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Message par Mr_Z Sam 4 Juil 2009 - 11:48

J'ai décidé de passer mon été à lire Différence et Répétition.

J'ouvre un topic, si, par chance, l'un de vous lisait l'ouvrage également cet été, nous pourrions nous entre-aider (mon mail : monsieurz@gmail.com )

Merci !

PS : je suis nouveau sur le forum, je travaille surtout sur Foucault, je suis étudiant à Poitiers.

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Message par Vargas Sam 4 Juil 2009 - 14:52

Bienvenue et bon courage dans ta lecture :)

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Message par Mr_Z Sam 4 Juil 2009 - 15:41

merci !

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Message par lekhan Dim 5 Juil 2009 - 15:17

Encore un étudiant à Poitiers, la fac de philo ça n'est pas bien ça mais enfin. Bon courage pour la lecture.
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Message par Mr_Z Dim 5 Juil 2009 - 15:19

j'aime bien cette fac moi...

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Message par lekhan Lun 6 Juil 2009 - 1:52

Foucault à Poitiers? Ha ha. Ministère de la justice et maison familiale...
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Message par alice Jeu 26 Aoû 2010 - 13:18

Bonjour,

je commence un master sur Deleuze, et dans le cadre de mes recherches j'ai lu (et je lis encore) Différence et répétition... un livre génial... il bouleverse toute la théorie de la connaissance instaurée de Descartes jusqu'à Husserl en passant par Hume et Kant.

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Message par Mr_Z Jeu 26 Aoû 2010 - 13:21

J'ai passé l'été dernier à lire DR, mais je dois avouer que je n'y ait pas compris grand chose...

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Message par alice Jeu 26 Aoû 2010 - 13:34

en fait deleuze reprend la grande question philosophique instituée par Descartes comment la connaissance est-elle possible? Qu'est ce que la pensée? mais ce qui est totalement nouveau chez Deleuze c'est qu'il va montrer à l'aide de Kant et de Descartes que ces deux philosophes répondent mal à la question de la pensée car ils considèrent la pensée comme la pensée de ce qui est déjà penser (la pensée est toujours répétition) on pense au transcendantal chez Kant qui permet d'insituer une connaissance possible, le sujet étant la possibilité logique de l'expérience c'est-à dire que le sujet projette des catégories sur le réel au lieu de penser la différence du réell, sa singularité, le sujet projette comme un copier-coller ses propres catégories et avec descartes le sujet comme cogito se saisit en train de se penser.
Deleuze néanmoins reconnait à Kant l'introduction d'une "fêlure" dans le sujet (c'est la critique du cogito par kant) c'est à dire que le sujet se scinde: il ne se saisit plus comme subjectivité empirique de ce qu'il pense avec Kant et l'introduction du temps dans le cogito je sais que je pense mais je ne sais pas si c'est MOI qui pense. Et ça, pour Deleuze, ça révolutionne le sujet car on peut yu voir toutes les théories foucaldienne ou blanchotiennes de la mort de l'auteur, mort de la subjectivité. (toi qui travailles sur Foucault relis qu'est ce qu'un auteur ou même la pensée du dehors). A partir de cette histoire de la pensée Deleuze va batir une véritable ontologie qu'il faut mettre en liaison avec son propre travail de mémoire "empirisme et subjectivité". La pensée ne se définit plus comme déjà pensée mais pluto comme ce qui n'a jamais été penser, il faut alors chercher la singularité, le différentiel de la différence dans le réel et dans la pensée. l'être c'est la création. C'est à partir de ce livre que l'on comprend sa grande position créatrice qui le marquera tout au long de sa vie. Passionnant.

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Message par Mr_Z Jeu 26 Aoû 2010 - 13:47

oui passionnant !
je trouve ta reconstitution très intéressante.

j'ai changé de sujets d'étude, je travaille sur le "dispositif" à partir de Foucault, pour une thèse, et je lis la Critique de la raison pure.

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Message par Mr_Z Jeu 26 Aoû 2010 - 14:55

alice, tu le fais dans quelle université ton Master ?

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Message par alice Jeu 26 Aoû 2010 - 14:58

j'ai essayer de résumer les grandes lignes.

je le fais à l'université lyon 3 de Lyon mais je passe cette année normale sup en candidat libre.

