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Critique de la chrétienté

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Message par Came Sam 9 Aoû 2008 - 6:53

Première partie

Nietzsche, le corps et le dépassement de la religion


Pour déterminer les conditions selon lesquelles un phénomène tel que le phénomène religieux puisse voir le jour, la méthode critique de Nietzsche s'appuie sur une généalogie, c'est-à-dire sur une enquête quasi chirurgicale des intentions, des prétentions, des sentiments, des motivations, etc. Cette généalogie creuse profondément à la recherche de racines presque insignifiantes masquant ou plutôt dissimulant les motifs réels et responsable d'une telle apparition. D'une critique de la chrétienté en émerge une critique virulente de la métaphysique elle-même. Si pour Shopenhauer la métaphysique est à l'origine des pensées religieuses, pour Nietzsche, la religion n'est qu'une pousse tardive du besoin métaphysique, un remède transitoire, l'opium du peuple comme l'a fait remarquer Baudelaire.

Sur cette nécessité métaphysique s'édifie un monde de représentations où le Dieu chrétien trouve son chapiteau. Comme tous les autres idéaux qui se veulent immuables, ce Dieu unique est l'explication suprême à tout fondement chrétien; résultat de la recherche d'une cause originelle. Un monde représenté et déterminé par nos conceptions d'un art de vivre dont le dessein n'est que le présage d'une vie posthume, une promesse d'outre-tombe. Ce dessein tourne le dos à la vie et valorise le monde des idées, qu'elles soient monothéistes ou platoniciennes. Elles scindent l'individu en deux entités: le corps et l'esprit. Cette fracture du sujet devient fracture du corps et rend coupable les appétits qui surviennent en lui. Renoncer au présent de la vie par soumission à un Dieu de pensées désintéressées c'est nier l'existence des forces dans le corps. Cette vie n'a-t-elle pas ses ambitions propres ? Ne les a-t-elle pas organisés bien avant que nous y soyons ?

Cette chute vers un idéal posthume n'est que le résultat d'une erreur de la raison et «un embarras pour l'intellect».[Gai savoir, section 151] Représentative d'une volonté contre nature, la morale chrétienne pèche contre le corps qui n'est qu'une manifestation immédiate de la vie. Le corps a donné naissance à l'esprit; alors pour se faire chrétien, il faudrait lui renoncer ? Il faut « sacrifier Dieu par cruauté envers soi, adorer la pierre, la bêtise, la pesanteur, le destin, le néant » [Par-delà le bien et le mal, section 55] adorer le naturel de la vie qui vise l'épuisement des possibilités, des moyens, des ressources dans un éternel retour.

Une recherche de l'immuable dans la chose-en-soi est pour Nietzsche une erreur d'interprétation puisqu'elle ne peut qu'avoir une forme négative. La forme négative qu'emprunte la chose-en-soi est tout ce qu'elle n'est pas. Elle n'est pas une sensation, elle n'est pas un phénomène, elle n'est ni un concept ni une intuition. Alors, qu'est-elle au juste ? Elle est tout ce qu'elle n'est pas, une énumération de ce qu'elle n'est pas. Limité par notre condition humaine nous ne pourrions qu'atteindre une fraction, un degré du contour de cette chose, mais aucunement la chose-en-soi en elle-même; et cela même pour une postérité détenant tout le savoir puisqu'il serait impossible pour un seul individu d'en cerner la totalité de son contour. La chose-en-soi est en quelque sorte une totalité inconnaissable, qualité attribuée à Dieu. En quoi critique-t-il donc ce Dieu ? Il ne critique pas ce Dieu, mais les ambitions qu'il porte sur nous et que nous lui attribuons. Cela reflète une méconnaissance de nos caractéristiques intrinsèques.

La science, en tant qu'imitation de la nature, est une démarche positive dont le désir est de connaître les lois qui sont efficientes à la vie. Celle-ci libèrera la fardeau que des générations entières ont porté par méconnaissance du corps. Nietzsche fonde sa critique sur ces méconnaissances et appelle à la solidarité envers ces générations par lesquelles nous avons cheminé à titre d'humanité. Il critique toute prétention à des vérité universelles qui est un renoncement à toute remise en question. Pour Nietzsche toute vérité n'est que le passage obligé vers une autre vérité. Une vérité ne doit pas asservir, mais servir à son dépassement. Est-il plus réconfortant de croire en des vérités immuables ? Je ne le crois pas, car ses fameuses vérités ne peuvent rien contre les mouvements de l'élan vital. C'est nous qui devons nous adapter à celui-ci en y adaptant nos valeurs qui ne sont que des intensités énergétiques motivées par nos degrés de jugement (niveau de connaissance). Le sort réservé à ces vérités que nous anticipons comme immuables ne peuvent que devenir inappropriées au devenir. Nos vérités sont à la source de notre moralité et sont qualifiées de vertus.

P.S. Je terminerai plus tard mon exposé car il se fait tard et j'ai sommeil. :anxieux:


Dernière édition par Came le Sam 9 Aoû 2008 - 17:04, édité 2 fois (Raison : Correction de l'orthographe du titre)
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Message par Vargas Sam 9 Aoû 2008 - 10:35

je me suis permis de corriger quelques fautes d'orthographe :clind'oeil:


Came a écrit: Si pour Schopenhauer la métaphysique est à l'origine des pensées religieuses, pour Nietzsche, la religion n'est qu'une pousse tardive du besoin métaphysique, un remède transitoire, l'opium du peuple comme l'a fait remarquer Baudelaire.
Karl Marx plutôt, mais je crois qu'il n'a pas été le premier à employer l'expression :

"La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans coeur, comme elle est l'esprit des conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple."
(Karl Marx / 1818-1883 / avec Engels, Critique de "La philosophie du droit" de Hegel, 1844)

Au plaisir de lire la suite :lut:

_________________
--------------------------------------------------------------------------------
L'effet dévore la cause, la fin en a absorbé le moyen.

Paul Valéry, Poésie et pensées abstraites
(cité par Herbert Marcuse, in L'homme unidimensionnel)

hks : On le sait bien, une fois que un tel est parti (faché) on se retrouve seuls comme des imbéciles.
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Message par Came Sam 9 Aoû 2008 - 17:01

Merci Vargas pour tes corrections apportées.
-Suite de la première partie-

Nietzsche, le corps et le dépassement de la religion
Ce que les hommes qualifient d'immoral est moins l'acte que le fait de transgresser la moralité, celle-ci étant un commun accord des parties. Pour Nietzsche, le Dieu chrétien est l'icône d'une moralité se refusant tout changement, une moralité axée sur les valeurs du passé. Elle attribue à l'homme une entière responsabilité de ses actes, l'homme est pour ainsi dire coupable dès la naissance de péché originel. Nietzsche, lui, le déresponsabilise et le délivre enfin de cette culpabilité résultant d'une tension entre la moralité et la volonté de puissance. «...c'est le motif le plus puissant qui décide de nous»[Humain, trop humain, section 107] Sous l'effondrement de notre responsabilité le notion de bien et de mal s'effondre aussi. Le bien et le mal disparaissent. L'homme doit donc cesser de chercher les causes de ses intentions malveillantes puisque inexplicable en terme de cause. Ses actes deviennent seulement des effets de causes multiples dont le résultat n'est qu'un rapport entre les forces. Alors cette forme pieuse de la conscience , qui attribue aux intentions des causes qui ne reviennent pas au sujet lui-même, mais aux forces contenues sous lui, devra être abandonnée comme celle qui accordait jadis au rêve une réalité.

La piété est la forme qui s'emploie dans l'art de se conformer à la loi. À la base de cette piété pousse une volonté de conservation qui vise la sauvegarde de la communauté. Quand cet équilibre est rompu, l'acte pieux, qui est celui du conformiste, devient nocif à l'accroissement héréditaire et s'oppose à la vie elle-même. Le conformiste, à cet égard, accorde plus de valeur à la loi qu'à la vie, c'est ce qui le perdra. Or, la mort de Dieu est le symbole du renoncement nécessaire à la survie. Cette survie sera à la gloire du surhumain dont la vie est le messager; de cette épreuve naîtra de nouvelles coutumes, une moralité.

«Les coutumes dispensent de réfléchir» [Humain, trop humain, section 97] puisqu'elles ont fait leur preuve dans l'épreuve. Elles sont des habitudes acquises avec le temps. Le réfractaire aux coutumes ressembles à l'erreur et pour cela il doit en apparaître plusieurs dans une communauté pour que l'on en rencontre une bénéfique. Ainsi se conçoit l'exception nécessaire à l'accroissement héréditaire. Sous la contrainte de la moralité émerge l'exception. Elle correspond à un besoin vital tel le besoin métaphysique, «tramé d'erreurs intellectuelles et héréditairement acquises.» [Humain, trop humain, section section 16]

À un besoin métaphysique croissant, un remède fut créé par l'homme et pour l'homme. Alors, lui vint une idée qui donna à cette fin, par laquelle passe toute vie, une nouvelle naissance: il créa Dieu. Un remède à toute incertitude fut célébré. Un nombre infini d'ornement allait servir de présent à la gloire de ce Dieu, des ornements cueillis à l'arbre de vie dans la contrée du serpent. Le destin avait l'air d'être tracé. Mais un sacrifice eu lieu qui délivra les hommes du chantage que leur faisait le serpent. Ils provoquèrent la chute de l'objet de ce chantage. Leur Dieu s'écroula sous le poid de ses nombreux ornements. De ce déclin vint un grand effroi sur la terre et mît les esprits dans un état de confusion jamais vu jusqu'ici. Toutes les lois se confondirent. C'était la fin du renoncement au corps. Pour la première fois le corps allait devenir l'être du devenir.

-Qu'il croit en ses propres qualités !

