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Universalisme, libéralisme et démocratie

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Message par Bergame Dim 16 Déc 2012 - 15:06

Tout tient dans un passage de la lettre ouverte que Depardieu adresse aujourd'hui à Jean-Marc Ayrault. L'acteur, nouvel exilé fiscal, prétend déchirer son passeport français et annonce :

"Nous n'avons plus la même patrie, je suis un vrai Européen, un citoyen du monde."

L'abolition des frontières, le village global, le "one world, one nation", le refus des particularismes, il a d'abord le sens de s'affranchir des règles et des contraintes liées à la résidence sur un territoire gouverné par une autorité politique -au nom de la liberté individuelle.

Mais le fondement de tout cela, c'est simplement une asymétrie entre droits et devoirs. C'est-à-dire qu'à l'individu sont garantis des droits internationaux, mais que les devoirs sont et restent nationaux -ceci en raison de l'existence d'un droit INTERnational et de l'absence conjointe d'un droit SUPRAnational. Problème classique de notre temps : Le droit est international, comme l'économie (ce qui n'est pas un hasard), le politique, lui, reste national. Et il reste national parce qu'en Occident, il est, encore, fondé sur des principes démocratiques, c'est-à-dire que les dirigeants y sont élus par les citoyens, membres de droit d'une communauté politique, résidant sur un territoire géographique.

Les dysfonctionnements multiples qu'on observe, conséquents de cette asymétrie, devront bien être résolus sur le long terme. Ils peuvent être résolus de deux manières : Soit le droit et l'économie retrouvent un niveau national -taxes aux frontières, sortie de l'Union, etc.- soit le politique se reconstitue au niveau international ou, plus exactement, supranational.
De ces deux options, la seconde est aujourd'hui la plus probable -je ne dis pas "la plus désirable" ni "la plus satisfaisante", mais "la plus probable"- et c'est effectivement le chemin qui est pris, cahin-caha, par les membres de l'Union Européenne. La question est donc : Reconstitué au niveau supranational, le politique peut-il encore être démocratique -"démocratique" au sens d'une procédure permettant aux citoyens de choisir leurs dirigeants ?

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Message par baptiste Ven 21 Déc 2012 - 9:49

Bergame a écrit: Reconstitué au niveau supranational, le politique peut-il encore être démocratique -"démocratique" au sens d'une procédure permettant aux citoyens de choisir leurs dirigeants ?

Ne sommes nous pas en train d'expérimenter un des dangers de la démocratie annoncé par Tocqueville.

"Lorsque, au contraire, les rangs sont confondus et les privilèges détruits, quand les patrimoines se divisent et que la lumière et la liberté se répandent, l'envie d'acquérir le bien-être se présente à l'imagination du pauvre, et la crainte de le perdre à l'esprit du riche. Il s'établit une multitude de fortunes médiocres. Ceux qui les possèdent ont assez de jouissances matérielles pour concevoir le goût de ces jouissances, et pas assez pour s'en contenter. Ils ne se les procurent jamais qu'avec effort et ne s'y livrent qu'en tremblant. Ils s'attachent donc sans cesse à poursuivre ou à retenir ces jouissances si précieuses, si incomplètes et si fugitives. (...) La passion du bien-être matériel est essentiellement une passion de classe moyenne; elle grandit et s'étend avec cette classe; elle devient prépondérante avec elle. C'est de là qu'elle gagne les rangs supérieurs de la société et descend jusqu'au sein du peuple. (...) L'amour du bien-être est devenu le goût national et dominant; le grand courant des passions humaines porte de ce côté, il entraîne tout dans son cours.


Ce que je reproche à l'égalité, ce n'est pas d'entraîner les hommes à la poursuite des jouissances défendues; c'est de les absorber entièrement dans la recherche des jouissances permises. Ainsi, il pourrait bien s'établir dans le monde une sorte de matérialisme honnête qui ne corromprait pas les âmes, mais qui les amollirait et finirait par détendre sans bruit tous leurs ressorts.
"

De la Démocratie en Amérique, Tome II, deuxième partie, chapitre 10.