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Message par Bergame Mar 31 Aoû 2010 - 16:09

alice a écrit:en fait deleuze reprend la grande question philosophique instituée par Descartes comment la connaissance est-elle possible? Qu'est ce que la pensée? mais ce qui est totalement nouveau chez Deleuze c'est qu'il va montrer à l'aide de Kant et de Descartes que ces deux philosophes répondent mal à la question de la pensée car ils considèrent la pensée comme la pensée de ce qui est déjà penser (la pensée est toujours répétition) on pense au transcendantal chez Kant qui permet d'insituer une connaissance possible, le sujet étant la possibilité logique de l'expérience c'est-à dire que le sujet projette des catégories sur le réel au lieu de penser la différence du réell, sa singularité, le sujet projette comme un copier-coller ses propres catégories et avec descartes le sujet comme cogito se saisit en train de se penser.
Deleuze néanmoins reconnait à Kant l'introduction d'une "fêlure" dans le sujet (c'est la critique du cogito par kant) c'est à dire que le sujet se scinde: il ne se saisit plus comme subjectivité empirique de ce qu'il pense avec Kant et l'introduction du temps dans le cogito je sais que je pense mais je ne sais pas si c'est MOI qui pense. Et ça, pour Deleuze, ça révolutionne le sujet car on peut yu voir toutes les théories foucaldienne ou blanchotiennes de la mort de l'auteur, mort de la subjectivité. (toi qui travailles sur Foucault relis qu'est ce qu'un auteur ou même la pensée du dehors). A partir de cette histoire de la pensée Deleuze va batir une véritable ontologie qu'il faut mettre en liaison avec son propre travail de mémoire "empirisme et subjectivité". La pensée ne se définit plus comme déjà pensée mais pluto comme ce qui n'a jamais été penser, il faut alors chercher la singularité, le différentiel de la différence dans le réel et dans la pensée. l'être c'est la création. C'est à partir de ce livre que l'on comprend sa grande position créatrice qui le marquera tout au long de sa vie. Passionnant.
C'est effectivement très intéressant, alice, merci. Mais je me demande en te lisant : Comment a-t-on accès au réel si ce n'est au travers, d'une manière ou d'une autre, de catégories ? Admettons en effet que l'empirie soit un fleuve héraclitéen. Comment a-t-on accès à cette singularité perpétuellement changeante ? Notre appréhension du monde n'est-elle pas toujours médiatisée ?

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Message par alice Mar 31 Aoû 2010 - 16:40

Et bien pour Deleuze nous avons accès au réel par le signe mais le signe n'est déjà plus une médiation c'est en réalité l'apparaissant du réel. Deleuze reprend la grande découverte de Kant qui ne nous fait plus penser le réel en terme de médiation tel que sensible/essence mais plutôt comme apparaissant (le phénomène) et le sens que je lui donne. Avec Kant il n'y a plus de séparation entre le sensible et ma pensée car le phénomène est ce qui m'apparait. Pour Deleuze, Kant a fait une découverte majeur avec ce concept de phénomène et celle de la fêlure du sujet par le temps mais il ne cesse de penser le réel comme une représentation, cad comme ce qui est le deja penser puisque les catégories sont une projection par el sujet d'une expréience possible à l'existant. Kant loupe le différenciel , la répétition de la différence, le flux du réel. Bien
Deleuze dit: il n'y a pas à chercher de médiation dans notre pensée pour parvenir à descendre jusqu'au réel parce que le réel nous envoie des signes et le signe est le jaillissement du flux que la pensée se doit de capter, de déchiffrer, de comprendre. Le signe est fondamental dans la pensée de Deleuze parce qu'il fait écrouler "effonder" (Deleuze) la représentation. En somme nous ne nous représentons rien nous exprimons le réel.
Différence et répétition est un grand livre contre la représentation qui selon Deleuze a été tué par le monde moderne.

