LE Moi les Emotions
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Re: LE Moi les Emotions
hks a écrit:La régression à l'infini n'apporte rien. Inutilité.denis h a écrit:oui, mais savez-vous que vous savez que vous savez ? (etc...)
Se voir dans le miroir, cela suffit.
cela suffit, mais a-t-on le choix, si on prétend être lucide, honnête, et ne pas se payer de mots, de s'arrêter là ?
je crois que lévinas aborde ce problème dans totalité et infini et pose la reconnaissance de l'existence d'autrui comme la seule façon de se sortir de cette régression à l'infini.
je chercherai ça ce soir, si j'ai le courage.
denis_h- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 24/11/2020
Re: LE Moi les Emotions
Je crois qu'il faut scinder entre "savoir acquis" et "savoir à venir", perspective du savoir.
Le savoir acquis est déjà entré dans l'intuition. On ne l'a pas présent à l'esprit, donc on ne sait pas que l'on sait.
Quant à la perspective du savoir à venir, il fait partie de l'insatisfaction du moment, il entre dans la série des frustrations : frustration de ne pas encore savoir ce qu'il y aurait à savoir. Le psychisme humain voit dans tout objet "ce qui lui manque" ou "ce qui l'excède" : d'où l'inventivité, qui est le comblement toujours renouvelé d'une frustration.
Le savoir acquis est déjà entré dans l'intuition. On ne l'a pas présent à l'esprit, donc on ne sait pas que l'on sait.
Quant à la perspective du savoir à venir, il fait partie de l'insatisfaction du moment, il entre dans la série des frustrations : frustration de ne pas encore savoir ce qu'il y aurait à savoir. Le psychisme humain voit dans tout objet "ce qui lui manque" ou "ce qui l'excède" : d'où l'inventivité, qui est le comblement toujours renouvelé d'une frustration.
jean tardieu- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 26/09/2020
Re: LE Moi les Emotions
jean tardieu a écrit:
Le savoir acquis est déjà entré dans l'intuition. On ne l'a pas présent à l'esprit, donc on ne sait pas que l'on sait.
peut-être, mais quand descartes affirme "je pense donc je suis" il sous entend et assume qu'il sait (ce) qu'il sait.
et plouf ! on tombe dans la régression à l'infini !
denis_h- Digressi(f/ve)
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Re: LE Moi les Emotions
denis_h a écrit:peut-être, mais quand descartes affirme "je pense donc je suis" il sous entend et assume qu'il sait (ce) qu'il sait.
et plouf ! on tombe dans la régression à l'infini !
La seule chose que tu viens de dire c'est que tu n'as pas lu le " Discours ", ou, si tu l'as lu, qu'il faut absolument recommencer.
_________________
" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: LE Moi les Emotions
à jean Tardieu et à baptiste par la même occasion
je distingue nettement entre le savoir comme ensemble de connaissances acquises (des savoirs faire ou ma mémoire des choses ) et la conscience de savoir.
Quand j'affirme que cela (quoi que ce fut ) je le sais, il y a certitude absolu. Il n'y a pas d'entre deux ou de demi mesures.
Quand je dis "je le crois" il y a une marge d'incertitude ou un "se jeter dans le vide" quelque chose de l'ordre du pari.
Si je dis je pense cogito, je le sais
je sais que je pense
ce n'est pas une croyance.
Quand je dis que j'ai une idée de l'infini ce n'est pas une croyance je sais pertinemment que j'ai une idée de l'infini.
Je ne crois pas avoir une idée de l'infini,je sais que j'ai une idée de l'infini.(ou de l'Absolu)
...................
la question de la correspondance entre cette idée et une réalité en dehors de cette idée est une toute autre question.
Une question qui ne m'intéresse guère et que l'on voudrait m'obliger à considérer comme importante.
Je sais que j'ai une idée de l'infini comme existant (évidemment pas comme inexistant)
Et puis c'est tout.
J'accepte très bien qu'on ait pas mon idée mais pas qu'on me l'enlève (ce qui ne se fera d'ailleurs pas).
je distingue nettement entre le savoir comme ensemble de connaissances acquises (des savoirs faire ou ma mémoire des choses ) et la conscience de savoir.
Quand j'affirme que cela (quoi que ce fut ) je le sais, il y a certitude absolu. Il n'y a pas d'entre deux ou de demi mesures.
Quand je dis "je le crois" il y a une marge d'incertitude ou un "se jeter dans le vide" quelque chose de l'ordre du pari.
Si je dis je pense cogito, je le sais
je sais que je pense
ce n'est pas une croyance.
