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Habermas, brève introduction

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Message par Bergame Dim 11 Jan 2009 - 21:47

D'aucuns ont pu affirmer que Jürgen Habermas était le grand philosophe de la seconde moitié du XXe s. Disons en tous cas que, depuis 1968 où il est apparu sur la scène intellectuelle, il n'a cessé de construire un parcours particulièrement riche et d'une cohérence étonnante.

Ce qui frappe, dans ce parcours, c'est d'abord la propension à la confrontation des idées, à la discussion argumentée. Habermas a dialogué au cours de controverses restées parfois célèbres, avec tout ce que les 30 dernières années ont connues de sommités intellectuelles, ou presque : Arendt, Foucault, Marcuse, Gadamer, Luhmann, Rawls, Sloterdijk, et j'en oublie, Benoit XVI étant le dernier en date autant que je sache. Il est à l'origine de la fameuse Querelle des Historiens, controverse avec E. Nolte à propos de l'historiographie de la période nazie, qui a passionné l'Allemagne au point qu'elle suscitât l'intervention du Chancelier de l'époque, H. Kohl. L'influence de ses théories sur la vie politique "concrète" se ressent particulièrement dans les différentes expériences de démocratie participative -notion rendue célèbre en France par la candidate Ségolène Royal durant la campagne de 2007- qui ont éclos un peu partout dans le monde -les plus célèbres étant la municipalité de Porto Alegre et les jurys citoyens de Berlin.

C'est la même propension à la confrontation et à la discussion argumentée qu'on retrouve dans l'élaboration de la théorie. Lire un ouvrage de Habermas, c'est suivre le cheminement d'une pensée qui se construit tout à la fois par et contre les positions d'autrui. Habermas semble s'être donné pour impératif une fois pour toutes de ne jamais rien avancer qui ne soit justifiable que de sa seule aperception du monde sur le mode spéculatif. Le moindre argument est justifié par la discussion des positions d'un auteur, ou d'un courant, qui passe par la mise au jour des implicites, la reconstruction de la théorie ainsi enrichie, la discussion critique de ses conséquences logiques, et la proposition d'arguments alternatifs pour renforcer la théorie. Le résultat est une oeuvre d'une sophistication impressionnante, reposant sur une immense érudition devant laquelle on ne peut qu'être admiratif -je pense à la réflexion de Pascal Engel, pourtant pas le premer venu à mon sens, lors de la conférence donnée par Habermas à la Sorbonne en 2002- vaste architecture dont la dimension et la méticulosité justifient d'une théorie pourtant relativement simple -en comparaison, en tous cas- qu'on désigne parfois du terme d'"éthique de la discussion" ou, selon le titre de l'ouvrage princeps de Habermas, théorie de l'agir communicationnel.

Je pense que j'essaierai à l'occasion de proposer une étude à part de la TAC. Pour l'heure, essayons de faire émerger quelques étapes du parcours intellectuel et de l'élaboration de la théorie tout la fois.

La carrière universitaire de Habermas commence en tant qu'assistant de Theodor Adorno à l'Institut für Sozialforschung de Francfort. Son premier grand ouvrage est L'Espace Public, une étude d'archéologie (=> Foucault) de la notion kantienne d'Öffentlichkeit, ou "publicité". Le thème central de l'ouvrage est donc l'apparition, au XVIIIe s., d'un espace de discussion argumentée au sein de la société bourgeoise occidentale, qu'accompagnent et permettent tout à la fois la naissance de la presse, l'émergence des "philosophes" et la mise à disposition de leurs écrits à un public de plus en plus large, etc. C'est cette dimension essentielle de la "publicité", càd pour faire simple, le fait que la politique fasse l'objet de thèses et d'opinions soumises à la connaissance du public, à sa discussion, et à son appréciation, qui constitue, selon Habermas, le caractère fondamental de la démocratie. Dès le premier ouvrage de Habermas -qui est d'ailleurs, anecdotiquement, son unique incursion sur le terrain de l'histoire- sont donc annoncées les quelques grandes thématiques de la doctrine : L'articulation entre connaissance, discussion et politique, pour une révision de la théorie de la démocratie, et par le réinvestissement des principes de l'Aufklärung.

