Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
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DIGRESSION :: Sciences :: Sociologie :: Bourdieu
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Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Voilà, j'aimerais savoir si il existerait un livre - sérieux - qui aurait un regard critique vis-à-vis de l'oeuvre de Bourdieu. Mais attention, pas une littérature à charge - c'est-à-dire d'attaques ad hominem, qui cherchent à invalider toute la sociologie de Bourdieu parce que c'est un "gourou carriériste qui prétend aider les "dominés", en éjectant de son cercle les hérétiques ! En plus, ce salaud est au sommet du monde universitaire, alors que..." - qu'on trouve facilement sur toutes les étagères. Donc, voilà, je veux que l'on dissocie l'homme de l'oeuvre, même si la "personnalité", le parcours, etc, a forcément un impact sur les analyses. Et je ne veux pas des critiques caricaturales et fausses qui n'ont visiblement pas lu Bourdieu, comme de présenter l'habitus comme un jouet de la structure sociale. Boudon, par exemple, dit parfois ça, seulement on lit ailleurs des trucs plus fins de sa part - ce qui prouve qu'il l'a lu - donc on voit bien qu'il utilise ce genre "d'argument" surtout comme moyen rhétorique sur le moment. Alors, quelles sont les critiques d'ordre épistémologiques, etc ?
Albâtard- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 24/05/2010
Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Il n y a qu'un seul livre pour lire Bourdieu ! C'est toi-même ! Il ne faut pas lire à travers les autres mais attaquer frontalement les ouvrages de Bourdieu. Il ne s'agit pas de le louer ou de le sous-estimer mais de le lire directement soi-même et décortiquer sa pensée. vas droit aux ouvrages et tu sauras qui est Bourdieu c'est si simple que ça !
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Boutros
Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Merci bien !
Je te dis "merci bien", car, visiblement, tu as répondu - ce qui est déjà pas mal - à défaut de me lire !
J'ai lu près d'une dizaine de ses livres, et j'en ai à ma possession; sans compter de nombreux bouquins en rapport sur lui - commentaires en tout genres, biographies. Si tu connaissais un minimum l'auteur, tu saurais que les ouvrages sur Bourdieu se résument bien souvent, soit à des éloges, soit à des diatribes. Par conséquent, beaucoup se sont "cassés les dents". Ma demande relève donc de la circonspection; d'où la légitimité de ma démarche.
J'espère que tu m'as bien lu, cette fois.
Je te dis "merci bien", car, visiblement, tu as répondu - ce qui est déjà pas mal - à défaut de me lire !
J'ai lu près d'une dizaine de ses livres, et j'en ai à ma possession; sans compter de nombreux bouquins en rapport sur lui - commentaires en tout genres, biographies. Si tu connaissais un minimum l'auteur, tu saurais que les ouvrages sur Bourdieu se résument bien souvent, soit à des éloges, soit à des diatribes. Par conséquent, beaucoup se sont "cassés les dents". Ma demande relève donc de la circonspection; d'où la légitimité de ma démarche.
J'espère que tu m'as bien lu, cette fois.
Albâtard- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 24/05/2010
Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Si Si j'ai bien lu tes deux messages: tu as " lu " une dizaine de ses livres, tu les as dans ta possession, sans compter de nombreux bouquins en rapport sur lui, plus des commentaires biographes, mais maintenant tu cherches encore un livre dis-tu " sérieux " sur lui !!?. Voilà une petite histoire pour ça: un homme est venu voir un grand poète pour lui demander de l'aider à devenir poète. Alors le grand poète lui dis: tu vas et tu apprends 1000 extraits de poèmes. L'homme est revenu après un an vers le grand poète et lui as fait comprendre qu'il bien appris par cœur ce qu'il lui avait demandé, alors le grand poète lui répondu: Maintenant tu rentres chez toi et tu essayes d'oublier ce que tu avais appris. L'homme est revenu après avoir tout oublié. Le grand poète lui dit: Maintenant tu peux devenir un poète !
Est-ce que je connais un peu sur Bourdieu m'as-tu demandé ? Oui je l'enseigne à mes étudiants au master.
Est-ce que je connais un peu sur Bourdieu m'as-tu demandé ? Oui je l'enseigne à mes étudiants au master.
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Boutros
Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Si je me fie à ce que tu écris, et que tu es bel et bien un enseignant, alors ça ne m'étonne pas de la médiocrité généralisée de certains lorsqu'il s'agit de devoir "enseigner" Bourdieu hors d'un cadre "idéologique", académique, etc. C'est-à-dire que - mais j'espère me tromper - tu te contentes probablement d'un exposé succinct et convenu de ses théories, en sus des critiques qui lui sont adressées, mais de manière tout aussi succinct et convenu. Exposé que tu reproduis, probablement, à l'identique chaque année. Encore une fois: j'espère me tromper, mais tes messages me confortent malheureusement dans mon opinion. Ajoutons à ça tes sermons, et surtout ton propos démagogique, qui consiste à faire passer l'idée, que "je dois moi-même réaliser mes propres critiques vis-à-vis des théories de Bourdieu", ce qui est d'une naïveté consternante de la part d'un "professeur". Sachant qu'il faudrait, déjà, au préalable, se documenter - mais avec autre chose que des commentaires convenus que je retrouve en permanence: je me répète, mais comme tu m'as l'air bouché - d'où la légitimité de ma démarche: demander des sources plus "sérieuses", d'une part. D'autre part, je te rappelle que l'on est sur un forum, ce qui suppose un dialogue - tu pourrais t'inspirer du père Bergame - et non renvoi. Ce qui implique que j'invite les membres "sérieux" - façon Bergame - qui te font part de leurs "propres" critiques de manière constructive et élaborée, bref, qui prennent le temps d'écrire, au lieu de t'asséner de clichés et de lieux communs. Au fait: tu as encore loupé l'essentiel du message que j'ai essayé de te faire passer dans mes deux précédents messages. Pourtant, c'est écrit noir sur blanc. Au fait, par "sérieux", je voulais dire "non vulgarisé". Mais, visiblement, le fait que tu ne comprennes pas cet implicite démontre clairement que tu n'as rien compris au "problème" qui m'a motivé à produire ce topic.
