Balade parmi les théories de l’esprit
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neopilina
victor.digiorgi
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Balade parmi les théories de l’esprit
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Voilà longtemps que la philosophie, puis la psychologie, enfin les sciences cognitives sont à la recherche d’une théorie générale de la pensée. Alors que certains croient cette quête vaine ou répétitive, de nouveaux modèles surgissent et réinventent le genre…
Que se passe-t-il dans la tête quand on pense ? Voilà la question qui taraude les philosophes depuis 2 500 ans. Dès l’Antiquité, Platon et les siens ont soutenu que les idées qui nous trottent dans la tête ne sont qu’un pâle reflet du « monde des idées », extérieur aux humains, idées éternelles, universelles et incorruptibles comme le sont les idées mathématiques (c’est pourquoi il reste encore quelques platoniciens chez les mathématiciens). Pour Aristote, les idées correspondant aux formes de la nature et que l’esprit à inscrites en nous (les théories écologiques de l’esprit ne sont pas loin d’exprimer cela).
D’autres nous disent que toutes les idées, même les plus abstraites, nous viennent directement des sens et de l’expérience. Tel est la théorie empiriste de la connaissance : on commence par voir et éprouver les choses – un objet, une personne, un arbre, une couleur – puis se forment des idées générales – les humains, les animaux, les outils – puis des idées plus abstraites encore – les êtres, le temps, la causalité.
D’autres philosophes professent que les sensations et expériences ne suffisent pas à tout expliquer, car il faut bien des schémas mentaux déjà présents dans la tête pour unir entre elles toutes les expériences,constituer des catégories et leur donner sens. Sans quoi l’on ne verrait jamais des chiens ou des chats, mais ce chien-là et cet autre, sans aucun lien les unissant. Pour Emmanuel Kant, ce sont des « schèmes » a priori qui permettent ainsi d’unifier et de classer les choses du monde…
Au fil du temps, chacune de ces philosophies de la connaissance s’est raffinée, subdivisée, hybridée. Elles ont donné lieu à des ramifications tortueuses sans que soit advenue une réponse unique ou convergente. Comme le débat s’enlisait, il fallait trouver une autre façon d’explorer le problème.
La psychologie entre en scène
Il y a deux siècles, la psychologie est entrée en scène. Les psychologues ont voulu reprendre le problème armés d’une autre méthode : explorer l’esprit humain avec le regard de la science. On allait quitter les spéculations à vide et la seule introspection pour étudier l’esprit humain avec méthode. Pour cela, il fallait se débarrasser de la notion « d’esprit » pour décomposer le problème en sous-parties : la perception, la mémoire, l’intelligence, la conscience… ; puis on s’est mis à observer, mesurer, monter des expériences, forger de nouveaux modèles et théories.
Après moult expériences et vérifications, certains en sont arrivés à la conclusion que tout est apprentissage (à vrai dire, les expériences ne faisaient que confirmer ce qu’ils croyaient déjà). Pour les behavioristes (qui ont dominé la psychologie anglo-saxonne pendant la première partie du XXe siècle), la vie de l’esprit se ramène au fond à des conditionnements plus ou moins sophistiqués. La perception, la mémoire, le langage, l’intelligence, la culture…, tout est apprentissage. Mais d’autres expériences et d’autres observations menaient certains (les tenants de laGestalt) à une autre conclusion : celle de l’existence de schémas mentaux préalables – des « formes », des schèmes – qui mettent le monde en formes (ils étaient les descendants d’Aristote et de Kant).
D’autres psychologues se sont alors interposés. Regardez un enfant grandir : on voit bien qu’il est animé par une force interne – le goût de savoir qui le pousse à explorer le monde – et sans doute par quelques grands schèmes généraux qui lui permettent d’assimiler les choses. Mais il lui faut aussi multiplier les expériences et observations qui vont adapter et transformer en retour les cadres de pensée et d’action au fur et à mesure de son développement. Au fond, l’évolution de l’esprit ressemble à l’évolution des organismes. C’est donc dans les interactions entre les expériences et les cerveaux qui les éprouvent que se construit peu à peu la pensée. Voilà comment Jean Piaget concevait l’essor de l’intelligence.
Vous oubliez un point, disent les tenants d’un quatrième courant : chez les humains, la plupart des expériences et informations ne viennent pas du contact avec les choses, elles sont transmises par le langage, les parents, les amis, l’école, la société qui forgent et implantent ces idées dans le cerveau. Les pensées ne sont pas seulement dans la tête, mais dans les livres, support de mémoire, et les institutions qui les portent. La mémoire est collective, comme le sont le langage, l’intelligence.
Plus on avançait (et piétinait), plus on s’est aperçu qu’au fond ces théories psychologiques, qui avaient prétendu s’émanciper de la philosophie, ne faisaient que reprendre et réactiver les anciens paradigmes (empiristes et rationalistes, universalistes et relativistes), et rejouer le même débat…
Et les sciences cognitives furent…
Puis il y a un peu plus d’un demi-siècle sont arrivées les sciences cognitives. Ce fut une nouvelle révolution dans la façon de concevoir l’esprit humain. Le projet était grandiose : on allait enfin ouvrir la boîte noire de l’esprit pour étudier les états mentaux et les représentations et non plus se contenter de mesurer l’intelligence à partir de ses performances. Pour cela, on disposait de nouvelles disciplines : la psychologie cognitive, qui voulait modéliser les stratégies mentales, l’intelligence artificielle, qui faisait simuler des actes intelligents par des ordinateurs, et les neurosciences, capables de photographier le cerveau en action. Bref, on allait entrer dans le cœur de la machine.
