L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
+12
aliochaverkiev
benfifi
toniov
kercoz
Bergame
denis_h
jean tardieu
Jans
baptiste
hks
Crosswind
maraud
16 participants
DIGRESSION :: Philosophie :: Modernes :: Spinoza
Page 35 sur 37
Page 35 sur 37 • 1 ... 19 ... 34, 35, 36, 37
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
Je continue la réflexion sur les notions d’intériorité et de Dieu intérieur de l’Évangile entamée dans mon post précédent.
La notion d’intériorité permet de comprendre que la tristesse puisse coexister avec la béatitude, à l’image de la mer agitée en surface mais calme en profondeur.
Dans Spinoza Union et Désunion – Vrin 2011 :
Une tristesse éprouvée en surface pousse à gagner la profondeur où règne la béatitude, c’est-à-dire l’amour éternel de Dieu.
Cette expérience se transpose aisément au recours à Dieu préconisé par François d’Assise
S’agissant d’un recours au Dieu intérieur de l’Évangile, « prier et demeurer en présence du Père », consistera, ici aussi, à se mettre en présence de Dieu, c’est-à-dire de « la Présence libératrice au-dedans de nous-mêmes et à partir de laquelle, ou en la rencontre de laquelle, notre vie jaillit, mais du dedans, comme une source infinie » (Zundel).
La notion d’intériorité permet de comprendre que la tristesse puisse coexister avec la béatitude, à l’image de la mer agitée en surface mais calme en profondeur.
Dans Spinoza Union et Désunion – Vrin 2011 :
Pascal Sévérac a écrit: La béatitude est satisfaction de l’esprit, jouissance de perfection, réjouissance de son union avec Dieu ; elle ne saurait donc être, en elle-même, diminution de puissance, passion de tristesse. Mais si nous la comprenons dans l’unité concrète de la durée et de l’éternité, la béatitude peut alors se concevoir comme contemporaine d’une tristesse, puisque pour diminuer en perfection, il faut en être doté : s’il est possible de jouir de sa perfection en même temps qu’on en perd, alors on peut être béat et triste à la fois. Cette béatitude est alors vécue comme un pôle de résistance à tout amoindrissement de la vie en soi : amour envers Dieu, elle affirme la puissance infinie du réel en notre être singulier. Bien plus, amour de notre esprit pour Dieu, la béatitude se comprend et se vit comme participation à l’amour infini que Dieu se porte à lui-même. Le réel, en toutes ses dimensions, pensée et matière à la fois, est aussi affect, c’est-à-dire puissance d’amour éternel et infini dont tout être vivant, à la mesure de son esprit et de sa conscience, fait l’expérience. (p. 252)
Une tristesse éprouvée en surface pousse à gagner la profondeur où règne la béatitude, c’est-à-dire l’amour éternel de Dieu.
Cette expérience se transpose aisément au recours à Dieu préconisé par François d’Assise
Thomas de Celano (Vita secunda) a écrit:
Aussi le saint [François d’Assise] s'appliquait-il à vivre toujours dans la joie du cœur, à conserver l'onction de l'esprit et l'huile de l'allégresse. Il évitait avec le plus grand soin cette maladie si funeste de la mélancolie, et quand il s'apercevait qu'elle commençait à s'infiltrer dans son âme, il recourait bien vite à la prière. Il disait encore : « Lorsqu'un serviteur de Dieu ressent un trouble quelconque, comme cela peut arriver, il doit sur-le-champ se lever, prier et demeurer en présence du Père jusqu'à ce qu'il lui ait rendu sa joie salutaire. »
S’agissant d’un recours au Dieu intérieur de l’Évangile, « prier et demeurer en présence du Père », consistera, ici aussi, à se mettre en présence de Dieu, c’est-à-dire de « la Présence libératrice au-dedans de nous-mêmes et à partir de laquelle, ou en la rencontre de laquelle, notre vie jaillit, mais du dedans, comme une source infinie » (Zundel).
Vanleers- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 3510
Date d'inscription : 15/01/2017
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
Vanleers a écrit:Je continue la réflexion sur les notions d’intériorité et de Dieu intérieur de l’Évangile entamée dans mon post précédent.
Et moi je continue à te dire qu'en rapprochant le Dieu de Spinoza au Dieu de l'évangile, que ce soit par l'intermédiaire d'une intériorité ou de ce que tu voudras, hé bien tu te trompes.
Comme se trompe Pascal Sévérac en sortant que « La béatitude est satisfaction de l’esprit, jouissance de perfection, réjouissance de son union avec Dieu» en s'imaginant cerner la pensée de Spinoza !
Le Dieu de Spinoza, ce n'est pas un Dieu avec qui on s'unit.
Le Dieu de Spinoza, c'est le Dieu que tu es en toi et que je suis en moi et que tout le monde est en lui et que tout l'univers est en soi, choses qui se manifestent simultanément par l'Être et le Devenir du Tout ...
Ton erreur est nécessaire à ta vie, et c'est la meilleure raison qui me fera dire que je te comprends, malgré les possibles apparences ...
.
Omer Desseres- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 229
Date d'inscription : 26/04/2023
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
Avec Thomas de Celano, nous avons vu que, pour François d’Assise, l’homme doit toujours s’efforcer de vivre dans la joie spirituelle.
Cet objectif est repris par Ignace de Loyola qui base ses Exercices sur la recherche de la consolation spirituelle : allégresse intérieure accordée gratuitement par Dieu.
Loin des querelles métaphysiques ou théologico-politiques, il appert que le christianisme est, tout simplement, un art de vivre dans la joie spirituelle, tout comme l’Ethique de Spinoza est, en son sommet, un art de vivre dans la béatitude.
Pour ces auteurs, chacun doit défendre sa joie de vivre, certes sans agressivité, ce qui ruinerait la joie, mais fermement, par exemple en rompant toute communication avec des personnalités toxiques (pervers narcissiques).
Cet objectif est repris par Ignace de Loyola qui base ses Exercices sur la recherche de la consolation spirituelle : allégresse intérieure accordée gratuitement par Dieu.
