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Message par Vanleers Dim 20 Fév 2022 - 17:37

hks a écrit:
Vous imaginez l'enfer sur terre si nous devions démontrer, réfuter, falsifier, vérifier.... constamment.

1) Ce serait l'enfer sur terre si nous devions démontrer, réfuter, falsifier, vérifier.... constamment.

2) Or, ce n’est pas l’enfer sur terre.

3) Donc, nous ne devons pas démontrer, réfuter, falsifier, vérifier… constamment pour vivre.

C.Q.F.D.

C’est même très élémentaire : chacun fait l’expérience qu’il peut vivre sans certitude absolue.
Il faut être sérieusement malade pour penser le contraire.

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Message par Vanleers Dim 20 Fév 2022 - 17:58

hks a écrit:
Vanleers a écrit:Et c'est quoi alors, selon vous, une explication qui est celle de la physique scientifique ?
C'est, entre autres, une explication qui se fonde sur des principes métaphysiques non explicites.
L'explication a , de plus, une expression mathématique.

En physique, un fait est expliqué par la conjonction d’une loi générale et d’une condition initiale.
Fait : ce rat est mort.
Loi générale : tout rat qui mange du poison meurt.
Condition initiale : ce rat a mangé du poison

C’est le B.A. BA de l’explication en physique.
Rien à voir avec une « une explication qui se fonde sur des principes métaphysiques non explicites »

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Message par neopilina Dim 20 Fév 2022 - 19:39

hks a écrit:Tu [Crosswind] es prié instamment de ne pas faire de procès d'intention.

Et des affirmations gratuites, et de faire dire à autrui ce qu'il n'a pas dit. Je dois en oublier. Mais bon.

hks a écrit:Tu ne te demandes pas " qu'est ce c'est " en soi " ?

Bien sûr que si. Et ça commence dés et avec ma première (et fondatrice) fréquentation philosophique, grecque, donc. Mais pas avec Kant. A tort ou à raison, mais je joue le jeu, je le motive, je pense que Kant, le kantisme, est radicalement un avatar du cogito en l'état (et il n'est pas le seul).

hks a écrit:Il y a une différence entre les bananes et les oranges, comment expliquer cela ? La rose du soir n'est plus vraiment celle du matin.
Comment expliquer cela ?
Qu'est-ce qui peut bien se passer là ?
Là et puis partout où il y a des roses et des oranges.

Le naturaliste est extrêmement sensible à tous ça ! D'une part, à sa façon. Et, d'autre part, à sa façon, l'amateur de philosophie aussi ! Ce qui est très important, premier, c'est se demander de quel registre ressort ma question, quand pour telles ou telles raisons, je me pose une question. Je poursuis avec la suite de ton message :

hks a écrit:La science a son mode d'explication et la philosophie (qui ne refuse pas les apports de la science) élargit les questions ou les pose un peu différemment.

La différence dont je me fais le porte parole n'est pas ici suffisamment entérinée : c'est carrément les questions, et donc les réponses !, qui sont différentes par nature.

baptiste a écrit:Croswind, tu nous a expliqué que 2 heures après avoir envoyé un message que tout le monde avait pu lire et que tu pouvais relire, tu ne pouvais pas affirmer la réalité de ce message. Pour justifier l'absence de réalité tu as été cherché un exemple dans la réalité. Qui prétends tu convaincre avec ce type d'argument ?

Dans le mille. Convoquer une chose pour la nier, il n'y a pas à dire, c'est une authentique performance.

à baptiste,

Ne dis pas qu'il n'y a pas de méta-physique (c'est bien d'évoquer l'origine du terme). Dis plutôt qu'en l'état tu ne tiens pas une définition dont tu sois toi-même satisfait. Je peux objecter (elle est absolument authentique en tant qu'objection), ainsi, par exemple : tu as des Valeurs, une morale, la Tienne, tout à fait, etc. Par exemple, hks, qui sait lire, a très bien vu qu'on y va, à notre rythme ! Quant à Crosswind, la seule chose qu'il peut faire avec ce terme (ce n'est rien d'autre chez lui), le plus manifestement du monde, c'est se l'interdire.

Crosswind a écrit:neopilina et baptiste sont des réalistes en ce qu'ils croient, tous deux, en l'existence d'un réel en-soi que la connaissance humaine dévoilerait en tout ou partie (ou en rien, cela reste aussi une possibilité).

- Tu sais très bien ce que je fais du très aporétique thème " réalisme versus idéalisme ". C'est du foin pour ceux qui n'ont pas su remettre les choses dans l'ordre une fois que Descartes les a inversées.
- S'il n'y a rien à dévoiler, la connaissance ne dévoilera rien.
- Pour cet " en-soi ", je t'invite à relire mon message précédent quant à la destination finale de cet en-soi.

Crosswind a écrit: ... (ou en rien, cela reste aussi une possibilité).