Albâtard- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 27
Date d'inscription : 24/05/2010
Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Pas d'attaque gratuite !
boutros a fourni un avis personnel qui ne répond pas à tes attentes.
Ca s'arrête là.
On ne peut pas toujours être satisfait des réponses fournies, mais ce n'est pas une raison pour envoyer balader par des charges personnelles.
boutros : merci de respecter sa demande pour la suite, quoique tu en penses.
On modère au minimum ce forum car on considère que c'est plus agréable pour tout le monde ainsi et parce qu'il s'agit d'un forum de pensées, pas de chiffons.
Par contre, quand on intervient, c'est à comprendre tout de suite.
boutros a fourni un avis personnel qui ne répond pas à tes attentes.
Ca s'arrête là.
On ne peut pas toujours être satisfait des réponses fournies, mais ce n'est pas une raison pour envoyer balader par des charges personnelles.
boutros : merci de respecter sa demande pour la suite, quoique tu en penses.
On modère au minimum ce forum car on considère que c'est plus agréable pour tout le monde ainsi et parce qu'il s'agit d'un forum de pensées, pas de chiffons.
Par contre, quand on intervient, c'est à comprendre tout de suite.
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L'effet dévore la cause, la fin en a absorbé le moyen.
Paul Valéry, Poésie et pensées abstraites
(cité par Herbert Marcuse, in L'homme unidimensionnel)
hks : On le sait bien, une fois que un tel est parti (faché) on se retrouve seuls comme des imbéciles.
Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Vargas : Mon intention était simple: inciter à lire soi-même les théories en vue d'exercer la pratique philosophique, j'ai marqué la même proposition pour le thème qui a été évoqué à propos d'Onfray, c'est donc ma conviction personnelle à prendre ou à laisser, il s'agit pour moi d'attirer l'attention à ce que veut dire " Lire " et ce que veut dire prendre part dans l'exercice de la pensée. Prochainement, je posterai un article sur Bourdieu mais ce sera toujours une lecture parmi d'autres. Merci Vargas pour l'intervention.
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Boutros
Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Ah je serai heureux de lire ton article, boutros.
Mais en attendant, puisque vous connaissez bien Bourdieu tous les deux, je vous demanderai bien : Que pensez-vous qu'il en reste ? Moi, je ne suis pas un grand spécialiste. Je trouve Bourdieu intéressant, non que j'y adhère à vrai dire, mais c'est quand même plus intéressant que la plupart des sociologues. En revanche, quand même, il me semble que ça a bien vieilli. Comme Foucault, je trouve que c'est quand même marqué par son époque, non ?
Mais en attendant, puisque vous connaissez bien Bourdieu tous les deux, je vous demanderai bien : Que pensez-vous qu'il en reste ? Moi, je ne suis pas un grand spécialiste. Je trouve Bourdieu intéressant, non que j'y adhère à vrai dire, mais c'est quand même plus intéressant que la plupart des sociologues. En revanche, quand même, il me semble que ça a bien vieilli. Comme Foucault, je trouve que c'est quand même marqué par son époque, non ?
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...que vont charmant masques et bergamasques...
Bergame- Persona
- Nombre de messages : 5359
Date d'inscription : 03/09/2007
Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Je pars d'une idée que Deleuze avait bien argumentée: Le concept et le problème ! Ainsi je ne cherche jamais si une pensée a vieilli ou non, je cherche plutôt au niveau des concepts et des problèmes ciblés. Alors cela veut dire quoi qu'un concept a vieilli ? Eh bien cela veut dire qu'il n'est plus en rapport à un problème qui nous concerne. Par exemple le concept " cogito " ne nous concerne plus parce que le problème qui est en rapport avec lui n'a plus d'importance pour nous. Bourdieu a créé des concepts tels que " habitus " " Illusio " ... Cela reste pour moi lié à un problème encore qui persiste, celui de l'homme en rapport avec la vérité politique et sociale, les conditions de l'homme contemporain absorbé par le processus de destruction dans notre contemporaneité. à partir de là Bourdieu est encore d'actualité et je pense la même chose pour Foucault. Donc, une pensée a vieilli lorsqu'elle ne fait référence à aucun problème et qu'elle devient du pur abstrait. Beaucoup de penseurs, sociologues ou philosophes, quelle que soit l'époque où ils sont nés, sont encore d'actualité (Strauss, Mauss, Marx, Nietzsche ... ) parce que certains de leurs concepts sont encore efficaces pour nous en face des problèmes qui nous concernent. J'essayerai de parler de tout ça dans mes prochains articles. [b]
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Boutros
Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Si j'ai bien compris ce que tu essayes de dire, Bergame: par "vieilli", tu dois sans doute vouloir dire que certaines de ses analyses, concepts, théories ne correspondent plus à la France d'aujourd'hui ?