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Message par Bergame Mer 1 Sep 2010 - 22:12

Je ne voudrais pas t'ennuyer avec mes questions, mais j'ai du mal à comprendre, alice.
Nous saisissons immédiatement le réel. D'accord. Et le réel est perpétuellement changeant. Par conséquent, je suppose que nous avons tous une expérience perpétuellement différente et singulière du réel. Comment faisons-nous, dans cete théorie, pour produire des énoncés sur des états de fait dans le monde, et surtout, comment comprenons-nous ce que autrui nous dit lorsqu'il produit des énoncés sur des états de fait dans le monde ?
"Etats de faits dans le monde", ça réfère simplement à des énoncés du type : "Pendant que je tape sur mon clavier, il y a un chat qui me regarde de derrière la baie vitrée -et c'est pas le mien." Si le réel est perpétuellement changeant et que nous le saisissons immédiatement, comment se fait-il que tu comprennes le mot "chat" que je viens d'employer, et que tu sois même en mesure de te représenter une scène que je suis pourtant le seul à vivre -moi, tapant sur mon clavier, en face d'une baie vitrée, avec un chat de l'autre côté (qui est maintenant parti le temps que je finisse ma question) ?

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Message par Vargas Jeu 2 Sep 2010 - 20:55

Justement, il faut en faire l'expérience.
Montaigne disait "faire l'essai de".
Dans le milieu documentaire et celui du web 2.0, on parle du principe d'innovation permanente, par opposition à une logique linéaire de versionning, d'historique, d'accumulation.

Il faut surfer sur la vague au bon moment pour la ressentir (des surfeurs avaient discuté avec Deleuze, qui trouvait qu'ils avaient une approche assez semblable de ce qu'il tentait d'évoquer d'ailleurs :p)

Par exemple, le phénomène Twitter ou Facebook est déjà retombé d'une certain façon.
pour en saisir l'importance du moment, il fallait la vivre plutôt dans les débuts avant l'affluence, la saisie, la démocratisation complète, et l'effet macumba club (victime de son succès, les les 1ers s'en vont quand la masse arrive).

C'est le même phénomène qu'il explicite dans le cadre des machines de guerre employant une ligne de fuite qui peut être récupéré par le pouvoir, voire transformer la ligne de fuite en ligne de mort.

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Message par jghislain Sam 30 Avr 2011 - 10:58

le langage ne sert à rien si ce n'est à décrire le réel, d'après ce que j'ai lu de Heidegger. Peut-être peut-on se demander si la pensée, du moins quand elle est liée au logos, peut être "hors-monde" c'est à dire fausse si on ne possède pas le sens clair de ce que l'on dit (par l'étude etymologique, en passant par exemple par le grec et en les renvoyant aux concepts premiers développés par la philosophie grecque dont Aristote. )
ainsi pour atteindre la connaissance ce serait: maîtriser le langage, du moins en philosophie? et cela dépasserait des "méthodes" pour l'atteindre comme le calque des "catégories" grammaticales sur ce qu'on observe ou encore avec le secours de la logique (c'est ce que pense Descartes pour qui la vérité -donc la connaissance- passe par une adéquation logique entre la pensée et le réel).
En fait, la "répétion" de Deleuze devient-elle alors en terme heideggerien, une toujours même ouverture de l'homme sur le monde , l'ouverture authentique qui correspondrait au statut de libération de la caverne dans le mythe de Platon pour atteindre la connaissance.
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Message par Came Lun 17 Déc 2012 - 21:00

Si le langage sert à quelque chose, s'il décrit le réel ou plutôt s'il aborde le réel au moyen du signe, c'est qu'il possède le pouvoir de le faire au moyen de l'énoncé. Dans un même énoncé nous découvrons une séquence de mots/signifiant et ordonnés par laquelle un sens émerge; elle sollicite la compréhension de celui qui reçoit ce même énoncé. Nous avons donc des mots signifiant mis ensembles  dans une séquence sous-entendant une disposition ordonnée des éléments/signes regroupés dans l'énoncé.

Par exemple, dans l'énoncé suivant: « le ciel est bleu », nous avons quatre éléments/signes mis dans un ordre donné par l'émetteur. Aurait-il pu nous écrire ceci : « le bleu est ciel » ou encore : « ciel est le bleu », « bleu est le ciel », « le est ciel bleu », « est le bleu ciel »? Il y a douze ordres possibles et différents avec quatre éléments.
Formule : n x (n-1) = champ. Ça ne veut pas dire qu'il y aura douze sens générer pour chacun des ordres, mais cela sous-entend qu'il y ait un champ de possibilités = n x (n-1) à partir d'un nombre donné de signes/mots choisis.