Loin des querelles métaphysiques ou théologico-politiques, il appert que le christianisme est, tout simplement, un art de vivre dans la joie spirituelle, tout comme l’Ethique de Spinoza est, en son sommet, un art de vivre dans la béatitude.
Pour ces auteurs, chacun doit défendre sa joie de vivre, certes sans agressivité, ce qui ruinerait la joie, mais fermement, par exemple en rompant toute communication avec des personnalités toxiques (pervers narcissiques).
Vanleers- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 3510
Date d'inscription : 15/01/2017
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
Vanleers a écrit: chacun doit défendre sa joie de vivre, certes sans agressivité, ce qui ruinerait la joie, mais fermement, par exemple en rompant toute communication avec des personnalités toxiques (pervers narcissiques).
Celle-là, je l'aime bien, car elle s'applique à tous les divorces qui pullulent partout dans le monde malgré les mariages devant Dieu et les hommes ...
Mais elle ne s'applique pas à la pensée matérialiste et donc scientifique qui menace de cerner toutes les erreurs commises non pas à cause de la foi, qui n'intéresse pas les penseurs matérialistes et scientifiques comme ton serviteur, et qui ne s'applique en conséquence que dans le traitement de l'histoire, rien que dans le traitement de l'histoire.
Et c'est sur le plan du traitement de l'histoire que tu mélanges tout en ne retenant que ce qui t'arranges pour vivre ta foi personnelle et ta joie tout aussi personnelle...
Or, il me semble qu'en exposant publiquement ta foi et ta joie tout en communiquant donc à tous la sélection de tout ce qui t'arranges dans ta vie intime et donc dans une spiritualité dont tu es certes le propriétaire incontestable, tu commets l'erreur de ne pas vivre ta foi et ta joie dans un monastère.
(Bien à l'abris des personnalités toxiques, perverses et narcissiques.)
.
Omer Desseres- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 229
Date d'inscription : 26/04/2023
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
Dans le prolongement de mon post précédent dans lequel j’ai écrit que le christianisme était un art de vivre dans la joie spirituelle, je cite un texte attribué à François d’Assise.
Croyant ou incroyant en Dieu, chacun peut y trouver les bases d’une éthique de la joie.
Je trouve un écho de ce texte dans la maxime de Spinoza :
« Seulement comprendre », c’est-à-dire faire preuve d’intelligence : « voir au-delà des apparences, fermer ses oreilles à toute calomnie, garder sa langue de toute malveillance, n’avoir que des pensées qui bénissent ».
François d’Assise a écrit:Seigneur, dans le silence de ce jour naissant,
Je viens Te demander la paix, la sagesse, la force.
Je veux regarder aujourd’hui le monde
avec des yeux tout remplis d’amour ;
Être patient, compréhensif, doux et sage ;
Voir au-delà des apparences
Tes enfants comme Tu les vois Toi-même,
et ainsi ne voir que le bien en chacun.
Ferme mes oreilles à toute calomnie ;
Garde ma langue de toute malveillance ;
Que seules les pensées qui bénissent
demeurent en mon esprit ;
Que je sois si bienveillant et si joyeux
que tous ceux qui m’approchent sentent Ta Présence.
Revêts-moi de Ta beauté, Seigneur,
et qu’au long de ce jour je Te révèle.
Amen
Croyant ou incroyant en Dieu, chacun peut y trouver les bases d’une éthique de la joie.
Je trouve un écho de ce texte dans la maxime de Spinoza :
Spinoza a écrit:Non ridere, non lugere neque detestari, sed intelligere, « Ne pas ricaner, ne pas déplorer, encore moins maudire, mais seulement comprendre ». (Traité politique I 4)
« Seulement comprendre », c’est-à-dire faire preuve d’intelligence : « voir au-delà des apparences, fermer ses oreilles à toute calomnie, garder sa langue de toute malveillance, n’avoir que des pensées qui bénissent ».
Vanleers- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 3510
Date d'inscription : 15/01/2017
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
François d’Assise a écrit:Seigneur [..]
Tout matérialiste radical et athée n'est concerné ni par le Dieu ni par le Seigneur du christianisme, même sous la forme pensée et exprimée par le très sympathique François d’Assise.
Spinoza a écrit:Ne pas ricaner, ne pas déplorer, encore moins maudire, mais seulement comprendre
Cette parole de Spinoza est accrochée au portique intellectuel de la Science moderne. Tout matérialiste radical et athée adhère avec sincérité à toute les pensées et déclarations de Spinoza (qui sont toutes exprimées sans aucune allusion ni au Dieu ni au Seigneur du christianisme).
Je trouve inconvenant une quelconque association entre le Dieu/Seigneur chrétien et toute pensée de Spinoza. Il faut complètement ignorer le fond de la pensée de Spinoza pour procéder à une telle association.
.
Omer Desseres- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 229
Date d'inscription : 26/04/2023
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
Je reviens à une phrase du texte de François d’Assise de mon post précédent qui souligne l’importance de la joie :
« Que je sois si bienveillant et si joyeux
que tous ceux qui m’approchent sentent Ta Présence. »
Ignace de Loyola a cette maxime :
« Chercher et trouver Dieu en toutes choses »
Je la transpose en une règle de vie pratique : « Chercher la joie en toutes choses ».
La joie est une boussole, la « force majeure », écrit Clément Rosset, le « signe que notre destination est atteinte » (Bergson – L’Énergie Spirituelle).
Avec la joie, nous sommes arrivés à destination, à Dieu dira le croyant.
« Chercher la joie en toutes choses » : les Grecs l’avaient déjà compris, notamment la philosophie hellénistique qui mit au point des exercices spirituels allant dans ce sens (cf. Exercices spirituels et philosophie antique de Pierre Hadot)
« Que je sois si bienveillant et si joyeux
que tous ceux qui m’approchent sentent Ta Présence. »
Ignace de Loyola a cette maxime :
« Chercher et trouver Dieu en toutes choses »
Je la transpose en une règle de vie pratique : « Chercher la joie en toutes choses ».
La joie est une boussole, la « force majeure », écrit Clément Rosset, le « signe que notre destination est atteinte » (Bergson – L’Énergie Spirituelle).
