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Inspiration orientale

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Message par Grégor Sam 15 Oct 2022 - 8:09

« Tu m’inspires, mon cher Shang : j’ai enfin quelqu’un avec qui discuter de poésie. »

L’inspiration[1] est tout, dans cet échange, issu des Entretiens de Confucius.
Elle ne dit pas ce qu’elle est et semble innommable.
Il faut revenir au sens propre du mot inspiration, peut-être, si l’on veut comprendre ce qu’est l’inspiration, disons, au sens romantique du terme.
Aspirer de l’air avec satisfaction, d’une manière un peu plus forte que d’habitude, parce que nous éprouvons cette joie si particulière d’un émerveillement (妙 miào).
L’inspiration pour l’inspiration.
Souvent j’ai essayé vainement de décortiquer cet émerveillement afin de le mieux saisir et, pourquoi pas, de pouvoir le reproduire à volonté.
Mais il semblerait que la volonté en soit la fin, le moment où l’esprit de sérieux concasse la légèreté du merveilleux.
Elle est pleine de retenue, l’âme ivre d’inspiration et ne cherche plus à savoir.
C’est avec un certain détachement qu’elle se tourne vers de nouvelles inspirations ou élévations si l’on veut rester plus proche du texte de Confucius.
Cette traduction du terme 起 Qǐ est tout de même intéressante.
Est-ce qu’une telle respiration ne nous soulève pas le cœur ?
Nous parlons également d’enthousiasme. Une bouffée d’enthousiasme. Comme si quelque chose de divin pénétrait dans nos poumons.
Je ne connais pas bien les mystiques, mais quelque chose me dit qu’ils doivent savoir qu’il faut s’abandonner, lâcher prise et ne pas chercher à produire cet enthousiasme.
Nous retrouvons le Non-agir 無為.
Ce Non-agir nous permet d’agir avec grâce et facilité, sans gesticulation et cogitations inutiles. Ainsi les grands sportifs ou les grands musiciens font-ils avec aisance et une apparente facilité ce qui paraîtrait laborieux si des amateurs l’entreprenaient. Vous me direz alors que ce n’est qu’un résultat, le résultat d’un travail laborieux et très peu enthousiasmant. Un travail acharné, plein de volonté et de calcul.
Peut-être avez-vous raison.
Dans ce cas le relâchement ne serait que la fin recherchée et réalisée par la volonté.
Mais je crois, au contraire, que la volonté n’est que le produit d’un système plus vaste d’enchaînement de causes et d’effets, dont elle n’est que l’auxiliaire.
On ne choisit pas d’avoir une volonté ferme ou faible.
Quelqu’un qui pratique avec acharnement son art ou sa passion et devient un grand artiste, est seulement celui qui a trouvé sa voie dans le grand enchaînement de causes et d’effets du monde et de sa vie personnelle. Ou plutôt a-t-il été trouvé par sa passion, qui l’a emporté et élevé jusqu’à cet enthousiasme, qu’il réalise lorsqu’il pratique son art.
Je dis art, mais cela peut être n’importe quoi : cuisiner, peindre, faire le ménage, être agent de police, rencontrer le grand amour ou une belle amitié… peu importe, les voies sont infinies. Ce qui importe c’est cette réalisation de soi, cet accomplissement et ce sentiment d’avoir trouvé sa voie.
Celui qui s’accomplit est foncièrement généreux, il ne veut pas garder pour lui son secret et son bonheur, mais cherche à aider les autres à trouver eux aussi leur voie.
Et quand je parle de réalisation de soi, je ne parle pas du soi égoïste et personnel mais du soi impersonnel et trans-individuel, qui se réalise au sein d’une activité et qui est foncièrement tourné vers les autres.
Même méconnu, un sage apporte autour de lui du réconfort et du bonheur.
Peut-être que personne ne s’en aperçoit mais tous se tournent vers lui, car sa présence légère et agréable est une source de joie pour tous.
Sinon, ce n’est pas un sage mais un comédien.
La sagesse est foncièrement pratique.
De grands savants peuvent ne pas être sages.
Et cela s’explique très bien, car la volonté, foncièrement analytique, décompose le réel en parties qui, séparées les unes des autres, donnent à cette volonté l’impression de fonctionner de manière autonome. Mais une vision plus synthétique voit plus large et ne sépare pas arbitrairement des morceaux du réel afin d’en faire le détail. La sagesse est donc foncièrement différente de la science. Notons au passage que je n’écris rien contre la science. Qu’un scientifique travaille à mesurer d’infimes détails de l’univers est une tâche noble et spirituelle à accomplir. Mais il n’est pas seulement son travail. Et la société dans son ensemble ne peut pas se consacrer uniquement au travail qu’accomplirait un scientifique particulier, qui travaillerait par exemple sur les chars mycéniens, même si le sujet est passionnant. Ce qui signifie que les scientifiques ne peuvent exister et ne sont rendus possibles que par la coordination de leurs travaux et par une société qui est capable de les accueillir. Avoir conscience de ces relations globales est le propre d’un esprit synthétique.
