Le Dictateur
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lanK
Bergame
Moi
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Le Dictateur
Il se trouve que je regardais hier, sur YouTube, de vieilles videos des discours de Hitler et Mussolini. Et je suis tombé sur un truc assez étonnant.
On a tous vu au moins des photos représentant Mussolini dans sa posture typique et quasi-grotesque, le bras croisé, la grimace sévère, le menton arrogant. On en a par exemple une bonne représentation ici :
Mais hier, je suis tombé sur cette video assez surprenante, qui présente un aspect de Mussolini que je ne soupçonnais pas. Ca se passe à 1:45.
C'est étonnant, non ?
On a tous vu au moins des photos représentant Mussolini dans sa posture typique et quasi-grotesque, le bras croisé, la grimace sévère, le menton arrogant. On en a par exemple une bonne représentation ici :
Mais hier, je suis tombé sur cette video assez surprenante, qui présente un aspect de Mussolini que je ne soupçonnais pas. Ca se passe à 1:45.
C'est étonnant, non ?
Bergame- Persona
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Date d'inscription : 03/09/2007
Re: Le Dictateur
Bah manifestement, ça n'étonne que moi. :)
Mais zut, il se marre ! Il n'y croit pas ! Je suis le seul à avoir ce sentiment en le regardant ? C'est extraordinaire, il a la même réaction qu'un comique sur scène quand il est surpris par une répartie dans le public à laquelle il ne s'attendait pas : il sort de son texte, et rit. Ca ne dure qu'un instant, avant qu'il n'entre à nouveau dans son personnage et reprenne sa mise en scène.
Mais zut, il se marre ! Il n'y croit pas ! Je suis le seul à avoir ce sentiment en le regardant ? C'est extraordinaire, il a la même réaction qu'un comique sur scène quand il est surpris par une répartie dans le public à laquelle il ne s'attendait pas : il sort de son texte, et rit. Ca ne dure qu'un instant, avant qu'il n'entre à nouveau dans son personnage et reprenne sa mise en scène.
Bergame- Persona
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Date d'inscription : 03/09/2007
Re: Le Dictateur
Nul ne peut maintenir la posture en permanence !
Serait-ce que les images en témoignent qui te fasse souci ?
Dans Le nom de la rose :le rire est ce qui corrode tout ...
Serait-ce que les images en témoignent qui te fasse souci ?
Dans Le nom de la rose :le rire est ce qui corrode tout ...
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Soyez patient envers tout ce qui n'est pas résolu dans votre cœur et essayez d'aimer les questions elles-mêmes
lanK- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 458
Date d'inscription : 12/09/2007
Re: Le Dictateur
Je ne sais pas si ça me surprend. Mais je me suis souvent demandé si les dictateurs croyaient vraiment en leurs idéologies et en leur personnage. Cette réaction semble dire que non, en tous cas pour le personnage.
Il se marre comme on se marre devant "Le dictateur" de Chaplin.
Il se marre comme on se marre devant "Le dictateur" de Chaplin.
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Moi- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 19/04/2008
Re: Le Dictateur
Exactement, c'est tout à fait le sentiment que j'ai également : Il se moque de lui-même -et en même temps, des autres. Au moment où il sort de son personnage, il se voit haranguant une foule immense, et ça le fait rire.
C'est exactement ce que cette image me fait penser, oui : Mussolini était conscient du rôle qu'il jouait. Au contraire de Hitler qui, lui, je crois, était vraiment mené par une idée : Hitler est un croyant fanatique. Mais bon, les historiens ont suffisamment développé maintenant les différences de psychologie entre les deux dictateurs.
Je place maintenant ma question à un autre niveau.
En sciences sociales, il existe des débats qui chevauchent les disciplines. En particulier, il en est un qui m'intéresse beaucoup, qui est celui de l'in/commensurabilité des systèmes culturels. En histoire, par exemple, le débat porte sur : Les personnages historiques pensaient-ils la même chose que nous, ou non ?
