" Homère et moi ".

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Message par neopilina Ven 7 Fév 2014 - 14:08

" Homère et moi ".

1 - Le vendredi 19 juillet 2013.

Ce n'est pas un hasard si à la fin de l'Odyssée, c'est Athéna qui a le dernier mot, " tranche ", en clair, met fin à l'Hybris, chantée lors de l'Iliade. L'Odyssée est génialement aboutie, dialectiquement, comptablement, dit, et elle n'est donc pas terminée : il y a l'olivier dont est fait le " lit " d'Ulysse et auquel il ne saurait survivre et surtout la prophétie de Tirésias. Homère a fait ce qu'il a pu, c'est criant dans l'Odyssée, lorsqu'il s'agit de quitter la Mer du Couchant ( C'est à dire en finir de prendre congé de Soi. ), du départ de chez Calypso à l'arrivée dans la grotte d'Ithaque, les difficultés se multiplient, et il faudra, quand même, finalement une interminable série d'interventions divines et magiques pour se faire, et dix ans chez Calypso n'a rien d'une figure de style, et il a été le premier à le savoir. Homère passe le relais au suivant. Je ne connais pas d'autre exemple d'une telle modestie en métaphysique. Homère n'administre pas sa solution. Il est très clair pour nous, éléates, que la lecture psychanalytique des péripéties, de Kikones à Ithaque est la meilleure, que l'Objectif de l'Odyssée est la Paix a priori, ÊTRE en Paix a priori.
Le déclin des Grecs commence bien plus tôt qu'on ne peut encore l'imaginer. Ils ont regardé leur grandeur inaugurale, éminemment géométrique, leur filer entre les doigts. Pour pouvoir poursuivre efficacement, il fallait procéder au divorce entre Science et Dialectique.
Historiquement, laborieusement, empiriquement, et toujours incomplètement, surtout du coté de la philosophie, ce divorce est grandement effectif faute d'être total. Mais la Dialectique est restée dans les choux. Je vais y remédier.

2 - Le vendredi 19 juillet 2013.

Le corpus homérique, j'entends par là l'Iliade et l'Odyssée, est un tout comptable, dialectique, remarquable, et, eut égard à ce que j'ai lu sur Homère et ces deux textes, c'est peut être sa seule véritable unité. Paul Mazon premier président des Belles Lettres et éditeur du texte de l'Iliade pour celles-ci est intimement convaincu qu'il y a plusieurs mains à l'oeuvre, et pour l'Odyssée, l'arrangement, la compilation, est encore plus manifeste. Ces problématiques, travaux, étant toujours d'actualité, je me garde bien de prendre position tout en m'informant aux mieux des progrès en la matière. Le dit travail comptable est particulièrement visible dans l'Odyssée, la fin de celle-ci, où l'auteur fait un récapitulatif et manifestement peine comme un fou pour terminer, pour finalement s'en remettre à l'intervention divine. Cette fin est souvent rejetée, là dessus, je suis catégorique, elle, de façon certaine, est l'oeuvre d'un ( ? ) personnage ayant en vue l'Objectif que j'ai dit.
Seul un homme peut par exemple nous " écrire " le massacre des prétendants, cette fureur froide et monstrueuse au creux de l'estomac qui crie à la boucherie.
Ceci dit, je ne privilégie la lecture psychanalytique, onirique, que pour les mésaventures dans la Mer du Couchant, qui commence avec Kikones et se termine quand les Phéaciens, peuple merveilleux de Passeurs, avec pour Dieu tutélaire le Maître de la Terre, il faut donc ça, déposent Ulysse endormi dans une petite grotte d'Ithaque. Ces péripéties dans la Mer du Couchant ressortent très bien du reste, et donc, selon moi relève de l'En-Soi.

3 - Le lundi 26 aout 2013.

