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Le Banquet, Analyse

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Message par cedric Jeu 28 Fév 2013 - 14:40

Dès lors Socrate prit place sur le lit, et quand lui et les autres convives eurent achevé de dîner, on fit des libations, on célébra le dieu, enfin, après toutes les autres cérémonies habituelles, on se mit en devoir de boire. Alors Pausanias prit la parole en ces termes : « Allons, amis, voyons comment nous régler pour boire sans nous incommoder ? Pour moi, je vous déclare que je suis réellement fatigué de la débauche d'hier et que j'ai besoin de respirer, comme aussi, je pense, la plupart d'entre vous ; car vous étiez de la fête d'hier. Avisez donc à boire de façon à nous ménager. »
Aristophane répondit : « C'est bien dit, Pausanias, il faut absolument nous donner du relâche ; car moi aussi je suis de ceux qui se sont largement arrosés hier. »
A ces mots Eryximaque, fils d'Acoumène, prit la parole : « Vous parlez d'or ; mais je veux demander encore à l'un de vous s'il est dispos pour boire : c'est Agathon.
Moi non plus, répondit Agathon, je ne suis pas bien en train.
C'est bien heureux, reprit Eryximaque, pour moi, pour Aristodème, Phèdre et les autres convives, que vous, les grand buveurs, soyez rendus, car nous autres, nous n'avons jamais su boire. Je fais exception pour Socrate, qui est également capable de boire et de rester sobre, en sorte que, quel que soit le parti que nous prendrons, il y trouvera son compte. Puisque donc aucun de ceux qui sont ici ne semble être en humeur d'abuser du vin, peut-être vous ennuierai-je moins en vous disant ce que je pense de l'ivresse. Mon expérience de médecin m'a fait voir que l'ivresse est une chose fâcheuse pour l'homme, et je ne voudrais pas pour mon compte recommencer à boire, ni le conseiller à d'autres, surtout s'ils sont encore alourdis par la débauche de la veille.
Pour moi, dit alors Phèdre de Myrrhinunte, je t'en crois toujours, surtout quand tu parles médecine, mais les autres t'en croiront aussi aujourd'hui, s'ils sont sages. »

Après avoir entendu ces paroles, tout le monde fut d'accord de ne point passer la présente réunion à s'enivrer et de ne boire qu'à son plaisir.

( p.38-39 )

On peut d'ores et déjà souligner que les convives du Banquet ne sont pas n'importe qui. En effet, le Banquet est un banquet réunissant certaines personnalités de la société athénienne de l'époque, qui tous, ont du Pouvoir. D'une certaine manière et d'emblée, le Banquet est un discours sur le Pouvoir, sur ses différentes formes. Mieux, d'emblée, le Banquet est un discours sur les différentes formes de pouvoir des différentes formes de discours. Mais qui tous se regroupent sous le fait qu'ils ont un réel Pouvoir. Encore, le Banquet, d'emblée, lie le Pouvoir au Discours et à la capacité de discourir, et par conséquent, présuppose la liaison entre le discours et le pouvoir. En d'autres termes, à la question qu'est-ce que le pouvoir, il est d'emblée répondu que le pouvoir se loge au sein du discours.

A notre époque, nous dirions que le Banquet réunit des notables de la société d'alors. Or, à bien regarder, parmi ces notables, se trouvent une majorité de poètes ( Agathon lui-même, Phèdre, Aristophane ), deux hommes politiques et militaires ( Pausanias et Alcibiade ), et un médecin ( Eryximaque ). Ce qui peut-être dans la tête de Platon est déjà censé représenter une définition du pouvoir de l'époque dans une hiérarchie du discours : poétique, politique, médical, dans un sens hiérarchique descendant.

Seul Socrate n'est pas un notable, et c'est le seul qui, de prime abord, ne participe d'aucun pouvoir. C'est le seul qui, de prime abord, n'a aucun pouvoir à l'encontre de la société, lui qui passe la majeure partie de son temps à penser et à converser.

Donc Socrate prend place aux côtés d'Agathon, et le repas se termine. A la suite de quoi les dieux sont célebrés ( coutumes de lépoque, code ), d'autres cérémonies se déroulent ( code, coutume, aspect automatique ), puis enfin les convives commencent à boire du vin.

A ce moment Pausanias prend la parole afin de souligner qu'il serait profitable pour tous de ne pas boire immodérément, compte tenu de la débauche à laquelle ils ont pour la majorité participé la veille.

Eryximaque, qui est médecin et fils de., ce qui souligne sa filiation de notable, nous apprend que Socrate, une exception, est capable de boire et de rester sobre, proposition qui à première vue est contradictoire, l'alcool entraînant immanquablement l'ivresse. Mais on peut comprendre que la sobriété de Socrate, qui se situe au niveau de sa posture et de son discours, n'est pas susceptible de varier, quand bien même elle serait soumise à l'alcool. Ici on a en filigrane l'intangibilité de la posture de Socrate, qui, en toute circonstance, demeure invariable. En réalité, la sobriété de Socrate ne dépend pas de l'alcool qu'il peut ingérer ou non. Cette qualité qui l'anime ne dépend pas d'un objet extérieur à lui-même, qui ne semble pas non plus pouvoir la modifier.

