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Mετὰ τὰ φυσικά

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Message par Grégor Mer 26 Oct 2022 - 10:47

Grâce au forum de philosophie Digression, l’envie m’est venue d’écrire à propos de métaphysique, en reprenant mes interventions et en essayant de les compléter.
Je remercie donc tous les auteurs de ce forum de m’avoir inspiré.

Qu’est-ce que la méta-physique, sinon un au-delà de la physique ?
Qu’importe la véritable étymologie de ce mot et prenons le dans ce sens (les bibliothécaires d’Alexandrie n’ont qu’à bien se tenir).
Il existe beaucoup de mots pour décrire cet au-delà de la physis et nous sommes souvent balloté entre les termes Absolu, Dieu, Tout, Substance, etc.
Nous nous en excusons.

Pourquoi au-delà de la physis ?
Qu’est-ce que la physique ? Nous ne sommes pas bien sûrs que l’être humain sache encore ce qu’est la physique, en tout cas nous, nous ne le savons pas. Pourquoi vouloir aller au-delà de ce dont nous ignorons la détermination précise, la limite ?
Disons que l’Absolu n’est pas un problème récent et que nous pensons qu’une partie de notre loisir peut être consacré à réactualiser ce problème.
Pour nous il est avant tout un problème de logique et nous nous excusons auprès de ceux qui ne le voient pas ainsi. Mais nous respectons d’autres points de vue que le nôtre, alors peut-être que d’autres respecterons aussi notre voie et peut-être que ces voies se rejoignent quelque part, au croisement d’un chemin qu’il reste à tracer.

Certes, l'Absolu n'est pas connaissable au moyen de ce que Hegel nomme l’entendement, pour autant, il peut être pensé avec une autre forme de logique.
Je crois que Spinoza ne dit pas autre chose.
Penser l'Absolu, n’est-ce pas penser l'in-fini ? (Si nous l’écrivons ainsi c’est pour signaler que l’in-fini est ce qui est sans (in-) limite. Rien ne limite la substance spinoziste, qui est causa sui.
Or, l'infini est un et indivisible. S'il pouvait être divisé alors il serait composé de deux infinis, ce qui me semble absurde (puisqu'ils se limiteraient entre eux et ne seraient donc plus illimités) ; ou alors de deux parties finies qui en se composant formeraient l'infini, ce qui est également, de mon point de vue, absurde (peut-être parce que la logique de l'addition de parties semble infini, on aurait toujours des parties que l'on pourrait ajouter à l'infini).
On voit très bien avec cette représentation spatiale, que la notion d'infini échappe au pouvoir de l'imagination, sur lequel se greffe l'entendement.
Donc, soit on renonce à penser l'infini, soit on renonce à l'imagination.
Personnellement, je trouve très stimulant d'essayer de trouver d'autres formes de logique.
Qui plus est, la pensée de l'Absolu peut nous aider à vivre, elle peut devenir une éthique.
Penser que l'on est une partie du tout, seulement dissociée de celui-ci par le pouvoir de notre imagination, peut nous aider à mieux accepter notre existence.
Et pour moi c'est une source de grande joie.

Donc l'existence de Dieu ou de l’Absolu pose un problème logique.
Dès lors que l'on veut en faire un existant, un étant, il n'est plus absolu. Ce n'est pas un ob-jet, puisqu'il ne fait pas face à un su-jet. Il est le tout, sans être la somme de tous les étants (ce qui nous amènerait au faux infini).
Un aspect de cette idée m’a longtemps retenu. Là aussi quelque chose (qui n’est pas une chose) ne peut être sommé et ne peut donc entrer dans une sorte d’addition ou d’inventaire du réel. En effet, nous faisons l’expérience de notre Dasein et cette expérience est incontournable (dans le sens où l’on ne sort pas de soi, on est toujours « là »). Toute objectivation de cette expérience n’approche en rien l’expérience concrète et, à mon sens, cruciale, du Dasein : l’être-au-monde. Heidegger prend l’exemple de l’être-pour-la-mort, qui est assez parlant puisqu’on ne peut déléguer sa mort : nous avons affaire avec le Dasein, à quelque chose qui n’est pas une chose, à un certain être intransitif qui ne peut être objectivé. Qui plus est, Heidegger montre avec beaucoup de clarté, selon moi, que ce Dasein, cet être-au-monde, évolue au sein d’un espace qui n’est pas un espace objectif et d’un temps qui ne l’est pas plus.
Il y a pour moi, chez Heidegger, une certaine atmosphère de sérénité qui nous montre une autre forme de logique : celle des choses concrètes et familières qui ne sont pas encore des ob-jets de connaissance placés devant un sujet savant qui tente de maîtriser tout ce qu’il se donne comme maîtrisable.
Face à cette logique conquérante, Heidegger oppose une autre logique, existentielle et familière : la lampe n’est pas à tant de centimètres de moi, elle est simplement à portée de main (ou pas… et je devrais me relever pour éteindre).
Nous sommes proche d’un subjectivisme (mais les Heideggérien hurleraient… car l’homme est « ouvert » au monde et non enfermé en lui-même !)
Enfin, je ne fais que livrer mon expérience, je ne me prétends pas philosophe et encore moins heideggérien.
Tout ce long paragraphe, pour dire que quelque chose (qui n’est pas une chose) se passe entre le sujet et le monde (l’ob-jet) qui n’est pas de l’ordre de l’objet. Tout n’est donc pas objectif. On ne meurt pas, en général… mais en détail et ça peut faire très mal…
Certaines expériences singulières ne sont pas objectivables.
On pourrait maintenant essayer de penser l’articulation ou faire la dialectique de l’objet et du sujet : penser l’Absolu.

