Le subjectale

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Message par Vargas Dim 9 Sep 2007 - 15:38

NB : ce petit post est d'Olaf.


Je jette ça comme ça.

En psychanalyse, lorsque l'on parle de "sujet", en réalité on entend un paquet de choses. Tout d'abord, il y a le Soi, ou le Self, qui est la première dérivation du corps. Le Self, c'est aussi l'identité, c'est la permanence de soi à travers le temps. Puis il y a le Moi, ensemble d'habitudes et lieux des mécanismes de défense. Le Moi, c'est là encore l'identité, mais déjà beaucoup plus subjectivé, et c'est pourquoi c'est un grand concept des sciences humaines.
Par exemple, le Moi-social du jeune cadre dynamique lutte pour sa conservation et pour sa narcissisation, et se défend à travers la diabolisation du glandeur (c'est un exemple grossier mais faisons avec). Puis il y a le Je, c'est l'instance de la parole, l'instance du langage, mais souvent aussi l'instance réflexive. En réalité, plusieurs considèrent que chacune de ces strates s'auto-représente, se sent, se voit, s'entend.

Pour unifier ce bordel, André Green propose le concept de lignée subjectale, déploiement du psychique à partir du corps. La lignée subjectale, c'est à la fois le Self, le Moi, le Je, que ce soit dans l'ordre de la succession temporelle ou de la coexistence simultanée. Je trouve qu'il s'agit d'une notion fantastique.

Fantastique parce qu'on pourrait en extraire une théorie du subjectal, ou de la subjectalité. La subjectalité serait un moyen d'éviter l'inévitable substantialisation du sujet et de sa conscience (ou de son inconscient). La subjectalité, ce serait un être au monde, un Dasein, une ipséité, mais plus encore puisqu'elle s'adjoint nécessairement de la notion d'expérience. Car la lignée subjectale s'édifie par l'expérience, ce que ne prend pas en compte la notion d'être au monde.

Prenons pour exemple le mensonge. Le mensonge, c'est d'abord une expérience. C'est lorsqu'un être décide de ne pas dire la vérité. D'un point de vue phénoménologique, le mensonge creuse un nouvel espace dans le tissu phénoménal, un espace sur le coup du mensonge, et un autre qui détient la vérité. D'un point de vue subjectale, le mensonge est une expérience génératrice de ces espaces, générateur même de notion tel le dedans (l'espace du secret) et du dehors (le lieu où l'on ment).

Ainsi le subjectal ou la subjectalité, c'est le lieu où l'être fait une expérience intensive qui sur un autre plan deviendra une forme, un contenant. (En réalité, le subjectal est une chimère, mais une chimère nécessaire, car toujours le mensonge coexiste avec les concepts de vrai et faux. Le premier mensonge, lui, s'ignore comme mensonge jusqu'à ce que son concept survienne).

Peut-être l'idée de subjectalité, indice élémentaire d'un être en expérience, d'un être affecté, permettrait de joindre à la fois un plan d'immanence, un plan de connaissance à la troisième personne, et un plan phénoménal à la première.
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Message par Morologue Jeu 23 Aoû 2018 - 14:24

C'est assez guattaro-deleuzien, quand on y pense, parce que ça parle d'une élaboration du sujet, tout en permettant de penser la dynamique dans une empyrée transcendantale, ou un espace absolu, désubjectivé.

En tout cas je trouve ça aussi assez fantastique ^^
Par définition, le subjectal est ce qui se rapporte à l'ontologie du sujet, c'est-à-dire effectivement son étantité, son être-ainsi et comment-être (de quelle façon ça peut être).
Donc oui à l'ensemble du propos et ses références.
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