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Marketing (!) La production littéraire

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Message par Tenzin Dorje Jeu 25 Mar 2010 - 4:34

MOI VENDRE SEXE PAS LAVER, VRAIE RELATION ANALE & WILDE EXPERIENCE
(Accroche nègre)

1 [Ce que l'on entend par « Introduction » et comment elle est construite] Au cours de ma vie, il m'a été donné de corriger un bon nombre de mémoires universitaires, de rédiger un bon nombre d'articles, de dissertations, de comptes rendus – laborieux – de travail et autres documents méthodologiques dans un cadre professionnel. J'ai observé que tous ces documents, que j'ai été amené à corriger ou à rédiger, commencent par une partie intitulée « Introduction ». Même un article journalistique, en effet, comprend sa propre forme introductive composée, dans la plupart des cas, d'un titre suivi d'un sous-titre, lesquels sont respectivement qualifiés de chapeau et d'accroche. Comme j'essaie de me ressouvenir des sujets traités dans une introduction, sans penser de cas déterminé, les sujets suivants se présentent à mon esprit : objet ou sujet du document, but du document, objet du document, énonciateur ou rédacteur. Dans le cadre de documents universitaires, il arrive que le rédacteur pense à traiter, dans son introduction, des auteurs qu'il a lu et lui ont permis d'établir une approche du sujet ou des axes à l'aune desquels il va développer son sujet (titrés répertoire culturel; axes; paradigme, appareil théorique ou modèle théorique), des outils ou des instruments de mesure et de traitement desquels il il l'intention de mettre en œuvre (appareil pratique), du milieu social dans lequel il a étudié le phénomène qui assied son sujet d'études (milieu social ; clinique ; cadre pratique) et, enfin, des cas pratiques qu'il a approché et étudié (casus ; cas pratiques). Ces sujets, lesquels sont traités dans quelques introductions, sont quelques fois signalés par des en-têtes qui spécifient « Objet », « Auditoire », etc. Les documents écrits sont ainsi introduit car l'on pense qu'un tel procédé en rend l'accès facile. Pour ma part, je suis incertain. Je ne suis pas sûr, en effet, qu'une introduction, surtout si elle est ainsi faite et ainsi catégorique, facilitent l'accès ou mettent le document à la portée de ceux à qui elle dit s'adresser. En revanche, il est probable qu'une introduction permette un accès rapide à l'ouvrage. Lorsque je vagabonde dans une librairie sans pour autant y chercher un ouvrage déterminé, ne suis-je pas aisément frappé, en effet, d'abord par la couverture d'un ouvrage, puis par son titre, enfin par son auteur ; ne vais-je pas ensuite quêter les informations synthétiques et organisées, lesquelles sont supposées m'aider à « me faire une idée du livre » et lesquelles y réussissent quelques fois ? Je ne saurais « me faire une idée » à propos d'un ouvrage que je ne connais pas, d'un auteur dont j'ignore tout, s'il y manque des informations synthétiques ou si elles ne sont pas clairement organisées. J'acquiers généralement de telles informations à propos d'un ouvrage, de ce dont il traite, de la façon dont il le traite, de son auteur et du lecteur-type auquel il s'adresse en posant mon regard sur le quatre de couverture, la table des matières, la bibliographie, la préface et l'introduction. Je crains que s'il manque l'une de ces parties à mon livre, ou que si l'une de ces parties n'est pas organisées telle qu'on a l'habitude de la lire, mon livre manque sa cible si celle-ci est trop impatiente. De ce point de vue, je pourrais me passer d'introduire mon livre tel qu'on s'attende à ce que je l'introduise si je ne souhaitais pas qu'un lecteur impatient soit séduit. Mais le phénomène marketing du livre-qui-est-un-produit est plus complexe. Et tout comme je viens de l'annoncer, le marketing semble être une affaire de séduction. De ce point de vue, n'aurais-je pas lieu de croire que si mon lecteur éventuel s'attend à ce qu'à tout moment, mon ouvrage et son sujet menacent de lui échapper, il ne cessera un seul instant de brûler de désirs ? Si le marketing n'était qu'une affaire de séduction, j'aurais bien en effet tout lieu de le croire, mais le marketing me semble être une affaire plus complexe encore. Si la publication, la promotion, la diffusion et la réception d'un livre ne tenaient qu'au marketing, que le livre était un produit dans son intégralité, que le lecteur et l'auteur étaient eux aussi des produits matière à contrôle, à calculs probabilistes et à statistiques, j'aurais encore une fois tout lieu de croire que mon lecteur, comme il trouvera un produit dont la teneur, partiellement, lui échappe, ne cesse un seul instant de brûler de désirs pour ce produit qui lui rappelle le parfum d'une jeune fille. Je crois, pourtant, qu'en un sens le livre échappe au moins partiellement à la production, qu'il n'est un produit que partiellement, qu'il n'est pas l'objet du marketing seul. Un commentateur de Goethe, lequel avait rédigé la préface du Serpent vert, disais en substance que si un critique trouvait, chez tel auteur, des trésors auxquels l'auteur lui-même n'avaient peut-être pas pensé, ce critique avait compris qu'il arrive que l'esprit dépasse la Lettre. De la même manière, je suis disposé à croire que le livre dépasse, en un sens, le produit et que la promotion et la réception d'un « produit » ne sont pas entièrement réductibles au marketing.

2 [mon objectif, en écrivant ce livre] Si je suis incapable d'organiser des informations synthétiques en vue d'informer le lecteur de mon objectif, de l'objet de mon livre, etc. je pense néanmoins à l'objet de mon livre et à mes objectifs. Aussi, pour ce qui est de mes objectifs – je veux dire, pour ce qui est des mes objectifs qui me sont clairs à moi-même, je suis en mesure de vous informer que je voudrais rendre ma plume heureuse et, la rendant heureuse, être moi-même chanceux de l'avoir mariée. Étant incapable d'actualiser ou d'éterniser un tel dessein lorsque j'écris de manière trop structurée et pour moi si peu naturelle, paradoxalement proche du produit mais si peu productive, j'ai pris le parti de rédiger sur le mode de « l'écriture automatique ». C'est une écriture qui m'est acquise et facile, qui m'échappe en un sens à moi-même, mais qui jouit d'une entière liberté. Je la vois plus belle et plus joyeuse, plus inattendue dans ses humeurs et en ce sens plus vivante que celle que j'ai pris soin d'enclore entre les murs que les éditeurs et les lecteurs-types attendent. Certes, j'ai pris le parti de ne pas traiter le lecteur comme s'il était un produit, de ne pas me traiter comme si j'étais un produit, de ne pas traiter ma Lettre comme si elle n'avait ni esprit ni odeur – ni formes ni couleurs. Je ne prends donc pas mon lecteur pour un produit, un lecteur-type ou un homme formaté, ce qui pourrait être qualifié de d'approche marketing en soi, ce qui l'a été quelques fois, mais qui, dans mon cas comme dans celui d'Antonin Artaud, ne l'est pas. Souvent, j'ai organisé mon discours selon un canevas topique attendu et déterminé ; toujours ma plume en a été castrée, a pleuré, étouffé, et a expiré – elle a rendu l'esprit. La mécanique pervers de la structuration ou de la production d'un écrit m'intéresse par ailleurs (et quelle différence y a-t-il entre « organiser son discours » et « le produire, en faire un produire, se jouer de lui, en faire quelque chose de vendable » ?). Ce que j'ai retenu de la production littéraire en tant qu'elle « crée du produit » se limite en effet à sa perversité.

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