Malia : L'historiographie des révolutions
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Malia : L'historiographie des révolutions
Dans Comprendre la Révolution Russe, Martin Malia définit 3 modèles d'interprétation de la révolution : Libéral, conservateur, marxiste. Je vais essayer de les synthétiser rapidement.
Le modèle libéral s'enracine dans la conviction qu'il existe un cours de l'histoire normal du développement des nations. Il n'exclue pas la rupture révolutionnaire, mais la rend non nécessaire : De Pierre le Grand à 1905, la Russie est sur le "bon chemin", mais 1917 vient briser cet élan. L'écueil, selon les historiens libéraux -dit Malia- c'est ou la Première Guerre Mondiale, ou la personnalité de Staline.
Le modèle conservateur conçoit toute révolution comme suivant un mouvement pendulaire. "Toute révolution commence dans la joie des 14 Juillet pour se transformer en terreur". Autrement dit : "Qui va trop loin recule". Par conséquent, la révolution est fondamentalement superflue, elle n'est porteuse de rien, autre qu'idéologique : "Plus ça change et plus c'est la même chose".
Le modèle marxiste considère que toute révolution est le produit d'une logique économico-historique. Par conséquent, 1917, par exemple, avait commencé de manière "satisfaisante", mais il s'est produit un "accident historique" : Le culte de la personnalité, qui détruit le processus révolutionnaire.
Malia dit très bien -à mon sens- que le conservateur est celui qui refuse la distinction entre révolution et révolte, ou qui assimile l'une à l'autre :
Par conséquent, pour le conservateur, la révolution constitue le plus souvent une explosion de violence "gratuite".
Il est un seul cas où la révolution est légitime pour le conservateur : lorsqu'elle est menée pour revenir à la règle ancienne. Comme dans le cas anglais où la Glorieuse Révolution a pour résultat le retour à l'ancienne Constitution.
Evidemment, derrière le modèle libéral repose l'idée qu'il existe un cours normal de l'histoire : Développement des sciences, développement économique, évolution politique. Une forme de déterminisme, donc.
Le problème-clef de la révolution, pour les libéraux, est donc de savoir s'arrêter à temps, de canaliser le progrès que représente la révolution, en l'empêchant de dériver vers la tyrannie : si l'on en contrôle le processus, elle peut en effet être orientée vers une solution libérale.
Malia n'est pas marxiste, et une bonne partie de l'ouvrage consiste à montrer les insuffisances de ce modèle d'interprétation. Disons que la critique essentielle de Malia consiste à dire que Marx, au fond, est imbibé d'idéalisme allemand, et que c'est cet idéalisme non assumé (en fait, dénié) qui fonde l'oubli du politique dans sa théorie, oubli du politique qui sera empiriquement comblé, pour ainsi dire, par Lénine, avec la doctrine et la pratique que l'on sait. La démonstration est d'ailleurs magnifique, et synthétisée dans La Tragédie Soviétique , ouvrage plus récent :
Trois modèles interprétatifs, donc, dans lesquels il me semble qu'on peut effectivement reconnaitre les différentes positions vis-à-vis de la révolution.
Le modèle libéral s'enracine dans la conviction qu'il existe un cours de l'histoire normal du développement des nations. Il n'exclue pas la rupture révolutionnaire, mais la rend non nécessaire : De Pierre le Grand à 1905, la Russie est sur le "bon chemin", mais 1917 vient briser cet élan. L'écueil, selon les historiens libéraux -dit Malia- c'est ou la Première Guerre Mondiale, ou la personnalité de Staline.
Le modèle conservateur conçoit toute révolution comme suivant un mouvement pendulaire. "Toute révolution commence dans la joie des 14 Juillet pour se transformer en terreur". Autrement dit : "Qui va trop loin recule". Par conséquent, la révolution est fondamentalement superflue, elle n'est porteuse de rien, autre qu'idéologique : "Plus ça change et plus c'est la même chose".
Le modèle marxiste considère que toute révolution est le produit d'une logique économico-historique. Par conséquent, 1917, par exemple, avait commencé de manière "satisfaisante", mais il s'est produit un "accident historique" : Le culte de la personnalité, qui détruit le processus révolutionnaire.
Malia dit très bien -à mon sens- que le conservateur est celui qui refuse la distinction entre révolution et révolte, ou qui assimile l'une à l'autre :
Malia a écrit:
Pour les conservateurs, la révolution est une opération vaine et donc elle n'est pas souhaitable. En fait, la société change peu : après un excès en un sens il y a une réaction en sens inverse, et le résultat final est un retour au point de départ.
Par conséquent, pour le conservateur, la révolution constitue le plus souvent une explosion de violence "gratuite".
Il est un seul cas où la révolution est légitime pour le conservateur : lorsqu'elle est menée pour revenir à la règle ancienne. Comme dans le cas anglais où la Glorieuse Révolution a pour résultat le retour à l'ancienne Constitution.
Evidemment, derrière le modèle libéral repose l'idée qu'il existe un cours normal de l'histoire : Développement des sciences, développement économique, évolution politique. Une forme de déterminisme, donc.
Le problème-clef de la révolution, pour les libéraux, est donc de savoir s'arrêter à temps, de canaliser le progrès que représente la révolution, en l'empêchant de dériver vers la tyrannie : si l'on en contrôle le processus, elle peut en effet être orientée vers une solution libérale.
Malia a écrit:
Telle est la grande découverte pour les libéraux : la révolution est ambivalente, en partie bonne, en partie mauvaise [...] Pour parler autrement, les libéraux croient en un modèle souple de révolution : il suffit de se garder des excès et de procéder graduellement et avec modération.
Malia n'est pas marxiste, et une bonne partie de l'ouvrage consiste à montrer les insuffisances de ce modèle d'interprétation. Disons que la critique essentielle de Malia consiste à dire que Marx, au fond, est imbibé d'idéalisme allemand, et que c'est cet idéalisme non assumé (en fait, dénié) qui fonde l'oubli du politique dans sa théorie, oubli du politique qui sera empiriquement comblé, pour ainsi dire, par Lénine, avec la doctrine et la pratique que l'on sait. La démonstration est d'ailleurs magnifique, et synthétisée dans La Tragédie Soviétique , ouvrage plus récent :
Malia a écrit:
La sociologie de Marx comporte sa propre dissimiluation de la réalité : l'illusion que le politique est une illusion dissimule tout simplement le fait que la poursuite du pouvoir s'accomplit sous un autre nom.
Cette autre forme de quête politique [...] est celle dans laquelle une intellentsia extrémiste, prétendument détentrice de l'unique "science" du social, apire au pouvoir total pour le plus grand bien des masses plongées dans les ténèbres.
Trois modèles interprétatifs, donc, dans lesquels il me semble qu'on peut effectivement reconnaitre les différentes positions vis-à-vis de la révolution.
Bergame- Persona
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