Et cette question se pose à plusieurs niveaux. Par exemple, elle se pose au niveau des valeurs : Y a-t-il des valeurs que nous partageons avec un homme du Moyen-Age ? Les systèmes axiologiques (qu'il faut alors définir) sont-ils comparables, ou au contraire, incommensurables l'un à l'autre ?
Elle se pose aussi par exemple, au niveau des catégories de la pensée : L'homme du Moyen-Age pense-t-il, réfléchit-il, analyse-t-il à l'aide des mêmes catégories que nous ? Un corollaire de cette question, c'est par exemple de se demander si le progrès scientifique entraine une modification des catégories de la pensée ou non ? Autrement dit encore : Un homme qui pense que le Soleil tourne autour de la Terre, et un homme qui pense que c'est la Terre qui tourne autour du Soleil, voient-ils, appréhendent-ils, pensent-ils le monde, la vie, les autres de la même manière ou non ?
Et alors, ce sont des questionnements que l'on retrouve dans toutes les disciplines sociales : Histoire, sociologie, ethnologie, sciences politiques, linguistique même, au moins d'une certaine manière.
Bref. Mon étonnement devant cette image est celui-ci.
Mussolini, en public, était un sacré guignol. Il y a certaines images (cf donc la 1ère) qui le montrent véritablement dans des postures grotesques. Et en plus, il y a donc d'autres images qui montrent que le costume du comédien laisse parfois passer le jour : Non seulement c'est Guignol, mais en plus, on voit parfois les ficelles.
Est-ce donc seulement moi, ou est-ce qu'il nous serait difficile aujourd'hui d'accorder notre crédit à un tel responsable politique ? Mais est-ce qu'alors, dans les années 30, les hommes pensaient autrement ? Ou est-ce que c'est le fait que nos politiques actuels soient constamment placés sous l'oeil de la caméra qui les incite à des comportements plus policés, plus lisses, plus convaincus ?
C'est exactement ce que cette image me fait penser, oui : Mussolini était conscient du rôle qu'il jouait. Au contraire de Hitler qui, lui, je crois, était vraiment mené par une idée : Hitler est un croyant fanatique. Mais bon, les historiens ont suffisamment développé maintenant les différences de psychologie entre les deux dictateurs.
Je place maintenant ma question à un autre niveau.
En sciences sociales, il existe des débats qui chevauchent les disciplines. En particulier, il en est un qui m'intéresse beaucoup, qui est celui de l'in/commensurabilité des systèmes culturels. En histoire, par exemple, le débat porte sur : Les personnages historiques pensaient-ils la même chose que nous, ou non ?
Et cette question se pose à plusieurs niveaux. Par exemple, elle se pose au niveau des valeurs : Y a-t-il des valeurs que nous partageons avec un homme du Moyen-Age ? Les systèmes axiologiques (qu'il faut alors définir) sont-ils comparables, ou au contraire, incommensurables l'un à l'autre ?
Elle se pose aussi par exemple, au niveau des catégories de la pensée : L'homme du Moyen-Age pense-t-il, réfléchit-il, analyse-t-il à l'aide des mêmes catégories que nous ? Un corollaire de cette question, c'est par exemple de se demander si le progrès scientifique entraine une modification des catégories de la pensée ou non ? Autrement dit encore : Un homme qui pense que le Soleil tourne autour de la Terre, et un homme qui pense que c'est la Terre qui tourne autour du Soleil, voient-ils, appréhendent-ils, pensent-ils le monde, la vie, les autres de la même manière ou non ?
Et alors, ce sont des questionnements que l'on retrouve dans toutes les disciplines sociales : Histoire, sociologie, ethnologie, sciences politiques, linguistique même, au moins d'une certaine manière.
Bref. Mon étonnement devant cette image est celui-ci.