Dans le même temps où l'on apprend que le discours de Socrate est d'une certaine manière préalable à l'ivresse, on peut se demander si les discours de Pausanias ( politique ) et d'Agathon lui-même ( poète ), ne sont pas, d'une certaine manière, les fruits de l'ivresse, les causes de l'ivresse, étant entendu qu'ils sont qualifiés par Eryximaque le médecin comme étant de « grand buveurs ».

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Message par poussbois Jeu 28 Fév 2013 - 17:34

Désolé de jouer la mouche du coche, qui ne fait qu'agacer et aiguillonner celui qui travaille. J'apprécie énormément l'investissement que tu mets dans ce sujet et ta façon de l'animer et je ne réagis que sur des points de détails, mais là encore, je préciserai :

Socrate ne reste pas sobre quand il boit : Socrate a le choix. La sobriété ou l'ivresse sont deux options qui s'offrent à lui et qu'il suit ou pas, sans déplaisir de la perte de l'un ou de l'autre. Plus qu'une vertu hors du commun (résistance à l'ivresse), j'y vois une indépendance face aux plaisirs. Il peut "boire ET rester sobre", pas en même temps, mais indépendamment l'un de l'autre, conforté par la suite : "quel que soit le parti que nous prendrons, il y trouvera son compte".

Et c'est là qu'on va commencer à rentrer dans le vif, suite à mon message d'hier, où Socrate d'après moi exprimait son désir et son plaisir d'aller à la rencontre de cette assemblée. Ce cours passage sur l'ivresse montre non pas un refus des désirs et plaisirs, notamment celui de l'ivresse, mais un choix et une indépendance. Eryximaque est contradictoire, car il peut s'enivrer sachant que c'est mauvais. Socrate est juste indépendant, ce n'est pas par l'ivresse ou son absence qu'il retiendra si la soirée est bonne. Pas de rejet des plaisirs, mais une tranquille indépendance.


Autre point d'interrogation : il ne s'agit toujours pas de refuser l'alcool pour ne pas s'enivrer, mais de n'en faire usage qu'à plaisir, pour contenter les corps et conserver le plaisir de la soirée. Sous-entendu : l'ivresse et l'hébétude pouvaient faire partie des objectifs d'une telle soirée. On comprend pourquoi un homme sage a préféré éviter la soirée de la veille, comptant sur la fatigue pour rendre plus intéressant l'After... et petite information sociologique sur les mœurs de l'époque pas très différentes de certaines pratiques plus modernes :D


Bon, tout ça donne des options qu'un cyrénaïque auraient tout à fait souscrites !! Wink

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Message par Bergame Jeu 28 Fév 2013 - 18:56

Quant à moi, je vais réagir sur le pouvoir. Je ne crois pas du tout que les hommes présents soient des hommes de pouvoir, du moins que c'est cela qu'ils représentent. D'ailleurs, je pense que tu le nuances aussitôt, cédric, en reconnaissant qu'il y a là 3 poètes. Ce sont tous des aristocrates, certes, mais je ne crois pas que cela soit déterminant. Ce qui est déterminant, à mon sens, est que poète, homme politique et philosophe, ce sont des "hommes divins". Dans ce groupe, Eryximaque est d'ailleurs à part, puisqu'en tant que médecin, c'est davantage un homme de savoir.

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Message par cedric Lun 4 Mar 2013 - 11:29

poussbois a écrit: Ce cours passage sur l'ivresse montre non pas un refus des désirs et plaisirs, notamment celui de l'ivresse, mais un choix et une indépendance. Eryximaque est contradictoire, car il peut s'enivrer sachant que c'est mauvais.

Il me paraît clair que Socrate n'est pas contre les plaisirs de la chair. Ceci dit j'ai l'impression que ce point t'intéresse particulièrement. Pour moi c'est juste une évidence, qu'il convient de préciser il est vrai, et qu'il convient de mettre en exergue contre les lectures "chrétiennes" du "platonisme" il est vrai. Encore une fois, et on le verra plus tard, chez Socrate tout est une question de hiérarchie des valeurs.

Bergame écrit :
Quant à moi, je vais réagir sur le pouvoir. Je ne crois pas du tout que les hommes présents soient des hommes de pouvoir, du moins que c'est cela qu'ils représentent. D'ailleurs, je pense que tu le nuances aussitôt, cédric, en reconnaissant qu'il y a là 3 poètes. Ce sont tous des aristocrates, certes, mais je ne crois pas que cela soit déterminant. Ce qui est déterminant, à mon sens, est que poète, homme politique et philosophe, ce sont des "hommes divins". Dans ce groupe, Eryximaque est d'ailleurs à part, puisqu'en tant que médecin, c'est davantage un homme de savoir.

Je ne sais pas, Phèdre a quand même, la veille, pris la parole devant 30 000 personnes, ce qui potentiellement peut avoir beaucoup d'impact, quand bien même ce soit un poète et qu'il parle le langage de la poésie. Tout dépend de la définition du pouvoir que l'on donne. Quant à moi, je prends le parti de dire que oui, effectivement, les notables sont tous, d'une certaine façon, des hommes de pouvoir, quant bien même leur type de pouvoir diffère selon leur "profession". Je choisis la définition du pouvoir de Foucault, qui dit que " le pouvoir est une action sur les actions possibles". Du reste, on est déjà là dans une vision assez "moderne" du pouvoir, c'est à dire comme capacité d'influencer les mentalités.

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