les " bagages " de l'intériorisation ontogénique, constitutive, il y a toujours plus qu'on ne le pense de prime abord : " j'adore " un athée qui pense, dit " Salope ". Je poufferais bien, mais il n'y a pas de quoi. Tout Sujet est un procès osmotique, d'abord un Fruit. Toutes les pommes de mon pommier sont différentes ( A chacun Son Dasein ! ) mais ce sont toutes des pommes de ce pommier. Encore et toujours la part des choses ? Mais penser, le plus souvent, c’est penser cela.

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Message par neopilina Ven 6 Nov 2015 - 20:07

A propos de Marx. Je préfère de très très loin scruter à la loupe, refaire à mon compte le cheminement, dans les pas de l'auteur, phrase après phrase, et recommencer à l'instant où je sens que je n'y suis plus, que j'ai le sentiment de ne plus tenir et suivre le fil, les " Manuscrits de 1844 ", pour VOIR le jeune Marx, un pur et brillant produit de l'académie hégélienne, claquer la porte de l'Académie, de la Maison. Il a plein de choses à dire ce jeune homme, mais il a compris qu'il ne pouvait pas le dire dans Le Cadre du moment, ça le chiffonne aux entournures, c'est un rigoureux, un probe, fin comptable, etc. : il doit s'émanciper, claquer la porte et s'en expliquer, d'abord à ses propres yeux, il voudrait bien comprendre pourquoi. VOIR naître le Bolide marxiste.
Cadre d'où l'Humanité, rien que cela, a été expulsée par un certain " ... donc je suis " qui ainsi obtenu est rigoureusement, absolument, vide.
Marx réintroduit a priori, empiriquement et complétement, ce n'est rien de le dire, le Sujet, et il lui taille les Daseins qu'il a envie de lui tailler : Prolétaire, Bourgeois, Patron, etc. Et en réintroduisant le Sujet, il opère empiriquement le renversement dialectique que requiert effectivement le cogito en l'état puisque c'est lui qui inverse. Ce renversement se fait en bonne due forme quant on va au terme de la démarche et qu'alors très naturellement, on fait demi-tour, on revient. Le matérialisme historique est en marche, et j'euphémise, je dis d'ailleurs " Bolide ". Enfin bref, on est passé d'un excès à un autre. Je ne dis pas que la suite, le reste, ne m'intéresse pas, mais je dis que, métaphysiquement, les dés étaient jetés. Et je pense qu'on connait mon Terrain de prédilection, la Lisière. Somme toute, je n'ai aucun mérite. C'est constitutif, ma Position naturelle.

Il est grand temps de siffler la fin de la " récréation " nihiliste de la métaphysique occidentale qui commence avec Descartes et se termine avec Sartre, au nom de l'Autre, de l'Animal et de la Biosphère.


Dernière édition par neopilina le Sam 7 Nov 2015 - 18:57, édité 10 fois

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Message par hks Ven 6 Nov 2015 - 23:56

neopilina a écrit:En éthologie, en sciences humaines et philosophie, juger éthiquement une théorie n'est pas seulement légitime, c'est obligatoire. Je juge le marxisme, la théorie, en fonction de ses conséquences pratiques, pourquoi, comment, a t-il pu avoir de telles conséquences pratiques, etc. En examinant la théorie on découvre pourquoi elle a eu de telles conséquences ( Cf " Le Bolide marxiste ". ). Je vais godwiner direct : les théories qui n'ont aucune conséquence ne m'intéressent pas beaucoup.

Il n'y a pas de liens obligés entre le théorique/théorétique et l'éthique.
Bien sûr qu'une théories de l'éthique (une philosophie morale ou de la morale) a des liens avec le comportement moral ...mais ce n'est pas valable pour les autres domaines théoriques.
On le voit particulièrement bien chez Kant.  
Une philosophie de la connaissance ( épistémologie ou  diverses théories de la perception, du concept, de l'intellection en général) n'a pas nécessairement de lien avec la morale.

Une théorie explicative  du capitalisme( par exemple ) n' a pas de lien direct avec la morale ...il y a certes des liens (tout est lié HEIDEGGER - Retour sur le nazisme d'Heidegger 2838363678 quelque part) mais pas  si évident à voir et pas tel qu'on puisse établir des causalités fortes.