Manger la peau de la banane est toxique. Tu nies un lien qui te permets de vivre ? Non, tu fais beaucoup, beaucoup, " mieux " : tu nies un des éléments les plus constitutifs de la vie.

hks a écrit:On peut déjà essayer de s'expliquer avec ce monde dit " physique ". Le problème réside dans l'adjectif " physique ". D'autres disent " réel " ce qui n'est pas plus clair.

Dans un premier temps, celui de l'expérience au sens le plus basique qui soit, l'ensemble de tout ce qui est perçu (monde, univers, réel, nature, etc.) est empirique. Ensuite, ceci ou cela. La connaissance est une gare de triage. Il y a un point d'entrée unique, l'expérience empirique, ensuite, une multitude d'aiguillages (qu'il faut motiver, caractériser, définir, etc.), pour amener un wagon, la chose visée (tout à fait,   cool-1614...  ), sur la voie idoine. J'ai dis oui à " la chose visée ". Mais attention, aucune allégeance à la phénoménologie qui décide doctrinalement, constitutivement, de commencer à partir du cogito en l'état.

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Message par hks Dim 20 Fév 2022 - 21:22

à Vanleers

Vous le prenez un peu haut ...(quand même un peu Certitude et doute. - Page 15 3438808084 )
pour m'explique ce qu'est le syllogisme.

Alors que vous demandiez sur l'explication en physique et pas l'explication physique telle celle que me donnera un professeur d'éducation physique.

Dans les notes de l'un des élèves de Whitehead de 1927, se trouve la citation suivante : « chaque scientifique, afin de préserver sa réputation, doit dire qu'il déteste la métaphysique. Ce qu'il veut dire par là, c'est qu'il déteste voir sa métaphysique se faire critiquer »51

Et puis vous me donnez un exemple singulier d'explication.
Vous me montreriez une case dans une page de bande dessinée et j'aurais compris ce qu'est la bande dessinée comme art graphique. Certitude et doute. - Page 15 4221839403


Dernière édition par hks le Dim 20 Fév 2022 - 21:48, édité 2 fois

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Message par hks Dim 20 Fév 2022 - 21:39

neopilina a écrit:La différence dont je me fais le porte parole n'est pas ici suffisamment entérinée : c'est carrément les questions, et donc les réponses !, qui sont différentes par nature.
Non pas "par nature".
Comme si nous avions deux natures telles que nous avons des statut sociétaux différents .
Le statut social du physicien n'est pas celui du philosophe, ce qui produit l'illusion de deux natures de la pensée.
Exemple ce n'est pas par nature que Bergson ne s'entend pas avec Einstein. Leur mésentente n'est pas naturelle.
Chacun des deux joue un rôle dans une pièce de théâtre sur le temps et l'espace .
Par nature, à l'état naturel, il n'y a pas de questions qui "par nature" diffèreraient.
Bergson et Einstein, sinon, ne pourraient pas engager le moindre dialogue.

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Message par benfifi Lun 21 Fév 2022 - 9:13

Vanleers a écrit:En physique, un fait est expliqué par la conjonction d’une loi générale et d’une condition initiale.
Fait : ce rat est mort.
Loi générale : tout rat qui mange du poison meurt.
Condition initiale : ce rat a mangé du poison

C’est le B.A. BA de l’explication en physique.
Rien à voir avec une « une explication qui se fonde sur des principes métaphysiques non explicites »
N'oublions pas le sacro-saint "dans l'état actuel de nos connaissances", ce qui du reste rend le discours tout à fait empirique. Car il suffit qu'un beau jour un rat ayant mangé ce poison dit mortel, ne meure pas, pour que les savants modifient la loi en tenant compte du fait en question. Et ainsi le texte de la nouvelle loi sera promulgué dans l'état des connaissances au jour de la promulgation.
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Message par baptiste Lun 21 Fév 2022 - 9:25

hks a écrit:
baptiste a écrit: Il n'y a pas rationnellement de méta-physique parce qu'il n' y a pas rationnellement d'au-delà du Monde sinon le Monde ne saurait être le Monde,

Excuse moi de justifier ton idée par  "d'au-delà du Monde physique"
Avant de parler d'un au delà Certitude et doute. - Page 15 4221839403
on peut déjà  essayer de s'expliquer avec ce monde dit "physique"
le problème réside dans l'adjectif "physique". D autres disent "réel "ce qui n'est pas plus clair


Je n’ai pas écrit physique alors il ne faut pas le rajouter. Le Monde ce n’est pas que de la matière physique, c’est tout ce qui est accessible à nos sens : le temps, l’espace, le physique et les phénomènes en tout genre.