Mussolini, en public, était un sacré guignol. Il y a certaines images (cf donc la 1ère) qui le montrent véritablement dans des postures grotesques. Et en plus, il y a donc d'autres images qui montrent que le costume du comédien laisse parfois passer le jour : Non seulement c'est Guignol, mais en plus, on voit parfois les ficelles.
Est-ce donc seulement moi, ou est-ce qu'il nous serait difficile aujourd'hui d'accorder notre crédit à un tel responsable politique ? Mais est-ce qu'alors, dans les années 30, les hommes pensaient autrement ? Ou est-ce que c'est le fait que nos politiques actuels soient constamment placés sous l'oeil de la caméra qui les incite à des comportements plus policés, plus lisses, plus convaincus ?
Bergame- Persona
- Nombre de messages : 4552
Date d'inscription : 03/09/2007
Re: Le Dictateur
placés sous l'oeil de la caméra qui les incite à des comportements plus policés, plus lisses, plus convaincus ?
chassez le naturel,il revient au galop
Nos commentaires n'ont de validités qu'à postériori.
Nous sommes capables de lire ce qui nous convient qu'au moment oppurtun.
ça doit nous arranger...........
Dernière édition par lanK le Sam 24 Mai 2008 - 16:17, édité 1 fois
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Soyez patient envers tout ce qui n'est pas résolu dans votre cœur et essayez d'aimer les questions elles-mêmes
lanK- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 12/09/2007
Re: Le Dictateur
Digression littéraire :
Je donne quelques passages de La Création du Monde de Miguel Torga, quand il fait un voyage de quelques semaines vers 1930, du Portugal à l'Italie, en passant par l'Espagne en guerre.
Le chapitre en question a été édité (saisi) en 1939 :
"Quant à cette histoire de conquérir l'Angleterre en chantant la Traviata, quelle idée...
Le Duce leur a fait monter le militarisme à la tête"
" Je n'étais certes pas venu ici sans préventions intellectuelles à l'égard du fascisme, mais je trouvais dans la légereté de ses partisans des raisons suffisantes pour le cribler de flèches.
Quelle grandeur pouvait bien avoir un système politique qui déresponsabilisait à ce point les consciences ?"
"- Ce n'est pas un régime, c'est une opérette ! Ce type peut bien faire des autoroutes, des ponts, des stades et tout ce qui est de son bon plaisir, le résultat final sera une catastrophe."
"- Ce qui m'étonne c'est que l'on puisse être insensible à la contradiction flagrante entre le classicisme de cette naturante conciliante et le baroquisme de ces bravaches... Ce n'est pas là un pays de guerriers !"
"Le Duc parlait sur la Piazza di Venezia. Et la foule, de même qu'elle avait autrefois acclamé Néron dans le Colisée, s'électrisait à chaque mot, à chaque geste, à chaque grimace du nouveau César.
- Ce type ne parle pas, il vocifère ! Quel troupeau de moutons !...
[...]
Sur son perchoir, le fou en uniforme orchestrait le délire, avec son bras en guise de baguette."
" Et c'était à des gens doués d'une telle vivacité d'esprit [...] que le prestidigitateur cassait les oreilles et jetait de la poudre aux yeux !
Déjà personne n'y croyait mais tout le monde obéissait encore. Que faire ! Le dictateur savait employer la force qu'on lui avait imprudemment donnée"
La figure du dictateur comédien, on la retrouve aussi chez Brecht :
l'irrésistible Ascension d'Arturo Ui, dans laquelle est à noter la figure du bonimenteur, et le rappel des cours donnés par un acteur à Hitler.
Ainsi que chez Garcia Marquez, notamment dans les Funerailles de la Mama Grande, toujours avec le boniment qui altère l'instance narrative.
Jusqu'à nos jours avec Le dictateur et le hamac de Daniel Pennac qui s'inspire du film Le Dictateur de Chaplin.
Je donne quelques passages de La Création du Monde de Miguel Torga, quand il fait un voyage de quelques semaines vers 1930, du Portugal à l'Italie, en passant par l'Espagne en guerre.