Il y a bien chez Marx une volonté de fusionner le théorétique et la pratique ...une volonté certes.
Reste que la partie théorique est la partie théorique...et que la pratique fut assumée par d'autres qui avaient compris vaille que vaille la théorie.
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Message par neopilina Sam 7 Nov 2015 - 0:44

à hks,

Oui pour une théorie de la connaissance. Mais la philosophie, ce n'est pas que ça, sauf erreur de ma part, son objet essentiel c'est l'homme, de là on peut supposer que l'éthique va très vite s'inviter au banquet !


hks a écrit:Il y a bien chez Marx une volonté de fusionner le théorétique et la pratique ... une volonté certes.
Reste que la partie théorique est la partie théorique...et que la pratique fut assumée par d'autres qui avaient compris vaille que vaille la théorie.

C'est tout le problème, et pas que du marxisme. Comme dit ci-dessus, c'est encore une fois revenir au procès osmotique constitutif de tout Sujet, en dernier lieu, en toute rigueur, il y a autant de marxismes qu'il y a de marxistes, de christianismes que de chrétiens, de Daseins que de Sujets, d'islams que de musulmans, etc. La fameuse part des choses.

P.S. Encore un petit mot sur l'inversion dialectique opérée par le cogito en l'état. Aldo avait filé une conférence de Deleuze où on voyait que celui-ci avait reniflé de très loin le problème en détectant l'inversion dans la dialectique hégélienne, on le voit s'agacer, mais comme Marx il ne comprend pas d'où ça vient.

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Message par Jans Ven 29 Sep 2017 - 19:46

Heidegger n'est pas nazi, il est très au-dessus de la vulgarité des SA, de la médiocrité intellectuelle du Parti et de son culte du sport lié au mépris de l'esprit. Heidegger a créé une grande œuvre, merci ! (au passage, je me demande comment font ceux qui doivent se contenter de Martineau pour l'Etre et le Temps : j'ai arrêté au bout de 3 pages, il y avait déjà des approximations face à l'allemand, par exemple Heidegger dit qu'il faut une "Wiederholung der Frage nach dem Sein" : une reprise, un réexamen de la question de l'Etre : Martineau traduit par "répétition.."— sans parler des néologismes absurdes. Car Heidegger a des néologismes que l'on devine ou comprend, les racines sont bien allemandes).

Reste que Heidegger est tout entier pris dans la structure magnifiante de la philosophie de la nature allemande, de son panthéisme, de son enracinement dans le sol (on y retrouve le Blut und Boden, le sang et le sol nazis), de l'obsession de l'authenticité originelle (lire pour se défriser Adorno : "Jargon der Eigentlichkeit"), de la communauté de langue, de mentalité et de culture enracinée dans la race, ce qui  traduit précisément le terme de völkisch. Heidegger oppose à la pureté, l'authenticité (Eigentlichkeit) de ce qui est ancré dans le völkisch ceux qui n'ont pas de racine, de Boden (sol) : si vous ne comprenez pas "juifs", vous êtes faibles en explication de texte. L'enracinement dans sa Forêt Noire (que je peux comprendre, j'y suis allé plusieurs fois) avec le corollaire en creux du rejet de ceux qui ne sont pas allemands — voilà la porosité avec le nazisme. Indéniable. Mais faut faire avec. Comme je fais avec l'antisémitisme de Barrès, que je me délecte à lire, tant son style est remarquable.
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Message par Vanleers Dim 1 Oct 2017 - 20:30

On lit parfois que Heidegger fut un grand philosophe et un petit homme.
Cela ne pose pas de problème si on considère que la philosophie est une affaire d’idées.
Ça en pose un si on pense que la philosophie est une manière de vivre.

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Message par Jans Dim 1 Oct 2017 - 23:10

Il est certain que Heidegger (littéralement : "le laboureur de la lande") fut plus près de Goebbels ou de Papon que de mère Teresa ou de l'abbé Pierre. On est loin de l'exemplarité de Spinoza ou de Kant. On ne peut pas tout avoir.

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Message par hks Lun 2 Oct 2017 - 9:24

Vanleers a écrit:On lit parfois que Heidegger fut un grand philosophe et un petit homme.
On finira bien, un jour, par lire qu'il n'en fut pas un si grand, ce qui serait remettre à l'heure la première pendule ( pour la seconde: l' éthique ... c'est fait)

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Message par neopilina Lun 2 Oct 2017 - 13:25

Jans a écrit:Heidegger n'est pas nazi, il est très au-dessus de la vulgarité des SA, de la médiocrité intellectuelle du Parti et de son culte du sport lié au mépris de l'esprit. Heidegger a créé une grande œuvre, merci ! (au passage, je me demande comment font ceux qui doivent se contenter de Martineau pour l'Etre et le Temps : j'ai arrêté au bout de 3 pages, il y avait déjà des approximations face à l'allemand, par exemple Heidegger dit qu'il faut une "Wiederholung der Frage nach dem Sein" : une reprise, un réexamen de la question de l'Etre : Martineau traduit par "répétition.."— sans parler des néologismes absurdes. Car Heidegger a des néologismes que l'on devine ou comprend, les racines sont bien allemandes).