Si oui, alors on ne peut pas te donner tort. Je pense notamment à ce que l'on retrouve dans La distinction. A savoir qu'il y aurait une homologie entre "structure sociale" et "pratiques culturelles". Maintenant, c'est moins évident. Certains n'hésitent pas à dire que ça n'est plus pertinent. Il est vrai que, dans un sens, on parle de nos jours surtout de "la classe moyenne". En fait, ça constitue une catégorie "fourre-tout"; une sorte de masse qui ne me semble pas correspondre à grand-chose. Bon nombre se retrouvent volontiers dans ce terme, probablement parce qu'il apparaît "neutre", contrairement à "sale riche" ou "sale pauvre". Quoi qu'il en soit, si l'on en croit la théorie de la moyennisation des classes sociales, alors la classe moyenne se caractérise par son hétérogénéité - au niveau des pratiques culturelles, entre autres - et qu'il en est de même pour les autres classes. Mais on peut se dire, après tout, que la thèse de Bourdieu reste valide, mais que la société est dorénavant beaucoup plus complexe que les années 50-60, au niveau de la sructure sociale, des identités, etc; qu'en gros il faudrait affiner le modèle Bourdieusien pour être au plus près de la multiplicité des identités - on peut facilement se faire passer pour n'importe qui aujourd'hui, que ce soit au niveau du rôle, du statut - dans nos sociétés mais, qu'en dernière instance, il y a une logique de domination subtile - donc l'analyse bourdieusienne reste une source d'inspiration non négligeable.
Si oui, alors on ne peut pas te donner tort. Je pense notamment à ce que l'on retrouve dans La distinction. A savoir qu'il y aurait une homologie entre "structure sociale" et "pratiques culturelles". Maintenant, c'est moins évident. Certains n'hésitent pas à dire que ça n'est plus pertinent. Il est vrai que, dans un sens, on parle de nos jours surtout de "la classe moyenne". En fait, ça constitue une catégorie "fourre-tout"; une sorte de masse qui ne me semble pas correspondre à grand-chose. Bon nombre se retrouvent volontiers dans ce terme, probablement parce qu'il apparaît "neutre", contrairement à "sale riche" ou "sale pauvre". Quoi qu'il en soit, si l'on en croit la théorie de la moyennisation des classes sociales, alors la classe moyenne se caractérise par son hétérogénéité - au niveau des pratiques culturelles, entre autres - et qu'il en est de même pour les autres classes. Mais on peut se dire, après tout, que la thèse de Bourdieu reste valide, mais que la société est dorénavant beaucoup plus complexe que les années 50-60, au niveau de la sructure sociale, des identités, etc; qu'en gros il faudrait affiner le modèle Bourdieusien pour être au plus près de la multiplicité des identités - on peut facilement se faire passer pour n'importe qui aujourd'hui, que ce soit au niveau du rôle, du statut - dans nos sociétés mais, qu'en dernière instance, il y a une logique de domination subtile - donc l'analyse bourdieusienne reste une source d'inspiration non négligeable.
Albâtard- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 24/05/2010
Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Ce qui me frappe, chez Foucault comme chez Bourdieu, c'est surtout la place accordée au mécanisme de la lutte. Chez Bourdieu, la lutte, c'est la lutte des idéologies. Bourdieu est tout de même jusqu'au-boutiste dans sa représentation du social : Il n'y a rien, chez lui, qui puisse correspondre à quoique ce soit qu'on puisse appeler "réel". Le réel, ça n'existe pas, chez Bourdieu, n'existent que des discours qui s'affrontent et se confrontent pour être la théorie légitime du réel. Bourdieu est un post-marxiste. Chez Marx, l'idéologie est opposée à la science, et la science, tout de même, étudie un réel -un réel historique, un réel qui réfère aux conditions matérielles d'existence, etc. Mais Bourdieu fait partie de cette génération qui a appris que le matérialisme historique est lui-même idéologique. Dès lors, chez cette génération, c'est idéologie contre idéologie, il n'y a que de l'idéologie. C'est la même chose chez les "libéraux" d'ailleurs, c'est une leçon que eux aussi ont bien apprise.
Résultat : Lutte, et pouvoir. Il n'y a plus que cela. C'est pour cela que Nietzsche, au fond, est une suite logique à Marx. Le philosophe de ceux qui viennent après le marxisme, qui savent que le vrai n'existe pas, que le réel est construit, et qu'il n'y a rien d'autre à faire que d'imposer son opinion, par la force, par la manipulation, par la rhétorique, par la contrainte, jusqu'à en faire la réalité des autres.
Ah, peut-être que ça a pas tant vieilli que cela, alors. :)
Résultat : Lutte, et pouvoir. Il n'y a plus que cela. C'est pour cela que Nietzsche, au fond, est une suite logique à Marx. Le philosophe de ceux qui viennent après le marxisme, qui savent que le vrai n'existe pas, que le réel est construit, et qu'il n'y a rien d'autre à faire que d'imposer son opinion, par la force, par la manipulation, par la rhétorique, par la contrainte, jusqu'à en faire la réalité des autres.