Tout d’abord, les sciences cognitives naissantes ont forgé un modèle de l’esprit simple et prometteur : la pensée est comme un programme informatique. Penser, c’est calculer et déduire. Ce modèle « symbolique » , dit aussi « cognitiviste », a régné pendant plus de trente ans et généré de nombreuses applications : dans le domaine de la mémoire, l’intelligence conçue comme « résolution de problème » et « traitement de l’information ». Puis il s’est heurté à des obstacles. Hors des opérations mentales ressemblant à du calcul, il s’avérait inopérant pour réaliser ce que font les humains tous les jours : apprendre, imaginer, concevoir.
Le connexionnisme
Un modèle concurrent est alors apparu : le connexionnisme. Regardez le cerveau, ont dit ses zélateurs, il est fait de milliards de neurones interconnectés. Rien à voir avec une grosse machine à calculer, il ressemble plutôt à une fourmilière : les neurones y sont comme les fourmis, de petits organismes qui s’agitent dans tous les sens. Chacun sait faire de petites choses mais est ignorant de ce qu’il fait. De plus, il n’a ni plan ni représentation d’ensemble. Pourtant, les fourmis réussissent à résoudre des problèmes complexes : elles explorent l’environnement, trouvent de la nourriture et finissent par la ramener par le plus court chemin à la fourmilière ; elles élèvent des larves, elles cultivent des champignons, mettent des pucerons en esclavage, creusent des galeries, les réparent, bâtissent des abris avec garde-manger, des couveuses, des remparts, des issues de secours et des systèmes d’aération dignes d’un travail d’architecte. N’est-ce pas là un bon modèle pour penser la pensée ? Inutile de postuler l’existence de plans complexes et de calculs. Tout est connexions et interconnexions entre petites unités élémentaires.
Voilà plus de trente ans que ce modèle connexionniste est apparu . Et il s’est mis à piétiner à son tour. Il a fallu le complexifier, les modèles de « neurones formels » sont devenus des « agents intelligents », on a admis qu’il pouvait y avoir des régulateurs et même des pilotes dotés de buts et sous-buts…
Au moment où s’affrontaient les théories symbolique et connexionniste de l’esprit (certains tentant de les conjuguer), un troisième modèle est apparu. En 1989, un jeune chercheur chilien émigré aux États-Unis lance un pavé dans la mare. « Vous avez tort les uns et les autres, disait-il. L’esprit humain n’est ni un ordinateur qui calcule et manipule des symboles abstraits, ni une multitude de petits robots stupides interconnectés. » Pour lui, le cerveau est un organisme vivant plongé dans la nature environnante. Le cerveau, c’est de la viande, du sang, des liquides ; ça vit, ça respire, ça réagit, ça touche, ça vibre… Le cerveau est comme tout organisme, il est sensible à son environnement, l’explore, assimile ses éléments, les digère, et se construit lui-même avec ses ingrédients. C’est un organisme qui se construit lui-même (il appelait cela « autopoïèse »). La pensée est incorporée dans le vivant. La pensée, c’est la vie.
Ce chercheur s’appelait Francisco Varela. Il a écrit un ouvrage (Invitation aux sciences cognitives, 198 puis a clamé sa théorie presque seul dans le désert. Puis il est mort, encore jeune, en 2001. Dix ans plus tard, son modèle était devenu le modèle dominant des sciences cognitives (la cognition incarnée).
Mais son modèle n’expliquait pas tout. Entre-temps, un autre modèle encore avait fait son chemin parmi les modèles de la pensée. Celui-là était venu… du ciel. Regardez un avion. Qui le fait voler ? Le pilote bien sûr. Mais que pourrait-il faire sans tous les appareils de pilotage qui l’informent et même prennent les commandes (pilotage automatique). Il est aussi assisté d’un copilote, et tous deux sont en lien avec les tours de contrôle qui donnent aussi des instructions. Le pilotage d’un avion, acte intelligent s’il en est, se trouve donc formé d’un système représenté par le pilote, son copilote et les ordinateurs de bord. L’esprit n’est pas seulement dans la tête du pilote, il est distribué dans ce système. Voilà l’idée de la « cognition distribuée ». On l’appelle aussi « cognition située », car le pilotage est par nature une adaptation permanente à un contexte : un vol et un environnement donné.
Mort et renaissance des théories générales
Force est de constater qu’au bout de 2 500 ans de philosophie, 200 ans de psychologie, 50 ans de sciences cognitives, on n’a pas de réponse unanime à la question de la nature de l’esprit. L’hypothèse même d’une théorie globale est abandonnée par certains : inutile de chercher une théorie générale, cela n’existe pas ! « Un élément essentiel bien établi aujourd’hui est qu’il n’existe pas de problème général de la perception, comme il n’existe pas de problème général de la cognition. » Ainsi s’ouvre un livre récent de psychologie cognitive (2). Il ne resterait qu’une théorie générale de la pensée : celle qui affirme qu’il n’existe pas de théorie générale.