1968 marque un tournant pour ce qu'on a appelé l'Ecole de Francfort. Adorno et Horkheimer étaient les tenants d'un marxisme d'inspiration hégélienne, faisant signe vers la sociologie et la psychanalyse, pessimiste et esthétisant, influencé par Lukacs et la découverte tardive des "Manuscrits de 1848". Un tournant, car les mouvements étudiants les rejetteront du côté de la "pensée bourgeoise", et auront plutôt tendance à se passionner pour la "seconde génération", chaperonnée par Marcuse et incarnée par Habermas. Les années 68-75 consistent donc, pour Habermas, en une révision du marxisme, marquée par la discussion avec Marcuse des concepts de "technique" et de "travail" (La Technique et la Science comme Idéologie), la critique de la rationalité instrumentale et la discussion du concept d'"intérêt" sous l'égide freudienne (Connaissance et Intérêt), le développement des intuitions de C. Offe sur l'Etat capitaliste et le processus de légitimation par l'idéologie (Raison et Légitimité).
Entretemps, Habermas aura également poursuivi une réflexion sur l'épistémologie des sciences sociales : Discussion des principes de l'herméneutique avec Gadamer, assimilation critique de la théorie des systèmes avec Luhmann (héritier de Parsons), débats sur l'alternative compréhension / explication en sociologie dans la grande tradition post-kantienne, et bien sûr, Weber, avec qui, comme je l'ai esquissé rapidement, Habermas entretient un rapport ambigu.
Mais de son propre aveu, c'est -en tous cas, parmi ses contemporains- K.O. Apel qui exercera l'influence la plus forte sur la pensée de Habermas. La particularité d'Apel est d'avoir lu Heidegger à la lumière du "linguistic turn", et d'avoir élaboré un pont entre l'herméneutique et la pragmatique. Dès Connaissance et Intérêt, on trouve les fondamentaux de cette synthèse, dans une discussion critique qui passe de Kant à Peirce, et de Dilthey à Freud.