La foi apaise la douleur morale et les angoisses de la vie, bien qu'elle puisse prétendre être un remède pour tous. Il se peut qu'il n'en existe aucun de miraculeux. «La faim ne prouve pas qu'il existe un aliment qui la rassasie.» [Humain, trop humain, section 131]

Le Dieu a pour origine les désirs, Il est une sublimation de la négation de tous les désirs. Il est l'espérance de ceux qui souhaitent se défaire des élans de leur vitalité, les pécheurs de la vie et surtout du corps. Ce Dieu est le symbole d'une aspiration à l'extinction des appétits; espérance impossible à une condition humaine. Il est l'oeil qui scrute le dedans, une introspection perpétuelle du soi mettant le corps dans un éternel sentiment de culpabilité. Plutôt que de souhaiter l'extinction de ces élans vitaux, ne serait-il pas plus sage d'agir soi-même en oeil qui scrute; de se substituer à ce Dieu pour enfin se dégager de cette culpabilité si funeste à l'émergence de vie.

Si tu veux voir, peint
Si tu veux entendre, chante
Si tu veux goûter, fait la cuisine
Si tu veux sentir, parfume toi d'amour

Alors, si tu veux jouir de tes sens, prend plaisir à maîtriser les éléments qui sont les objets de ta sensibilité. L'art est un exercice pour l'esprit qui entretient ses passions sous la forme sublimée du geste; il est un moyen d'échapper à sa condition humaine.
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Message par Bergame Sam 23 Aoû 2008 - 18:09

Bon, je trouve personnellement, que ce texte est très intéressant. Au moins dans le sens où il représente bien, je crois, un certain courant de pensée très actuel, et a en même temps le grand mérite d'appeler les choses par leur nom. Il s'agit de "dépasser la condition humaine" -ce qui me rappelle si bien l'introduction à l'ouvrage d'Arendt, à laquelle cela fait longtemps que j'envisage de faire référence dans la suite de cette discussion- et de comprendre la doctrine de la mort de Dieu comme un : "la place est vacante, libre à chacun de postuler s'il en a les capacités".
Ou bien plutôt. A partir de ton texte, Came, je vais essayer de donner un peu de consistance à mes propres analyses, qui me travaillent depuis quelques temps. Cela va donc consister en une critique de ton texte -mais nous sommes là pour ça, n'est-ce pas ?
Comme point de départ, je propose le texte de Heidegger à propos de l'expression "Dieu est mort", que j'avais déjà évoqué ici :

En pensant grossièrement, on pourrait croire que ce mot ["Dieu est mort"] dit que le gouvernement de l'étant passe de Dieu à l'homme, ou, encore plus grossièrement, que Nietzsche met l'homme à la place de Dieu. Ceux qui l'entendent ainsi pensent en vérité bien peu divinement de l'essence divine. Jamais l'homme ne peut se mettre à la place de Dieu, parce que l'essence de l'homme n'atteint jamais à la région de l'essence de Dieu. Par contre, en comparaison avec cette impossibilité, quelque chose de bien moins rassurant peut arriver, et dont nous avons à peine commencé de méditer la nature. Cette place qui, en pensée métaphysique, est propre à Dieu, est le lieu de l'efficience causale et de la conservation de l'étant en tant que créé. Ce lieu de Dieu peut rester vide. A sa place, un lieu autre, c'est-à-dire qui lui corresponde métaphysiquement, peut s'ouvrir, qui n'est ni identique avec la région essentielle de Dieu ni avec celle de l'homme ; avec ce lieu, l'homme entre en un rapport éminent. Ce n'est pas le surhomme qui prendra jamais la place de Dieu. La place à laquelle s'ouvre le vouloir du surhomme est une autre région d'un autre fondement de l'étant en son autre être. Cet autre être de l'étant est devenu entre-temps -et c'est ce qui caractérise le début de la Métaphysique moderne- la subjectité.
[Heidegger, Le Mot de Nietzsche "Dieu est mort", in Chemins, Tel, p.308]

Si l'on revient maintenant à ton texte, Came, il me semble que c'est par exemple très intéressant, l'idée selon laquelle la science est, comme l'art, imitation de la nature, et qu'elle est désir de connaitre les lois qui sont efficientes à la vie. Je note bien : Tu ne dis pas que la science est connaissance des lois de la nature, mais désir de connaissance, libido cognoscendi. Mais du même coup, tu poses que la vie est régie selon des lois, objet et horizon du désir de connaitre de l'homme.
Ce faisant, que fais-tu ? Tu reprends le schème de la métaphysique "classique", dont tu changes simplement l'objet : Tandis que pour les scientifiques du XVIIe-XVIIIe, la science était désir de connaitre Dieu par ses oeuvres, de retrouver les lois qui président à l'univers en tant que Création, tu affirmes qu'elle est désir de connaitre la Vie en tant que principe originaire de la physis. Par conséquent, tu réintroduis un arrière-monde derrière le monde des phénomènes tels qu'ils nous apparaissent : Derrière l'apparence du divers sensible, il existe des lois que l'esprit humain peut appréhender de manière intelligible. Autrement dit, la métaphysique classique plaçait Dieu au lieu de l'efficience causale ; toi, tu remplaces Dieu par la Vie.

On peut d'ailleurs repérer des expressions dans ton texte qui trahissent cette substitution. Par exemple, tu dis : "L'homme doit donc cesser de chercher les causes de ses intentions malveillantes puisque inexplicable en terme de cause." Je note d'abord que c'est une utilisation erronée des notions. Ce que tu veux dire, ce serait plutôt, dans un langage plus académique : "L'homme doit cesser de chercher les raisons de ses actions." Car comme tu le continues, la méthodologie que tu proposes consiste en une explication causale : "Ses actes deviennent seulement des effets de causes multiples dont le résultat n'est qu'un rapport entre les forces."

Cette ambiguïté conceptuelle s'explique par le fait que ce que tu as tout simplement fait, c'est de substituer un type de causes à un autre type de causes : A l'explication du comportement en termes de motivations bonnes ou mauvaises, tu proposes une explication en termes de forces vitales.
Evidemment, celui qui connait un peu la théorie de l'action voit le subterfuge : "Allons, personne ne confond "causes" et "raisons/intentions" ! On peut proposer d'expliquer un comportement par des causes mécanistes telle ques les "forces vitales" si l'on veut, mais l'interprétation du comportement en termes de raisons bonnes ou morales, n'a rien à voir ! Causes efficientes et causes finales n'appartiennent pas au même registre explicatif !" Mais toi, tu les confonds, et tu pars du principe que le comportement moral est motivé par des causes efficientes :

Alors cette forme pieuse de la conscience , qui attribue aux intentions des causes qui ne reviennent pas au sujet lui-même, mais aux forces contenues sous lui [sous-entendu ici, les forces morales], devra être abandonnée comme celle qui accordait jadis au rêve une réalité.
Il y a chez Nietzsche une théorie très intéressante des types humains. Une théorie qui repose sur une idée qu'on retrouve très régulièrement dans la littérature du XIXe, et qui dit que, en quelque sorte, la culture est une détermination du même ordre que les déterminations physiologiques. Vous savez, le vieux débat de l'inné et de l'acquis ? Et bien au XIXe, une certaine frange intellectuelle résoud cette contradiction en disant que l'acquis, au fond, c'est un peu comme de l'inné. Que lorsque vous avez été élevé dans la religion catholique, par exemple, et bien, en quelque sorte, cela formate votre cerveau. Que lorsque vous avez été élevé dans les valeurs bourgeoises, et bien vous êtes bourgeois toute votre vie, quoique cela veuille dire. Et inversement, bien sûr, chez les pauvres, les ouvriers, les prolétaires. Et plus encore, cette culture-qui-devient-nature différencie aussi les hommes selon leur nationalité : Il y a un type d'homme "allemand", un type d'homme "français", etc. Bref, une idée largement répandue au XIXe, mais qu'on a un peu laissé tomber au XXe. Car pour la conserver valide, il faudrait encore expliquer comment la culture rentre dans le sang, en quelque sorte, comment l'esprit devient matière. Et de cela, ni Nietzsche, ni Marx, ni Taine ni aucun autre n'en a proposé d'explication valide.

Voila pourquoi aujourd'hui, on ne considère pas que la religion puisse être invoquée comme cause efficiente, "psychologique", du comportement. D'ailleurs, la simple observation empirique montre que la pratique religieuse diffère considérablement d'un individu à un autre. Il y a des individus élevés dans la foi chrétienne qui sont particulièrement tolérants ; et il y en a d'autres qui sont parfaitement intransigeants. Et l'on retrouve cette même répartition quelque soit la religion. Et même dans d'autres domaines : Je connais des scientifiques qui sont des monstres d'intolérance, je connais des athés d'un militantisme hargneux. La simple observation tendrait donc à faire accroire l'idée que les caractéristiques psychologiques, si elles renvoient à une quelconque forme d'existence, existent en-deça de l'apprentissage culturel.
Toi, Came, dans ta charge contre le christianisme, tu mets néanmoins sur le même plan les "forces vitales" et les "forces morales", en tant que motivations de l'action, et tu en fais deux types de causes psychologiques. Ce faisant, tu proposes simplement de remplacer ce que tu poses (métaphysiquement, donc) comme un "comportement motivé par Dieu" par un "comportement motivé par la Vie".

