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Le fumeur de crack

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Message par Came Lun 29 Aoû 2011 - 23:07

Le fumeur de crack

Ce qui est préoccupant avec la dépendance et en particulier avec celle reliée au crack, c'est l'insatiabilité avec laquelle elle se manifeste. Puisque toute dépendance se perçoit par la manifestation d'un inextinguible besoin, d'un profond désir de consommer un objet, une substance ayant pour intérêt, et ce excluant le trip, une anesthésie plutôt général des intensités <<émotionnelles>> inhérentes à la consommation elle-même ainsi que celle découlant des situations que nous contraint la vie quotidienne. Le cocktail qui allie deux substances n'ayant rien en commun au premier abord telles qu'une roche de crack qui n'est qu'un composé chimique et une autre qui est difficilement qualifiable pose l'émergence d'une problématique d'ordre spirituelle selon les régions sollicitées par la substance psychotrope; l'insatiabilité devient non seulement l'indice et le symptôme, mais, a posteriori, le concept opératoire nous permettant de suivre la tangente de cette maladie qu'est la dépendance.

Cette première constatation qui relie une manifestation caractéristique d'un état pathologique, par exemple le besoin de consommer, à une motivation déterminant un agir pose l'idée d'un mouvement que l'on pourrait qualifier de circulaire. Ce dit mouvement, en toxicologie, est appeler l'assuétude. L'assuétude est ce mouvement dans lequel le fumeur de crack se trouve emporté. C'est le cycle de la dépendance. Dans ce cycle, la dépendance n'en produit qu'une plus grande. Plus l'usage croît, plus le désir de consommer devient omniprésent. Le toxicomane s'y engouffre souvent jusqu'au seuil de la mort avant d'y voir, peut-être, ce que les AA appellent l'éveil spirituel. Cet éveil spirituel sollicite l'amour propre, si infime soit-il au moment prémonitoire ( je m'y connais), en y faisant émerger une émotion vive (une sorte d'adrénaline spirituelle) pouvant canaliser l'énergie dans une seule direction qui est celle d'un renversement radical. La même énergie que le toxicomane canalisait pour se procurer son cailloux, il la met pour s'en sortir. Triste est la réalité, puisqu'une très grande majorité ne s'en sorte pas.

J'aimerais faire un retour sur le concept de l'insatiabilité, non pas selon sa correspondance avec un symptôme, mais d'après l'axe selon lequel il donne la possibilité d'une canalisation énergétique, d'où la motivation de trouver les moyens susceptibles d'obtenir la substance voulue, soit la fameuse roche. Le toxico est dépendant de l'effet que la roche a sur lui. Pourquoi souhaiter qu'une substance agisse sur notre psyché?

Je tiens ici à préciser que pour une dépendance au crack le concept d'insatiabilité prend une importance fondamentale car ce stimulant stimule le besoin lui-même et comme son effet est de courte durée le concept opératoire qu'est l'insatiabilité se trouve amplifier par la substance elle-même.
J'aimerais bien élaborer le concept opératoire qu'est l'insatiabilité amplifiée avec vous.
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Message par Came Dim 16 Oct 2011 - 17:39

Un concept opératoire se veut explicatif dans la mesure où il pose à une série événementielle une cohésion donnant sens à la répétition du commencement. Pourquoi y a-t-il répétition comme par exemple chez le toxico qui retourne à ses vieilles habitudes malgré l'expérience négative qu'il a connu par le passé? C'est qu'il répond au concept opératoire qu'est l'insatiabilité, une perte de sens ontologique où l'homme plonge dans la déréliction. L'insatiable n'est-il pas celui qui fait de la quête de sens son obsession?
"Une approche théorique est une structure potentielle d’explication qui comporte un certain nombre d’éléments. Elle comprend d’abord des postulats qui traduisent la vision des choses sur laquelle elle s’appuie ainsi que des concepts qui permettent de cerner et de classifier les phénomènes à étudier. Elle précise, par des propositions, l’ensemble des relations postulées entre les différents concepts et sous-concepts de l’approche et pose quelques hypothèses sur des relations entre concepts qui, si elles peuvent être vérifiées et confirmées, pourront être transformées en lois générales ou en généralisations théoriques. Ce n’est que lorsqu’on aboutit à de telles lois générales que l’on peut parler de théories." (Mace, 1992)

Y a-t-il une telle théorie pour expliquer la toxicomanie?
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Message par Courtial Mer 23 Nov 2011 - 18:39

Tes messages auront déjà le mérite de nous éclairer sur une question restée sans réponse et énigmatique : l'origine et le sens de ton pseudo. Nous sommes à présent complètement au clair...
Plus sérieusement, ce que j'ai du mal à comprendre, dans ton propos, c'est ta manière de pathologiser, de tératologiser la dimension de l'insatiété que tu relèves dans la fumette.
Car nous avons là affaire, je crois, à un topos philosophique : de Platon à Pascal, de Rousseau à Schopenhauer (c'est lui qui disait que la vie oscille entre les tourments du désir et l'ennui qui suit leur satisfaction), en passant par Augustin et par Hegel (le désir comme "mauvais infini" dans la Phéno, etc.), le caractère insatiable du désir est tenu pour sa caractéristique essentielle (et non un dérèglement ou un monstre pour les foires).
Pour revenir plus précisément à ta question, je tire des remarques précédentes que les éléments proposés ne sont pas de nature à cerner de manière pertinente ce qu'il y a de spécifique dans la toxicomanie.

