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De la peur de l'autre à la peur du pire

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De la peur de l'autre à la peur du pire Empty De la peur de l'autre à la peur du pire

Message par Vargas Jeu 6 Sep 2007 - 15:19

le 10 Mai 2007, 10:22
Bon, même si c'est pas facile à chaud, réfléchir à froid sur ces présidentielles sera moins porteur.
Je voudrais développer une certaine mise en perspective de ces évènements politiques.

D'abord, ce que je récuse, c'est évidemment la ligne officielle, la façon dont média et politique coulent dans le marbre depuis une semaine l'unique interprétation de ces élections :
la France s'est passionné pour ces élections, il y a eu des votes d'adhésion aux 2 tours et pas d'opposition ou du moindre mal comme aux régionales, aux européennes, au référendum ou sur le traité européen. Revanche de 2007 sur le 21 mai 2002, Repolitisation de la France, retour à la table de l'Europe, etc...

Foutaises. Le coup du sursaut citoyen, c'est largement de l'ordre du scénario. Je suis persuadé que beaucoup de personnes le sentent mais ça ne suffit pas, même si le coup du passage d'une génération de septagénaire à celle de quinquagénaire joue. Ca suffit pas parce qu'il y a saturation et peur du pire.

Alors je prendrai le parti de la continuité entre 2002 et 2007 pour contre-balancer celui de la rupture.
Primo, il est proclamé que 2007 a été plus complet et diversifié du point de vue des problèmes abordés que pour 2002 où l'insécurité à eu la dragée haute.
Certes, une même technique ne fonctionne pas 2 fois de suite. Mais elle évolue. Il y a eu prise en compte du sujet (déculpabilisation pour Sarkozy ; De Villiers avait parlé le premier d'une "droite décomplexée" ; mea culpa du PS sur son angélisme sur ce thème).
Prise en compte et répartition pour ne pas dire mise en système et en logique de l'insécurité.
La façon dont l'immigration, l'emploi, l'éducation, l'économie ont été traité se sont largement teinté de cette préoccupation-là .
On est passé de l'arbre qui cache la fôret à la fôret qui cache l'arbre, en quelque sorte.
Et le tout est fait du même bois.



Alors, la peur de l'insécurité et de l'autre, l'obsession du respect de l'autorité est toujours centrale. Mais pourquoi des résultats si différents entre les 2 élections ?

Bien sûr, le goût du "nouveau". Faire de la politique différemment (le parler vrai, la démocratie participative, et tout ça), l'appel au changement, la fin de cycle, la personnification des projets politiques, surdiagnostication des sondages (dont l'un des instituts appartient à la patronne du Medef, mais on n'est plus à compter ces petits points-là ).
Et puis il y a l'échec des alternatives et leur culpabilisation.
Le non au référendum qui n'a évidemment pas abouti à un plan B (une autre Europe n'aurait été possible qu'avec les peuples, au bout de plus de 10 ans, pas sur le court terme), l'idée d'une coalition à la gauche de la gauche a été détruite par les intêrets et les logiques de parti (le PC en premier lieu), Hulot qui se désiste et l'écologie qui perd de sa superbe.
Sans oublier la culpabilisation de 2002 : la faute aux petits candidats, à l'éparpillement des voix si Le Pen est passé. Ceux qui avaient voté FN juste pour voter contre le système, le PS et l'UMP en particulier n'ont en général pas refait le même choix.
L'utime utopie qui restait était l'UDF, l'extrème centre.
Cela aura duré jusqu'à l'entre-deux tour. L'UMP s'apprête à articuler un UDF fantoche qui privera Bayrou de chance de faire le score escompté aux législatives, et donc de s'inscrire dans un vrai rapport de force jusqu'à 2012.

Enfin, et ce que je viens de dire auparavant mène à ce point : la peur du pire.
Le choix d'un certain réalisme consistant à voter CONTRE le pire, et même plus contre le moindre mal.
Autour de moi, beaucoup d'amis de gauche radicale ont voté Royal dès le premier tour, la mort dans l'âme.
Parmi les indécis de dernière minute, entre le flou et l'argument de la féminité de Ségolène et le fait de se dire "ça va pas être mieux avec Sarko mais, lui au moins, il le dit franchement", pas si difficile que ça de se dire ce qui a le plus pesé dans la balance.
Et puis la chasse à l'extrème-droite, bien sûr, mais ce serait du rabachage que d'en parler.
En somme, divisons en 5 groupes l'échiquier politique : les extrème-gauche, PS, Centre, UMP, extrème-droite On a une sorte de M qui penche nettement vers la droite.


Les différentes peur se sont cristallisées dans celle du pire.
C'est une élection qui, sous l'apparence de la rénovation répond en grande partie à des pulsions de conservation et d'individualisme.
Le pire s'est nécessairement figuré dans les deux candidats, le pire s'est bipolarisé et ça va sentir bon le maccarthysme de part et d'autre (d'ailleurs, dans les manifestations actuelles, on met bien en évidence à chaque fois que l'extrème-gauche est dans le coup).
Sarkozy élu, on a le président le plus haï par une partie de la population de toute l'histoire de la République. En fait, dans les deux cas, une France a autant voulu imposer un candidat à l'autre, qu'elle en a choisi un.
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