Comment mobiliser la classe moyenne qui représente l'immense majorité, y compris Gérard "l'infâme", sur autre chose que son bien être matériel, son âge de départ à la retraite, ses impôts, son pouvoir d'achat..."une sorte de matérialisme honnête qui ne corromprait pas les âmes, mais qui les amollirait et finirait par détendre sans bruit tous leurs ressorts".
c'est si bien dit.


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Message par Bergame Sam 22 Déc 2012 - 18:07

Ah Baptiste, il n'y a bien que toi pour réagir sur ces sujets. :)

Juste une question préalable : Tu penses sérieusement que Gérard Depardieu, l'acteur (et non le serrurier de la rue de la Marine, son homonyme) fait partie de la "classe moyenne" ? Pourquoi ? Comment la définis-tu, cette classe ?

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Message par Came Sam 22 Déc 2012 - 19:13

Je ne connais pas les circonstances de ce dont vous parlez, mais j'affectionne particulièrement Gérard pour l'ensemble de ce qu'il a accompli au gré du temps et, aussi, pour l'espoir qu'il a le potentiel de faire miroiter aux «titis parisien» que vous êtes probablement, et qui peut-être vous donnera le goût de faire revivre une culture affligée par les somnifères. Trop peu d'entre vous semble avoir, encore, le soucis de voir changer les choses, de transformer ce monde dans lequel vous vivez et qui semble ennuyant à mourir. J'adore ce que représente la France, mais l'objet de cette adoration est malheureusement devenu une simple histoire emprisonnée dans l'espace muséal.

Mes ancêtres ont quitté la France au 17ième avec une culture et une histoire. Ils sont venus ici pour fonder un pays. On connaît la suite.

Quand un Français vient me dire qu'au Québec nous n'avons pas une vraie culture, je lui réponds qu'il a peut-être raison mais que la nôtre, si petite soit-elle, est encore vivante.

Qu'en pensez-vous?
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Message par Courtial Sam 22 Déc 2012 - 22:18

J'en pense que les traditions ne se perdent pas et que les Français sont toujours aussi stupides et arrogants à l'étranger, et singulièrement au Quebec.

Mais pour en revenir au propos de Bergame, je trouve que ce n'est pas un mince paradoxe que, ces temps-ci, l'état traditionnel autoritaire, soit devenu synonyme de protection et de douceur, et que l'internationaâââleu te prenne un genre de moins en moins humain. Que l'international devienne en effet synonyme d'empire, de dépolitisation (gouvernance), aliénation, etc.

Pour ce qui est de la question plus pointue du droit, c'est un sujet sur lequel je suis peu à l'aise - n'hésite donc pas à remettre les choses en place si je m'égare - mais il me semble en effet qu'un tel droit peut d'autant moins se mettre en place que les effets les plus patents de cette "mondialisation", c'est qu'elle s'accompagne d'une dérégulation, précisément.
Dans l'esprit du cosmopolitisme Aufklärer - Kant, pour donner un nom - l'idée était que la paix perpétuelle ou une société mondiale, devrait faire succéder un droit international à ce qui n'était en quelque sorte, qu'un état de nature, dans les rapports entre les Etats né du modèle westphalien, comme on dit.
Mais comme l'intégration va de pair ici avec la dérégulation (au moins au plan économique, social), c'est cette mondialisation qui produit de la jungle

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Message par Bergame Dim 23 Déc 2012 - 18:02