Adieu donc les modèles de l’esprit ! Il faudrait donc abandonner l’idée d’une architecture cognitive d’ensemble pour se consacrer à élucider les dispositifs concrets : autant de théories locales pour des opérations mentales spécialisées.
Mais tout le monde ne pense pas cela. Il existe toujours des tenants de la « grande théorie ». Depuis quelque temps fleurissent de nouveaux modèles de portée générale. Ce sont les équivalents de ce que l’on appelle la « théorie du tout » en physique et dont l’ambition est de proposer un modèle général de la pensée.
Quels sont ces modèles ? Certains penchent pour la théorie du « cerveau statisticien » qui offrirait un cadre général pour comprendre la perception, la mémoire, le langage et la plupart des autres fonctions cognitives. L’idée tient en une formule : penser, c’est prédire.
Voir, c’est pressentir ; connaître, c’est anticiper ; apprendre, c’est « préjuger » puis corriger au besoin ses idées préconçues. Le cerveau serait donc une machine à prévoir, à anticiper, à faire des hypothèses à partir de règles de probabilité. C’est rapide, c’est efficace, c’est économique… Et pour le Britannique Karl Friston, l’un des tenants de cette théorie, celle-ci ne vaut pas que pour le cerveau humain, mais pour les organismes vivants en général : une sorte de loi de l’entropie appliquée au vivant.
Un autre modèle de portée générale sur la cognition est celui de l’esprit analogique, défendu par Douglas Hofstadter, Emmanuel Sander et quelques autres. L’analogie, longtemps conçue comme une formule de style juste utile aux poètes et rêveurs, serait en fait un processus mental beaucoup plus fondamental. Elle permet de construire les concepts qui nous servent à penser le monde, de la pensée la plus ordinaire aux théories scientifiques. Penser, ce serait donc produire des analogies et des métaphores, et établir des comparaisons qui nous font voir la structure profonde sous la surface des choses.
L’Américain David Eagleman, lui, voit l’esprit sous un autre angle encore : comme une « équipe de rivaux », des petits modules chargés de réaliser de multiples opérations spécialisées qui coopèrent la plupart du temps, mais aussi s’affrontent et rivalisent comme les services d’une entreprise et sous la supervision d’un contrôleur central, la conscience, qui tente tant bien que mal de mettre de l’ordre et de l’unité dans ces activités multiples et brouillonnes.
Selon cette approche, l’esprit humain n’est ni une unité régie par un grand plan d’ensemble comme l’est une machine bien huilée, ni une fourmilière, ni un organisme en évolution, mais un peu de tout cela.
J'ai trouvé que ce petit texte était digne de figurer sur Digression.
Il est extrait du blog suivant intitulé « HistoPhiloSciences » et tenu par une jeune dame du nom de Vleh Valiollahpour Amiri, qui me semble faire de la philosophie par pur plaisir :
https://histoirephilosciences.wordpress.com/
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Voilà longtemps que la philosophie, puis la psychologie, enfin les sciences cognitives sont à la recherche d’une théorie générale de la pensée. Alors que certains croient cette quête vaine ou répétitive, de nouveaux modèles surgissent et réinventent le genre…
Que se passe-t-il dans la tête quand on pense ? Voilà la question qui taraude les philosophes depuis 2 500 ans. Dès l’Antiquité, Platon et les siens ont soutenu que les idées qui nous trottent dans la tête ne sont qu’un pâle reflet du « monde des idées », extérieur aux humains, idées éternelles, universelles et incorruptibles comme le sont les idées mathématiques (c’est pourquoi il reste encore quelques platoniciens chez les mathématiciens). Pour Aristote, les idées correspondant aux formes de la nature et que l’esprit à inscrites en nous (les théories écologiques de l’esprit ne sont pas loin d’exprimer cela).
D’autres nous disent que toutes les idées, même les plus abstraites, nous viennent directement des sens et de l’expérience. Tel est la théorie empiriste de la connaissance : on commence par voir et éprouver les choses – un objet, une personne, un arbre, une couleur – puis se forment des idées générales – les humains, les animaux, les outils – puis des idées plus abstraites encore – les êtres, le temps, la causalité.
D’autres philosophes professent que les sensations et expériences ne suffisent pas à tout expliquer, car il faut bien des schémas mentaux déjà présents dans la tête pour unir entre elles toutes les expériences,constituer des catégories et leur donner sens. Sans quoi l’on ne verrait jamais des chiens ou des chats, mais ce chien-là et cet autre, sans aucun lien les unissant. Pour Emmanuel Kant, ce sont des « schèmes » a priori qui permettent ainsi d’unifier et de classer les choses du monde…
Au fil du temps, chacune de ces philosophies de la connaissance s’est raffinée, subdivisée, hybridée. Elles ont donné lieu à des ramifications tortueuses sans que soit advenue une réponse unique ou convergente. Comme le débat s’enlisait, il fallait trouver une autre façon d’explorer le problème.