Quand je dis que j'ai une idée de l'infini ce n'est pas une croyance je sais pertinemment que j'ai une idée de l'infini.
Je ne crois pas avoir une idée de l'infini,je sais que j'ai une idée de l'infini.(ou de l'Absolu)
...................
la question de la correspondance entre cette idée et une réalité en dehors de cette idée est une toute autre question.
Une question qui ne m'intéresse guère et que l'on voudrait m'obliger à considérer comme importante.
Je sais que j'ai une idée de l'infini comme existant (évidemment pas comme inexistant)
Et puis c'est tout.
J'accepte très bien qu'on ait pas mon idée mais pas qu'on me l'enlève (ce qui ne se fera d'ailleurs pas).
hks- Digressi(f/ve)
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Re: LE Moi les Emotions
Mais nul ne songe à t'enlever cette idée, j'essaie juste de comprendre ton raisonnement.hks a écrit:J'accepte très bien qu'on ait pas mon idée mais pas qu'on me l'enlève (ce qui ne se fera d'ailleurs pas).
Si je remplace "l'infini" par quelque chose de concret que je connaisse en effet, par exemple l'arbre, je sais que j'ai une idée de l'arbre, je sais aussi quels soins demande l'arbre, je sais à la foi l'idée et la réalité en dehors de cette idée. Il me faut les deux, mon général.
Et si je dis "je crois" savoir, j'use d'un euphémisme et j'ajoute l'idée que je ne sais pas TOUT de cette réalité. Qu'il existe sans doute un meilleur savoir.
Ou alors quoi ? Qu'est-ce que je n'aurais pas bien saisi ?
jean tardieu- Digressi(f/ve)
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Re: LE Moi les Emotions
neopilina a écrit:
La seule chose que tu viens de dire c'est que tu n'as pas lu le " Discours ", ou, si tu l'as lu, qu'il faut absolument recommencer.
je l'ai lu quand j'étais en terminale, donc il y a trente ans.
c'est vrai que pour descartes, le grand Autrui, c'est Dieu, qui empêche la régression à l'infini.
mais qu'en est-il pour les athées et les agnostiques ?
*
à propos de cette fameuse régression lévinas en parle à 3 endroits dans totalité et infini.
on le trouve en pdf ici :
https://monoskop.org/images/5/56/Levinas_Emmanuel_Totalit%C3%A9_et_infini_essai_sur_l_ext%C3%A9riorit%C3%A9_2000.pdf
le moteur de recherche (CTRL-F) donne 3 occurrences pour "régression"
je vous laisse butiner ces textes et, comme dit le sage, en faire votre miel.
denis_h- Digressi(f/ve)
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Re: LE Moi les Emotions
hks a écrit:
Mais le but est la certitude (pas le doute prolongé)
vous avez toute ma sympathie et je vous souhaite bon courage.
denis_h- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 682
Date d'inscription : 24/11/2020
Re: LE Moi les Emotions
hks a écrit:
Je sais que j'ai une idée de l'infini comme existant (évidemment pas comme inexistant)
Georg Cantor (1845-1918) a renouvelé et clarifié la question de l’infini en mathématiques avec la théorie des ensembles qui, depuis, a fait l’objet de nombreux et passionnants travaux.
Pour en rester à des choses élémentaires, il est clair, par exemple, que l’ensemble des nombres entiers n’est pas « plus grand » que l’ensemble des nombres pairs.
En effet, il est facile de concevoir une bijection entre ces deux ensembles : à tout nombre entier correspond un nombre pair et un seul (le double de ce nombre entier) et, réciproquement, à tout nombre pair correspond un nombre entier et un seul (la moitié de ce nombre pair).
Les deux ensembles ont donc la même puissance
Au plan philosophique, il est important de noter que, contrairement à ce qu'on pourrait penser à première vue, certaines définitions ne renvoient pas à l’infini mathématique.
Par exemple, lorsque Spinoza définit Dieu comme une substance consistant en une infinité d’attributs, il ne faut pas entendre « une infinité d’attributs » comme « un nombre infini d’attributs ».
Les attributs de Dieu ne constituent pas un ensemble infini dont on pourrait alors se demander s’il est dénombrable ou pas.
C’est dans ce sens que Deleuze, empruntant la notion à Duns Scot, écrit qu’il y a entre les attributs une distinction formelle, c’est-à-dire réelle non numérique.
On dit, de façon impropre, que nous connaissons « deux » attributs de Dieu : la Pensée et l’Etendue ou, aussi, que nous connaissons : 1) la Pensée et 2) l’Etendue.