Avec la joie, nous sommes arrivés à destination, à Dieu dira le croyant.
« Chercher la joie en toutes choses » : les Grecs l’avaient déjà compris, notamment la philosophie hellénistique qui mit au point des exercices spirituels allant dans ce sens (cf. Exercices spirituels et philosophie antique de Pierre Hadot)
Vanleers- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 3510
Date d'inscription : 15/01/2017
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
Je trouve qu’il y a une certaine communauté de vue entre les polémistes ici. La communauté est celle-ci : le but de la vie c’est de se trouver dans un certain « état » d’âme. Il me semble qu’il s’agit ici de la joie. S’il y a conflit entre les intervenants c’est à propos des moyens. Les moyens c’est soit le Dieu des Hébreux, soit le Dieu des chrétiens, soit l’athéisme , soit le stoïcisme des Grecs…Bref il y a un accord de fond entre les adversaires : ce que nous devons rechercher c’est un état d’âme permanent, la joie, peut être la quiétude, peut être la jouissance… Tout cela renvoie à la notion de bonheur.
aliochaverkiev- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 167
Date d'inscription : 24/06/2017
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
Si ce que vous dites est vrai, je ne peux que m’en réjouir.
Chacun va au bonheur comme le fleuve va à la mer jusqu’à un delta où il dépose ses alluvions dans un réseau de chenaux anastomosés.
Chacun va à la mer par sa propre voie mais tous vont à la mer.
Chacun va au bonheur comme le fleuve va à la mer jusqu’à un delta où il dépose ses alluvions dans un réseau de chenaux anastomosés.
Chacun va à la mer par sa propre voie mais tous vont à la mer.
Vanleers- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 3510
Date d'inscription : 15/01/2017
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
.
Ce qui je pense me différencie avec ceux qui émettent leur besoin, voire leur avidité de joie et de bonheur, c'est que je ne suis certainement pas attiré par un tel besoin, par une telle avidité.
Mais si par une combinaison étroite du fonctionnement de ma corporéité la joie et le bonheur me tombent dessus, tant mieux, mais ça ne me fera ni chaud ni froid.
Je ne cherche même pas un sens à ma vie, ni à celle de tout être vivant, d'ailleurs. Le soucis existentiel exprimé par quelque intellect ne me concerne pas.
Par contre, ma corporéité, c'est-à-dire mon corps/esprit, elle se régale de l'action consistant à créer toute forme d'art qui me passe par la tête et le corps.
Je n'inviterai personne à consulter les pensées, les écrits, la vie et les actions de ceux qui ont fondé l'épanouissement, la sérénité et le constant éveil des sens au contact de la nature, de notre nature à tous, grâce à la création artistique. Je n'inviterai personne, car je sais que, passé un certain amoncellement de connaissances, personne n'est plus capable de comprendre ce que dit l'autre et encore moins ce qu'il pense.
Bien sûr, il y a des accointances d'être et de devenir. il est par exemple évident que vous, aliochaverkiev et Vanleers vivez sur une planète, dans un monde, au sein d'un environnement particulier, mais très différents du mien. La matérialité scientifique, artistique, philosophique et athée du monde dans lequel je vis, ce n'est certainement pas la vôtre, qui mérite néanmoins le respect même dans les joutes célébrant l'affrontement que l'on trouve partout dans la nature naturante et naturée, y compris sur les attributs que constitue ce forum ...
Cela dit, la matérialité scientifique et athée sait parfaitement ce qui est réfutable et surtout réfutée dans tout ce qui fait non seulement sa propre matérialité scientifique et athée, mais aussi dans ce qui fait l'intellection de toute idée émergeant du monde de la pensée se pensant elle-même sans le contact de l'empirisme.
Bien le bonjour à vous deux.
De mon côté je vais tenter de produire au piano le prélude en do majeur du camarade Bach, mais en réglant la sonorité de mon Yamaha sur l'instrument «clavecin» pour tenter de rejouer ce prélude à la façon de Scott Ross ... Puis je vais aller chez un fabricant de blocs de béton pour me renseigner sur la résistance d'un mur de soutènement que je compte intégrer à une œuvre architecturale et paysagère qui me court par la tête ... Ensuite je vais poursuivre la peinture à l'huile de quatre tableaux, dont les thèmes seront
«l'eau et les rêves»,
«l'air et les songes»,
«les rêveries de la terre»
et «la psychanalyse du feu» ...
Arrivederci, bambini ...
.
Ce qui je pense me différencie avec ceux qui émettent leur besoin, voire leur avidité de joie et de bonheur, c'est que je ne suis certainement pas attiré par un tel besoin, par une telle avidité.
Mais si par une combinaison étroite du fonctionnement de ma corporéité la joie et le bonheur me tombent dessus, tant mieux, mais ça ne me fera ni chaud ni froid.
Je ne cherche même pas un sens à ma vie, ni à celle de tout être vivant, d'ailleurs. Le soucis existentiel exprimé par quelque intellect ne me concerne pas.
Par contre, ma corporéité, c'est-à-dire mon corps/esprit, elle se régale de l'action consistant à créer toute forme d'art qui me passe par la tête et le corps.
Je n'inviterai personne à consulter les pensées, les écrits, la vie et les actions de ceux qui ont fondé l'épanouissement, la sérénité et le constant éveil des sens au contact de la nature, de notre nature à tous, grâce à la création artistique. Je n'inviterai personne, car je sais que, passé un certain amoncellement de connaissances, personne n'est plus capable de comprendre ce que dit l'autre et encore moins ce qu'il pense.
Bien sûr, il y a des accointances d'être et de devenir. il est par exemple évident que vous, aliochaverkiev et Vanleers vivez sur une planète, dans un monde, au sein d'un environnement particulier, mais très différents du mien. La matérialité scientifique, artistique, philosophique et athée du monde dans lequel je vis, ce n'est certainement pas la vôtre, qui mérite néanmoins le respect même dans les joutes célébrant l'affrontement que l'on trouve partout dans la nature naturante et naturée, y compris sur les attributs que constitue ce forum ...