Un jour j'ai écrit : " J'ai bien consenti à céder ma virginité anale à une interne des hôpitaux fort dérangée, pour ne pas dire enragée, à ce propos. Sous prétexte d'un examen. Ce n'était pas la première fois que la médecine pour ses propres besoins de diagnostic s'introduisait là. Ce pourquoi, je maintiens justement, a contrario, le terme de virginité anale. Je pense quelle a vite compris a posteriori que je n'étais pas dupe.
Elle doit encore se demander pourquoi.
On peut dans ce cas appliquer le rasoir d'Ockham, à savoir que " la solution d'un problème est le plus souvent la plus simple " : je suis un gentil garçon. Son cas ne me laissait pas indifférent, alors cadeau.
- " Cadeau !? " Allons, allons, jeune homme c'est un peu court ! "
- " Vous avez raison Monsieur de Sade, j'y réfléchis encore ! Et oublions le rasoir d'Ockham ! "
J'ai aussi écrit : " Quant Hannibal Lecter déguste un peu de la cervelle de l'inspecteur de police Paul Krendler, joué par Ray Liotta, encore vivant et " conscient ", défoncé à mort par le bon docteur, hébété, souriant, je suis blême et sue sang et eau ". Le cannibalisme est profondément dévoyé dans cette saga opportuniste. Le cannibale ne consomme pas quelque chose de quelqu'un qui le répugne, qu'il méprise, autre débat.
Je n'ai plus d'arrière-cour. J'y tiens beaucoup, à chacun d'imaginer ce que ça coute. L'un des derniers hommes de ma vie ( Formule pouvant prêter à confusion, à dessein, je n'en suis pas, mais je n'ai absolument rien contre. ) encore vivant m'a dit un jour qu'il fallait savoir ne pas s'attarder. Je suis bon élève, un bon petit Soldat. Ca ne se voit pas d'ici, mais j'ai le cuir bien tanné, j'ai beaucoup navigué, un vrai Héros d'endurance. Très exactement comme le bon Ulysse, qui en a bavé des ronds de chapeaux pour revenir, et ce avec l'aide du Dieu, de Passeurs, sans qu'il ait encore planté sa bonne rame comme l'exige la prophétie de Tirésias, explicitement dit, ça fait beaucoup, Homère a fait ce qu'il a pu et il le dit. C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent. Petit indice : et ce n'est pas pour jouer à la belote, elles aiment bien aussi, même si elles sont aussi très mauvaises perdantes !"

4 - Le mardi 27 aout 2013.

Il me semble que le regard d'Homère, individu, compilateur de génie, ou collectif en phase, est déjà bien extérieur, voyons comme il considère ses Héros, les Dieux, tout.
Son regard se pose sur un univers parfaitement, scrupuleusement, clôt. Avec au centre la terre des Hommes, Mangeurs de pain, civilisés, bordée de toute part par la Mer du Couchant, ses monstres, et à chacun les siens.
Piégé par Charybde, suspendu aux branches d'un figuier, éminemment féminin à l'époque, Ulysse apercevra " les sables bleus " du fond de la Mer, alors que le pic au pied de laquelle se trouve la grotte de Skylla, crève le plafond. Tout comme les parois de l'ile de bronze de la famille incestueuse d'Eole tutoient les nuages. L'enfer de l'oedipe, déjà. Passer coute à chaque fois.
Et, même s'il ne sont qu'évoqués, Ulysse en choisissant les Ecueils, Charybde et Skylla, les évite, les Pierres du Pinacle, les Planktes, sont bien là. L'enfer du parricide, re. Et on n'a pas évoqué les tabous alimentaires, l'oralité, les Vaches du Soleil, Lestrygons, et Cyclope. Mais Homère ne se laisse jamais réduire.
Homère, chant XII, Circé à Ulysse, traduction de Bérard, à propos de la première pierre du pinacle : " La première ne s'est jamais laissé frôler des oiseaux, même pas les timides colombes, qui vont à Zeus le père apporter l'ambroisie; mais le chauve rocher, chaque fois, en prend une que Zeus doit remplacer pour rétablir le nombre ". Circé à leur propos rappelle que seul l'Argo de Jason a passé les Planktes, avec l'aide d'Héra. Pas d'Athéna, d'Héra.
Le Monde, l'Univers, d'Homère sont parfaitement clos, circonscrits, et Uns. Et le Grand Zeus lui-même y veille donc. Je le répète à l'envi, Homère est un très grand comptable. Il ne parle pas encore le langage propre de la philosophie, ce qui sera chose faite avec Parménide, mais c'est un très grand philosophe. Parménide d'entrée plonge la tête de la philosophie dans son aporie constitutive, ne pas savoir distinguer science de dialectique, ceci fait les éléates passent haut la main. Platon, Démocrite et Aristote nous dispensent leur remède au supplice de cette baignoire, rien de plus, même si là, clairement, Aristote fait mieux.
Les Grecs sont à la fois suffisamment conscients que le Monde est le seul monde, et suffisamment impliqués dans et par celui-ci, pour ne pas accorder plus que de droit à cette vue de l'esprit qu'est le néant, fut-elle vertigineuse, c'est sa principale consistance. Le Monde des Grecs est suffisamment consistant pour ne faire guère de place à cet épouvantail, certainement pas par faute d'intelligence. Il est beaucoup question du néant après le cogito, l'Envolée de Murailles.
Tous ceux qui sont en mesure de lire et d'entendre Parménide dans la lettre, le disent, le soulignent, quand bien même les choses seraient à la fois " belles et trompeuses ", même pour Parménide, il n'y en a pas d'autres.
Qu'apporte Platon ? Un arrière-Monde de plus, la belle affaire, il est loin d'être le premier. Je ne lui accorde même pas l'honneur, très contestable, d'avoir le premier formalisé un arrière-Monde. Le premier à avoir fait système philosophiquement ? Non : revoir le poème de Parménide. Le premier à avoir fait système en formalisant philosophiquement un arrière-Monde ? Il le semble.
Les singes, les dauphins, etc, vivent en société. Et donc pour se faire, même eux " platonisent " déjà.

5 - Le lundi 9 septembre 2013.