Or les attributs ne sont ni numérisables, ni numérotables et il faut se contenter de dire que l’esprit humain connaît l’attribut « Pensée » et l’attribut « Etendue » sans en conclure qu’il connaît « deux » attributs de Dieu.
L’infinité de Dieu n’a rien à voir avec l’infinité mathématique.
Descartes, ne connaissant pas, et pour cause, les travaux de Cantor, critiquait à tort la notion d’infini mathématique mais avait toutefois raison de parler de l’infinité de Dieu qui, elle, est étrangère à l’infini mathématique.
Dernière édition par Vanleers le Mer 9 Déc 2020 - 10:32, édité 1 fois
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: LE Moi les Emotions
doublon
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: LE Moi les Emotions
Sauf qu'on me redit sans cesse ( baptiste et crosswind voire d'autres) que cette idée n'a pas de répondant vérifiable par les 5 sens et donc que la réalité de l'Absolu est une fiction que je me forge.jean tardieu a écrit:Mais nul ne songe à t'enlever cette idée,
Idem de la conscience de soi qui n'éta,t pas vérifiable par les 5 sens relèverait des fictions que je me forge.
Sans parler de la "raison" tellement tributaire des émotions qu'elle doit être un peu fictionnelle .
Sans parler de la morale et de l'esthetique pour les mêmes motifs.
Et donc, je serais pris dans un réseau de croyances et sous l'empire de mes émotions
A commencer par le COGITO.
Or je dis que je ne crois pas au cogito mais que je sais que je pense.
Le savoir que je le sais est d'une certitude absolu,
alors que la croyance est sur fond d'une incertitude contre laquelle la volonté fait le pari de la FOI.
Autre exemple: je peux avoir des doutes (en général et sur tout) mais je sais que j'ai des doutes ce savoir est absolu.
Je le sais ou je ne le sais pas il n'y a pas d'entre deux .
Il y a donc un fondement positif absolu (qui ne peut être douteux) sur lequel je m'appuie pour progresser dans la pensée.
Le fondement est le savoir qui se sait savoir, autrement dit la conscience réflexive de savoir.
Et ce savoir est norme de lui même.
Il se cause lui même.
Il est cause de soi
Il n'y a aucune émotion dans le cogito, seulement une réflexion.
PS: La remonté à l'infini est tout à fait inutile ou bien montre qu'on y a rien compris
hks- Digressi(f/ve)
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Re: LE Moi les Emotions
lévinas a écrit:
La question critique posée en
psychologie ou en théorie de la connaissance, reviendrait à
demander, par exemple, de quel principe certain découle la
connaissance ou quelle en est la cause. La régression à
l'infini serait ici, certes, inévitable et c'est à cette course
stérile que se réduirait la remontée en deçà de sa condition,
le pouvoir de poser le problème du fondement. Identifier le
problème du fondement avec une connaissance objective
de la connaissance, c'est d'avance considérer que la liberté
ne peut se fonder que sur elle-même; la liberté la
détermination de l'Autre par le Même étant le mouvement
même de la représentation et de son évidence.
Identifier le problème du fondement avec la connaissance
de la connaissance, c'est oublier l'arbitraire de la liberté
qu'il s'agit précisément de fonder. Le savoir dont l'essence
est critique, ne peut se réduire à la connaissance objective.
Il conduit vers Autrui. Accueillir Autrui, c'est mettre ma
liberté en question.
Mais l'essence critique du savoir nous conduit aussi
au-delà de la connaissance du cogito qu'on peut vouloir
distinguer de la connaissance objective. L'évidence du
cogito où connaissance et connu coïncident sans que la
connaissance ait eu à jouer, où la connaissance, par
conséquent, ne comporte aucun engagement antérieur à
son engagement présent, où la connaissance est, à tout
instant, au commencement, où la connaissance n'est pas en
situation (ce qui d'ailleurs est le propre de toute évidence,
pure expérience du présent sans condition ni passé) ne
peut satisfaire l'exigence critique, car le commencement du
cogito lui reste antérieur. Il marque, certes, le commencement,
parce qu'il est le réveil d'une existence qui se saisit de sa propre condition.
Mais ce réveil vient d'Autrui.
Avant le cogito, l'existence se rêve elle-même, comme si elle
restait étrangère à soi. C'est parce qu'elle soupçonne
qu'elle se rêve, qu'elle se réveille. Le doute lui fait rechercher la certitude.
Mais ce soupçon, cette conscience du
doute, suppose l'idée du Parfait. Le savoir du cogito
renvoie ainsi à une relation avec le Maître à l'idée de
l'infini ou du Parfait. L'idée de l'Infini n'est ni l'immanence du je pense,
ni la transcendance de l'objet. Le cogito
s'appuie chez Descartes sur l'Autre qui est Dieu et qui il
mis dans l'âme l'idée de l'infini, qui l'avait enseignée, sans
susciter simplement, comme le maître platonicien,
la réminiscence de visions anciennes.