Je passe sur l'hypothèse qui consisterait à se demander si toute cette construction ne repose pas sur le fait que tu accordes toi-même beaucoup de réalité à Dieu. Comme je ne doute pas que la Vie soit en quelque sorte un principe "réel" pour toi, on peut se demander si l'idée qui consiste à mettre Dieu et la Vie sur le même plan n'implique pas, d'abord, de concevoir Dieu également comme réel. Après tout, ce qu'on dit trop peu souvent à l'égard de Nietzsche, c'est que son père était pasteur, que lui-même fut très pieux durant sa jeunesse, et qu'il n'est pas interdit de voir l'oeuvre nietzschéenne, au moins en partie, comme une tentative intellectualisée d'auto-désendoctrinement. Il n'y a pas de plus féroce critique que l'apostat.
Mais peu importe. Ce qui m'intéresse plus, c'est la nouvelle métaphysique que tu construis ainsi. En plaçant les forces vitales au lieu de l'efficience causale, tu ne fais, comme le dit Heidegger, que remplacer Dieu par la Vie. Il resterait pourtant à se demander, l'instinct, les forces vitales étant aussi mal définis qu'on le sait -je veux dire : d'une manière générale, pas seulement chez toi- si tout cela n'était pas un nouveau subterfuge de la pensée. D'un mot, ce que je comprends de la doctrine d'Heidegger, c'est que le lieu de l'efficience causale, à l'époque moderne, ne reste pas vide, et ce n'est pas la Vie qui l'occupe ; c'est la technique.

Mais j'ai dit "subterfuge de la pensée". Admettons que Heidegger voit un peu juste. En quoi la construction métaphysique est-elle subterfuge de la pensée, de quoi la Métaphysique moderne est-elle le nom, pourrait-on plagier ? Je propose une suggestion, à l'aide de la suite du même texte :

À la base de cette piété pousse une volonté de conservation qui vise la sauvegarde de la communauté. Quand cet équilibre est rompu, l'acte pieux, qui est celui du conformiste, devient nocif à l'accroissement héréditaire et s'oppose à la vie elle-même. Le conformiste, à cet égard, accorde plus de valeur à la loi qu'à la vie, c'est ce qui le perdra. Or, la mort de Dieu est le symbole du renoncement nécessaire à la survie.
Je trouve en effet formidable, Came, comment, dans ce passage, tu opposes la "conservation qui vise la sauvegarde de la communauté" à la "survie". Pourquoi ? Et bien parce qu'en première approximation, on pourrait considérer que "conservation" et "survie" sont plutôt des synonymes. "Survivre", c'est conserver la vie, non ? Mais autant ce passage qualifie bien de quelle conservation il s'agit (celle de la communauté), autant il est moins clair en ce qui concerne la survie.
De la survie de qui, de quoi parlons-nous ici ? Si survie il y a, c'est celle de l'espèce, nous sommes d'accord ? ce n'est pas celle de l'individu. La vie se fiche des individus, si ce n'est en tant que véhicules pour sa reproduction et sa propagation. Et qu'est-ce qu'une communauté, du point de vue de la vie, si ce n'est une forme sociale facilitatrice de la reproduction ? Comment la communauté se reproduit-elle si ce n'est au rythme des générations ? Tu vois donc comme il est étrange de proposer une opposition conceptuelle entre "conservation" et "survie". La vie vise à sa propre conservation, et même à son expansion, et cette conservation passe justement par le collectif, la communauté. L'opposition, pour l'instant, n'est donc pas bien claire.

Mais je pense qu'elle s'éclaircit si l'on comprend qu'implicitement, elle repose sur une opposition entre deux couples de termes, comme suit : "Conservation" et "communauté" / "survie" et "individu".
Je pense que c'est ainsi, mais sans que tu te résolves à le dire explicitement, qu'il faut comprendre le passage. Je reprends :

Le conformiste, à cet égard, accorde plus de valeur à la loi qu'à la vie, c'est ce qui le perdra. Or, la mort de Dieu est le symbole du renoncement nécessaire à la survie. Cette survie sera à la gloire du surhumain dont la vie est le messager.
Tandis que la communauté se conserve, l'individu doit mourir. Le conformiste, certes, mais l'anti-conformiste également. Et tous les autres, aussi. C'est là un indépassable de notre condition humaine. Alors qu'est-ce que le surhumain, ce dépassement de l'homme ? Et bien, il me semble que tu le dis sans le dire : Le Surhomme, c'est l'homme immortel.

Mais regarde dans quel traquenard de la pensée tu tombes alors : Qu'est-ce qu'un homme immortel, si ce n'est un être qui a réussi à s'abstraire du cycle de la vie ? Y a-t-il plus belle expression du refus de la vie que celle qui nous conduit à envisager la possibilité de devenir immortel ? Hélas, lorsqu'on glorifie la Vie comme principe originel de l'univers, on oublie souvent que son corollaire, c'est la mort. Ou plus précisément dit, peut-être élever la Vie au rang de principe suprême, de valeur étalon des valeurs, a-t-il surtout comme intérêt de nous masquer à nous-même la dure réalité de notre condition d'être marqué par la Mort.

Bref : Métaphysique que tout cela, quoique métaphysique moderne. Nouvelle manière, plus "dûre" d'ailleurs peut-être, plus radicale, plus intransigeante, de placer le Sujet, l'Individu, l'Ego au centre de l'univers. Il ne s'agit pas de prendre la place de Dieu, car Dieu représente autre chose, le Tiers, l'"objectif", l'efficience causale ; c'est tout au contraire : Faire de l'Ego le principe de toutes choses, et réduire le monde au rang d'objet pour l'Ego. Plus d'arrière-monde, plus de tiers, plus de vérité, plus de justice, plus de valeurs, plus d'autrui, plus de mort, plus de vie, plus rien, autre que l'Ego, l'ego sensible, l'ego jouisseur, l'ego possesseur et les objets de l'Ego. Ils ont raison, les "nietzschéens", ce n'est pas là un nihilisme, puisqu'il y a quelque chose : L'Ego.

Je vois souvent ce qu'on appelle le "nietzschéisme" actuel comme une forme un peu intellectualisée et hédoniste de l'anarcho-capitalisme. Pour moi, ce dont il est question dans ce texte, au-delà de la critique du christianisme, c'est d'une nouvelle doctrine dont le mot d'ordre est connu : "Jouir sans entrâves".
C'est la raison pour laquelle j'espère que tu ne vas pas prendre mes critiques à titre personnel, Came. Selon moi, nous exprimons tous des idées qui sont celles de notre temps -ou qui sont peut-être de tous les temps, d'ailleurs. La Vie pour toi, ce sont les Idées pour moi. Wink
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Message par Came Dim 24 Aoû 2008 - 2:09

J’attribue à la vie le rôle d’évaluateur, c’est-à-dire de législateur; rôle que Dieu jouait originairement. Tout ce que je fais c’est de tenter, au sens d’une expérimentation qui est rendue possible grâce à ce forum, de redonner à la vie, qui est pour moi un processus de perfectionnement, sa noblesse. En ce sens, ce n’est pas à nous de condamner et/ou de déterminer la valeur ou la non-valeur d’une affirmation, mais à une postérité qui viendra. Ce que j’avance n’est qu’une création synthétique à l’intention des possibles, bien entendu j’emprunte beaucoup aux philosophes, mais pour moi le processus vital est un processus créatif qui tente d’élaborer des possibilités explicatives. En ce sens, l’art est aussi une extraction des possibilités. Lorsque je crée un tableau, je concrétise une possibilité en la faisant devenir. Ai-je eu totalement le contrôle sur son exécution ? Non, enfin, pas entièrement car lors de l’exécution plein de stimulus m’ont fait changé de trajectoire. Le tableau s’imprègne donc de la vie dans son exécution. Dans tout processus créatif entre en jeu une multitude de forces extérieur à l’artiste (sujet), l’artiste est celui justement qui sait relâcher le contrôle temporairement afin de se laisser guider par le processus lui-même.


Ce messager qui entre en jeu dans le processus créateur est pour moi, pragmatique que je suis, la vie, seul objet connaissable dont je dispose. Pour moi les idées nous sont étrangères et ce sont elles qui fonde cet arrière monde dont tu parles. Loin de contester ta conception, je lui accorde la valeur d’une possibilité qui ne correspond pas à ma personnalité. C’est justement grâce à cette diversité que la vie obtient toute sa noblesse. Lorsque nous spéculons comme nous le faisons, nous ne faisons qu’élaborer des possibilités. N’est-ce pas là notre rôle que d’instaurer une académie platonicienne inversée ? Pourquoi inversée ? Parce que plus personne n’a le rôle de maître absolu, mais chacun joue le rôle qui lui convient et se défini grâce au processus en cours.


Ces possibilités s’offrent à nous comme des explications d’un monde que l’on tente de saisir sans avoir de certitude sur chacune d’elles. La certitude est pour moi une illusion qui s’est souvent transformé en cauchemar, par exemple dans le projet nazi et l’idée d’une race aryenne.



Ambiguïté conceptuelle



J’avoue que l’ambiguïté que tu as soulignée est inévitable lorsque l’on conserve l’idée de la causalité au sein de la moralité. Peut-être n’ai-je pas été suffisamment précis. Ce que je propose à ton objection c’est que nous devons conserver la causalité que pour les phénomènes mécanique et ne pas se laisser tenter par des analogies dans des champs plus complexes comme la vie. Je crois qu’elle doit être soustraite à toute spéculation sur celle-ci (la vie). Longtemps nous avons été tentés par cette analogie, ce n’était qu’un rêve ou un cauchemar. Cette causalité est responsable de nos sentiments de culpabilité. En la soustrayant de nos schèmes moraux nous libérons l’homme de ses penchants que l’on qualifiait jadis d’immoraux. C’est là l’essence même de mon projet.


Je suis d’accord avec toi lorsque tu dis que je remplace Dieu par la vie, c’est pour moi de l’ordre du bon sens car la vie, au moins nous est accessible. Par ailleurs, mon texte ne faisait que rendre compte, selon l’esprit généalogiste nietzschéen, d’une certaine historicité. La seule audace que je me reconnais est dans le projet de soustraire la causalité de l’édifice moral. Pense aux bienfaits que cela nous apportera.