La psychologie entre en scène
Il y a deux siècles, la psychologie est entrée en scène. Les psychologues ont voulu reprendre le problème armés d’une autre méthode : explorer l’esprit humain avec le regard de la science. On allait quitter les spéculations à vide et la seule introspection pour étudier l’esprit humain avec méthode. Pour cela, il fallait se débarrasser de la notion « d’esprit » pour décomposer le problème en sous-parties : la perception, la mémoire, l’intelligence, la conscience… ; puis on s’est mis à observer, mesurer, monter des expériences, forger de nouveaux modèles et théories.
Après moult expériences et vérifications, certains en sont arrivés à la conclusion que tout est apprentissage (à vrai dire, les expériences ne faisaient que confirmer ce qu’ils croyaient déjà). Pour les behavioristes (qui ont dominé la psychologie anglo-saxonne pendant la première partie du XXe siècle), la vie de l’esprit se ramène au fond à des conditionnements plus ou moins sophistiqués. La perception, la mémoire, le langage, l’intelligence, la culture…, tout est apprentissage. Mais d’autres expériences et d’autres observations menaient certains (les tenants de laGestalt) à une autre conclusion : celle de l’existence de schémas mentaux préalables – des « formes », des schèmes – qui mettent le monde en formes (ils étaient les descendants d’Aristote et de Kant).
D’autres psychologues se sont alors interposés. Regardez un enfant grandir : on voit bien qu’il est animé par une force interne – le goût de savoir qui le pousse à explorer le monde – et sans doute par quelques grands schèmes généraux qui lui permettent d’assimiler les choses. Mais il lui faut aussi multiplier les expériences et observations qui vont adapter et transformer en retour les cadres de pensée et d’action au fur et à mesure de son développement. Au fond, l’évolution de l’esprit ressemble à l’évolution des organismes. C’est donc dans les interactions entre les expériences et les cerveaux qui les éprouvent que se construit peu à peu la pensée. Voilà comment Jean Piaget concevait l’essor de l’intelligence.
Vous oubliez un point, disent les tenants d’un quatrième courant : chez les humains, la plupart des expériences et informations ne viennent pas du contact avec les choses, elles sont transmises par le langage, les parents, les amis, l’école, la société qui forgent et implantent ces idées dans le cerveau. Les pensées ne sont pas seulement dans la tête, mais dans les livres, support de mémoire, et les institutions qui les portent. La mémoire est collective, comme le sont le langage, l’intelligence.
Plus on avançait (et piétinait), plus on s’est aperçu qu’au fond ces théories psychologiques, qui avaient prétendu s’émanciper de la philosophie, ne faisaient que reprendre et réactiver les anciens paradigmes (empiristes et rationalistes, universalistes et relativistes), et rejouer le même débat…
Et les sciences cognitives furent…
Puis il y a un peu plus d’un demi-siècle sont arrivées les sciences cognitives. Ce fut une nouvelle révolution dans la façon de concevoir l’esprit humain. Le projet était grandiose : on allait enfin ouvrir la boîte noire de l’esprit pour étudier les états mentaux et les représentations et non plus se contenter de mesurer l’intelligence à partir de ses performances. Pour cela, on disposait de nouvelles disciplines : la psychologie cognitive, qui voulait modéliser les stratégies mentales, l’intelligence artificielle, qui faisait simuler des actes intelligents par des ordinateurs, et les neurosciences, capables de photographier le cerveau en action. Bref, on allait entrer dans le cœur de la machine.
Tout d’abord, les sciences cognitives naissantes ont forgé un modèle de l’esprit simple et prometteur : la pensée est comme un programme informatique. Penser, c’est calculer et déduire. Ce modèle « symbolique » , dit aussi « cognitiviste », a régné pendant plus de trente ans et généré de nombreuses applications : dans le domaine de la mémoire, l’intelligence conçue comme « résolution de problème » et « traitement de l’information ». Puis il s’est heurté à des obstacles. Hors des opérations mentales ressemblant à du calcul, il s’avérait inopérant pour réaliser ce que font les humains tous les jours : apprendre, imaginer, concevoir.
Le connexionnisme
Un modèle concurrent est alors apparu : le connexionnisme. Regardez le cerveau, ont dit ses zélateurs, il est fait de milliards de neurones interconnectés. Rien à voir avec une grosse machine à calculer, il ressemble plutôt à une fourmilière : les neurones y sont comme les fourmis, de petits organismes qui s’agitent dans tous les sens. Chacun sait faire de petites choses mais est ignorant de ce qu’il fait. De plus, il n’a ni plan ni représentation d’ensemble. Pourtant, les fourmis réussissent à résoudre des problèmes complexes : elles explorent l’environnement, trouvent de la nourriture et finissent par la ramener par le plus court chemin à la fourmilière ; elles élèvent des larves, elles cultivent des champignons, mettent des pucerons en esclavage, creusent des galeries, les réparent, bâtissent des abris avec garde-manger, des couveuses, des remparts, des issues de secours et des systèmes d’aération dignes d’un travail d’architecte. N’est-ce pas là un bon modèle pour penser la pensée ? Inutile de postuler l’existence de plans complexes et de calculs. Tout est connexions et interconnexions entre petites unités élémentaires.