Le savoir comme acte ébranlant sa condition se joue
par là même, au-dessus de tout acte. Et si la remontée à
partir d'une condition en deçà de cette condition, décrit le
statut de la créature, où se nouent l'incertitude de la liberté
et son recours à la justification, si le savoir est une activité
de créature, cet ébranlement de la condition et cette
justification viennent d'Autrui.
denis_h- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 682
Date d'inscription : 24/11/2020
Re: LE Moi les Emotions
merci Vanleers
Effectivement la lettre de Spinoza sur l'infini est une réponse archi pertinente.
http://spinoza.fr/lettre-xii-a-louis-meyer-ou-lettre-sur-linfini/
PS
je me souviens (pas très bien à vrai dire) avoir disputer avec vous sur cette affaire de dénombrement des attributs, soit 2 que nous connaissons
je ne pense pas actuellement que ce soit une critique importante à faire.
Effectivement la lettre de Spinoza sur l'infini est une réponse archi pertinente.
http://spinoza.fr/lettre-xii-a-louis-meyer-ou-lettre-sur-linfini/
PS
je me souviens (pas très bien à vrai dire) avoir disputer avec vous sur cette affaire de dénombrement des attributs, soit 2 que nous connaissons
je ne pense pas actuellement que ce soit une critique importante à faire.
hks- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 12510
Localisation : Hauts de Seine
Date d'inscription : 04/10/2007
Re: LE Moi les Emotions
merci Denis h
pour ce texte de Levinas (très bien choisi)
pour ce texte de Levinas (très bien choisi)
hks- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 12510
Localisation : Hauts de Seine
Date d'inscription : 04/10/2007
Re: LE Moi les Emotions
hks a écrit:merci Denis h
pour ce texte de Levinas (très bien choisi)
de rien hks. c'est facile avec le moteur de recherche.
hélas, le copier-coller à partir du pdf escamote parfois des mots ou des signes...
donc, au final, rien ne vaut le livre papier.
denis_h- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 682
Date d'inscription : 24/11/2020
Re: LE Moi les Emotions
(
à Denis,
Peux-tu donner les références complètes et/ou le lien de ce texte de Lévinas, il m'intéresse, il pose la question du problème que pose le cogito à Lévinas.
Du temps que j'y suis, dans le même registre. On a un fil sur l'hypothèse d'un pré-cogito par Sartre qui forcément s'est posé, a examiné, la question, c'est Aldolo (Aldo ?), grand amateur de Deleuze, qui avait ouvert ce fil, que, bien sûr, je ne retrouve pas ! Si quelqu'un peut remettre la main dessus, l'échange avait été vraiment relevé.
)
à Denis,
Peux-tu donner les références complètes et/ou le lien de ce texte de Lévinas, il m'intéresse, il pose la question du problème que pose le cogito à Lévinas.
Du temps que j'y suis, dans le même registre. On a un fil sur l'hypothèse d'un pré-cogito par Sartre qui forcément s'est posé, a examiné, la question, c'est Aldolo (Aldo ?), grand amateur de Deleuze, qui avait ouvert ce fil, que, bien sûr, je ne retrouve pas ! Si quelqu'un peut remettre la main dessus, l'échange avait été vraiment relevé.
)
_________________
" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 8364
Date d'inscription : 31/10/2009
Re: LE Moi les Emotions
lévinas ; totalité et infini ; page 84 ; en livre de poche.
en pdf :
https://monoskop.org/images/5/56/Levinas_Emmanuel_Totalit%C3%A9_et_infini_essai_sur_l_ext%C3%A9riorit%C3%A9_2000.pdf
en pdf :
https://monoskop.org/images/5/56/Levinas_Emmanuel_Totalit%C3%A9_et_infini_essai_sur_l_ext%C3%A9riorit%C3%A9_2000.pdf
denis_h- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 682
Date d'inscription : 24/11/2020
Re: LE Moi les Emotions
(
Merci Denis !
Il se trouve qu'avec un ami lecteur de " Digression ", mais pas membre actif (ce que je regrette, ils ou elles sont un certain nombre, c'est un fait, mais chacun fait comme il veut), on a actuellement un échange sur le cogito, bien serré, qui m'a ramené à cette question du fondement du cogito lui-même. J'y reviendrais donc prochainement.
)
Merci Denis !