Parcourir ce champ, c'est parcourir des variations grâce à l'ordre, c'est explorer les différences de sens possible, c'est générer plus de sens, c'est développer sa compréhension du phénomène langagier grâce au champ, c'est ...

Alors que la répétition du « c'est » que j'ai utilisé à plusieurs reprise m'a permis d'ancrer mon propos dans un même foyer, la différence, elle, m'a permis de projeter des « lignes de fuite » me permettant d'échapper au sens d'origine me confinant au même. Il s'agit vraiment d'un processus me permettant d'explorer les sens. C'est une approche que je trouve particulièrement intéressante. Je l'ai mis en pratique dans un travail de conception visant la quantification des émotions. Cette quantification prenait en compte l'écart différentiel ayant pour base un axe de comparaison à partir duquel était mis en relief un profil émotionnel cueilli à partir de l'ordre établi par l'utilisateur. Une fois ce profil déterminé, j'effectuais une révolution de 360° à ce même profil émotionnel obtenant ainsi une forme me permettant de simuler un flux le traversant. Le flux, c'est la vie! Cette même vie qui nous traverse, modifiant notre profil et produisant en nous la quête de sens, si fragile et si changeante.

Nous avons les signes renvoyant à nos significations, nous avons l'ordre de la séquence qui génère le sens à partir des signes, nous avons le champ des variations qui n'est que le produit de ces même signes contenus dans l'énoncé générant le champ des possibles et comme seul le sens peut générer la compréhension, l'objectif de l'émetteur sera toujours de partager avec le récepteur le sens qu'il croit neuf.
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Message par cedric Mar 18 Déc 2012 - 12:24

Ca me la coupe ! Tu devrais bosser à la NASA.

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Message par Vargas Mar 18 Déc 2012 - 14:03

Came a écrit:Par exemple, dans l'énoncé suivant: « le ciel est bleu », nous avons quatre éléments/signes mis dans un ordre donné par l'émetteur. Aurait-il pu nous écrire ceci : « le bleu est ciel » ou encore : « ciel est le bleu », « bleu est le ciel », « le est ciel bleu », « est le bleu ciel »? Il y a douze ordres possibles et différents avec quatre éléments.
Formule : n x (n-1) = champ. Ça ne veut pas dire qu'il y aura douze sens générer pour chacun des ordres, mais cela sous-entend qu'il y ait un champ de possibilités = n x (n-1) à partir d'un nombre donné de signes/mots choisis.

Pas tout à fait. "le" et "est" tout seul ne sont pas des signes, à peine des éléments. On ne peut pas mettre sur le même plan, l'huile, les rouages, la manivelle et le moteur.
Il y a une combinatoire entre termes, une combinatoire différente selon les langages qui fait vibrer l'horizontalité d'une proposition. Paradigme depuis des syntagmes.
C'est pour cela que la grammaire moderne parle de thème et de rhème (pour dépasser le couple aristotélicien sujet/prédicat).
Le thème, c'est "le ciel". Dans bien des langues, ce "le" est superflu. on dit "le ciel" car on estime qu'il est défini, et communément connu par les interlocuteurs. En français, on le sent avec les noms propres : "Rabelais", c'est Rabelais. Pas besoin de dire "le Rabelais". Ou bien, c'est qu'on souhaite déjà le préciser dans l'une de ses dimensions, l'une de ses générations à partir de constructions stylistiques, notamment métonymiques : "le Rabelais de 1548", "le chinon de 1985, un grand millésime !".

Le rhème, c'est l'information portant sur le thème : "est bleu".
Dès lors, ce qui surgit, c'est un nouveau thème : "le bleu du ciel" (titre d'un bien beau livre de Bataille, au passage).

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Message par Came Mar 18 Déc 2012 - 15:48

La nature de l'exposé ci-haut tourne autour de la question du phénomène langagier, ce n'est surtout pas de la grammaire qui ne fait que contraindre le champ des possible et encore moins de la linguistique car il ne s'agit ni d'un propos historique sur la langue, ni de sa syntaxe et s'éloigne beaucoup d'un tradition d'écriture. Pour ce qui est de mon intervention, elle se situe à un niveau pré ontologique, c'est-à-dire avant l'édification de la structure langagière.

