WOKISME

[Omer Desseres]

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Vincent Coussedière, philosophe et essayiste

Le wokisme met en péril les fondements de nos démocraties occidentales pour trois raisons :

Il inverse la finalité de la politique classique qui met au centre le Bien commun (Aristote) ou l’Intérêt général (les Modernes) pour faire de la reconnaissance de l’identité de l’individu la finalité du politique. Dans la politique classique, le Tout est supérieur à l’individu et celui-ci doit parfois accepter certains sacrifices ou compromis. Dans la « politique » woke, le Tout est au service de l’individu dont il faut reconnaître l’identité même si cette reconnaissance doit se faire au détriment du Bien commun.

Il fragilise le sentiment de la communauté nationale en inventant une communauté abstraite sur la base d’un trait d’identification isolé : la couleur de peau, l’orientation sexuelle, le sexe ou le genre, l’alimentation. Le communautarisme est la communauté abstraite reconstruite sur la base de l’absence de communauté réelle et sur l’hypertrophie d’un point commun absolutisé. C’est cette communauté abstraite et non politique que le wokisme entend substituer à la communauté riche et concrète produite par l’histoire qui est la nation.

Il développe l’irrationalité en absolutisant le ressenti subjectif victimaire. Il pose l’individu comme une valeur absolue qui devrait être libre aujourd’hui de choisir non seulement son orientation sexuelle, mais son genre déconnecté du sexe biologique. Imposer aux autres de me reconnaître comme je me ressens subjectivement, et non comme je suis objectivement à leurs yeux, est le comble de la négation d’une raison commune et aboutit à une forme de subversion du langage et de la réalité.

Les conséquences politiques d’une telle idéologie se rapprochent de ce que certains philosophes ont depuis longtemps théorisé comme « état de nature ». Chaque individu est considéré comme un Souverain qui a le droit de faire reconnaître tout ce qu’il estime bon pour lui-même. En réalité, ce droit absolu donné à chacun de réaliser et de faire reconnaître son identité débouche dans une forme de retour à la guerre de tous contre tous.

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[Omer Desseres]

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J'ajoute :

Le wokisme, dans son acception première, ça a été la révolte incontestablement justifiée des noirs supportant mal le traitement qu'ils se voyaient obligés de subir de la part des WASPs (White Anglo Saxon Protestant).

Je dis bien «qu'ils se voyaient obligés de subir», car j'ai moi-même constaté la chose dans les années 70 chaque fois que je suis allé dans un lieu des États-Unis où les noirs étaient nombreux.

Par exemple, à Washington DC, ville occupée à 80 ou 90 % par des noirs, à l'entrée de l'ascenseur d'un grand hôtel, une femme noire avait eu largement le temps de me passer devant, et elle ne le faisait pas, elle attendait fixement que j'entre avant elle, alors je suis entré avant elle dans la cabine, et j'ai vu de mes yeux vu la généalogie de la réalité woke (éveil) dans la réaction de son mari, qui l'a engueulée en se retenant de hurler «Why did you came in ? Why don't you act like you did ? He is white, and what ? Why did'nt you came in first ?» d'une voix fortement étouffée que j'avais du mal à entendre, mais que je comprenais quand-même. Il a continuée à engueuler sa femme d'une colère sourde parce qu'elle avait laissé un blanc entrer dans la cabine avant elle à cause d'une habitude d'esclave de plantation de coton imprégnée au plus profond de son âme, disait-il ...

J'ai vu de mes yeux vu la même généalogie woke dans un autre hôtel, en Caroline du Nord, où tous les employés de seconde catégorie était noirs, balayeurs, femmes de chambre, porteurs de valises, serveurs du restaurant de l'hôtel. Ce qui m'a frappé au point de me mettre mal à l'aise, c'est que même en m'adressant la parole aucun noir ne me regardait. Aucun noir ne se comportait autrement qu'en baissant les yeux et en se penchant vers le sol aussi respectueusement que s'ils avaient affaire au roi de Belgique ou au prince de Monaco. Ça dépassait largement la politesse exigée dans le milieu hôtelier !

