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Unité et Altérité selon Nicolas de Cues

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Unité et Altérité selon Nicolas de Cues Empty Unité et Altérité selon Nicolas de Cues

Message par Invité Jeu 18 Aoû 2016 - 18:00


La tétraktys

Dans le livre De coniecturis Nicolas de Cues réunit le modèle pythagoricien au modèle néoplatonicien dans son interprétation de la tétraktys.

Unité et Altérité selon Nicolas de Cues Tetrak10

Les nombres 1, 2, 3 , 4 , dont la somme est 10 sont des symboles, dont le sens ontologique est expliqué par Nicolas de Cues.

L’Unité première
 n'émane d'aucune origine mais elle est l'origine omnipotente de tous les autres nombres et unités dont elle est l’exemple. L’Un est transcendant, au-delà de toute distinction, au-delà même de la distinction entre existant et non-existant. C’est pourquoi Nicolas de Cues  dit de dieu qu'il est ni existant ni non existant et aussi qu'il est à la fois existant et non-existant.
Les pythagoriciens nommaient  l'unité première la "monade".

La deuxième unité est le déploiement de l'Un dans le Deux,  l'unité de l'Un et de l'Autre Elle ne signifie pas un composé de deux entités mais la ligne qui réalise une union, une relation telle que celle entre sujet et objet dans la connaissance, entre repos et mouvement dans le devenir. L’unité du Deux est celle de la relation que N. de Cues a appelée "coïncidence des opposés". Elle est l’essence de l’intelligence, faculté de compréhension, différente de la raison qui est la faculté de distinguer.
Les pythagoriciens donnaient à la Dyade le nom de "puissance".

La troisième unité
est le déploiement du Deux dans le Trois.  Son unité est celle des rapports du triangle (ratio ou analogia en grec). Les proportions sont l’essence de l'intelligence et de l’organisation du monde animé.
Les pythagoriciens l’appelaient "harmonie".

La dernière unité, le Quatre, est le déploiement du Trois dans le Quatre, le déploiement du triangle dans le tétraèdre. Par le volume et la forme, il est le symbole et début du monde matériel manifesté. Son unité est celle de l'identité des corps individuels perceptibles par les sens.
Les pythagoriciens l'appelaient "cosmos" et la représentaient par les quatre éléments.

Progression de l’unité et participation

Nicolas de Cues représente la coïncidence des opposés, de l’Un et de l’Autre par une figure qu’il appelle paradigmatique (exemplaire dans le sens du modèle de Platon)
Comprenez que l'unité est une forme de lumière et une similitude de la Première Unité, mais que l'altérité est une ombre et un éloignement du très simple Premier et qu'elle est grossièreté matérielle. Et faites progresser  une pyramide de lumière dans les ténèbres  et une pyramide de ténèbres dans la lumière; et réduisez tout ce qui peut être investigué à cette figure, afin  que par la conduite du  signe sensible vous puissiez diriger vos suppositions (conjectures) vers le mystère (arcana). Et, afin de vous aider au moyen d'un exemple, considérez l'univers comme réduit au diagramme ci-dessous.

Unité et Altérité selon Nicolas de Cues Cusa%20pyramis

Les quatre lignes de séparation représentent de gauche à droite les nombres Un à Quatre. Chaque unité indique un rapport  de participation à l’unité première.
Les nombres sont les rapports de  trois mondes : le monde supérieur de l’unité divine, le monde intermédiaire de l’intelligence compréhensive et le monde inférieur de la raison analytique.
Selon  cette tradition exemplaire, la conjecture est que le monde entier avec tout ce qu'il contient est constitué par progressions réciproques à partir de l'unité et de l'altérité, en proportions cependant variées et diverses.

N. de Cues recommande de considérer tout problème à l’exemple de cette figure exemplaire, comme une proportion entre l’unité et l’altérité, entre le plus général auquel il participe et le plus particulier dont il est composé. Il faut considérer chaque domaine de connaissance, dans le sens d’un rapport, d’une analogie de proportionnalité, entre le tout et les parties, l’ensemble et le composé, le lumineux et l’obscure, l'immortel et le mortel, le subtil et le grossier.


Les trois niveaux de la connaissance

Ken Wilber, dans Les trois yeux de la connaissance, a rappelé que Bonaventure symbolisait la trilogie platonicienne par trois yeux : l’oeil de chair, l’oeil de l’intellect et l’oeil de contemplation. On trouve cette image symbolique aussi chez Nicolas de Cues et chez Giordano Bruno.
Wilber présente les relations entre sujet et réalités ainsi :

Unité et Altérité selon Nicolas de Cues 1_niv_13

Chaque niveau de la connaissance a son objet, sa logique et sa représentation particulière de la réalité, permettant de compléter le schéma:

Unité et Altérité selon Nicolas de Cues 1_niv_log

L’Être transcendantal (1) et le phénomène sensible (5) ne sont pas rationnels

4) La raison ou connaissance expérimentale-analytique interprète des sensations ou des phénomènes. Elle est régie par le principe de non-contradiction d’Aristote et conduit à des connaissances fragmentées du monde.
3 ) L’Intellect, connaissance fonctionnelle-herméneutique interprète le sens des termes abstraits contraires, les Idées de Platon qui décrivent les formes et fonctions de la Vie.
2) La Contemplation ou connaissance intuitive-synthétique essaie d’imaginer l'Unité première par des symboles mystiques. Elle répond à la logique de coïncidence des opposés où toutes les distinctions verbales, y compris celle entre le sujet et l'objet, sont exclues.


Platon a symbolisé la trilogie de la connaissance par l’allégorie de la caverne. Privilégiant l’Intellect, il conclut en distinguant deux troubles de l'intelligence: celui qui vient d'un trop profond obscurcissement  par l'ombre des sens et celui qui vient d'une trop forte expérience de la lumière spirituelle.
118a – Mais justement quelqu'un de réfléchi, dis-je, se souviendrait qu'il y a deux sortes de trouble des yeux, et qu'ils se produisent suivant deux causes: lorsque les yeux passent de la lumière à l'obscurité, et de l'obscurité à la lumière. Prenant en considération que les mêmes transformations se produisent pour l'âme, chaque fois qu'il verrait une âme troublée et rendue impuissante à distinguer quelque chose, il ne rirait pas de manière stupide, mais il examinerait  si, venant d'une vie plus lumineuse, c'est par manque d'habitude qu'elle se trouve dans l'obscurité, ou si passant d'une ignorance considérable à un état plus lumineux elle a été frappée d'éblouissement par l'éclat supérieur de la lumière. Pour lui dès lors, la première serait remplie de bonheur par cette expérience et par cette vie, tandis que l'autre serait à plaindre, et dans le cas où il éprouverait le désir de se moquer de cette dernière, son rire serait moins ridicule que s'il prenait pour cible l'âme qui vient d'en haut, de la lumière.

Il est dommage de peiner pendant des années pour ne reconnaître finalement que les extrêmes contraires, l’Un et l’autre, l’Êre et l’étant, et en ignorant le tiers inclus  C’est comme admirer les faces opposées d’un bel écrin en oubliant le joyau qui se trouve à l’intérieur.

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