Tous les mots qui constituent l'énoncé: « le ciel est bleu » sont des mots qui renvoient à une fonction qui prend racine dans l'énoncé. Neuf classes différentes de mots existent: nom, déterminant, adjectif qualificatif, pronom, verbe, adverbe, préposition, conjonction, interjection. Chacune de ces classes sont à notre disposition pour formuler notre énoncé, nous ne les utilisons pas tous, mais ils nous reste toujours disponible, ils font parties des possibilités de la langues. Leurs fonctions sont organisées par l'émetteur dans l'objectif d'un sens, d'une signification.

Alors Vargas, pour ce qui est du « le » dans « le ciel » il nous indique que ce ciel est celui qui est accessible à tous, c'est un ciel défini en général, alors que dans l'énoncé suivant: « un ciel est bleu » ce même ciel se pose comme indéfini puisqu'il suggère qu'il y en à d'autre peut-être de couleurs différentes, c'est un ciel relatif, ce qui fait de cet énoncé un énoncé ouvert et en attente d'un parachèvement.

Alors, de dire, au sujet du déterminant et de sa fonction qu'il ne renvoie à rien, c'est je crois passer à côté de l'essentiel. Toutes les classes de mots renvoie aux fonctions qui entre en jeu dans l'énoncé formulant un sens, une explication.
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Message par Vargas Mar 18 Déc 2012 - 16:25

Came a écrit:La nature de l'exposé ci-haut tourne autour de la question du phénomène langagier, ce n'est surtout pas de la grammaire qui ne fait que contraindre le champ des possible et encore moins de la linguistique car il ne s'agit ni d'un propos historique sur la langue, ni de sa syntaxe et s'éloigne beaucoup d'un tradition d'écriture. Pour ce qui est de mon intervention, elle se situe à un niveau pré ontologique, c'est-à-dire avant l'édification de la structure langagière.

Tous les mots qui constituent l'énoncé: « le ciel est bleu » sont des mots qui renvoient à une fonction qui prend racine dans l'énoncé. Neuf classes différentes de mots existent: nom, déterminant, adjectif qualificatif, pronom, verbe, adverbe, préposition, conjonction, interjection. Chacune de ces classes sont à notre disposition pour formuler notre énoncé, nous ne les utilisons pas tous, mais ils nous reste toujours disponible, ils font parties des possibilités de la langues. Leurs fonctions sont organisées par l'émetteur dans l'objectif d'un sens, d'une signification.

Alors Vargas, pour ce qui est du « le » dans « le ciel » il nous indique que ce ciel est celui qui est accessible à tous, c'est un ciel défini en général, alors que dans l'énoncé suivant: « un ciel est bleu » ce même ciel se pose comme indéfini puisqu'il suggère qu'il y en à d'autre peut-être de couleurs différentes, c'est un ciel relatif, ce qui fait de cet énoncé un énoncé ouvert et en attente d'un parachèvement.

Alors, de dire, au sujet du déterminant et de sa fonction qu'il ne renvoie à rien, c'est je crois passer à côté de l'essentiel. Toutes les classes de mots renvoie aux fonctions qui entre en jeu dans l'énoncé formulant un sens, une explication.


Chercher à évoquer le phénomène langagier sans considérer la façon dont les choses interagissent n'a aucun sens. C'est comme considérer que la gravité ne fait que contraindre les poids à rester le plus possible des masses inertes. Moui, si on veut. Sauf, que c'est ainsi que ça se passe dans le référentiel terrestre. Libre à chacun d'en faire abstraction mais alors c'est limiter de beaucoup le cercle de ceux qui se retrouveront dans la conversation.
Ce n'est pas contraindre, c'est comprendre. C'est parce qu'il y a un cadre de langage qu'on peut s'en écarter, c'est parce qu'il y a du prosaïque dans le langage qu'il y a du poétique, c'est parce qu'il y a de la littérature majeure que des littératures mineures émergent, c'est parce qu'il y a de la répétition qu'il y a de la différence.