Longtemps après, 30 ans, 40 ans, j'ai vu dans les lieux les plus confortables au sens physique et intellectuel du terme, c'est-à-dire dans les universités américaines, des étudiants choyés au-delà de tout expression, parmi lesquelles étudiaient des noirs de plus en plus nombreux. J'ai ai vu des noirs réclamer vengeance contre tous les blancs, à commencer par leurs professeurs, qu'ils insultaient sans ménagement. Il faut dire qu'ils avaient entretemps acquis un pouvoir particulier. Celui de l'argent qu'ils versaient aux universités qui les accueillaient en échange de la formation qu'ils recevaient (60 à 80 000 $ par an pendant 6 à 8 ans). Il faut dire que l'enrichissement des noirs, notamment dans le secteur des arts et celui du complexe militaro-industriel américain avait permis au nombreux noirs ainsi enrichis d'envoyer leur enfants et leurs neveux dans ces universités. La colère des étudiants noirs a eu l'effet d'un prosélytisme nouveau et extrêmement efficace auprès de leurs camarades blancs.

À partir de là, l'idéologie woke s'est développée et a atteint tous les domaines possibles et imaginables. Aujourd'hui, les étudiants noirs et blancs des universités américaines wokistes à mort ont été diplômés et se sont insérés sur tous les marchés de la vie active. Ils occupent tous les postes de pouvoir dans tous les domaines publics et privés des États-Unis, des GAFAM à la Maison Blanche. Aux commandes de ces postes, ils dictent l'effacement social de tous ceux qui leur résiste dans tous les domaines de leur idéologie individualiste à l'extrême (noirs victorieux, blancs contraints à l'autocritique, féminisme dévoyé, homosexualité dévoyé aussi, changement de sexe identitaire et biologique, etc, tout ça poussé à l'extrémité la plus fasciste) ...

Bonjour l'individualisme du fascisme nazi bolchevique soutenu par la nov-novlangue !

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[Bergame]

Je trouve ton témoignage très intéressant et y souscris -au regard de ma propre petite expérience- sauf à ta dernière phrase. Personnellement, je trouve qu'il n'apparaît pas assez clairement, qu'on ne dit pas suffisamment, que le wokisme est un avatar du libéralisme.

C'est ce que dit ton extrait d'article, mais sans le dire : Oui, le wokisme, c'est le primat de l'intérêt individuel sur l'intérêt Général ; c'est le primat de la liberté individuelle sur toute forme de contrainte, fut-elle non seulement sociale, morale, mais même biologique (!) ; c'est le triomphe de la souveraineté individuelle, c'est-à-dire -au sens propre- de l'anarchie. Oui, c'est la dégénérescence du libéralisme.

Pour l'instant, la France résiste relativement bien au wokisme. Mais le libéralisme a mis longtemps à s'imposer, chez nous.

[Kercos]

C'est ce que dit ton extrait d'article, mais sans le dire : Oui, le wokisme, c'est le primat de l'intérêt individuel sur l'intérêt Général ; c'est le primat de la liberté individuelle sur toute forme de contrainte, fut-elle non seulement sociale, morale, mais même biologique (!) ; c'est le triomphe de la souveraineté individuelle, c'est-à-dire -au sens propre- de l'anarchie.

Abjection votre horreur !
Si je suis en accord avec ton analyse première, ...je conteste ta chute qui me semble un contre sens.
Si les socialismes et les libéralismes prônent l'égalité pour des raisons différentes ....Les libertaires prônent plutôt l'équité.
A mon sens , il faudrait réhabiliter l'intolérance (Zizek). Une minorité, dans un groupe "naturel" (socio-éthologique) n'est acceptée qu'en tant que hiérarchiquement dominée. Il est de l'intéret du dominant que le dominé accepte cette domination. Il n'est pas question de l' humiliante "tolérance", mais de la reconnaissance de différence ...reconnaissance valorisante .
L'égalité n'a d'intéret qu'économique. En destructurant le morcellement naturel des groupes, le libéral vise des "gains de productivité" . L' individu devient un numéro interchangeable à volonté , sans caractère propre.
L'individuation est un leurre.

[Omer Desseres]

Je trouve ton témoignage très intéressant et y souscris -au regard de ma propre petite expérience- sauf à ta dernière phrase. Personnellement, je trouve qu'il n'apparaît pas assez clairement, qu'on ne dit pas suffisamment, que le wokisme est un avatar du libéralisme.

C'est ce que dit ton extrait d'article, mais sans le dire : Oui, le wokisme, c'est le primat de l'intérêt individuel sur l'intérêt Général ; c'est le primat de la liberté individuelle sur toute forme de contrainte, fut-elle non seulement sociale, morale, mais même biologique (!) ; c'est le triomphe de la souveraineté individuelle, c'est-à-dire -au sens propre- de l'anarchie. Oui, c'est la dégénérescence du libéralisme.

