CITADELLE

[Saint-Ex]

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Citadelle, œuvre posthume publiée en 1948, constitue la «somme» de Saint-Exupéry et rassemble les méditations de toute une vie.

Extrait :

«Je protège celui qui reprend à la septième génération, pour la conduire à son tour vers la perfection, l’inflexion de la carène ou la courbe du bouclier. Je protège celui qui de son aïeul le chanteur hérite le poème anonyme et, le redisant à son tour, et à son tour se trompant, y ajoute son suc, son usure, sa marque. J’aime la femme enceinte ou celle qui allaite, j’aime le troupeau qui se perpétue, j’aime les saisons qui reviennent. Car je suis d’abord celui qui habite. O citadelle, ma demeure, je te sauverai des projets du sable, et je t’ornerai de clairons tout autour, pour sonner contre les barbares.»

«Citadelle, je te construirai dans le cœur de l’homme.»


Antoine de Saint-Exupéry aux commandes de son Lockheed P-38 J de reconnaissance aérienne.


Moi, ma citadelle, elle a été en grande partie construire par ce Saint-Exupéry, qui, écrivant à une amie, assis sur le sable d'un aérodrome du Maroc, et parlant de Nietzsche, disait qu'il aimait ce type énormément. J'ai eu l'indélicatesse de voir que son petit prince était le surhomme dans son plus jeune âge, celui de sa mutation de chameau en lion, puis de lion en enfant.

La mort n'est pas la fin de l'éternité. La musique a certes une fin, mais la fin de la musique, ce n'est pas la musique.

La citadelle que Saint-Exupéry avait construit en mon âme avait la profondeur insondable de toutes les altitudes aéronautiques. Cette citadelle a été aussi construite par mon père, qui s'est envolé un jour dans un avion que je l'avais vu construire de ses propres mains.

En 1978, avec trois copains, nous avons acheté un Cessna 152 pour apprendre à piloter dans une bonne école de pilotage, sur un aérodrome voisinant la route de Montréal à Toronto. Mon instructeur de vol était une instructrice. Je ne vous dirai pas que je lui ai tapé dans l'œil comme elle m'a tapé dans l'œil elle aussi pour éviter de donner les détails de nos façons de nous envoyer en l'air.

Plus tard, le pilotage de mon Cessna m'a permis de faire la connaissance d'un Français aviateur lui aussi et qui s'ennuyait à mourir au Canada anglophone. Il avait le même amour de l'aviation que moi, avec en plus une réussite remarquable dans les affaires. Son avion, c'était un bi-turbopropulseur Metroliner de 20 places. Nous avons bourlingué comme des dingues de Detroit à Boston en passant par Chicago, Winipeg et Denver, lui comme pilote et moi comme co-pilote, et avec beaucoup d'amies ...

Tout ça pour dire que je n'ai pas la philosophie des «culs de plomb», le mot est de Nietzsche, mais des hommes d'action sachant exactement ce que signifie au juste le volet matérialiste radical et athée de la philosophie.



Mon Cessna


«Les rites sont dans le temps ce que la demeure est dans l’espace. Car il est bon que le temps qui s’écoule ne nous paraisse point nous user et nous perdre, comme la poignée de sable, mais nous accomplir. Il est bon que le temps soit une construction. Ainsi je marche de fête en fête, et d’anniversaire en anniversaire, de vendange en vendange, comme je marchais, enfant, de la salle du conseil à la salle du repos, dans l’épaisseur du palais de mon père, où tous les pas avaient un sens.»

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[Saint-Ex]

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Cet étrange métissage entre l'aviation et la musique a l'heur d'énormément plaire à l'aviateur-musicien que je suis.



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[Saint-Ex]

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Mon matérialisme philosophique me pousse à un féminisme particulier, qui me dicte d'avoir un préjugé extrêmement favorable envers les femmes-pilotes d'avion de chasse,




et envers les femmes-pilotes d'avion de compétition acrobatique.




Et aussi envers les femmes des entreprises de construction d'immeubles et de ponts et chaussées du Canada, entreprises qui ne peuvent pas employer des Arabes sous-payés venant d'on ne sait pas trop d'où car dans ce pays la loi démocratiquement votée veille sur le principe syndical et les qualifications des mains-d'œuvre.



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[Saint-Ex]

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Les «digressifs» qui s'intéressent à l'aviation doivent se demander comment un croulant de 82 ans comme moi peut voler au commandes d'un Cessna 152. En effet, vu mon âge et mon diabète, ça fait au moins 25 ans que je n'ai plus le droit de voler en tant que commandant de bord de quelque avion. Mais je conserve le droit d'étudier n'importe quoi à n'importe quel âge, comme tout Canadien.

Alors je pilote mon avion en compagnie d'un jeune copain qui est instructeur de vol et qui me laisse faire ce que je veux aux commandes de mon Cessna en jouant officiellement le rôle d'instructeur, ce qui me permet de déduire de ma déclaration de revenus le coût de mes vols vus par le ministère des finances de mes gouvernements fédéral et provincial comme un motif d'étude déductible des impôts.

Mon copain instructeur, qui a pour objectif de devenir pilote de ligne, veut accumuler des heures de vol parce que cela est exigé pour accéder à ce genre de poste. Donnant-donnant et nous sommes heureux, voire joyeux.