Voilà plus de trente ans que ce modèle connexionniste est apparu . Et il s’est mis à piétiner à son tour. Il a fallu le complexifier, les modèles de « neurones formels » sont devenus des « agents intelligents », on a admis qu’il pouvait y avoir des régulateurs et même des pilotes dotés de buts et sous-buts…
Au moment où s’affrontaient les théories symbolique et connexionniste de l’esprit (certains tentant de les conjuguer), un troisième modèle est apparu. En 1989, un jeune chercheur chilien émigré aux États-Unis lance un pavé dans la mare. « Vous avez tort les uns et les autres, disait-il. L’esprit humain n’est ni un ordinateur qui calcule et manipule des symboles abstraits, ni une multitude de petits robots stupides interconnectés. » Pour lui, le cerveau est un organisme vivant plongé dans la nature environnante. Le cerveau, c’est de la viande, du sang, des liquides ; ça vit, ça respire, ça réagit, ça touche, ça vibre… Le cerveau est comme tout organisme, il est sensible à son environnement, l’explore, assimile ses éléments, les digère, et se construit lui-même avec ses ingrédients. C’est un organisme qui se construit lui-même (il appelait cela « autopoïèse »). La pensée est incorporée dans le vivant. La pensée, c’est la vie.
Ce chercheur s’appelait Francisco Varela. Il a écrit un ouvrage (Invitation aux sciences cognitives, 198 puis a clamé sa théorie presque seul dans le désert. Puis il est mort, encore jeune, en 2001. Dix ans plus tard, son modèle était devenu le modèle dominant des sciences cognitives (la cognition incarnée).
Mais son modèle n’expliquait pas tout. Entre-temps, un autre modèle encore avait fait son chemin parmi les modèles de la pensée. Celui-là était venu… du ciel. Regardez un avion. Qui le fait voler ? Le pilote bien sûr. Mais que pourrait-il faire sans tous les appareils de pilotage qui l’informent et même prennent les commandes (pilotage automatique). Il est aussi assisté d’un copilote, et tous deux sont en lien avec les tours de contrôle qui donnent aussi des instructions. Le pilotage d’un avion, acte intelligent s’il en est, se trouve donc formé d’un système représenté par le pilote, son copilote et les ordinateurs de bord. L’esprit n’est pas seulement dans la tête du pilote, il est distribué dans ce système. Voilà l’idée de la « cognition distribuée ». On l’appelle aussi « cognition située », car le pilotage est par nature une adaptation permanente à un contexte : un vol et un environnement donné.
Mort et renaissance des théories générales
Force est de constater qu’au bout de 2 500 ans de philosophie, 200 ans de psychologie, 50 ans de sciences cognitives, on n’a pas de réponse unanime à la question de la nature de l’esprit. L’hypothèse même d’une théorie globale est abandonnée par certains : inutile de chercher une théorie générale, cela n’existe pas ! « Un élément essentiel bien établi aujourd’hui est qu’il n’existe pas de problème général de la perception, comme il n’existe pas de problème général de la cognition. » Ainsi s’ouvre un livre récent de psychologie cognitive (2). Il ne resterait qu’une théorie générale de la pensée : celle qui affirme qu’il n’existe pas de théorie générale.
Adieu donc les modèles de l’esprit ! Il faudrait donc abandonner l’idée d’une architecture cognitive d’ensemble pour se consacrer à élucider les dispositifs concrets : autant de théories locales pour des opérations mentales spécialisées.
Mais tout le monde ne pense pas cela. Il existe toujours des tenants de la « grande théorie ». Depuis quelque temps fleurissent de nouveaux modèles de portée générale. Ce sont les équivalents de ce que l’on appelle la « théorie du tout » en physique et dont l’ambition est de proposer un modèle général de la pensée.
Quels sont ces modèles ? Certains penchent pour la théorie du « cerveau statisticien » qui offrirait un cadre général pour comprendre la perception, la mémoire, le langage et la plupart des autres fonctions cognitives. L’idée tient en une formule : penser, c’est prédire.
Voir, c’est pressentir ; connaître, c’est anticiper ; apprendre, c’est « préjuger » puis corriger au besoin ses idées préconçues. Le cerveau serait donc une machine à prévoir, à anticiper, à faire des hypothèses à partir de règles de probabilité. C’est rapide, c’est efficace, c’est économique… Et pour le Britannique Karl Friston, l’un des tenants de cette théorie, celle-ci ne vaut pas que pour le cerveau humain, mais pour les organismes vivants en général : une sorte de loi de l’entropie appliquée au vivant.
Un autre modèle de portée générale sur la cognition est celui de l’esprit analogique, défendu par Douglas Hofstadter, Emmanuel Sander et quelques autres. L’analogie, longtemps conçue comme une formule de style juste utile aux poètes et rêveurs, serait en fait un processus mental beaucoup plus fondamental. Elle permet de construire les concepts qui nous servent à penser le monde, de la pensée la plus ordinaire aux théories scientifiques. Penser, ce serait donc produire des analogies et des métaphores, et établir des comparaisons qui nous font voir la structure profonde sous la surface des choses.