Ah, peut-être que ça a pas tant vieilli que cela, alors. :)
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Bergame- Persona
- Nombre de messages : 5359
Date d'inscription : 03/09/2007
Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Déjà, ça me semble quand même très réducteur - et caricatural - de réduire Bourdieu à la "lutte".
D'ailleurs, il me semble qu'il n'utilise aucunement ce terme ou rarement. En plus, il conserve bien l'idée de pouvoir étudier la "réalité sociale"; il n'est de fait pas aussi relativiste que tu le laisses entendre. Etant donné qu'il estime opérer une rupture épistémologique avec "le sens commun". On pourrait le qualifier de "contre-expert". Sinon, je ne vois pas en quoi tout analyser à travers "le mécanisme inconscient de la lutte" serait vieillot ? Tu veux dire qu'on est condamné à voir ce que l'on a posé comme postulat ? C'est vrai, mais on ne peut débuter toute analyse sans postulats qui conditionnent nécessairement ce que l'on sera amené à voir dans le social.
En fait, ce dont tu parles n'a rien à voir avec Foucault et Bourdieu; ce ne sont que des prétextes.
Tu demandes si il est possible de faire de la sociologie sans "idéologie" ? Probablement pas. Je demande à voir un auteur "neutre", "a-idéologique". Il est facile, à notre époque - mais certains auteurs se montrent plus subtils - de les ranger dans des catégories: "conservateurs" ou "critiques" vis-à-vis de "l'ordre social"; par exemple. En gros t'essayes de dire que toute "science" sociale est impossible tant que l'on ne se sera pas débarrassé du contenu idéologique inhérent à tout discours ?
D'ailleurs, il me semble qu'il n'utilise aucunement ce terme ou rarement. En plus, il conserve bien l'idée de pouvoir étudier la "réalité sociale"; il n'est de fait pas aussi relativiste que tu le laisses entendre. Etant donné qu'il estime opérer une rupture épistémologique avec "le sens commun". On pourrait le qualifier de "contre-expert". Sinon, je ne vois pas en quoi tout analyser à travers "le mécanisme inconscient de la lutte" serait vieillot ? Tu veux dire qu'on est condamné à voir ce que l'on a posé comme postulat ? C'est vrai, mais on ne peut débuter toute analyse sans postulats qui conditionnent nécessairement ce que l'on sera amené à voir dans le social.
En fait, ce dont tu parles n'a rien à voir avec Foucault et Bourdieu; ce ne sont que des prétextes.
Tu demandes si il est possible de faire de la sociologie sans "idéologie" ? Probablement pas. Je demande à voir un auteur "neutre", "a-idéologique". Il est facile, à notre époque - mais certains auteurs se montrent plus subtils - de les ranger dans des catégories: "conservateurs" ou "critiques" vis-à-vis de "l'ordre social"; par exemple. En gros t'essayes de dire que toute "science" sociale est impossible tant que l'on ne se sera pas débarrassé du contenu idéologique inhérent à tout discours ?
Albâtard- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 27
Date d'inscription : 24/05/2010
Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Voila, typique. Bien évidemment, lorsqu'on part du principe que tout discours est idéologique, aucune critique n'est légitime ; elle n'est elle-même qu'une prise de position idéologique qui n'avoue pas son objet, un prétexte. C'était précisément la stratégie argumentative de Bourdieu, et oui, je trouve qu'il en a abusé, et que désormais, ça sonne daté.
Alors que toute cette construction repose effectivement sur un postulat -comme toute théorie- : Les relations sociales ressortent irréductiblement de la lutte. Hé bien non, c'est simple, moi je ne pense pas que tout soit lutte. Et comme je ne partage pas ce postulat, je me laisse la possibilité de critiquer les auteurs sur leur construction théorétique.
Alors que toute cette construction repose effectivement sur un postulat -comme toute théorie- : Les relations sociales ressortent irréductiblement de la lutte. Hé bien non, c'est simple, moi je ne pense pas que tout soit lutte. Et comme je ne partage pas ce postulat, je me laisse la possibilité de critiquer les auteurs sur leur construction théorétique.
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Bergame- Persona
- Nombre de messages : 5359
Date d'inscription : 03/09/2007
Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Il n'a jamais dit que "tout était lutte", en tous cas, pas en ces termes.
Il emprunte plutôt le concept de "légitimité" weberien.
Pour revenir à la "lutte", soit, on peut admettre que "tout n'est pas lutte". Auquel cas, sur quels critères se baser pour déterminer quand "il y a lutte" ? Sachant que, chez Bourdieu, c'est de l'ordre de "l'inconscient social", ça ne se présente pas tel quel à l'acteur social, par conséquent. Voir "violence symbolique".
Tu te contentes de dire "mais ça a vieilli !".
Ca ne me pose pas d'inconvénients.
Néanmoins, c'est seulement une affirmation.
Je te demande des arguments ! Sinon, c'est décevant.
Il emprunte plutôt le concept de "légitimité" weberien.
Pour revenir à la "lutte", soit, on peut admettre que "tout n'est pas lutte". Auquel cas, sur quels critères se baser pour déterminer quand "il y a lutte" ? Sachant que, chez Bourdieu, c'est de l'ordre de "l'inconscient social", ça ne se présente pas tel quel à l'acteur social, par conséquent. Voir "violence symbolique".