Rationnellement j’observe qu’il existe parmi les humains un besoin de croire qui se manifeste de diverses manières avec plus ou moins d’intensité suivant les sujets. Tous les participants de ce forum présents et disparus exprimaient et expriment une croyance. Courtial en s’excusant croyait encore au communisme, Euthyphron était persuadé que l’étude de Platon était la source de toute vérité, Bergame croyait en l’existence du peuple,( jusqu'à ce que ce "peuple" manifeste son autonomie) et s’autorisait de parler en son nom comme d’autre s’autorisent à parler au nom de Dieu, Poussbois croyait en l’existence de la NATURE et s’en était fait le porte parole... pour les présents on peut voir cela un autre jour.

Au-delà de ce besoin de croire, dans nos civilisations urbanisées et individualistes on retrouve dans l’adhésion à une communauté la possibilité de renouer des liens avec des gens qui pensent de la même manière ou prétendent au même objectif. C’est l’origine du succès des charismatiques mais aussi des complotistes ou des prophétismes philosophico-politiques.

En passant c’est aussi l’origine du succès des clubs de supporters, des associations militantes... Il y a en chacun de nous une part d’irrationnel et un besoin d'appartenance qui rassure qu’il nous est nécessaire de satisfaire pour avancer dans la vie. Prétendre rendre l'irrationnel rationnel, comme le disait Blaise, c'est la première erreur de la raison.

Néo je ne prétends pas à l'absence de différenciation entre physique et non physique je prétends que les spéculations métaphysiques telles que les ont soutenues philosophes et religieux ne peuvent conduire qu'à des impasses, voir des impostures lorsqu'il s'avère justement que c'était une impasse.

Crosswind Excuse moi d’être terre à terre, tu nous as cité un message dont tu dis deux heures après que tu ne saurais plus si tu l’avais envoyé. Désolé, mais pour vérifier il te suffisait de dérouler le fil de la discussion en arrière. Je ne vois pas dans ton discours où se cache l’interrogation philosophique, l’approche spirituelle malgré le nombre infini d’acceptions que peu prendre ce mot, ni a quel absolu cela peut te conduire.

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Message par Vanleers Lun 21 Fév 2022 - 10:20

benfifi a écrit:
Vanleers a écrit:En physique, un fait est expliqué par la conjonction d’une loi générale et d’une condition initiale.
Fait : ce rat est mort.
Loi générale : tout rat qui mange du poison meurt.
Condition initiale : ce rat a mangé du poison

C’est le B.A. BA de l’explication en physique.
Rien à voir avec une « une explication qui se fonde sur des principes métaphysiques non explicites »
N'oublions pas le sacro-saint "dans l'état actuel de nos connaissances", ce qui du reste rend le discours tout à fait empirique. Car il suffit qu'un beau jour un rat ayant mangé ce poison dit mortel, ne meure pas, pour que les savants modifient la loi en tenant compte du fait en question. Et ainsi le texte de la nouvelle loi sera promulgué dans l'état des connaissances au jour de la promulgation.

Oui, bien entendu.
Les « lois générales » des sciences sont des lois conjecturales falsifiables qui sont remises en question lorsqu’elles sont falsifiées.
J’insiste sur le mot « générale ».
Une loi scientifique est toujours de la forme : pour tout x appartenant à un ensemble E on a P(x), c’est-à-dire x a la propriété P.
Pour que la loi soit falsifiée, il suffit qu’il existe dans E un x tel que non P(x), c’est-à-dire un x qui n’a pas la propriété P.

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Message par hks Lun 21 Fév 2022 - 10:27

à baptiste

Ne pas rajouter" physique", je veux bien mais ta phrase
l' imposait
baptiste a écrit:Il n'y a pas rationnellement de méta-physique parce qu'il n' y a pas rationnellement d'au-delà du Monde
Car  la métaphysique ne traite pas un "au delà du monde" mais bien un au delà du monde physqiue. Comme le mot métaphysique l'indique .
Donc, tu réponds par la définition attendue
baptiste a écrit:Le Monde ce n’est pas que de la matière physique, c’est tout ce qui est accessible à nos sens : le temps, l’espace, le physique et les phénomènes en tout genre.
Le monde parait être pour toi tout le phénoménal possible.

Mais la métaphysique ne traite pas d'un hors de toute apparition possible.
A minima pas, puisque elle traite d'un objet qui lui apparait.
Que ce soit sous la forme croyance ou imagination, il y a bien une apparition.

Insister sur la croyance me parait tout à fait justifié,
mais Contester la valeur de ce factuel (la croyance) relève de la philosophie des valeurs.
On peut déplorer l'existence des faits, certes, mais on ne peut pas annihiler certains faits.
La philosophie des valeurs bute sur le même fait, celui de la croyance.

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Message par hks Lun 21 Fév 2022 - 10:46

vanleers a écrit:J’insiste sur le mot « générale ».
Une loi scientifique est toujours de la forme : pour tout x appartenant à un ensemble E on a P(x), c’est-à-dire x a la propriété P.
Vous passe à la forme générale.
Syllogisme pour le cas particulier et tautologie pour le cas général.