En quoi Homère est fondamental dans l'apparition de ma conscience, de ma pensée ?
Parce que lors de la période la plus pénible de ma vie, qui a tout de même duré 12 ans, lors de laquelle j'ai " allégrement " et régulièrement flirté avec la folie, poussé des cris de sauvages, etc, sans parler d'un état permanent d'éreintement psychique. J'ai un temps déjeuné au whisky pur assaisonné d'une ampoule de valium, ce après quoi j'abattais sans problème mes huit heures de pelle-pioche, la " grande forme " quoi. Mon psychiatre à qui je dois la vie m'a appris que ce mélange pouvait être mortel, d'où le doute sur la nature intentionnelle du décès de Romy Schneider, entre autres, qui écrit tranquillement une lettre à son agent, sauf erreur de ma mémoire, avant de s'allonger sur la banquette. J'ai reconnu " physiquement " dans les aventures d'Ulysse dans la Mer du Couchant un pendant des miennes. La Mer du Couchant, et à chacun la Sienne, on est bien d'accord sur ce point, c'est dur, et donc, via ontogenèse, on y est donc toujours déjà. C'est dur de passer, de revenir, d'affronter Ses propres Monstres constitutifs. Dans ce texte, les péripéties dans la Mer du Couchant, IX, X, XI, XII, " tempêtes ", " tourments ", n'ont rien de figures de style, Homère n'a pas assez de mots pour nous dire à quel point Ulysse en bave, est activement malmené, éreinté.
Les difficultés du Retour sont multipliées. Et même de retour, sa quête reste fondamentalement inachevée, c'est la prophétie de Tirésias : il doit planter sa rame, le symbole de son statut de Voyageur, dans un Pays où on ignore ce qu'est une rame, où on ignore ces affres.
10 ans chez Calypso, quant on comprend qu'il est question de prendre congé de la " Relation inaugurale ", ce n'est pas trop cher payé.
Homère ne termine pas, il ne peut pas terminer, et il le dit à l'envi. Ce pourquoi j'ose dire que mon " De la Nature " in extenso est le troisième volet du triptyque homérique. M'étant identifiè à Ulysse, j'ai repris la quête en cours, et j'ai donc trouvé la Paix, c'est cela le vrai et complet " Retour ".
D'ailleurs, c'est seulement depuis que je suis sorti du Bois ! Plutôt en Forme, a priori donc !

6 - Le mardi 10 septembre 2013.

J'oppose la conscience, la distance critique, la connaissance, au Sujet, suite à ontogenèse, considéré de prime abord. J'ai deux yeux, la Lune orbite autour de la Terre, et la Petite Ile, dont la fécondité est pourtant dument signalée, au large de Cyclopie, est déserte. Voilà selon moi la structure de l'individu. Ou encore un cavalier qui se réveille sur un cheval déjà au grand galop, etc.
Je n'oppose en aucun cas science et dialectique. Je creuse et dis leur différence, ce que fait déjà Parménide avec son poème en DEUX parties, texte fondateur de la philosophie parlant son propre langage, soi dit en passant. Ce sont les deux discours distincts et constitutifs, et parallèles, de la connaissance. Avec cette différence, qui va certainement de soi aujourd'hui, et encore, nos amis grecs seraient sortis de la situation aporétique où leur génie s'est démené, sans en sortir.
Une fois ce divorce pleinement entériné par la philosophe, il nous reste un Etant, Fruit du Sujet, de la " perception-réduction Idéalisante ", sur lequel doit s'abattre de facto le cogito : l'Etant est à la fois Donné ET Suspect. En reprenant le cogito, je renoue, rétablis, le Lien a priori, avec l'Extérieur, mais ce faisant, inversement, c'est le cogito qui prend la clefs des champs et s'abat sur le Monde, et donc, à chacun le Sien. Lien que brise en toute inadvertance notre bon René lors de la démarche du doute radical, d'où d'ailleurs l'ampleur de cette expérience d'ordre intime. Kant constatera très vite " l'Envolée de Murailles ". Sans pouvoir y remédier, c'est très précautionneusement et strictement au sein de celles-ci qu'il bâtira la cathédrale de cristal, parfaitement inutilisable, qu'on lui connaît. Idem pour cet autre Fruit impeccable du cogito : "L'être et le néant ". Descartes tente d'autorité de rétablir le " je suis ", a posteriori, peine perdue, on a aussi fait l'expérience de cette coquille vide. Le néant, la contingence sartrienne, sont aussi des Fruits radicaux du cogito. Mais je n'accuse pas Descartes plus que cela. Ce n'est pas de sa faute si les suivants n'ont pas été capables, au sein du fameux Poêle, de retrouver la sortie.
Les Grecs ont été mes instituteurs, Platon, Aristote, tout cela pour bien préparer le terrain à la foudre à venir, l'éléatisme.
C'est en Grec que je fais pour la première fois l'expérience du cogito. Ce fut toute ma chance. Toute ma carcasse criera au scandale, mais il y a loin de l'intuition si viscérale soit-elle, aux mots, à la formalisation : 20 ans.