Il se trouve qu'avec un ami lecteur de " Digression ", mais pas membre actif (ce que je regrette, ils ou elles sont un certain nombre, c'est un fait, mais chacun fait comme il veut), on a actuellement un échange sur le cogito, bien serré, qui m'a ramené à cette question du fondement du cogito lui-même. J'y reviendrais donc prochainement.
)
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 8364
Date d'inscription : 31/10/2009
Re: LE Moi les Emotions
sur le MOI et les émotions :
un texte à mon avis incontournable (qu'on soit d'accord ou pas) :
schopenhauer ; de la quadruple racine du principe de raison ; chapitre VII ; §40 et suivant ; p 210.
en pdf :
https://www.schopenhauer.fr/oeuvres/fichier/de-la-quadruple-racine-du-principe-de-raison-suffisante.pdf
un texte à mon avis incontournable (qu'on soit d'accord ou pas) :
schopenhauer ; de la quadruple racine du principe de raison ; chapitre VII ; §40 et suivant ; p 210.
en pdf :
https://www.schopenhauer.fr/oeuvres/fichier/de-la-quadruple-racine-du-principe-de-raison-suffisante.pdf
denis_h- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 682
Date d'inscription : 24/11/2020
Re: LE Moi les Emotions
Je reprends deux "démonstrations" de Sch. qui sont radicalement fausses : (à partir des pages 210 que tu recommandes)
1° Il existe des représentations involontaires - voudrait-on s'y soustraire - qui sont donc indépendantes de la volonté (par exemple des idées fixes ou des névroses...)
2° La mémoire n'est pas, toujours ni forcément, un exercice de répétition : le souvenir d'une chose ou d'un événement vu ou constaté une seule fois suffit à rester en mémoire de façon indélébile. La rémanence d'un souvenir dépend en premier lieu de l'intensité de l'émotion qu'il a provoquée.
Cela dit, à la décharge de Sh. il ne disposait pas des savoirs actuels. Et c'est probablement vrai des philosophes du passé.
1° Il existe des représentations involontaires - voudrait-on s'y soustraire - qui sont donc indépendantes de la volonté (par exemple des idées fixes ou des névroses...)
2° La mémoire n'est pas, toujours ni forcément, un exercice de répétition : le souvenir d'une chose ou d'un événement vu ou constaté une seule fois suffit à rester en mémoire de façon indélébile. La rémanence d'un souvenir dépend en premier lieu de l'intensité de l'émotion qu'il a provoquée.
Cela dit, à la décharge de Sh. il ne disposait pas des savoirs actuels. Et c'est probablement vrai des philosophes du passé.
jean tardieu- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 995
Date d'inscription : 26/09/2020
Re: LE Moi les Emotions
hks a écrit:merci Vanleers
Effectivement la lettre de Spinoza sur l'infini est une réponse archi pertinente.
http://spinoza.fr/lettre-xii-a-louis-meyer-ou-lettre-sur-linfini/
PS
je me souviens (pas très bien à vrai dire) avoir disputer avec vous sur cette affaire de dénombrement des attributs, soit 2 que nous connaissons
je ne pense pas actuellement que ce soit une critique importante à faire.
Dans l’exemple de deux cercles non concentriques de la lettre 12 à Meyer, Spinoza parle de la « somme des distances inégales comprises entre deux cercles AB et CD »
Il faut comprendre « somme » comme « ensemble » des nombres x compris entre un minimum m = CD et un maximum M = AB.
Le nombre de ces nombres x « dépasse tout nombre assignable » comme l’écrit Spinoza. En d’autres termes, cette « somme », c’est-à-dire cet ensemble de nombres est infini.
Cantor ira plus loin en démontrant que cet ensemble n’est pas dénombrable : la puissance du continu est supérieure à la puissance de l’ensemble des entiers.
Dans la ligne de mon post précédent, je signale ce qu’écrit Denis Collin à propos de Cantor et Spinoza dans Libre comme Spinoza – Max Milo 2014.
On peut le lire en :
https://books.google.fr/books?id=645YDgAAQBAJ&pg=PT45&lpg=PT45&focus=viewport&dq=spinoza+cantor&hl=fr
J’en cite un passage :
Denis Collin a écrit:Laissons là Cantor. Il suffit d’avoir montré que l’impossibilité de concevoir l’infini découle uniquement du fait que nous usons de l’imagination au lieu d’user de l’entendement. Cantor montre que l’on peut rigoureusement penser l’infini puisqu’on peut même ordonner les nombres transfinis.