Je vous parle de metaphysique parce que l'explication suppose comme ayant une réalité
un x
l'appartenance
un ensemble E
une  propriété P.

tout ça fonctionne très bien et très logiquement dans un espace et un temps (peuplés de particules en mouvement)
Plusieurs idées dont le statut de réalité est susceptible d'être interrogé.

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Message par Vanleers Lun 21 Fév 2022 - 11:42

hks a écrit:
Car  la métaphysique ne traite pas un "au delà du monde" mais bien un au delà du monde physique. Comme le mot métaphysique l'indique .

Voyez la grande clarification qu’apporte Popper au problème classique de la démarcation entre science et métaphysique.
La science et la métaphysique sont des discours sur le même monde (le réel).
Elles procèdent, l’une et l’autre en construisant des théories conjecturales.
Les théories scientifiques sont falsifiables, c’est-à-dire empiriquement réfutables.
Les théories métaphysiques ne sont pas falsifiables mais discutables rationnellement.
Dans cette perspective, les croyances sont des affirmations métaphysiques sur le réel. On peut en discuter rationnellement, c’est-à-dire clairement et distinctement.

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Message par hks Lun 21 Fév 2022 - 13:32

à Vanleers

Je suis d'accord avec les distinctions de Popper.

Popper ne l'a pas voulu ainsi, car Popper accorde une grande valeur à la métaphysique,
mais dans le public ses distinctions ont dévalorisé la métaphysique.
J'avais pourtant, autrefois, étudié son dualisme, emporté par mon élan, j'ai été injuste avec Popper Certitude et doute. - Page 15 177519025 ( je corrigerai certains propos, si je les retrouve).
Il y a néanmoins un petit quelque chose qui m'énerve chez Popper, cette manière de se placer "au dessus". Certitude et doute. - Page 15 2838363678


Dernière édition par hks le Lun 21 Fév 2022 - 14:24, édité 1 fois (Raison : nenamoins)

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Message par Vanleers Lun 21 Fév 2022 - 15:32

hks a écrit:
vanleers a écrit:J’insiste sur le mot « générale ».
Une loi scientifique est toujours de la forme : pour tout x appartenant à un ensemble E on a P(x), c’est-à-dire x a la propriété P.
Vous passe à la forme générale.
Syllogisme pour le cas particulier et tautologie pour le cas général.

Je vous parle de metaphysique parce que l'explication suppose comme ayant une réalité
un x
l'appartenance
un ensemble E
une  propriété P.

tout ça fonctionne très bien et très logiquement dans un espace et un temps (peuplés de particules en mouvement)
Plusieurs idées dont le statut de réalité est susceptible d'être interrogé.

Vous tombez sous la critique de l’« essentialisme » par Popper.
Pour éclairer cette notion, je cite un bref extrait de La connaissance objective – Champs Flammarion 1991 :

Karl Popper a écrit:Si tant de philosophes et de savants pensent toujours que les concepts et les systèmes conceptuels (et les problèmes relatifs à leur signification, ou la signification des mots) sont d’une importance comparable à celle des des théories et des systèmes théoriques (et des problèmes relatifs à leur vérité, ou la vérité des énoncés), c’est qu’ils sont toujours victimes de l’erreur capitale de Platon (1). Car les concepts ne sont, pour partie, que des moyens de formuler des théories et pour partie, que des moyens de résumer des théories. En tout cas, leur rôle est principalement instrumental ; et on peut toujours les remplacer par d’autres concepts.

(1) Cette erreur, qui est traditionnelle, est connue sous le nom de « problème des universaux ». On devrait le remplacer par « le problème des théories » ou « le problème du contenu théorique de tout langage humain ». (p. 204)

Je reprends l’exemple déjà donné :
Fait à expliquer : ce rat est mort.
Loi générale : tout rat qui mange du poison meurt.
Condition initiale : ce rat a mangé du poison

Dans ce cas :
x est un rat
E est l’ensemble des rats
P est la propriété pour un rat de mourir après avoir mangé du poison.

Il est clair que le scientifique n’a pas besoin de considérations « métaphysiques » sur x, E et P pour expliquer le fait : ce rat est mort, avec sa théorie conjecturale et falsifiable : « tout rat qui mange du poison meurt » et en posant que ce rat a mangé du poison.

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Message par neopilina Lun 21 Fév 2022 - 16:50

hks a écrit:Il y a néanmoins un petit quelque chose qui m'énerve chez Popper, cette manière de se placer "au dessus". Certitude et doute. - Page 15 2838363678

Je le dirais autrement. Quand Popper parle de ce qui ne concerne pas la science, il le fait du point de vue de la science. Je n'ai pas dit que Popper était scientiste, il ne l'était pas, il était bien sûr totalement à l'abri de cette balourdise, j'ai dit qu'il pratiquais une épistémologie scientifique là où elle n'a pas cours, j'avais donc dit " scientisme épistémologique ".