Nous y reviendrons mais revenons à Spinoza et Hegel : je suis d'accord avec eux, qui ne séparent pas l'Absolu ou Dieu, du monde, il est donc à la fois immanent et matériel (tel qu'il est pour nous : temporel et composé d'une multiplicité d'objets finis) et d'un autre point de vue, en soi, il est éternel, infini, un.
On peut cependant voir la trace de l'infini dans le fini.
Notamment, il me semble, lorsque l'on tente de définir l'être d'une chose particulière. On peut se rendre compte, que chaque chose particulière implique la totalité du réel, que tout est lié et que chaque chose en tant qu'elle agit et réagit porte le sceau de l'infini. Les lois de la nature organisent cette cohérence du tout, elles sont la marque de l'infini, immanent, en chaque chose particulière. Le véritable être de chaque chose, sa véritable essence, c'est l'Absolu, Dieu.

On peut aussi comprendre cela de manière logique, en essayant de se représenter l'Absolu : le sans-limite. Qu'elle soit temporelle (un avant ou un après) ou spatiale (une frontière quelconque) chaque fois notre imagination voudrait ajouter quelque chose (un étant) à l'étant infini tel qu'il se le représente (Hegel appelle cela le faux infini). Donc il n’est pas représentable.

Une pensée de l'Absolu essaie de dépasser cette forme de logique inhérente à l'entendement.
Entre imagination et entendement, je ne suis pas très clair.
C'est que j'évolue entre Spinoza et Hegel, qui, de mon point de vue, se complètent l'un l'autre. L'imagination, je crois, chez Spinoza, c'est l'idée de l'affection de notre corps par un autre corps. Ce qui implique à la fois la nature de notre corps (surtout) et aussi celle du corps extérieur. L'entendement chez Hegel c'est, en gros, se limiter à une forme de logique des étants. C'est-à-dire des choses telles qu'elles nous apparaissent, des phénomènes représentables. Voilà pourquoi je glisse facilement de l'imagination (qui classiquement est le pouvoir de se faire des images concrètes de ce à quoi l'on pense) à l'entendement. Mais l'Absolu, s'il existe (mais "exister" est un terme impropre si l'on pense que l'on peut se retrouver face à lui), n'est pas une représentation d'un ceci. Tout ceci est, d'une certaine manière, porteur de l'Absolu, en ce sens qu'il peut agir sur n'importe quel autre ceci, selon des lois naturelles qui sont comme déjà là, en lui, à l'état latent, et qui peuvent être prédites par nous avec certitude. Sinon comment les étants pourraient-ils agir les uns sur les autres avec nécessité ? Notre logique même, pour définir n'importe quel ceci, a besoin de connaître l'ensemble des lois de la Nature et de tout connaître. Car, de mon point de vue, l'être véritable de n'importe quoi, implique l'ensemble de tout ce qui existe. Spinoza dit, à très juste titre, selon moi, que rien ne peut être supprimé du tout qui constitue l'univers. Cela signifie que tout tient ensemble, tout est lié et un, de ce point de vue. Le fait qu’un étant soit détruit n’est qu’un point de vue partiel, il s’agit en réalité d’une transformation. Nous voyons avec l’exemple de ces changements, que les choses qui semblent isolées du tout, ne sont qu’une illusion passagère, qui rejoint tôt ou tard l’ensemble, au sein duquel elles se maintiennent.