J’ai la conviction profonde, toujours dans une perspective généalogiste, que les intentions sont dérivés par analogie de la causalité. Peut-être suis-je naïf ? L’apparition de cette analogie nous est très éloignée, tellement éloigné que nous en venons à croire qu’il en va de soi et que la morale est une sorte d’a priori. C’es là justement où intervient la mort de Dieu, c’est-à-dire que Nietzsche opère un déracinement en profondeur des racines du mal, celui qui afflige l’homme depuis des siècles. J’ai souvent l’impression que nous ignorons trop souvent cette racine malveillante qui mine notre quotidien. Elle est bien là présente encore et bien vivante. Ceux qui font souffrir sont ceux qui, par manque d’imagination, sont incapable de se mettre à la place de l’autre, dit Nietzsche dans Humain, trop Humain.
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Message par Came Dim 24 Aoû 2008 - 3:06

Pour ce qui est de la conservation, c’est de la conservation d’une morale qu’il est question. Le conformiste confond les lois de la morale avec la vie. C’est ce qui le perdra bien entendu car il refuse de relativiser sa conception de la loi, de la mettre en quelque sorte à l’épreuve dans la vie qui n’est que devenir. Il ne faut pas oublié que la morale est une forme d’adaptation, un raccourci à l’intention des masses. Elle permet d’agir plus rapidement et ainsi favorise la vie lorsque l’environnement par exemple reste le même. Mais si l’environnement change la moralité d’avant le changement n’est plus efficace, donc plus favorable à la vie. Les règle du jeu ont changé, comme les économistes disent parfois pour expliquer des investissements à perte. C’est le même processus qui s’applique lorsque l’environnement se configure autrement, le contexte est changé les valeurs doivent donc changer aussi. C’est la théorie du choc. L’épreuve du choc opère sa reconfiguration et certain, les conformistes, sont appelés à disparaître. Une nouvelle communauté voit son apparition et une nouvelle moralité apparait aussi. J’ai déjà fait part de ma conception du choc dans la rubrique de l’éternel retour.

Des survivants découlent une nouvelle communauté; ils refondront de nouvelles valeurs inspirées de l’épreuve du choc et ainsi suite jusqu’au prochain choc, l’éternel retour du même. C’est d’une sélection par la vie de certains individu que découle ma conception de l’éternel retour du même et c’est aussi par cette même sélection qu’une nouvelle moralité verra le jour. Bien sure, ces individus sélectionnés périrons à leur tour mais ils auront perpétué leur hérédité, leur culture et leurs mœurs à d’autre qui prendrons leurs flambeaux et se perpétueront et périront à leur tour.



C’est loin d’une «jouissance sans entrave» car la nouvelle moralité s’inspirera de l’épreuve. La confrontation des anciennes mœurs avec les nouvelles sera mise à l’épreuve dans l’épreuve du choc; les nouvelles, les plus adaptées garantiront la survie de ses adeptes.

En ce sens, l’élaboration d'explication possible nous permette d’anticiper en quelque sorte l’évidence du choc. C’est ce que nous permet de faire le forum; de voir d’autre conception, de les valider, de les argumenter, et par conséquent d’être informer des nouvelles idées en cours de transformation.

Pour moi la philosophie est le salut et un acte de survie.
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Message par cedric Dim 24 Aoû 2008 - 13:14

Excuse moi Came, je vais être franc. Ton discours me fait penser au kitsh, si on peut parler du kitsh au niveau de la pensée et son histoire. Je veux dire, ton " combat " est un combat d'arrière garde qui n'a plus lieu d'être. Tu es un peu la naïveté d'un Nietzsche couplée à la "schizophrénie" d'un Deleuze ( idéaliste qui se construit des mots et des théories pour se mentir sur son esprit religieux qu'il rejette, le plan d'immance...), bref un idéaliste qui se débat avec ses croyances. Dieu, la Vie. Toute majuscule remplace Dieu. Je dirais...naïveté. Ce que je vois, c'est que tu te construis. Quel âge as-tu, si ce n'est pas indiscret ?


Dernière édition par cedric le Dim 24 Aoû 2008 - 15:02, édité 1 fois

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Message par Bergame Dim 24 Aoû 2008 - 13:44

Cédric, l'age de Came ne nous regarde en aucune manière, comme quelqu'information que ce soit à propos de sa vie privée. Ici, sur ce forum, il n'y a que des textes qui expriment des idées et des thèses, que chacun propose, croit vrai, défend de manière argumentée, et sur lesquels les autres réagissent, critiquent, approuvent, développent.
En revanche, sur le PhiloFight Club, l'argument d'autorité est parfaitement recevable Wink

Came, il y a une thèse qu'il me semble vraiment intéressante de discuter, c'est celle de la causalité morale. Mais avant de discuter du bien-fondé de la thèse, j'aurais une question, si tu veux bien :

Came a écrit:
La seule audace que je me reconnais est dans le projet de soustraire la causalité de l’édifice moral. Pense aux bienfaits que cela nous apportera.
Franchement, j'ai un peu de mal à l'imaginer. Puis-je te demander comment, toi, tu conçois les choses ? Quelles seraient les transformations concrètes que ton projet amènerait s'il se réalisait ?

Et par ailleurs, si je comprends bien ta thèse, ce sont des transformations dans l'environnement culturel, social, etc. qui nécessitent la création de nouvelles morale, d'une nouvelle morale, et la disparition des anciennes. En soi, c'est une thèse qiu me semble défendable. Sauf que, tu en es d'accord, il faudrait au préalable avoir montré que nous vivons effectivement une transformation radicale actuellement qui nécessite cette nouvelle morale. Or, pour l'instant, tu évoques vaguement à ce propos le discours de certains économistes. Est-ce que tu pourrais développer, et/ou nous dire en quoi, précisément, notre environnement a changé à ce point que de nouvelles valeurs soient nécessaires ?
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Message par Came Dim 24 Aoû 2008 - 15:57

Avertissement: Ce texte est une création littéraire, une fiction qui tente de mesurer l'ampleur des conséquences de la causalité dans l'édifice moral, preuve selon laquelle il y a souvent une confusion entre la cause et l'intention. En supprimant la cause de notre répertoire moral nous ne conservons que les effets.




L’abîme du délire





La fragmentation mortuaire du tissu cérébral limbique se soulève contre l’état dégénératif du lobe frontal et ce, dans des circonstances inaliénables de croissance personnelle. [Introspection du délire d’un malheureux] Sa désintégration lui donne l’envie de mourir prématurément d’un décès à contrôle sectoriel de la division pulmonaire, issu de sa pneumatologie propre en instruction psychologico-médicale et maternelle. Son désir profond reflète son dégoût pour l’accoutumance invincible de ses désirs restés secrets et sans oreille. Il décrépite son sens de la décrépitude en oraison funèbre et jaculatoire de son devoir archétypal. Il dilapide sa vertu au gré du vent et se soulève insidieusement de son bas fond alcoolique. Il le jette loin devant pour le frapper de coup de pied interminable droit devant son cœur de gitan. Il est le gitan introspectif lui-même, il est son propre géni, sa propre divine comédie. Il est constitué de tort et de raison, bien qu’il soit seul dans son habitacle. Il dérange parfois, mais plus maintenant depuis qu’il ne consomme plus son ivresse pathologique
- Je suis celui dont tu parle, c’est moi Éric le truand, Érik Le rouge viking, le faux-truand puisqu’il n’est que ce qu’il ne désire pas être, c’est-à-dire un être qui ne se désir pas, parce qu’il a la frousse de désirer; il considère ne rien avoir autre que son être. Sale petite ordure que tu es.

- Non, je ne suis pas une ordure; je ne suis qu’un humain plein de chagrin d’enfance, plein de peur et d’amertume. Je me souviens …ouf! pas tellement du chagrin de voir ma mère…….. Mais qu’est-ce qu’elle avait au juste ? Une psychose, mais sa psychose j’en ai hérité une partie… non. En tout cas les effets se sont fait ressentir en moi… non. T’en voudrai-je tu toujours de m’avoir abandonné à ceux qui auraient du faire quelque chose. J’ai toujours déculpabilisé ma mère et culpabilisé les autres. A-t-elle quelque chose à voir avec ça, me demandè-je. Peut-être bien ! Ai-je surestimé la responsabilité des autres pour déculpabiliser ma mère. C’est du délire ce que je fais – toujours - car je suis à l’affût - toujours - de mon propre délire, et j’interprète souvent celui des autres comme du géni. Leur géni ressemble beaucoup au pouvoir que je leur attribut dans mon soulagement anté-traumatique. Je délire – toujours - je délire. N’est-ce pas palpitant que de délirer sans cesse; sans espoir de retour à la vie morose de ceux qui aurais dû faire quelque chose pour moi quand j’étais enfant. C’est vers ceux-là que je me retourne toujours et éternellement. Dois-je commettre le meurtre qui me libérera de cette emprise perpétuelle et émotionnelle qui se résout en un blocage; une peur œdipienne de mon père représenté ici par les autres, ceux qui ne sont pas venu me soulager quand j’étais enfant sans les bras de ma mère pour me supporter, me cajoler, m’encourager…Ah! C’est vrai, elle était malade. Je l’oubliais.