Courtial a écrit:Mais pour en revenir au propos de Bergame, je trouve que ce n'est pas un mince paradoxe que, ces temps-ci, l'état traditionnel autoritaire, soit devenu synonyme de protection et de douceur, et que l'internationaâââleu te prenne un genre de moins en moins humain. Que l'international devienne en effet synonyme d'empire, de dépolitisation (gouvernance), aliénation, etc.
Exactement ! c'est un paradoxe. C'est ce que je voulais dire dans une contribution précédente : Dans les années 70-80, au moment où, suite à la crise du pétrole, à la montée du chômage, etc. s'est constitué le modèle alternatif au programme keynésien qui prévalait jusque là, les libéraux-conservateurs ont, paradoxalement, reçu, dans leur critique de l'Etat-providence, le soutien objectif des marxistes. Pour des raisons différentes, à partir de points de vue différents, et avec des horizons différents, mais les uns et les autres concentraient leurs critiques sur l'Etat-providence, l'Etat-nation, la "démocratie bourgeoise" ("élections piège à cons"), la bureaucratie quasi-totalitaire, la notion de "service public" (l'idée même de "public", aliénante pour l'individu), etc. Avec le recul, quand on lit la littérature de l'époque, les arguments sont étonnament similaires.
Et oui, le problème, c'est que l'Etat-providence, avec tous ses défauts, était quand même protecteur pour les individus. La liberté, sans les moyens de l'autonomie, ça reste un concept formel.


Pour ce qui est de la question plus pointue du droit, c'est un sujet sur lequel je suis peu à l'aise - n'hésite donc pas à remettre les choses en place si je m'égare - mais il me semble en effet qu'un tel droit peut d'autant moins se mettre en place que les effets les plus patents de cette "mondialisation", c'est qu'elle s'accompagne d'une dérégulation, précisément.
Je ne crois pas. Ou plutôt : De la dérégulation, oui, mais au niveau national. Ce qui est "dérégulé", pour faire simple, c'est l'autorité de l'Etat à l'intérieur de "ses" frontières géographiques.

Envisageons (schématiquement) ce que tu appelles un modèle westphalien (enrichi du principe moderne de représentation) : Les lois y sont édictées par un législateur, supposé composé de représentants du peuple -un peuple national. Et elles sont garanties, dans leur efficience, par un Etat, disposant de la puissance contraignante, et composé d'élus eux aussi supposés représenter le-dit peuple national.
Qu'avons-nous aujourd'hui -restons-en à l'Europe au moins pour commencer : Les Etats nationaux se sont engagés dans une série de traités multilatéraux par lesquels ils abandonnent leur autonomie législative à une entité... pas vraiment supra-, plus vraiment inter-nationale, disons un "hybride" (le terme n'est pas de moi). Pas dans tous les domaines, attention, le partage des compétences entre l'Etat et Bruxelles fait l'objet de définitions serrées. Mais par exemple, sur tout ce qui touche de près ou de loin à l'économie, c'est Bruxelles. Pour ce qui concerne les droits des individus... bref, la Cour Européenne des Droits de l'Homme, c'est un sujet en soi.

Mais qui élabore les "lois", à Bruxelles ? Le Parlement Européen ? Clairement non. Les traités successifs lui ont donné au mieux le rôle d'une chambre d'enregistrement, et encore, partagée avec le Conseil de l'Europe. Par exemple, le PE n'a pas l'initiative législative. Celle qui "fait" les lois, à Bruxelles, c'est la Commission.
Alors bien sûr, question logique : "Pourquoi donc le Parlement Européen n'a-t-il pas, à l'échelle de l'Europe, le même rôle législatif que les parlement nationaux à l'échelle de leur pays ?" C'est une question lancinante depuis les années 80. La réponse a toujours été la même, et elle est imparable. Tenez-vous bien : Parce qu'il n'existe pas de "peuple européen". Donc le Parlement Européen n'est pas composé de représentants du "peuple". Donc, lui donner un rôle législatif n'a pas de sens. Argumentation parfaitement circulaire, n'est-il pas ? Celle qui "représente et défend les intérêts européens", c'est écrit sur la page d'accueil de son site web, c'est la Commission.