Enfin, si l'on entre dans une autre forme de logique, purement spéculative, il me semble que l'on peut comprendre et connaître l'Absolu.
Mais il s'agit, selon moi, d'un saut hors de l'imagination et de l'entendement.
Si l'on conçoit que l'Absolu est in-fini, que rien ne peut être en-dehors de lui, ni au-delà, nous voyons bien qu'un voyage même illimité aux frontières de l'univers ne nous rapprochait pas d'un mètre de cet Absolu. Ni une vie qui se prolongerait indéfiniment ne nous approcherait de sa fin. Il est donc autre que l'espace ou le temps tels que nous les expérimentons.
Je ne prétends pas que ce saut soit judicieux ni nécessaire, chacun doit se faire son propre avis.
À moi, il me parait stimulant et surtout logique.
Mais d'une autre forme de logique, qui a beaucoup d'application, même dans le monde réel.
Cette logique spéculative est opérante dialectiquement, car elle ne découpe pas systématiquement le monde, les étants, les idées, en groupes distincts, mais pense leur positive union dans un tout plus large.
L'entendement, parce qu'il se représente les choses, semble dessiner des frontières autour des étants en renonçant à penser leur puissance d'être au sein d'un champ plus vaste.
Le champ le plus vaste semble pouvoir être l'Absolu ou Dieu avec certaines propriétés (l’unicité, l’éternité, l’infinité).
Or, la réconciliation entre le Dasein et l’objet peut justement être la médiatisation de l’Absolu. Parce qu’une pensée véritable de l’Absolu nous aide surtout à mieux vivre et à surmonter dialectiquement ou positivement nos difficultés. Nous mettons la mort au travail. La pensée radicale de notre finitude, la rencontre de notre maître absolu, est un moyen de concevoir l’autre versant de cette pure négativité (qui n’en est une que de notre point de vue, lorsque nous anticipons notre propre fin, mais qui en soi n’est rien de négatif) : la part positive et résolument tourné vers la vie, vers le possible. Notons au passage que cette peur de mourir est sans doute une forme de narcissisme, une illusion passagère consistant à faire de l’ego quelque chose de distinct du Tout (mais ce Tout n’est plus une simple somme objective des étants). Or, la positivité ne nie pas l’existentialisme, un dépassement n’est pas une négation, mais une intégration à un niveau plus élevé. Ce regret anticipé de devoir tout laisser, ne doit-il pas nous aider à mieux vivre et mieux profiter de cette courte vie ?

Il me faut compléter ce texte, car, grâce à l’intervention de Bergame, j’ai l’impression de pouvoir l’améliorer.
Je suis d'accord avec la position de Kant, qui d'un certain point de vue est inattaquable.
Le but de Hegel n'est pas, selon moi, de réfuter Kant mais de le dépasser.
Cela signifie qu'il n'y a pas une position hégélienne qui supprimerait la position kantienne, mais que la philosophie de Kant est intégralement conservée dans la position qui la dépasse (si elle y arrive bien sûr).
Comment des raisonnements synthétiques a priori sont-ils possibles ?
Comment les lois de la physique sont-elles possibles dans leur rigoureuse nécessité ?
Il me semble que sa réponse ne l'explique pas.
Car s'il s'agissait uniquement de notre manière d'appréhender les phénomènes, de notre subjectivité, même transcendantale, alors cela n'expliquerait pas pourquoi les phénomènes si soumettent si rigoureusement. Cela n'explique pas pourquoi n'importe quel ceci rencontrant un autre ceci, réagira selon un rapport nécessaire et comme inscrit a priori en lui ainsi qu'en l'autre ceci.