Tu te contentes de dire "mais ça a vieilli !".
Ca ne me pose pas d'inconvénients.
Néanmoins, c'est seulement une affirmation.
Je te demande des arguments ! Sinon, c'est décevant.
Albâtard- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 27
Date d'inscription : 24/05/2010
Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Un lien simplement, je ne suis pas fou de sociologie et ne connais pas assez bien Bourdieu pour prendre part ici.
Du Grain à Moudre - 19 Mai 2010
Voilà une émission à écouter avec Pierre Verdrager qui publie Ce que les savants pensent de nous et pourquoi ils ont tort : Critique de Pierre Bourdieu, et Gisèle Sapiro et Sylvain Bourmeau qui prennent plus ou moins position en faveur de la sociologie bourdieusienne. Si vous n'avez pas le courage d'aller jusqu'au bout, il me semble que ce n'est pas dramatique : ça se résume rapidement à des attaques ad hominem (surtout du côté de Verdrager) et un débat pas très central. Mais tu trouveras sûrement des pistes que je n'ai pas su entendre !
Du Grain à Moudre - 19 Mai 2010
Voilà une émission à écouter avec Pierre Verdrager qui publie Ce que les savants pensent de nous et pourquoi ils ont tort : Critique de Pierre Bourdieu, et Gisèle Sapiro et Sylvain Bourmeau qui prennent plus ou moins position en faveur de la sociologie bourdieusienne. Si vous n'avez pas le courage d'aller jusqu'au bout, il me semble que ce n'est pas dramatique : ça se résume rapidement à des attaques ad hominem (surtout du côté de Verdrager) et un débat pas très central. Mais tu trouveras sûrement des pistes que je n'ai pas su entendre !
Solal Solal- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 12
Date d'inscription : 16/06/2010
Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Néanmoins, c'est seulement une affirmation.
Je te demande des arguments ! Sinon, c'est décevant.
Tu en as donné plus, des arguments?
Nous sommes en train de répéter la geste dont il a été question plus haut. Bourdieu est en effet souvent victime d'attaques ad hominem, mais en même temps, ses supporters ne savent rien faire d'autre quand on propose une critique un peu différente que de dire : c'est de la persécution, y a pas d'argument, etc.
Bergame démarre sur une notion, la lutte (de quoi? des classes?), toi tu dis que c'est une affirmation et tu n'expliques rien sur ce qu'il y a à entendre (ou de mal entendu) là, tu repars dans la noria des accusations en miroir qui ne font rien avancer. Ce qui est au reste le propre de la notion d'idéologie, comme le soulignait Aron : engendrer un jeu de ping pong dans le soupçon réciproque.
Courtial- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 2030
Date d'inscription : 03/07/2008
Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Nous sommes en train de répéter la geste dont il a été question plus
haut. Bourdieu est en effet souvent victime d'attaques ad hominem, mais
en même temps, ses supporters ne savent rien faire d'autre quand on
propose une critique un peu différente que de dire : c'est de la
persécution, y a pas d'argument, etc.
Faudrait peut-être me lire aussi. Tu viens d'extraire un passage hors du contexte. Laisse-moi t'aider - mais lis-moi - à comprendre en t'expliquant ce qui vient de se passer: à savoir que j'engage un dialogue avec Bergame. Je lui réponds, puis il me répond. Ensuite, je lui demande des arguments, légitimement, qu'il allait probablement me présenter. Et là, un type qui se nomme Courtial débarque pour me faire la morale, en me faisant comprendre, en gros, que je suis digne de ceux qui font des attaque ad hominem, en "bon supporter". D'ailleurs, je tiens à faire remarquer - j'espère que tu vas me lire, cette fois - que j'ai déjà eu la même réflexion que Bergame ! Et oui !
Bergame démarre sur une notion, la lutte (de quoi? des classes?), toi
tu dis que c'est une affirmation et tu n'expliques rien sur ce qu'il y
a à entendre (ou de mal entendu) là, tu repars dans la noria des
accusations en miroir qui ne font rien avancer.
Tu peux me lire s'il te plaît ? J'en parle dans mes précédents messages. Bon, je vais le mettre en gras: légitimité de Weber.
Il y a ça, aussi: "Pour revenir à la "lutte", soit, on peut admettre que "tout n'est pas
lutte". Auquel cas, sur quels critères se baser pour déterminer quand
"il y a lutte" ? Sachant que, chez Bourdieu, c'est de l'ordre de
"l'inconscient social", ça ne se présente pas tel quel à l'acteur
social, par conséquent."
Ce qui est au reste le propre de la notion d'idéologie, comme le
soulignait Aron : engendrer un jeu de ping pong dans le soupçon
réciproque.
Moi je vois surtout quelqu'un qui intervient, qui n'apporte rien; si ce n'est de de nous informer, en surplomb, qu'on ne vaut pas mieux que ceux qui se sont prononcés sur Bourdieu, et que l'on se complaît dans un combat idéologique. Génial ! D'autant plus qu'il n'y avait aucune polémique entre Bergame & moi, tout se passait plutôt bien. Alors, qu'est-ce que tu me proposes, si ce n'est une leçon de morale et l'incapacité à me soumettre des éléments solides qui iraient à l'encontre de la théorie de Bourdieu - ce que je demande seulement depuis le début, par défaut ?