Parlons du meurtre qu’il est possible que je commette, celui par lequel j’assumerai la quasi totalité de la responsabilité de ma mère, enfin de sa maladie; car sans les autres pour la déculpabiliser le blâme me reviens immédiatement. J’agirai comme un démiurge qui fait œuvre de charité à l’égard de sa mère, et qui assassine ceux qui ont porté jugement sur elle, j’assumerai la totalité de tout ce blâme, et les survivants me crucifieront pour avoir voulu la justice. N’est-ce pas là le plus beau délire qui soit : se prendre pour Dieu et agir comme tel. Dieu a-t-il la conscience de se porter à l’attaque contre ceux par qui j’ai souffert de la maladie de ma mère. Ce sont eux, par leurs jugements, qui son responsable de ma terrible aventure en Amérique du nord. Ce sont eux les coupables, mais ils sont trop nombreux pour que j’arrive à les exterminer tous autant qu’ils sont. Est-ce d’un pacte que j’ai besoin ? D’un pacte avec le diable parce qu’un pacte avec quelqu’un qui ne se manifeste pas c’est comme déliré dans inutilité de son esprit malveillant et tourmenté. En arriver là, c’est toujours du délire, car le délire est à l’œuvre partout. Regardez les agir ces coupables. Il exploite, il tue, il broie nos âmes avec les pierres chaudes de l’enfer. Les plus puissant sont les plus coupable. Je suis victime, mais il y en a d’autre, car les puissants ne représentent pas une majorité, mais une minorité. Leur meurtre me ferait condamné et leur donneraient raison, alors, je fais mieux de me tenir tranquille, dans l’ombre et anonyme. Je fais mieux de les haïr en silence dans mon antre. Ils me traduiront en justice et auront l’impression de bien faire les choses. Peut-être me feront-ils passer des examens chez le psychiatre qui s’adonnera sur ma personne à des expériences tout aussi délirante que mon propre délire. Érik est un cas lourd de psychose paranoïaque avec un sentiment dominant de persécution, nous ne pouvons donc, par conséquent, le traduire devant cette cours car il n’est pas apte à subir son procès pour cause d’aliénation morbide avec sentiment profond de persécution. Sa personnalité antisociale lui donne donc aucune possibilité de rémission, c’est-à-dire qu’il est recommandé de lui suspendre sa liberté à perpétuité pour cause d’aliénation mentale sans possibilité de rémission.

*



Voilà le contexte dans lequel je me suis retrouvé contraint à survivre pendant un temps indéterminé. Il est difficile de comprendre l’état dans lequel je me suis retrouvé suite à cette non-sentence, puisqu’il s’agissait belle et bien d’une non-sentence ou plutôt d’un diagnostique. Sa clarté restait pour moi un mystère infranchissable. Je n’arrivait plus à saisir la portée morbide de mon délire, car toute liberté m’avait été enlevé et cadenassé de façons indéterminées, un verdict d’une précision douteuse. Je ne voulais que venger ma mère, cette femme qui m’avait enfanté dans le déchirement de ses entrailles. Ne tenons nous pas cette vie grâce à elle seule ? Le père n’est que l’organe qui tient l’organe érectile par lequel il y aura enfantement. Enfin, c’est ce que ma mère m’a appris. Il était coupable de sa douleur, il en était la cause tout comme Dieu. Sale petit organe que tu es! J’en suis aujourd’hui terrifié… par cet organe. Lorsque je bande, je suis coupable de la douleur de toutes les femmes. C’est de ma faute, c’est de ma faute c’est de ma très grande faute. Je suis maintenant enfermé par la faute des autres. Je ne peux plus procréer heureusement. Quel soulagement ! Je vais enfin cesser d’être la cause de leur malheur.



Seul sur les eaux remplis de larmes



La production du délire est aujourd’hui une entreprise prospère et lucrative, elle fait son succès du libéralisme capital, c’est la philosophie selon laquelle chacun est libre de faire ce qu’il veut si et seulement si il a les moyens de se payer les honoraires des plus grands des plus meilleurs juriste du monde civilisé entier ou entièrement civilisé, enfin je’n sais plus si je suis juste ou injuste en ces termes, mais il y a une chose dont je suis sure c’est que le délire c’est payant. Quand on délire ont «trip» à fond, non ! Merci ! Délire! Merci! Ma mère délirait à fond, elle. À l’occasion, elle sortait tous les meubles de la maison, et ce en plein été, question de prouver qu’ils avaient tort de dire : «L’autobus Voyageur passe là où personne ne peut passer, surtout en hiver avec la neige qui ne fini plus de tomber.» Ce jour là l’autobus n’a pas passé devant chez moi. J’étais tout triste de voir ça. Il y avait tant de meuble que nous ne réussissions même plus à voir la rivière en face de chez nous. J’étais tout en sanglot quand ma mère s’assied tout près de moi et se mis à pleurer des larmes et des larmes sans plus jamais qu’elle n’arrive à les faire cesser. Elle s’écroula sur le sol affaiblie surement par la déshydratation. Je téléphonai aux ambulanciers qui arrivèrent dans un temps record. Ils eurent bien sure quelques peines à enjamber tous les meubles qui étaient restés là immobile à nous regardé pleurer toute les larmes de notre corps. Ah! Ces immobiles! Ils restent là sans broncher à te regarder hurler ta douleur à pleine poitrine et ne réagissent même pas. Ils ont tous des cœurs de pierre et ils ne savent pas ce qu’ils font à ne rien faire. Ils préfèrent faire les badauds et s’abreuver au malheur des autres. Eux, ils ne délirent pas, ils sont immobiles tout comme les meubles sur le trottoir et dans la rue. Je regardai partir ma mère avec ce gros autobus jaune presque fluorescent. Je restai triste; ma mère s’était envolée avec un réconfort qu’elle aurait pu m’offrir. J’entrai les meubles dans la maison et les badaud s’en sont allés. Le spectacle était terminé. J’étais non pas satisfait mais soulager d’un partie de ma honte.



Cette soirée je la passai seul, car personne n’ose plus revenir sur les lieus de sa propre culpabilité, à part les vrais assassins comme moi. Tous se dise : «Je n’ai rien fait qui puisse m’être condamnable. Cela ne nous regarde pas. Elle va être hospitalisée. Ils vont bien la soignée. C’est triste pour le petit, mais nous ne pouvons rien faire. Si nous entreprenons des démarches pour le sortir de là, nous nous exposerons à des représailles de cette … folles. Tu as raison chéri. Bonne nuit ! Toi aussi !» Mais le petit, comme il l’appelait tous, ne dormi pas si bien cette nuit là. Il avait à l’esprit le destin de sa mère. Comment s’en sortirait-elle ? Il fini par trouver le sommeil dans les bras de ses inquiétudes.



Encore aujourd’hui j’ai de sérieux problèmes avec mon sommeil. Lorsque le sommeil vient je crois mourir, alors, en sursaut je me réveil brusquement cherchant mes repères dans toute les directions de l’espace-temps. Cette recherche hante profondément mon existence, car lorsque l’esprit est fait prisonnier de ses émotions et de ses angoisses il n’arrive plus à se débarrasser d’elles, elles l’habitent intensément comme pour l’éternité; cette substance émotionnelle envahie son sens interne, telle une intoxication, ce qui a pour effet d’empêcher la libre circulation du devenir constitué essentiellement d’espace, en tant que position de la matière et de temps. L’effet symptomatique de cette recherche éternelle d’une emprise sur l’espace et le temps est justement se délire qui m’afflige encore et encore. Je m’en excuse, mais si vous vous donner la peine de poursuivre votre lecture vous arriverai peut-être à comprendre l’ensemble de ma situation. Elle est celle de beaucoup d’autre, enfin je le crois.



Mon délire fragmente le réel en diverse point de l’espace, il le divise, le subdivise dans le but de s’en approprier la totalité. Cette totalité sera toujours morcelée en partie, c’est mon affliction. Je délire vous allez dire, justement oui ! Je souffre de paraphrénie. C’est une affliction qui s’apparente beaucoup à la schizophrénie, bien qu’elle soit moins systématique, c’est-à-dire qu’elle n’afflige pas la totalité des rapports sociaux. La paraphrénie afflige exclusivement l’imagination et l’intuition au sens kantien. Elle n’aboutit pas dans une dissociation complète, mais spécifique. Elle me permet donc d’avoir l’air tout à fait normal, ce que je ne suis pas. Ne vous fier pas aux apparences. Mes déboires avec la justice le prouvent. L’insalubrité psychologique dans laquelle je vis depuis toutes ces années ont fait de mon identité un individu fragmenté non en personnalité, mais en perspective affligé par le doute. Maintenant place au délire!



Je suis entre les mains d’Éos et
Aux frontières de la nuit quotidienne naquit Ἠώς, déesse de l’aurore
Elle bâtit sa puissance à l’orée du crépuscule océanique
Écrasé entre ciel et terre; elle sera condamné à cueillir la rosée aux pieds d’Ἔρως
Son prince inaccessible[/font][1][/font]


Mon délire est de cet ordre, c’est-à-dire qu’il tend tel un désir vers une proie inaccessible, alors il continu indéfiniment de tendre et de tendre vers… sa félicité. Elle est celle de demain, un instant décisif. Enfin je sombre d’épuisement et enfin je rêve d’un épuisement si soudain que j’en suis pris immédiatement. Je virevolte sous le soleil, puis je m’enfuie profondément dans la forêt du mal aimé. Celui que je suis, bien entendu : mal aimé des autres, ceux qui m’ont laissé à moi-même quand j’étais trop petit pour comprendre toutes ces choses que je ne devais point comprendre pour mon plus grand bien. Je n’ai pas eu le choix de comprendre vite ce qui m’arrivait, et de me rendre compte de l’absence qui afflige les immobiles. Ceux qui m’ont laissés à moi-même sont de ceux-là. Et moi qui rêve de justice et d’un monde où tout les enfants sont heureux d’être proche de leurs parents qui eux aussi vivent heureux. Soudain, je fais volteface, je tournoie de désir et je rêve. Ah, qu’il fait bon de rêver ce rêve.