Cela dit, la matérialité scientifique et athée sait parfaitement ce qui est réfutable et surtout réfutée dans tout ce qui fait non seulement sa propre matérialité scientifique et athée, mais aussi dans ce qui fait l'intellection de toute idée émergeant du monde de la pensée se pensant elle-même sans le contact de l'empirisme.
Bien le bonjour à vous deux.
De mon côté je vais tenter de produire au piano le prélude en do majeur du camarade Bach, mais en réglant la sonorité de mon Yamaha sur l'instrument «clavecin» pour tenter de rejouer ce prélude à la façon de Scott Ross ... Puis je vais aller chez un fabricant de blocs de béton pour me renseigner sur la résistance d'un mur de soutènement que je compte intégrer à une œuvre architecturale et paysagère qui me court par la tête ... Ensuite je vais poursuivre la peinture à l'huile de quatre tableaux, dont les thèmes seront
«l'eau et les rêves»,
«l'air et les songes»,
«les rêveries de la terre»
et «la psychanalyse du feu» ...
Arrivederci, bambini ...
.
Omer Desseres- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 229
Date d'inscription : 26/04/2023
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
Sur le modèle de la maxime d’Ignace de Loyola : « Chercher et trouver Dieu en toutes choses », j’ai proposé la règle de vie pratique : « Chercher la joie en toutes choses ».
De quelle joie s’agit-il ?
De la joie intérieure que Spinoza appelle « béatitude ».
Spinoza en donne une définition au chapitre 4 de l'Appendice de la partie IV de l'Ethique comme "la satisfaction même de l'âme (animi acquiescentia) qui naît de la connaissance intuitive de Dieu"
Le terme acquiescentia a été introduit dans la partie III par la notion d'acquiescentia in se ipso :
Toutefois, Pierre Macherey traduit acquiescentia in se ipso par « assurance en soi-même ».
Peut-on garder cette traduction à propos de la béatitude ? Comment comprendre « soi-même » dans ce cas ?
Je reprends ici la notion d’« ego divin » que Lytta Basset, théologienne protestante, introduit dans son livre : Faire face à la perversion – Albin Michel 2019.
L’assurance en soi-même devient, dans la béatitude, l’assurance dans l’ego divin qui renvoie au Dieu intérieur (cf. saint Augustin), à l’Autre en chaque homme.
Cette notion d’ego divin éclaire une remarque de Pascal Sévérac déjà citée :
L’ego divin, c’est le pôle de résistance qui s’oppose à la perversion comme le montre Lytta Basset et qu’elle illustre par le cas de Jésus qui du constamment faire face à des manœuvres perverses.
De quelle joie s’agit-il ?
De la joie intérieure que Spinoza appelle « béatitude ».
Spinoza en donne une définition au chapitre 4 de l'Appendice de la partie IV de l'Ethique comme "la satisfaction même de l'âme (animi acquiescentia) qui naît de la connaissance intuitive de Dieu"
Le terme acquiescentia a été introduit dans la partie III par la notion d'acquiescentia in se ipso :
Spinoza a écrit:La Satisfaction de soi [acquiescentia in se ipso] est une Joie née de ce qu'un homme se contemple lui-même ainsi que sa puissance d'agir. (E III déf. aff. 25)
Toutefois, Pierre Macherey traduit acquiescentia in se ipso par « assurance en soi-même ».
Peut-on garder cette traduction à propos de la béatitude ? Comment comprendre « soi-même » dans ce cas ?
Je reprends ici la notion d’« ego divin » que Lytta Basset, théologienne protestante, introduit dans son livre : Faire face à la perversion – Albin Michel 2019.
L’assurance en soi-même devient, dans la béatitude, l’assurance dans l’ego divin qui renvoie au Dieu intérieur (cf. saint Augustin), à l’Autre en chaque homme.
Cette notion d’ego divin éclaire une remarque de Pascal Sévérac déjà citée :
Pascal Sévérac a écrit: Cette béatitude est alors vécue comme un pôle de résistance à tout amoindrissement de la vie en soi : amour envers Dieu, elle affirme la puissance infinie du réel en notre être singulier.
L’ego divin, c’est le pôle de résistance qui s’oppose à la perversion comme le montre Lytta Basset et qu’elle illustre par le cas de Jésus qui du constamment faire face à des manœuvres perverses.
Vanleers- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 3510
Date d'inscription : 15/01/2017
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
.
«La Satisfaction de soi est une Joie née de ce qu'un homme se contemple lui-même ainsi que sa puissance d'agir.»
Hier, une heure de piano et la maquette de l'«eau et les rêves» préalable à l'œuvre définitive ont déclenché en moi une satisfaction et une joie qui me sont tombées dessus sans que j'en fasse une affaire d'état.
Ma Nature Naturante se Nature comme je respire.
«Cette béatitude est alors vécue comme un pôle de résistance à tout amoindrissement de la vie en soi : amour envers Dieu, elle affirme la puissance infinie du réel en notre être singulier.»
Je ne me vois aucune béatitude ni aucun amour de Dieu commander l'expansion de la vie tout en affirmant la puissance infinie du réel en mon être singulier.
Je participe à l'expansion de la vie en affirmant la puissance infinie du réel en mon être singulier lorsque je rédige sur ce forum le moindre accord ou la moindre contradiction face à la pensée de qui que ce soit ...
.
«La Satisfaction de soi est une Joie née de ce qu'un homme se contemple lui-même ainsi que sa puissance d'agir.»
Hier, une heure de piano et la maquette de l'«eau et les rêves» préalable à l'œuvre définitive ont déclenché en moi une satisfaction et une joie qui me sont tombées dessus sans que j'en fasse une affaire d'état.
Ma Nature Naturante se Nature comme je respire.
«Cette béatitude est alors vécue comme un pôle de résistance à tout amoindrissement de la vie en soi : amour envers Dieu, elle affirme la puissance infinie du réel en notre être singulier.»
Je ne me vois aucune béatitude ni aucun amour de Dieu commander l'expansion de la vie tout en affirmant la puissance infinie du réel en mon être singulier.