Oui, mais il n'y a pas besoin de chercher longtemps dans ce site pour découvrir que les effectifs de la Commission Européenne ne dépassent pas le nombre de fonctionnaires attachés à une grande ville européenne comme Londres. Ce dont la Commission s'enorgueillit : Voyez bonnes gens, nous, on vous coûte pas cher à produire des lois. Certes. Mais comme les journées des équipes européennes font le même nombre d'heures que celles de tout un chacun, on s'étonne. On a tort : Il faut simplement comprendre que les équipes de la Commission agissent comme des sortes de chef de projet. Lorsqu'elles ont en charge l'élaboration d'un projet de directive (le terme idoine pour "loi européenne"), elles constituent des équipes en allant chercher des spécialistes du sujet. Baptiste, je crois, pourrait nous raconter cela de l'intérieur Wink Mais où les trouvent-elles, ces experts ? Ben, là où ils sont. C'est-à-dire, en gros, soit dans le monde académique et scientifique, soit dans les entreprises. A un degré moindre, dans la "société civile" -quelques grosses ONG comme Greenpeace, Oxfam, etc. Résultat : A défaut d'être la capitale de l'Europe, Bruxelles est la "capitale du lobbying".

Encore une fois, la "gouvernance", au plus simple, c'est cela : L'institution de "réseaux" engageant des acteurs divers (entreprises, ONG, délégués des Etats, délégués des organisations internationales, etc.) dans des procédures de délibération visant à produire de la règlementation. La dépolitisation, et singulièrement, la dépolitisation du "peuple" n'en est qu'une conséquence -une conséquence parfaitement logique si l'on considère que la "gouvernance" consiste donc à rompre le lien entre les processus de production législative et le "peuple", c'est-à-dire précisément à "insulariser" la détermination des décisions contraignantes (européennes, supra-nationales) vis-à-vis des régimes démocratiques nationaux, toujours susceptibles d'alternance politique et de changement d'orientation de politique générale.

Mais donc, il est égarant de parler de "dérégulation" mondiale ou internationale. Au contraire, il y a bien une production internationale du droit, et de plus en plus conséquente, et qui prévaut de plus en plus sur le droit national au rythme où les traités multilatéraux se signent. Le phénomène que je décris au niveau européen avec Bruxelles se retrouve quasi tel quel au niveau mondial avec l'ONU. Et puis, parallèlement, il y a un autre phénomène, qui peut apparaître plus anecdotique puisque plus ciblé, mais qui peut préfigurer la production du droit de demain, c'est le mouvement de "normalisation". J'y avais fait allusion dans une vieille contribution. Là, c'est carrément des acteurs privés qui négocient et s'entendent entre eux sur un code de "bonnes pratiques", valide pour un marché économique ou un secteur industriel. Eventuellement, ils vont ensuite présenter leur label à la Commission Européenne ou à une organisation internationale de ce genre pour en recevoir l'onction. Ca a l'air de rien, mais par exemple, un grand nombre de pratiques industrielles ayant potentiellement un impact sur la santé des consommateurs sont ainsi "régulées".

Alors dans tout cela, que reste-il au niveau national ? Hé bien, il reste la contrainte. Le droit est de plus en plus une production internationale, élaboré par des acteurs de toutes sortes, organisations internationales, entreprises, ONG, etc. Mais la garantie du respect de ce droit reste l'affaire de l'Etat national qui, pour l'instant, continue à disposer seul de la puissance contraignante. Remarquez également que, de ce fait, l'Etat national continue également à détenir le monopole de la perception fiscale. Les organisations internationales dont nous parlons, elles sont bien financées par quelqu'un ? Oui, par les Etats. Mais dans leur traités, ceux-ci se sont simplement engagés à reverser une quote-part de leurs revenus.
Du coup, l'Etat continue à endosser le rôle du Père Fouettard, spoliateur et contraignant, toujours à la limite de dériver vers le totalitarisme, le rôle qui lui a été définitivement attribué par l'idéologie libérale. Et les organisations internationales, les entreprises, les ONG, jouent les rôles, bien plus valorisants, de la "société civile", fers de lance de la résistance à l'Etat, défenseurs des droits des individus -et les défendant d'autant mieux qu'elles se substituent à eux et réduisent toujours plus leur rôle politique. Le monde rêvé du libéralisme...