Certes chez Hegel il existe une vision téléologique, un progrès vers l'absolu au moyen de la conscience. Mais cela ne l'empêche pas, dans sa Logique, de parler, à la manière de Spinoza, d'une forme éternelle de l'absolu, qui implique en elle, sans rapport au temps et à la durée, l'ensemble des lois qui régissent les phénomènes et notamment celui de causalité.
Si A devient B, selon des lois rigoureuses et nécessaires a priori, alors A n'est pas réellement distinct de B, il ne l'est que pour notre connaissance imparfaite. B est déjà A et A déjà B du point de vue de l'Absolu qui se temporalise ou se médiatise, à travers notre expérience phénoménale des choses.
Ce qui veut dire que pour l'absolu il n'y a ni avant ni après et sinon comment comprendre les lois de la nature qui existent a priori, disséminées et comme éclatées dans l'ensemble des phénomènes qui ne sont disparates qu'en apparence.
Certes on ne peut pas voir ni se représenter l'Absolu, mais il agit en chaque instant partout d'une manière uniforme, qui fait que les mêmes causes, strictement, produisent les mêmes conséquences.
Comment expliquer cette unité du tout autrement ?
Par l'esprit humain, à la manière de Kant ?
Cette option me semble intenable, même si elle marque de justes limites : nous percevons le monde à travers le philtre de notre pensée et de nos sens (et certains phénomènes échappent à nos sens et non à ceux d’autres animaux, par exemple). Pour autant, les lois de la nature, que nous comprenons plus ou moins bien, ne sont pas seulement des lois pour nous, elles sont le réel même. Sinon il faudrait expliquer que notre esprit et lui seul communique les lois de la nature aux phénomènes et les ordonne d'après ses seules catégories. Cela ne me convainc pas, il s'agit, selon moi, davantage d'une adaptation de notre cerveau (et de nos gènes) à un environnement dans lequel ces lois absolues sont déjà inscrites, de toute éternité.
Une nouvelle réponse de Bergame me permet d’étoffer quelque peu ma thèse.
Qu'il existe un fil causal reliant les phénomènes depuis le tout commencement de l'univers jusqu'à aujourd'hui est un présupposé, il me semble, de toute science.
Finalement c'est parce que nous présupposons la causalité dans les phénomènes que nous comprenons l'univers.
Mais l'esprit ne s'est certainement pas constitué sans tenir compte de la réalité des phénomènes, sinon, il ne se serait pas adapté à l'environnement et n'aurait donc pas eu le temps de survivre assez longtemps pour pouvoir se reproduire (avec parfois quelques erreurs de copie) à la génération suivante.
Ce sont donc les organismes qui concordaient avec les lois de l'univers qui sont encore là aujourd'hui, à savoir, par exemple, nous.
La causalité ce n'est dons pas seulement un point de vue de notre esprit, mais la réalité même des choses. Et c'est la différence même entre le rêve et la réalité qui nous le dit. Quand vous vous blessez en rêve, vous ne saignez plus à votre réveil, dans la réalité, les choses se passent autrement, il n'y a, pour ainsi dire, jamais de réveil salvateur.

Définir, c'est limiter.
Mais comment mettez-vous une limite sans la connaissance plus globale, qui englobe à la fois ce que la chose est et ce qu'elle n'est pas ?
On voit bien ainsi que les limites de notre connaissance sont toujours l'indice d’une réalité plus grande grâce à laquelle elles peuvent être délimitées.
La logique de la logique, chère à Hegel, nous engage à penser au-delà de cette logique limitée, afin d'envisager le tout ou l'absolu.
En revanche cet absolu n'est pas logé dans un ciel inaccessible, à la manière de la colombe de Platon.
Il est le sens du réel même.
Voilà pourquoi les lois des sciences, ou bien la prudence de Kant, ne sont pas niées par un tel raisonnement. Choisir, par prudence, de se limiter aux connaissances vérifiables et falsifiables, est tout de même une bonne chose. Mais cette attitude conduit assez nécessairement à certaines apories. La logique reste comme interdite devant ses propres causes et soit elle décide de fermer les yeux et de continuer à suivre sa méthode (puisqu'elle fonctionne), soit elle entreprend de penser la logique de sa propre logique et il me semble que les solutions spinozistes et hégéliennes, que je défends à ma façon, sont assez élégantes et assez cohérentes.