Vouloir imposer de but en blanc que "est le bleu ciel" est une possibilité au même titre que "bleu est le ciel", non. Ce n'est pas comme ça que Deleuze pense le fait qu'il est possible de sentir des sens qui ne sont pas encore là. Si ces sens-là doivent advenir, ce n'est pas par pur coïncidence, pas par pur configuration possible, mais bien parce qu'il y a quelque chose qui parcoure une étendue présente. Même les lignes de fuite n'existent qu'en fonction d'une spatialité de terre, d'humeur ou autre.

D'autre part, la grammaire qui a fait émerger le duo thème/rhème n'est pas n'importe laquelle, c'est celle qui s'attache à la production de texte. La grammaire, la linguistique a tout à voir avec ce que tu appelles tradition d'écriture. Ça s'appelle la stylistique. C'est ça qui fait qu'il y a de la différence entre des façons d'écrire, de parler, bref de communiquer.
"Ton style, c'est ton cul"


Quand tu distingues "le ciel" et "un ciel", tu ne fais rien d'autre, d'ailleurs. "un ciel" que tu considères comme un ciel relatif différent du ciel, c'est déjà émettre la sens qu'il s'agit d'une partie d'un tout. Acte métonymique.
Dans "un ciel", oui, ça dit quelque chose de spécifique, l'intention d'évoquer cet indéfini, c'est bien une façon de détacher ce thème de celui universel et communément admis.
Mais ça ne remet pas en question ce qu'il est en de l'article défini avec "le ciel". "le ciel", c'est celui partagé, défini par tous dans un moment où on ne considère pas les différences de perception. Le ciel est bleu, c'est "ciel pour tous est bleu". Il s'agit de déterminer la façon dont on se réfère au thème "ciel", de l'articuler par rapport au champ de connaissance partagé par les interlocuteur d'une situation de communication (Cf. les déictiques comme exemple le plus évident de rapport à un référentiel commun). Ce n'est pas un signe au sens ni deleuzien ni linguistique.

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Message par Came Mar 18 Déc 2012 - 18:11

Je suis parfaitement d'accord avec toi pour ce qui est du cadre, mais je soulève seulement le fait qu'il puisse y avoir un champ des possibles et qu'à partir de ce même champ se voit exclu un certain nombre de possibilités d'où émerge un champ dérivé du champ initial. Il y a l'ensemble des possibles et dans cet ensemble réside la cadre linguistique à partir duquel nous effectuons notre sélection. Ce cadre demeure le cadre d'une répétition dont les variations nous révèle ses différences, cadre des possibles.

citation: « Ça ne veut pas dire qu'il y aura douze sens générer pour chacun des ordres, mais cela sous-entend qu'il y ait un champ de possibilités = n x (n-1) à partir d'un nombre donné de signes/mots choisis. »

Le champ qui regroupe les possibles n'a rien à avoir avec un champ lexical qui appartiendrait plutôt au cadre traditionnel de l'écriture; le champs est strictement une quantité générée par ses éléments, un ensemble de rapport dépendant de l'ordre dans la présentation séquentielle, c'est le territoire dans lequel se trouve le champ lexical. Les « lignes de fuite » des ordres séquentiels possibles ont pour élément des mots, des assemblages de mots, alors que les champs lexicaux ont pour élément les sens souvent ancrés dans une tradition littéraire, une arborescence de sens. Ces « lignes de fuite » propre aux champs lexicaux sont des possibilités signifiantes permettant au récepteur de sortir du champ des possibilités issu de l'ordre.

L'absence de sens ou l'absence de corrélation sémantique produit une seconde limite dans la limite territoriale des possibles. Cette limite se voit déterminé négativement au contact de l'ensemble des possibles.
Absence de sens = ne fait pas partie du champ lexical
Résulte de cette opération dans l'exemple ci-dessus, trois sens signifiant pour douze ordre possibles.
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Message par Vargas Mar 18 Déc 2012 - 18:49

Came a écrit:Je suis parfaitement d'accord avec toi pour ce qui est du cadre, mais je soulève seulement le fait qu'il puisse y avoir un champ des possibles et qu'à partir de ce même champ se voit exclu un certain nombre de possibilités d'où émerge un champ dérivé du champ initial. Il y a l'ensemble des possibles et dans cet ensemble réside la cadre linguistique à partir duquel nous effectuons notre sélection. Ce cadre demeure le cadre d'une répétition dont les variations nous révèle ses différences, cadre des possibles.