Pour l'instant, la France résiste relativement bien au wokisme. Mais le libéralisme a mis longtemps à s'imposer, chez nous.

Le point de vue est absolument défendable.

C'est l'excès d'un libéralisme si poussé dans ses extrêmes qui annule sans aucune vergogne le principe voulant que la liberté doit s'arrêter à celle où commence celle de l'autre.

La résistance têtue des Français vis à vis de toute injustice est remarquable car elle peut faire échec au Wokisme. Cette résistance serait encore plus forte si elle savait les ravages woke+cancel florissant partout en Amérique du Nord et jusque dans la politique du parti aujourd'hui au pouvoir au gouvernement fédéral canadien, qui s'aligne sur celui du parti fédéral des États-Unis.

Il n'est qu'au Québec qu'on sent une réaction équivalente à celle de la France face au totalitarisme woke+cancel de tout le reste de l'Amérique du Nord.

Le cheval sait de quel étalon il doit son existence.

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[Omer Desseres]

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Un éclairage sur le phénomène Woke nord-américain vue du Québec par des Québécois, qui résistent politiquement à ce phénomène.

On remarquera que les Québécois exposent surtout la différence, au demeurant réelle, qui existe entre le Canada fédéral (anglophone et wokiste) et le Québec provincial (francophone et anti-woke).

Sur Sud Radio :

https://www.youtube.com/watch?v=Mc4Ikh4ogJ4

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[Kercos]

"""""Il fragilise le sentiment de la communauté nationale en inventant une communauté abstraite sur la base d’un trait d’identification isolé : la couleur de peau, l’orientation sexuelle, le sexe ou le genre, l’alimentation. Le communautarisme est la communauté abstraite reconstruite sur la base de l’absence de communauté réelle et sur l’hypertrophie d’un point commun absolutisé. C’est cette communauté abstraite """"

c'est le point de vue structurel que je défends depuis au moins 3 lustres. Je l'explique de cette façon:
nous sommes programmés depuis des milliers d'années de socialisation pour vivre et interagir en petits groupes. l'hypertrophie du groupe (pour des des raisons économique de gain de productivité, d' hyper profits), isole les individus ...qui vont chercher à se re-grouper. Ils vont le faire par affinité ou communautarisme....ce qui ne se passe jamais ds le modèle éthologique.
Si l' inhibition de l'agressivité intra-spé s'est rodé durant des millénaires pour adopter des processus culturels vertueux, ...le nouveau modèle n' a pas bénéficier de cette durée de rodage.

[Omer Desseres]

"""""Il fragilise le sentiment de la communauté nationale en inventant une communauté abstraite sur la base d’un trait d’identification isolé : la couleur de peau, l’orientation sexuelle, le sexe ou le genre, l’alimentation. Le communautarisme est la communauté abstraite reconstruite sur la base de l’absence de communauté réelle et sur l’hypertrophie d’un point commun absolutisé. C’est cette communauté abstraite """"

c'est le point de vue structurel que je défends depuis au moins 3 lustres. Je l'explique de cette façon:
nous sommes programmés depuis des milliers d'années de socialisation pour vivre et interagir en petits groupes. l'hypertrophie du groupe (pour des des raisons économique de gain de productivité, d' hyper profits), isole les individus ...qui vont chercher à se re-grouper. Ils vont le faire par affinité ou communautarisme....ce qui ne se passe jamais ds le modèle éthologique.
Si l' inhibition de l'agressivité intra-spé s'est rodé durant des millénaires pour adopter des processus culturels vertueux, ...le nouveau modèle n' a pas bénéficier de cette durée de rodage.

J'ajouterais à ce propos le travail d'exploration scientifique livré par Paggy Sastre dans son ouvrage «La haine orpheline» sous-titré «comprendre la nature de nos conflits pour rester serein dans un monde en colère»

Par ailleurs, le biologiste Robin Dunbar a produit des études sur l'influence de la taille du cerveau des primates - homme compris - sur le nombre de gens vivant dans des cercles d'amitié bien précis, mais qui, ajoutés les uns aux autres, ne dépasse jamais les 150 personnes. Alors, oui, évidemment, dans les multinationales de 100 000 personnes et plus, tout le monde est détraqué.