7 - Le mardi 10 septembre 2013.

C'est vrai que pour un éléate, mon ontologie est très raisonnable, pas comme celle de Heidegger qui ontologise sa subjectivité en essayant de ruser, avec son " Dasein ", il nous délivre sa vision d'un monde aussi morne que lui. Un coup a rappelé que les éléates étaient d'abord des Grecs, voyaient mieux le soleil, le seul, que lui, en Grande Grèce, le Pérou quoi ! A propos du Dasein, Sartre l'épingle rubis sur ongle dans " L'être et le néant ".
L'Être c'est de quoi sont faits les Etants, et c'est nous qui le fabriquons, quand nous générons des Etants, dont le premier attribut est le fait d'advenir Un, l'Un si cher à mon vieil ami Zénon, d'Elée. Tu as vu, à la place de réduction phénoménologique, je dis " réduction-perception Idéalisante ", notes où se trouve la majuscule !
Même problème donc, avec l'Un, l'Etant, l'Être, qu'avec la nature des mathématiques. Je passe la main, je suis phénoménologiquement nul.
L'Être ne saurait en aucun cas devenir : principe de non contradiction. Et à ce degré, ça marche dans les deux sens, on ne sait plus très bien lequel induit l'autre. Avec l'Être et l'Etant Un, tu peux penser deux fois de suite à la même pomme : ça reste deux Etants distincts, et donc, quand bien même la pomme devient, scientifiquement dit, autre problème donc. Si tu entérine bien le divorce entre science et dialectique, l'univocité de l'Être, en plus de devoir être défendue, est très facilement défendable. Ce pauvre Platon avec son pseudo-parricide s'est seulement fait Prince des sophistes ! Il fallait bien continuer à penser ? Mouais. Aristote mine de rien, on est grec ou on ne l'est pas, entérinera profondément la critique éléate. Platon avec sa " physique ", ses fameux cinq éléments solides géométriques, le tétraèdre, le cube, l'octaédre, le dodécaèdre, l'icosaèdre, Voltaire dit hexaèdre au lieu d'octaèdre, mais l'animal est capable de l'avoir fait exprès pour voir si tout le monde suivait, néo-pythagorise. Je me souviens de charlots new-age qui vendaient des coffrets de solides platoniciens en cristal de roche, vus par Voltaire ! C'est dommage, c'est très beau ! A moins que ça ne soit un néo-atomisme. Il ne cite JAMAIS son grand " pote " Démocrite !
Non, sérieux, ne pas jeter la pierre à ces génies : il fallait le dit divorce, point. Et on sait combien de siècles il a fallu pour se faire. Mais bon, des fois je lis des exégètes qui n'ont pas l'air d'avoir remarqué. Alors je démolis minutieusement le démolissable Sophiste. Après, a posteriori, c'est toujours facile.

8 - Le samedi 14 septembre 2013.

Avant de faire ma première expérience du cogito, à vingt et un ans ans, ce n'est rien de le dire, il m'a coupé les mains et crevé les yeux, ça fait quatre ans que je ne lis QUE des philosophes Grecs. Quelle chance.
Et avant même de lire " mon " premier " philosophe, Platon, qui suscitera pour la chose philosophique l'intérêt qu'on peut voir, je suis déjà imbibé d'Homère. Quelle chance.
Et avant de lire Homère il y a déjà un enfant qui court le Temps de la Légende, forêts et rivières, parfois en compagnie, complicité, d'un Dieu, d'une Déesse, toujours bienveillants, mais rudes aussi ( Nietzsche définit ainsi l'Ami. ), où ontogéniquement il s'est exclu, retranché. Quelle chance ? Je déglutis. Un instant. On dira qu'oui, aujourd'hui.
La " suite ", toujours à rebours donc. Pour celui qui a toujours radicalement fréquenté la Nature, que le Dieu, et à la suite tous ses avatars, toutes ses déclinaisons, l'hypothèse que le Dieu s'en soit retranché, exclu, quand bien même ça serait pour devenir Dieu est tout simplement récusée par sa propre expérience.
Le monothéisme prétend avoir essayé, ça serait drôle si ça n'était pas tragique, à commencer pour la Nature : voyez ces saints, ces chapelles, ces calvaires, ces djins, ces mauvais oeils, ces rites, ces superstitions, etc, etc. Non, la seule chose qui a disparu derrière les Paravents de l'Histoire, des Religions, des Cultures, c'est l'Horizon premier, ultime, ça dépend du sens des pérégrinations de notre Voyageur, pour le plus grand malheur de la biosphère, c'est la Nature.
Le Dieu est là, ici, à coté. Quand bien même le grand Zeus, le plus souvent, glandouille au sommet de l'Olympe, c'est ici.
Un Dieu est toujours plus grand d'une tête que le plus grand des hommes !
Je suis tout fraichement sorti du Bois.
Et regardez la carte du Champ de Batailles : les Dieux viennent d'avancer un pion.
" Euh ... "
" Taratata ! Avances ! "

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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
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Message par neopilina Dim 20 Nov 2016 - 1:02

Homère était un prodigieux visionnaire, comptable dialectiquement dit, il a sondé la condition humaine, et l'espèce et l'individu, le passé, le présent et le futur, il a écrit, en conscience : il y a d'abord l'Épopée ( Enivrante mais quand même hybris. ) ensuite l'Odyssée, ensuite, faute de mieux ( Façon Adenauer qui a fait inscrire sur sa tombe : " J'ai fait ce que j'ai pu ". ) toujours en conscience, l'accomplissement de la prophétie de Tirésias.

