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Le miroir de Narcisse

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Message par Grégor Mar 13 Sep 2022 - 10:12

Je trouve que l’écriture a quelques connexions secrètes avec notre double fantasmé. Elle est comme le miroir de Narcisse : nous posons devant elle, comme amoureux de notre propre image.
Sans doute, notre vie n’est-elle pas toujours linéaire ni sensée. Alors, en saisissant certains fils, recousons-nous quelque peu la trame de notre existence. Nous refaisons ainsi une certaine image de nous-mêmes, celle que l’on présentera aux autres, et ce personnage inventé est bien souvent le reflet de nos fantasmes.
C’est ainsi que sur les réseaux sociaux (je ne parle évidemment pas de ce forum) nous rencontrons parfois des personnes qui vivent dans un fantasme de toute puissance, parce que le personnage, qu’ils se sont créés, est une sorte de demi-dieu et qu’ils se sont imaginés que l’écriture leur avait offert de supers-pouvoirs : surtout celui de tout savoir et d’avoir raison sur tout, mais à l’occasion aussi celui d’insulter et de rabaisser celui qui ne leur plaît pas : de vrais petits tyrans sur la toile d’internet.

Mon oncle, qui est à la fois professeur de philosophie et, selon moi, philosophe, me disait un jour qu’il fallait beaucoup aimer la philosophie et l’avoir longuement pratiquée, pour pouvoir la quitter. Nietzsche aussi conseille à ses lecteurs de le quitter dans son Zarathoustra. C’est ainsi que j’ai suivi leurs conseils et me suis éloigné de la philosophie. Concrètement, cela signifie que plutôt que de passer mon temps libre à étudier, je le consacre à améliorer ma journée et à mieux accomplir mon devoir d'homme. Je suis donc davantage dans la vie active et moins dans ce que les anciens appelaient le loisir. Je suis en cela les conseils de Cicéron qui considérait que le devoir envers l’État devait toujours être prioritaire et que ce n’était qu’une fois les devoirs envers la Cité accomplis qu’il fallait se consacrer à l’étude (la Scholè).
Or, cette nouvelle situation, me rendant plus actif, me rend plus heureux et m’a fait prendre du recul relativement à mes prétentions intellectuelles et philosophiques.
Quoique j’utilise beaucoup la philosophie dans ma vie active, surtout les philosophies matérialistes, spinoziste ou Nietzschéenne, voire scientifiques, ce n’est quasiment jamais en citant d’auteurs ni en employant d’arguments d’autorité. J’essaie toujours d’obtenir l’assentiment de mon interlocuteur et pour ce faire, j’ai appris à écouter (même si j’ai encore beaucoup de progrès à faire en la matière).

L’avantage de mon métier, qui se situe dans l’animation, est qu’il n’a pas de limite. On peut toujours mieux faire. L’autre avantage est que nous avons une culture égalitaire. Or, j’ai longtemps bataillé pour défendre une certaine hiérarchie dans les valeurs et en gros, même si je ne le disais pas ainsi, afin de pouvoir me placer au-dessus des autres. Cela reflète une certaine position idéaliste, comme si un Bien ou un Vrai en soi pouvaient justifier ma pensée et mes actes. En vérité, il n’en est rien et comme le disait Aristote, il est non seulement de notre devoir de trouver ce qui est Bien et Vrai (dans une situation donnée) mais également de le faire adopter, grâce notamment à la rhétorique, par le groupe de personnes au sein duquel nous vivons. J’ai aussi remarqué, qu’élaborer ensemble les décisions pour le bien commun et le vivre ensemble permettait non seulement d’investir davantage les différents acteurs, mais produisait aussi de meilleurs résultats. Contrairement à ce que j’ai longtemps pensé, les travaux de groupe ne sont pas toujours une perte de temps et l'on travaille souvent mieux à plusieurs que seul.

Mon texte précédent, à propos de philosophie pratique, était mon premier texte où je contredisais ceux de la période antérieure. Le déni, dont je parlais, est justement ce moment où je commençais à changer et à adopter un point de vue moins élitiste sur la culture et paradoxalement la période où j’ai le plus défendu cette thèse du devoir d’excellence en matière de culture, de hiérarchie des valeurs etc.