Je participe à l'expansion de la vie en affirmant la puissance infinie du réel en mon être singulier lorsque je rédige sur ce forum le moindre accord ou la moindre contradiction face à la pensée de qui que ce soit ...
.
Omer Desseres- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 229
Date d'inscription : 26/04/2023
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
Je reviens à la notion d’« ego divin » introduite par la théologienne protestante Lytta Basset.
Avoir en moi cet ego divin, dit-elle, me rend pleinement « auteur » de mes choix, me donne l’autorité de faire tel ou tel choix (cf. op. cit. p. 369).
Enraciné dans son ego divin, un homme ne s’autorise que de lui-même, il vit en seigneur.
Ne s’autoriser que de soi-même donne une joie intérieure que Spinoza appelle « béatitude » : joie ontologique, joie d’être, joie d’être éternel car « nous sentons et nous expérimentons que nous sommes éternels » (Ethique V 23 sc.)
Avoir en moi cet ego divin, dit-elle, me rend pleinement « auteur » de mes choix, me donne l’autorité de faire tel ou tel choix (cf. op. cit. p. 369).
Enraciné dans son ego divin, un homme ne s’autorise que de lui-même, il vit en seigneur.
Ne s’autoriser que de soi-même donne une joie intérieure que Spinoza appelle « béatitude » : joie ontologique, joie d’être, joie d’être éternel car « nous sentons et nous expérimentons que nous sommes éternels » (Ethique V 23 sc.)
Dernière édition par Vanleers le Dim 21 Mai 2023 - 21:02, édité 1 fois
Vanleers- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 3510
Date d'inscription : 15/01/2017
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
Vanleers a écrit:Je reviens à la notion d’« ego divin » introduite par la théologienne protestante Lytta Basset.
Avoir en moi cet ego divin, dit-elle, me rend pleinement « auteur » de mes choix, me donne l’autorité de faire tel ou tel choix (cf. op. cit. p. 369).
Enraciné dans son ego divin, un homme ne s’autorise que de lui-même, il vit en seigneur.
Ne s’autoriser que de soi-même donne une joie intérieure que Spinoza appelle « béatitude » : joie ontologique, joie d’être, joie d’être éternel car « nous sentons et nous expérimentons que vous somme éternels » (Ethique V 23 sc.)
Lorsqu'on sait ce qu'est le DÉTERMISME spinozien et que la LIBERTÉ spinozienne ne permet pas d'imaginer qu'on est l'auteur de ses propres choix mais consiste à ADHÉRER à son propre déterminisme, il faut avoir du courage plein le chapeau des montreurs d'illusions pour s'imaginer que l'éternité spinozienne peut justifier le premier petit libre arbitre prononcé par le premier petit discours théologien venu.
.
Omer Desseres- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 229
Date d'inscription : 26/04/2023
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
Dans Gaudete et exsultate, « exhortation apostolique sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel », publiée en 2018, le pape François associe la joie chrétienne au sens de l’humour :
https://www.orleans.catholique.fr/images/aller-plus-loin/gaudete-et-exsultate.pdf
Bienheureux ceux qui sont capables de vivre joyeux et avec le sens de l’humour.
Le pape François a écrit:122. Ce qui a été dit jusqu’à présent n’implique pas un esprit inhibé, triste, aigri, mélancolique ou un profil bas amorphe. Le saint est capable de vivre joyeux et avec le sens de l’humour. Sans perdre le réalisme, il éclaire les autres avec un esprit positif et rempli d’espérance. Être chrétien est « joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14, 17), parce que « l’amour de charité entraîne nécessairement la joie. Toujours celui qui aime se réjouit d’être uni à l’aimé (...). C’est pourquoi la joie est conséquence de la charité » (99). Nous avons reçu la merveille de sa Parole et nous l’embrassons « parmi bien des tribulations, avec la joie de l’Esprit Saint » (1 Th 1, 6). Si nous laissons le Seigneur nous sortir de notre carapace et nous changer la vie, alors nous pourrons réaliser ce que demandait saint Paul : « Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je le dis encore, réjouissez-vous » (Ph 4, 4).
[...]
126. Ordinairement, la joie chrétienne est accompagnée du sens de l’humour, si remarquable, par exemple, chez saint Thomas More, chez saint Vincent de Paul ou chez saint Philippe Néri. La mauvaise humeur n’est pas un signe de sainteté : « Éloigne de ton cœur le chagrin » (Qo 11, 10). Ce que nous recevons du Seigneur « afin d’en jouir » (1 Tm 6, 17) est tel que parfois la tristesse frise l’ingratitude de notre part, frise le repli sur nous-mêmes au point que nous sommes incapables de reconnaître les dons de Dieu (101).
https://www.orleans.catholique.fr/images/aller-plus-loin/gaudete-et-exsultate.pdf
Bienheureux ceux qui sont capables de vivre joyeux et avec le sens de l’humour.
Vanleers- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 3510
Date d'inscription : 15/01/2017
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
Vanleers a écrit:Dans Gaudete et exsultate, « exhortation apostolique sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel », publiée en 2018, le pape François associe la joie chrétienne au sens de l’humour :Le pape François a écrit:122. Ce qui a été dit jusqu’à présent n’implique pas un esprit inhibé, triste, aigri, mélancolique ou un profil bas amorphe. Le saint est capable de vivre joyeux et avec le sens de l’humour. Sans perdre le réalisme, il éclaire les autres avec un esprit positif et rempli d’espérance. Être chrétien est « joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14, 17), parce que « l’amour de charité entraîne nécessairement la joie. Toujours celui qui aime se réjouit d’être uni à l’aimé (...). C’est pourquoi la joie est conséquence de la charité » (99). Nous avons reçu la merveille de sa Parole et nous l’embrassons « parmi bien des tribulations, avec la joie de l’Esprit Saint » (1 Th 1, 6). Si nous laissons le Seigneur nous sortir de notre carapace et nous changer la vie, alors nous pourrons réaliser ce que demandait saint Paul : « Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je le dis encore, réjouissez-vous » (Ph 4, 4).
[...]