L’Américain David Eagleman, lui, voit l’esprit sous un autre angle encore : comme une « équipe de rivaux », des petits modules chargés de réaliser de multiples opérations spécialisées qui coopèrent la plupart du temps, mais aussi s’affrontent et rivalisent comme les services d’une entreprise et sous la supervision d’un contrôleur central, la conscience, qui tente tant bien que mal de mettre de l’ordre et de l’unité dans ces activités multiples et brouillonnes.
Selon cette approche, l’esprit humain n’est ni une unité régie par un grand plan d’ensemble comme l’est une machine bien huilée, ni une fourmilière, ni un organisme en évolution, mais un peu de tout cela.
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J'ai trouvé que ce petit texte était digne de figurer sur Digression.
Il est extrait du blog suivant intitulé « HistoPhiloSciences » et tenu par une jeune dame du nom de Vleh Valiollahpour Amiri, qui me semble faire de la philosophie par pur plaisir :
https://histoirephilosciences.wordpress.com/
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Au nom de l'ART, de la SCIENCE et de la PHILOSOPHIE. (Ainsi soit-il.)
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victor.digiorgi- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 2032
Date d'inscription : 23/04/2013
Re: Balade parmi les théories de l’esprit
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Le blog en question m'est communiqué par le site de Patrick Juignet, psychiatre et psychanalyste très au courant du concept d'émergence et avec qui il est toujours très agréable de discuter de philosophie des sciences en général et d'émergentisme en particulier.
http://www.philosciences.com/Juignet.html
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Le blog en question m'est communiqué par le site de Patrick Juignet, psychiatre et psychanalyste très au courant du concept d'émergence et avec qui il est toujours très agréable de discuter de philosophie des sciences en général et d'émergentisme en particulier.
http://www.philosciences.com/Juignet.html
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Au nom de l'ART, de la SCIENCE et de la PHILOSOPHIE. (Ainsi soit-il.)
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victor.digiorgi- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 2032
Date d'inscription : 23/04/2013
Re: Balade parmi les théories de l’esprit
Le premier lien que tu files n'autorise pas le copier/coller, en tous cas je n'arrive pas à copier/coller le dernier paragraphe de " Présentation " sur la page d'accueil ( Et si cette possibilité technique s'avère réelle, je suis intéressé. ), et celui-ci évoque gentiment les scientifiques scientologues, .
Et Jugniet, il commet des articles de ce genre : "
http://www.philosciences.com/Nouvelles/GPhimeta.html "
Victor a reproduit et modifié là où on le voit : " Ce chercheur s’appelait Francisco Varela. Il a écrit un ouvrage (Invitation aux sciences cognitives, 198 puis a clamé sa théorie presque seul dans le désert".
Le smiley à la place du O ou encore du 0, j'avais pas encore vu. Sur le très sérieux F-S, j'ai un camarade dans " Identification des espèces végétales et animales " dont le pseudo est " Bour-rin0Man " ( C'est moi qui introduit le tiret. Au moins sur F-S, sa conduite est irréprochable, en fait sur F-S, t'as pas trop le choix ! ), et j'en ai repéré quelques autres comme ça.
Mes soeurs, mes frères, après le complot judéo-maçonnico-laico-papo-etc, voilà les fédérations internationales des organisations néo-sodomites, les F.I.O.N.S., qui lancent les signaux préparant leur offensive globale! . Je le savais ! Tous ces médecins qui prennent mon trou de balle pour le dernier endroit à la mode, ils en sont, le doute n'est plus permis !
Bah quoi ? Chacun son complot, non ?
Et Jugniet, il commet des articles de ce genre : "
http://www.philosciences.com/Nouvelles/GPhimeta.html "
Victor a reproduit et modifié là où on le voit : " Ce chercheur s’appelait Francisco Varela. Il a écrit un ouvrage (Invitation aux sciences cognitives, 198 puis a clamé sa théorie presque seul dans le désert".
Le smiley à la place du O ou encore du 0, j'avais pas encore vu. Sur le très sérieux F-S, j'ai un camarade dans " Identification des espèces végétales et animales " dont le pseudo est " Bour-rin0Man " ( C'est moi qui introduit le tiret. Au moins sur F-S, sa conduite est irréprochable, en fait sur F-S, t'as pas trop le choix ! ), et j'en ai repéré quelques autres comme ça.
Mes soeurs, mes frères, après le complot judéo-maçonnico-laico-papo-etc, voilà les fédérations internationales des organisations néo-sodomites, les F.I.O.N.S., qui lancent les signaux préparant leur offensive globale! . Je le savais ! Tous ces médecins qui prennent mon trou de balle pour le dernier endroit à la mode, ils en sont, le doute n'est plus permis !
Bah quoi ? Chacun son complot, non ?