Il ne s’agit pas, pour nous, de soutenir que la physique ou la théorie des nombres de Cantor sont spinozistes. Une théorie scientifique a toujours une certaine autonomie par rapport à la métaphysique. Il y a entre physique et métaphysique une relation dialectique : la métaphysique fournit des intuitions qui permettent ensuite à la physique de se développer de son propre mouvement, et la physique, à son tour, conduit à un nouveau questionnement métaphysique. En tout cas, autonomie ne veut pas du tout dire indépendance et radicale séparation. Le positivisme ordinaire dans ce domaine est invalidé dès qu’on cherche à faire autre chose qu’une science opérationnelle à des fins techniques. Si on essaie d’interpréter les résultats de la théorie afin de leur donner sens, alors on fait de la métaphysique. De même, les mathématiques ne sont pas en elles-mêmes une telle métaphysique. Cantor ne « valide » pas la philosophie de Spinoza, mais donne simplement un exemple du genre d’interprétation qui peut être tiré de la métaphysique spinoziste. (op. cit. pp. 63-64)
Vanleers- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 4214
Date d'inscription : 15/01/2017
Re: LE Moi les Emotions
hks a écrit:admettons.baptiste a écrit: Je pense effectivement que ne pouvant tout savoir nous sommes contraints pour nous diriger dans le monde à faire appel à des croyances qui répondent à des besoins psychologiques parfaitement subjectifs.
Mais le but est la certitude (pas le doute prolongé)
Là est la question. Le but des croyances c’est apporter une réponse aux questions que pose le besoin de se diriger dans un monde réel, nous croyons en une multitudes de choses tant sur le plan personnel que politique ou religieux, nous croyons en des valeurs : l’amitié, la famille, la sécurité, la révolution, l’anarchie... des principes moraux contradictoires, des engagements nécessaires ou pas, alors de quelle certitude objective parlons nous ?
Croire, au sens littéral, c’est apporter crédit à quelque chose d’hypothétique mais il y a deux manières ordinaires de croire, celle qui considère quelque chose de possible et celle dogmatique qui confond ce qui est possible avec une certitude. Nous sommes assaillis par ces pseudos certitudes des uns et des autres qui ne sont que des croyances et qui finissent toutes par s’opposer à la liberté de croire de tous qui nous est pourtant vitale.
Il y a des mots qui recouvrent des concepts, à condition d’être pensés bien entendu, sinon ils deviennent des mots valises voir des boucs émissaires. Il y a des mots qui servent simplement à communiquer. Savoir, dit le dictionnaire, c'est donner son assentiment à une proposition en ayant la certitude objective de sa vérité. Cette certitude est liée à des procédures de validation dont on peut rendre raison... L'adhésion à une opinion, en tant qu'elle ne s'accompagne pas de certitude objective, est une croyance. Kant pour sa part écrivait « Lorsque l’assentiment n’est suffisant qu’au point de vue subjectif, et qu’il est insuffisant au point de vue objectif, on l’appelle croyance ». S'il est parfaitement rationnel de croire, une croyance elle n'est jamais strictement objective dans son expression.
De plus, lorsque par exemple Descartes ou Saint Anselme voir Spinoza prétendent apporter une validation rationnelle à une question de foi, outre que ces démonstrations sont parfaitement contestables dans leur prétention rationalisante, elles attentes à la liberté ordinaire de croire. On peut imposer un culte par la force mais pas une croyance. Il ne faut pas confondre l’éprouvé et le prouvé, recommandait Blaise, et cette confusion explique nombre de nos problèmes actuels. La prétention à utiliser le mot savoir à la place du mot croire dans des situations innapropriées explique l'origine de nombres de conflits en cours.
Jean, je suis intimement persuadé que comprendre la nature de la raison est d’une part au-delà de mes capacités et serait finalement peu instructif pour comprendre l’usage que nous en faisons ou plutôt que nous n’en faisons pas. Si dans l’anecdote de la chatte à demi sauvage je peux par la science comprendre pourquoi elle a choisi de mettre bas dans mon armoire, mon odeur, celle qu'elle associe tous les jours à la nourriture que je lui apporte est vraisemblablement pour elle rassurante, je reste tout à fait surpris par la puissance de l’angoisse que j’ai créé en supprimant ses portées et surtout l’effet conséquentiel un an plus tard. Mais il y aussi le ressenti que j’ai éprouvé moi, l'humain conscient, ce ressenti qui a fait que je n’ai pas perçu cette portée comme une portée de chatons ordinaires, il y avait désormais entre cette chatte, qui ne s'est jamais approchée de moi auparavant, ses chatons et moi un lien et même si ce lien passait aux travers de facteurs biologiques et psychologiques ce ressenti restait du domaine de l’éprouvé et n’attendais aucune réponse scientifique.