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Message par hks Lun 21 Fév 2022 - 18:16

Vanleers a écrit:n’a pas besoin de considérations « métaphysiques » sur x, E et P pour expliquer le fait : ce rat est mort,


Bien sûr qu'il n'en a pas besoin parce
qu'il sait ce qu'est un rat et ce qu'est la mort.
C'est justement ce savoir qui est de la métaphysique spontanée.
Il table par nécessité sur: on sait bien ce qu'est une chose, sa présence ou son absence   et l'essentialisme il est niché là.

Bien sûr que  les concepts et les systèmes conceptuels (et les problèmes relatifs à leur signification, ou la signification des mots) ne sont pas d’une importance comparable à celle des des théories et des systèmes théoriques et ce parce que quand le scientifique les ignore, il agit avec une signification consensuelle.
Sinon mais en tant que métaphysicien, il interroge ces donnés (le temp et la constante t par exemple)


En tout cas, leur rôle est principalement instrumental ; et on peut toujours les remplacer par d’autres concepts.
D'accord sur l'instrumental mais pas sur la facilité de  les remplacer. Est- ce si facile de remplacer les concepts d'onde et de particule ?

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Message par hks Lun 21 Fév 2022 - 18:22

neopilina a écrit:Je le dirais autrement. Quand Popper parle de ce qui ne concerne pas la science, il le fait du point de vue de la science.
C'est un peu l'impression que j'ai .
et le court texte donné par Vanleers confirme.
Popper a écrit:c’est qu’ils sont toujours victimes de l’erreur capitale de Platon (1). Car les concepts ne sont, pour partie, que des moyens de formuler des théories et pour partie, que des moyens de résumer des théories.
c'est une théorie du concept qui s'applique peut être à la science
mais on a bien l'impression qu'elle en est extraite.

En revanche sa théorie des propensions m'interpelle.(cela résonne whiteheadien)
Un univers de propensions. Deux études sur la causalité et l'évolution.


Dernière édition par hks le Mar 22 Fév 2022 - 13:49, édité 1 fois

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Message par Vanleers Mar 22 Fév 2022 - 9:32

Je redonne ma citation complète:

hks a écrit:
Vanleers a écrit:Il est clair que le scientifique n’a pas besoin de considérations « métaphysiques » sur x, E et P pour expliquer le fait : ce rat est mort, avec sa théorie conjecturale et falsifiable : « tout rat qui mange du poison meurt » et en posant que ce rat a mangé du poison.


Bien sûr qu'il n'en a pas besoin parce
qu'il sait ce qu'est un rat et ce qu'est la mort.
C'est justement ce savoir qui est de la métaphysique spontanée.
Il table par nécessité sur: on sait bien ce qu'est une chose, sa présence ou son absence   et l'essentialisme il est niché là.


Ce que vous appelez la « métaphysique spontanée » relève de ce que Spinoza appelle la connaissance du premier genre, qu’il appelle aussi opinion ou imagination.
Il s’agit de connaissances mutilées et confuses que la révolution galiléenne, en introduisant les mathématiques dans la physique, a permis de dépasser.
Le physicien ne se demande plus, depuis près d’un siècle maintenant, si une particule est une onde ou un corpuscule.
Il ne s’interroge pas sur l’essence de l’onde ou du corpuscule (corps minuscule), notions qui, à l’évidence, relèvent de la connaissance du premier genre.
Pour le physicien, une particule est une solution de l’équation de Schrödinger.

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89quation_de_Schr%C3%B6dinger

J’ajoute, et je réponds à neopilina en même temps, qu’en définissant simultanément les sciences et les métaphysiques comme des discours conjecturaux sur le réel discutables rationnellement, les premiers étant falsifiables et pas les seconds, Popper a donné des lettres de noblesse à la métaphysique qui a consisté souvent en discussions stériles sur l’essence de choses appréhendées par le sens commun dont les notions sont mutilées et confuses.

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Message par hks Mar 22 Fév 2022 - 10:31

vanleers a écrit:Pour le physicien, une particule est une solution de l’équation de Schrödinger.
Et après on se gausse du propos de Heidegger "la science ne pense pas "

et donc : c'est quoi   "une solution d'équation" Certitude et doute. - Page 15 4221839403 . Une monade sans porte ni fenêtre ?
Idée non confuse, je veux bien, mais carrément mutilée .
...........................................................................

Vanleers a écrit:Popper a donné des lettres de noblesse à la métaphysique qui a consisté souvent en discussions stériles sur l’essence de choses appréhendées par le sens commun dont les notions sont mutilées et confuses.

A vrai dire son parcours philosophique semble l'analogue des autres (ie fort ressemblant)
Aux même questions (traditionnelles) un même genre de réponse ***lequel se retrouve donc chez certains qui l'ont précédé.
Il ne révolutionne pas, il "modernise". Mais le moderne est déjà du passé.  