Sauf erreur, tu as du lire " Être et Temps " assez tard, la traduction française de cet ouvrage la plus usitée en France est celle de François Vezin chez Gallimard. Mais ce n'est pas grave. Je connais un germanophile et germanophone passionné, accompli, réquisitionné lors du crash du Concorde ( Les passagers étaient tous allemands. ), qui lit tout auteur allemand dans la lettre, et qui un jour me dit : " Heidegger ... quand même, c'est de la choucroute ".

Jans a écrit:Reste que Heidegger est tout entier pris dans la structure magnifiante de la philosophie de la nature allemande, de son panthéisme, de son enracinement dans le sol (on y retrouve le Blut und Boden, le sang et le sol nazis), de l'obsession de l'authenticité originelle (lire pour se défriser Adorno : "Jargon der Eigentlichkeit"), de la communauté de langue, de mentalité et de culture enracinée dans la race, ce qui  traduit précisément le terme de völkisch. Heidegger oppose à la pureté, l'authenticité (Eigentlichkeit) de ce qui est ancré dans le völkisch ceux qui n'ont pas de racine, de Boden (sol) : si vous ne comprenez pas "juifs", vous êtes faibles en explication de texte. L'enracinement dans sa Forêt Noire (que je peux comprendre, j'y suis allé plusieurs fois) avec le corollaire en creux du rejet de ceux qui ne sont pas allemands — voilà la porosité avec le nazisme. Indéniable. Mais faut faire avec. Comme je fais avec l'antisémitisme de Barrès, que je me délecte à lire, tant son style est remarquable.

C'est moi qui souligne. La Forêt noire donc. Je suis vosgien ( Comme Barrès, je suis le Fruit des mêmes lieux. ). Les Vosges et la Forêt noire, c'est " jumeaux " ( Géologiquement, flore, faune, paysages, atmosphère, etc. ), " pire ", c'est le même massif coupé en deux dans le sens Nord-Sud par une faille sismique, le fossé rhénan, qui comme son nom l'indique est occupé par le Rhin. Moi aussi je suis très très enraciné dans  " Mon " territoire, mais la tentation, le risque, völkisch, qui est absolument universel, n'est tout de même pas une malédiction inévitable. Tu dis " porosité avec le nazisme ", je dirais " consanguinité " avec le romantisme, et je relève la même consanguinité entre romantisme, qui est intrinsèquement vénéneux, mortifère, etc., et nazisme. Qu'un Heidegger déchoit ainsi est un scandale a priori inexplicable. J'y ai beaucoup pensé. C'est ainsi qu'un jour je découvre, aussi abasourdi, que parmi les 21 officiers ayant le grade de commandant dans les einsatzgruppen, 11 avaient un doctorat. " Mieux vaut une tête bien faite qu'une tête bien pleine ", il serait peut être temps de creuser sérieusement la proposition. Et ce faisant on se heurte à l'ontogenèse du Sujet.

hks a écrit:
Vanleers a écrit:
On lit parfois que Heidegger fut un grand philosophe et un petit homme.

On finira bien, un jour, par lire qu'il n'en fut pas un si grand, ce qui serait remettre à l'heure la première pendule ( pour la seconde, l'éthique, c'est fait ).

Dans les cours du semestre 1935/6, " Questions fondamentales de métaphysique ", on en trouve un intitulé " Qu'est-ce qu'une chose ? ", qui porte sur l'Analytique de Kant dans CRP. On a un fil qui porte ce titre, j'ai proposé une réponse et je l'ai motivé. " Qu'est-ce qu'une chose ? Réponse : c'est ". On peut évidemment y voir une tautologie, le " est " se trouve de part et d'autre du signe égal, mais aussi, d'abord même, ce qui est au coeur du principe d'identité, ce qui le fonde.

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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
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Message par Jans Lun 2 Oct 2017 - 14:38

Bonjour neopilina,

je salue en toi l'enfant des Vosges et l'amour du pays natal ! tu écris
je relève la même consanguinité entre romantisme, qui est intrinsèquement vénéneux, mortifère, etc., et nazisme.
Là, j'ai du mal à te suivre. Je ne te demanderai pas d'explication, c'est un sujet qui fait partie de mon cours à mes étudiants. Qu'est-ce que Kleist ou Eichendorff a à voir avec Adolf ? Il y a bien eu un courant de retour au moyen âge et au catholicisme, mais je ne vois là rien de méchant.