Albâtard- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 27
Date d'inscription : 24/05/2010
Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Je m'en voudrais de venir jouer le troisième larron dans une histoire d'amour. Mais si tu veux parler à Bergame et lui seul, tu peux le faire en privé. La paix des ménages, je suis pour à fond, t'inquiète.
Tu ne devrais pas me reprocher de ne pas lire quand, dans ta dernière remarque, tu témoignes de ton incompréhension de la citation que tu fais (ça n'apporte rien, tu répètes le même commentaire. T'en as pas d'autres en rayon?).
Je n'ai pas lu quoi? Ce que tu écris en gras, j'imagine? Ce qui signifie ceci, si j'ai bien compris : le fait qu'il n'y ait pas conscience de la lutte n'empêche pas qu'elle existe effectivement. Que Bergame pense que la lutte est finie, que tout le monde s'aime, que c'est le Paradis ne témoigne que de l'oblitération de la lutte qui n'en est pas moins réelle pour être ignorée, ou euphémisée, etc.
J'ai une objection à la "théorie de Bourdieu" (je ne sais pas ce que ça veut dire, mais on va faire semblant)? Non.
Mais ce qui serait infiniment plus intéressant que ces imputations, ces froncements de sourcil et ces coups de menton, ce serait de prendre quelque chose de précis et de consistant, et de voir ce qu'il y a à en dire. La télé, le pouvoir masculin, le goût et l'esthétique, le colonialisme, pauvreté et mouvements sociaux, l'Université, par exemple. Pas "la théorie de Bourdieu".
En résumé, faut que tu précises ta question, s'il y a une vraie question. Je tiens que tu n'as pas proposé de sujet. Je peux demander aussi :
- Que pensez-vous de Platon?
C'est pas un sujet.
Tu ne devrais pas me reprocher de ne pas lire quand, dans ta dernière remarque, tu témoignes de ton incompréhension de la citation que tu fais (ça n'apporte rien, tu répètes le même commentaire. T'en as pas d'autres en rayon?).
Je n'ai pas lu quoi? Ce que tu écris en gras, j'imagine? Ce qui signifie ceci, si j'ai bien compris : le fait qu'il n'y ait pas conscience de la lutte n'empêche pas qu'elle existe effectivement. Que Bergame pense que la lutte est finie, que tout le monde s'aime, que c'est le Paradis ne témoigne que de l'oblitération de la lutte qui n'en est pas moins réelle pour être ignorée, ou euphémisée, etc.
J'ai une objection à la "théorie de Bourdieu" (je ne sais pas ce que ça veut dire, mais on va faire semblant)? Non.
Mais ce qui serait infiniment plus intéressant que ces imputations, ces froncements de sourcil et ces coups de menton, ce serait de prendre quelque chose de précis et de consistant, et de voir ce qu'il y a à en dire. La télé, le pouvoir masculin, le goût et l'esthétique, le colonialisme, pauvreté et mouvements sociaux, l'Université, par exemple. Pas "la théorie de Bourdieu".
En résumé, faut que tu précises ta question, s'il y a une vraie question. Je tiens que tu n'as pas proposé de sujet. Je peux demander aussi :
- Que pensez-vous de Platon?
C'est pas un sujet.
Courtial- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 2030
Date d'inscription : 03/07/2008
Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Je m'en voudrais de venir jouer le troisième larron dans une histoire
d'amour. Mais si tu veux parler à Bergame et lui seul, tu peux le faire
en privé. La paix des ménages, je suis pour à fond, t'inquiète.
Justement, tu ne crois pas si bien dire. Je voulais lui en parler en privé. Mais il m'a proposé d'en faire un sujet. Et quelle ne fût pas ma déception de découvrir qu'il n'avait rien de consistant à me proposer concernant Bourdieu - peut-être pour ça qu'il a préféré que j'en fasse un "sujet" ? A vrai dire, j'aurais été heureux de ne pas faire ce thread dans lequel on n'apprend rien, car Bergame m'a laissé entendre qu'il aurait eu des choses consistantes à dire.
J'ai une objection à la "théorie de Bourdieu" (je ne sais pas ce que ça veut dire, mais on va faire semblant)? Non.
Mais
ce qui serait infiniment plus intéressant que ces imputations, ces
froncements de sourcil et ces coups de menton, ce serait de prendre
quelque chose de précis et de consistant, et de voir ce qu'il y a à en
dire. La télé, le pouvoir masculin, le goût et l'esthétique, le
colonialisme, pauvreté et mouvements sociaux, l'Université, par
exemple. Pas "la théorie de Bourdieu".
En résumé, faut que tu
précises ta question, s'il y a une vraie question. Je tiens que tu n'as
pas proposé de sujet. Je peux demander aussi :
- Que pensez-vous de Platon?
C'est pas un sujet.
Voilà, la réponse est dans ta question ! Visiblement, tu ne m'as pas lu: je demande des critiques consistantes vis-à-vis de ce qu'a pu écrire Bourdieu concernant n'importe quel sujet tant que ça n'est pas de l'attaque ad-hominem. C'est quand même pas difficile à comprendre. Au moins, Bergame reste dans le sujet, lui, contrairement aux autres admins.
