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Le Banquet, Analyse

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Le Banquet, Analyse Empty Le Banquet, Analyse

Message par cedric Jeu 28 Fév 2013 - 11:06


Après avoir échangé ces propos, nous nous mîmes en marche. Or, pendant la route, Socrate s'enfonçant dans ses pensées resta en arrière ; comme je l'attendais, il me dit d'aller devant. Quand je fus à la maison d'Agathon, je trouvai la porte ouverte et il m'arriva une plaisante aventure. Aussitôt en effet un esclave vint de l'intérieur à ma rencontre et me conduisit dans la salle où la compagnie était à table, sur le point de commencer le repas. Dès qu'Agathon m'eut aperçu : « Tu viens à point, dit-il, Aristodème, pour dîner avec nous ; si tu viens pour autre chose, remets-le à plus tard ; hier même je t'ai cherché pour t'inviter, sans pouvoir te découvrir ; mais comment se fait-il que tu n'amènes pas Socrate ? »
Je me retourne alors, mais j'ai beau regarder : point de Socrate sur mes pas. « Je suis réellement venu avec Socrate, dis-je, et c'est lui qui m'a invité à dîner chez vous.
C'est fort bien fait, mais où est-il, lui ?
Il venait derrière moi tout à l'heure ; mais je me demande, moi aussi, où il peut être.
Enfant, dit Agathon, va vite voir où est Socrate et amène-le. Quant à toi, Aristodème, mets-toi près d'Eryximaque. »

Alors l'enfant me lava les pieds pour que je prisse place à table, et un autre esclave vint annoncer que ce Socrate qu'il avait ordre d'amener, retiré dans le vestibule de la maison voisine, n'en bougeait pas, qu'il avait eu beau l'appeler, il ne voulait pas venir.
«  Voilà qui est étrange, dit Agathon ; cours l'appeler et ne le laisse pas partir.
Non pas, dis-je, laissez-le ; c'est une habitude à lui : il lui arrive parfois de s'écarter n'importe où et de rester là ; il va venir tout à l'heure, je pense ; ne le dérangez pas, laissez-le tranquille.


( p. 36-37 )


Socrate, marchant, s'enfonce dans ses pensées. L'activité de marcher, une activité, suscite, est propice à susciter la réflexion. Socrate s'y laisse donc aller, et s'enfonce dans les pensées qui le traversent, à tel point qu'il demande à Aristodème de ne pas s'occuper de lui et de ne pas l'attendre. Cette capacité qu'a Socrate de porter attention à ses pensées, à se focaliser sur elles, est importante. Penser, pour Socrate, est l'activité prioritaire et principale, devant toutes les autres, et devant, par conséquent, les codes et les conventions, voire au risque de paraître insultant, selon ces codes et conventions. La réflexion est sa préoccupation première. Aristodème qui le connaît, ne s'en afflige pas. Car en effet, on pourrait se sentir insulter par quiconque se détache, n'importe où et n'importe quand, afin de penser. Tout naturellement, Socrate saura laver cette opinion par son attitude.

Aristodème parvient le premier chez Agathon, la porte est ouverte, un esclave arrive aussitôt et le conduit dans la salle du banquet où tous les convives sont installés et sur le point de commencer le repas.

Agathon accueille Aristodème avec plaisir et l'informe du fait qu'il l'a fait chercher afin de l'inviter sans y parvenir, ce qui dès lors n'a plus d'importance. Il lui demande où se trouve Socrate.

Aristodème se retourne et ne voit pas Socrate arriver, informe Agathon du fait qu'il est bel et bien venu, pourtant, avec Socrate, et que c'est même ce dernier qui l'a prié de participer au Banquet.

Agathon demande à un enfant, d'aller voir où se trouve Socrate et de l'amener dans la salle du Banquet. Par ailleurs, j'attire votre attention sur le fait qu'ici enfant est synonyme d'esclave. Platon utilise le terme d'esclave au même endroit où il pourrait utiliser le terme d'enfant. Ce qui nous conduit à réfléchir sur la notion d'esclave à cette époque, qui, a priori, n'a rien à voir avec notre propre notion de l'esclavage qui désigne un état de soumission quasiment unilatéral.

Pendant qu'un enfant remplit le code social visant à laver les pieds d'Aristodème, qui correspond également à une hygiène, un autre « esclave », celui qui était parti chercher Socrate, revient et annonce que Socrate se tient immobile dans le vestibule de la maison voisine, et qu'il ne veut pas venir. Ici, nous sommes encore mis en présence de la capacité de Socrate à laisser la priorité à ses pensées, à ses réflexions. S'il se tient immobile dans un vestibule et ne veut pas rejoindre le dîner, c'est précisément qu'il est occupé à penser, c'est à dire à filer une ou des idées, à clarifier des réflexions qui lui sont venues. Or, Socrate met clairement un point d'honneur à laisser la priorité à ses pensées, au risque de ne pas répondre aux codes des mœurs et du bien vivre en société. En effet, il se moque du fait d'être attendu à un repas et d'y arriver en plein milieu, car pour lui, ce n'est pas important. Ce qui importe, c'est de démêler ses pensées et de voir ce qu'elles lui apprennent. Socrate, a priori, est un adepte du savoir, et prêt à tout sacrifier pour le savoir. Il y a vraiment ce point important, qui consiste à souligner que Socrate, sa figure, est une figure transgressive au niveau social. Socrate transgresse allègrement et tout naturellement les codes sociaux, transgression qu'il se voit toujours « pardonné ». Et s'il est toujours pardonné, c'est que tout le monde sent bien, inconsciemment, que Socrate a sans doute raison d'accorder une suprême priorité à l'acte de penser.

Alors qu'Agathon s'étonne de cette posture prise par Socrate, qu'il la trouve étrange et ordonne à l'enfant de retourner voir Socrate et de ne pas le laisser partir, alors donc qu'il se tient implicitement dans une posture de force, de domination, celle qui consiste à empêcher Socrate de partir, Aristodème, qui le connaît mieux et qui sait que personne ne peut forcer Socrate à quoi que ce soit, demande à Agathon de le laisser tranquille, que c'est une habitude pour lui, et qu'il viendra quand bon lui semblera, c'est à dire quand il aura suffisamment démêler l'objet de ses pensées. Pour penser, Socrate a besoin de tranquillité, de solitude, une solitude passagère, certes, mais qui lui permet de pouvoir refaire son apparition dans le monde social et de délivrer un message, tout au moins de discuter et d'exprimer ses idées, encore moins, de voir clair dans le discours d'autrui, encore, de prendre en compte la valeur d'un discours.




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Message par Bergame Jeu 28 Fév 2013 - 18:37

Je ne sais plus qui faisait l'hypothèse que Socrate était moins en train de penser, à ce moment-là, qu'il n'était atteint d'une crise de catalepsie. Il y aurait 2-3 occurences dans les Dialogues où Platon suggèrerait que Socrate y était sujet.

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