Alors bien sûr, ça aussi, c'est paradoxal : L'Etat national qui fait respecter le droit international. Mine de rien, l'implication est vertigineuse : Cela signifie que les individus, au moins à certains égards, et en ce qui concerne leurs droits subjectifs, sont envisagés comme des citoyens internationaux, des "citoyens du monde". En revanche, en ce qui concerne leurs devoirs, ils sont envisagés comme des citoyens nationaux. C'est exactement ce que dit l'Union Européenne, par exemple : Tu es, Courtial, à la fois un citoyen français et un citoyen européen. Et si tu lis attentivement les traités, tu constateras que ces deux dimensions de ton identité ne font pas référence aux mêmes principes. En tant que citoyen européen, on n'attend pas la même chose de toi qu'en tant que citoyen français. D'une certaine manière, on peut donc dire que Gérard Depardieu tranche dans le paradoxe. Et comme disent ses défenseurs, il en a le droit.

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Message par baptiste Mar 25 Déc 2012 - 11:54

Came, Depardieu est un immense acteur la preuve c’est qu’il a gagné ses galons en jouant Germinal, Cyrano, Danton et autres valseuses tous des rôles de compositions lorsqu’on l’entend jouer ses propres textes et observe ses amitiés avec les dictateurs. Et puis cette histoire permet à chacun de réinvestir ses fantasmes, il y a de nombreux acteurs et chanteurs français exilés fiscaux mais Depardieu reste à part dans notre imaginaire.


Bergame, Depardieu est un français moyen parce que ses décisions n’ont de conséquence que pour lui-même, l’impact de sa décision s’arrête à la porte de son compte en banque à la différence des autres exilés fiscaux potentiels ou réels qui font la une de l’actualité comme Bernard Arnault ou Afflelou ou la famille Peugeot. Bien sûr il est beaucoup plus riche que la moyenne des français mais son poids économique reste négligeable.