baptiste- Digressi(f/ve)
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Re: LE Moi les Emotions
les dictionnaires ne sont pas métaphysiciens et pas plus que phénoménologues.baptiste a écrit: Savoir, dit le dictionnaire, c'est donner son assentiment à une proposition en ayant la certitude objective de sa vérité. Cette certitude est liée à des procédures de validation dont on peut rendre raison...
et par exemple:
Le savoir que j'ai du cogito ne correspond pas à la définition du savoir du dictionnaire telle que tu la donnes.
la certitude objective de sa vérité
liée à des procédures de validation
dont on peut rendre raison
.....................
au dessus tu dis
baptiste a écrit:Croire, au sens littéral, c’est apporter crédit à quelque chose d’hypothétique
non pas vraiment.
dans la croyance il y a un saut indépendant du possible ou de l'impossible.
L'objet de la foi pour le croyant religieux n'est pas hypothétique du tout.
Si l'objet est hypothétique alors on a au plus une supposition (pas une croyance)
ce qui fait qu'il n'y a pas 2 manières de croire
il y a pour la pensée
1) une manière de supposer la réalité de l'objet (à partit d'hypothèses sur le possible )
2) une manière de refuser la réalité de l'objet (à partir de l'impossible)
et 3) une manière d'affirmer la réalité de l'objet à partir de certitude sur le nécessaire .(= ne peut pas ne pas être)
Et la foi ne vient pas se loger dans ces rubriques.
.................
tu ramènes la croyance à diverses formes de suppositions que nous n'avons pas pu prouver par l'empiricité (preuves fondées sur nos 5 sens )
.....................................................................................................
baptiste a écrit:De plus, lorsque par exemple Descartes ou Saint Anselme voir Spinoza prétendent apporter une validation rationnelle à une question de foi,
Tu décrètes qu'ii s'agit d'une question de foi .
Or il n'y a pas de question chez les sus nommés. Il y a une affirmation.
A peu près identique
je pense et donc je ne peux pas ne pas penser que un non MOI existe en lequel je suis pris.
Les formules peuvent varier et l' esprit peut en être plus monothéiste que panthéiste, mais bref... il y a une sortie du solipsisme .
Ca se résume en je ne peux pas penser que je suis seul au monde, enfermé en mon cogito.
Ce n'est pas une question de foi ou de croyance mais d'impossibilité de penser autrement .
hks- Digressi(f/ve)
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Re: LE Moi les Emotions
Lorsqu'on dit, dans le langage courant : "Je crois savoir que..." , je comprends : "je sais...mais il est possible que je me trompe, en sachant...".
C'est à dire : "dans l'état actuel de mes connaissances - de mon savoir - je tiens pour acquis que... Toutefois je n'exclus pas qu'une information nouvelle et fiable me fasse revenir sur mon opinion, mon savoir.." C'est d'ailleurs ce qui se passe la plupart du temps.
Comment alors s'analyse cette idée ?
C'est à dire : "dans l'état actuel de mes connaissances - de mon savoir - je tiens pour acquis que... Toutefois je n'exclus pas qu'une information nouvelle et fiable me fasse revenir sur mon opinion, mon savoir.." C'est d'ailleurs ce qui se passe la plupart du temps.
Comment alors s'analyse cette idée ?
jean tardieu- Digressi(f/ve)
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Re: LE Moi les Emotions
bien sûr que l'emploi des verbe est multiple et je ne dis pas que les dictionnaires sont dans l'erreur, simplement qu' ils reflètent un usage/emploi (du sens) commun.Jean Tardieu a écrit:Lorsqu'on dit, dans le langage courant : "Je crois savoir que..." , je comprends : "je sais...mais il est possible que je me trompe, en sachant...".
Or que ce soit pour la conscience de soi ou la foi religieuse
ou de la métaphysique de l'infini, on est hors des opinions ordinaires sur nos connaissances factuelles.
hks- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 04/10/2007
Re: LE Moi les Emotions
On voudra bien m'excuser de rapatrier la réflexion suivante du fil "jardinesque" qui me semble plus propice à nourrir ce fil, "LE Moi les émotions", bien qu'elle le complexifie peut-être à l'excès. Auquel cas il vaudra mieux la laisser de côté pour plus tard.
En effet, il me semble que le moi, ou ses émotions, sont beaucoup plus que tout occupés à régler des comptes de frustration.
Chacun connaît peu ou prou le domaine de "la récompense" comme vecteur essentiel du psychisme et des actions humaines. Mais il y a beaucoup plus. Je commence par des exemples concrets :
Ma grande frustration du moment - et qui risque de durer - est de ne pas savoir de quoi est faite la matière noire de l'univers.