[1] https://digression.forum-actif.net/nietzsche-f21/nietzsche-l-eternel-retour-t82.htm
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Message par Came Dim 24 Aoû 2008 - 17:00

Le choc peut être vécu par un seul individu, mais aussi par un ensemble d'individu, c'est-à-dire une collectivité. Par ailleurs, un recul historique est nécessaire à l'évaluation de l'ampleur du choc. Par exemple, dans le texte ci-dessus un choc à transformer l'homme en meurtrier. De quelle nature est ce choc ? Pour une civilisation, le choc peut être de plusieurs natures, par exemple, lors de la petite période glaciaire qui a duré trois siècles au moyen-âge la famine menaçait les civilisations dont l'alimentation était dépendante du blé. La culture de la pomme de terre devenait une alternative favorable à la survie puisqu'elle supporte mieux le gel que le blé. Mais l'église catholique jugeait ce tubercule comme une plante diabolique. Quelle conséquence a eu cette conception ? La mort de plusieurs. Ceux qui ont décidé de se nourrir du malheureux tubercule ont survécu.
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Message par Bergame Dim 24 Aoû 2008 - 18:24

Soit, mais il faudrait encore expliquer pourquoi tu penses que le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui vit un choc de la dimension qu'il nécessite une nouvelle morale.

Mais j'ai bien lu ton texte, je crois, et j'ai surtout envie de continuer sur la question de la cause morale. Et je te remercie, parce que tu formules, à ta manière, mais tu le formules, quelque chose que, de mon coté, je pense également, sans pourtant l'avoir formulé aussi explicitement. Effectivement, je pense aussi que la morale est d'ordre psychologique. Ce n'est pas si facile d'être immoral, et encore moins d'être amoral. Ce n'est pas un choix. Comme peu de choses, en fait, dans les comportements humains sont des choix, au sens où l'entend la philosophie de l'action, des choix entre deux options, également conçues, également indifférentes, bien sûr que non.
Aussi, on peut avoir le sentiment que la morale nous est imposée, inculquée, à ce point qu'on ne puisse plus s'en débarrasser. Ce qui me fait réagir, lorsque je lis ce genre de thèse, c'est la conception de la morale comme sociale, communautaire, culturelle, bref hétéronome. "Devenons individu, disent ses promoteurs, rejetons la fiction de la société, rejetons notre éducation, combattons l'endoctrinement dans lequel nous avons été élevés, la religion, la politique, la société, la nation, et nous deviendrons immoraux par la même occasion." Cela me semble tellement naïf. Je ne crois pas que la morale soit d'ordre sociologique, mais bien psychologique.

C'est pour cela, je crois, que je cherche du côté de Kant. Car en plaçant la morale dans l'a priori, Kant, aussi étonnant que celui puisse paraître, a accompli le premier pas vers une recherche psychologique de la morale. Car ce qu'il a fait, c'est simplement reprendre la conception psychologiste de Rousseau, mais en la systématisant : Là où Rousseau en restait à une psychologie typique du XVIIIe, en faisant arbitrairement d'un trait psychologique spécifique le principe de ses conceptions morales et sociales (la pitié), Kant place simplement la morale dans une sphère inacessible à l'examen rationnel, l'a priori. Il suffit de savoir que Freud comprendra parfaitement la démarche de Kant, en interprétant l'a priori kantien comme l'inconscient, et l'Impératif Catégorique comme une représentation moderne du Tabou :

Nous avons une vague idée que le tabou des sauvages de la Polynésie ne nous est pas aussi étranger que nous étions disposés à le croire tout d'abord ; que les prohibitions, édictées par la coutume et par la morale, auxquelles nous obéissons nous-mêmes, se rapprochent, dans leurs traits essentiels, du tabou primitif et que l'explication de la nature propre du tabou pourrait projeter une certaine lumière sur l'obscure origine de notre propre « Impératif catégorique ».
[Freud, Totem et Tabou]
La démarche de Freud va donc consister à penser historiquement ce que Kant a pensé analytiquement. Dans Totem et Tabou, Freud fait donc l'hypothèse que nos conceptions morales sont héritées d'un mythe originaire, qui est lui-même une scène vécue par la (une) tribu primitive : Le meurtre du père par les fils.
Le problème de cette conception est le même que celui que j'avais indiqué plus haut : Comment comprendre qu'un mythe, une histoire, se soit propagée de génération en génération, sans pourtant avoir été formulée explicitement et racontée en tant que tel ? Il faudrait comprendre qu'elle a été transmise physiologiquement ?C'est évidemment une question à laquelle Freud admet ne pas avoir de réponse.

(Au passage, on peut noter que le structuralisme connaît exactement la même difficulté : Lorsqu'on analyse des mythes connus dans des civilisations qui ont émergé en différents points du globe, et dont on pense qu'elles n'ont jamais eu contact entre elles, on peut identifier des structures éminemment semblables les unes aux autres. L'explication "diachronique", comme dit Lévi-Strauss, historique, en est malaisée.
Il n'y a au fond que deux options : Soit on considère que les mythes de toutes les civilisations sont dérivés d'une sorte de mythe originaire qui en constitue la matrice, un peu de la même manière qu'on postule une proto-langue originelle mère de toutes les langues, et que cette matrice s'est transmise "inconsciemment", soit on considère qu'à un certain niveau élementaire de la structure, le nombre des éléments, finalement, est limité logiquement et qu'en quelque sorte, on ne peut faire autrement que de raconter toujours peu ou prou la même histoire.
Si l'on revient à notre sujet, la morale, la première option est donc illustrée par Freud, la seconde par Kant : La morale est rationnelle).

Bref, toujours est-il qu'être moral ou non n'est sans doute pas un choix entre deux options de même valeur -hé ! Et qu'on n'est sans doute pas libre, à ce niveau.

Et en même temps, il existe quelque chose de l'ordre de la responsabilité personnelle. Kant, toujours, disait à propos de la liberté que, pour la raison théorique, elle constitue l'objet d'une antinomie : Que l'homme soit libre ou qu'il ne le soit pas, voila une alternative que, si l'on en reste au raisonnement logique, on ne peut décider. En revanche, pour la raison pratique, il était bon de dire que l'homme est libre. Autrement dit, qu'il faut faire comme si l'homme était libre. Pourquoi ? Parce que si l'homme n'est pas libre, s'il n'est que le jouet de forces qui le dépassent et qui le manipulent, s'il est par exemple un simple véhicule de la Vie, que celle-ci utilise pour se conserver et se propager, alors quel est son degré de conscience ? Un jouet ne pense pas. Un jouet ne connait pas. Il peut être animé d'un désir de connaitre bien sûr, autre manifestation de cette force vitale, mais la connaissance du réel nécessite une forme de conscience dont il ne dispose pas. Il ne dispose pas non plus de cette conscience réflexive, marchepied éventuel pour sa propre amélioration. Il ne dispose pas de la conscience de l'autre, prémisse de l'empathie. C'est un jouet, un meuble, c'est ce que dans ton texte, on appelle un "immobile".

Comment penser à la fois l'existence de forces morales, de sentiments moraux, et la responsabilité individuelle ? Peut-être que la clef réside dans le fait que la tradition philosophique les a toujours pensée plus ou moins comme conflictuelles. Raison ou cause, esprit ou matière, libre-arbitre ou serf-arbitre. Je crois qu'une intuition de Nietzsche, et sa réponse à Kant, en quelque sorte, était que ces alternatives ne sont indécidables que parce qu'elles sont comprises logiquement, analytiquement. Mais cela n'indique pas encore comment il faudrait les comprendre psychologiquement.
Ou dialectiquement ?
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Message par Came Dim 24 Aoû 2008 - 21:45

Le choc est une variable dans la théorie, il est un x indéfini, mais peut aussi être l'attentat du 11 septembre. Suite à cette attentat les libertés civiques ont été gravement amputées (Patriot Act). Les mesures de sécurité ont poursuivi leur escalade et ainsi de suite. La société américaine est en train de changer radicalement, elle semble basculer de l'autre côté de la démocratie. Je te suggère une lecture: La stratégie du choc de Naomi Klein.
Moi, de mon côté j'irai lire Totem et tabou et peut-être me remettrais-je à l'étude de Kant. Quel titre me suggères-tu ?
Kant m'ennui un peu, mais avec ton aide... ?

Ces changement marginaliseront une partie de la population, les défavorisés, les isoleront dans des Ghettos avec toute les conséquences que cela puissent présager. Je ne peut aller plus loin dans cette voie , car je ne suis pas prophète. Mais je te laisse tirer tes conclusion; tu es beaucoup plus critique que moi ?
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Message par Came Lun 25 Aoû 2008 - 22:03

J'ai fouillé dans mes archives personnelles et j'ai trouvé un cours texte qui pourrait apporté une partie de réponse, principalement pour ce qui touche à la substitution.

Jettes un coups d'oeil et dit moi ce que tu en penses.



Le « quiproquo »


Qu’est-ce que le vieillissement ? Doit-il être conçu comme une détérioration, c’est-à-dire une perte de quelque chose dans le corps ou comme une intoxication, c’est-à-dire comme une adjonction dans le corps d’un ou de plusieurs éléments indésirable.



Deux perspectives s’opposent dans le vieillissement : l’une, implique que le vieillissement fasse l’acquisition progressive d’expérience dont la faculté principale est la mémoire; l’autre, entraîne une perte graduelle d’une ou de plusieurs facultés, dont celle de la mémoire. Cette antinomie évoque, au sein de notre société, le sacrifice. Celui par lequel […] La clémence des princes […] envers leurs sujets explique leur […] politique pour y gagner l'affection des peuples. […] (Citation fractionnée du Duc de La Rochefoucauld) Sacrifiant une partie de leurs possessions à l’apprivoisement populaire, ils reconnaissent l’irritation de la mémoire au sein de la conscience collective. Pour contrer l’apparition de certains éléments perturbant, ils prévoient certaine mesure de dressage qui engendrera des innovations adaptées et qui transformeront les perceptions futures. Elles sont toujours de nature révolutionnaire puisqu’elles ébranlent même la clémence des princes, celle que nous avons toujours connue que par habitude.