C’est donc moi-même que je critique à travers ces deux récents textes. Je me suis accroché pendant ma période élitiste à mes acquis, mes prétentions, mes rêves de grandeur, mon ego scriptor, alors que le détachement fut mon réel salut.
Je dois ce détachement à un livre en particulier le Traité du désespoir et de la béatitude, D’André Comte-Sponville, qui sans se vouloir un auteur génial (bien qu’ils soit agrégé de philosophie) a bien réussi son pari, en tout cas, me concernant.
Le fait de désespérer de tout ce halo idéaliste et fantasmatique qui flottait autour de mon double philosophe et écrivain, de désespérer même du moi et de tout mérite personnel, m’a libéré d’une prison et ouvert sur ce que je pouvais réellement faire.
Serge Pey, mon ami et poète au bâton, professeur et mentor, me disait souvent que je devais faire un trou dans mon ego afin de me libérer et de libérer mon écriture.
Peu m’importe aujourd’hui de devenir écrivain ou philosophe. Mais je pense que Serge Pey avait bien décelé en moi le narcissisme qui me taraudait et m’empêchait d’être libre.
Il faut aimer non pas ce que l’on croit être, mais ce que l’on fait.
Souvent nous nous aimons au prix de ce que nous faisons et nous disons alors : « je ne mérite pas cette existence, je mérite mieux etc. » Nous pleurons sur ce monde perdu que nous n’avons pas su gagner et comme nous ne prenons pas en compte la réalité de notre situation et tout le possible qu’elle renferme, nous vivons de fantasmes impossibles qui nous rendent malheureux et impuissants.
Nietzsche avait raison : il faut briser ces idoles et à commencer par notre propre idole, notre moi narcissique et stérile : notre part angélique (si l’on recherche le Bien), notre part soi-disant géniale (si l’on recherche le génie).
Un ange ou un génie castré, voilà le fruit de cet idéalisme.
On peut toujours se dire, comme j’ai osé l’écrire, que nous serons reconnus à notre mort. Ce qui d’un point de vue matérialiste est stupide, puisque quels seraient les fruits d’une telle reconnaissance posthume ? Notre part angélique qui ne perd jamais une occasion de se tromper sur elle-même, dira qu’elle ne recherche pas la reconnaissance… Quelle ironie.
La reconnaissance est le premier moteur de l’écriture, en tout cas de la mienne. Sinon je n’écrirais pas. Je cherche à être reconnu et apprécié, lorsque j’écris, par mes lecteurs. D’ailleurs j’en ai pour preuve les réactions émotionnelles, que j’ai pu avoir, à la suite des commentaires de mes lecteurs : leur avis m’est tout sauf indifférent.
Il na faut donc pas sous-estimer l’intérêt que nous prenons à être reconnu, y compris afin de ne pas être totalement assujettis à leurs jugements.

Ce texte parle davantage de mon rapport à la philosophie, que de philosophie elle-même, j’espère qu’il pourra servir à d’autres que moi.
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Message par Bergame Sam 17 Sep 2022 - 13:44

D'abord, il me semble quant à moi que ce texte parle surtout de philosophie. Et pour ma part, je pense bien, non pas peut-être le comprendre, mais l'appréhender. En tout état de cause, j'ai moi-même réalisé le même genre d'exercice quelque part dans ce forum.

C'est d'ailleurs peut-être suffisamment intéressant en soi d'avoir choisi cet espace pour réaliser cet... exercice (comment le qualifierais-tu, tiens, je suis curieux), parce que son format est bien particulier : Il associe l'écrit et la présence de l'autre. On y échange par le biais de l'écriture -ce qui permet le recul, le temps de l'analyse, de la réflexion propre au media écrit- mais en présence d'Autrui, un véritable Autre et non un alter ego plus ou moins fantasmé, une conscience qui réagit, répond, critique, bref qui est là et se manifeste.

Cela change beaucoup de choses puisque, comme tu le dis très bien, lorsqu'on écrit "seul" -si j'ose dire- un article, un livre, on ne rencontre jamais que soi-même. Oh, bien sûr, cette production est nécessairement vouée à être soumise ultérieurement au jugement d'Autrui, et éventuellement critiquée, discutée. Mais ce jugement et cette critique n'interviennent qu'une fois le travail achevé et, disons, forclos. Et c'est très différent. Disons que c'est ici que la discussion , la discussion argumentée, me semble véritablement possible.