Ce que nous appelons Volonté est peut-être cet esprit analytique, qui se focalise sur quelque chose de particulier et ne le lâche pas.
Le Non-agir est peut-être cet esprit synthétique, qui prend du recul sur la situation et lâche prise, afin de contempler l’ensemble.
La sagesse d’un côté et le savoir de l’autre.
Cela ne signifie pas que le savoir soit le contraire de la sagesse ou ce qui empêche d’être sage.
Un scientifique est peut-être très sage d’avoir fait de telles études et de rendre de grands services à la société par ses recherches. Même si lui-même manque de sagesse, ses travaux seront toujours utiles, s’ils sont bons, à l’humanité.
En revanche, rester focalisé excessivement sur certains sujets peut être aussi une forme de névrose obsessionnelle, une maladie. Et sans aller jusqu’à l’état maladif nous sommes tous un peu trop obsessionnels. Quand je dis « nous », je parle des occidentaux. J’avais fait l’étrange expérience à la Réunion et à Madagascar de sociétés fondamentalement plus joyeuses que les nôtres. Tout cela tenait pour moi à un rapport différent au temps. Ils savaient profiter du moment présent sans être habités de projets pour lesquels ils tendraient toute leur volonté. Ils n’expédiaient pas leur sandwich afin de finir tôt leur réunion pour pouvoir récupérer leurs enfants avant qu’il ne soit trop tard pour leur faire faire leurs devoirs etc. Si vous êtes pressés dans de tels pays vous passez pour un fou.
L’angoisse de l’avenir nous empêche de prendre le temps de bien faire et d’éviter justement que cet avenir ne soit mauvais.
Finalement en nous souciant trop de l’avenir, nous bâclons le moment présent, alors qu’une attention plus soutenue aux possibilités qu’il renferme nous permettrait d’avoir une meilleure vie.
Je ne parle même pas du nombre de tâches inutiles que l’occidental s’inflige dans son travail, juste pour montrer qu’il travaille et prouver par là qu’il ne vole pas le temps de son employeur, en étant par exemple trop épanoui.
Il existe toute une gamme de comédies plaintives en occident, où c’est à celui qui se plaindra le mieux du dur labeur qu’il s’inflige. Vous ne pourrez jamais comprendre ces dures vies laborieuses car chacun tient tous les autres pour des fainéants et espère être un peu mieux payé ou obtenir des avantages s’il arrive à faire croire qu’il travaille davantage que les autres.
Chacun vit donc avec envie et désire avoir plus qu’il n’a.
Cette situation est dommageable car le bonheur est dans l’instant, dans la joie du moment présent. Et je ne vois pas pourquoi un travail ne pourrait pas et ne devrait pas être une joie, une manière de s’accomplir et de prendre du plaisir.
Pour cela, il faut tâcher de bien faire, maintenant, ce que nous avons à faire.
Mais si nous bâclons notre première tâche, déjà préoccupé par la suivante, nous créerons sans doute des difficultés pour d’autres, à cause de notre négligence, même si nous réalisons dix tâches de plus que la moyenne.
Ceux qui négligent leur vie de famille pour leur travail peuvent créer des difficultés pour la société avec leurs enfants, par exemple, mal élevés.
Il faut toujours regarder globalement les choses si l’on veut juger avec sagesse.
On admire trop facilement certains aspects saillants d’une personnalité.
Comme on admire une performance sportive sans savoir ce qui l’a rendue possible. Si le sportif en question est dopé et doit mourir à quarante ans pour cela, est-ce encore admirable ?
La vie n’est-elle pas plus importante que la performance ?
Je ne critique pas l’Occident pour défendre l’Orient.
Les choses ont leur nécessité.
Et puis à quoi bon ajouter de la critique à une situation qui porte en elle-même son châtiment, puisque nous sommes déjà attristés de notre préoccupation maladive.
Ce serait comme critiquer un enfant qui s’est blessé en étant imprudent : il est déjà malheureux, pourquoi lui ajouter de la peine ?
Surtout que l’occidental préoccupé, l’est souvent pour sa famille et ses enfants. Il veut leur assurer un avenir heureux. Son dévouement est noble. C’est seulement que désirer de telles choses est impossible. On ne peut pas désirer le bonheur des autres, ni même le sien. Car le désir détruit le bonheur et la joie.
Je ne parle pas, bien sûr, du désir au sens spinoziste du terme, car le conatus est un désir naturel, une puissance inhérente à la nature humaine.
Je parle des désirs tels qu’ils sont interprétés par la volonté. Des désirs volontaires.
Si vous voulez faire le bonheur de vos enfants, par exemple, commencez par le faire maintenant.
Libérez-vous des angoisses et des superstitions. De la crainte et de l’espérance.