Vient ensuite (ou de même niveau) la frustration que mon jardin ne soit pas plus beau. Certes il l'est déjà, mais j'aimerais qu'il le fût bien davantage.
Ma voiture parcourt 800 km avec un plein. Et si elle en parcourait mille ? Ce serait bien mieux.
Maintenant, je tente un coup risqué mais pas trop, je prédis quelle est la frustration de Vanleers : de ne pas avoir rencontré Ignace de Loyola de son vivant et d'avoir échangé avec lui.
Allons plus loin : "Gagner plus et travailler moins". Qui n'est pas d'accord avec ce slogan ? Peut-être une personne sur dix ?
Autrement dit : notre psychisme, non content de courir sans cesse après la récompense, affecte chaque objet ou représentation d'un signe + pour les avantages, et - pour les inconvénients. Il ne peut s'en empêcher, en permanence, chaque fois qu'un objet vient à sa conscience, puis s'en retire pour laisser place à un autre objet. L'esprit en est conscient, comme en ce moment même où j'en parle, ou inconscient lorsqu'il est mobilisé par un autre objet.
Cette sorte de réflexe, propre à l'esprit humain, induit, en plus du souci de récompense, une frustration de la possibilité du + ou du - . Et cette frustration, consciente ou non, est de tous les instants. "Tiens, cette orange pourrait être plus sucrée...". Ou "Tiens, cet écran de télé pourrait avoir une meilleure définition". ..
Nous sommes toujours, comme en état de veille, en état permanent de frustration, grande ou petite. Ou minuscule si l'on veut.
D'où je déduis que le psychisme émotionnel, non content d'être en permanence en demande de récompense à l'instar des animaux, et cependant capable par calcul de retarder une récompense pour une plus grande récompense encore, passe l'essentiel de son temps à régler les comptes de sa frustration. Ce qui le conduit immanquablement à l'inventivité (Derrida), qui trouve sa source dans cette frustration. Et c'est heureux. Mais parfois regrettable.
Tardieu a écrit:Et moi je pense que Derrida, comme tout humain sans exception, a essayé de régler les compte de sa frustration (laquelle ? C'est impossible à savoir).
En effet, il me semble que le moi, ou ses émotions, sont beaucoup plus que tout occupés à régler des comptes de frustration.
Chacun connaît peu ou prou le domaine de "la récompense" comme vecteur essentiel du psychisme et des actions humaines. Mais il y a beaucoup plus. Je commence par des exemples concrets :
Ma grande frustration du moment - et qui risque de durer - est de ne pas savoir de quoi est faite la matière noire de l'univers.
Vient ensuite (ou de même niveau) la frustration que mon jardin ne soit pas plus beau. Certes il l'est déjà, mais j'aimerais qu'il le fût bien davantage.
Ma voiture parcourt 800 km avec un plein. Et si elle en parcourait mille ? Ce serait bien mieux.
Maintenant, je tente un coup risqué mais pas trop, je prédis quelle est la frustration de Vanleers : de ne pas avoir rencontré Ignace de Loyola de son vivant et d'avoir échangé avec lui.
Allons plus loin : "Gagner plus et travailler moins". Qui n'est pas d'accord avec ce slogan ? Peut-être une personne sur dix ?
Autrement dit : notre psychisme, non content de courir sans cesse après la récompense, affecte chaque objet ou représentation d'un signe + pour les avantages, et - pour les inconvénients. Il ne peut s'en empêcher, en permanence, chaque fois qu'un objet vient à sa conscience, puis s'en retire pour laisser place à un autre objet. L'esprit en est conscient, comme en ce moment même où j'en parle, ou inconscient lorsqu'il est mobilisé par un autre objet.
Cette sorte de réflexe, propre à l'esprit humain, induit, en plus du souci de récompense, une frustration de la possibilité du + ou du - . Et cette frustration, consciente ou non, est de tous les instants. "Tiens, cette orange pourrait être plus sucrée...". Ou "Tiens, cet écran de télé pourrait avoir une meilleure définition". ..
Nous sommes toujours, comme en état de veille, en état permanent de frustration, grande ou petite. Ou minuscule si l'on veut.
D'où je déduis que le psychisme émotionnel, non content d'être en permanence en demande de récompense à l'instar des animaux, et cependant capable par calcul de retarder une récompense pour une plus grande récompense encore, passe l'essentiel de son temps à régler les comptes de sa frustration. Ce qui le conduit immanquablement à l'inventivité (Derrida), qui trouve sa source dans cette frustration. Et c'est heureux. Mais parfois regrettable.
jean tardieu- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 26/09/2020
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