Les déclencheurs, ceux qui font naître de nouvelles ères, sont ceux qui possèdent leurs gestes en actes héroïques. Leurs sacrifices font naître dans l’esprit collectif des renaissances perceptuelles, qui détermineront d’autres politiques, qui édifieront d’autre seigneurie et instruiront de nouveaux individus. Ces nouvelles perceptions naissent dans l’apprentissage de l’épreuve, cet apprentissage est affirmation de vie puisque certains meurent durant l’épreuve et n’ont plus le pouvoir d’affirmer quoi que ce soit. Leur destin est scellé à tout jamais par la mémoire que nous avons de leurs actions… ou de leurs oisivetés. Ont-ils œuvré à nos côtés ? Ceux qui l’auront fait auront prise sur nos souvenirs.


Les changements abrupts correspondent à une phase de substitution. La substitution est le fait de remplacer quelque chose par autre chose, soit la fin d’une ère et le commencement d’une autre ou, par exemple, de la phase embryonnaire à la naissance de l’enfant. L’enfantement est toujours perçu comme une discontinuité, bien qu’il s’agisse d’une continuité. La substitution est l’opération par laquelle la continuité traverse notre perception et la configure. La peur est le symptôme par lequel cette transition a lieu au moyen d’une substitution.

Réalise que dans l’individu une transformation majeure de ses perceptions est inévitable. La substitution est toujours une opération sacrificielle qui a pour objet notre perception; elle forme un nouveau malentendu, un quiproquo. C’est cette substitution perpétuelle qui se perpétue lors d’un apprentissage.



« Nous avons tous besoins de nos fantasme pour vivre. L’obligation d’y renoncer est parfois extraordinairement douloureuse, non pas une renaissance à une nouvelle et excitante vie, mais plutôt une sorte de mort. » [1]



La vie, comme le dit Bergson, s’apparente à un courant continu d’organisation du changement. « Ce courant de vie traversant les corps » donne forme à un présent où seules les positions change, mais où persiste un passé en mémoire dans une conscience instantanée. La conscience d’une sensation, d’un sentiment, d’une émotion repose sur une perception alourdie de souvenir qui métamorphose notre perception en instant unique et en possibilité à venir. Bergson n’exclut pas la possibilité qu’il y ait répétition de phénomène, ce qui me fait supposer que sa cosmologie est d’ordre architectonique, c’est-à-dire qu’il y ait Tout dont l’ordre des parties corresponde à leur positionnement dans l’espace. Selon cette conception, chaque épreuve est un choc où les changements de positions engendrent des perturbations d’ordre psychologique que nous interprétons comme des pertes, mais qui sont en réalité que des changements de position de particules. L’ordre est donc dans le positionnement des parties à un instant précis de la séquence des événements et la substitution relève de cet ordre dans la mesure où elle s’accroche psychologiquement aux événements et leur attribut des significations. Leurs relations déterminent donc l’essence même de la psychologie en vertu de laquelle l’individu, au sens de l’être, se maintient dans des états, dit psychologique, pour traverser l’éternelle transformation du devenir.

Être assujetti à l’existence, c’est reconnaître son impuissance face à cette fluidité décisive. Des événements se succèdent et l’on confère des propriétés divines à ces successions. La loi que nous impose le pouvoir fait œuvre de substitution, elle « quiproquose »; elle tente de justifier les causes de ses châtiments par des apparences de bienveillance. « Presque partout c’est la démence qui fraye la voie de la pensée neuve. » Anéantir la causalité au sein de notre moralité libérerait à jamais nos mœurs de leurs culpabilités. Nos comportements déraisonnables deviendraient des éléments d’un Tout tout autant irrationnel. Nous forgerions une répétition gigantesque puisque qu’impossible à être circonscrite par notre conscience immédiate. Du processus de répétition faisons cesser tout renouvellement causal, pour prendre l’instinct de front et le consacrer victorieux. Le pessimisme est conscient de son manque de puissance au regard de cette existence, il prend conscience qu’il n’est qu’une partie d’un Tout. « Faire violence au violent, c’est se laisser contaminer par sa violence »[2] Donc se laisser contaminer, c’est laisser la substitution œuvrer au sein de notre collectivité sans en prendre conscience véritablement. C’est donner à la mémoire le pouvoir de gérer entièrement notre comportement sans l’usage de la réflexion. Interrompre cette chaîne causale c’est à mon sens choisir d’évoluer, soit de réfléchir sur l’éthique; sans quoi nous ne cesserons de répéter les même erreurs stupides.




[1] P. D. James, La meurtrière, Édition Le livre de poche, 1980, p.23.


[2] GIRARD, René, La violence et le sacré, Éditions Bernard Grasset, Paris, 1972, p. 46.
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Message par Came Sam 30 Aoû 2008 - 20:40

Comme tout ce qui fut écrit sur ce Dieu semble avoir été rédigé par un seul principe, le principe de causalité, dernier vestige du Dieu dont l’essence est celle de la technique, l’extraction que je me propose est celle d’un déracinement au profit du dévoilement continu des possibles se présentant à nous sous la forme d’une séquence événementielle revenant sur elle-même une fois ses possibilités épuisées. Ce retour est comparable à un repli au sens d’un retrait « En tant que l’homme est dans ce mouvement vers…, il montre, comme étant celui qui se dirige ainsi, dans la direction de ce qui se retire». [Page 28 du titre Qu’appelle-t-on penser? de Martin Heidegger aux éditions PUF]



Le retrait dans l’univers de formation des possibles est le fondement même du dévoilement continu dont le flux directionnel est le temps lui-même. On ne peut nier l’existence de cette causalité dans la technique. Elle est sont essence. Nous pouvons, par ailleurs, retirer de la pensée le principe en tant que fondement de la morale; la mort de Dieu est cette opération qui consiste à mettre fin aux conséquences de l’ère judéo-chrétienne en interrompant les pouvoirs qu’ont sur nous la culpabilité et la vengeance. C’est un retour à une antériorité qu’il est question, celle d’avant la chute, un retour à l’innocence perdue. Entrer en jeu dans une effectivité où l’esthétique joue le rôle que la morale à jouer durant plusieurs millénaires.




Les possibilités ont une cardinalité, c’est-à-dire qu’ils sont limitées en tant qu’élément possible alors que le possible regroupe tous ces éléments sous lui. Par lui la possibilité est rendue possible grâce au champ qui lui est propre. Ce champ est un environnement où se répertorie les possibilités, un domaine. Le possible est la forme selon laquelle les possibilités se succèdent selon un ordre, la séquence événementielle. Mais qu’est-ce que cette forme ? Le possible est le concept discursif que j’emploie pour déterminer ou plutôt pour regrouper sous lui les possibilités; le possible est pensable alors que les possibilités sont observables. Il épuise, démembre pour que puisse revenir la possibilité d’un re-commencement.



Pour moi, l’éternel retour est synonyme de perfectionnement. Par exemple, lorsque le musicien répète une pièce musicale, il fait des ajustements dans l’exécution qui est le domaine du possible, il épuise en quelque sorte les possibilités pour l’aider à choisir la meilleure séquence. La meilleur séquence est elle la neuve ou l’ancienne ? Ce choix est-il esthétique ou psychologique ? La séquence événementielle est donc l'information sur la forme dont l’éternel retour est le principe et la méthode dans le flux directionnel qu’est le temps.



L’apparition de la nouveauté crée le choc psychologique nécessaire à la perpétuation d’un changement. À celui-ci est nécessaire l’information, c’est-à-dire la séquence événementielle.



1- Spéculer sur la séquence événementielle, c’est chercher la ou les causes.
2- Spéculer sur le possible c’est philosopher, c’est-à-dire penser le discursif.
3-Spéculer sur les possibilités, c’est s’aventurer dans le domaine des statistiques, c’est anticiper.



En lançant un dé à six faces, il est possible de lancer 1000 fois le dé sans jamais obtenir un 1. Pourquoi ? Parce que chaque lancé est unique et ne possède pas l’information de la séquence événementielle. Le dé n’a aucune mémoire. La seule certitude est celle selon laquelle je regroupe la totalité des possibilités sous un ensemble les contenant tous : «le possible» = {1,2,3,4,5,6}. Voilà la différence entre le possible et la possibilité !



La brèche que je vous propose d’introduire est celle d’une trace dans la séquence événementielle où le dévoilement permet le retrait. Elle doit rendre possible l’insertion de la rectitude en son sein.
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Message par Invité Sam 23 Fév 2019 - 13:13

Humain trop humain II, Opinions et sentences mêlées, §§75 et 95 :
AMOUR ET DUALISME. — Qu’est donc l’amour si ce n’est de se comprendre et de se réjouir en voyant quelqu’un d’autre vivre, agir et sentir d’une façon différente de la nôtre et opposée à celle-ci ? Pour que l’amour aplanisse les contrastes par la joie, il ne faut pas qu’il supprime et qu’il nie les contrastes. L’amour de soi contient, comme condition, un dualisme absolu (ou une multiplicité) en une seule personne.