On voit poindre dans ton discours une certaine nostalgie pour :D l’« alliance maudite » de l’historicisme avec l’utopisme contre l’activisme, le problème c’est que la croyance en un cours de l’histoire inéluctable ne signifie pas une incompatibilité avec un certain activisme politique. L’inéluctable dictature du prolétariat peut-elle se passer de l’activisme politique d’Alain et Olivier ou Arlette et Nathalie? De manière similaire tu admettras que renoncer à l’utopisme n’implique pas de renoncer à certains idéaux.
Tu as cité Oxfam comme organisation activiste, tu dois être universitaire, alors si leurs idées te conviennent tu peux le plus démocratiquement du monde les rejoindre et démocratiquement et internationalement participer de leur activisme et participer à la vie publique en contre pouvoir des lobbys industriels, maintenant question importante : est-ce l’expert ou le citoyen qui décide un jour de s’investir dans une telle organisation? Il n’y a pas de peuple européen dis-tu, pas de parti politique européen certes mais des ONG européennes si ; le danger vient-il de l’implication des activistes ou de la légèreté des élus ?
Je crois que nous pouvons dire que nous vivons dans une société évolutionniste, qui ne considère pas le « bonheur » de la réalisation d’une utopie comme le problème le plus urgent d’une politique rationnelle. Face à la multiplication des lieux de décisions, à la complexité des situations, on est en droit de se demander si le député qui refuse d’abandonner son mandat de maire paraît bien armé pour être utile à quelque chose. Le retour de l’état ne peut être une simple invocation sacrée, cela passe par un ré-investissement par les politiques du débat citoyen.
Les «experts» sont formels. Le monde que nous avons construit depuis la révolution industrielle du milieu du XVIIIe n’est pas… durable. Fonds monétaire international, Banque mondiale, Agence internationale de l’énergie, Programme des Nations unies pour l’environnement, Organisation de l’ONU pour l’agriculture et l’alimentation, Agence européenne pour l’environnement, et j’en passe, tous sont d’accord: nous fonçons droit dans le mur! Quelles mesures importantes ont pris les états assemblés à Doha ce mois de décembre 2012 ? Aucune. La question n’était pas la bonne, il faudrait se demander : les politiques dans un système démocratique hyper médiatisé ont-ils simplement la possibilité de proposer quelque chose d’impopulaire, coincés entre des électeurs égoïstes, éternels quémandeurs insatisfaits de droits nouveaux et des institutions de plus en plus complexes à manœuvrer ?
La gouvernance n’est pas « l’axe du mal », par certaines de ses caractéristiques intrinsèques elle est génératrice d’une dynamique sociale multidimensionnelle nécessaire dont les effets les plus notables sont liés à l’accès aux droits de l’homme (FIDH) à l’information, la lutte contre la corruption (Transparency international), la gestion efficace des ressources (Oxfam, Amis de la terre…), la reconnaissance des droits des générations futures (Générations Futures) , la protection de l’environnement et le développement durable (Il y en a trop pour en citer une seule puisque au total on approche les 2000 ONG enregistrées à Bruxelles). Quand au phénomène que tu décrits d’auto-organisation des milieux professionnels, celui-ci n’est pas entièrement nouveau. Dans le monde du transport maritime qui fut mondialisé bien avant que le mot existe, le droit maritime international donc est né de la volonté des acteurs du secteur de le faire naître à travers le comité maritime international au milieu du XIX siècle, voir pour certains historiens encore plus tôt. http://www.comitemaritime.org/History/0,273,1332,00.html, pas de la volonté des états, même si ce sont les états qui ont ratifiés les traités.
Enfin je prendrai un dernier exemple, la directive européenne REACH, dont quasiment personne n’a entendu parlé, mais qui est cependant capitale en matière de sécurité sanitaire, a été rédigée avec la participation extrêmement active des industries chimiques (y compris des syndicats de salariés de ces industries) et des ONG environnementalistes. Lorsque des parlementaires européens intervenaient dans les discussions c’est qu’ils se faisaient le relais d’un lobby ou d’un autre, mais au final ceux sont uniquement les parlementaires qui ont votés en fonction du mandat reçu de leurs électeurs? Non bien entendu, en fonction des consignes de votes données par les partis.
La gouvernance est-elle un rempart plus efficace aux lobbys de toute sorte qu’un état fort mais dont on sait que plus il est fort plus il est gangrénable, that is the question ?

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Message par maraud Jeu 3 Jan 2013 - 20:36

Depardieu est un français moyen ...

Juste une petite incise quant-au fait que Depardieu serait un français moyen.
Renommée mondial, reconnaissance mondiale, élite parmi les acteurs mondiaux, homme relativement riche..Autant de critères qui ne font pas de lui un français moyen.Quand Depardieu s'exprime; c'est la presse nationale qui porte son message, de fait, ce qu'il dit n'a pas la portée de ce qui est dit par un français moyen."L'affaire" Depardieu s'inscrit dans le conflit élite/statut.Il écrit une lettre ouverte au premieir ministre; au statut démocratique et donc légitime du premier ministre; ce n'est pas rien!

En cela, l'élite Depardieu déconsidère le statut de premier ministre et s'adresse à la personne du premier ministre.Cela reflète au moins une chose, c'est l'impuissance de l'Etat qui , pour le coup, lui, est "moyen".Cet Etat est-il déjà "vulgaire" ? Si c'est le cas, alors, comme disait debors, c'est la démocratie vulgaire ,qui fait que les citoyens sont colonisés par leur propre gouvernement.

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Message par baptiste Mar 8 Jan 2013 - 10:28

maraud a écrit:
Depardieu est un français moyen ...

Juste une petite incise quant-au fait que Depardieu serait un français moyen.
Renommée mondial, reconnaissance mondiale, élite parmi les acteurs mondiaux, homme relativement riche..Autant de critères qui ne font pas de lui un français moyen.Quand Depardieu s'exprime; c'est la presse nationale qui porte son message, de fait, ce qu'il dit n'a pas la portée de ce qui est dit par un français moyen."L'affaire" Depardieu s'inscrit dans le conflit élite/statut.Il écrit une lettre ouverte au premieir ministre; au statut démocratique et donc légitime du premier ministre; ce n'est pas rien!