Albâtard- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 27
Date d'inscription : 24/05/2010
Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Donc effectivement, c'est moi qui ai proposé à Albâtard de créer un sujet. Je suppose qu'il ne savait pas trop comment l'entâmer.
En ce qui me concerne, Albâtard, j'ai déjà exposé mon interprétation de Bourdieu dans un autre sujet, je t'en remets quelques extraits si tu le souhaites :
Chez Bourdieu, pour le dire simplement, "tout est noir" : Le monde social n'est que lutte, qui a non seulement pour enjeu le pouvoir, mais de là, la capacité de manipuler les règles de la compétition à son propre profit, les relations sociales les plus "douces" ne sont qu'euphémisation des rapports de force sous le masque de la violence symbolique, et plus elles apparaissent douces, plus la violence symbolique est efficace, les conduites des acteurs sont déterminées par des dispositions acquises qui s'incarnent dans le corps et qui fondent la pratique sociale, le langage est une structure structurante qui impose des formes à la pensée, bref, il n'y a pas de point de vue, il n'y a pas d'angle à partir duquel les hommes, j'entends les "dominés", pourraient ne serait-ce que prendre conscience de leur condition -si misérable pourtant, si l'on en croit Bourdieu.
[...]
Il n'y a pas chez Bourdieu de possibilité pour quelque chose comme un "discours vrai" ; il n'y a que des "discours légitimes". Tel que : Soit un champ social, caractérisé par des positions réparties au sein de ce champ ; positions différenciées selon le capital symbolique (disons culturel) amassé, et occupées par des acteurs engagés dans la lutte au sein de ce champ => l'un des enjeux de la lutte, c'est l'autorisation à énoncer le discours légitime au sein du champ.
Or, le discours légitime, c'est une structure structurante, qui constitue part de l'habitus des sujets en tant qu'ils sont acteurs au sein d'un champ. Disons :
La critique de Bourdieu, si on doit la résumer en quelques lignes, repose sur cette argumentation : Un individu, socialisé au sein d'un champ, intègre, sous forme d'habitus, les dispositions (pratiques) qui lui permettront, plus tard, d'être efficace dans la lutte au sein de ce champ. C'est le principe de la reproduction sociale. Ex (schématique et pernicieux) : Un fils d'universitaire aura toujours plus de facilité qu'un fils de facteur à évoluer au sein du champ universitaire. Parce qu'il en a intégré très tôt les normes, les attentes spécifiques, les mille et unes petites choses qui font que les membres du club se reconnaissent entre eux.
L'exemple est pernicieux puisqu'on pourrait dire (et l'on a dit) que le propre parcours de Bourdieu contredit sa théorie. Mais c'est discutable : Si l'on accepte le principe (qui, je pense, ne doit pas poser problème) que la visée de Bourdieu est critique -dans un sens émancipatoire- alors on peut au contraire conclure que c'est bien parce que Bourdieu était pleinement conscient de ce déterminisme social qu'il a su s'en défaire et accomplir la brillante carrière universitaire qui fut la sienne. Ce qui est d'ailleurs bien son argumentation telle que je la rapporte dans le premier post.
Je tire cette interprétation en particulier de mes analyses de Ce que Parler veut Dire et les Méditations Pascaliennes. Mais elle est discutable, bien sûr, et on est là pour ça.
En ce qui me concerne, Albâtard, j'ai déjà exposé mon interprétation de Bourdieu dans un autre sujet, je t'en remets quelques extraits si tu le souhaites :
Chez Bourdieu, pour le dire simplement, "tout est noir" : Le monde social n'est que lutte, qui a non seulement pour enjeu le pouvoir, mais de là, la capacité de manipuler les règles de la compétition à son propre profit, les relations sociales les plus "douces" ne sont qu'euphémisation des rapports de force sous le masque de la violence symbolique, et plus elles apparaissent douces, plus la violence symbolique est efficace, les conduites des acteurs sont déterminées par des dispositions acquises qui s'incarnent dans le corps et qui fondent la pratique sociale, le langage est une structure structurante qui impose des formes à la pensée, bref, il n'y a pas de point de vue, il n'y a pas d'angle à partir duquel les hommes, j'entends les "dominés", pourraient ne serait-ce que prendre conscience de leur condition -si misérable pourtant, si l'on en croit Bourdieu.
[...]
Il n'y a pas chez Bourdieu de possibilité pour quelque chose comme un "discours vrai" ; il n'y a que des "discours légitimes". Tel que : Soit un champ social, caractérisé par des positions réparties au sein de ce champ ; positions différenciées selon le capital symbolique (disons culturel) amassé, et occupées par des acteurs engagés dans la lutte au sein de ce champ => l'un des enjeux de la lutte, c'est l'autorisation à énoncer le discours légitime au sein du champ.
Or, le discours légitime, c'est une structure structurante, qui constitue part de l'habitus des sujets en tant qu'ils sont acteurs au sein d'un champ. Disons :
La critique de Bourdieu, si on doit la résumer en quelques lignes, repose sur cette argumentation : Un individu, socialisé au sein d'un champ, intègre, sous forme d'habitus, les dispositions (pratiques) qui lui permettront, plus tard, d'être efficace dans la lutte au sein de ce champ. C'est le principe de la reproduction sociale. Ex (schématique et pernicieux) : Un fils d'universitaire aura toujours plus de facilité qu'un fils de facteur à évoluer au sein du champ universitaire. Parce qu'il en a intégré très tôt les normes, les attentes spécifiques, les mille et unes petites choses qui font que les membres du club se reconnaissent entre eux.