126. Ordinairement, la joie chrétienne est accompagnée du sens de l’humour, si remarquable, par exemple, chez saint Thomas More, chez saint Vincent de Paul ou chez saint Philippe Néri. La mauvaise humeur n’est pas un signe de sainteté : « Éloigne de ton cœur le chagrin » (Qo 11, 10). Ce que nous recevons du Seigneur « afin d’en jouir » (1 Tm 6, 17) est tel que parfois la tristesse frise l’ingratitude de notre part, frise le repli sur nous-mêmes au point que nous sommes incapables de reconnaître les dons de Dieu (101).
https://www.orleans.catholique.fr/images/aller-plus-loin/gaudete-et-exsultate.pdf
Bienheureux ceux qui sont capables de vivre joyeux et avec le sens de l’humour.
Ceux qui sont à envier littéralement sur le plan de la félicité la mieux ancrée en leur âme, ce sont ceux qui vivent sans l'avis d'un saint ni d'un pape tout en pratiquant l'humour comme ils respirent.
.
Omer Desseres- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 229
Date d'inscription : 26/04/2023
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
Omer Desseres a écrit:Lorsqu'on sait ce qu'est le DÉTERMISME spinozien et que la LIBERTÉ spinozienne ne permet pas d'imaginer qu'on est l'auteur de ses propres choix mais consiste à ADHÉRER à son propre déterminisme, il faut avoir du courage plein le chapeau des montreurs d'illusions pour s'imaginer que l'éternité spinozienne peut justifier le premier petit libre arbitre prononcé par le premier petit discours théologien venu.
à Vanleers,
Là où le bas blesse. Je ne lis pas Spinoza (sauf sa lettre sur l'infini, à Meyer, XII, très utile à ce sujet). Mais depuis des années, je lis hks et toi, deux spinozistes notoires. Tout ce que je sais de Spinoza, je le tiens de vous deux. Et donc à cette aune, je suis d'accord avec la remarque de Victor-Emmanuel-Omer. C'est ton droit le plus élémentaire d'opter pour le ou les chemins proposés par les Evangiles (je suis comme Nietzsche ici : j'aime bien Jésus, je n'aime pas l'Eglise catholique, apostolique et romaine, que je connais bien, par expérience personnelle), Ignace. Mais lier le Dieu tel que décrit par Spinoza et celui des Evangiles, d'Ignace, ça ne va pas être possible (toute précaution oratoire prise, eut égard à ce que je sais du discours de Spinoza, qui est donc de seconde main, tout à fait).
_________________
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
" Tout Étant est à la fois a priori Donné (c'est, il est, et ça suffit pour commencer) et Suspect, parce que Mien (c'est, ça existe, par, via et pour Moi) ", " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
neopilina- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 7511
Date d'inscription : 31/10/2009
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
neopilina a écrit: Mais lier le Dieu tel que décrit par Spinoza et celui des Evangiles, d'Ignace, ça ne va pas être possible
C’est bien votre droit de juger ainsi mais, moi, je fais l’expérience qu’il est intéressant de confronter le Dieu de Spinoza et le Dieu de l’Évangile.
Cette confrontation est une méthode heuristique qui ne doit être jugée qu’au regard de sa fécondité et, pour ma part, je la trouve très féconde.
Vanleers- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 3510
Date d'inscription : 15/01/2017
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
Vanleers a écrit:neopilina a écrit: Mais lier le Dieu tel que décrit par Spinoza et celui des Evangiles, d'Ignace, ça ne va pas être possible
C’est bien votre droit de juger ainsi mais, moi, je fais l’expérience qu’il est intéressant de confronter le Dieu de Spinoza et le Dieu de l’Évangile.
Cette confrontation est une méthode heuristique qui ne doit être jugée qu’au regard de sa fécondité et, pour ma part, je la trouve très féconde.
La méthode heuristique a pour objectif d'établir des données permettant de lier entre eux des éléments auxquels une telle possibilité de liaison est décrétée de façon dictatoriale quelle que soit la nature ou l'essence de ces éléments. Cette méthode permet de traiter trop de flous, trop d'incertitudes, trop de possibilités d'erreur pour être acceptée de manière incontestable.
Ton erreur, c'est de prendre la méthode heuristique pour justifier l'erreur consistant à faire dire à Spinoza exactement le contraire de ce que dit Spinoza.
Tu ne peux pas appliquer la méthode heuristique pour établir une passerelle entre, d'une part, la déclaration d'une théologienne affirmant qu'elle a en elle cet ego divin qui la rend pleinement auteur de ces choix et qui lui donne l’autorité de faire tel ou tel choix, et d'autre part la déclaration de Spinoza qui affirme que personne n'a la moindre possibilité de faire le moindre choix de toute sa vie.
Ce n'est certainement pas le fait expliqué par Spinoza que nous sentons et expérimentons que nous sommes éternel qui procure la liberté de faire le moindre choix, tel que l'explique Spinoza aussi.
La seule liberté dont parle Spinoza, c'est celle de ne pas contester le fait que tout choix est impossible à quiconque et de plutôt accepter sans discuter mais en adhérant volontiers à ce fait incontestable du choix impossible à tous, même à toi ...
.
Omer Desseres- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 229
Date d'inscription : 26/04/2023
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
Il me semble qu'il y a un angle d'attaque intéressant : il se trouve que Baruch, Benoit, Spinoza, s'est converti au christianisme. Je ne suis pas de ceux qui collectionnent les biographies de Spinoza. Un petit mot de nos deux spécialistes à ce sujet ? Comment il s'en arrange, l'explique, le motive, l'articule, lui ?
_________________
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
" Tout Étant est à la fois a priori Donné (c'est, il est, et ça suffit pour commencer) et Suspect, parce que Mien (c'est, ça existe, par, via et pour Moi) ", " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
neopilina- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 7511
Date d'inscription : 31/10/2009
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
Nous avons vu dans un post antérieur que le pape François relie la joie et le sens de l’humour.
Que serait la joie sans le sel de l’humour ? Une joie bien fade et sans goût.
La joie chrétienne ne va pas sans humour, sans une prise de distance par rapport à soi-même car, pour le suivant de l’Évangile, cette gaieté intérieure est donnée par Dieu.
