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Le Banquet, Analyse

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Message par cedric Lun 4 Mar 2013 - 14:41


Ce dieu si ancien est aussi un grand bienfaiteur pour l'humanité ; car je ne connais pas de plus grand bien pour un homme, dès qu'il entre dans l'adolescence, qu'un amant vertueux et pour un amant qu'un ami vertueux. Car il est un sentiment qui doit gouverner toute notre conduite, si nous voulons vivre honnêtement ; or ce sentiment, ni la parenté, ni les honneurs, ni les richesses, ni rien ne peut nous l'inspirer aussi bien que l'amour. Et qu'est-ce que j'entends par là ? C'est la honte du mal et l'émulation du bien ; sans cela, ni Etat ni individu ne peut rien faire de grand ni de beau. Aussi j'affirme qu'un homme qui aime, s'il est surpris à commettre un acte honteux ou à supporter lâchement un outrage, sans se défendre, souffre moins d'être vu par un père, un camarade ou qui que ce soit que par celui qu'il aime ; et nous voyons de même que le bien-aimé ne rougit jamais si fort que devant ses amants, quand il est surpris à faire quelque chose de honteux. Si donc il y avait moyen de former un Etat ou une armée d'amants et d'aimés, on aurait la constitution idéale, puisqu'elle aurait pour base l'horreur du vice et l'émulation du bien, et s'ils combattaient ensemble, de tels hommes, en dépit de leur petit nombre, pourraient presque vaincre le monde entier. Un amant en effet aurait moins de honte d'abandonner son rang ou de jeter ses armes sous les regards de toute l'armée que sous les regards de celui qu'il aime ; il aimerait mieux mourir mille fois que de subir une telle honte. Quant à abandonner son ami, ou à ne pas le secourir dans le danger, il n'y a point d'homme si lâche qu'Eros ne suffise alors à enflammer de courage au point d'en faire un vrai héros ; et vraiment, ce que dit Homère, que « le dieu soufflait la vaillance à certains héros », Eros le fait de lui-même à ceux qui aiment.

( p.41-42 )


Le deuxième argument de l'éloge au dieu Eros tient en ce qu'il est un bienfaiteur pour l'humanité. Or, Phèdre donne ici une définition du bien. Selon Phèdre, le bien, le plus grand bien, tient dans la relation de dépendance de l'amant et de l'aimé, c'est à dire dans une relation amoureuse entre deux hommes. Le bien, le plus grand bien, tient dans cette relation, qui correspond aux mœurs et à l'éducation de l'époque.

On peut d'ores et déjà souligner la contradiction apparente qu'il est possible de trouver dans la proposition : un amant vertueux. L'amant, qui semble tenir sa qualité d'amant à l'aspect sexuel de la relation, dans le même temps où il semble consommer une telle relation, est vertueux. On peut se demander à quoi tient alors sa vertu ?

Selon Phèdre, afin d'être vertueux, il convient d'être gouverné par l'amour. Phèdre donne une définition de l'amour, qui correspond : à la honte du mal et à l'émulation du bien.

Phèdre montre d'emblée la dimension politique d'une telle définition de l'amour, et ce qu'une telle définition a comme valeur au niveau individuel et au niveau d'un Etat.

On peut synthétiser l'argument de Phèdre tel quel : l'amour tient dans la dépendance de la relation entre un amant et un aimé, étant entendu que l'amour d'une telle relation suscite le sentiment de honte qui entraîne chez l'un et l'autre un comportement qui se doit d'être exemplaire. En d'autres termes, il s'agit ici d'une tyrannie de la honte, qui enjoint, dans l'amour, à se bien comporter par crainte du regard de l'être aimé. Une telle définition de l'amour, cela va de soi, est ambigu et attaché à des sentiments négatifs.

Continuant, Phèdre tire les implications de sa définition de l'amour au niveau politique de l'Etat, s'il était possible de former une armée sous le joug de cette définition de l'amour, c'est à dire une armée constituée d'amants et d'aimés, c'est à dire d'individu entrant en relation de dépendance injonctive. Or, pour Phèdre, une telle armée, ou un tel Etat, représenterait la constitution idéale, puisqu'un tel Etat, pour ainsi dire, se tiendrait nécessairement dans le bien, c'est à dire serait tissé par des relations de dépendance injonctive réciproque, sous le joug de la honte, une relation de contrainte réciproque fondé sur la crainte. Or une telle définition est sophistique car elle lie l'amour à la peur, ce qui est grandement paradoxal. Partant, les vertus d'un tel amour sont toutes négatives, c'est à dire basées, fondées par la crainte et la peur.


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