Et la philosophie est une discussion. Un échange qui se déploie au long de plusieurs siècles depuis les Dialogues : Descartes répondant à Platon, Spinoza répondant à Descartes, Hegel répondant à Kant avec l'aide de Spinoza, etc. La philosophie est, pour moi, tout le contraire de la littérature.

J'ai donc été jusqu'à penser, fut un temps, qu'en raison de cette caractéristique particulière, l'avenir de la philosophie se jouait ici. Dans ces espaces qui associent étonnamment la synchronicité de l'échange et l'asynchronicité qu'introduit l'écrit, nécessaire à l'argumentation rationnelle. J'en suis peut-être revenu ? Je n'en suis pas sûr. Le miroir de Narcisse 2101236583  Et qu'on ne m'objecte pas les réseaux sociaux, leur format me semble très différent des forums de discussion comme celui-ci, où la pensée et l'argumentation peuvent se déployer sans contrainte.

La question de la reconnaissance et de ce que tu appelles le "narcissisme" est aussi clairement en jeu. Il est pas exemple intéressant que tu aies choisi comme pseudo, même ici si j'ose dire, ce qui semble être ton état civil -ou peut-être pas d'ailleurs. Toujours est-il que l'anonymat est une autre caractéristique, relativement unique, de ces espaces, qui les distinguent bien évidemment des revues académiques ou des interventions dans l'espace public -presse, édition, etc. Personnellement, je pense qu'on est davantage véridique ici, dans ces forums, qu'on ne l'est dans le monde -ou du moins qu'on peut davantage l'être- précisément en raison de la liberté que garantit cet anonymat.

Mais se pose alors la question du telos, et de la motivation. Pour quoi, pour faire quoi, pour parvenir à quoi ? Pourquoi intervenir ici ?

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Message par Grégor Sam 17 Sep 2022 - 23:13

Vos questions bergman sont excellentes.

Je vais essayer de répondre à deux d'entre elles.
Cet écrit est d'abord une analyse de moi-même.
Une sorte de thérapie. Pourquoi ai-je besoin de l'écrire sur un forum telle est votre seconde question. Peut-être cela a-t-il à voir avec ce mystérieux Grand Autre dont parle Lacan auquel je ne comprends pas grand chose. Sinon qu'il a un rapport avec notre moi narcissique et peut-être avec le sur-moi freudien.
Je parle de ces concepts, non en scientifique désincarné, qui les déploierait dans une pure objectivité, mais parce que j'ai fait un travail sur moi-même et que je les ai assimilé à des éléments factuels de ma vie.
De même ce texte qui pourrait sembler généraliste n'est en fait que le support architectonique d'élément saillants de ma vie, que j'ai regroupés, sous des concepts généraux, afin de les lier et de leur donner un sens.
Alors ce forum est un moyen d'exprimer devant un public averti, constitué d'êtres intelligents et sensibles, des concepts qui font sens pour moi et que j'espère pouvoir apporter aux autres afin de les accompagner dans leur propre recherche.
J'ai vraiment découvert un moteur dans mon existence et j'essaie d'en faire profiter les autres.
Parce que le partage et l'entraide me semble fondamentaux y compris pour notre propre bonheur.
Je dirais même que ce n'est que quand on se sent suffisamment heureux et dégagé de son malheur que l'on peut vraiment venir en aide aux autres et s'en soucier et alors notre bonheur est infini, car il y a beaucoup à faire en ce monde.
Qui plus est, en aidant les autres, on rend notre propre vie plus intéressante, enrichie de la présence des autres.
Cette responsabilité est vraiment ce que j'ai trouvé, par chance et non par mérite, car une responsabilité donne de grand pouvoir.
Une situation nous crée et on cherche à pouvoir créer d'autres situations favorables.
J'ai écrit beaucoup de bêtise et je ne voulais pas laisser cette seule image de moi-même, c'est aussi un des moteurs de mon écriture.
Plutôt qu'un moteur, c'est même une sorte de mécanique enclenchée qui fait que de discussions en discussions, on trouve encore quelque chose à dire.
Merci pour votre charmante réponse, qui m'a permis de continuer mon voyage.
Ps : quant à mon pseudo, il s'agit du nom de ma mère et de mon nom officieux par lequel on m'a toujours appelé depuis mon enfance.
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Message par Vanleers Dim 18 Sep 2022 - 10:37

gregorirlande@hotmail.fr a écrit:Je trouve que l’écriture a quelques connexions secrètes avec notre double fantasmé. Elle est comme le miroir de Narcisse : nous posons devant elle, comme amoureux de notre propre image.