Dans un texte déjà cité de Thomas de Celano, biographe de François d’Assise, on lit que le saint s’appliquait à vivre toujours dans la joie du cœur.
François, avec un humour époustouflant, a défini la joie parfaite :
Cet humour n’est pas à la portée de tout le monde !
PS : à neopilina
Non, Spinoza ne s’est pas converti au christianisme.
Que serait la joie sans le sel de l’humour ? Une joie bien fade et sans goût.
La joie chrétienne ne va pas sans humour, sans une prise de distance par rapport à soi-même car, pour le suivant de l’Évangile, cette gaieté intérieure est donnée par Dieu.
Dans un texte déjà cité de Thomas de Celano, biographe de François d’Assise, on lit que le saint s’appliquait à vivre toujours dans la joie du cœur.
François, avec un humour époustouflant, a défini la joie parfaite :
Et comme de tels propos avaient bien duré pendant deux milles, frère Léon, fort étonné, l'interrogea et dit : « Père, je te prie, de la part de Dieu, de me dire où est la joie parfaite. » et saint François lui répondit : « Quand nous arriverons à Sainte-Marie-des-Anges, ainsi trempés par la pluie et glacés par le froid, souillés de boue et tourmentés par la faim, et que nous frapperons à la porte du couvent, et que le portier viendra en colère et dira : « Qui êtes-vous ? » et que nous lui répondrons : « Nous sommes deux de vos frères », et qu'il dira : « Vous ne dites pas vrai, vous êtes même deux ribauds qui allez trompant le monde et volant les aumônes des pauvres ; allez-vous en » ; et quand il ne nous ouvrira pas et qu'il nous fera rester dehors dans la neige et la pluie, avec le froid et la faim, jusqu'à la nuit, alors si nous supportons avec patience, sans trouble et sans murmurer contre lui, tant d'injures et tant de cruauté et tant de rebuffades, et si nous pensons avec humilité et charité que ce portier nous connaît véritablement, et que Dieu le fait parler contre nous, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite.
Cet humour n’est pas à la portée de tout le monde !
PS : à neopilina
Non, Spinoza ne s’est pas converti au christianisme.
Vanleers- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 3510
Date d'inscription : 15/01/2017
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
Vanleers a écrit:Non, Spinoza ne s’est pas converti au christianisme.
Voilà qui est clair. Pourtant il me semble avoir vu des choses indiquant le contraire, c'est dommageable. Me dira t-on, je n'avais que creuser. J'ai déjà dit pourquoi, il y a longtemps, j'ai pris la décision de ne pas fréquenter Spinoza. Merci.
_________________
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
" Tout Étant est à la fois a priori Donné (c'est, il est, et ça suffit pour commencer) et Suspect, parce que Mien (c'est, ça existe, par, via et pour Moi) ", " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
neopilina- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 7511
Date d'inscription : 31/10/2009
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
neopilina a écrit:Il me semble qu'il y a un angle d'attaque intéressant : il se trouve que Baruch, Benoit, Spinoza, s'est converti au christianisme. Je ne suis pas de ceux qui collectionnent les biographies de Spinoza. Un petit mot de nos deux spécialistes à ce sujet ? Comment il s'en arrange, l'explique, le motive, l'articule, lui ?
Je pense - sans en être absolument sûr - que la légende de la conversion de Spinoza au christianisme vient de la signification du terme «excommunier» pris dans le sens qu'il a dans le Droit Canon de l'Égilise Apostolique et Romaine, c'est-à-dire dans le sens d'une censure ecclésiastique excluant de la communion catholique en tant que repas que Jésus a partagé avec ses disciples à Pâques.
Spinoza a bien été excommunié, mais pas par le catholicisme, ce qui pourrait suggérer qu'il s'était déjà converti au christianisme. Spinoza a été excommunié mais dans le sens d'une sanction qui l'a retranché de la communauté juive d'Amsterdam.
.
Omer Desseres- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 229
Date d'inscription : 26/04/2023
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
neopilina a écrit: J'ai déjà dit pourquoi, il y a longtemps, j'ai pris la décision de ne pas fréquenter Spinoza.
Si je te donnais la raison pour laquelle j'ai pris la décision de ne pas fréquenter Sade, tu préciserais - de nouveau - pourquoi tu as pris la décision de ne pas fréquenter Spinoza ?
.
Omer Desseres- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 229
Date d'inscription : 26/04/2023
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
Vanleers a écrit:Nous avons vu dans un post antérieur que le pape François relie la joie et le sens de l’humour.
Que serait la joie sans le sel de l’humour ? Une joie bien fade et sans goût.
La joie chrétienne ne va pas sans humour, sans une prise de distance par rapport à soi-même car, pour le suivant de l’Évangile, cette gaieté intérieure est donnée par Dieu.
Dans un texte déjà cité de Thomas de Celano, biographe de François d’Assise, on lit que le saint s’appliquait à vivre toujours dans la joie du cœur.
François, avec un humour époustouflant, a défini la joie parfaite :Et comme de tels propos avaient bien duré pendant deux milles, frère Léon, fort étonné, l'interrogea et dit : « Père, je te prie, de la part de Dieu, de me dire où est la joie parfaite. » et saint François lui répondit : « Quand nous arriverons à Sainte-Marie-des-Anges, ainsi trempés par la pluie et glacés par le froid, souillés de boue et tourmentés par la faim, et que nous frapperons à la porte du couvent, et que le portier viendra en colère et dira : « Qui êtes-vous ? » et que nous lui répondrons : « Nous sommes deux de vos frères », et qu'il dira : « Vous ne dites pas vrai, vous êtes même deux ribauds qui allez trompant le monde et volant les aumônes des pauvres ; allez-vous en » ; et quand il ne nous ouvrira pas et qu'il nous fera rester dehors dans la neige et la pluie, avec le froid et la faim, jusqu'à la nuit, alors si nous supportons avec patience, sans trouble et sans murmurer contre lui, tant d'injures et tant de cruauté et tant de rebuffades, et si nous pensons avec humilité et charité que ce portier nous connaît véritablement, et que Dieu le fait parler contre nous, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite.
