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Hegel, Concepts

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Message par Bergame Dim 14 Oct 2007 - 20:31

Par Olaf


Hegel, Concepts



La perception et l'absolu

En guise d'introduction

Comment situer Hegel ? L'un des titres de ses ouvrages est Phénoménologie de l'Esprit. Est-ce de la phénoménologie ? Le terme de « phénomène » acquît une importance philosophique majeur grâce à Kant dont l'ambition fut de mettre à jour les limites du connaissable. Il en est alors venu à distinguer le phénomène -ce qui apparaît à l'homme- du noumène -l'inconnaissable derrière le phénomène. Or il existe une différence fondamentale entre Kant et Hegel, car pour ce dernier, tout est connaissable.

La piste Kantienne se révèle vite écartée. Bien plus tard, Husserl va à son tour entreprendre une phénoménologie, c'est-à-dire une exploration naïve des phénomènes tels qu'ils se donnent à la conscience. Cette discipline est bien plus proche du système Hegelien qui place sa foi en la naïveté perceptive. Mais l'ambition de Hegel est complètement différente des méthodes Husserliennes : Husserl va en effet s'attacher à explorer de manière hâchurée la perception, explorant tour à tour des régions différentes. Hegel, lui, veut mettre à jour tout le système, et ce par le raisonnement dialectique.

La perception

Le système de Hegel est une réconciliation entre l'homme et le monde. Il veut atteindre l'Absolu. Pour atteindre l'Absolu, l'esprit doit dialectiser, aller d'antithèse en synthèse, progressant inlassablement vers un mieux.
Détaillons cette affirmation :

Ce que la perception m'offre, ce sont des objets pour ma conscience. Et cette pomme que je perçois s'offre nécessairement dans une certaine négativité, car en effet, cette pomme n'est pas moi. Elle est un être-autre de la monade qu'est mon moi.
Je peux manger cette pomme, la détruisant, et la digérant. J'aurai alors détruit l'être-autre, par l'impérialisme naturel de mon Moi. Mais est-ce ainsi que je vais atteindre l'Absolu ? Non, atteindre l'Absolu est un travail dialectique, oeuvrant par négation / conservation des objets qui s'offrent à moi.

L'esprit et l'objet

Cette pomme par exemple, s'offre à ma conscience. Pour Hegel, il faut avant tout saisir que cette pomme est un concept, une idée pour ma conscience. Cette pomme, pour être une pomme, est aussi tout ce qu'elle n'est pas. En effet, elle se différencie de la banane, et de la cerise, et son être-pomme entretient alors un rapport dialectique nécessaire avec le monde.

En d'autres termes, l'objet ne s'offre jamais seul à ma conscience. Il s'offre articulé dans le monde. La perception n'est pas une mosaïque, mais un tout qui s'offre immédiatement. Chaque objet s'offre dans un rapport, et un monde riche pour l'esprit est un monde pleins de rapports. Chez Hegel, le singulier est alors une dialectique avec l'universel.

L'esprit, pour atteindre l'absolu, doit jongler avec les idées, déceler leur liens dialectiques entre elles. L'esprit doit accéder à l'Esprit, réseau idéique absolu.

La conscience et le monde

Vieil adage du Ménon de Platon : comment puis-je connaître le monde si j'en suis absolument séparé ? Pour Hegel, il existe un lien originaire entre le sujet et le monde. Ce lien originaire est le lien même de la vie, puisque ma conscience est vie, vie dont la spécificité est de se différencier de la vie.

Et ce lien originaire est mouvant, à l'image de la vie. Car en effet le sujet change avec son objet : je perçois cette rose, mon esprit s'imprégne d'elle, de son odeur, déjà mon esprit est en train de se mouvoir en même temps que cette rose dans sa présentation spatio-temporelle. J'essaie de restituer cette expérience par les mots, mais déjà, la rose n'est plus. Ce qu'il reste de ce lien originaire, c'est du fixe, du stable. Dire « c'est une rose », identifier cette pluralité sensorielle en un objet, c'est fixer du mouvant, c'est rigidifier la vie. Mais c'est l'oeuvre de l'esprit, de la conscience, d'être face à un monde d'objet. La conscience doit ainsi, par le travail dialectique, retrouver la vie.

Il existe un lien originaire dans l'objet et le sujet dans une perception naïve et pleine, qui n'est autre que la vie qui s'offre. Mais cette plénitude intrinsèque du monde sera perdue, dès l'avènement de la conscience. Le coeur de la conscience est d'être une négation de la vie, d'être un creux dans l'être et de ce creux naît le désir.

L'Idée, la Loi, l'Absolu

Noumènes et Phénomènes ne devraient pas être disjoints. En réalité, le phénomène est déjà le noumène. Une pomme qui tombe par exemple, c'est une pomme qui tombe en 1/2gt². Bref, la Loi est intrinsèque de l'apparaître, mais encore faut-il la mettre à jour, et c'est précisément le travail de l'esprit.

L'objet perceptif est alors idée. C'est en cela qu'Hegel est un idéaliste pûr et dûr : le monde est un monde d'idée, de concept. Mais à la différence du monde Platonicien qui abandonne le sensible pour conquérir ces idées, Hegel lui, embrasse d'un coup d'un seul sensible et idée. Cette pomme qui tombe, c'est une idée, un concept. L'existence est essence.