citation: « Ça ne veut pas dire qu'il y aura douze sens générer pour chacun des ordres, mais cela sous-entend qu'il y ait un champ de possibilités = n x (n-1) à partir d'un nombre donné de signes/mots choisis. »

Le champ qui regroupe les possibles n'a rien à avoir avec un champ lexical qui appartiendrait plutôt au cadre traditionnel de l'écriture; le champ est strictement une quantité générée par ses éléments, un ensemble de rapport dépendant de l'ordre dans la présentation séquentielle, c'est le territoire dans lequel se trouve le champ lexical. Les « lignes de fuite » des ordres séquentiels possibles ont pour élément des mots, des assemblages de mots, alors que les champs lexicaux ont pour élément les sens souvent ancrés dans une tradition littéraire, une arborescence de sens. Ces « lignes de fuite » propre aux champs lexicaux sont des possibilités signifiantes permettant au récepteur de sortir du champ des possibilités issu de l'ordre.

L'absence de sens ou l'absence de corrélation sémantique produit une seconde limite dans la limite territoriale des possibles. Cette limite se voit déterminé négativement au contact de l'ensemble des possibles.
Absence de sens = ne fait pas partie du champ lexical
Résulte de cette opération dans l'exemple ci-dessus, trois sens signifiant pour douze ordre possibles.

J'ai bien lu ton passage que tu cites mais un possible qui ne génère, n'évoque rien, il n'y a rien à en dire, rien à en faire, rien à en pouvoir. Ce n'est pas ça qui repousse ou produit du différent. Il y a une méthode distributionnelle du sens qui peut être court-circuité et il se produira quelque chose. Mais cela ne signifie pas que tout court-circuitage est à estimer.
C'est ce qu'il y a apprendre dans le mallarméisme d'Un coup de dé jamais n'abolira le hasard.
Comme l'écrivait Van Neumann, il y a des variables vivantes et des variables mortes. Lobo Antunes, auteur que je te conseille d'ailleurs âprement pour sa capacité à se jouer de la syntaxe et de la ligne narrative, à s'en déterritorialiser, en parle bien dans l'une de ses, malheureusement, dernières sorties d'écrivain :
António Lobo Antunes pose le stylo pour de bon

Je ne reviens sur le champ lexical que pour dire que c'est un terrain incroyablement réduit par rapport à ce que représente une tradition de l'écriture. C'est le champ où on choisit azur au lieu de bleu, automobile au lieu de car, où l'on aiguise ses antonymes et on choisit son niveau de langue, où l'on se souvient d'un terme employé fréquemment ailleurs, rien de plus. C'est une cristallisation, une madeleine de Proust avec moins de possibilité de connexion forte. Le champ lexical, ce n'est que l'armurerie temporaire d'un modeste bastion au milieu d'une lutte millénaire. C'est déjà beaucoup, ceci dit mais ça n'est surement pas le niveau de sol sur lequel s'étendait le moindre de mes propos précédents, sur lequel s'étend le générationnel du style ou le cartographique de la syntaxe, par exemple.

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Message par Came Mar 18 Déc 2012 - 20:19

Les points que tu m'apporte s'avèrent très intéressants et je t'en remercie puisque je te crois, sincèrement, plus compétent que moi pour ce qui touche à la théorie littéraire.

Pour ce qui touche à mon propos, qui n'ait qu'une rhétorique à l'intérieur de laquelle je tente souvent de parfaire ma propre connaissance, je ne fait que constater la présence d'un possible à partir duquel l'émetteur génère un énoncé. Je n'affirme aucunement qu'il y ait des énoncés possibles du seul fait qu'il y ait un champ, mais bien, plutôt que l'émetteur puise dans ce champ virtuel pour formuler son énoncé, et ce, à l’abri de toute historicité, car le champ est anhistorique. Ce champ n'est qu'un potentiel dont l'ordre seulement génère des différences et où chacun des éléments sont différent entre eux par leur fonction (le ciel est bleu) et où ces même éléments joue le rôle qui lui revient selon sa position dans la phrase.