Joyeux au-delà de toute promesse spinozique et loyologique ...
(Salut Vaneers, c'est d'l'humour philosopho-matérialo. T'en fait pas, c'est innocent...)

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[Saint-Ex]

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On n'arrête pas l'progrès !



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[Saint-Ex]

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Terre des hommes est un recueil d'essais autobiographiques d'Antoine de Saint-Exupéry, paru en février 1939 en France, où il reçoit le grand prix du roman de l'Académie française, puis aux États-Unis, en juin de la même année, sous le titre de Wind, Sand and Stars, qui obtient le National Book Award.

Dans cette œuvre autobiographique, Saint-Exupéry évoque une série d’événements de sa vie, en particulier son travail pour l'Aéropostale, ancêtre d'Air France.

L'élément central de son récit est son accident avec son navigateur, André Prévot, dans le Sahara libyen en 1935 : les deux hommes ont failli mourir de soif. Ils seront sauvés in extremis par un bédouin qui les a aperçus de loin.

« Eau, tu as ni goût, ni couleur, ni arôme, on ne peut pas te définir, on te goûte, sans te connaître. Tu n'es pas nécessaire à la vie : tu es la vie. »

Saint-Exupéry y donne clairement les clés de son humanisme :

« Quant à toi qui nous sauves, Bédouin de Libye, tu t'effaceras cependant à jamais de ma mémoire. Je ne me souviendrai jamais de ton visage. Tu es l'Homme et tu m'apparais avec le visage de tous les hommes à la fois. Tu ne nous as jamais dévisagés et déjà tu nous as reconnus. Tu es le frère bien-aimé. Et, à mon tour, je te reconnaîtrai dans tous les hommes. »

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« Les Essais est l'œuvre majeure de Michel de Montaigne ; elle fut publiée pour la première fois en 1580. L’œuvre traite de nombre de sujets, sans ordre apparent : médecine, arts, livres, affaires domestiques, histoire ancienne, chevaux, maladie, entre autres, auxquels Montaigne mêle des réflexions sur sa propre vie et sur l'Homme, le tout formant "un pêle-mêle où se confondent comme à plaisir les choses importantes et futiles, les côtés vite surannés et l’éternel." »  wikipédia

Si Montaigne mêle à sa philosophie des réflexions sur sa propre vie, le tout formant un pêle-mêle ou se confondent comme à plaisir les choses importantes et futiles, permettez-moi, nobles amis, que je tente de jouer le philosophe sur le même violon que Montaigne.





La vrille est plus facile en 172 qu'en 152.





Le Metroliner de mon copain.

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Montaigne et La Boétie ... «Parce que c’était lui, parce que c’était moi» ...

Leur amitié était solide parce que leur vie était celle de deux magistrats, dont la structure mentale avait sûrement été forgée par les mêmes causes.

L'amitié que nous nous portons, mon copain de Toronto et moi, c'est certainement une structure mentale forgée par l'aviation associée à un principe fort : lors d'un vol aux commandes d'un avion, ne jamais être l'employé de nul patron.

Nous avons lu chacun avant de nous connaître Vol de nuit de Saint-Exupéry.

Nous avons vu lui comme moi le sujet de ce livre.

C'est l'histoire d'une entreprise d'aviation dirigée par un personnage littéralement divinisé par Saint-Exupéry, mais qui en réalité était un vrai salaud qui n'hésitait jamais à envoyer ses pilotes à la mort.

De là notre décision commune de ne jamais piloter que notre propre avion.

Et surtout de choisir nos heures de pilotage que lorsque le temps ne promet jamais la tempête qui force à prendre de l'altitude pour éviter de souffrir de la même souffrance de ballotage dans une machine à laver qu'avait subit Fabien, le pilote de «Vol de nuit», avant de se retrouver au dessus des nuages de la tempête et de jouir du calme de cette altitude qui lui promet cruellement d'avoir plus tard l'inévitable réalité d'une souffrance totale ne devant sa fin qu'à la mort, lorsque la panne sèche le forcera à redescendre vers les enfers qui l'enverront à l'éternité après la souffrance qu'il sait déjà et dont il a conscience, pendant qu'au sol, Rivière, son patron, dans le confort de son bureau, considère d'un œil attendrie sa femme.



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[Saint-Ex]

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Fabien, son supplice et sa mort ont été bien contés dans «Vol de nuit».

Fabien, dans la vraie vie et dans la vraie mort du monde de l'Aéropostale, c'est Gourp, Erable, Pintado, Mermoz, Almonacid, Andrault, Arin, Aubry, Barrière, Enderlain, Gimiè, Hamm, Pichodou, etc.

Rivière, dans sa froideur et sa cruauté bien réfléchies du patron de Vol de nuit, c'est Didier Daurat, qui allait parfois rencontrer Pierre Latécoère, constructeur des avions de l'Aéropostale.

Pierre Latécoère habitait en haut de la côte pavée, un quartier huppé de Toulouse, où la grand-mère de ma femme était cuisinière.

En 1974, alors que Latécoère et Daurat avait disparu et que tout le monde les avait oubliés, la grand-mère de ma femme, qui avait tenu le secret jusque là,  nous a parlé de leurs conversations ... ... ...

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