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Message par neopilina Lun 7 Mai 2018 - 16:25

La question émise par un tiers était : " Mais qu'est-ce que bien faire Ulysse une fois qu'il est rentré chez lui ? " On sait que je traduis par : " Que peut bien faire Ulysse une fois qu'il est passé, revenu, qu'il a significativement accompli la prophétie de Tirésias ? " C'est une question qu'il ne se pose pas, qui ne se pose même pas. Au terme de Son Odyssée (la Sienne, " Tu es Ta Forge "), c'est à dire un travail de refonte de Soi à la lumière de la connaissance, notoirement celle de Soi forcément, aussi poussé que possible du Sujet initial et empirique, un Sujet n'en est plus à se demander ce qu'il pourrait bien faire : il le sait, très, très, vite. Cela résulte de facto de la confrontation, collision, entre Ce qu'il est et Ce qu'est présentement le Monde : un être de combats. Compulsivement, par " Nature ".

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Message par maraud Lun 7 Mai 2018 - 16:40


Il lui reste à être ce qu'il est désormais: un héro, un modèle...
On ne pense pas assez souvent à évoquer la monstration, Ulysse est plus proche de Diogène que de Platon.

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Message par neopilina Sam 19 Sep 2020 - 16:36

Chouette article. Des mentions de phénomènes astronomiques dans l'Odyssée permettraient de dater le retour d'Ulysse à Ithaque. On sait depuis l'antiquité qu'Homère écrit 4 siècles après les événements qu'il va largement, en poète, revisiter, et la date proposée entre parfaitement dans la fourchette. Le plus important, c'est qu'au VIII° siècle av. J.C., c'est que la Colonisation (i.e. grecque) n'a pas commencé : les Grecs ne connaissent pas le bassin occidental de la Méditerranée, et on sait depuis le début du XX° siècle qu'Homère tient ses informations d'ordre nautiques des phéniciens. Mais donc Homère n'est pas seulement bien informé en matière nautique, mais aussi en astronomie. Ce qui, a posteriori, n'étonne pas, une foule de peuples antiques de l'Ancien Monde (et d'autres, Mésoamérique, etc.) sont allés aussi loin que possible dans cette matière avec les moyens dont ils disposaient, c'est à dire leurs yeux et des relevés précis, prolongés.

Une date précise pour le retour d'Ulysse à Ithaque ? : [url]https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/astronomie-date-precise-retour-ulysse-ithaque-15980/[url]

Pour ceux que ça intéresse voir aussi le mécanisme d'Anticythère, on reste sans voix.

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Message par neopilina Sam 16 Avr 2022 - 18:33

Au terme du texte de l'Odyssée, je peux le motiver, Ulysse, très notoirement suite aux épreuves, " purges " aiguës et cathartiques, endurées dans la Mer du Couchant, en a fini avec une sexualité, etc., non-domestiqué (un olivier d'Athéna veille sur le lit conjugal) et avec la violence, c'est à dire deux des expressions les plus universelles, répandues, de l'hybris.
Reste à accomplir la prophétie de Tirésias.  " Homère et moi ". 2056741440

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Message par benfifi Mar 19 Avr 2022 - 19:36

Oui reste cette prophétie à accomplir. Ulysse va donc repartir avec une rame sur l'épaule. S'enfoncer dans le continent loin de la mer qu'il a toujours côtoyée. Purger le sang versé des prétendants. Être quitte à l'égard des hommes et des dieux. C'est juste.
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Message par neopilina Jeu 21 Avr 2022 - 16:50

Je souligne :
benfifi a écrit:Oui reste cette prophétie à accomplir. Ulysse va donc repartir avec une rame sur l'épaule. S'enfoncer dans le continent loin de la mer qu'il a toujours côtoyée. Purger le sang versé des prétendants. Être quitte à l'égard des hommes et des dieux. C'est juste.

A propos de la première formule soulignée. Le massacre des prétendants, l'épisode le plus glaçant de l'Odyssée et pour cause, Ulysse y purge le monstre de la jalousie, n'est pas la fin de la Violence, intrinsèque et constitutive d'Ulysse, dans l'Odyssée. Le lendemain, sur l'agora, la suite à donner au massacre divise, mais donc les hostilités avec les parents proches des prétendants et leurs partisans reprennent. On notera avec intérêt qu'après les retrouvailles avec Pénélope, on a les retrouvailles avec le père, et que le dernier tué est le père d'un prétendant et qu'il est tué par le père d'Ulysse ! Même Homère rame !! Et puis, intervention divine qui met un terme à la violence et rétablit la concorde civile.