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[Kercos]

Alors, oui, évidemment, dans les multinationales de 100 000 personnes et plus, tout le monde est détraqué.

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Mon argument porte plutôt sur l'ensemble de la société. L'étude des systèmes non linéaires montre que les modèles morcelés bénéficient d'une auto organisation qui leur procure une stabilité "dynamique" ...modèle utilisé par tout système adaptatif vivant.

[Omer Desseres]

Alors, oui, évidemment, dans les multinationales de 100 000 personnes et plus, tout le monde est détraqué.

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Mon argument porte plutôt sur l'ensemble de la société. L'étude des systèmes non linéaires montre que les modèles morcelés bénéficient d'une auto organisation qui leur procure une stabilité "dynamique" ...modèle utilisé par tout système adaptatif vivant.

En effet, si une société comprend trop de membres, alors elle se subdivise en unités distinctes hiérarchiquement organisés

L'armée de la Rome antique donnaient déjà l'exemple d'une telle organisation avec ses décuries et ses centuries ...

Dans les société industrielles et commerciales où une telle organisation ne s'est pas produite, notamment à cause d'une empreinte dictatoriale exercée par peu de gens sur des ensembles gigantesques d'attroupement littéral de travailleurs, hé bien dans ces sociétés, on se suicide ...

[joseph1]

Le wokisme veut lutter contre les discriminations. Personne ne doit être choqué par des propos, tout le monde doit être inclus dans le groupe.
Prenons par exemple une équipe de basketball totalement inclusive, c’est à dire qui ne sélectionnerait plus ses joueurs sur leur capacité à bien jouer au basket mais de façon à représenter toute la diversité de couleurs de peau, de tailles, de genres, de poids ou d' orientations sexuelles. Ces critères feraient de cette équipe un modèle d' inclusivité,
les wokistes seraient contents. Cependant cela conduirait cette équipe à perdre tous ses matchs. Cette équipe ne pourrait même plus être qualifiée " de basket ". Ce ne serait plus une " équipe " mais seulement un groupement de personne.
Cela me fait penser à un autre sujet. Pour ne pas choquer les transgenres, des progressistes parlent de " personnes avec un utérus ". Ils n' utilisent pas le terme " femme ". Celles-ci disparaissent de leur vocabulaire et donc de leurs yeux. Tout cela pour mettre en avant les transgenres, cas ultra-minoritaires.

[Bergame]

On commence à lire ou à entendre des réactions assez fermes. Ce qui est frappant, dans le "wokisme", c'est comment il réinvestit le topos du racisme le plus... décomplexé, presque le racisme du XIXe s., en prétendant le retourner contre ses auteurs supposés.

Par exemple, on entend beaucoup parler actuellement d'un spectacle du Festival d'Avignon intitulé "Carte Noire nommée Désir" qui va assez loin dans cette thématique du "racisme anti-colon" et du ségrégationnisme assumé. Une journaliste noire de "Franc-Tireur" (la publication de Caroline Fourest) rapporte même une scène assez exécrable.
Evidemment, ça provoque des réactions virulentes (on suppose d'ailleurs que c'est le but, tout de même ?!).

Dans un registre plus tragique, au Canada, un proviseur adjoint de 60 ans se suicidait le mois dernier parce que le pauvre gars, fervent promoteur de l'antiracisme, s'était soudain vu accuser de "suprémacisme blanc" par la formatrice, noire, durant un séminaire de sensibilisation contre le racisme... Ce serait presque comique si ce n'était aussi tragique.

Je pense déplacer ce sujet en "Politique".

[lesourire01]

Dans un registre plus tragique, au Canada, un proviseur adjoint de 60 ans se suicidait le mois dernier parce que le pauvre gars, fervent promoteur de l'antiracisme, s'était soudain vu accuser de "suprémacisme blanc" par la formatrice, noire, durant un séminaire de sensibilisation contre le racisme... Ce serait presque comique si ce n'était aussi tragique.

Je pense déplacer ce sujet en "Politique".

C'est plutôt intéressant, il était jusqu'au-boutiste. On peut dire qu'il a agi rationnellement avec ses valeurs. "Tragique" ? Il n'y a pas mort d'homme... enfin si, mais il se l'est donnée lui-même.

[benfifi]

Aujourd'hui la société évolue à travers entre-autres le wokisme. C'est un progrès. Car bien entendu une société déclinante progresse... en vue de parachever sa disparition.

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