Il privilégie certaines questions (l'induction par exemple ) ce qui est son droit mais qui est  le comportement habituel des uns et des autres.
Il traite en fait de ce qui l'intéresse (humain trop humain).
Pour, in fine faire, la promotion de quelques convictions profondes.
.................................
***NB: Un genre de réponse est fondé sur un inconscient de pensée, un genre de caractère disait Fichte très clairvoyant sur la question.


Dernière édition par hks le Mar 22 Fév 2022 - 21:06, édité 1 fois

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Message par benfifi Mar 22 Fév 2022 - 11:59

"Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne m’interroge, je le sais ; si je veux répondre à cette demande, je l’ignore." Saint Augustin.
En y songeant le problème se pose à propos de tout être. Pour la physique le verbe peut opérer. Mais pour la métaphysique nous ne disposons pas d'un meta-verbe. Ce qui s'en rapprocherait le plus serait à mon avis la liturgie.
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Message par Vanleers Mar 22 Fév 2022 - 20:29

hks a écrit:
vanleers a écrit:Pour le physicien, une particule est une solution de l’équation de Schrödinger.
Et après on se gausse ( pas Gauss) du propos de Heidegger "la science ne pense pas "

et donc : c'est quoi   "une solution d'équation" Certitude et doute. - Page 15 4221839403 . Une monade sans porte ni fenêtre ?
Idée non confuse, je veux bien, mais carrément mutilée .

Vous tombez, à nouveau, sous la critique de l’« essentialisme » par Popper.
Je cite un autre extrait de La connaissance objective – Champs Flammarion 1991 :

Karl Popper a écrit:[…], je rejette toutes les questions du type qu’est-ce que : les questions qui demandent ce qu’une chose est, quelle est son essence ou sa vraie nature. Car nous devons abandonner la conception, caractéristique de l’essentialisme, qui veut qu’en chaque chose singulière il y ait une essence, une nature ou un principe inhérent (comme l’esprit-de-vin dans le vin) qui, comme une cause nécessaire, la fait être ce qu’elle est, et donc agir comme elle agit. Cette conception animiste n’explique rien ; au contraire, elle a conduit les essentialistes (comme Newton) à éviter les propriétés relationnelles, comme la gravitation, et à croire, pour des raisons qu’il estimait valides a priori, qu’une explication satisfaisante devrait être donnée en termes de propriétés inhérentes (par opposition aux propriétés relationnelles). (p. 303)

Les sciences ne posent pas des questions du type « qu’est-ce que ? » mais, comme l’écrit Popper, sont des théories universelles qui affirment quelque chose sur les propriétés structurelles ou relationnelles du monde (cf. p. 305).

Il y a un parallèle évident à faire entre la dichotomie connaissance essentialiste – connaissance scientifique et, chez Spinoza, la dichotomie entre connaissances du premier et du deuxième genre.
En effet, la connaissance du deuxième genre ou raison est la connaissance par notions communes et cette connaissance ne peut être la connaissance de l’essence d’une chose singulière (Ethique II 37)
Il faudra attendre la fin de l’Ethique pour retrouver, avec la connaissance du troisième genre, une connaissance « de l’essence même d’une chose singulière quelconque que nous disons dépendre de Dieu » (Ethique V 36 sc.)

PS : Je ne suis pas contre l’humour sur le forum, au contraire, encore faut-il en avoir les moyens.
Votre fine allusion : « on se gausse (pas Gauss) », je lui mets 2 sur 20, et c’est bien payé.

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Message par hks Mar 22 Fév 2022 - 21:05

à vanleers

Non, vous n'y êtes pas du tout.
Les "propriétés relationnelles" posent les mêmes questions.

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Message par benfifi Mer 23 Fév 2022 - 8:39

Soit on considère l'être et le temps. L'un n'allant pas sans l'autre. Soit on considère l'impermanence. Métamorphose, énergie, lien.
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Message par Crosswind Mer 23 Fév 2022 - 9:00

hks a écrit:
C'est justement ce savoir qui est de la métaphysique spontanée.
Il table par nécessité sur: on sait bien ce qu'est une chose, sa présence ou son absence   et l'essentialisme il est niché là.

Mais pas du tout. Tu lui prêtes des affirmations qui n'étaient peut-être pas les siennes.

L'énoncé "un rat est mort" est un constat factuel qui ne dépasse pas l'expérience. Personne n'affirme par là l'essence du rat, ni qu'une telle essence existe. Et par là encore moins l'état mort au sens métaphysique. C'est  empirique, tout simplement. Et tu persistes souvent à prêter aux autres une affirmation métaphysique.

En sciences, et tu sembles très mal le comprendre, les faits sont pris en tant que phénomènes partagés par le langage et l'expérience. Enoncer "le rat est mort" revient à associer des phénomènes qui font "fait". Arbitraire? Oui, certainement, mais à ceci près que l'arbitraire en jeu dans les sciences vise une pragmatique. Les sciences doivent d'abord et avant tout fonctionner. Elles doivent... Prédire !