A propos de la seconde formule soulignée : j'aime bien !

L'Odyssée, entre autres, nous parle de l'analyse idéale, terminée. Nous rapporte t-elle une analyse effectivement terminée : explicitement, non. Il y a la prophétie de Tirésias. Ayant retrouvé Pénélope, son fils, son royaume, on pourrait estimer que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour Ulysse. Et Homère dit : non. La philologie montre que le texte de l'Odyssée est une profonde refonte de trois textes antérieurs avec des personnages communs (Ulysse, Télémaque, etc.) pour n'en faire qu'un, et c'est réussit, absolument, on a un message original. Après l'Iliade, chant de l'hybris, le Guerrier est en pleine " Forme ", un " peu " trop même, vient le temps de l'Odyssée. Cette refonte a tout de même quelques petits désavantages, dont celui, notoire, de ventiler les " Aventures d'Ulysse dans la Mer du Couchant ", la Sienne, Son infra-monde freudien, psychanalytique. Allez ! Un ciseau, de la colle, une imprimante, et on peut remettre tout cela dans l'ordre. Ceci fait, on greffe la fin de l'Odyssée (en faisant sauter certaines interpolations, etc.), à partir du moment où les Phéaciens, peuples de Passeurs un peu magiciens, matérialisant la Frontière entre l'infra-monde, la Mer du Couchant, et le Monde des Hommes, dépose Ulysse endormi en sa chère Ithaque. Au terme du texte de l'Odyssée, Ulysse en a fini avec toute forme de Violence illicite, venant du Sujet en tant que tel, de même pour Sa sexualité, débarrassée de tout Encombrant de ce genre, grâce à tout ce qu'il a enduré dans la Mer du Couchant (où l'inceste, le parricide, etc., etc., sont abordés), pour preuve, l'un des quatre montants du lit conjugal est un olivier, arbre d'Athéna, vivant, on a ménagé un trou dans le plancher de l'étage pour le tronc. Non, franchement, si tout le monde pouvait se targuer de la même réussite dans ce domaine qu'Ulysse / Homère, le Monde (i.e. des Hommes) se porterait beaucoup mieux. Il en est où notre bon Ulysse au terme de l'Odyssée, la Sienne ? Petite métaphore. On imagine un disque entièrement noirci, puis, seulement, le tracé du cercle. Il en est là Ulysse. La restriction de Tirésias concerne ce cercle. Je résume l'argument essentiel de la prophétie : pour vraiment en finir, Ulysse doit aller à la rencontre d'un peuple qui ignore tout des affres de la Mer du Couchant, ceci fait, il peut bien effectivement faire un sacrifice aux Dieux. Tout au long de sa vie, le Dieu accompagne Ulysse, c'est un échange de bons procédés. Chez les Grecs, animistes, païens, etc., le Dieu n'est pas " au dessus ", il est " à coté ". Je m'égare, la prophétie. Ulysse doit en terminer intégralement avec la Mer du Couchant, pas seulement avec ses occupants, mais celle-ci en soi, c'est le cercle. Et pour le dire comme on peut le dire maintenant, c'est en finir avec la Mère, celle qui est première, le cercle ensuite noirci par la suite de la psychogenèse constitutive d'un Sujet.

En effet, j'ai quelques petits soucis avec la littérature freudienne, classique, psychanalytique : le plus souvent, je suis d'accord. Mais donc, à titre personnel, suite à mon propre cheminement, j'ai relevé quelques points de désaccord ou des choses que j'ai constaté et que je n'ai pas vu dans la dite littérature. Dont celle-ci. La dite littérature nous dit que le Sujet freudien, la névrose, etc., etc., ignorent la mort, qu'ils ne savent pas ce que c'est. Je ne suis pas d'accord. Deux exemples biens connus. Le mourant qui appelle sa mère, parfois morte depuis des lustres, " mieux ", chez un enfant de l'assistance publique qui n'a jamais connu sa mère. Le Sujet freudien a peur de la mort, mais il faut absolument préciser, effectivement, la mort, pour lui, c'est être séparé de Sa Mère (intégrée), le cercle ensuite noirci, noirci par la suite des événements (et il va bien sûr de soi que des choses comme l'orientation sexuelle, etc., etc., etc., c'est déjà ultérieur, 1), de sa psychogenèse. Second exemple. Le cas du schizophrène qui se suicide suite au décès de sa mère pour la rejoindre, pour rejoindre le cercle. Et donc oui, et pas qu'un peu pour euphémiser, le Sujet freudien en tant que tel a peur de la " mort ", ainsi définie. Et donc avec le texte de l'Odyssée avec la prophétie de Tirésias, Homère nous dit, que si Ulysse est déjà effectivement Bien Heureux, sage, il n'en a pas tout à fait terminé, avec la Mer du Couchant, avec Sa Mère, la Sienne, en soi. L'homme est un drôle d'animal, à plusieurs titres, et ici, il est question de celui-ci : un animal jamais sevré (je ne doute pas un instant qu'il y en ait eu et qu'il y en a, beaucoup, énormément même, mais ce n'est pas ceux là qui ont pris ou prennent la peine de nous le dire ou alors ils ont fait ce qu'ils ont pu, comme Homère, etc.).