Le monde n'est-il qu'un vaste réseau d'idée, un système dialectique ? Pas du tout, ce monde est bien plutôt celui de l'esprit. La conscience, de par sa nature, pose la différence et l'unité, instaure le Vrai ou le Faux. Mais l'ensemble repose sur l'être, sur l'Absolu, fond indifférencié de toute chose. L'Absolu, c'est la totalité muette et mouvante du monde, c'est la vie sous les concepts et le creux du sujet.

    « Cette infinité si simple où le concept absolu doit être nommé l’essence simple de la vie, l’âme du monde, le sang universel, qui omniprésent n’est ni troublé ni interrompu dans son cours par aucune différence, qui est plutôt lui-même toutes les différences, aussi bien que leur être-supprimé, il a des pulsations en lui-même sans se mouvoir, il tremble dans ses profondeurs sans être inquiet. »

Imaginez donc la mer : chaque vague de la mer est une figure, qui prend forme par rapport à une autre. Chaque vague est donc force, dialectiquement opposé aux autres vagues. Mais toutes ces vagues reposent dans la totalité qu'est la mer, totalité qui se meut sans inquiétude, totalité où les différences dialectiques entres les vagues s'évanouissent.

Mais si il n'y avait que moi et les pommes, le monde serait bien simple. D'ailleurs, est-ce que j'aurai réellement conscience de la pomme s'il n'y avait aucune limite à l'impérialisme du Moi ?


La Dialectique du Maître et de l'Esclave

Un noeud chez Hegel

La dialectique du maître et de l'esclave est chez Hegel un noeud dans le développement de la conscience. En effet, il s'agit de la rencontre avec autrui, de la naissance de la conscience de Soi, et du détachement de l'être. Mais ce noeud est étrange, difficile, et pour l'aborder, je vais délimiter 3 étapes.

1 - L'En soi de la conscience
Si la conscience n'est pas médiatisée -entendez par là, que la conscience est directe- alors elle est proche de l'être. Si proche qu'elle n'en comprend pas grand-chose. La conscience est animale, biologique, consomme simplement, suivant l'impérialisme du Moi, les pommes qu'elle rencontre. A aucun moment, l'esprit ne progresse, l'âme n'est que jouissance. Par En soi, il faut comprendre « Vie qui suit son cours ». Le rapport de la conscience à la nature est directe, elle se remplit simplement des choses, aucun écart ne lui permettant de se retourner sur elle-même.

2 - Le choc de la découverte de l'Autre
Précédemment, lorsque la conscience rencontrait l'être-autre de la pomme, celle-ci ne lui offrait pas beaucoup de résistance. Mais soudainement, une conscience en rencontre une autre. Bien vite, ces deux consciences se rendent compte de quelque chose : l'être-autre de l'autre ne cède pas si facilement à l'impérialisme du Moi. C'est le choc de l'Autre. En effet, chacune des deux consciences tient à sa négativité, tient à ne pas être réduit à une chose, tient à être reconnue par l'autre. « Je ne suis pas une pomme » crient-elles. S'engage alors la lutte à mort des consciences, chacune voulant tester la négativité de l'autre.

3 - La Médiatisation de l'être
L'une des deux consciences asservira l'autre, déniant sa différence et la chosifiant : le Maître, ou le Bourgeois chez Marx. Le Maître s'éloignera d'autant plus de l'être que sa consommation sera médiatisé par l'esclave / le prolétaire. Le Maître n'a pas à travailler la terre pour manger, c'est l'esclave qui lui apportera. Le Maître s'éloigne de la vie, de l'être, nie l'en-soi en s'enfermant dans un monde qu'il s'est lui-même construit. Son statut même est dialectique puisqu'il n'est maître que par rapport à son esclave. Bref, son Moi est en rapport à l'autre. L'esclave lui, reste prêt de l'être, de la vie, par le travail. Mais le travail est une distanciation puisque qu'il procède par destruction / création. L'esclave travaille pour le maître, se définit comme esclave par rapport à lui, mais pose sa forme sur la matière.

Chacun dépendra de l'autre, installant dès un contrat collectif, une organisation social. Bien plus, chacun se définira par l'autre, obtiendra une identité, une place, de par la reconnaissance que l'autre a de lui.

*

On peut alors résumer la relation de la conscience à l'être médiatisée par l'autre de la manière suivante :

La conscience progresse par l'autre, progresse en affrontant l'altérité, en souffrant. La conscience malheureuse est une étape nécessaire à la conscience de soi. Les déchirements sont, chez Hegel, productifs et féconds. Pour sortir de cet état, la solution Hegelienne est de comprendre le savoir Absolu. La solution marxiste est de bien comprendre que, finalement, tout n'est que jeu d'idées et qu'il faut faire place à l'action.

Mais comment accéder à l'Absolu alors que le travail même de la conscience de Soi procède par son détachement ? Hegel identifie trois moyens :

    1 - La Ferveur : croire en l'universalité, en l'Absolu, moment d'extase de l'universel dans le singulier. Cependant, la croyance en Dieu à trop tendance à référer à une singularité - Le Christ par exemple - obturant l'accès à l'universel.

    2 - Le Travail : fortification du Moi par l'action sur la matière. Le travail du Moi et de la matière sont contemporains.

    3 - Se nier soi-même : comprendre que le Moi n'est qu'un Nous, qu'il prend place au sein de l'Absolu.
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Message par Came Dim 3 Jan 2010 - 19:20

J’ai entrepris la lecture de Hegel dans sa Phénoménologie de l’esprit. Ouf! Quelque peu nébuleux, or je te remercie pour ce texte.
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