_________________
" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 8364
Date d'inscription : 31/10/2009
Re: Balade parmi les théories de l’esprit
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Pour le terme « scientologue », j'avais vu la chose, mais je me suis dit que soit c'était une erreur, soit ça ne l'était pas, auquel cas il aurait été trop tentant de procéder à un étiquetage. Et je n'aime pas les étiquetages.
C'est un peu pareil avec l'étiquette de Directeur de programme au Collège international de philosophie que Juignet affiche sur son site. Je ne sais pas ce que c'est que ce Collège, mais j'estime que ça n'a pas d'importance.
Pour le copier-coller, je n'ai pas eu de problème (je travaille sur MacBook, ça explique peut-être), sauf au passage que tu cites, qui révèle sûrement un complot d'origine pas très claire.
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Pour le terme « scientologue », j'avais vu la chose, mais je me suis dit que soit c'était une erreur, soit ça ne l'était pas, auquel cas il aurait été trop tentant de procéder à un étiquetage. Et je n'aime pas les étiquetages.
C'est un peu pareil avec l'étiquette de Directeur de programme au Collège international de philosophie que Juignet affiche sur son site. Je ne sais pas ce que c'est que ce Collège, mais j'estime que ça n'a pas d'importance.
Pour le copier-coller, je n'ai pas eu de problème (je travaille sur MacBook, ça explique peut-être), sauf au passage que tu cites, qui révèle sûrement un complot d'origine pas très claire.
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Au nom de l'ART, de la SCIENCE et de la PHILOSOPHIE. (Ainsi soit-il.)
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victor.digiorgi- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 23/04/2013
Re: The Montgomery (was the Stanley) Eastham
Voilà longtemps que la philosophie, puis la psychologie, enfin les sciences cognitives sont à la recherche d’une théorie générale de la pensée.
Alors que certains croient cette quête vaine ou répétitive, de nouveaux modèles surgissent et réinventent le genre…
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waseem
reube123- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 26/06/2013
Re: Balade parmi les théories de l’esprit
victor.digiorgi a écrit:Pour les behavioristes (qui ont dominé la psychologie anglo-saxonne pendant la première partie du XXe siècle), la vie de l’esprit se ramène au fond à des conditionnements plus ou moins sophistiqués.
Pourquoi pas, Balade parmi les théories des esprits tordu via le behavoyourisme ?
Les behavoyouristes qui désirent conditionner les autres selon leur propre conditionnement plus ou moins sophistiqués !
Geo Rum Phil- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 13/07/2012
Re: Balade parmi les théories de l’esprit
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Pas de doute, GRP, chacun veut créer le monde à son image ...
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Pas de doute, GRP, chacun veut créer le monde à son image ...
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Au nom de l'ART, de la SCIENCE et de la PHILOSOPHIE. (Ainsi soit-il.)
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victor.digiorgi- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 23/04/2013
Re: Balade parmi les théories de l’esprit
victor.digiorgi a écrit:.
Pas de doute, GRP, chacun veut créer le monde à son image ...
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Ha non ! La philosophie, précisément la métaphysique, pas plus que les mathématiques, ne créent, elles découvrent en cherchant.
J'ai par moi-même découvert des choses fort désobligeantes pour moi, j'ai vérifié et revérifié, et entériné.
neopilina- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 8364
Date d'inscription : 31/10/2009
Re: Balade parmi les théories de l’esprit
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Sans trop approfondir, on pourrait dire que la volonté de ne pas créer le monde à son image et AUSSI une volonté de créer le monde à son image.
Mais inutile de nous fatiguer, là. Je sors. À bientôt ...
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Sans trop approfondir, on pourrait dire que la volonté de ne pas créer le monde à son image et AUSSI une volonté de créer le monde à son image.
Mais inutile de nous fatiguer, là. Je sors. À bientôt ...
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Au nom de l'ART, de la SCIENCE et de la PHILOSOPHIE. (Ainsi soit-il.)
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victor.digiorgi- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 23/04/2013
Re: Balade parmi les théories de l’esprit
victor.digiorgi a écrit:Pas de doute, GRP, chacun veut créer le monde à son image ...
Il est très prétentieux de croire que « chacun veut créer le monde à son image ». Une grande majorité ne se fait aucune image de leur image parce qu’elle a adopté inconsciemment les images de ses fans. Madame et monsieur tout le monde confondent procréer avec créer. Est-ce parce que quelques-uns désirent avorter leur imagination perverse dans le monde avec l’intention qu’elle soit adoptée par les autres ? Pourquoi faire ? Est-ce pour les balader avec la parole parmi les théories caverneuses sans issue?!
Geo Rum Phil- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 13/07/2012
Re: Balade parmi les théories de l’esprit
Ha mais justement, je retrouve, nomme, décrit l'issue par où arrive l'imprudent expérimentateur du cogito, celle-là même par laquelle il arrive, et qui s'escamote aussitôt avec cette expérience d'ordre intime. Le cachot c'est le cogito, et j'ouvre les fenêtres !
Je ne fais que paraphraser, développer, le fragment III du poème de Parménide. Redonner, reprendre, ce que nous fait perdre en toute inadvertance le cogito.