1 . Que l'on ne vienne surtout pas me parler de " Genre ", je l'ai déjà dit, cela m'excède. Tous ceux qui participent à ce débat en l'état disent tous la même chose : leur propre étroitesse de vue. Dans l'absolu, il y a autant de " Genres ", ou encore de sexualités, etc., qu'il y a de Sujets. Pas un de plus, pas un de moins. A " L.G.B.T.I.A.Q.P. + ", le plus intéressant, c'est le " + ". Pour être complet, il faudrait dire " tous les Sujets qu'il y a eu, qu'il y a et qu'il y aura ". Qu'est-ce qu'une femme, un homme ? C'est très exactement la Même ( cool-1614... ) chose : je ne plaisante pas, non pas dans les deux cas mais dans tout les cas, chaque cas, c'est une construction sociale, du Sens, à partir d'une réalité scientifique, du sens. En clair, c'est mélanger les torchons et les serviettes. Même si a posteriori on peut comprendre ce genre de méprise. On en fera tant que Sens et sens ne seront pas clairement distingués, c'est à dire philosophiquement.

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Message par benfifi Sam 23 Avr 2022 - 23:31

L'errance d'Ulysse c'est d'abord dix ans de guerre, noyé dans une errance des peuples. Puis trois ans avec son équipage ici ou là au gré des vents. Enfin sept ans démuni seul dans l'île de Calypso. Pour vaincre vingt ans d'errance il faut cultiver une confiance ferme mais sans excès. Ferme car on n'est pas à l'abri d'une bonne nouvelle. Sans excès pour être prêt à réagir à une tuile. Bref rester connecté avec les dieux.
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Message par neopilina Lun 2 Mai 2022 - 17:30

benfifi a écrit:L'errance d'Ulysse c'est d'abord dix ans de guerre, noyé dans une errance des peuples. Puis trois ans avec son équipage ici ou là au gré des vents. Enfin sept ans démuni seul dans l'île de Calypso. Pour vaincre vingt ans d'errance il faut cultiver une confiance ferme mais sans excès. Ferme car on n'est pas à l'abri d'une bonne nouvelle. Sans excès pour être prêt à réagir à une tuile. Bref rester connecté avec les dieux.

Elle est très importante cette chronologie, ordre des épisodes et durée de ceux-ci. Homère, à l'aune de sa propre expérience, forcément, colle le pauvre Ulysse 10 ans dans la Mer du Couchant, la Sienne. A première vue seulement, ordre et durée étonnent. 3 ans pour affronter et surmonter les pires monstres, horreurs, et 7 ans chez Calypso, en dernier, ou presque, il y a le passage chez les Phéaciens, j'y reviens. Et eut égard à ce qu'il a enduré, on ne peut pas dire qu'il souffre chez Calypso, l'amour, le lit, d'une déesse, même mineure, et tout le confort qui va avec, je suis sûr qu'il y en aurait beaucoup pour signer (et c'est de fait le cas). Ulysse ne souffre pas stricto-sensu chez Calypso, il se languit, il va s'asseoir à l'écart sur un rocher, et il regarde au loin, très loin, en direction de sa chère Ithaque. Avec, chez, Calypso, c'est l'incarnation formelle de la Mer du Couchant dans la Mer du Couchant, et cette incarnation formelle, c'est le couple, la fonction première du couple c'est de réactualiser la Situation inaugurale de l'individu. Pas encore Sujet, bien distinct de sa mère, d'autrui, etc. La Situation où commence sa psychogenèse. Et Homère, à bon droit, va se montrer extrêmement prudent à l'égard de ce " biais ", premier et radical, le " cercle " de la métaphore utilisée précédemment, où se passe la suite. Première chose. Quel est le passage le plus laborieux de l'Odyssée, et la question n'est pas littéraire. C'est très précisément entre le moment où il quitte Calypso sur son radeau et le moment où les Phéaciens, Peuple de Passeurs, un peu magicien (avec eux on passe d'un Monde à un autre), le dépose endormi dans une petite grotte en bord de mer et à l'écart sur Ithaque. Et même avant d'échouer sur une plage phéacienne, Ulysse endure une dernière, effroyable et interminable " Tempête ". Homère lui-même en bave pour arracher Ulysse à la Mer du Couchant, c'est à dire en premier ou dernier lieu (selon le point de vue, chronologique dans l'histoire du Sujet ou terminal pour l'hardi Voyageur), à Calypso, à la Situation inaugurale, au dit " cercle ", horizon inaugural où s'est passé la suite, i.e. de la psychogenèse de l'individu. Alors, 7 ans, sur 10, chez Calypso, cette dernière tempête, la médiation des Phéaciens, tout ça pour s'assurer qu'Ulysse en a bien terminé avec Sa Mer du Couchant, ça devrait suffire ? Homère lui-même dit non, prudent, il insère la prophétie de Tirésias, c'est à dire une restriction qui concerne explicitement de la Mer du Couchant elle-même. Il n'est pas sûr. Dans les conditions qui étaient les siennes, les moyens dont il disposait, Homère a fait ce qu'il a pu. Le résultat reste encore aujourd'hui exceptionnel. En clair, dans l'Odyssée, Homère considère qu'on en finit d'abord avec le " disque noirci " et qu'ensuite, on voit ce qu'on peut faire avec le " cercle " originel, subsistant du point de vue de la démarche.