Je n'ai lu que le tout début de S&Z en français de Martineau, je ne connais pas Vezin (mais je vais aller le voir), je lis Heidegger en allemand, puisque cette langue m'est familière (et pour cause : j'ai étudié à la fac de Tübingen, de Bonn et de Trèves, après l'ISIT).
Il ne me semble pas que passer de "L'Etre et le Temps" à "Etre et Temps" soit une bonne idée, car c'est copier l'allemand là où le français préfère et de loin mettre l'article. On traduit bien "Zeit zu leben und Zeit zu sterben" de Remarque : LE temps de vivre et le temps de mourir.."

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Message par hks Lun 2 Oct 2017 - 15:28

Jans a écrit: je lis Heidegger en allemand, puisque cette langue m'est familière

Courtial ( bon germaniste ) et qui ne vient plus puisqu'il joue aux échecs... disait qu' il faudrait d'abord traduire Heidegger en allemand... à remarquer qu'il faudrait peut- être aussi traduire Vézin en Français ( Martineau je n'ai pas lu).  

Cela dit Heidegger ne construit pas un texte de littérature. Non que la littérature ne soit pas par moment, aussi, philosophique, mais qu'on y puisse distinguer justement le littéraire du philosophique  (Musil par exemple ou Novalis  au temps romantique).
Je vois donc dans l'idée du pays natal une idée philosophique.

Une idée que je ne vois pas chez Husserl (son maître)( pas comme fondamentale à tout le moins)
Cette idée volkish est interrogeable et cela outrepasse les questions d'expression langagière et /ou de traduction.
Ce n'est pas une idée neutre, elle a une puissance potentielle  forte sur l'orientation de toute la pensée.
Et je dis que rares  en occident sont ceux qui ont cette idée au fondement .
Chez Fichte (par exemple ) elle n'est pas au fondement, elle est contingente au vue de circonstances historiques.

Pour résumer (et vite dit) les philosophes occidentaux sont universalistes.

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"J'appelle "violence" ce qui excède les capacités d'intégration psychiques et  physiques.
La violence est ce rythme de perturbations non acceptables, du moins pas sans dommages potentiels."  

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Message par neopilina Lun 2 Oct 2017 - 16:02

Jans a écrit:
neopilina a écrit: ... je relève la même consanguinité entre romantisme, qui est intrinsèquement vénéneux, mortifère, etc., et nazisme.
Là, j'ai du mal à te suivre ...

Et pourtant ça commence très très tôt, par exemple en 1774 pour " Les souffrances du jeune Werther ", etc., qui se suicide. On connaît le " Voyage en Italie " de Goethe, un exercice imposé de l'époque, la pièce maîtresse de tout " Grand Tour ". Il y a aussi celui de Sade, beaucoup moins connu, et pour causes, il est inachevé, posthume, tardive, 1995, et dans une unique édition luxueuse, hors de prix ( Ce qui est scandaleux, une édition non-luxueuse pourrait, devrait, être proposée. ). A lire les deux, on se demande s'ils visitent le même pays !! Celui de Sade est très sadien ( Désolé ! ), mais c'est aussi clairement celui d'un homme des Lumières, et celui de Goethe donc, celui du romantisme, qui prendra le dessus, avec, concomitamment la Restauration du catholicisme en France, que chante " Le génie du christianisme ". Treblinka n'est qu'une branche de cet arbre, mais c'en est une.

( Pour les problèmes de traduction, je me déclare totalement incompétent, je ne parle que le françois !, je me borne à sans cesse améliorer ma prose, c'est tout. Pendant des années un de mes maîtres à penser m'a asséné " Soyez clair ! ", " Pas de jargon ! " et dés que je suis arrivé sur internet, j'ai pris des rafales de " Ce qui se conçoit bien, s'énonce bien " !  HEIDEGGER - Retour sur le nazisme d'Heidegger 1829881047  ).

hks a écrit:Je vois donc dans l'idée du pays natal une idée philosophique ... Cette idée volkish est interrogeable et cela outrepasse les questions d'expression langagière et/ou de traduction. Ce n'est pas une idée neutre, elle a une puissance potentielle forte sur l'orientation de toute la pensée.

Elle n'est rien de moins qu'aussi vieille que notre espèce. Et elle fait partie du trio maudit, avec l'argent, le lucre, la cupidité, et les religions, qui ont de tous temps ravagé le Monde et qui continuent allègrement à le faire.

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