J’ai sans doute écrit beaucoup de bêtises, qui ne sont que le fruit de mon ressenti, de mon expérience personnelle. Peut-être aurai-je des contradicteurs, qui ne verront pas les choses de la même manière que moi. Je m’excuse par avance, auprès de ceux qui pourraient être heurtés par mes propos, car j’ai sans doute généralisé à l’excès des expériences particulières.
Mes amitiés

[1] Inspiration est la traduction de 起 Qǐ : augmenter, soulever. Cela n’a donc rien à voir avec la respiration.
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Message par Vanleers Sam 15 Oct 2022 - 11:40

gregorirlande@hotmail.fr a écrit:« Tu m’inspires, mon cher Shang : j’ai enfin quelqu’un avec qui discuter de poésie. »

L’inspiration[1] est tout, dans cet échange, issu des Entretiens de Confucius.
Elle ne dit pas ce qu’elle est et semble innommable.
Il faut revenir au sens propre du mot inspiration, peut-être, si l’on veut comprendre ce qu’est l’inspiration, disons, au sens romantique du terme.
Aspirer de l’air avec satisfaction, d’une manière un peu plus forte que d’habitude, parce que nous éprouvons cette joie si particulière d’un émerveillement (妙 miào).
L’inspiration pour l’inspiration.
Souvent j’ai essayé vainement de décortiquer cet émerveillement afin de le mieux saisir et, pourquoi pas, de pouvoir le reproduire à volonté.
Mais il semblerait que la volonté en soit la fin, le moment où l’esprit de sérieux concasse la légèreté du merveilleux.
Elle est pleine de retenue, l’âme ivre d’inspiration et ne cherche plus à savoir.
C’est avec un certain détachement qu’elle se tourne vers de nouvelles inspirations ou élévations si l’on veut rester plus proche du texte de Confucius.
Cette traduction du terme 起 Qǐ est tout de même intéressante.
Est-ce qu’une telle respiration ne nous soulève pas le cœur ?
Nous parlons également d’enthousiasme. Une bouffée d’enthousiasme. Comme si quelque chose de divin pénétrait dans nos poumons.
Je ne connais pas bien les mystiques, mais quelque chose me dit qu’ils doivent savoir qu’il faut s’abandonner, lâcher prise et ne pas chercher à produire cet enthousiasme.
Nous retrouvons le Non-agir 無為.
Ce Non-agir nous permet d’agir avec grâce et facilité, sans gesticulation et cogitations inutiles.

[1] Inspiration est la traduction de 起 Qǐ : augmenter, soulever. Cela n’a donc rien à voir avec la respiration.

Merci pour ce beau texte qui est lui-même inspirant.
Je fais le lien entre l’inspiration dont vous parlez et l’esprit au sens ancien dans la spiritualité chrétienne.
Je cite, à nouveau :

Adrien Demoustier a écrit:Le sens ancien du mot « esprit » ne désigne pas d’abord comme en français aujourd’hui l’activité mentale ou intellectuelle ou la « mentalité », mais plutôt la capacité de mettre en relation la dimension mentale, intellectuelle et la dimension affective et corporelle de l’être humain. L’homme est esprit, non pas seulement parce qu’il est intelligent, mais parce qu’il peut faire collaborer dans une relation qui les unifie, deux éléments distincts : une dimension corporelle et une dimension mentale ou notionnelle.
[…]
Laisser s’unifier sans confusion des termes mis en relation, tête et cœur, activité mentale et corporelle, âme et corps, permet au Créateur de signifier la communication qu’il fait de sa présence dont la marque sera l’expérience d’être heureux, de vivre en paix un bonheur profondément humain, qui cependant se donne à reconnaître dans une originalité radicale : il est action de grâce, éprouvé comme don de Dieu. (op. cit. p. 32)

Vous attirez l’attention, à juste titre car trop souvent oubliée en Occident, sur la dimension corporelle de l’esprit (spiritus).
C’est l’apport précieux de l’Orient.
Comme est précieuse la notion de Non-agir qui trouve son équivalent dans la spiritualité chrétienne dans un « agir selon la volonté de Dieu ».