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Message par benfifi Jeu 5 Mai 2022 - 10:41

Oui. Ayant enfin retrouvé sa patrie, recouvré son pouvoir, Ulysse va pourtant devoir repartir selon la prophétie de Tirésias. Dernier départ... avant le trépas, lui-même voyage. Décidément on n'en finit pas de partir... Je pense aux époux Krafft, et à "la ballade de Narayama".
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Message par neopilina Mer 11 Mai 2022 - 15:40

benfifi a écrit:Oui. Ayant enfin retrouvé sa patrie, recouvré son pouvoir, Ulysse va pourtant devoir repartir selon la prophétie de Tirésias. Dernier départ... avant le trépas, lui-même voyage. Décidément on n'en finit pas de partir... Je pense aux époux Krafft, et à "la ballade de Narayama".

Dans l'Odyssée, la mort en soi n'est pas un sujet (et c'est valable pour toute la Grèce antique). Mais la prophétie de Tirésias dit bien que la mort la plus douce attend Ulysse s'il termine au mieux Son " Périple " de vivant.
Le couple, l'amour, le sexe, etc., etc., etc., et par là même la psychanalyse qui étudie ces objets, se dressent tous sur ce " Cercle ", qu'est la Situation inaugurale, dans les limites de celui-ci et induits par celui-ci. On a bien là l'Horizon, le Paradigme, le Terrain et le Terreau, psychogénétiques. Et donc Homère, au VIII° siècle av. J.C., l'a compris, et l'a dit, à sa façon, tout à fait. Sans accident, anomalie, biologique, génétique, etc., la Situation inaugurale est la même pour tous. C'est la Suite qui fait tel ou tel Sujet.

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Message par benfifi Jeu 12 Mai 2022 - 9:43

l'Odyssée, la vie d'Ulysse. Sa métamorphose.

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Message par neopilina Sam 14 Mai 2022 - 17:12

benfifi a écrit:L'Odyssée, la vie d'Ulysse. Sa métamorphose.

Oui. Je poursuis.
On ne naît pas seul, le Sujet n'advient pas seul. C'est la Situation inaugurale. Et par la suite elle ne sera jamais éliminée, bien au contraire, elle subsiste en tant qu'Horizon, Terreau, et ce profondément via un Objet intégré, constitutif, la Mère. Donc. Il y a une peur de la mort névrotique, psychanalytique, freudienne, et c'est donc celle d'être séparé de la Mère, du dit Objet constitutif, non-individué, non-différencié, et, faut-il le dire, encore loin, très loin d'être sexué.

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Message par benfifi Dim 15 Mai 2022 - 9:30

Homère montre bien à mon sens la transformation éthique survenue entre Ulysse vis-à-vis de Polyphème le Cyclope, et Ulysse vis-à-vis d'Alcinoos roi des Phéaciens. La première rencontre se situe presque au début, la seconde à la fin de l'errance d'Ulysse au retour de Troie. Malgré son souci de raison et de justice, avec le Cyclope, Ulysse, encombré de préjugés et encore plein de jeunesse, ne peut s'empêcher d'être maladroit et enclin au malentendu. La rencontre dégénère. Normal. Homère est clair sans charger Ulysse. Car c'est la vie. Homo ne naît pas sapiens, il le devient.
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Message par benfifi Mer 6 Déc 2023 - 11:47

Homère l'Odyssée chant 17 vers 322-323 :
et Zeus l'Assourdissant prend la moitié de sa valeur
à l'homme, dès le jour où on le livre à l'esclavage.

Bon. Or voici les deux vers précédents :
Les serviteurs, dès qu'ils n'ont plus le maître qui commande,
ne veulent plus travailler comme il faut ;

L'esclave est donc celui qui, livré à lui-même, gâche son temps, gâche sa vie. Se gâche.
Dans le vers 323, le pronom indéfini "on" désigne bien sûr "lui-même".
Un riche seigneur peut ainsi, comme tout un chacun, s'il n'y prend garde, se retrouver esclave.
L'occidental moderne retient de l'esclave l'absence de liberté. Homère et les Grecs, l'absence d'accomplissement. La focale a bougé.

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