On pourrait, je crois, présenter le fil rouge de la pensée de Habermas comme suit :
  • D'abord, la démocratie est un bien, dont il faut consolider les fondations intellectuelles et pratiques. A ce propos, il faut noter que Habermas est un représentant typique de cette génération allemande traumatisée de l'immédiat après-guerre, celle du Sonderweg et de l'"ancrage à l'Ouest".
  • La consolidation intellectuelle de la démocratie passe tout à la fois par la lutte contre le nihilisme nietzschéen, la révision du marxisme, et la défense des principes de l'Aufklärung (kantiens).
  • Les principes de l'Aufklärung sont l'émancipation et la publicité, l'un et l'autre étant liés : L'émancipation nécessite information et connaissance, cette connaissance émerge de l'apprentissage par autrui, mais cet apprentissage, s'il est émancipatoire, ne peut qu'être dénué de violence ou de contrainte -autrement dit, il ne peut progresser que par l'acceptation volontaire de l'information en tant qu'argument évalué positivement.
  • La consolidation intellectuelle de la démocratie passe donc par une étude empirique et critique des conditions concrètes de la communication et de l'échange argumenté au sein de l'espace social ; autrement dit, elle ne peut se contenter de l'a priorisme philosophique, et doit s'accompagner d'une recherche tout à la fois théorique et pratique visant à l'action concrète sur le monde social, c'est-à-dire une recherche sociologique.
  • La sociologie, science compréhensive sur le modèle des disciplines herméneutiques, ne peut se passer d'une théorie de l'action, qui explicite le sens de la conduite humaine dans le monde social.
  • Mais la théorie de l'action qui irrigue la sociologie jusqu'à présent est irrémédiablement marquée par son caractère instrumental : Moyens -> fin. Et c'est cette instrumentalité, au coeur de la théorie de l'action, et caractérisant l'autocompréhension de l'homme en tant qu'être agissant dans le monde, qui justifie du développement techniciste et de l'extension du domaine du marché. Autrement dit, c'est parce que l'homme comprend sa propre action dans le monde comme irréductiblement instrumentale, et qu'il ne dispose pas de ressources théoriques pour la comprendre autrement, que progressent la technicisation (science) et la marchandisation (économie) du monde et de l'homme lui-même. Or, technicisation et marchandisation sont les deux grands dangers qui menacent la démocratie.
Alors la question que pose Habermas est celle-ci : La réduction de l'activité humaine à l'action instrumentale est-elle légitime ? Le point peut-être le plus important de la construction habermassienne est de montrer qu'en ce qui concerne l'activité pratique, elle l'est en effet. Car la praxis est conçue et envisagée précisément sur le même schéma que l'action instrumentale. Ici se place la discussion de Weber par Habermas, dans laquelle celui-ci montre (mais Parsons avait déjà balisé ce terrain-là) que l'"action rationnelle en valeur" est conçue, chez Weber, exactement sur le modèle de l'"action rationnelle en finalité". Par ailleurs, la discussion du concept de "travail" chez Marx aura servi à montrer que chez lui également, la praxis est conçue sur ce modèle instrumental.
La démarche de Habermas va donc consister à élaborer une théorie de l'action alternative, une Handeln ["action", souvent traduite par "agir" chez Habermas] conçue sur un schéma intégrant un véritable intérêt pratique, càd orientée vers l'intersubjectivité.
C'est la pragmatique qui va servir de pierre de touche à cette construction, et en particulier les fameux actes illocutoires, actes de langage ayant valeur performative, des paroles qui agissent. L'idée centrale de Habermas sera que la situation concrète de discussion dans laquelle sont insérés deux locuteurs présuppose toujours une situation idéale de discussion comme suit :
- Elle est dénuée de toute forme de contrainte
- Elle se résoud par l'acceptation par les deux parties de l'argument évalué comme le meilleur
- En tant que succession d'arguments qui se termine (provisoirement) par l'acceptation du meilleur, elle est représentable par une courbe dont la vérité constitue l'asymptote.

Autrement dit, toute situation concrète de discussion entre deux (ou plus) locuteurs réels présuppose toujours une situation idéale de discussion qui tend vers, à la fois, une connaissance théorique vraie, et une action commune légitime. Mais en tant que situation concrète d'interaction entre individus réels, elle risque toujours d'être sujette à des dysfonctionnements, qui sont autant de distorsions de la communication (telles que mensonge, désinformation, contrainte, etc.) La démocratie est cet environnement socio-politique particulier qui tend vers la résolution empirique des dysfonctionnements, et cherche à préserver autant que possible l'espace public des distorsions de la communication. On dira plus simplement : La démocratie est ce régime politique particulier qui favorise le débat argumenté au sein de l'espace public plutôt qu'il ne le bride.

A mon avis, le point difficile dans la théorie d'Habermas est précisément le même que celui qui pose problème dans la philosophie pratique de Kant : Il faut partir de l'empirie pour comprendre que la situation idéale de discussion n'a qu'une valeur explicative. A l'inverse, si l'on part de la théorie, on est incité à la considérer comme une pure spéculation (d'où l'articulation entre sociologie et philosophie dans la TAC). En l'occurence, avec cette situation idéale de discussion, Habermas entend rendre compte théorétiquement du fait que, tout simplement, les hommes discutent réellement entre eux, parfois. Or, s'ils ne partaient pas du principe que la discussion permet :
1. de s'accorder sur une conduite commune
2. de faire émerger éventuellement la meilleure conduite à tenir dans une situation X
alors, ils n'auraient aucun intérêt (pratique) à entrer dans une situation de discussion, et la discussion entre les hommes n'existerait sans doute pas -de même que le langage, càd rien moins que le logos.