Nous parlions d'exil fiscal et de poids économique, lorsque Amazon ou Google "optimisent" leur fiscalité, cela signifie des centaines de millions d'euros évaporés, lorsque la famille Peugeot s'exile et exile ses dividendes cela fait des emplois en voie de disparition à Aulnay lorsque Depardieu fait de même cela ne concerne que lui. Il ne s'agissait pas de son poids lol! ni de son poids médiatique qui sont tous deux hors normes.

Tous les jours des centaines de français écrivent au premier ministre ou au président de la république mais les médias s'en font rarement l'écho, l'évolution russe de l'histoire de l'exil fiscal montre bien le fond de l'affaire: la triste histoire de la déchéance alcoolique banale d'un protagoniste fortement médiatisé. Au-delà de l'affligeante image pour lui-même que donne un Depardieu aviné trinquant avec les maîtres du Kremlin et oubliant que l'usage de la parole performative est réservée à Dieu ou ses représentants.
La vrai question ce n'est pas la vulgarité de la démocratie, c'est celle du pouvoir des médias, cette histoire de dérive alcoolisée ordinaire mérite-t-elle l'importance qui lui est donnée par les médias? Cette affaire a-t-elle réellement un caractère politique en France?

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Message par maraud Mar 8 Jan 2013 - 12:22

Oui, mais il n'empêche que le poids économique de Depardieu se décline aussi sous la forme du "poids économique" des agences de notations.La subjectivité de Depardieu et la subjectivité des agences de notations sont performatives.Ce qui est dit par l'un ou l'autre vaut acte.Il ne s'agit pas ici de faire le procès de Depardieu, mais de souligner les conséquences de sa posture.

Mais pour en revenir aux médias,"la liberté d'expression", puis "le doit à l'information" sont évidement au cœurs de ce qui nous préoccupe, car comme dirait Nietzsche au sujet de fichte qui affirme avec sa grande voix, que la vérité doit être dite, dût le monde voler en éclats! : "encore faudrait-il la détenir".

Si notre démocratie ,dans ses prérogatives régaliennes, n'a d'autres possibilités ,pour exprimer son pouvoir,que de faire "l'interface" entre " le principe de réalité" qui nous vient de l'extérieur et le citoyen; comment cette démocratie pourrait-elle être autre chose qu'une simple force de cohércission.?


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Message par cedric Mar 8 Jan 2013 - 14:00

baptiste a écrit: Cette affaire a-t-elle réellement un caractère politique en France?

Et comment ! Ce qu'il me semble, c'est que potentiellement toute action de tout citoyen au sein de la société, dans la "vie sociale", est politique ! Or, Depardieu représente une sorte de super citoyen, aimé des français...D'une certaine façon, Depardieu est un homme politique, la preuve.

Personnellement, cette histoire me fait bien marrer, c'est un joli tacle dans la tronche de toutes les élites biens pensantes de gauche qui se paluchent avec leurs idéaux et leur effort national avec sur-taxation des élites. Depardieu leur dit, " ah oui, et bien si c'est comme ça, moi je me casse ! " et il a bien raison. Ca ne fait que décrédibiliser la France encore un peu plus au niveau international. Depardieu russe ? C'est comme si la France elle-même devenait un peu russe.

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Message par baptiste Mer 9 Jan 2013 - 18:20

Objectivement (cela me rappelle un autre sujet !), si on s’en réfère aux arguments des « défenseurs » de Gérard il y a deux temps. L’exil Belge défendu par opportunisme politique ou solidarité de gros contribuables, cette défense est axée sur le thème de l’argent, de la propriété, « la spoliation » un débat classique, disons de l’égoïsme des riches contre la jalousie des moins riches. Et puis il y a un second temps, d’accusateur Depardieu deviens accusé, son acoquinement avec un des pires régimes européens, son adoubement en Mordovie prés des camps ou croupissent des opposants à Poutine condamnés à de lourdes peines pour des actes insignifiants, oblige ses défenseurs à changer de registre. On nous parle de souffrance, d’un succès trop grand trop jeune, de mal-être, de sa fascination pour les hommes de pouvoir.