L'île déserte
Dans un texte de Deleuze où il nous dit:« Il n'y a aucune unité objective dans l'ensemble des îles. », Deleuze nous fait penser la séparation en terme de dislocation, une amplitude de déformation tectonique. Mais l'idée d'une séparation porte en elle le sens d'une profonde quête de l'identité: me déterritorialiser pour accéder à ce qui m'est propre. « L'île est ce que la mer entoure, et ce dont on fait le tour, elle est comme un œuf. », dit-il aussi. Entourée d'eau, cette même île a des possibles, des ressources qui lui donnent ses possibles et ses impossibles. Sans hommes pour l'habiter elle restera « vierge », avec eux elle aura d'autres possibles tels que des possibles métaphysiques, une culture.

Un peu plus loin dans le texte, Deleuze souligne que l'idée d'une île déserte « C'est dire à nouveau que son essence est imaginaire et non réelle, mythologique et non géographique. Du même coup son destin est soumis aux conditions humaines qui rendent une mythologie possible.» Il nous dit donc qu'il ne s'agit pas d'une dislocation tectonique, mais bien d'une déterritorialisation où l'espace géographique est relégué au rang de support à l'action d'un devenir potentiel. La déterritorialisation implique, par conséquent, l'abandon, le détachement d'avec son déterminisme culturel et la mise en place de sa propre situation possible et historique (Geschichtlichkeit). Cette forme du devenir historique implique naturellement ce qui est possible pour cet île et pas une autre. À partir du possible de cette île, est possible de naître une mythologie qui rendra possible à son tour une littérature.

« La mythologie n'est pas née d'une simple volonté, et les peuples ont tôt fait de ne plus comprendre leurs mythes. C'est même à ce moment là qu'une littérature commence. La littérature est l'essai d'interpréter très ingénieusement les mythes qu'on ne comprend plus parce qu'on ne sais plus le rêver ni le reproduire.»

L'île déserte est justement cette tentative de reproduction du mythe ontologique. L'idée de cette « île » rend possible la reproduction du mythe comme ontologie, une île vierge, une page blanche, une déterritorialisation, une quête qui tend vers l’ineffable. Or, cette même quête est aussi celle du sens nouveau -- mythologique -- et rendu possible par l'idée d'une île séparée des Autres, le lieu imaginaire où l'être se dissocie du cadre habituel.

« Dans l'empirique et dans l'absolu, c'est le même être et c'est la même pensée; mais la différence de la pensée et de l'être est dépassée dans l'absolu par la position de l'Être identique à la différence et qui, comme tel, se pense et se réfléchie dans l'homme. »

De plus, comme pour L'île déserte, celle du géographe et/ou celle du philosophe, le même être particulier préexiste, or la différence de ce même est une différence de la pensée: celle du géographe et celle du philosophe. Celui qui pense ces deux manières de penser L'île déserte est celui qui pense les différences, le philosophes des différences. Selon la citation ci-haut, il s'agirait d'une position de la pensée qui se se pose elle-même comme une pensée sur l'absolu, une pensée portant sur l'Être identique à la différence.

« Mais ce n'est pas seulement à la fin comme au début que le savoir absolu est. C'était déjà dans tous les moments: une figure de la conscience est d'une façon un moment du concept; la différence extérieure de la réflexion et de l'être est d'une autre façon la différence interne de l'Être lui-même, autrement dit l'Être identique à la différence, à la médiation. » Or, si cet Être est un écart différentiel de lui-même avec lui-même, c'est qu'il y une conscience du changement lui permettant de reconnaître son sens, le sens de son Être. Parfois ce même sens peut m'apparaître contradictoire, quand, par exemple, j'éprouve de la culpabilité face à des actions qui ne sont pas conforment à mon système de valeurs, à mes aspirations et projets d'avenir. Qu'il y ait sens ou non-sens ne change rien, car tous deux relèvent du sens. Le non-sens se détermine seulement à partir du sens.

Ce qui fait sens pour moi est ce qui est conforme à ma pensée, cette pensée qui toujours se voit contrarier par mes actions dépassant ma pensée. C'est comme si ce même non-sens, cet impensé se révélait dans le geste quasi inconscient, juste pour un instant, de mon être enflammé par l'instant qui m'est donné de recevoir. Je reçois du présent le présent qui déclenche le processus de l'être du devenir différent, une différence qui génère une impulsion, une réaction, une action non-pensée tel un écart différentiel.
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