En cela, je reprends cet extrait de Michel Bitbol, qui parle en tant que scientifique (et tout de même aussi en tant qu'épistémologue), cette fois.

Mécanique quantique, une introduction philosophique - M. Bitbol a écrit:
Une explication scientifique est traditionnellement définie comme une assignation causale. On parvient à expliquer un phénomène si on l'a relié de façon univoque à des antécédents à travers une ou plusieurs loi(s) de la nature, c'es-à-dire si l'on peut fournir un schéma déductif ayant la liste des antécédents pour majeure, les lois pour mineur, et le phénomène pour conclusion. Les antécédents sont considérés comme les causes du phénomène [C. Hempel (1972)]. Ce qui frappe dans une telle définition, c'est l'élément d'asymétrie temporelle qui la sous-tend. La plupart des lois naturelles connues n'introduisent pas par elles-mêmes de distinction entre antécédents et conséquents, entre causes et effets ; elles ne font que lier, de façon généralement contraignante, les événements survenant à différents instants. Mais l'explication consiste pour sa part à remonter d'un phénomène connu à ses causes inconnues. Et le test généralement accepté de sa validité repose sur son aptitude à être retournée en un instrument prédictif, allant de causes connues à un phénomène encore inconnu. En première analyse, par conséquent, une explication se présente comme la conversion rétrodictive d'une loi dont l'usage pratique est d'abord prédictif et dont la forme est indifférente à l'orientation (prédictive ou rétrodictive) de sa lecture. Si elle n'était que cela, pourtant, on ne verrait pas bien ce qui lui confère un statut privilégié aux yeux de beaucoup de scientifiques et de certains épistémologues. L'aptitude à se retourner en prédictions attestées ou en projections réussies est une condition nécessaire de la validation d'une explication, mais elle n'est habituellement pas considérée comme une condition suffisante de sa définition.

[...]

Que demander de plus à une explication? Qu'elle rende compte des lois mises en œuvre dans sa mineure. Qu'elle affranchisse autant que possible ces lois de la fragilité inductive qui, au mieux, les fait qualifier de pures "descriptions" et, au pire suscite la représentation péjorative d'un pari ma fondé que traîne après lui le mot "prédiction". Les lois sont une composante de l'explication mais, idéalement, il faudrait aussi expliquer les lois. Un pas dans cette direction consiste à appliquer aux lois la procédure déductive initialement réservées aux phénomènes, c'est-à-dire à montrer comment une pluralité de lois particulières découlent de lois  ou de principes plus généraux. L'explication des lois revient dans cette perspectives à les subsumer sous d'autres règles au domaines d'exercice plus étendu. On parvient ainsi, par l'intermédiaire de cette idée d'une dépendance hiérarchique du particulier à l'égard du général, à un concept d'explication qui déborde le cas de l'explication scientifique auquel s'était limité Hempel. Une analyse détaillée des circonstances de l'usage du concept d'explication dans la langue conduit à montrer que la définition déductive, causale, et nomologique, donnée par Hempel, ne couvre qu'une toute petite partie  de son champ d'exercice. Mais même lorsque l'explication sort du cadre déductif-nomologique, elle consiste en un mode asymétrique de présentation des faits qui va du général au particulier, du fondamental au dérivé, du simple et de l'universel au composé et au local [P. Horwich (1987)]. On explique par exemple l'incorrection de telle phrase par sa non-conformité à une règle grammaticale; on explique que la somme des angles d'un triangle soit égale à deux angles droits en invoquant les propriétés de l'espace telles que les recueille l'axiomatique de la géométrie euclidienne ; et on explique une loi par sa position dans un édifice théorique. La part de contingence qu comporte un énoncé spécial, ou l'énoncé d'une loi particulière, est compensée par la cohérence et l'adéquation d'ensemble du système global dont il fait partie. Il en va dans les sciences comme dans la vie courante où "si nous commençons à croire quelque chose, ce n'est pas une proposition isolée mais un système entier de propositions" [L. Wittgenstein (1969a) §141].

Cette consistance conférée à la loi régionale par le succès (ou l'absence de réfutation décisive) de la théorie générale dans laquelle elle s'insère, risque cependant de n'apparaître que comme une promesse. Celle de parvenir à identifier en fin de parcours la raison de la simplicité des théories générales et de leur aptitude à rendre compte d'une grande variété de circonstances particulières. Sans quoi, l'aboutissement de la recherche scientifique se verrait tout au plus créditer, à côté de son utilité pratique, d'une valeur esthétique ; seule l'élégance des proportions du tableau descriptif obtenu viendrait témoigner de ce que ses ambitions ne se borne pas à l'efficacité technologique. Passer de la description unifiée à l'"explication" proprement dite suppose par conséquent que l'on franchisse une étape supplémentaire : rapporter la généralité des lois à la simplicité représentative de processus "sous-jacents" d'où les phénomènes sont censés dériver comme autant de reflets indirects, soit perceptifs, soit expérimentaux. C'est le but de ce qu'il est convenu d'appeler une explication réductive. L'archétype d'une explication, encore présent à tous les esprits, est la réduction des lois macroscopiques de la thermodynamique aux lois microscopiques du modèle atomiste de la théorie cinétique des gaz et de la mécanique statistique.