L'Absolu ou Dieu n'est pas selon moi un objet de vénération ni de respect particulier, tout cela consiste à imaginer un dieu anthropomorphique, roi de l'univers etc.
Dieu ou l'Absolu est immanent et présent en toute chose. Il est leur essence, leur manière d'être et de se comporter : leur puissance d'être et d'agir.
Il est autant dans ce que l'homme méprise, parce que cela ne correspond pas à ses désirs, que dans ce qu'il vénère, parce que cela comble ses souhaits.
Il n'y a donc pas lieu de fantasmer sur la connaissance divine.
Si l'on imagine un Dieu transcendant, alors effectivement, on peut fantasmer et rêver.
Mais un tel Dieu serait limité par le réel, il ne serait donc plus absolu...
Je conçois que l'Absolu dont nous parlons est un absolu humain, oui c'est vrai, et qui prétend le contraire ?
Mais quel est le statut du réel dans une telle philosophie humaniste ?
On conçoit tout de même qu'il existe un rapport entre notre pensée et la réalité ? Si je lâche mon stylo, par exemple, je peux prévoir qu'il tombera au sol et si cela se réalise, je vois bien que ma pensée était exacte. Que cette réalité soit humaine, je le veux bien, mais cela ne l'empêche pas de pouvoir dire des vérités. Il en va de même pour l'Absolu.
La causalité, selon moi, n'est pas simplement une catégorie de l'entendement humain, elle a sa contrepartie dans l'existence réelle de l'univers. On peut même envisager une causalité antérieure à l'existence d'un esprit humain.
Et le seul fait d'imaginer quelque chose ne la fait pas exister : l'exemple des cent thalers de Kant.
Parce qu'il existe un rapport entre le réel et notre esprit, parce que nous sommes en relation avec le monde : nous sommes un être-au-monde. Toute la métaphysique de Kant, à la suite de Descartes, semble se couper et s'isoler du monde. Une fois qu'elle s'est posée hors du monde, elle se demande comment y revenir. Mais en réalité, elle est déjà au monde, ce n'est qu'abstraitement qu'elle s'en isole. Elle pose à plat un sujet devant des objets, comme dans une phrase et elle se demande par quelle grammaire elle pourra relier à nouveau cet objet au sujet. Heidegger détruit assez bien toute cette construction métaphysique dans Sein und Zeit.

Maintenant je voudrais critiquer l'idée selon laquelle, certains, par peur d'affronter leur "misérable condition" se réfugieraient dans l'Absolu. C'est plutôt, selon mon expérience, l'idée d'être une singularité radicale qui nous attriste et nous fait passer à côté de notre vie. L'illusion d'être quelque chose d'unique, nous fait passer à côté de la puissance infinie de Dieu ou de la Nature. Au lieu de voir les prodigieuses possibilités de la vie, nous pleurons sur notre destin, sur nos manques, bref nous faisons des caprices d'enfants. Il existe toute une panoplie du misérabilisme, dont l'un des éléments, est bien sûr le désir régressif de redevenir un tout petit enfant qui n'aurait rien à assumer et seulement à vivre au crochet de sa mère aimante. Tout cet idéalisme, qui rêve d'un Âge d'or, où toutes les causes auraient le moi pour finalité, ne mènent qu'à la superstition et à l'impuissance.

Le moi n'est sans doute que l'illusion de la toute-puissance de la Volonté et de la conscience. Au lieu de cela, nous sommes déterminés par une infinité de causes qui elles-mêmes en déterminent une autre infinité. Nous faisons partie d'un tout et ce tout est notre véritable essence, notre véritable puissance d'être et d'agir. Quand nous mourons cette essence continue d'être sans nous et cette mort n'est rien pour le tout et rien pour nous non plus. Certes, nous sommes tous un peu narcissiques et nous aimons cette illusion du moi. Mais bon, à quoi peut bien servir de pleurnicher ? Je préfère voir le verre à moitié plein qu'à moitié vide, voir la puissance incroyable que nous avons d'agir, tout ce que nous pouvons faire et m'en réjouir, plutôt que de m'attrister pour d'impossibles chimères.
C'est pour cela que la singularité radicale de l'être-pour-la-mort me semble une sorte d'hypnose qui endort notre faculté d'être et d'agir, qui nous rend tristes et mélancoliques au lieu d'être heureux et actifs.
Je parle de mon expérience. Cela étant, chacun fait comme il peut... Je ne voudrais pas paraître juger. Il existe des gens qui aiment toujours se plaindre, personnellement ils me fatiguent, mais je ne m'en prends pas à eux méchamment.
Je ne vois pas du tout pourquoi on devrait se dire que notre condition est misérable. À moins de fantasmer un autre-monde parfait et peut-être de chercher à revenir dans le ventre de sa mère...
On ne dira jamais assez combien la vie est géniale et que c'est super d'être adulte, responsable de soi et des autres.
Vu qu'il n'y a pas d'arrière-mondes pour moi, je ne vois pas par rapport à quoi la vie devrait être misérable, donc je la trouve parfaite comme elle est.
On n'admire pas assez le travail de la nature, quelle chance de pouvoir écrire, rire, penser, échanger, aimer... Et nous, nous pleurons parce que le monde n'est pas assez bien fait pour nous ? Mieux vaut se réjouir de ce que nous avons, que de pleurer ce dont nous manquons, surtout que ce manque n'est qu'imaginaire, un fantasme.
L'Absolu ne manque de rien.
Grégor
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