Le miroir de Narcisse est un miroir aux alouettes car ce qui fait la singularité d’un homme est invisible.
Pierre Macherey fait état de la singularité à propos du nom du Dieu de Spinoza : son nom est Chose, et rien d'autre.

Pierre Macherey a écrit:Dieu n’est qu’improprement nommé une chose parce qu’il n’est pas une chose comme les autres, et à côté ou au-dessus des autres choses, pouvant leur être comparée, voire donnant les éléments ou les conditions de leur comparaison : mais il est la réalité même en tant qu’elle se situe en dehors de toute perspective de comparaison. En dehors : non pas au-delà, au sens d’un incomparable transcendant, qui serait l’Absolu ou le tout autre ; mais plutôt en-deçà : en ce point où la chose est pensée absolument comme chose, et cesse du même coup d’apparaître comme une chose, mais devient Chose, sans article défini ou indéfini, c’est-à-dire sans pouvoir être ramenée au statut de sujet grammatical d’une proposition, que celle-ci soit générale ou particulière. En ce sens il faut dire, au point de vue il est vrai d’une connaissance rationnelle qui relève davantage des normes de la science intuitive que de celles de la démonstration géométrique, que Dieu se nomme Chose, pour autant que le nom de chose puisse avoir valeur d’un nom propre. On comprend du même coup que le nom de Dieu, qui ne correspond pas à la désignation d’un genre, soit un nom propre sans être pour autant un nom de personne, le nom de quelqu’un, ou même de quelque chose en particulier, puisqu’il est ce nom de Chose, et rien d’autre.

http://spinozaetnous.org/wiki/Spinoza_est-il_moniste_%3F_par_Pierre_Macherey

Le « Connais-toi toi-même » est, bien entendu, ironique car le "toi-même" est inconnaissable.
Autant briser ce miroir qui n’est qu’un miroir aux illusions.

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Message par Grégor Mer 28 Sep 2022 - 9:51

Bonjour et merci Vanleers pour votre retour,
J’adore Spinoza et je le considère comme peut-être le plus grand de tous.
Vous avez parfaitement raison, l’ego n’est qu’une illusion, qui nous retarde, alors que nous avons tant à faire en ce monde. Le vrai Sujet c’est la substance ou le Tout (la Nature ou Dieu). Le moi c’est l’illusion du libre arbitre, d’être un empire dans un empire, et toute la fantasmagorie de nos désirs impossibles, les délires de notre imagination. C’était vraiment le sens de mon texte, car il me semble que l’écriture est, de par sa réflexivité, un moyen de rêver sa vie et de gonfler son ego dans une illusion de toute puissance. Être l’Auteur et arranger la vérité selon ses désirs mal compris le plus souvent. Bonne journée
Grégor
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Message par Vanleers Mer 28 Sep 2022 - 20:42

gregorirlande@hotmail.fr a écrit:Bonjour et merci Vanleers pour votre retour,
J’adore Spinoza et je le considère comme peut-être le plus grand de tous.
Vous avez parfaitement raison, l’ego n’est qu’une illusion, qui nous retarde, alors que nous avons tant à faire en ce monde. Le vrai Sujet c’est la substance ou le Tout (la Nature ou Dieu). Le moi c’est l’illusion du libre arbitre, d’être un empire dans un empire, et toute la fantasmagorie de nos désirs impossibles, les délires de notre imagination. C’était vraiment le sens de mon texte, car il me semble que l’écriture est, de par sa réflexivité, un moyen de rêver sa vie et de gonfler son ego dans une illusion de toute puissance. Être l’Auteur et arranger la vérité selon ses désirs mal compris le plus souvent. Bonne journée

Oui, je n’ai pas rencontré de philosophe plus grand que Spinoza.
C’était un surdoué, quelqu’un de suprêmement intelligent, courageux,  affable, très humain.
Sa maxime était :
Non ridere, non lugere neque detestari, sed intelligere, « Ne pas ricaner, ne pas déplorer, encore moins maudire, mais seulement comprendre ». (Traité politique I 4)
Il était phtisique et il est mort à 45 ans mais on peut penser qu’il a vécu sa courte vie le plus souvent dans un grand sentiment de jubilation intérieure.

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