C'est le même raisonnement qui est au coeur de la doctrine kantienne : Si tout le monde mentait à chaque instant, la vérité n'aurait aucun sens, le mensonge non plus, et tout simplement, vie sociale et langage seraient impossibles. C'est bien parce que chacun part du principe que l'autre dit la vérité qu'on écoute ce qu'il dit. Cela n'implique pas que le mensonge soit impossible, ni logiquement ni empiriquement, mais que toute interaction entre deux individus est fondée sur l'attente réciproque que chacun dise vrai et fasse bien. Si tel n'était pas le cas, personne n'entrerait dans aucune interaction que ce soit avec qui que ce soit (c'est toujours en négatif qu'on réalise le mieux la portée de cette idée essentielle, par exemple lorsque les grands acteurs du secteur bancaire, dont on s'est évertué à nous dire que leur action était gouvernée par l'éthique de la responsabilité, voire, n'était tout simplement pas évaluable en termes éthiques, cessent toute transaction parce qu'ils n'ont plus confiance les uns dans les autres, entrainant ainsi une crise du crédit monumentale). L'Impératif catégorique n'est alors que le concept tentant de rendre compte théorétiquement et positivement de ce fait empirique. C'est ainsi que Habermas a pu reformuler sa théorie de l'agir communicationnel dans les termes de l'éthique kantienne (Morale et Communication).

Droit et Démocratie est sans doute la troisième grande étape dans l'oeuvre de Habermas. Il y renoue avec l'a priorisme et la philosophie politique dans une sorte de TAC à l'envers, qui partirait des institutions démocratiques et de ce qu'elles doivent être pour aboutir à une sociologie... critique, mais pas trop. L'ouvrage est d'abord une incursion dans la philosophie du droit et des valeurs, qui permet à Habermas de discuter (avec) les grands théoriciens anglo-saxons contemporains, Rawls, Dworkin, Sen, etc. Mais il ne me semble pas non plus interdit de penser que ce retour à la spéculation résulte également des critiques fortes adressées par la sociologie critique à l'encontre de sa théorie de la communication, par P.Bourdieu en particulier.
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Message par Bergame Lun 12 Jan 2009 - 2:02

Habermas a écrit avec une grande honnêteté qu'il se sentait un peu décalé, avec son "éthique de la discussion", après le 11 Septembre. Retrouvant Carl Schmitt et Léo Strauss en filigrane dans les thèses des neo-conservateurs américains, il a néanmoins écrit des textes lumineux sur la nouvelle situation géopolitique et sa signification culturelle. Comme d'autres, toutefois, il est peut-être tenté, dans son évolution la plus récente, de se tourner vers les racines judéo-chrétiennes de la civilisation occidentale, en particulier au travers de recherches théologiques. L'Avenir de la Nature Humaine est marqué par H. Jonas et Kierkegaard, et son dernier grand ouvrage est donc une discussion avec l'ex-cardinal Ratzinger. L'age, sans doute... ou l'aboutissement d'un parcours typique de l'histoire culturelle et intellectuelle de l'Europe depuis 50 ans, de Marx au clash des civilisations.

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Message par Courtial Lun 19 Jan 2009 - 18:40

Je connais très mal Habermas, aussi n'ai-je que des impressions de lecture très survolantes. Cette précision liminaire étant faite - ce qui relativise hautement le sérieux de ce qui va suivre! -, je poursuis.

Sur le plan des "compétences", comme toi, j'admire "l'artiste", mais pour cette raison même, il y a toujours un moment où son livre me tombe des mains.
C'est que je ne me suis pas dépris de l'illusion selon laquelle il faut, en philosophie, parler du réel. Je sais, c'est très con et n'importe quel pragmatique américain démonterait (pardon : "déconstruirait"!)sur-le-champ cette prétention ridicule : "le réel, allons, mon bon, qu'est-ce que c'est que cette vieille lune métaphysique! Le réel, ça existe pas, pov'type, il n'y a que de la communication. Laissez tombez vos fantasmes chosistes et allez bosser la logique illocutoire."
Je parlais de l'artiste en songeant à Platon quand il dit que l'artiste est éloigné de 3 degrés par rapport à la vérité. Mais avec Habermas, j'ai toujours l'impression d'être au huitième degré. Il va te pondre une lecture géniale sur certaines interprétations de types qui interprètent Peirce, auteur dont on a dû mal déjà à savoir de quoi il parle. Ou de certaines lectures de Leo Strauss, lui même interprétant Hermann Cohen interprétant Spinoza, qui parle lui-même de l'interprétation de la Bible...
J'adore la peinture hollandaise (avec ses tableaux d'intérieur où on voit ces portes qui s'ouvrent sur une porte, s'ouvrant elle-même sur une autre, etc.). Je dois mieux voir que je ne pense, faut croire.