L'exemple est pernicieux puisqu'on pourrait dire (et l'on a dit) que le propre parcours de Bourdieu contredit sa théorie. Mais c'est discutable : Si l'on accepte le principe (qui, je pense, ne doit pas poser problème) que la visée de Bourdieu est critique -dans un sens émancipatoire- alors on peut au contraire conclure que c'est bien parce que Bourdieu était pleinement conscient de ce déterminisme social qu'il a su s'en défaire et accomplir la brillante carrière universitaire qui fut la sienne. Ce qui est d'ailleurs bien son argumentation telle que je la rapporte dans le premier post.
Je tire cette interprétation en particulier de mes analyses de Ce que Parler veut Dire et les Méditations Pascaliennes. Mais elle est discutable, bien sûr, et on est là pour ça.
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...que vont charmant masques et bergamasques...
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Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Est-ce qu'on avait donc des raisons de supposer que ton apologie de Bourdieu était avant tout idéologiquement motivée, Albâtard ? Pour l'instant, ton argumentation est un peu courte, non ? Veux-tu au moins essayer de nous dire pourquoi et en quoi, selon toi, Bourdieu est toujours actuel ?
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Date d'inscription : 03/09/2007
Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
J'aimerais bien que tu me dises en quoi elle est idéologiquement motivée, "mon apologie de Bourdieu" ?Mais comme tu as la fâcheuse manie de ne pas répondre aux questions...
Ensuite, je n'ai jamais dit que Bourdieu "est toujours actuel". J'ai pas vraiment l'impression d'être lu, encore une fois. Je demande pas à faire son apologie, mais des critiques précises en plus je t'ai répondu concernant ton message qui avait pour thème "la lutte". Concernant l'autre recyclé, il s'avère que je m'étais déjà aussi fait la même réflexion.
Pour revenir au thème de "la lutte", encore une fois, je le répète: je t'ai répondu, d'une part. D'autre part, ce qui me déçoit, c'est que ce n'est pas vraiment une critique de Bourdieu en particulier, mais que l'on pourrait adresser aux théories un minimum marxisant ! C'est comme si tu me disais de "Debord": "son truc du spectacle est trop préodimant, il ne voit que ça partout !".
Je suis si incompréhensible que ça dans mes attentes ? Vous pouvez me conseiller des liens, etc; dans lesquels il y aurait des critiques de Bourdieu limite ligne par ligne. Ce que je veux dire, Bergame, peut-être que tu te contrefiches de Bourdieu - ça me dérange pas - donc tu lui as adressé une critique assez générale, alors que tu me laissais entendre que tu l'avais étudié en profondeur. Après, je me suis peut-être trompé, mais c'est ce que tu me laissais entendre !
Ensuite, je n'ai jamais dit que Bourdieu "est toujours actuel". J'ai pas vraiment l'impression d'être lu, encore une fois. Je demande pas à faire son apologie, mais des critiques précises en plus je t'ai répondu concernant ton message qui avait pour thème "la lutte". Concernant l'autre recyclé, il s'avère que je m'étais déjà aussi fait la même réflexion.
Pour revenir au thème de "la lutte", encore une fois, je le répète: je t'ai répondu, d'une part. D'autre part, ce qui me déçoit, c'est que ce n'est pas vraiment une critique de Bourdieu en particulier, mais que l'on pourrait adresser aux théories un minimum marxisant ! C'est comme si tu me disais de "Debord": "son truc du spectacle est trop préodimant, il ne voit que ça partout !".
Je suis si incompréhensible que ça dans mes attentes ? Vous pouvez me conseiller des liens, etc; dans lesquels il y aurait des critiques de Bourdieu limite ligne par ligne. Ce que je veux dire, Bergame, peut-être que tu te contrefiches de Bourdieu - ça me dérange pas - donc tu lui as adressé une critique assez générale, alors que tu me laissais entendre que tu l'avais étudié en profondeur. Après, je me suis peut-être trompé, mais c'est ce que tu me laissais entendre !
Albâtard- Digressi(f/ve)
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Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Bon hé bien nous n'avons pas répondu à tes attentes. C'est donc de ta part à toi, qui est bien plus exigeant intellectuellement que nous ne le sommes, que nous allons attendre une véritable analyse de Bourdieu, qui s'abreuvera sans doute à la source de vrais spécialistes. Ainsi, tu feras avancer cette discussion positivement. D'accord ? Et ce sera d'ailleurs justice pour un si grand sociologue et intellectuel que Bourdieu, qui mérite effectivement d'être bien représenté dans ce forum.
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Bergame- Persona
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Re: Les critiques à l'endroit de la sociologie Bourdieusienne.
Hé, le prends pas mal, ma couille !
Je n'ai jamais dit être spécialiste de Bourdieu, j'ai seulement fait le constat modeste que l'on ne trouve pas un ouvrage qui sorte des sentiers battus de l'ad hominem pour le démolir.
Je n'ai jamais dit être spécialiste de Bourdieu, j'ai seulement fait le constat modeste que l'on ne trouve pas un ouvrage qui sorte des sentiers battus de l'ad hominem pour le démolir.
Albâtard- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 24/05/2010
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