En fait il me semble que nous sommes collectivement victimes d’une double désillusion, nous avions cru qu’il y avait quelques part du Danton, du Loulou, du Toussaint Maheu chez Gérard et lui parce que les présidents étaient flattés de le recevoir, et qu’il jouait si bien Cyrano pensait qu’il était un peu Rostang, grossières erreurs.

Cette affaire n’a d’importance que médiatique par les excès de l’homme Depardieu, il y a très, très longtemps que pas un seul joueur de l’équipe de France de tennis n’habite en France et que d’autres vedettes du cinéma, du sport ou de la chanson ont emprunté ce chemin de l’exil fiscal avant lui, gouvernement de gauche ou de droite cela ne changera rien tant que certains pays appliquerons une fiscalité différentes aux autochtones et aux exilés fiscaux pour les attirer. C’est le cas de la Suisse que je connais bien pour y avoir travaillé. Le taux maximum à Genève est aux environ de 40/45% à la différence qu'il s'applique dés le premier centime gagné, ce qui n'est pas le cas en France, elle n’est donc pas fiscalement douces aux petites gens ni aux classes moyennes voir supérieures établies. Pour un exilé fiscal c'est différent, le forfait fiscal théorique pour un exilé à Genève est minimum de 350000 Frcs Suisse (en réalité si tu payes moins d’un million d’euros/an n’espère pas obtenir le statut d’exilé fiscal, certains parlent même de 2 ou 3 millions aujourd'hui) à partir de ce taux d'imposition tu peux négocier un forfait annuel, sauf que toute opération commerciale ou bénéfice enregistré pour des opérations en Suisse sera soumise au régime de droit commun Suisse en plus du forfait. Tant que certains pays appliquerons un double système d'impositions les dés seront pipés.

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Message par Chut Mer 9 Jan 2013 - 23:42

baptiste a écrit:
Cette affaire n’a d’importance que médiatique par les excès de l’homme Depardieu,
N'oublions pas les insupportables excès de langage de certaines personnes à son égard, et je dis ça très sérieusement, parmi lesquels le premier ministre et la ministre de la culture, cette dernière ayant cela dit une envergure artistique certaine, ayant déjà écrit deux romans Cool , avec il faut bien le reconnaître une qualité d'écriture assez admirable : « Toi sous moi, dans une chambre volée, ta tête entre mes cuisses et ta langue glissant en moi, lapant ma vulve, accélérant ton rythme avec l’expérience de tes années passées, mais peut-être était-ce déjà un adieu, tant pis, il était bon, tu me léchais et je fondais longuement dans ta bouche, ... "
bon, en tout cas on peut pas dire que ce soit de mauvais goût lol! , et d'autres ont tâté du style, souhaitons-lui qu'on évoque son nom dans 250 ans comme on évoque celui de Diderot aujourd'hui, mais ça n'excuse rien.

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Message par baptiste Jeu 10 Jan 2013 - 11:32

[quote="Chut"]
« Toi sous moi, dans une chambre volée, ta tête entre mes cuisses et ta langue glissant en moi, lapant ma vulve, accélérant ton rythme avec l’expérience de tes années passées, mais peut-être était-ce déjà un adieu, tant pis, il était bon, tu me léchais et je fondais longuement dans ta bouche, ... "
bon, en tout cas on peut pas dire que ce soit de mauvais goût lol! , et d'autres ont tâté du style, souhaitons-lui qu'on évoque son nom dans 250 ans comme on évoque celui de Diderot aujourd'hui, mais ça n'excuse rien.[/quote

Merci pour cette trouvaille alléchante, à lire en regardant les photos de la dame en maillot de bain à l'île Maurice allongée auprès de son compagnon pendant ses vacances de Noël, cela a encore beaucoup plus de saveur.


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