Cet humour n’est pas à la portée de tout le monde !.
Je connais une forme d'humour apostoligue et romaine qui est assurément à la portée de tout le monde :
À noter, avant de se produire sur scène, la sœur Cristina Scuccia, une sicilienne des plus respectueuses de sa religion, a téléphoné au Pape François pour lui demander la permission de le faire. À l'évidence, le Pape la lui a accordée.
On peut trouver dans le comportement de sœur Cristina Scuccia une sorte d'équivalence avec celui de François d'Assise.
François d'Assise avait un penchant favorable envers les animaux, des créature de Dieu, disait-il, ce qui aurait pu le rendre suspect aux yeux de la papauté de Rome, qui a respecté à la lettre l'absence des animaux dans son idéologie. Mais à partir de sa soumission sincère au principe papal, l'Église l'a volontiers accueilli en son sens, de là la création de l'Ordre Franciscain.
Sœur Cristina Scuccia a un réel penchant pour la musique, mais sous toutes les formes possibles et imaginables. Elle considère une telle musique comme un cadeau de Dieu. Or, on sait le combat multi-millénaire de la papauté contre certaines forme d'accords, de tempo et de rythme musicaux. Le simple fait d'avoir téléphoné au Pape a exprimé une soumission sincère au principe papal. L'Église n'a pas pu faire autrement que de la confirmer en son sein.
François d'Assise et Cristina Scuccia, même pensée, même action, même combat ...
Sœur Cristina Scuccia n'a pas hésité à affronter quelque forme de musique, y compris cette chanson, Girls Want to Have Fun, qui avait eu une connotation incontestablement sexuelle lors de sa création par Cindy Lauper dans les années 70. Elle n'a pas hésité à affronter, Luna Palumbo, une bombe sexuelle dans un concours de chant où le meilleur gagne toujours.
Mais l'athée matérialiste et épicurien au sens noble de la philosophie antique que je suis a vu une différence d'importance capitale entre les deux chanteuses en compétition. La beauté de la bombe sexuelle Luna Palumbo avait été créée par un maquillage, une coiffure, un vêtement, tandis que la beauté de Cristina Scuccia perçait sous un visage d'une beauté extraordinaire, sans aucun maquillage, sous l'affreux accoutrement de son ordre religieux. Il y a une beauté intérieure tant intellectuelle que physique, chez cette dame, et cela transparaît dans sa voix. Le juge qui a dû choisir entre Luna Palumbo et Cristina Scuccia pour les départager dans ce concours a certainement vu ce que j'ai vu.
Il ne s'est pas trompé !
.
Omer Desseres- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 229
Date d'inscription : 26/04/2023
Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne
Jésus annonçait le Royaume de Dieu, c’est-à-dire une nouvelle façon d’envisager et de vivre les relations entre les hommes et la relation à Dieu.
Ce message se fondait sur la conception d’un Dieu, Père miséricordieux et non Juge sévère.
Une éthique de la joie allait remplacer la morale du devoir, la miséricorde l’emporterait sur la justice et l’homme serait libéré de l’esprit de vengeance.
Dans le Zarathoustra :
Le Royaume de Dieu s’est heurté à l’ennemi du genre humain, au diviseur (diabolos), à l’accusateur (satanas) et il faut bien reconnaître que, 2.000 ans après Jésus, l’esprit de vengeance, de division et d’accusation est resté prégnant dans la vie des hommes.
Spinoza, lui aussi, a cherché à construire une éthique de la joie fondée sur une conception de Dieu nouvelle chez les philosophes.
Le Dieu de Spinoza n’est pas le Dieu de l’Évangile tout comme le Dieu d’Aristote n’est pas le Dieu de Thomas d’Aquin, ce qui n’a pas empêché le théologien de s’y référer constamment dans son œuvre majeure : La Somme Théologique.
L’expérience montre, me montre en tout cas, que l’Ethique de Spinoza va dans le sens de l’instauration du Royaume de Dieu annoncé par Jésus, d’un monde pacifié et plus humain.
Ce message se fondait sur la conception d’un Dieu, Père miséricordieux et non Juge sévère.
Une éthique de la joie allait remplacer la morale du devoir, la miséricorde l’emporterait sur la justice et l’homme serait libéré de l’esprit de vengeance.
Dans le Zarathoustra :
Nietzsche a écrit:L’esprit de la vengeance : mes amis, c’est là ce qui fut jusqu’à présent la meilleure réflexion des hommes : et partout où il y avait douleur, il devait toujours y avoir châtiment.
Le Royaume de Dieu s’est heurté à l’ennemi du genre humain, au diviseur (diabolos), à l’accusateur (satanas) et il faut bien reconnaître que, 2.000 ans après Jésus, l’esprit de vengeance, de division et d’accusation est resté prégnant dans la vie des hommes.
Spinoza, lui aussi, a cherché à construire une éthique de la joie fondée sur une conception de Dieu nouvelle chez les philosophes.
Le Dieu de Spinoza n’est pas le Dieu de l’Évangile tout comme le Dieu d’Aristote n’est pas le Dieu de Thomas d’Aquin, ce qui n’a pas empêché le théologien de s’y référer constamment dans son œuvre majeure : La Somme Théologique.
L’expérience montre, me montre en tout cas, que l’Ethique de Spinoza va dans le sens de l’instauration du Royaume de Dieu annoncé par Jésus, d’un monde pacifié et plus humain.
Vanleers- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 3510
Date d'inscription : 15/01/2017
Page 35 sur 37 • 1 ... 19 ... 34, 35, 36, 37

» L'ontologie de Spinoza
» Spinoza pas à pas : les DEFINITIONS (1)
» Spinoza pas à pas : les DEFINITIONS (2)
» SPINOZA
» Spinoza pas à pas : les DEFINITIONS (3)
» Spinoza pas à pas : les DEFINITIONS (1)
» Spinoza pas à pas : les DEFINITIONS (2)
» SPINOZA
» Spinoza pas à pas : les DEFINITIONS (3)
DIGRESSION :: Philosophie :: Modernes :: Spinoza
Page 35 sur 37
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|