« AMOUR ». — Le plus subtil artifice qui donne au christianisme l’avantage sur les autres religions se trouve dans un seul mot : le christianisme parle d’amour. C’est ainsi qu’il devint la religion lyrique (tandis que, dans ses deux autres créations, le sémitisme avait donné au monde des religions héroïco-épiques). Il y a dans le mot amour quelque chose de si ambigu qui stimule, qui parle au souvenir et à l’espérance que l’éclat de ce mot rayonne sur l’intelligence même la plus basse et le cœur le plus froid. La femme la plus rusée et l’homme le plus vulgaire songent à ce moment qui, de toute leur vie, a peut-être été relativement le plus désintéressé, Éros n’eût-il pris chez eux qu’un vol fort bas ; et ces êtres innombrables qui sont privés d’amour, privés soit de leurs parents, soit de leurs enfants ou de tout ce qu’ils ont aimé, mais surtout les êtres dont la sexualité s’est sublimée, ont trouvé leur bonheur dans le christianisme.
La "volonté de puissance" nietzschéenne ne s'oppose pas à "l'amour" mais le comprend.

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Message par Invité Dim 24 Fév 2019 - 14:36

Je me suis penché un peu plus sur l'échange et je trouve totalement surfaite l'interprétation du surhumain comme devant prendre la place d'un dieu unique métaphysiquement en devenant immortel quoique le propos se tienne et soit valable je crois de cette vie finalement négatrice de la vie bizarrement tandis que je trouve trop intellectualiste le propos initial bizarrement aussi, en tout cas tout en prétendant graviter autour de Nietzsche ça me semble achopper magistralement par tous les bouts qu'on le prenne même bergsoniens (franchement entre l'intuitionnisme voire le spiritualisme bergsonien et l'instinctivisme voire l'animalisme nietzschéens, quoiqu'on soit dans le champ vitaliste on n'est pas dans la même philosophie sans parler disons du progressisme bergsonien face à l'expansionnisme nietzschéen).

D'abord même Ainsi parlait Zarathoustra met dans la bouche du parleur comme quoi le surhumain n'est qu'une fable de poète alors... tout ce qu'on peut dire c'est que sur la base de son souci empathique pour la souffrance, cela se lit dès la Considération inactuelle II, de l'utilité et de l'inconvénient des études historiques pour la vie, §1, dans des tons déjà zarathoustriens :
Contemple le troupeau qui passe devant toi en broutant. Il ne sait pas ce qu’était hier ni ce qu’est aujourd’hui : il court de-ci de-là, mange, se repose et se remet à courir, et ainsi du matin au soir, jour pour jour, quel que soit son plaisir ou son déplaisir. Attaché au piquet du moment il n’en témoigne ni mélancolie ni ennui. L’homme s’attriste de voir pareille chose, parce qu’il se rengorge devant la bête et qu’il est pourtant jaloux du bonheur de celle-ci. Car c’est là ce qu’il veut : n’éprouver, comme la bête, ni dégoût ni souffrance, et pourtant il le veut autrement, parce qu’il ne peut pas vouloir comme la bête. Il arriva peut-être un jour à l’homme de demander à la bête : « Pourquoi ne me parles-tu pas de ton bonheur et pourquoi ne fais-tu que me regarder ? » Et la bête voulut répondre et dire : « Cela vient de ce que j’oublie chaque fois ce que j’ai l’intention de répondre. » Or, tandis qu’elle préparait cette réponse, elle l’avait déjà oubliée et elle se tut, en sorte que l’homme s’en étonna.
Ainsi quand dans le prologue d'Ainsi parlait Zarathoustra Nietzsche exalte "celui qui veut décliner, parce qu'il franchit le pont le séparant du surhumain, depuis sa nature de sur-singe rapport au singe" je crois qu'il ne faut pas chercher au-delà du lamarckisme-darwinisme voire du prochain "vriesisme" https://www.universalis.fr/encyclopedie/mutationnisme/ ambiants à l'époque : si l'humain "persévère dans son être... qui pourrait être volonté de puissance... et à condition qu'il survive sans désastre écologique pensons-nous désormais... il faut qu'il poursuive son devenir vers une sur-espèce humaine, de même que l'espèce humaine est une sur-espèce simiesque... voilà tout... mais sans persévérance tout ce que fera l'espèce humain c'est retourner à l'état simiesque... alors que l'humain mérite d'aller au-delà à mon avis zarathoustrien..."

Ainsi si nous rencontrions le surhumain nous serions pour lui ce qu'est pour nous homo habilis, par exemple, ce serait sans communauté de compréhension ni de cohabitation. Apparemment homo sapiens s'est assimilé voire a éradiqué homo neanderthalsis en Europe ou devonia en Asie, etc. du coup le surhumain s'assimilerait l'humain et l'éradiquerait, voilà tout, avec "l'innocence du devenir" et l'indifférence de la nature : sans ressentiment, contrairement aux chrétiens qui se lamenteraient d'un tel destin.

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Message par kercoz Dim 24 Fév 2019 - 14:59

Szyl a écrit:

Ainsi si nous rencontrions le surhumain nous serions pour lui ce qu'est pour nous homo habilis, par exemple, ce serait sans communauté de compréhension ni de cohabitation. Apparemment homo sapiens s'est assimilé voire a éradiqué homo neanderthalsis en Europe ou devonia en Asie, etc. du coup le surhumain s'assimilerait l'humain et l'éradiquerait, voilà tout, avec "l'innocence du devenir" et l'indifférence de la nature : sans ressentiment, contrairement aux chrétiens qui se lamenteraient d'un tel destin.

La suite "logique" de notre évolution, comme d'ailleurs celle de toute espèce sociale me semble plutôt celle de l' organicisme
https://www.universalis.fr/encyclopedie/organicisme/2-le-tournant-du-siecle/
cette perspective, qui assigne à l' individu un rôle super spécialisé dans une société qui constituerais un "méta-organisme", est assez désespérante pour l' individu. En effet, pour se spécialiser et former un organisme, une cellule abandonne sa liberté ( choix) et son éternité (scissiparité).

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Message par Invité Dim 24 Fév 2019 - 18:12

Oui alors peut-être mais en fait je ne suis pas sûr de bien comprendre parce que l'organicisme c'est un peu l'ancêtre d'un siècle du systémisme actuel, organicisme contemporain de Nietzsche par exemple chez un Taine alors je ne vois pas pourquoi il faudrait mettre "l'organicisme" dans l'avenir. Par contre si on prend en compte le §14 des Flâneries inactuelles dans le Crépuscule des idoles on obtient ça :
ANTI-DARWIN. — Pour ce qui en est de la fameuse « Lutte pour la Vie », elle me semble provisoirement plutôt affirmée que démontrée. Elle se présente, mais comme exception ; l’aspect général de la vie n’est point l’indigence, la famine, tout au contraire la richesse, l’opulence, l’absurde prodigalité même, — où il y a lutte, c’est pour la puissance… Il ne faut pas confondre Malthus avec la nature. — En admettant cependant que cette lutte existe — et elle se présente en effet, — elle se termine malheureusement d’une façon contraire à celle que désirerait l’école de Darwin, à celle que l’on oserait peut-être désirer avec elle : je veux dire au détriment des forts, des privilégiés, des exceptions heureuses. Les espèces ne croissent point dans la perfection : les faibles finissent toujours par se rendre maîtres des forts — c’est parce qu’ils ont le grand nombre, ils sont aussi plus rusés… Darwin a oublié l’esprit (— cela est bien anglais !), les faibles ont plus d’esprit… Il faut avoir besoin d’esprit pour arriver à avoir de l’esprit, — (on perd l’esprit lorsque l’on n’en a plus besoin). Celui qui a de la force se défait de l’esprit (— « Laisse-le aller ! pense-t-on aujourd’hui en Allemagne — il faut que l’Empire nous reste »…). Ainsi qu’on le voit, j’entends par esprit, la circonspection, la patience, la ruse, la dissimulation, le grand empire sur soi-même et tout ce qui est mimicry (une grande partie de ce que l’on appelle vertu appartient à cette dernière).
Ce qui veut dire que Nietzsche reste dans un volontarisme ou un interventionnisme évolutionnaire de telle sorte qu'il ne s'agisse pas de "se laisser aller" du tout vers le type de super-organismes où le specimen deviendrait une cellule. Dans le nietzschéisme on est clairement sur une singularisation je ne dis pas que c'est bien, mieux ou mal ni que c'est nécessairement fiable, je dis juste que c'est dans le nietzschéisme une singularisation c'est-à-dire qu'il valorise "la cellule" qui a tendance à se détacher du troupeau en devenant "un esprit libre"... on a la notion de "troupeau" dès la Considération inactuelle tout à l'heure ainsi que dans celle de "grand nombre" dans le présent extrait. Comme je disais sur le topic *** (4) Nietzsche pense qu' "il n'y a pas encore eu d'individu" au sens propre (mais rien à voir avec l'authenticité heideggerienne au cas où car elle nous prend pour des unicités contrairement aux multiplicités à l'intérieur du même spécimen selon Nietzsche, et derrière lui toutes les psychologies des profondeurs sans parler de cette vidéo : https://www.youtube.com/watch?reload=9&v=8N7cp86YmVQ ). Les monothéistes égalitaires devant leur dieu et autres égalitaristes, n'aiment pas du tout "l'esprit libre" et veulent rabattre tout le monde sur le troupeau, le grand nombre, véritables acteurs de "l'anti-darwinisme" dont il est question dans l'extrait.

A noter que le transhumanisme n'y est pas du tout du "surhumanisme" nietzschéen puisqu'il veut seulement inventer une IA ou bien "convertir" l'humain en machine, ce qui n'est pas du tout évolutionniste en termes de grande santé nietzschéenne et peut très bien se contenter de "convertir" le troupeau, le grand nombre (y compris voire surtout les plus riches de ses spécimens ce qui n'arrange rien tant ils sont repus à ne défendre que leur réplétion, ils n'ont absolument rien d'une élite puisqu'au contraire ils sont juste bons à maintenir la médiocrité pour s'en repaître médiocrement : le "sens de la terre" est fondamental dans Ainsi parlait Zarathoustra).

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