Je ne fais que paraphraser, développer, le fragment III du poème de Parménide. Redonner, reprendre, ce que nous fait perdre en toute inadvertance le cogito.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 31/10/2009
Re: Balade parmi les théories de l’esprit
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Coïncidence : je tombe à l'instant sur un passage de Spinoza qui dit que Descartes n'aurait pas dû se casser la tête avec son « Je pense donc je suis » et dire simplement « Je suis pensant », pas plus.
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Il y a une bonne trentaine d'années, j'avais écrit dans la marge de ce texte : « Je suis dépensant », et en bas de la page : « Je dépense, donc je des cartes de crédit ». Ah ! Qu'on peut être puéril et moqueur, dans la vie ...
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Coïncidence : je tombe à l'instant sur un passage de Spinoza qui dit que Descartes n'aurait pas dû se casser la tête avec son « Je pense donc je suis » et dire simplement « Je suis pensant », pas plus.
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Il y a une bonne trentaine d'années, j'avais écrit dans la marge de ce texte : « Je suis dépensant », et en bas de la page : « Je dépense, donc je des cartes de crédit ». Ah ! Qu'on peut être puéril et moqueur, dans la vie ...
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victor.digiorgi- Digressi(f/ve)
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Re: Balade parmi les théories de l’esprit
neopilina a écrit:Le cachot c'est le cogito, et j'ouvre les fenêtres !
Le cachot-cogito de Descartes, a tous les chances de devenir sien si on le suit comme l’âne la carotte. Or le verbe suivre est à la mode chez les suiveurs psittacistes…psyttacistes
- je suis Freudien, ienne
- je suis Lacan, ienne
- je suis Nietzchen, ienne
- je suis Darwiniste, ienne
- je suis créationniste, ienne
- etc.
Geo Rum Phil- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 226
Date d'inscription : 13/07/2012
Re: Balade parmi les théories de l’esprit
On est d'accord. Je dirais même bien pire : c'est toute la philosophie académique qui a suivi le cogito.
Je suis moi, et si je suis éléate, pour pouvoir l'être j'ai renoncé " à la moitié " de notre patrimoine, je suis un élève débordant !
Je suis moi, et si je suis éléate, pour pouvoir l'être j'ai renoncé " à la moitié " de notre patrimoine, je suis un élève débordant !
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: Balade parmi les théories de l’esprit
neopilina a écrit:On est d'accord. Je dirais même bien pire : c'est toute la philosophie académique qui a suivi le cogito.
Je suis moi, et si je suis éléate, pour pouvoir l'être j'ai renoncé " à la moitié " de notre patrimoine, je suis un élève débordant !
Est-ce le moine du patrimoine qui t'as poussé au renoncement ?
Geo Rum Phil- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 13/07/2012
Re: Balade parmi les théories de l’esprit
Euh non, de vulgaires impératifs épistémologiques, deux fois rien, :D .
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C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 8364
Date d'inscription : 31/10/2009
Re: Balade parmi les théories de l’esprit
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Ça serait un cas particulier mais très amusant de psittacose aiguë que celui d'être à la fois Nietzschéen et suiveur ...
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Ça serait un cas particulier mais très amusant de psittacose aiguë que celui d'être à la fois Nietzschéen et suiveur ...
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victor.digiorgi- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 23/04/2013
Re: Balade parmi les théories de l’esprit
L'émergence de quoi ? Et pourquoi faire ?
même- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 10/01/2012
Re: Balade parmi les théories de l’esprit
L'émergence de caractères nouveaux à partir de la combinaison d'éléments dont les caractères ne laissent rien entrevoir de ces caractères nouveaux.même a écrit:L'émergence de quoi ?
L'exemple le plus fréquemment donné en philosophie des sciences, c'est l'émergence de l'eau à partir de la combinaison de molécules d'hydrogène et d'oxygène.
Dieu seul le sait !Et pourquoi faire ?
(Pour boire, peut-être, dans le cas de l'émergence de l'eau...)
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victor.digiorgi- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 23/04/2013
Re: Balade parmi les théories de l’esprit
à même
il s'agit de l'émergence de la pensée. La pensée étant considérée comme non directement explicable par le neurophysiologique se pose le problème dit de l'émergence.
Un exemple de différence ( d'explication)donné par Bergson
Dans le monde neuro-physiologique des cause et effets matériels un genre cause donera toujours le même effet cela est réitérable.
Dans la pensée une cause est unique et ne donne qu'un seul effet et ce n'est pas réitérable.
L'émergence de quoi ?
il s'agit de l'émergence de la pensée. La pensée étant considérée comme non directement explicable par le neurophysiologique se pose le problème dit de l'émergence.
Un exemple de différence ( d'explication)donné par Bergson
Dans le monde neuro-physiologique des cause et effets matériels un genre cause donera toujours le même effet cela est réitérable.
Dans la pensée une cause est unique et ne donne qu'un seul effet et ce n'est pas réitérable.
Bergson a écrit:Pour le physicien la même cause produit toujours le même effet ; pour le psychologue une cause interne profonde ...donne son effet une fois et ne le réduira jamais plus .
hks- Digressi(f/ve)
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Localisation : Hauts de Seine
Date d'inscription : 04/10/2007
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