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Message par Bergame Lun 19 Jan 2009 - 20:15

Oui, je pense comprendre ta remarque. Je dirais que de toutes façons, le réel, n'est-ce pas, qu'est-ce que c'est ? Ca ne me semble pas seulement une question-objection de linguiste, mais aussi par exemple, une question de sociologue (puisque Habermas, à tort ou à raison d'ailleurs, se définit lui-même d'abord comme un sociologue).

Non, en fait, je pense qu'on peut dire simplement que Habermas choisit une voie, en l'occurence la sienne. Il prend au sérieux le "linguistic turn", fait sienne l'idée à l'origine du structuralisme qu'on gagne en objectivité en passant de l'analyse de l'action à l'analyse du discours, conserve tout de même une théorie de l'action révisée par le langage, enfin, ça n'invalide en rien les autres positions. Soyons même clair : la sociologie n'a pas été révolutionnée par Habermas -pour l'instant du moins. D'autres modèles plus descriptifs, ou plus "concrets" voire carrément réalistes parfois, tiennent encore le haut du pavé. C'est tout juste si je ne pense pas qu'il y a autant de sociologies que de sociologues.

En revanche, je ne suis pas bien sûr, mais dans ce que tu dis ici, je lirais presque : "Bon, est-ce que c'est pas un peu superflu, tout ça ?" C'est-à-dire qu'évidement, si on pouvait partir du principe qu'il existe quelque chose comme "le social", qu'on pourrait en quelque sorte montrer du doigt, alors la sociologie pourrait être une discipline qui, tout simplement, s'occupe du réel (réel social, mais réel tout de même). Et dans ce cas, on pourrait effectivement considérer que les longues analyses de Habermas ne se justifient pas pleinement : Une fleur, c'est une fleur, y a pas besoin d'aller chercher chez X commentant Y ce qu'est une fleur.
Mais la, tu soulèverais un vrai problème épistémologique, relativement propre à la sociologie d'ailleurs (ou variante : dont la sociologie, pour x raisons qui lui sont propres, est la plus consciente) qui, pour l'instant, apparaît difficile. Quelques crans plus bas que "qu'est-ce que le réel ?" il y a "qu'est-ce que le social ?" et c'est une chiée de question.
Mais justement, la question est suffisamment complexe pour qu'on y accorde du temps et de la réflexion. Tu vois, par exemple, quand je pense à Strauss, je pense à un auteur, au demeurant très intéressant, mais qui cherche d'abord à montrer quelque chose, qui défend une théorie en tant que position doxique. Chez Habermas, ça me semble différent : Il construit tout à la fois une théorie, une méthodologie et une épistémologie.

En fait, la remarque (très juste, bien sûr) que tu fais me semble valoir, non pas seulement pour Habermas, mais pour la sociologie dasn son ensemble -et j'avouerais alors que c'est peut-être d'ailleurs ce que j'y trouve le plus intéressant : Pour des raisons qui sont spécifiques à sa discipline, un (bon) sociologue ne peut se contenter d'être un spécialiste de tel ou tel aspect de "la société" en tant que son objet d'étude ; il doit aussi être un théoricien, et un épistémologue. Récemment, je me baladais à la FNAC avec un ami juriste de formation, et on comparait nos rayons d'élection. C'est absolument frappant : Un rayon de "droit" n'est quasiment rempli que de manuels. En sociologie, les manuels, ça existe à peine, les rayons sont emplis de bouquins théoriques, qui présentent la pensée d'un auteur sur tel ou tel sujet. La sociologie est cette discipline qui, plus que les autres je crois, se construit en avançant. Oui, la sociologie, c'est peut-être une discipline un peu artistique, quelque part... :clind'oeil:

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