Le chapitre en question a été édité (saisi) en 1939 :
"Quant à cette histoire de conquérir l'Angleterre en chantant la Traviata, quelle idée...
Le Duce leur a fait monter le militarisme à la tête"
" Je n'étais certes pas venu ici sans préventions intellectuelles à l'égard du fascisme, mais je trouvais dans la légereté de ses partisans des raisons suffisantes pour le cribler de flèches.
Quelle grandeur pouvait bien avoir un système politique qui déresponsabilisait à ce point les consciences ?"
"- Ce n'est pas un régime, c'est une opérette ! Ce type peut bien faire des autoroutes, des ponts, des stades et tout ce qui est de son bon plaisir, le résultat final sera une catastrophe."
"- Ce qui m'étonne c'est que l'on puisse être insensible à la contradiction flagrante entre le classicisme de cette naturante conciliante et le baroquisme de ces bravaches... Ce n'est pas là un pays de guerriers !"
"Le Duc parlait sur la Piazza di Venezia. Et la foule, de même qu'elle avait autrefois acclamé Néron dans le Colisée, s'électrisait à chaque mot, à chaque geste, à chaque grimace du nouveau César.
- Ce type ne parle pas, il vocifère ! Quel troupeau de moutons !...
[...]
Sur son perchoir, le fou en uniforme orchestrait le délire, avec son bras en guise de baguette."
" Et c'était à des gens doués d'une telle vivacité d'esprit [...] que le prestidigitateur cassait les oreilles et jetait de la poudre aux yeux !
CREDERE, OBBEDIRE...
Déjà personne n'y croyait mais tout le monde obéissait encore. Que faire ! Le dictateur savait employer la force qu'on lui avait imprudemment donnée"
La figure du dictateur comédien, on la retrouve aussi chez Brecht :
l'irrésistible Ascension d'Arturo Ui, dans laquelle est à noter la figure du bonimenteur, et le rappel des cours donnés par un acteur à Hitler.
Ainsi que chez Garcia Marquez, notamment dans les Funerailles de la Mama Grande, toujours avec le boniment qui altère l'instance narrative.
Jusqu'à nos jours avec Le dictateur et le hamac de Daniel Pennac qui s'inspire du film Le Dictateur de Chaplin.
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L'effet dévore la cause, la fin en a absorbé le moyen.
Paul Valéry, Poésie et pensées abstraites
(cité par Herbert Marcuse, in L'homme unidimensionnel)
hks : On le sait bien, une fois que un tel est parti (faché) on se retrouve seuls comme des imbéciles.
Re: Le Dictateur
Dommage les videos ne s'ouvrent plus.
Le fil est peut être très ancien.
Comme je l'ai dit plusieurs fois, sur mon mac les dates ( l'année) des messages ne parait pas.( j 'ai donc : par Bergame le Mar 5 Fév - 13:17
et c"est tout
Le fil est peut être très ancien.
Comme je l'ai dit plusieurs fois, sur mon mac les dates ( l'année) des messages ne parait pas.( j 'ai donc : par Bergame le Mar 5 Fév - 13:17
et c"est tout
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Le Dictateur
Tiens, c'est drôle, j'ai parfois eu le même problème que le vôtre, hks... En tout cas, je n'ai pas les années sur Liberté Philo (mais c'est peut-être le forum lui-même qui l'a choisi).
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Le vent se lève, il faut tenter de vivre (Valéry)
For the night is long that never finds the day (Macbeth)
Rêveur- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 24/03/2014
Re: Le Dictateur
Rêveur a écrit:Tiens, c'est drôle, j'ai parfois eu le même problème que le vôtre, hks... En tout cas, je n'ai pas les années sur Liberté Philo (mais c'est peut-être le forum lui-même qui l'a choisi).
Non, déjà dit, j'ai la date, je copie/colle : par Rêveur le Mer 4 Mar 2015 - 20:59
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C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
" Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
neopilina- Digressi(f/ve)
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