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Message par Grégor Dim 16 Oct 2022 - 9:57

Bonjour Vanleers,
Oui je pense qu'on peut retrouver dans la philosophie ou spiritualité chrétienne des éléments similaires à l'expérience que j'ai essayé de traduire. C'est d'ailleurs à des mystiques chrétiens que je pensais lorsque je les évoque dans mon texte.
Votre remarque est intéressante.
En effet, si l'on appelle esprit corporel tout ce qui se passe en dehors de la conscience, y compris dans le cerveau, alors nous sommes sur la même longueur d'onde. En effet, étant matérialiste, j'ai du mal à imaginer une réelle influence d'un Dieu transcendant ou cosmique. En revanche, les capacités du cerveau m'impressionne et il me semble qu'une immense part de son activité nous échappe complètement. Se mettre à l'écoute de ses capacités et du monde qui vit et filtre à travers lui, voilà ce que peut-être les anciens ont appelé un don de Dieu.
L'expérience est d'ailleurs troublante, déroutante, on serait tenté de douter, tant nous avons du mal à envisager que le pouvoir que nous croyons avoir sur nous-mêmes puisse nous échapper, nous serions tenté de douter de notre matérialisme... Et si un Dieu caché etc.
Mais en réalité, cela n'est pas si incroyable. Freud, je crois, avait mis le doigt dessus. Pendant longtemps j'ai trouvé sa théorie intéressante, mais à présent, je n'ai plus de mot pour en décrire l'invraisemblable génialité. Si quelqu'un a réussi à toucher Dieu, n'est-ce pas Freud ? Je m'emballe un peu, mais grâce au continent de l'inconscient, qu'il a découvert et commencé à explorer, il a découvert que la conscience n'était pas le maître tout puissant du cerveau. Nietzsche l'avait déjà signalé et finalement on pourrait trouver mille précurseurs (y compris dans le christianisme). Mais Freud en a fait une vérité reconnue de tous.
À présent nous connaissons beaucoup mieux le cerveau et nous savons que des milliards de calculs se font inconsciemment.
Notre cerveau, je crois, sait mieux que nous.
Il n'est pas seulement une réserve de pulsions filtrés par le surmoi.
Comme je l'écris parfois, la conscience n'est sans doute que le reflet d'une partie de l'activité du cerveau. En gros, le cerveau calcule, délibère, fouille dans les souvenirs, compare etc. Il décide ce qu'il doit faire, penser, dire etc. Puis nous informe de son choix et cela vient se réfléchir dans le miroir de la conscience. Je ne sais pas quel est le réel pouvoir que "nous" avons. Quel est le pouvoir du moi, dans tout cela ? J'ai l'impression que le terme de reflet n'est pas mauvais. Nous sommes une image, l'image d'une partie (la partie consciente justement) de l'activité de notre cerveau.
Et cette image nous pouvons la communiquer (et encore en repassant par l'activité inconsciente de notre cerveau). C'est ce que j'avais lu dans un petit article scientifique sur la conscience.
Sans doute que cette image que nous avons de l'activité de notre cerveau, joue un rôle et influence l'activité elle-même (inconsciente) de notre cerveau. Car elle est notre part sociale, elle détermine l'image que nous allons communiquer de nous-mêmes et qui peut influencer notre relation aux autres. Même si nous communiquons énormément aussi inconsciemment.
Je pense que j'écrirai un texte plus abouti sur tout cela, si je le peux bien sûr,
Cordialement
Grégor
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Message par Saint-Ex Jeu 28 Déc 2023 - 16:36

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«L’homme est esprit, non pas seulement parce qu’il est intelligent, mais parce qu’il peut faire collaborer dans une relation qui les unifie, deux éléments distincts : une dimension corporelle et une dimension mentale ou notionnelle.»

Ce n'est pas la conscience d'une quelconque volonté de l'homme qui fait «collaborer» sa dimension corporelle et sa dimension mentale, car ses deux dimensions n'ont jamais été séparée et n'en font en réalité qu'une en l'inconscient de la corporéité de l'homme depuis qu'il existe sur terre. L'intellection a cela de particulier qu'elle fait facilement oublier cette petite vérité, qui, cependant est indiquée par le copain Nietzsche disant «Ta grande raison, c'est ton corps», ce qui est confirmé par la science, qui est tout, sauf dupe de la conscience élaborant le sens des choses à sa façon.

Platon est mort avec Dieu il y a au moins 5 siècles. Nietzsche est le messager de cette bonne nouvelle.

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