Admettons à présent qu'une explication réductive satisfaisante ait été formulée pour une grande variété de lois empiriques, voire pour la totalité des lois empiriques connues. Peut-on considérer que les exigences de l'idéal d'explication ont été remplies? Pas vraiment, pas nécessairement. Car au fond, la réduction à des processus sous-jacents ne consiste en rien d'autre qu'en un changement de niveau descriptif. On décrit le devenir élémentaire de ce qui se tient dessous au lieu de décrire la variété excessive de ce qui se montre. "Il y a bien un moment où il faut passer de l'explication à la simple description" [L. Wittgenstein (1969a) §189]. La seule circonstance qui retarde le plus souvent la prise de conscience de ce passage est que la limite entre ce qui compte comme explication et ce qui n'est considéré que comme description ne se trouve pas fixé rigidement. Elle est relative au type de réponse qu'on attend lorsqu'on pose la question "pourquoi?" [B Van Fraassen (1980)]. L'explication est toute description (ou toutes descriptions au pluriel) qui remplis(sent)t l'attente circonscrite par une certaine occurrence de la question "pourquoi?".


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Message par Crosswind Mer 23 Fév 2022 - 9:15

hks a écrit:
Car  la métaphysique ne traite pas un "au delà du monde" mais bien un au delà du monde physqiue. Comme le mot métaphysique l'indique .

Pas d'accord, la métaphysique "recherche les premières causes et les premiers principes."

Que ces causes/principes relèvent de la "physique" n'importe pas.

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Message par Vanleers Mer 23 Fév 2022 - 10:12

A Crosswind

Votre citation de Bitbol m’a donné envie de donner un nouveau passage de l’ouvrage de Popper.

Bitbol a écrit:Les lois sont une composante de l'explication mais, idéalement, il faudrait aussi expliquer les lois. Un pas dans cette direction consiste à appliquer aux lois la procédure déductive initialement réservées aux phénomènes, c'est-à-dire à montrer comment une pluralité de lois particulières découlent de lois  ou de principes plus généraux. L'explication des lois revient dans cette perspectives à les subsumer sous d'autres règles au domaines d'exercice plus étendu. On parvient ainsi, par l'intermédiaire de cette idée d'une dépendance hiérarchique du particulier à l'égard du général, à un concept d'explication qui déborde le cas de l'explication scientifique auquel s'était limité Hempel.

Karl Popper a écrit:[…] ; bien que je ne pense pas que nous soyons jamais en mesure de décrire, au moyen de nos lois universelles, une essence ultime du monde, je ne doute pas qu’il nous soit permis d’explorer de plus en plus en profondeur la structure de notre monde ou, pourrait-on dire, d’explorer des propriétés du monde de plus en plus essentielles ou de plus en plus profondes.
Chaque fois que nous sommes parvenus à expliquer une loi ou une théorie conjecturale au moyen d’une nouvelle théorie conjecturale dotée d’un plus haut degré d’universalité, nous en découvrons davantage sur le monde, en essayant de pénétrer plus profondément dans ses secrets. Et, chaque fois que nous réussissons à falsifier une théorie de ce genre, nous faisons une nouvelle découverte importante. Car ces falsifications sont de la plus haute importance. Elles nous enseignent l’inattendu ; et elles nous rassurent : bien que nous soyons nous-mêmes les auteurs de nos théories, bien qu’elles soient nos propres inventions, elles n’en sont pas moins d’authentiques affirmations sur le monde;car elles peuvent se heurter avec quelque chose dont nous ne sommes pas les auteurs. (op. cit. pp. 304-305)

Pour la science, le réel c’est ce qui, parfois, dit non à nos conjectures à son sujet


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Message par Crosswind Mer 23 Fév 2022 - 10:20

Vanleers a écrit:

Pour la science, le réel c’est ce qui, parfois, dit non à nos inventions.

Tout à fait, c'est là l'un des meilleurs arguments en faveur de l'existence de l'en soi. "Quelque chose dit non", manifestement. Ou en termes plus kantien : le sentiment de notre finitude ne peut qu'ouvrir la perspective à l'entendement d'une "chose là-bas".

Des réponses ont été apportées à cet argument. Il peut être intéressant d'ouvrir un fil sur le sujet (j'ai quelques références dans mon précis de philosophie des sciences qui valent la peine d'être ici commentées.

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