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Message par Came Mer 23 Nov 2011 - 23:32

La première chose qui m’apparaît nécessaire de mettre au clair est celle-ci: la toxicomanie n'est absolument pas une monstruosité, mais plutôt une psychopathologie, c'est-à-dire une structure particulière de la psyché (condition de possibilité) permettant le développement d'habitude issu de traits de caractères spécifiques. Nous avons donc deux éléments fondamentaux qui relève de la fameuse question de l'inné et de l'acquis. Je préfère aborder ce problème avec l'outil kantien qu'est la condition de possibilité d'un phénomène.

Que m'est-il possible d'espérer connaître au sujet de la toxicomanie?

Une structure précise permet l'accomplissement de possibilité qui relève d'une métastructure. Par conséquent, une structure psychologique permet le développement de certains caractères propices à se développer au contacte de la métastructure, alors que d'autres seront exclus puisque n'ayant pas les prérequis permettant leur élection dans la structure fondamental de l'individu en question. La faculté de choisir cueille donc ses choix dans un champs de possibilités déterminés. La structure avec laquelle je suis né et la métastructure dans laquelle je suis né sont, pour moi, absolument indéterminées, elles sont ce à partir de quoi je doit composer, elles m'ont été données, elles me sont imposées et cela même si je n'en était pas fondamentalement conscient à ma naissance. Or cette surdétermination structurelle dans laquelle j'ai été jeté demeure pour moi indéterminée jusqu'à ce que je sois en mesure d'en prendre conscience et pour ensuite, graduellement, entrer en relation avec elle et de mettre en forme un projet dont les résultats sont souvent éloignés de l'immédiateté de l'instant.

Ici je présente ma perception du phénomène:

[… une tension affective s’intensifie dans mon corps, un profond désir, un sentiment d'échec, et l'angoisse s'installe... non libérée, elle produit un nuage m'empêchant de voir la vie, de distinguer les choses qui m'entourent, ainsi que ceux qui ont peine à me voir tressaillir... jaillissant du tréfonds, les affects me submergent donnant source à mon tressaillement agonisant. Il faut chercher par tous les moyens une solution rapide, un remède qui pourra annihiler ce flot envahissant.

Enfin, quel bonheur d'avoir trouvé ce qu'il me fallait pour me résorber dans l'abîme, l'angoisse s'est dissipée, le manque est encore moins terrible puisqu'il focalise, il oriente le regard vers l'unique...]

La consommation n'est déjà plus un désir mais une réponse à un malaise, à un inconfort devant l'envahissement du monde. Il y a, dans la consommation, quelque chose qui résiste au monde, un dégoût du monde et de son indifférence réciproque jusqu'à la satiété comme saturé du monde, d'où insatiabilité à fuir le monde et ses contraintes.

Oui, la satiété du monde est souvent partagé par bien des gens et tous ne vont pas nécessairement vers les substances psychotropes, mais une majorité vont plutôt au centre commercial ou se paye une nouvelle voiture, sorte avec leur maîtresse, travaille jusqu'au burnout, enfin plus j'observe plus je vois que cette détresse, cette angoisse est généralisée. Les substances sont interchangeables, elles sont des variables dans la métastructure qu'est le monde.

Sauriez-vous la voir venir?


Qui de vous faites partie de ceux qui vivent leur angoisse avec la subtilité et la nuance du sage?

P.S.:Tu sais Courtial, le commencement de ton post en dit long sur la manière avec laquelle tu abordes la question? D’ailleurs, je vois bien ta fermeture à l'idée d'une question qui s'interroge sur les conditions de possibilité du phénomène mis en relief et qui n'est que l'amorce du projet de formuler une question digne de ce nom. Je crois vraiment à la nécessité de poser les vrais questions, les questions qui interrogent notre monde à notre époque.
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Message par Tenzin Dorje Sam 18 Fév 2012 - 13:59

Came a écrit:Qui de vous fait partie de ceux qui vivent leur angoisse avec la subtilité et la nuance du sage?

Moi :)

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Message par maraud Dim 4 Nov 2012 - 15:01



Re: Le fumeur de crack

Message par Came le Jeu 24 Nov 2011 - 0:32
La première chose qui m’apparaît nécessaire de mettre au clair est celle-ci: la toxicomanie n'est absolument pas une monstruosité, mais plutôt une psychopathologie, c'est-à-dire une structure particulière de la psyché (condition de possibilité) permettant le développement d'habitude issu de traits de caractères spécifiques. Nous avons donc deux éléments fondamentaux qui relève de la fameuse question de l'inné et de l'acquis. Je préfère aborder ce problème avec l'outil kantien qu'est la condition de possibilité d'un phénomène.

La toxicomanie est une monstruosité!
Puisque inéluctablement la dose nécessaire à la "récompense" devient monstrueuse!( vous devriez allez voir du côté de la neurobiologie et de l'encrassement des neurotransmetteurs qui demandent toujours plus de substance active pour produire un plaisir suffisant...)

L'Etre Humain est un animal imaginant naturellement agressif.

Par l'agressivité positive il affirme ses potentialités sa liberté ( de transformer sa niche environnementale,d'obtenir un bon job etc.)
Devant l'impossibilité d'exprimer ses potentialités, donc sa liberté, il lui reste la fuite ( expression artistique ,engagement dans le sport, la politique, le social, l’humanitaire etc)

Dans ces deux cas son agressivité positive s'exprime en accord avec les "normes sociales", mais si cela n'est pas possible ou ne lui convient pas pour un tas de raison, à l'exemple des états de catastrophe qu'il aura vécu , son agressivité ne pouvant s'exprimer pour le servir, celle-ci se retourne contre lui en agressivité négative, qui peut aller jusqu'au suicide.

La fuite dans la drogue est du même ordre que l'a fuite dans le travail acharné ou le sport, mais à un degré pathologique, comme la fuite dans l'alcool etc.

_________________
La vie est belle!
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